Récit de la course : Ultratour de Liège 2007, par Mustang

L'auteur : Mustang

La course : Ultratour de Liège

Date : 21/10/2007

Lieu : Liège (Belgique)

Affichage : 3360 vues

Distance : 67km

Objectif : Pas d'objectif

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Des mouettes, j’entends des  mouettes ! Ah, c’est la sonnerie de  mon portable mis en réveil ! Il est 5 h 30.  Je suis  à Liège chez Xavier, alias Astro chez  les Célestes. J’ai fait  sa connaissance  hier soir. J’avais  fait une demande d’hébergement sur le site des Célestes. Aragorn, Kriek et  lui s’étaient  proposés gentiment.  Il faut savoir que  dire qu’un Céleste est gentil est  un pléonasme ! Astro étant à même pas un km du départ,  le choix s’est vite fait. Donc, me voilà, ce dimanche 21 octobre dans  une chambre de  la  maison d’Astro, en compagnie  de Loulou pour participer  à l’UTL. Le  Loulou en question  ne bronche pas d’une  oreille dans son duvet !! Hier soir, il n’était pas d’accord quand Astro et moi avons  proposé un lever à 5 h 30. Lui, il se voyait  bien  un lever peinard vers  6 h 30 ! Oh ! Mais c’est qu’il me faut  du temps  pour  me  préparer ! Déjà, il faut que  je  me décide entre  le  porte-bidons et les camel-back. J’ai cogité cela avant  de  m’endormir et  j’ai opté pour le  porte-bidon ! Loulou se fiche de  moi, et  les autres aussi car, à chaque déplacement, j’emporte  un énorme sac. J’emmène l’équivalent de  3 équipements complets de coureur, je dis bien complets, on ne sait  jamais !! Bon, je ne  me referai pas !

Douche, choix de  la tenue : short, sous-vêtement technique Domyos, et maillot  manches  longues. Il va faire froid ! Trabuco pour les chaussures, bas Booster et finalement  je  me décide  pour le  petit Camel-back de 2 l ! Descente  à la cuisine  où Astro a  préparé  le café. Au menu, le gâteau énergétique de Loulou ainsi que celui de  notre  hôte. Je  me force  à manger mais pas vraiment d’appétit le matin.

7 h, on part  à  pied dans  la  nuit vers  la  Plaine des Sports de Cointe.  La grande  salle, bordant  le stade est éclairée ! Sur  la façade, à  l’entrée, une enseigne  lumineuse brille dans  ma  nuit, elle annonce cafétéria Jupiler. On est en Belgique  ou on ne  l’est pas !

 


 

Je rentre dans  la salle et  guette  les têtes connues, celles des Célestes dont  j’ai fait  la connaissance au  printemps dernier durant  la Translorraine, un trail en 4 étapes  organisé de main de  maître par le  jeune Christophe Martin. Je salue Kriek, Gandhi et la Castafiore.

 

 
 

 


                                                            Gandhi à gauche, euh, bien sûr!! 
Je  récupère  mon dossard. D’autres Célestes, le grand Luc, Fainéant, le Gaumais,…. La salle se remplit. La queue  pour les dossards s’allonge.  Eric, rencontré  hier soir chez Astro, une des chevilles-ouvrières de cet étonnant  trail est  à  l’œuvre. Tout  le  monde se prépare tranquillement, pas d’agitations ni de fébrilité. Voici qu’arrive  un Céleste sur son  mini-vélo. Je  n’ai pas retenu son nom mais il m’a été dit que c’est son  moyen de transport, qu’il dort  n’importe  où pour  participer à des courses. Le départ ne sera donné  à l’heure ! Encore trop de coureurs sont  à attendre  pour  le dossard ! Qu’importe, pas d’énervement ! Il est passé 8h. Le  jour est  levé mais  le temps reste couvert. Il le sera tout  le temps ! Le froid est vif. Les coureurs se rassemblent sur  la  piste cendrée, derrière  l’arche gonflable.  Loulou est émoustillé par  la  jupette  à fleurs d’une concurrente.

 

 

Eric donne  les consignes en  précisant  le balisage. On ne va pas  se  perdre : peinture orange dégradable, rue-balise et flèches.

8 h 15 passé, ah, ca  y est,  on part !!! On quitte rapidement  le stade pour se retrouver en ville. Pour  les  premières rues  à traverser, la  police assure la sécurité. Pour  la suite, ce sera  aux coureurs de  faire attention. C’est bien ça,  l’étonnant. Car  le tracé  va  nous faire longer, emprunter, traverser non seulement des  petites rues, mais carrément  des avenues, des  boulevards, des bretelles d’accès d’autoroute, une voie de chemin de fer! Il  n’y a pas de signaleurs. On se débrouille seul, le marquage doit  être suffisant et  il le sera. Au cas  où, on a  un road-book très  précis qui tient sur deux feuillets recto-verso. Traverser de larges rues est impensable en France  où la réglementation est très tatillonne. Mais là, c’est une vraie aventure, une authentique aventure. Quel pied, un trail urbain ! Oui, c’est antonyme mais  la suite  prouvera le bonheur  à courir ce trail paradoxal !

Donc premières rues de Liège. Nous passons devant  l’imposante basilique de Cointe. Soit dit en passant, son architecte n’est pas  à féliciter ! Nous descendons vers  la Meuse. Je suis parti tranquillement mais rapidement, les  jambes  me démangent et j’accélère  le rythme. Je  laisse Loulou qui démarre  plus sagement afin de  préserver une cheville capricieuse depuis  un entraînement nocturne en forêt d’Ecouves en  juillet dernier, cette  même cheville l’ayant contraint à abréger trop rapidement son aventure utmbiste. Nous traversons  la  Meuse donc puis  on longe  le quai pour tourner à droite le  long d’un canal où sont amarrées des  péniches. En ayant accéléré, je passe quelques concurrents. Soudain, un coureur vêtu d’un maillot rouge et d’un collant  bleu-marine se  porte à ma  hauteur. Il a  l’air décidé et son rythme est décidé. Ses cheveux  blancs inspirent  le respect.

 

 

De suite, il engage  la conversation. Les présentations sont vite faites ! Marcel a  60 ans. Il s’est  mis  à la course  à  pied  à  l’âge de 51 ans.  Il court  les marathons en  moins de 3 h !! Total respect ! Effectivement, il court  vite,  le bougre ! Et il est bavard ! Il va  me tenir  la conversation pendant 20 km, le temps de son relais car il court  l’UTL en équipe de trois coureurs. Et bien  je vais  lui tenir compagnie quitte  à courir  un peu  plus vite que prévu !  Je vais tâcher de  tenir  une  moyenne de 10 km à  l’heure. Pour  l’instant, on est aux alentours de 12 au  kilo, mais  il faut bien compenser  les  montées  à venir ! Après avoir traversé une  large avenue, nous  nous engageons dans  une  partie boisée.  Le chemin  monte doucement. Des sculptures  ornent certaines clairières. Cette partie boisée est  très agréable. L’automne a fait son œuvre. Le soleil n’est pas  là et  il boudera tout  le reste de  la journée. Mon compagnon de course  m’apprend que  nous sommes dans  le  parc de  l’université de Liège. Cette balade dans le parc est très agréable. C’est  là que  mon fils, l’an dernier, est venu faire  un stage dans  le labo de  physique. Le chemin se continue en descente et  nous  passons devant  une construction de caractère où se tiennent  les réceptions  officielles de  l’université. C’est le château de Colonster. J’interromps ma descente  pour  vidanger la vessie, Marcel n’en demandait  pas  moins pour en faire autant! Nous quittons  le  parc, traversons  une rue pour ensuite  longer la rivière Ourthe. Marcel m’indique que nous  un répit plat de quelques  kilomètres.

Effectivement, nous courons  le  long de la rive gauche de la rivière qui va se jeter  plus  loin dans  la Meuse. Nous continuons  à courir de concert, tout en étant attentifs à l’allure de  l’autre. J’ai  l’impression qu’il m’attend. La rumeur de  l’autoroute de  l’autre côte de  l’Ourthe casse  un peu l’ambiance… ainsi que  le passage des trains car notre chemin est  bordé à droite  par  une voie ferrée ! Nous croisons des promeneurs, des cyclistes, des joggeurs  dominicaux ainsi que des  oies cacardeuses. Marcel et moi rejoignons  un groupe de trois  jeunes coureurs. La balade  le  long de  l’Ourthe s’achève. Les premiers escaliers  pour  rejoindre la rue. Un mouvement dans  mon dos ! C’est Loulou !! Il s’est fait  plaisir  à m’avoir en  ligne de  mire  pendant  plusieurs  kilomètres  pour  me rattraper. Il est  bien content, moi aussi et maintenant  on va  être deux  pour bavarder avec l’intarissable Marcel. On traverse une  large avenue pour  longer  pendant quelques centaines de  mètres  un cours d’eau et  puis soudain, la campagne. Comme ça, sans  prévenir ! C’était  la ville, y a  pas  une  minute et nous voilà à courir sur un longue  piste pavée montante au milieu de champs de  maïs. Ah, les  pavés du  nord !! Heureusement que  le temps soit sec ! Car  par temps de  pluie, ou avec  un chouïa de  boue, cela doit  être  bien sympa  à grimper ! Bon ça  monte et  le Loulou se sent des  ailes, il est suivi par l’infatigable Marcel.

 

Loulou à gauche en orange, Marcel  à droite 

 

Pour  ne pas être en reste, je  les suis en courant au grand étonnement d’un  petit  groupe de concurrents qui, eux, cheminent en marchant. Nous  les  passons tous  les trois pour  nous arrêter quelques centaines de  mètres  plus  loin au premier  ravitaillement.  20 km courus en  1 h 53 mn ! Accueil sympathique par  les  bénévoles autour d’une table  bien garnie : pain d’épice, bananes, fruits secs, Tuc, … Marcel en a fini et passe  le relais  à un jeunot de 40 et quelques années ! Astro nous rejoint. On prend son temps ! L’organisation a  fait  parvenir  à ce  poste  le ravito  personnel  des concurrents qui le souhaitaient !!Il en sera de  même  au 2e et 3e ravitaillement. Bon, il n’est de  bonne compagnie qui se quitte.

Loulou, le relayeur de Marcel et moi reprenons  la course sur une ancienne voie de chemin de fer aménagée. Nous  longeons des  pavillons sur  la droite. Nous coupons  une avenue et la zone  pavillonnaire est à gauche  maintenant. Nous  longeons  un pré. L’architecture des  pavillons est typiquement nordiste. La brique domine. Les  jardins sont  très arborés. L’ensemble est bien sympathique. Nous  obliquons  vers  la droite, en descendant, vers  un petit bois. Notre compagnon de course  nous avertit qu’une course, un jogging comme  ils disent, est  organisée sur le  même  parcours que le  notre, mais  la distance est  plus  modeste : c’est  un  jogging de 11 km ! On s’engage dans  le bois, Loulou ralentit dans  la descente  pour  préserver sa cheville. Une étonnante construction ruiniforme  baroque barre  notre route. Nous passons sous son arche. Derrière, Eric  nous attend avec son appareil  photo.

 

 

Nous  passons devant  le ravito de  l’autre course, un salut  amical aux  bénévoles qui le tiennent. Nous quittons  le bois pour quelques  instants de campagne puis  nous voici dans un faubourg. Je  passe devant  la villa doux souvenirs.  A un balcon, une effigie de squelette salue  le passant ! Ah, oui ! Halloween est  pour bientôt ! Tiens, quelques  marches. Je  passe au pied d’une rue  montante bordée de  maisons de briques. Elle est déserte en ce dimanche matin. Peu  importe ! Quelques fenêtres arborent  le drapeau de  la Belgique.

Puis, l’éblouissement, nous voici à crapahuter sur  une colline, le  long d’un  pré  bien vert, sous  le couvert d’une allée de  magnifiques chênes  dont le feuillage commence à flamboyer. C’est  bien un trail, c’est  bien la campagne ! Les vaches  nous regardent  passer sur  le chemin,  l’œil  impavide. Nous dominons  la Meuse et Liège. Mais  ça grimpe toujours. Même si  temps  n’est pas clair, la vue est intéressante. En haut de  la colline, une table d’orientation mais  nous  ne  prenons  pas  le temps de  nous y arrêter. C’est déjà la descente. On retrouve l’univers  urbain. Nous  longeons  une voie rapide qui nous conduit vers une zone  industrielle. D’immenses  pylônes électriques dominent de grands  bâtiments. Le fléchage  nous conduit vers bien eux, étonnant ? Non ! C’est  le  lieu de  notre deuxième ravitaillement au 30e  km, c’est  le site de  la  brasserie Jupiler à Jupille sur Meuse. Nous en sommes  à 2 h 55 de course, ça va.  Nous  pénétrons dans  la  brasserie où  Eric, hilare, nous accueille avec des canettes de  bière.  Bon, ok pour  la photo mais Loulou et  moi restons sobres.

 

 

Par contre, je  mange  bien et bois du coca. Je  prends aussi des Tuc, c’est une bien bonne façon d’absorber du sel.  Encore quelques  photos et  je repars. Loulou reste  un peu en arrière. Je  passe devant les énormes semi-remorques rouges Jupiler pour  m’engager entre  les  entrepôts. On va faire  le tour des  bâtiments de l’imposante brasserie ! Vraiment étonnant. Voilà le  paradoxe ! Y a  pas dix  minutes,  j’étais en  pleine campagne à admirer des chênes et me voici  dans  une zone  industrielle ! Je  lis au passage quelques  panonceaux : gaz carbonique, oui cela  me semble  normal pour  la  bière  mais acide chlorhydrique, boudiou, mais pour quoi faire ??? Je continue. Après être passé entre deux hangars, je débouche sur  l’aire de stockage  où des  montagnes de caisses de  bière attendent … attendent !

Je sors de  l’usine, traverse une nouvelle fois la Meuse sur  le  pont-barrage de l’île Monsin. Comme dit  le road-book, il faut faire attention à la circulation! Tu parles ! Le  parcours s’engage dans  une seconde  partie  beaucoup plus sévère. En effet, c’est celle des terrils. Là, ce sont encore des quartiers que  je traverse. Peu de  monde dans  les rues. Des coureurs de  loin  en  loin. Des automobilistes  nous dévisagent. Quelquefois, des  passants également. Ils doivent bien se demander quelle  piste  mystérieuse nous devons suivre car le balisage reste discret. Il est  notre fil d’Ariane pour nous amener au bout de notre  périple liégeois. C’est  notre secret, notre laissez-passer  pour découvrir  tous  les visages d’une ville étonnante. Oui, étonnant, tiens  maintenant, il faut traverser des voies ferrées. Euh, comme  ça ?? Ah, c’est  un passage  pour  piéton. Bon, pas de sonnerie  ni de feu rouge. Je bondis entre  les rails et traverse rapidement. Loulou me racontera que lui, comme  il passait, le signal s’est déclenché. Dans sa  précipitation, il a  tourné et a  longé les voies  jusqu’à la gare  proche au lieu de filer tout droit !

Voilà, je suis  au  pied  de  mon premier terril. Le terril de Bernalmont. La  piste est  noire, raide. Elle s’élève  fortement.  Pas de chichi, c’est du tout droit devant. Pas de  lacets inutiles ! Bon, et bien  j’attaque doucement cette  première grosse difficulté en marchant, les  mains sur les  hanches comme  à mon habitude. Astro est à quelques  mètres derrière moi.

 

 

L’odeur acide du charbon est  très prenante. Des  bouleaux  ont colonisé  les  pentes du terril. C’est  l’alliance du  blanc et du noir. Redescente. Plus  loin, je longe  un terrain de  football puis je traverse  un golf sous  le regard étonné des  joueurs. Oui, je  les comprends, c’est assez  incongru.  La  piste continue en  longeant ce  golf  pour arriver au  practice. J’en suis  au  km 38, au  nord de  Liège. Je sors  en  logeant  le clubhouse et emprunte  une étroite rue encaissée qui descend rapidement. Une automobiliste, en  montant, a  l’obligeance de s’arrêter pour  laisser le coureur qui me devance ainsi que  moi-même. Je  longe ensuite  un petit  parc  où des daims ne daignent  même pas  me regarder. Une  large rue à traverser  pour emprunter une avenue qui domine  un parc  à gauche. Je suis des coureurs à quelques dizaines de  mètres derrière eux.  Astro est devant  plus  loin. Soudain, le groupe s’arrête. Je  les  passe croyant qu’ils faisaient  une pause. Mais je  m’arrête aussitôt. Quelque chose  ne va pas ! Eh bien oui, il n’y a  plus de  balisage !!! Voilà, il faut toujours  être vigilant et ne pas suivre moutonnement  un groupe. Demi-tour  pour tout  le monde. Ce ne sera que quelques centaines de  mètres en  plus. On retrouve rapidement  la bonne  piste dans  le parc. Finalement, on revient sur  le boulevard qu’on avait quitté tout  à  l’heure.

 

 

 

On  prend  à droite. C’est  une ruelle descendante, tout en escaliers ! C’est  impressionnant, cela  n’en finit  pas ! On est dans  une zone semi-urbaine.  Evidemment, si on descend, il faut remonter ! Je ne suis  pas encore seul. C’est étonnant car on est environ 135 à avoir  pris  le départ, et là, au km 41, on est trois, quatre à se suivre. Donc, ça remonte, et bigrement par une  méchante piste à  peine asphaltée  et dont  les bords sont ravinés. Et  on y circule en voiture ! Mais comment font-ils ? Là encore, un automobiliste  se gare  pour  ne pas ralentir notre  progression dans cette  montée sévère ! Oui c’est cela ralentir quand  on grimpe  une  côte entre 10 et 15 % ! Bon ça repart mais  je sens que  ma  moyenne va être difficile à tenir sur ce terrain de  plus en plus difficile. Je suis passé en 3h59 au km 40.  Je  progresse dans  une zone  pavillonnaire  lâche de Thier. En débouchant dans un champ, un terril boisé se dresse devant  moi. Le tracé semble le contourner. Tant mieux ! Nous sommes quelques coureurs à descendre dans un chemin caillouteux le  long de ce terril. Soudain, le gars devant  moi, un plus tout  jeune, trébuche et tombe violemment au sol. Je  me précipite. Les deux coureurs qui étaient devant, reviennent pour aider. Le gars est dans  un sale état, il a  le visage en sang. Il présente de vilaines coupures au front et à la  lèvre. Il saigne abondamment. Il a éclaté ses  lunettes.  On essaie d’arrêter  les saignements avec des  mouchoirs. D’autres coureurs arrivent. Un  se  propose d’appeler sa fille qui est en voiture, toute  proche. Le  blessé refuse. Il sort un grand mouchoir en tissu et tamponne ses blessures. Il repart tant bien que  mal. Il compte rejoindre  le 3e ravito près duquel se trouve  un hôpital.  La troupe est repartie !

Chemin dans  un bois à nouveau  puis on débouche dans  une rue. Le tracé nous renvoie dans  la  pente. On suit un chemin en lacets qui grimpe vers  un mémorial pour en redescendre bien sûr ! De nouveau, on est dans  une rue. On traverse  un ensemble  pour attaquer une colline herbeuse, tout droit devant.  Arrivé en haut, je repars mais  les cuisses souffrent. Bientôt, je  longe une voie ferrée en contrebas. Celle-ci s’enfonce dans  un tunnel. Je descends par des  marches sur une esplanade mais demi-tour par d’autres  marches  pour remonter toute  la colline. En fait, c’est  un parc. Le chemin monte  à son sommet en une dizaine de  lacets  larges. Des  promeneurs nous encouragent.  Aux  premiers  lacets,  je  marche mais, finalement, comme  le  profil n’est pas  méchant, je  préfère trottiner. Je débouche sur une avenue. J’aperçois  le  3e ravito. J’en suis au  km 47. On domine  la ville. Le panorama est saisissant.

 

 

Je  me restaure copieusement car  j’ai emmené trop peu de ravitaillement. 2 tubes de crème de  marron et deux  barres, plus des  pastilles de fructose. C’est assez  léger ! Trop ! Ce  n’est pas  malin. J’avale des  morceaux de  bananes, du pain d’épice et quelques Tuc. Je bois également des verres de Coca.  Le  blessé  va comme  prévu s’arrêter  là pour se faire  poser quelques agrafes à l’hôpital proche.  Je retrouve Astro.  Pas de  presse, je  profite  bien de ce  moment de repos.

 

Mais  il faut repartir ! Moins de 19 km ! Finalement, on ne  va pas emprunter  les grands escaliers car il s’y déroule  une compétition de VTT acrobatiques. Les compétiteurs sont équipés comme des  gladiateurs. Au passage, j’admire  les belles  machines. On se croise sur  l’aire de départ, des regards  amusés de  part et d’autre. Bon, chacun son truc ! Mais j’aime beaucoup le VTT ! Donc, pas d’escaliers mais une petite rue fortement en  pente sur 300, 400m. Le ravito  m’a regonflé. Je m’élance dans  la  pente et  je passe  un groupe de coureurs dans  lequel se trouve Astro. Quelques rues encore  puis  un méchant  bois bien touffu  à traverser. La suite va  être comme  ça : des  passages en ville  puis les  bois des terrils. Des escaliers encore ! Je  ne les ai pas comptés mais cela doit  représenter un bon paquet de  marches ! 1 000 ?  La  piste  nous renvoie dans un bois sur  les pentes d’un terril. Les ronces au sol y sont accueillantes. Elles  nous  invitent  à rester ! C’est un peu galère car il faut  bien  lever  les  pieds sinon c’est la chute assurée ! Par endroits, la  pente est très raide pour descendre dans  la  poussière  noire. Je me demande comment les  organisateurs  ont trouvé  toutes ces  pistes.  Depuis quelques temps, je cours seul. Me voilà dans  une  large rue  montante  où des gamins jouent. Ils  me regardent d’un air goguenard.   La fatigue est  là. Ma vitesse a baissé.  Sur  le  plat, j’arrive tant  bien que  mal à tenir  un petit 10 à  l’heure. J’aimerais  bien finir en 7 heures.

Allez, on continue. Je suis sur  un chemin le  long d’une autoroute. Devant  moi, se dressent  les bâtiments d’un supermarché. Je trottine mollement le  long du grillage du parking. Devant  moi, se trouve  un accompagnateur en VTT. Je le suis. Mais  le balisage m’indique de tourner  à gauche. Le vététiste s’est aperçu de son erreur et fait demi-tour. Je  passe sous  l’autoroute. C’est  long. Mince,  je vais  perdre  le signal du satellite ! Au sortir du tunnel, ça va, je retrouve  le signal. Je continue dans  une  méchante friche. Un  jeune coureur  m’a rejoint et me passe rapidement. Ensuite, c’est  la ville. Je retrouve quelques coureurs que  je passe. Les rues succèdent aux rues. Elles sont quasi désertes en ce froid dimanche après-midi. Là aussi, des drapeaux  belges  aux fenêtres et aussi des affichettes avec  la  mention Ensemble écrite sur la représentation du drapeau. Ça  monte et ça descend. Me revoilà à grimper  vers un terrain vague. Je  passe entre des tas de gravats. De cet ensemble, émerge  une cheminée. Je continue dans cet endroit sinistre. La vue s’élargit et donne sur une zone industrielle. Les cheminées fument  à tout-va !  Je continue  à flanc puis je regagne  un petit bois. Pas de chichi là encore, le chemin va droit dans  la pente ! J’en sors et passe devant de grands immeubles pour  pénétrer dans  un parc. A  l’entrée, un  promeneur m’interpelle en me disant qu’il faut  être toc-toc  pour faire ce que je fais ! D’autres  promeneurs  m’encouragent. Je descends. Soudain, je  me retrouve le  long d’un stade. Mais c’est celui de Cointe ! C’est  l’arrivée !! Comme cela ? Sans crier  gare !! Mais où est  l’entrée ? Je  pénètre sur  le stade,  heureux. Bon, dans  quel sens, il faut  prendre  la piste ? Je galope  pour  mes derniers  mètres. Eric  m’annonce au micro, me donnant comme spécialiste de  la tarte aux  pommes et du cidre ! Eléments que  j’ai ramenés de  ma Normandie pour  mes  hôtes. Voilà, j’en termine en 7h 01mn. Le contrat est rempli.

L’accueil est chaleureux. Embrassades. Je pénètre dans  la salle. Beaucoup d’ambiance. Je retrouve Marcel qui  me propose de suite  une  bière. Euh, je vais attendre  un peu de retrouver  mes esprits. Je préfère sortir et respirer  l’air frais. Les coureurs se succèdent  à l’arrivée. Loulou arrive. Il est très heureux. Sa cheville  a tenu et  il a apprécié  le parcours. Il a retrouvé sa confiance. On se retrouve avec Astro  pour manger dans  la salle. On va quand  même sacrifier au rite en consommant  une bière. Pas  plus, hélas car il va falloir reprendre  la route d’ici une heure  ou deux pour la France. Dernières embrassades, derniers saluts. Mais, ce  n’est qu’un au revoir.

Etonnant, cet ultra tour de Liège, tout dans  le paradoxe d’un parcours  urbain et d’un parcours campagnard ou boisé, et tout cela dans une succession rapide. Vraiment étonnant. A recommander  fortement. Prochaine édition en 2009. Le rendez-vous est  pris !

Mustang

8 commentaires

Commentaire de titifb posté le 24-10-2007 à 16:13:00

L'acide chlorhydrique sert à des activités d'entretien et de bricolage. C'est un produit corrosif utilisé pour détartrer ou désinfecter les sanitaires ou les WC. Il sert aussi à la rénovation des marbres, des carrelages et des objets en cuivre oxydés. Très corrosif, il peut attaquer certains métaux comme l'aluminium, l'étain, les bronzes, le laiton... L'acide chlorhydrique est un produit toxique qu'il convient de manier avec de très grandes précautions. C'est un produit irritant qui peut provoquer de graves brûlures. Il est non combustible, mais la formation d'hydrogène en cas de contact avec certains métaux peut rendre l'atmosphère explosive.

Bigre ! on vous fait passer dans des endroits sympathiques ! Merci pour ce CR très agréable à lire. J'espère que le coureur qui a testé la solidité du sol s'en est tiré avec plus de peur que de mal...Toujours être vigilant en course à pied et surtout en trail...euh, j'en sais quelque chose (http://www.kikourou.net/recits/recit-3112-trail_du_pic_saint-michel-2007-par-titifb.html) !!!

Bonne continuation Mustang; au fait, Mustang, ça vient de quoi ?
Le royaume de Lo, cette région située au nord-est du Népal ?
Mustang : un avion de chasse ?
Une race équine ?
Une automobile produite par la firme Ford ?
Une revue des éditions Lug publiée de 1966 à 2003 ?
Une guitare (Fender Mustang) ?
Un personnage issu d'un manga ? (Roy Mustang)



Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 24-10-2007 à 16:23:00

Beau récit Mustang ! On est vraiment dans le pays de la bière pour qu'on te fournisse un "road-bock" à la place d'un road-book !
Il faudra que je t'accompagne un jour dans ce pays béni des dieux du Houblon !

Commentaire de sylvain61 posté le 24-10-2007 à 18:32:00

dis Philippe, le coup de la jupette...c'est un montage, ou c'est pour que le Lutin passe enfin la frontière ? d'ailleurs c'est pas une frontière, c'est un état d'esprit !

Les tristounets restent à la frontière ! Les autres ont se dépèche de passer..allez Allez y'aura pas de la jupi pout tous !

Commentaire de espace_marathon88 posté le 24-10-2007 à 20:40:00

7h01 pour braver ce tour de liege si eprouvant avec toutes ces marches..trés belle performance!!Alternance passage urbains et passage nature, c'est vrai que ce n'est pas trés courant.
Bravo à toi et repose toi bien
a+

Commentaire de -loulou- posté le 24-10-2007 à 22:07:00

Félicitation mustang pour ta course, comme d’habitude ton récit est parfait, merci pour la visite de liège et la rencontre avec les célestes

Commentaire de moumie posté le 25-10-2007 à 12:58:00

salut,

quelle course originale à travers le ville et la campagne sans crier gare :-))

Bravo pour ton parcours
A plus

Commentaire de Estive 73 posté le 27-10-2007 à 14:05:00

Merci Mustang pour ce très bon récit.
Je connais un peu la Belgique, j'y ai même couru, mais c'est vrai qu'on imagine mal un trail, et c'en est un, de cette trempe dans la région de Liège.
ça donne vraiment envie de découvrir cette course. A des tarifs extra en + (si j'en crois le post sur lequel tu viens d'intervenir au sujet de l'Aubrac 2008 !)
Merci encore et bravo pour ta course, une belle perf !
Dominique_du_haut_pays (73)

Commentaire de Byzance posté le 20-12-2010 à 20:36:00

Je connais un peu le coin : c'est vrai que le relief de la vallée + la ville + la campagne et les bois + les industries passées et actuelles, ça fait un drôle de cocktail !!!

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