Récit de la course : L'Echappée Belle - Intégrale - 145 km 2018, par Ewi

L'auteur : Ewi

La course : L'Echappée Belle - Intégrale - 145 km

Date : 31/8/2018

Lieu : Vizille (Isère)

Affichage : 3860 vues

Distance : 144km

Matos : 40 trucs a grignoter ;)

Objectif : Terminer

31 commentaires

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L'échappée belle, une traversée en solitaire à plusieurs.

On est tous un peu bigorexique. Le savoir n’y change pas grand-chose et on finit toujours par trouver un objectif plus haut, plus loin. Pour ma part, après une saintélyon, un eco-trail et une montagn’hard60, je voulais passer la barre très symbolique des 100km cette année. L’organisation et la planification n’étant pas des qualités que je possède, j’ai vu toutes les courses se remplir sans encore avoir fait mon choix.  Ce sera donc la traversée nord. Ce n’est que 85Km mais les échos sont tous unanimes, c’est déjà du sérieux.

Seulement, seulement y a les copains et à parler avec Jano, Xian, Franck & co, le 85 semble fade, terne, presque sans trop d’intérêt. Le 144 commence à attirer mon attention très fortement mais il n'y a plus de dossard pour le solo.

Une reco plus tard avec Benman, courotaf et quelques autres dans les 7 laux enfonce les portes de l’inconscience et me voilà sur liste d' attente pour un dossard pour l’intégrale.  

Tout l'été je vais devenir insupportable avec mon entourage... Echappée belle par ici, Echappée belle par là… multipliant les reco et les sorties notamment avec Benman (qui devient ma meilleure excuse pour abandonner ma femme "J'y vais avec Benman, tu aimerais pas toi que je sois seul là haut ").

Dernière reco officielle, j’apprends que j'ai mon dossard pour l'intégrale, je sais qu'il y aura Benman, Katman, Bipbip et courotaf dans le peloton mais ils sont tous plus expérimentés et plus rapides que moi... de longues heures de solitude s’annoncent dans Belledonne et ça, ça me plaît.

Sur la ligne de départ, je répète comme un mantra les mots "gestion, gestion, gest"... même pas le temps de finir, autour de moi ça part comme des balles de fusil... j'accroche Courotaf, et Benman et Xavier sont à côté, l’ambiance est bonne. Jusqu'à Arselle, ça va vite, le soleil se lève doucement, on range les frontales, on sort les bâtons et on relance dès qu'on le peut. Pour une course où je devais courir que les 200 premiers mètres, j’ai comme l’impression de mettre fait avoir… 


Vizille - Arcelle

Mon roadbook prévoyait 3h pour cette section, ce sera finalement 3h04. On rate le bouzin de 9h de justesse. Au ravito, c'est un peu la cohue, après les deux soupes règlementaires, le saucisson et le formage, je cherche mes compagnons de route... personne... j'attends quelques minutes, il fait froid et je profite du passage de Gracia pour marcher un peu avec elle. Gracia, va être mon yoyo pendant cette traversée. On a fait la dernière reco ensemble et on avait bien sympathisé autour d'un cristal de quartz et de l'esprit de Belledonne (à l'époque, j'avais osé dire àhaute voix que je préférais les écrins).

 

Arcelle - La Pra

Le trajet vers le refuge de La Pra ne me laisse pas beaucoup de souvenirs. Entre Courotaf qui galope devant et Benoit derrière, je fais une grande partie seule, dans ma bulle. Cheville de Miel avait dit "mange toutes les 45min", et comme moi j'aime manger, je ne me fais pas prier...  Tout est prétexte pour manger un bout. La Pra pointe le bout de son nez en 2h49 (pour 3h sur le roadbook).On y apprend qu'on ne montera pas à la Croix de Belledonne à cause du brouillard. Pour moi qui y suis monté avec la team Brignais 15 jours avant, les souvenirs sont encore frais, on fera sans mais ça semble déclencher un incident diplomatique pour certains. Je n’aurais pas aimé être bénévole sur ce ravito vu certains noms d'oiseaux qui sont lancés. 

 

La Pra - Jean collet

En route donc vers Jean Collet directement par le col de Freydane. Ça monte à bon rythme et je trouve le paysage de plus en plus spectaculaire. J’ai beau connaitre, avec le brouillard qui se lève et retombe sans arrêt, le paysage prend une certaine légèreté et intemporalité. C'est mineral, Bowie aurait pu y tourner son clip.



Le temps s’arrête. Une faille temporelle se crée et les minutes, heures et kilomètres lâchent leur emprise. Je vogue en eau calme, de nappe de brouillard en nappe de brouillard. Cette déconnexion avec le temps m’amène dans la descente de Freydane. Je vais y avoir une première révélation : on peut ranger les bâtons, se détendre en trottinant, puis en courant. Faut pas déconner, je plafonne a 8Km/h mais fait nouveau : j’ai plus peur de tomber, de me tordre une cheville ou autre… et ça libère de la charge mentale pour continuer à se prendre pour un pirate à bord d’un 3 mats scrutant la brume à la recherche d’une ile mystérieuse. Dans cet état, j'en oublie la gestion et je roule vers Jean Collet qu'on devine derrière les nuages. Je croise Bubulle qui remonte chercher Benman, c'est toujours sympa de voir des visages familiers sur une course, et c'est sympa de sa part de venir ici sachant que demain, il prendra le départ du 57Km.

 

Jean Collet - Habert d'aigbelle


En 2h47 (pour 3h au roadbook), me voilà dans la citadelle des nuages. C’est une vraie purée de pois. Il y a plein de Kikous et nous revoilà au presque au complet, Katman, Xavier, Courotaf et Benman, en route pour le Habert d’Aiguebelle. Deux cols nous attendent sur le parcours : le col de la Mine de Fer et celui de la Roche Fendue. Cette portion est féerique. On évolue de cailloux en cailloux dans un brouillard lourd et épais ce qui permet de laisser l'imagination vagabonder d'image en image, de pierre en pierre. Je me surprends à faire du pathfinding dans les roches, à comparer une approche discrète et continue, centralisée et distribuée… Je suis presque sûr qu’un système multi-agents serait le plus efficace pour trouver le chemin optimal, est ce que c’est publiable comme cas d’étude ? Me voilà dans une nouvelle faille temporelle, et je ne sens pas vraiment le dénivelé ni la distance. Breath and life traduit bien mon etat d'esprit 



Le dernier col passé, on aperçoit le Habert en bas, cette fois-ci, pas question de rater le bouzin de 18h! Et fort de ma nouvelle compétence "descente en montagne", je dévale littéralement la pente en slalomant entre les coureurs qui descendent et ceux qui montent. J’ai les jambes, j'ai la tète et avec le shunt de la croix et de l'aigleton, je peux me le permettre.

J'arrive au Habert en 3h05 pour 3h sur le roadbook et je retrouve par la même occasion Courotaf qui lui aussi est en pleine forme. Xavier arrive 5 min après, et autour d'une soupe sans sel on va attendre Benman et katman. Cette section me donne des ailes et une petite voix dans ma tête commence à chuchoter "c'est bon c'est presque gagné". Alors que tout le monde arrive, Katman est au plus mal, et rien dans mon garde-manger semble l’intéresser. Bipbip me délestera d'un gâteau et semble aller bien, Benman éteint. Je vais passer presque 45min au Habert à attendre les copains, à manger et à simplement laisser le temps couler... on est large sur les BH, profitons-en.

 

Habert - Le Pleynet

Des bruits commencent à courir sur le shunt du Morétan pour cause de neige. Il faut savoir que j'aime le Morétan, j'aime ce col étroit qui offre un panorama somptueux à qui arrive à sa hauteur. De l'autre côté, on trouve un grand névé, une descente sur une crête, une moraine puis une jolie prairie. Shunter le Morétan m'agace et me rend un peu... de mauvaise humeur. Je partage avec Benman que sans le Morétan et sans l'Aigleton, cette course n’est plus la même et que ça sent de plus en plus le finish. Il me remet en place gentiment, il a raison il reste encore 100Km. Le temps passe vite et j'aimerai passer le col de la Vache et surtout voir les lacs de 7 Laux de jour, j'allume donc les moteurs et c'est parti pour une traversée en solitaire. J'abandonne (lâchement ?) mes compagnons de route pour m'attaquer au col de la Vache. Alex Da Kid nous accompagne.



La pluie commence à tomber, par petite goutte, et le brouillard s'épaissit, parfait ça sera l'occasion de tester la goretex. Cet été il y avait un grand névé sur la Vache, ce qui simplifiait vraiment la montée. Aujourd'hui, il est fondu et mon algo de pathfinding est de plus en plus mauvais. Je fais des détours inutiles, rate des fanions et je commence à avoir froid. Je me souviens avoir pensé à Katman "s’il abandonne pas au Abert, il lui faudra un de ces courages pour finir ce col avec le bide vide"... Arrivé en haut, il fait encore jour mais il faut se faire une raison, avec la météo on ne verra rien des 7 Laux. Dans un espoir un peu con, je descends sans frontale, "nan mais tu n’as pas peur du noir, tu n’as pas besoin de lumière", « tu ne vas pas enlever ton sac et chercher ta frontale, il fait froid et il pleut, avance"... ce qu'on peut être bête parfois.

Arrivé au lac du Cos, je capitule et je sors la lumière. Moi qui rêvait d'une pleine lune accompagnée d'un ciel étoilé sur les lacs, faudra revenir. L'avantage c'est que je connais bien cette section, d’abord la rive gauche, puis on remonte, puis on traverse, etc. et malgré la météo j'avance à vive allure. Je m’amuse du brouillard dans la frontale.Le refuge est presque à portée quand je rattrape une troupe de 5 ou 6 coureurs... et les ennuis commencent. Je me retrouve piégé dans un faux rythme, trop lent pour moi, mais trop rapide pour doubler, surtout avec le brouillard... résigné je me cale dans leurs pas et commence les calculs sur les BH. Je vais pouvoir dormir large au Pleynet. Nous arrivons au poste montagne qui check notre passage et nous annonce que la barrière au Pleynet est avancée à 2h30 au lieu de 4h. Alors que ça râle autour de moi et que ça parle déjà d’abandon, je profite du terrain calme pour demander aux copains animant le live si l'info est passée. Pas de réponse.  On ne prend pas de risques, on va dévaler "le cul de la vielle" comme jamais. Faut dire que l'obscurité aide bien. Sans voir le vide autour, on a moins peur. Je me refais mentalement la descente "ici on s'étaient posés avec Emilie pour manger des amandes", "ici il y a le tuyau qui goutte", etc. Je descends avec toujours un mot pour les concurrents que je croise. Je sais que c'est long, mais obnubilé par cette histoire de barrières horaires, je ne vois que le Pleynet approché. Je m'accorde une pose pour discuter avec Gracia qui est en souffrance dans les descentes, son genou ne la laisse pas tranquille et son handicap doit la mettre en difficulté la nuit. Je profite du plat offert par le chalet de Gleyzin pour appeler Emilie et lui donner des nouvelles du front. On a un petit rituel le vendredi soir à propos d'un bigorneau, et ça fait un bien fou.  Je ne peux m"empecher de repenser à Nougaro

 

Le Pleynet - Gleyzin

5h43 pour 6h au roadbook, me voilà au Pleynet. Je retrouve un bénévole (qui a un profil de course tatoué sur le bras, on ne peut pas le rater) qui me rassure sur la barrière. Rien n'a changer. Sur le coup mon sang ne fait qu'un tour et j'ai envie de remonter aux 7 Laux pour gueuler un bon coup sur les affreux qui tiennent le poste là-haut! Une telle dépense d'énergie inutile! mais à la place, ce sera une bonne douche chaude, des pâtes au pesto et une tenue chaude. On se calme en ecoutant un instru de Grönemeyer


La fatigue ne se fait pas ressentir mais après un passage kiné, je vais m'allonger dans le dortoir... sacrée perte de temps! il y a trop de bruit, trop de monde, trop de sonneries de portable... impossible de fermer l'œil! Un bénévole vient crier "Navette pour Aiguebelle dans 10min", ce qui déclenche un ramdam infernal... c'est décidé j'y vais et je dormirai à Gleyzin.

 


En sortant du dortoir je croise Xavier (et ça fait plaisir) il me donne des nouvelles des copains. Ça semble fini pour Katman, Benoit est là et dort, Courotaf va surement abandonner aussi. Pas top.

J'enfile mes gants, ma veste, un dernier thé et en route pour une section de nuit. Je pars avec Michel et Phillipe, un lyonnais et un grenoblois. Ils sont en duo "on part ensemble, on arrive ensemble". Je trouve ça génial. Phillipe est un peu à la traine mais on progresse rapidement avec Michel. Il connait bien le parcours et va me conduire jusqu’à Gleyzin à coup de petite phrase décrivant le parcours. Je sais qu'on part pour 1000 D+, mais, surement sous endorphine, dopamine, ou autre drogue naturelle, ça ne me fait pas peur... Le temps se lève un peu, le lac Leat laisse refléter quelques étoiles. Un pied devant l'autre et nous voilà à Gleyzin.

2h58 pour 4h au roadbook. Pas l'ombre d'une fatigue, on reste 15min. Juste avant de partir, je croise Xavier (je vous ai dit comment c'est chouette de voir un visage connu sur la course ?) Benman fait une sieste dans une cabane et il est avec BipBip, super ils sont repartis de la base vie. C'est fini pour Katman et Courotaf... merde.    

 

Gleyzin - Super Collet


A partir de là, je connais bien le tracé pour l'avoir fait cet été. Aulp Bernard, petite montée en sentier forestier, petit champ de rhododendrons fanés, et descente sur une piste. Rien de difficile, rien de palpitant. On ecoute On the road again et on avance.


Le shunt du Morétan fait mal intérieurement. On discute, on rigole, on se moque de Grenoble, on s’arrête 30s au ravito improvisé par les bénévoles de Périoule (chapeau les mecs d'avoir descendu tout ça...). et à partir de là c'est l'inconnu. La légende de la Montée Pierre du Carre décrit ce chemin de 500 D+ comme un calvaire... et c'est vrai! Je m'enferme dans ma bulle et compte mes pas (à la Bubulle). Je serai bientôt à la base vie où je pourrai dormir un peu et du coup je ne compte pas mon énergie... on avance et c'est tout. Doublé par la droite et par la gauche par les coureurs du 85Km, je ne me rends pas bien compte de combien on monte. "Tiens Thomas n'est pas encore passé ? et le frère de Bipbip ? et Chirov, etc." A laisser vagabonder mes pensées, me voilà déjà à Super Collet.

Super Collet - Val Pelouse


5h au lieu de 8h, le shunt du Morétan est un sacré raccourci temporel. A Super Collet, je m'allonge 1h sans trouver le sommeil. Il fait trop froid et ne touche même pas à mon sac d'allègement. Une soupe et je repars. Michel et Phillipe sont déjà reparti, je continue mon aventure seul. Objectif : le col d’Arpingon où je vais retrouver la TeamBrignais au complet. Sur le chemin, je rencontre François, on discute bien. Il a tout fait, marathon des sables, Tor, des raids multisports, etc. Arrivé au col de Claran, il me demande poliment s'il peut y aller. C'est un bon descendeur et il me laisse à ma solitude en quelques enjambées.  C'est vraiment particulier sur l'échappée belle, je n'ai eu que des encouragements de la part des coureurs du 57 et du 85. Toujours un mot gentil. Ça fait vraiment plaisir!

Arrivé à la passerelle du Bens, je reconnais Thomas qui semble en bonne forme accompagné d'un autre Kikou (Albacore ?)  Les bénévoles nous offrent des compotes mais il fait tellement froid qu'on ne s'attarde pas... en route pour les Férices.

Le paysage plongé dans le brouillard est somptueux. Je suis remonté sur mon galion, à chercher mon trésor. Le vent souffle dans les oreilles, les voiles se hissent, j’avance à bon rythme.  


Malheureusement, des coureurs du 85km me sortent régulièrement de mon trip pour passer. Le passage est étroit et je dois m’arrêter très régulièrement pour laisser passer quelqu'un. C'est technique mais pas trop. C’est aérien mais pas trop, c'est parfait. Franck a dit qu'il allait faire un feu pour nous guider au bout de ces crêtes interminables, tel un phare. Il fait encore jour mais je guète a chaque détour du balcon une lueur au loin. Rien. En arrivant à Arpingon, pas de TeamBrignais, Mince. Je demande au bénévole le nom du poste montagne, on est bien à Arpingon. Oula... on discute 3 min et je comprends qu'ils sont redescendus, ils étaient trempés, il faisait trop froid. Je reprends ma route et intérieurement me note un memo pour prendre des nouvelles de la Team.  En route pour Val pelouse! J’attrape la roue de 2 coureurs du 85km. Premier constat, je peux encore courir, 113Km dans les pattes et je peux encore courir. Révélation... on va la finir cette course! il n’y a plus de doute et avec la manière tu vas voir. 2eme constat, je cours aussi vite que les mecs du 85km et je les double même. Ils m'interpellent à la vue du dossard rouge. "Mais si tu cours, qu'est-ce que tu fais là ? tu devrais être bien loin devant !" Bin oui mais on m’a dit "gestion gestion gestion et cette course, je veux pas qu’elle se termine" .

 

Val Pelouse - Le Pontet


Val Pelouse 7h au roadbook, 7h00m38s au chrono. Bubulle serait fier de moi.
Je retrouve Gracia à Val Pelouse, elle a froid et sort le bonnet de laine. Ce n’est pas con. Je remplace aussi la casquette par un buff transformé en bonnet, sort les gants et la frontale et après 2 soupes réglementaires, je me lance non sans prendre le temps de discuter avec une maman qui attend Julien avec impatience. Je ne sais pas qui est Julien mais ça ne l’empêche pas de me raconter leurs vacances dans le coin. Cette situation est très drôle quand comme moi on vient de la course sur route (où chaque seconde compte) :).  

Après Val Pelouse, je sais que ce n'est plus très technique. 500 D-, 400D+, 100D+, 1100 D-. Mon plan de route est fait. On va courir tout ce qu'on peut et profiter des montées pour ralentir et s’imprégner de l'ambiance que la météo donne à ces lieux. Entre la source du Gargoton et le sommet du Grand Chat, je suis seul et je respire à plein poumon. Que c'est bien d'être là, dans la nuit. Le brouillard impose une faible puissance à la frontale ce qui accentue encore l’aspect mystérieux des lieux. 

Parfait pour ecouter Laputa: Castle In the Sky


On bascule et direction Le Pontet et cette descente interminable de 1100D-. Même pas peur! j'ai une compétence descente rapide maintenant. Je croise un coureur du 85 qui a de sacrées hallucinations. Il se bat contre des insectes imaginaires. J'essaie de le raisonner, lui donne un napolitain pour qu'il ai un truc dans le bide et lui propose de faire la descente avec lui (il me fait un peu peur). Il refuse. Je note son dossard et préviendrai Le Pontet pour qu'il le guette.  Dans cette descente, je rattrape Julie qu'on avait croisé sur les recos et qui prend son temps. Faut dire, elle s’est cassé le coude mais a quand même pris le départ du 57Km. Chapeau! Dans cette descente, chaque frontale devient un lièvre à rattraper et à presque 7km/h de moyenne, le ravito arrive très vite. Les bénévoles nous ont fait des petites blagues à lire sur des panneaux, ça me fait sourire... surtout le panneau "ravito dans 1km".

Le Pontet - Aiguebelle


Le Pontet, 7h au roadbook, 5h45 au timeur.
Je sais que la course est finie, il reste la bosse de Montgilbert et la descente vers Aiguebelle...  Mince c'est clairement passé trop vite.
Au ravito, il y a Thomas qui a souffert de la descente et plein de coureurs épuisés. C'est le monde à l'envers, c'est moi qui les rassure, les encourage, leurs décrit la route.  
En reprenant la route, je croise une bénévole qui a des bonbons régala. Je lui propose d'en échanger contre un roulé à la fraise. Deal, me voilà avec un regala dans la poche... cette dernière montée va être top.

A partir de là, je ne vais plus courir, le ciel s'est dégagé, la lune joue à cache-cache avec les arbres et les étoiles se sont levées.

Debussy raisonne dans les oreuilles


Même à ce rythme de papi je vais la finir trop vite cette course... il n'en est pas question! Tant pis pour le chrono ou le classement... je vais prendre mon temps et profiter. Cela laissera aussi le temps à Emilie de venir de Lyon pour être à l'arrivée (Spoiler : même pas!).


Arrivé en haut de la bosse, je sais qu'il y a des Kikous mais je ne les connais pas personnellement. Je tente un "c'est ici qu'il y a des Kikous" bingo! c'est JUCB et Elnumax qui me propose un genépi ou une bière. Ce sera un génépi, après tout, c'est des plantes, c'est bon pour la santé ^^. 

C'est le moment d'ecouter welcom home son


La dernière descente n'est pas très intéressante mais comme c'est la dernière, elle a quand même son charme. Je retrouve Thomas au détour d'un virage qui m'a confondu avec un bénévole. Alors que je veux prendre mon temps, lui a senti que l’écurie était proche, je le laisse détaler... au loin on entend déjà les finishers sonner la cloche.
 
Me voilà dans Aiguebelle. On contourne le gymnase, on traverse la route, il y a encore des spectateurs pour vous encourager, c'est fou! il est 4h du mat. Dernière ligne droite, je sonne la cloche... cette course est finie. J’hésite à rebrousser chemin pour aller chercher les copains. Je sais qu'il reste Bipbip, Benman et Xavier mais ne sachant pas comment ma présence serait accueillie (après tout, j'ai aimé être seul moi), j’attends tranquillement qu'Emilie arrive pour me changer et aller dormir pour être en forme à l'arrivée des copains. 

 
Bipbip arrivera dans mon sommeil. Et suivant le live d'un œil, je me doute que l'arrivée de Benman et Xavier est imminente. Juste le temps de sortir du dortoir et les voilà courant à tombeau ouvert vers la cloche... 

 

Bubulle nous rejoint et on restera encore quelques heures à manger, discuter et profiter du soleil.

 

Cette échappée belle, c'est un énorme générateur d’émotions. Pour bien la vivre, il faut avoir cette capacité à laisser le temps se dilater. Monter dans son bateau et voguer à vue, de phare en phare… Il faut aussi avoir de bon copains.

Au final, je reviendrai sur cette course, mais avec un peu moins de "gestion gestion gestion" ;)

31 commentaires

Commentaire de Benman posté le 15-09-2018 à 12:15:26

Ouaouh. Le récit est aussi beau que ta course. Tu as maintenant toues les cartes pour faire des trucs énormes. Bravo pour ces nouvelles compétences, et merci pour tout ce temps passé ensemble avant et après. Pendant, tu étais trop fort. Savoure, tu le mérites amplement.

Commentaire de Ewi posté le 15-09-2018 à 21:02:04

Merci Benoit, sans toi, je ne me serais jamais lancé sur l'intégrale, c'etait vraiment sympa cet été en montagne. Ce qui est rigolo, c'est que ton objectif de finir l'EB est le sujet de notre premiere conversation lors de mon 1er rest-off ^^

Et je suis un peu jaloux de tes hallucinations :D

Commentaire de Free Wheelin' Nat posté le 15-09-2018 à 13:20:55

Tu me donnes envie , c'est pas cool...
A te lire c'était facile... Cette course était faite pour toi et tu l'as avalée comme un rien.
Gourmand, va...
Benoît a raison, tu as de beaux ultras devant toi!

Commentaire de Ewi posté le 15-09-2018 à 21:33:58

Merci Nat, c'est le but du récit, donner envie. Et quand je vois ta montagn'hard, j'ai encore du chemin a faire ;)

Commentaire de bipbip73 posté le 15-09-2018 à 13:21:29

Bon récit EWI.
Bon et bien si j'ai bien compris, tu es comme beaucoup, à l'année prochaine pour l4EB 2019.

Commentaire de Ewi posté le 15-09-2018 à 21:34:49

Oui, surement sur le EB et peut etre comme bénévole ;)

Commentaire de polosh posté le 15-09-2018 à 15:42:57

Quand on te disait que tu allais être facile.... Finalement tu as pondu le bon algorithme :). On a l'impression que tu as survolé l'EB, et que tu aurais pu donner encore plus. Bravo et respect ! Bon par contre j'ai une mauvaise nouvelle: tu es irrévocablement passé dans le clan des avions, et donc tu vas faire sacrément le yoyo pendant les FINOFF pour venir chercher les tortues !!!!!!

Commentaire de Ewi posté le 15-09-2018 à 21:37:57

Facile non (faut pas deconner) mais a l'aise oui, j'ai passé un super bon moment dans ces montagnes. Et si j'étais bien, c'est grace a toutes nos sorties MDL ;)

Commentaire de bubulle posté le 15-09-2018 à 18:16:22

C'est quand même super simple, cette course. Et toi, tu as respecté le roadbook, au moins (génial, le 7h et 38 secondes pour Super Collet-Val Pelouse). Va peut-être falloir commencer à zieuter du côté du Val d'Aoste, alors? ;-)

Commentaire de Ewi posté le 15-09-2018 à 21:39:56

Non Bubulle, je zieute deja beaucoup trop du coté de Val d'Aoste pour quelqu'un qui veut pas y mettre les pieds :D

Commentaire de xsbgv posté le 15-09-2018 à 18:57:51

Un CR comme la course: facile... à parcourir
Ravi d'avoir croisé ta route Ewi et celle d'un certain nombre de kikous lyonnais...
En route pour de nouvelles aventures en 2019!

Commentaire de Ewi posté le 15-09-2018 à 21:40:34

plaisir partagé d'avoir partagé un morceau de pierrier avec toi ;)

Commentaire de shef posté le 15-09-2018 à 19:53:53

Bravo, belle gestion, tu as été facile tout le long. Il fallait avoir du courage (ou de l'inconscience) pour choisir le grand format pour un premier 100

Commentaire de Ewi posté le 15-09-2018 à 21:43:28

l'inconscience, aucun doute... mais surtout aucun regret ;)

Commentaire de L'Dingo posté le 16-09-2018 à 12:09:26

Aucune photo, et pourtant ton CR permet de te suivre aisément dans l'aventure , en mettant des visages sur qques pseudos, et surtout en imaginant avec plaisir les terrains, les paysages , et même le froid (!!).
Je connais (un peu) vizille et aiguebelle mais rien entre les deux, et c'est sur qu' apres ton CR (et celui dautres kikous), si je peux refaire un truc sur sera sur L'Echapée Belle.
Thanks :-)

Commentaire de Ewi posté le 17-09-2018 à 10:01:50

Aucune photo, car pas d'appareil sur moi et avec la meteo... mais une playliste ;)

Commentaire de franck de Brignais posté le 16-09-2018 à 16:21:19

Merci pour ton partage de cette mystique traversée. Désolé, la team de brignais n'a pas pu être là pour t'accueillir. Les conditions ont été vraiment compliquées et la jeunesse aurait eu beaucoup de mal à tenir la 2ème nuit. Donc, comme dans toutes les teams, quand 1 défaille, les autres sont là pour le soutenir et nous sommes redescendus en milieu d'après midi. Bravo pour cet énorme exploit ! Quelle progression fulgurante en quelques mois !... ça va être compliqué de trouver un prochain objectif !!...

Commentaire de Ewi posté le 17-09-2018 à 09:18:25

C'est bien compréhensible ;) et vu comme vos remplaçants étaient frigorifiés, vous avez fait le bon choix. Bon courage pour le grand raid qui approche.

Commentaire de patrovite69 posté le 16-09-2018 à 16:41:39

Belle course , bravo !
Désolée de ne pas avoir été au rendez vous pour t'encourager.Comme dit Franck, quelle progression. Je vais avoir du mal à suivre sur les prochains off....

Commentaire de Ewi posté le 17-09-2018 à 09:20:17

Aucune raison de pas suivre vu les vitesses sur l'EB ;)

Commentaire de Mazouth posté le 16-09-2018 à 17:42:16

Très beau récit, de la rencontre entre un homme et une course... vous étiez faits l'un pour l'autre ;) Bravo pour cette super course sur l'un des ultras les plus durs, à ce qu'il parait.

Commentaire de Cheville de Miel posté le 17-09-2018 à 07:02:30

Une EB réussi est une EB partagé. Ce que tu as fait pendant la course et gràce à ton CR!
Merci.

Commentaire de Ewi posté le 17-09-2018 à 09:21:46

Merci a toi pour tout tes conseils et bravo pour ton exploit sur la SP ;)

Commentaire de Arclusaz posté le 18-09-2018 à 09:48:04

Bon, j'avoue, avant le départ de la course, je doutais "un peu" de tes chances de réussite. je pensais que tu avais incontestablement le potentiel mais que tu étais encore trop "jeune" dans le trail et pas encore assez rustique. J'oubliais "qu'aux âmes bien nées, la valeur n'attend pas le nombre des années". Tu sembles donc fait pour ce type d'efforts (voir même un peu plus long...). Bravo pour ta course et plus généralement ton année et ton arrivée tonitruante dans notre groupe : on a l'impression de t'avoir toujours connu ! Merci d'avoir partagé ta playlist, pour l'ambiance c'est bien.
Juste une critique quand même : c'est pas joli joli de dire à Emilie que tu vas dans la montagne avec Benoit et de passer tes journées avec Grazia...

Commentaire de Ewi posté le 20-09-2018 à 09:17:22

il faut dire que j'ai été bien accueilli dans ce groupe ;) et quant au premier after (avec Bubulle tien encore lui... il me traque... entre l'eco-trail, la montagnhard et l'EB...) ca parle TOR, EB, UTMB avec passion, bin forcement ça fait envie :p

Commentaire de Jean-Phi posté le 18-09-2018 à 14:05:58

Je suis bluffé ! Tant de facilité à écrire ce que tu as couru et à courir ce que tu as écrit est énorme ! Quiétude, plénitude et calcul, tout y est réglé au mm ; ça a l'air tellement facile que je m'inscrirais presque aussitôt ce commentaire publié. Et puis après je me rappelle que vous vous êtes tous sacrément entraînés, ce qui doit expliquer aussi cette apparente facilité. En tout cas, bravo pour cette belle réalisation ! Tu as bouclé un sacré morceau !

Commentaire de Ewi posté le 20-09-2018 à 09:19:16

Tu sais que j'ai toujours un Foie gras maison pour le jour où tu reviens a un off :)

Commentaire de xsbgv posté le 20-09-2018 à 19:54:19

Ça se confirme... un off sanctionné au foie gras...
faut vraiment que je déménage à Lyon... 🙄

Commentaire de Katman posté le 29-09-2018 à 22:29:40

Merci Ewi de nous faire voyager en musique! Et un immense bravo pour cette immense course!! Comme quoi ton destin était d’y participer et de la finir car la première reco que l’on a fait ensemble tous les paramètres n’y étaient pas, en file d’attente et loin de te douter de tes capacités à réussir un truc de dingue comme celui là! T’as vraiment assuré dans tous les aspects de la course, gestion physique et psychologique, hydratation et alimentation, chapeau bas Mr EWI!!

Commentaire de Ewi posté le 02-10-2018 à 08:41:01

Merci Katman. Bon j'ai trouvé pourquoi les mini sirop t'on pas aidé : ils sont sans sucre :D. Bon j’espère te revoir sur l'EB2019 ou sur une autre course, vu comme tu galopais cet été, y a pas de raison ;)

Commentaire de courotaf posté le 05-06-2019 à 13:29:49

Je rattrape mon retard de CR et je me délecte avec émotions de ton récit emprunt de sagesse et de sérénité. Bravo à toi!
Certains lecteurs trouveront peut-être le contraste avec d'autres CR marqué, mais c'est toute la magie de cette course que de proposer des vécus aussi variés.

Avec la saison qui commence et nos boulots désormais moins éloignés il me tarde de partager d'autres moments à tes côtés.

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