L'auteur : Maido
La course : Trail du Lac d'Annecy - Technica Maxi Race
Date : 31/5/2014
Lieu : Annecy (Haute-Savoie)
Affichage : 3915 vues
Distance : 86km
Objectif : Se défoncer
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Les affaires sèrieuses reprennent ! Il faut bien l'avouer, j'ai ressenti une belle montée en pression dans la semaine précédant le départ. Ca fait trop longtemps que je n'ai pas passé les 7h d'effort. Là, je m'engage pour plus du double. On oublie vite les bonnes choses
Mais que ce lac est accueillant! Il fait bon et beau en ce vendredi après-midi. Et dés le retrait du dossard, on visualise bien le parcours qui nous attend. Bizarrement, ça me rassure et me paraît normal de faire une balade de 86km sur les sommets alentours.
Côté Semnoz, le hors d'oeuvre
Côté Veyrier, le dessert
Le village de départ, en revanche, sent bon la grosse organisation. Un peu trop de boutiques partenaires à mon goût. D'accord, le trail est devenu un énorme marché, mais laissez-moi encore rêver, par pitié. Je suis venu pour les sentiers, alors vite, on va se coucher au formule 1 d'à côté pour une très courte nuit. Merci encore à mon dalon et partenaire de la première moitié de course pour cette logistique professionnelle ;). Les 4 réveils réglés à 2h du matin n'auront servi à rien: le dortoir est truffé de coureurs masochistes qui avaient décidé de se lever plus tôt...
Départ à la frontale, à 3h du matin. Et les 1700 participants on l'air de trouver ça naturel. Ben voyons. La musique de Jack Sparrow nous accompagne au franchissement de la ligne. Et c'est parti pour la longue et lente montée vers le Semnoz. Notre départ prudent, nous met dans le gros du peloton. Et forcément, ça bouchonne régulièrement. On prend notre mal en patience même si de temps en temps, on s'autorise quelques relances plus violentes. La montée se fait en sous-bois et de nuit, pas grand chose à voir donc. Le moulin à parole que je suis s'en donne à coeur joie. Au bout de 2 heures, on commence à se faire dépasser par des relayeurs, partis une heure après nous. La vache...
Ca bouchonne, mais ça commence à s'éclaircir
Mais nous voilà récompensés. Le chemin forestier s'éclaircit en même temps que le ciel. Et l'arrivée au premier sommet du jour fait franchement plaisir. On lâche de larges sourires à défaut des chevaux. Il est encore tôt... On en prend plein la vue, les appareils photos et autres GoPro sont de sortie. Les photographes pros sont à l'affût. Mais ça le vaut bien.
La banane!
Pas de lac en vue mais une mer de nuage haute en couleur
Le premier ravitaillement, juste après ce moment magique, est une petite déception. Pas grand chose d'appétissant et une cohue digne de la Saintélyon. Un bénévole m'agace même un peu, à hurler à tout va que le prochain point d'eau est à 10km, donc dégagez! Le retour sur Terre est violent. En même temps, on n'est pas là que pour le tourisme, alors c'est reparti pour une descente tout aussi hâchée que la montée. Autant de coureurs sur des sentiers, c'est pas l'idéal. Surtout que le soleil est un peu paresseux, et se cache encore derrière une brume persitante.
La montée vers les crêtes d'Entrevernes se fait donc au rythme imposé par nos compagnons de route, dans une atmosphère studieuse. C'est alors que mon partenaire de route décide de forcer un peu l'allure. Il ne le sait pas encore, mais il est dans une forme olympique, bien plus à l'aise que moi. Comme un con, je m'accroche et vais laisser quelques plumes dans le brouillard.
Montée embrûmée
Je ne suis pas le seul à avoir grillé un joker dans cette montée, car juste avant de basculer dans la descente vers Doussard, il y en a plusieurs qui prennent un peu d'air. Une petite pause nécessaire face au lac qui se découvre pudiquement, dans une ambiance scandinave. Il fait toujours frais alors il ne faut quand même pas trop traîner.
Purée de patates douces
On attaque la descente prudemment. Le chemin forestier, malgré quelques racines ou gros cailloux, est peu technique mais assez raide. Il faut garder un peu de quadriceps pour l'emballage, paraît-il. Mine de rien, le petit morceau de plat sur bitume avant d'arriver sur Doussard me permet de détendre un peu les jambes. Mon binôme me fiche un coup en moral en me disant qu'il est frais à 100%. Tu bluffes Martony!? Bah non en fait...
Grosse pause à Doussard. Je commence par de la soupe chaude, puis on déballe les sandwichs au jambon, on engloutit des Tucs, on remplit les sacoches. Le salé sur le long, une question de survie! Au moment de repartir, l'estomac est forcément un peu lourd. Il y a encore du plat bitumineux pour digérer mais on attaque assez vite la troisième difficulté du jour: le pas de l'Aulp. Montée fort sympathique entrecoupée par endroits de légères descentes. Je suis concentré sur ma prochaine étape (Menthon) et cherche à retarder l'arrivée des souffrances au plus tard possible. C'est là que mon soit-disant pote m'avoue qu'il a des jambes de feu, et qu'il décide d'aller à son rythme, soit 2 fois plus vite que moi. Bien sûr, je suis heureux pour lui, mais j'accuse un peu le coup de ne pouvoir le suivre. Je rame tant que ça? Visiblement non, car je reste largement dans mes prévisions les plus optimistes. Saloupiaud de Softrun :(
Je digère ce coup de massue en même temps que mon sandwich et profite pour me mettre dans ma bulle. Je reprends encore des coureurs, donc non, je ne suis pas à l'agonie même si ça devient difficile dans les jambes. Hallelujah, j'ai des bâtons maintenant. Dans les parties très boueuses, c'est même formidable. Comment font tout ceux qui n'en ont pas? Comment je faisais avant? Les bâtons sur le long, c'est ça que c'est bon (sauf à la Réunion). Les jambes sont très lourdes au pas de l'Aulp, il y a eu des portions bien raides, très glissantes ou avec de la caillasse. Le gros du dénivelé est avalé mais que je suis entamé!
Je gère correctement la longue descente jusqu'à Menthon. C'est raide, surtout dans la dernière partie. Je m'y sens bien et prends un malin plaisir à passer les coureurs qui commencent à caler. Pas de douleur au genou, et cela jusqu'au bout: c'est pour moi une énorme satisfaction. En revanche, dés qu'on rejoint le village et une portion de relance sur le plat, je me sens las, mais las... Le ravitaillement va me remettre d'aplomb, comme par magie. Peut-être est-ce le plaisir de bavarder avec Raf, venu nous faire un sympathique coucou avant sa Marathon race? Peut-être cette boisson au Cola et à la caféine ou cette quiche délicieuse? Ou mon mélange magique amande/gingembre confit?
Bref, je ressors du ravitaillement avec la furieuse envie de tout donner. C'est le fameux dessert du Veyrier, allons le croquer. Je trottine encore dans les faibles pentes, c'est magique! Je pousse sur les bâtons comme un dérâté dans les grosses montées et me force à garder un rythme correcte. Merde, voilà t'y pas qu'une féminine me dépose aors qe j'avais le sentiment de bien grimper. Hop, grosse relance, je reste dans son sillage jusqu'à m'apercevoir que c'est une relayeuse. Mon amour propre m'autorise alors à la laisser filer.
Bon an, mal an, je suis dans le vif du sujet. Fini, les économies, il est temps de se dépenser sans compter. Evidemment, le pas est lourd, le souffle court et le bonhomme usé, mais l'envie est bien là. Je suis d'autant plus motivé que je suis très en avance sur mes prévisions, je remonte des coureurs régulièrement et surtout, c'est la première fois que je peux tout donner à la fin d'un ultra sans être embêté par une sempiternelle tendinite.
Pour couronner le tout, le soleil s'invite à la fête. Et l'arrivée en haut du Veyrier est comme un feu d'artifice.
Bouquet final
Plus de calcul jusque là-bas!
Quel plaisir dans cette dernière descente! Déjà, elle me rappelle furieusement mon terrain de jeu habituel au-dessus de Grenoble: le même mélange de caillasse, de boue et de racines. Quel bonheur de pouvoir dévaler cette pente après 80km d'effort ! Quelle euphorie à l'idée de passer la ligne d'arrivée avec une bonne heure d'avance! Tiens, voilà que je reprends la féminine relayeuse. La descente, ça n'a pas l'air d'être son point fort. J'échange quelques mots avec elle, signe d'un moral retrouvé. Et en plein milieu d'une phrase et d'un passage technique, je l'abandonne à son sort, comme un mal propre.
Lorsque je déboule sur le tour du lac, je sais qu'il reste un bout de plat. Pas question de trottiner sagement, je donne tout, il ne faut pas bouder son plaisir. Ma respiration est vraiment courte, comme sur une séance de fractionnée, c'est un sprint à 10km/h, de la folie pure. Voilà même mon lâcheur de binôme qui m'encourage en créole. J'espère qu'il n'a pas attendu trop longtemps. Et la ligne franchie, un sentiment de plénitude m'envahit. Qu'est-ce que c'est bon! Malheureusement, ça ne dure pas: la fatigue reprendra vite le dessus. Comment j'ai fait pour courir avec des jambes aussi raides?
Réumé chiffré
Vous l'aurez compris, je suis très satisfait de ma course. Sur l'évènement en lui-même, je reste partagé. Certes, le parcours est magnifique, l'organisation impeccable, le balisage parfait, les ravitaillements très corrects. Mais je suis certain aujourd'hui d'être réticent au "trop de monde". Les sentiers se partageaient aujourd'hui entre les coureurs solos, les duos, les relais à 4, la femina race. Ca commence à faire beaucoup, non?
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17 commentaires
Commentaire de Caro74 posté le 02-06-2014 à 07:07:13
Beau récit, belles photos, bravo pour ta course. Effectivement, mettre toutes ces courses en même temps, cela fait beaucoup!
Commentaire de Maido posté le 02-06-2014 à 09:55:46
Merci Caro! Merci d'avoir pensé aux 1600 coureurs qui passaient derrière toi. Dommage que tu ailles si vite, le lever de soleil sur la mer de nuage, c'était vraiment bon ;)
Commentaire de BOUK honte-du-sport posté le 02-06-2014 à 08:34:36
Maido, punaise, quelle course !!!
Je vais presque t'admirer autant que le Dude !
Jolies photos, joli récit, et bravo bravo pour être finisher de cet ultra !
Commentaire de Maido posté le 02-06-2014 à 09:58:29
Sacré Bouk, je sais bien que le Dude a quelques sommets d'avance mais j'apprécie ta flatterie exagérée. On se voit à la fin du mois en Chartreuse? Je prendrai de la chouette en relai à 5!
Commentaire de BOUK honte-du-sport posté le 02-06-2014 à 10:59:20
Alors je partirai avec 1 heure d'avance sur toi, est-ce que cela va suffire ?? J'ai hâte !!!
Commentaire de the dude posté le 02-06-2014 à 11:25:35
Julien tu me fais beaucoup de peine, je croyais être ton seul héro...
Commentaire de BOUK honte-du-sport posté le 02-06-2014 à 14:55:45
Si tu croques la chouette cette année je te promets de mépriser Maido jusqu'au 31 décembre 2014 ;)
Commentaire de Berty09 posté le 02-06-2014 à 09:44:53
Bravo, grand plaisir de parcourir avec toi cette région que j'aime beaucoup. Et belle course en plus!
Commentaire de Maido posté le 02-06-2014 à 12:18:01
Merci Berty, au plaisir de se croiser sur les chemins!
Commentaire de the dude posté le 02-06-2014 à 11:28:39
Daallas, ton univers impitoyaaaableu!!!!
Je te l'avais bien dit que le père Steph serait sans pitié ;-)
Si vous étiez partis un poil plus vite, il rentrait dans les 10%.
Sinon t'as bien géré et beaucoup parlé on dirait :)
Bonne prépa pour le mois de juillet, non?
Et oui ça ressemble bien à une grosse usine quand même cette course...
Commentaire de Maido posté le 02-06-2014 à 12:16:49
10% c'est tendu quand même. Ca va franchement vite devant...
Mais oui, mon dude, parler c'est la santé! Un jour tu verras que toi aussi, tu sortiras de ta caverne.
Pour le mois de Juillet, ça va quand même être une autre paire de manche, il faudra remettre une sacré couche d'ici là. Je compte sur toi ;)
Commentaire de stphane posté le 02-06-2014 à 23:57:37
Salut, je me souviens de toi et de ton pote dans la montée du semnoz..., oui tu parlais beaucoup (traileur detendu c est bien), tu faisais des tests avec ton appareil photo (traileur geek) et surtout je me souviens de toi
grace à ton parfum (la grande classe un traileur parfumé!!!, tu confirmes le côté traileur qui meme dans l effort reste digne??)
Plus sérieusement, belle course mais oui trop trop de monde en même temps...
Félicitation d'un traileur puant le bouc à l arrivée!
Commentaire de Maido posté le 03-06-2014 à 09:57:33
Salut stphane, on aura l'occasion d'en reparler début Juillet, à Saint-Nicolas de Véroce! Ce sera beaucoup moins embouteillé, je pense. Je te ferai essayer le parfum si ça te tente (c'est une crème de massage pour détendre les jambes au départ...) On finit visiblement dans un mouchoir de poche, mais je n'arrive pas à mettre un visage sur ton pseudo, Grrr.
Commentaire de le_kéké posté le 03-06-2014 à 12:04:13
Bravo Maido, très belle course, bien géré.
Le parcours a l'air sympa dommage de mettre autant de monde cela doit gâcher un peu quand même. En tout cas beau récit avec des belle photos.
Pas de petite discute dans le final du grand duc cette année alors, juste tu risques de me doubler à 200 à l'heure ;-)
Commentaire de slacoutu posté le 03-06-2014 à 14:04:48
Tu parles beaucoup, et tu écris beaucoup aussi :) En tout cas, c’est un très beau récit qui reflète bien cette course : une organisation au top, un parcours magnifique mais un peu trop de monde à la fois, sur des singles où il est souvent difficile de doubler. Je pense notamment aux relayeurs qui sont partis une heure après nous. Pour le Trail de Bourbon, on essaiera de rester ensemble jusqu’au bout.
Commentaire de stphane posté le 03-06-2014 à 19:18:54
...., tu mettras donc début juillet en effet un visage sur mon pseudo..... bonne prepa à toi!!!! et à bientôt
Commentaire de ilgigrad posté le 06-06-2014 à 16:29:42
Bravo !
Tu as fais une très jolie course et ton récit le lui rend bien. J'ai moi aussi trouvé qu'on a couru sur la première partie dans une ambiance très "scandinave" mais le soleil sur le Veyrier et le plaisir de la dernière descente ont tout effacé.Tu as bien de la chance de pouvoir t'entraîner autour de Grenoble. J'ai découvert la Chartreuse la semaine dernière et ça change de mes aller-retours sur des buttes de 30 mètres.
Repose toi bien et sois en pleine forme pour affronter la Montagn'hard dans un mois !
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