eha a écrit:il me semble qu'au moins dans certaines zones en Italie (Abruzzes- ou le loup est présent), l'élevage ne s'effectue pas tout à fait comme en France, ils sont gardés et parqués le soir, il n"y a pas forcément les mêmes besoins de gardes par des chiens qu'en France ou les troupeaux peuvent rester jour et nuit libres en estive.
Les loups, leurs problèmes (dont les chiens!), j'en parle un peu de façon "professionnelle", j'ai aidé à la construction d'une carte européenne de la prédation.
LE truc de base, c'est que dans tous les pays, le discours des non-professionnels de l'élevage est toujours le même : ça se passe mieux ailleurs, les professionnels locaux sont des incompétents et ailleurs on sait faire
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La carte interactive servira à montrer que non, ça ne se passe pas mieux ailleurs.
Les Abruzzes sont un exemple vertueux toujours cité mais qui est faux. Les Abruzzes, ex-symbole de l'élevage ovin en Italie a connu une baisse importante du cheptel et énorme quant au nombre de professionnels et ce dans la période d'expansion du loup. Donc la statistique tend à dire que l'élevage ovin n'est pas rentable dans cette région.
Quand j'ai cherché des témoignages de professionnels de la zone, on trouve des articles pour dire que cela se passe bien, mais il s'agit souvent du même gars et de mémoire il avait plus de 25 patous (enfin sa version italienne : pastore maremmano/abruzzese).
Mais, si on veut parler de technique d'élevage en soi, la distinction c'est
filière viande vs filière lait. C'est "ça" qui détermine la nécessité, ou pas, de présence humaine.
Les animaux laissés plus libres sont la plupart du temps de la filière viande. Ainsi les vaches libres que j'ai rencontré dans les Dolomites, ne sont pas celles que l'on va traire pour faire du fromage, ce sont donc des animaux jeunes, libres, en altitude, à la limite de la neige; ils (enfin elles!) ne font pas l'objet des mêmes soins que les animaux du même professionnel qui, dans des zones nettement plus herbeuses, seront traites pour faire du fromage d'alpage.
Aujourd'hui, dans de très nombreuses zones, les professionnels doivent parquer leur brebis la nuit même dans la filière viande, et ce pour chercher à les protéger face au loup. Dans les zones les plus sèches c'est très (très!) mauvais pour les sols, car le passage de centaines d'animaux au même endroit détruit la couche d'herbe de façon parfois irréversible, concentre aussi les déjections, etc. Bref les études montrent que c'est mauvais pour la qualité de l'alpage qui supporte mieux une itinérance "libre".
chantrail a écrit:Ce qui serait intéressant, ce serait une espèce de cartographie des retours d'expérience tendus, surtout qu'en trail on effectue souvent des boucles et d'un vallon à l'autre on peut se retrouver "coincés" par des patous un peu trop zélés.
philtraverses a écrit:C'était de gentils patous, donc tous ne sont pas agressifs. Tout dépend je pense de leur éducation, selon qu'ils ont été habitués ou non à l'homme.
De nouveau par rapport à ses réflexions de professionnels de l'élevage/du pastoralisme : ce qui compte ce n'est pas
que le chien, mais combien d'attaques subit son troupeau. Le même chien a tendance à devenir plus agressif après des rencontres avec le loup.
C'est notamment ce que disent les experts interpellés par les maires qui, en zone d'élevage et en cas d'accident, doivent décider si faire abattre ou pas le chien dangereux.
Du coup, tu peux te retrouver dans un endroit où les chien étaient cool jusqu'à une attaque et que tu te pointes toi
![Twisted Evil :twisted:](./images/smilies/icon_twisted.gif)
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D'une façon globale la présence du loup met l'agro-pastoralisme face à une contrainte forte : l'animal le mieux protégé face au loup c'est quand même l'animal dans un élevage industriel, moins il met le nez dehors mieux c'est... c'est un des effets pervers les plus évidents de la ré-introduction du loup, pour ne pas dire d'une
vision urbano-centrée de l'espace naturel/rural*.
Et l'agro-pastoralisme c'est un des éléments qui a contribué à façonner le paysage tel qu'on le connait/connaissait... globalement la présence de prairie en moyenne montagne était presque complètement liée à l'élevage. Pour moi qui habite sur l’Apennin, il est clair que toutes les crêtes dans 20 ans seront boisés : les hêtres vont refermer leur forêt. C'est la fin des "étages" des crêtes libres etc.
Là où je passe tous les week-ends, sans animaux/professionnels, les sentiers auront besoin d'un entretien de la part de... ben de je ne sais qui, vu qu'ici les club alpin peinent déjà à maintenir la présence de la peinture sur les GR. Le seul entretien que je trouve ici est fait par les chasseurs
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* dans l'esprit de ce fil : la montagne pas que la notre je conseille volontiers ce grand communicateur :
https://www.facebook.com/CarnetdeBerger