L'auteur : PaL94
La course : La Montagn'Hard - 100 km
Date : 8/7/2017
Lieu : St Nicolas De Veroce (Haute-Savoie)
Affichage : 3623 vues
Distance : 104km
Objectif : Terminer
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Dès son apparition, elle m’avait attirée. Tout me plaisait en elle, sa philosophie, son rythme, ses dimensions, ses formes. Disons-le, j’étais séduit au-delà de ce que je voulais l’admettre. Je la désirais et je cherchais comment faire pour la séduire.
Hélas, il faut bien un jour ouvrir les yeux, elle était comme une femme trop belle, inaccessible et j’étais trop vieux, trop lent, pour un quelconque espoir. Alors je l’admirais comme on le fait de loin pour une très belle actrice, un peu honteux et plein de frustrations, en me berçant d’illusions, Ah si j’avais 20 ans de moins…..
Etait-ce l’euphorie de la 4K ou les conseils de Michel, me disant qu’elle était à ma portée mais je me suis lancé à la JC Dusse, « oublies que tu n’as aucune chance et fonce !!! » et je m’étais inscrit. C’est vrai qu’il peut arriver que sur un malentendu…..
Au début d’année, cependant, mes yeux se sont ouverts sur la cruelle réalité du terrain, de la course et de l’âge de mes jambes : trop vieilles et trop lentes ! Pas vraiment les bons atouts pour séduire sa belle.
J’ai enchainé alors, les entrainements et si cela a conforté mon endurance, la méthode n’a pas beaucoup améliorer la vitesse malgré les fractionnés. J’entrevoyais toutefois une mince possibilité de pouvoir me trainer à ses pieds sans me faire écharper par ses barrières horaires.
Fin juin j’allais là-bas pour m’acclimater tout d’abord mais surtout pour mettre mes pieds dans ses pas, respirer le même air qu’elle, en priant qu’elle s’habitue à ma présence.
Trois jours de randonnée et de fou-rires avec Lapin et ensuite seul face à la montagne, la reconnaissance solitaire tel un pèlerin tout tourné vers l’étape ultime.
Samedi matin, 4h45 briefing sur la ligne de départ. Je ne suis pas blessé et le temps prévoit d’être clément, la belle se serait-elle adoucie ? Elle en a pourtant éconduit des admirateurs, nous ne serions ni les premiers ni les derniers. On se retrouve par hasard dans le sas avec Cyril, un traileur que nous croisons avec Lapin sur le parking de Verrières.
Départ donc à 5h04 et les 200 soupirants s’élancent. Ça part vite et même très vite. J’y vais calmement, même pas 500m de plat et ensuite on attaque la côte. Malgré le règlement, des traileurs ont déjà sorti leurs bâtons et je dois en engueuler un , qui a failli m’embrocher. J’attendrai gentiment Bionnay, pour les sortir, déjà qu’elle me tolère, j’ai intérêt à suivre son règlement…
400m de D+ et voilà la première descente roulante. Je ne sais pas comment je me suis débrouillé, je pensais être dans le peloton mais j’entends grésiller derrière moi un talkie-walkie. C’est Marie, sympathique retraitée bénévole qui fait la serre-file. Et oui, elle me confirme, je suis bien le dernier ! Damned! Ça commence bien ! Elle va bien se foutre de moi…
En même temps, comme dit le président, je suis dans mes temps à Bionnay et on papote avec Marie et ça m’évite de me mettre dans le rouge. Du coup dans la deuxième montée vers le téléski des chamois, nous rattrapons, déjà deux coureurs partis trop vite et qui commencent à coincer. Ils m’enrhumeront quand même dans la descente vers le ravito des Toilles. Ravito express pour moi et on se donne rdv avec Marie qui doit faire serre file à Bionnassay.
Je pars avec 16mn de retard vers le col de La Forclaz mais la montée est relativement douce et se fait au train. Je gratte quelques minutes là-dedans. On enchaine ensuite avec l’ascension du Prarion qui se fait assez bien et déjà je me fais doubler par les premiers du 65. On ne joue pas dans la même cour et on ne fonctionne pas de la même façon.
Sommet du Prarion, il fait déjà chaud et j’aperçois là-bas l’Aiguille du Midi à travers le voile de chaleur. J’ai encore gratté 9mn dans la montée et du coup suis dans mes temps. Ça va mieux, je peux envisager la suite un peu plus sereinement, même s’il ne faut rien lâcher.
Descente vers le ravito de Bionnassay après avoir traversé le hauts de la station des Houches, Je fini par retrouver des coureurs du 100 et en doubler deux. Arrivée au ravito dans les temps mais je commence à souffrir un peu de la chaleur. Perte de temps avec une épingle à nourrice coincée dans mon sac à dos. Fort gentiment un bénévole me prend en pitié et me règle mon problème car je suis tellement dans la crainte de la perte de temps, que je n’arrive à rien. La preuve que ça commence à ne pas trop aller, je repars dans les temps mais je me sens bizarre dans mes allures. Effectivement un KM plus loin un coureur me rattrape et me demande si je ne me serais pas tromper de bâtons. Effectivement, les siens sont de la même marque et rouge également mais avec un peu de blanc et surtout pas réglés de la même façon. Tu m’étonnes que je ne me sentais pas à l’aise. Je suis confus et m’excuse mais j’ai l’impression qu’il croit que j’ai voulu les lui piquer.
Bon fin de l’épisode et concentrons-nous vers l’objectif suivant : le col Tricot. Il fait de plus en plus chaud et le moindre filet d’eau est mis à contribution pour remouiller le buff qui me sert d’éponge dans ma casquette. Ça n’irait pas trop mal mais je n’arrive pas à m’alimenter et je continue à avoir des vomissements sporadiques sans suite mais qui me coupe encore plus l’appétit.
Arrivée comme cela sur le plateau et la descente sur la passerelle. Attaquons la deuxième partie vers le col. Dure, cette partie à cause de la chaleur et je vais perdre un peu de temps car je vais marquer le pas. Je ne serai pas le seul, cette section très chaude va en faire coincer plus d’un.
Arrivée au col et le temps de marquer mon temps et je bascule vers Miage. Il ne faut pas que je traine et effectivement je lâche les chevaux dans la descente. Ca tabasse pas mal et je sens une petite contracture dans le dos qui m’inquiète (mauvais souvenir de la fin de l’UT4M) et j’arrive comme cela au ravito. Un quart d’heure d’avance sur le plan. Pas mal. Ravito express mais je prends le temps d’une douche de tête dispensée sur place par une bénévole affectée à cela. Bonne idée et pas superflue car elle n’arrête pas.
Le grand balcon maintenant vers la Gruvaz. Idem, ne rien lâcher mais ne pas trop forcer, il faut en garder sous la semelle. Il fait de plus en plus lourd et l’orage semble vouloir se former sur le Dôme.
Traversée de la départementale avec un contrôle et une douche, arrosoir pelouse, bien venue. Bon ben, maintenant c’est là que ça commence ! Long balcon, montée descente pour atteindre La Chovettaz et ça sera la montée vers le prochain ravito. Allez, allez, elle nous observe, pas le moment de se détendre. Chaque petite cascade est prétexte à un arrêt pour remouiller le buff qui sèche plus vite que le temps d’arriver à la prochaine. Tous les coureurs font la même chose, il fait vraiment trop lourd.
La Chovettaz et la bifurcation avant la cascade. Montée pleine pente dans les racines. Comme prévu, c’est là que Jean Pierre me rattrape. On discute un peu et lui aussi me confirme qu’il a serré sur la montée du Tricot. Un peu normal, il sort du Patou trail. Pour lui ce n’est qu’une sortie longue, il se réserve pour le 220 du GRP.
Bientôt j’aperçois la ligne haute tension, signe de début du balcon haut. La grande traversée sans encombre et nous voilà à Porcherey. Un peu groggy, une courte pause et je remplis la poche à eau et le bidon souple avec de l’eau glacé pour mon buff car je sais que sur la suite je ne trouverai pas de cascade. Un salut à JP et je repars vite fait vers l’ancienne bifurcation et direction le Mont avant de tourner à droite pour le contourner et filer vers le chalet du Joly et le col du Christ et ensuite le début de la descente. Long balcon en descente vers le Planay de Megève sans encombre et le temps se couvre. Tant mieux, ça évitera d’avoir trop chaud pour ce qui nous attend.
Le Planay et direction le Véleray et la terrible ascension. C’est la juge de paix, cette montée, elle va être longue et éprouvante avec des parties à 100% sur un pseudo-sentier. Allons-y ! Elle nous observe, c’est l’épreuve dans l’épreuve, c’est là qu’elle veut mesurer notre motivation. Le début n’est pas impressionnant car il faut rejoindre en transversal, le hameau de Bacré mais après c’est montée en zig-zag vers les chalets de Le Leutellet . Les chalets avec passage obligé à la fontaine pour se tremper la tête une dernière fois et on attaque la montée directe longeant la clôture des bisons. Ensuite la pente se durcit sur la section terrible vers l’antenne. Je me prends un gel à la limite de l’écœurement pour m’aider mais je n’avance pas vite. Un coureur devant me distance et s’assoit. Dès que j’arrive à sa portée, il repart et recommence 20m plus loin. Je serais incapable de repartir à sa place. Ça souffle, ça brule, ça avance doucement mais ça monte. Personne ne double. Tout le monde est à l’agonie et prend son mal en patience. L’antenne, je souffle un peu et tente de grignoter une pâte d’amande et je repars pour la dernière partie, un tout petit peu moins raide.
Je ne regarde pas la montre mais je sais que je perds du terrain par rapport à mon tableau de marche. Comme j’avais un peu d’avance cela ne m’inquiète pas car ça devrait compenser. L’objectif est d’être encore frais pour la bifurcation du 100. Et comme tout arrive, le sommet également qui permet de souffler et de marquer le temps. Perdu un quart d’heure mais pas grave. Direction la tête de la Combaz, celle-là je ne l’aime pas, pas longue mais elle me fait marquer le pas. Ensuite descente vers la bifurcation et j’aperçois enfin le contrôle. Jamais aussi content de voir une tête de repris de justice (ben si, un Bagnard). Une heure d’avance sur la BH, je souffle, discute un peu avec Laurent, vide me chaussures en prévision de la descente et sors ma frontale. Décidemment, elle tentera tout pour me ralentir : c’est un vrai plat de spaghettis, impossible à démêler. Il faudra 10mn et l’aide d’un bénévole compatissant pour y arriver.
Bon ben, descente vers la base vie à la lueur de la frontale enfin sur ma tête. La nuit tombe doucement et j’aperçois quelques frontales devant et derrière mais il n’y a pas foule.
La route, la piste en descente vers le Nant Rouge et la courte montée et j’arrive à la base vie sous les applaudissements sympathiques des bénévoles.
« Il faut passer du temps aux Tappes », qu’il disait, le Bubulle mais bon,lui, il va vite. Comme j’ai un peu d’avance, je vais quand même, me poser cinq minutes. J’enlève ma feuille de route de mon plastique pour mettre la nouvelle mais je n’y arrive pas car c’est mouillé et je râle. Là encore une bénévole se précipite pour s’en occuper. Trop gentille ! J’avise des tables de kiné et je demande si on peut me bricoler le dos car il s’est rappelé à mon bon souvenir dans la descente. L’ostéo me répond qu’elle ne « bricole pas » mais me fait allonger. Je la supplie de me réveiller si je m’endors car je ne veux pas trainer. En tout cas elle connait son affaire et détecte que ce n’est que musculaire. En 10mn je suis remis en état. Super, je la remercie chaleureusement.
Je tente de me nourrir mais je n’avale que de la soupe. Pas moyen de manger autre chose. Après qu’une bénévole m’ait rempli la poche à eau, je pars n’ayant rien d’autre de mieux à faire. Une heure et quart d’avance sur la BH. Il faudra bien cela pour arriver sereinement au Bolchu.
Commençons par le balcon en descente pour rejoindre ND de la Gorge dans les racines également. Ça se fait bien mais il faut être attentif. J’atteins rapidement la route dans la vallée et tombe sur des bénévoles. Je demande « c’est un contrôle ?» Non ce sont les Pompiers qui me demandent si ça va. J’hésite mais oui tout va bien. 5 minutes après je me dis que j’aurais pu leur demander un produit contre l’envie de vomir mais je n’ai pas le courage ni l’envie de revenir en arrière. Tant pis on fera avec !
Et on attaque la montée très raide vers l’Anery. Ne pas s’affoler et y aller tranquille, ce n’est que le début. Ensuite on remonte vers la Chenalettaz, pour atteindre le premier balcon, légèrement montant, vers le sud. Celui- là ira bien mais le suivant vers le nord, va user, les caillasses et les pierriers associés à la fatigue de milieu de nuit éprouvent mes pieds. J’expérimente également une belle gamelle, en plantant un bâton dans un trou et vais m’éclater la cuisse sur un rocher. Je m’en tire avec un bel hématome et avertissement sans frais. C’est sur la fin du balcon que je me ferai enfin rattraper par les coureurs laissés aux Tappes. La montée ensuite vers l’aiguille de Roselette et haut du télésiège de Buche Croisée. J’entends à nouveau, les talkies-walkies. Les serres files débaliseurs ! Je ne comprends pas mais ils m’expliquent que malgré l’avance, il n’y avait plus de coureurs qui soient descendus de la bifurcation, d’où le fait qu’ils soient là aussi tôt. Bon ben voilà, je suis encore dernier !
Je marque le pas dans l’ascension finale du col près de l’aiguille, la fatigue est de plus en plus présente. Je rêve d’un petit somme au Bolchu si je n’y arrive pas trop tard.
Cela va être compromis car la descente n’est pas celle vers le col de la fenêtre mais celle qui oblique vers le Bolchu dans les pierriers. Je vais perdre du temps sur cette partie de peur de me casser quelque chose. Néanmoins j’atteins le Bolchu dans les temps. Toujours pas moyen de manger si ce n‘est un malheureux bout de banane, le dernier et un peu de soupe. Et du pepsi pour le désordre stomacal. J’hésite mais non je ne vais pas dormir car je sais que par manque d’énergie, je vais perdre de la vitesse. Alors je repars avec deux heures d’avance sur la BH, direction le col de la Gittaz. J’espère qu’avec le jour qui se lèvera cela ira mieux.
Cette montée vers le col n’est pas technique mais usante à ce stade car très longue en faux plat. Les premières lueurs du jour m’y rejoignent et me permette de ranger la frontale. Avec le jour tout va mieux et je me sens renaitre malgré le manque d’énergie. Peu avant le col les éléments se déchainent et nous avons droit à la tempête, la grêle, la pluie et la neige fondue. J’ai eu le nez creux car dès les premières gouttes, j’avais enfilé mon gore-tex. La belle, tente encore d’éprouver notre détermination. Et ce n’est rien car cela va nous suivre sur le Rocher des Enclaves et le début de la descente vers le col de Sallestet.
A la borne du rocher des Enclaves, je note, comme je m’en doutais, que j’ai perdu du temps, un quart d’heure, sur mon tableau, le manque d’énergie est patent. Il va falloir tenir sur les réserves, il ne reste plus qu’une montée.
La descente vers le col ne commence pas trop mal mais ensuite elle s’infléchie trop vers l’Est et là je me dis que ça ne sent pas bon. Effectivement, la direction ne va pas du tout et le terrain se complique de plus en plus et les ennuis de vomissements me reprennent. Super, j’avais besoin de ça. Plus ça descend, plus ça se dégrade. Nous nous retrouvons au milieu des rochers, des névés et des pierriers où les seules indications sont les balises qu’il nous faut bien suivre puisqu’il n’y a pas de chemin. J’en entends râler et ce n’est pas que moi. Je me dis qu’elle aura tout essayé pour nous pourrir la vie. De toute façon nous n’avons pas le choix, il faut suivre les balises. Apres une éternité nous rejoignons un monotrace que je fini par identifier comme le chemin qui mène au Lac Noir. Nous allons carrément arriver sur le col de Sallestet en sens inverse de ce qui est prévu. De quoi essayer de nous casser le moral. Le col et bien entendu encore du temps perdu dans la descente. J’ai bien fait de prendre de l’avance, encore 20 mn de perdues. J’appelle vite fait ma blonde pour la rassurer, toujours vivant mais pour la suite je vais faire cela en vase clos. Un coup d’œil au sms de Lapin et je repars vers la descente que je sais plus roulante.
Dans cette descente, le temps semble par moment s’améliorer et je vois loin devant mes prédécesseurs, enlever leur veste. Je n’essaye même pas car le manque d’énergie me donne un peu froid et par moment la pluie recommence. Au final, je n’aurai pas quitté mon goretex depuis la montée du col de la Gittaz jusqu’à la fin.
Descente tranquille et arrivée au ravito du barrage de la Girotte sans perte de temps. Des que ça descend, ça va mieux ! Je me pose 30 sec, une banane sans conviction, un peu de soupe claire, et le niveau d’eau sans poudre car même, elle m’écœure. Deux coureurs annoncent qu’ils abandonnent à ce stade. Ca me désole pour eux mais je ne comprends pas, il ne reste qu’une montée à faire, au pire avec les dents….
Je repars au bout de 12mn toujours anxieux de la BH au monument, j’ai de la marge mais comme je n’ai plus de jus en montée, je préfère ne pas trainer.
Descente tout d’abord vers la rivière et passage au hameau de Colombe. Ca y est, là, maintenant, ce n’est que de la montée. Nous suivons la piste et mes deux poursuivants me doublent car beaucoup plus frais. Je note qu’au lieu de suivre les vieux chemins dans les alpages, nous continuons la piste et évidemment, je suis rejoint par les débaliseurs. Ça devient mon lot mais s’il faut finir dernier et dans les temps, je signe tout de suite. Dans mes deux prédécesseurs, il y en a un qui commence à marquer le pas et son binôme l’attend tous les 50m mais ils vont quand même plus vite que moi. Pour tromper le temps et la fatigue, je papote avec les serre-files aussi sympathiques que tous les autres bénévoles sur cette course. Ils me tiennent bien compagnie et me font oublier le temps qui défile. C’est flanqué de mes deux comparses que j’atteindrai ce fichu ravito du monument et sa tente bulle. Une heure et demie avant la fermeture, ça devrait être suffisant pour finir. Mais comme l’état de l’estomac ne s’améliore pas, je fini par me décider à repartir. Dans mes deux prédecesseurs, un, Igor, a décidé d’arrêter là. Pas question, tous les bénévoles lui tombent dessus en lui expliquant qu’il n’a pas le droit et font tout pour le motiver. Bon il est bien entouré, moi je pars.
La douce montée le long de long du téléski du monument me demande de mobiliser mes réserves et je me traine. Je me traine si bien que les deux comparses me rattrapent à la fin du téléski.
Nous attaquons la section dure entre la fin du téléski et le haut du télésiège de l’aiguille. Igor essaye de me doubler mais malgré ma vitesse n’y arrive pas. Il n’en peut plus. Comme nous sommes deux dans ce cas, je lui dis de mettre ses pas dans les miens et que nous allons monter tranquillement, à la montagnarde. Nous avons droit à la photographe à un des organisateurs et les débaliseurs. Ca va, on ne se sent pas seul. La montée à plus 50% n’est pas longue mais sur 250m de D+. Nous atteignons lentement la moitié de la montée, ensuite aussi lentement le premier canon à avalanche, ensuite le deuxième et pour finir le haut du télésiège. Je montre à Igor la petite bosse qu’il nous reste et l’encourage en lui disant qu’il ne reste plus rien. Effectivement malgré notre vitesse, le sommet sera atteint rapidement. Je note que j’ai encore perdu un quart d’heure sur l’ascension. Je me dis que ça commence à sentir bon et que je vais boucler dans les temps.
Comme Igor et bien entouré et qu’il ne va pas vite non plus en descente, je pars comme son binôme, avec l’envie d’en finir. Nous passons rapidement la tête de Véleray et j’ai un regard à gauche sur le chemin terrible que nous avons pris la veille. Ensuite c’est cette fichue tête de Combaz, où évidemment je suis au ralenti. Et ensuite la montée, la dernière vers le mont Joly. Ca sent bon. !
J’ai tort de me réjouir car le Mont Joly a sa sale tête, celle d’un vieux dragon pétrifié, et au fur et à mesure que je grimpe sur cette dernière pente, le vent forcit. J’ai bien fait de garder le gore-tex. Plus encore que je le pense.
Au sommet je note que j’ai perdu 10mn sur la traversée de la crête. Un couple s’abrite du vent derrière l’antenne car il fait de plus en plus froid.
Je suis content, il ne reste que de la descente et je n’ai plus besoin d’énergie, seule la gravité me servira de moteur. C’est là qu’elle décide de nous en rajouter une dernière couche. L’orage éclate, les rafales nous bousculent, la pluie, la grêle et l’eau sous toutes ses formes, nous lessive dans tous les sens. Ah la peste ! Tout cela dans les rochers où il ne faut surtout pas tomber. Une entorse je pourrais gérer la douleur mais si je me casse un tibia…
Les 500m de D- dans les rochers sont l’enfer mais ensuite nous arrivons au-dessus de l’épaule et je sais que cela devient roulant. Une belle chute dans le monotrace devenu une patinoire, juste de quoi me maculer de boue. Je me roule dans l’herbe pour essuyer le plus gros et compte sur la pluie pour effacer le reste. J’en ai marre ! Je lâche tout, c’est roulant, j’oublie les douleurs sous les pieds, je m’arrêterai à l’arrivée.
La mise en branle est un peu grippée mais plus ça déroule, plus ça va. Je passe l’ancienne bifurcation, ensuite la crête de Vernes et le Déchappieu, sommet de la première pente, où je double quatre concurrents qui n’ont plus envie de jouer. La pluie redouble mais la température s’adoucit au fur et à mesure de la descente. Je ne peux m’empêcher de penser à faire attention, il manquerait plus que je loupe une foulée pour que tout soit fichu. Un passage dans la forêt et j’aperçois une pancarte, je ralentis et lis : « traversée de route », je freine et deux voitures passent en trombe. Même ça, elle aura essayé !
Pas grave, encore un chemin, une traversée, des escaliers et toujours la pluie. J’ai en ligne de mire un concurrent mais comme nous arrivons dans les hauts de St Nicolas, je renonce à le rattraper. Enfin la vieille chapelle, on descend, on tourne à gauche et les derniers 200m de plat et c’est le passage sous la ligne et les trombes d’eau.
C’est fini et dans les temps ! Pas trop tôt, je badge et suis accueilli par Cyril , frais et changé puisqu’il est arrivé vers midi. Je charrie Marie qui était en train de se renseigner pour savoir si j’étais arrivé, en lui disant que je l’ai attendue à Bionnassay. On me remet ma plaque finisher (une bonne idée, ça change des tshirts) et je vais récupérer mon sac de base vie. J’appelle ma blonde pour la rassurer et je vais assister à l’arrivée d’Igor entouré comme il se doit.
Quelques poignées de main et je vais récupérer ma voiture et direction Le Lay pour une douche et une sieste bien méritées.
Evidemment la Belle n’a d’yeux que pour son champion , Samuel Verges, qui aurait pu mettre encore moins de temps sans ce problème de débalisage. Il ne faut pas que je me plaigne, ce n’était pas gagné mais elle m’a souri. Un maigre sourire certes, et un peu mutin, juste ce qu’il faut pour se faire encore désirer, ah la fichue garce !
Mais un sourire tout de même, c’était inespéré et c’est surtout amplement suffisant pour contenter un vieil amoureux transi !
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11 commentaires
Commentaire de jpoggio posté le 16-07-2017 à 18:26:42
Avec les dents jusqu'au bout, c'est là qu'on reconnaît le vrai finisher. Les autres, ils n'ont fait que terminer ;)
Bravo, désolé de ne pas être resté t'attendre.
Commentaire de PaL94 posté le 16-07-2017 à 19:30:48
Merci Jacques mais pas de quoi être désolé, vu le temps à mon arrivée, tu étais mieux à l'abri ;-)
Commentaire de Olivier91 posté le 16-07-2017 à 18:38:26
Quel récit!! Bravo pour ta ténacité et ta lucidité: tu as tout gardé en mémoire.
Bon, j'ai peut-être laissé encore un peut trop de sentiers sur cette course, ça a l'air trop facile :-)
Commentaire de PaL94 posté le 16-07-2017 à 19:33:59
Merci Olivier.
On n'a pas la même notion du facile apparemment ;-)
En tout cas merci pour l'organisation et pour ce beau parcours concocté 3 semaines avant. Mais le Véleray je l'aurais bien échangé avec le Joly !
Commentaire de bubulle posté le 16-07-2017 à 18:38:48
Purée, ça c'est de la gestion de course ! Au raz des serre-file une bonne partie de la course, mais tu ne t'en fais pas et tu avances super régulièrement. Très belle course !
Commentaire de PaL94 posté le 16-07-2017 à 19:36:23
Merci Bubulle, toi aussi tu avance régulièrement et je t'ai envié de pouvoir te poser un peu plus dans les ravitos.
Commentaire de PaL94 posté le 16-07-2017 à 19:36:57
Merci Bubulle, toi aussi tu avance régulièrement et je t'ai envié de pouvoir te poser un peu plus dans les ravitos.
Commentaire de Niko3006 posté le 16-07-2017 à 22:22:01
Ca n'a pas été facile pour toi cette MH100, sacré mental pour aller jusqu'au bout, tu le méritais vraiment.
Bonne récup au plaisir de te revoir sur un trail ou en reco :-)
Commentaire de PaL94 posté le 17-07-2017 à 00:39:32
Merci Nico. J'ai vu que toi tu as bien tourné. Ça ne m'a pas étonné, vu comme je t'ai vu trace sur la reco. Au plaisir de se recroiser.
Commentaire de keaky posté le 18-07-2017 à 15:11:00
Félicitations, elle t'a grandement prise dans ses bras ;-) Quelle gestion au millimètre. Encore bravo!!
Commentaire de PaL94 posté le 18-07-2017 à 17:27:59
Merci Franck. Pourtant elle est fière et farouche ;-)
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