L'auteur : oufti
La course : L'Echappée Belle - 140 km
Date : 30/8/2013
Lieu : Vizille (Isère)
Affichage : 3800 vues
Distance : 140km
Matos : Un slip et le reste
Objectif : Objectif majeur
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J'ai fait toute la reco du parcours en juillet et aout, je connais donc bien le parcours, c'est d'ailleurs pour cela que je flippe un peu.
La veille, je mange au resto avec Manu, Mathias, Steph, Ludo, G et la souris. Nous serons 4 finishers sur 7, pas mal puisqu'il y aura 25% de finishers à l'arrivée !
Après une mauvaise nuit (comme dab), la faute à un âne en train de brailler, voici la course qui démarre...
Départ pas trop lent pas trop rapide… je décide de partir seul pour rester dans ma bulle;-) Je discute avec un petit coup avec martinev. On s’amuse à allonger la foulée parce que bientôt on va marcher. Je ne connais pas cette section, c’est d’ailleurs la seule que je ne connaisse pas. Finalement, j’alterne marche et course jusque Arselle. Déjà pas mal d’encouragements de spectateurs !
On entre dans le vif du sujet avec un sentier qui se fait plus technique mais qui permet encore de courir. Je cours avec Ludo avec qui j’ai mangé la veille et puis on est rejoint par Steph qui prend un peu les devants avant d’arriver au refuge. On est bien tous les trois, si cela pouvait durer comme ça… J’arrive au refuge à 10h19 en 21ème position. Je suis surpris de mon classement.
Je monte vite à la croix de Belledonne (2900m). La vue est bouchée par le brouillard… Après une descente assez rapide, j’arrive au refuge avec Ludo à 13h11 en 25ème position. Steph arrive pas très loin derrière mais commence à ressentir des douleurs. Céline et Fabienne sont déjà là au refuge pour nous encourager. Tout va bien !
Je repars avec Ludo, Steph reste encore un peu au ravito… Le col de la mine de fer est une formalité mais on se trompe au-dessus et on descend le GR au lieu de prendre la brêche fendue… Laurent D. des traileurs des aravis qui nous suivait se trompe aussi. Heureusement que j’avais fait la reco !!! On râle un peu mais trop quand même, cela ne va pas changer grand-chose. Du coup, Steph nous a rejoint, le trio est reformé mais pas pour longtemps. Ludo prend les devants dans la descente et je ne le reverrai plus, il terminera 12ème de la course CLAP CLAP CLAP !!! De mon côté, je descends pas très bien, je commence à fatiguer, j’ai sans doute forcer mon allure en suivant Ludo sur les derniers kils… Steph est derrière moi, il doit avoir des ennuis vu ses talents de descendeur.
J’arrive au torrent avant le col de la vache et je m’arrête 5min pour me reposer avant de monter ce col très dur. Je commence à monter et je comprends de suite que les carottes sont cuites. Plus rien dans les cuissots, j’ai même envie de gerber, bref la cata… Je monte à du 0.5 à l’heure (et encore…), Steph me rejoint. On fait peine à voir tous les deux mais on en rigole (presque). Mathias nous rejoint avant le sommet, surpris de nous voir à l’agonie. Au sommet, je suis au plus mal, je n’arrive pas à suivre dans la descente le groupe de coureurs dans lequel se trouve Mathias et Steph. P… je crois bien que je vais abandonner à FDF si cela continue. Malgré une descente pitoyable, je dépasse Steph qui ne peut plus avancer (abandon inévitable à FDF) et Mathias qui a mal au bide (abandon également à FDF).
J’arrive à FDF à 19h14 en 51ème position. Je suis tout seul (snif), personne au ravito que je connaisse, Steph et Mathias vont abandonner, cela ne sert à rien de les attendre. Mais que ce que je vais faire ? Je reprends mes esprits : je mange comme un ogre ( 2 assiettes de pâtes), je me change et je me paie une séance massage avec une jolie brune. Le soleil commence à tomber. J’ai un déclic: non seulement je vais continuer mais je vais aller jusqu’au bout de cette course. Point barre !!! Mes potes sont blessés, moi pas ! Je n’ai aucune excuse valable pour m’arrêter ici ! En plus, j’adore courir la nuit, je suis certain que je vais retrouver la banane ! Je téléphone d’ailleurs à la famille pour leur annoncer la bonne nouvelle et marquer ainsi ma décision dans le marbre !
Je décide de ne pas trainer et repars de FDF à 19h50 en 41ème position. Je sais que Ludo n’est qu’à 40min devant moi (il s’est arrêté plus longtemps), la situation est loin d’être dramatique.
Après une montée sur un sentier enfin « facile », le parcours est en balcon et je cours pas mal, j’attaque la descente assez (trop) vite. Tout se passe comme prévu à FDF , j’ai retrouvé la banane après cet arrêt salvateur à FDF.
J’arrive à Gleyzin à 23h15 en 23ème position !!! J’ai grillé 30 places entre mon arrivée à FDF et Gleyzin. Je suis hyper motivé pour continuer, j’aimerais terminer dans le top 20 !
PS : Avec du recul, c’est sur cette section que je fous ma course en l’air. J’ai pas été capable de gérer mon retour de forme et j’ai tout grillé mes forces sur cette section, surtout dans la descente, enfin je me suis fait plaisir ;-)
A partir d’ici, je vais faire route commune avec un gars (dont j’ai oublié le nom) jusque Super Collet. Tu m'as bien aidé, mec ! Dans la montée du col moretan, on s’arrête un peu pour souffler au refuge de l’Oule. Je connais le parcours et ça monte sec après le refuge. Petit à petit, je m’épuise, la fin du col est pénible, la descente un cauchemar, je me casse la g… partout. Nous sommes rejoints par un groupe de 3 dont Michel P. de l’AVOC ! Nous sommes donc 5 pour terminer la descente. Des montagnes de pierre, un névé gelé à passer... je m’épuise toujours de plus à plus à les suivre… Dans le fond, j'arrive à les rejoindre sur la section roulante. On entame la montée de Super Collet. J’ai une idée : plutôt que de subir, je vais prendre les devants : je prends mon ipod pour la première fois, je me mets du linkin park et je passe devant en pole position du groupe et je force le rythme à grands coups de bâton ! Ca passe ou ça casse !!! Ben mauvaise idée : j’ai assez vite les cuissots bousillés, je repasse assez vite derrière et je serre les dents pour suivre le groupe sur la fin du col, j’arrive quelques minutes derrière eux au sommet.
J’arrive à Super Collet en 39ème position à 07h17.
Mon petit groupe veur repartir de suite, moi je suis vidé de chez vidé, je peux plus marcher, j’ai la tête qui tourne. Je décide de m’effondrer dans la tente de fortune située à côté du ravito. P… il fait froid, je prends 3 couvertures, on est deux dans la tente. Je règle une alarme sur ma suunto dans 30min. Cela me rappelle le TOR !!!
(…)
Eh quoi ? Qu’est ce qui se passe ? Ah quelqu’un vient de me réveiller en sortant de la tente ! P… il est presque 9h !!! J’ai pas entendu mon alarme ! Je viens de roupiller presque 2h !!!
Le moment qui suit est horrible : remettre ses chaussures mouillées (les chaussettes elles collent aux pieds avec une sorte de glu…), sortir de la tente avec 2 poteaux de fer au lieu des jambes, je n’arrive plus à marcher, j’ai maintenant une contracture sur chaque cuisse avec un poit bien douloureux côté latéral !!! Mais comment je vais faire pour continuer ainsi ?
Je ne vais pas m’attarder sur cette section qui est un cauchemar. Chaque pas me fait mal aux cuisses. Chaque coureur me double comme un avion. Je me dis que je vais peut-êtrearrêter à Val Pelouse. C’est la louze totale d’arrêter si prêt du but !
Et puis un tournant de la course : je vois arriver Manu derrière moi dans un des nombreux coups de cul des Férices. Il me dit de le suivre mais il voit bien que je n’avance pas… Je lui dis de continuer, que je préfère continuer seul, de toute manière je ne peux pas aller plus vite ! Mais heureusement il ne reste plus qu’une longue descente vers Val Pelouse, je force l’allure pour essayer de limiter la casse et retrouver Manu au ravito.
J’arrive à Val Pelouse à 13h45 en 58ème position (pas de pointage officiel, j’ai oublié de pointer…).
PS : après 2h de sommeil et 15km à l’arrêt, je ne perds que « 20 » places, c’est dire les écarts et l’hécatombe derrière !!!
Céline, Fabienne, G et Béné sont là pour nous encourager. Béné me propose un massage des cuisses pour soulager les contractures. Je mange, mange et mange encore. J’ai vraiment faim. J’aurais jamais autant mangé sur une course ! Je décide de repartir avec Manu en espérant que mes cuisses me permettent de le suivre.
L’ennui c’est que derrière Val Pelouse il y a le col de la Perrière et ensuite le col de la Perche qui est court mais dur quand même ! Je me sens un peu mieux mais je n’arrive pas à suivre Manu qui prend le large devant. Grrr !!! J’enrage de me trainer ainsi et de ne pas être capable de suivre mon pote Manu. Tant pis je finirai seul… Je comprends parfaitement.
Mais après le col de la perche, je n’ai plus trop mal aux jambes dans la descente, et je peux enfin courir. Merci Béné pour le massage ;-) Je n’avais plus couru ainsi depuis la descente du col moretan il y a une douzaine d’heures ! Je force un peu pour voir si ça passe, yes ça passe, je double même des coureurs, Enorme !!!
J’arrive au Grand Cucheron à 18h00 en 52ème position, soit 20 min après Manu. Manu est prêt à repartir, je décide de m’arrêter que 10 min pour essayer de le suivre à nouveau. Juste le temps de manger.
Cette fois nous allons faire route commune, Manu est plus costaud que moi dans les montées mais je limite la casse… Le parcours sur cette section n’est pas top mais bon il faut bien terminer et arriver à Aiguebelle… Les derniers kils sur le bitume sont une cata : les cuisses brulent, les pieds chauffent, Manu devient fou (…), la fin est interminable, je commence à dormir en courant dans les lacets, le craquage psychologique est imminent…
Finalement nous passerons la ligne à 22h18 en 52ème position après plus de 40h de course au bord de l'épuisement !
Une pizza et une bière plus tard, je rentre illico presto dormir, pas la force de rester plus longtemps…
Je suis hyper content de faire partie des 167 finishers de cette course monstre à la 52ème place ! J’avais prévu de mettre entre 35 et 40h. Je n'en suis pas très loin finalement. Néanmoins, je pense avoir très mal géré cette course : trop rapide jusque Jean Collet et à nouveau entre FDF et Gleyzin. J’ai pas pu m’économiser quand j’avais la forme… Malgré une condition assez nettement en-dessous de 2012, j’aurais pu mieux terminer en gérant mieux mais bon j’ai essayé ! Finalement, c’est ma manière de courir, toujours à la limite… Alors forcèment, il y a des hauts et des bas.
Enorme !!! Jamais couru avec autant de potes : Ludo, Steph, Mathias dans un premier temps, ensuite retrouver Michel dans le groupe de 5 pendant la nuit et terminer avec Manu. Seul grand moment de solitude : entre Super Collet et Val Pelouse !
Enorme aussi !!! Fallait oser proposer une telle course ! Il y a bien quelques petits bémols, mais n’oublions pas que c’était aussi une première édition ! A mon avis, le point noir de la course reste les derniers kils sur le bitume, à voir comment contourner le problème…
J’aime un parcours quand il a du sens : c’est le cas ici : on traverse le massif, et pour cette raison, j’accepte bien de terminer la course sur des sentiers moins intéressants notamment après le Grand Cucheron. Pour le reste, le parcours est de toute beauté avec des lacs partout ! Le parcours est très difficile sur certaines sections, voir dangereux la nuit, mais ça tout le monde le savait ;-) Il est clair que ce parcours s’adresse à des traileurs ayant une bonne expérience et pour qui les pierres ne font pas peur !
Encore merci à Céline, Fabienne, Béné, G et tous ceux qui m’ont accompagné, sans oublier la famille à l’arrivée !!!
Allez je passe à autre chose, ras le bol des pierres ;-)
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10 commentaires
Commentaire de rapace74 posté le 03-09-2013 à 21:20:10
Bravo Olivier pour ta persévérance..... Comme je te l'ai dit je suis vraiment content d'avoir fini cette course avec toi.....heureusement qu'eut étais avec moi sur le bitume .... Sinon j'aurai vraiment pète un plomb
Commentaire de rapace74 posté le 03-09-2013 à 21:20:59
:-)
Commentaire de sonicronan posté le 03-09-2013 à 22:50:38
Bravo, pour ton résultat et pour ce récit. On voit la difficulté de cette superbe course. Je suis d'accord avec tes bilans. A la revoyure. J'étais une vingtaine de minutes derrière toi.
Commentaire de ptijean posté le 03-09-2013 à 23:04:29
Bravo olivier pour l'avoir terminer malgré tes coups de moins bien.
Commentaire de Ultra-Steph posté le 04-09-2013 à 08:44:07
Bravissimo Oliv : toi et les autres finishers avaient mon respect éternel sur cette course qui est pour moi surement une des plus dures jamais vue dans nos régions. Je partage, c'est aussi un bijou qu'il va falloir polir pour en faire un diamant sur les prochaines éditions. J'ai aussi adoré partagé ces moments avec toi et tous les autres potos. A croire que le meilleur des ultra-trailers s'est donné rdv sur le plus beau moment et parcours de l'année !
Commentaire de samontetro posté le 04-09-2013 à 10:27:49
Respect Olivier! Il fallait là boucler celle là!
Commentaire de Jean-Phi posté le 04-09-2013 à 13:23:41
Respect ! Boucler cet ultra relève au choix, à du masochisme ou de la persévérance. Je penche pour les deux vous concernant le Rapace et toi mais avec une sacrée expérience de la montagne et ça, ça aide. Bravo !!!
Commentaire de ludo88 posté le 04-09-2013 à 17:32:46
Oui une bien belle course mais ô combien technique et physique.Du cailloux, de la neige, du sentier engagé et il fallait un sacré mental pour terminer sans se casser les dents sur le bitume ! quelle joie d'être finisher, basta pour le temps et la place.Quelle joie d'avoir parcouru ces quelques kilomètres avec toi! même si je t'ai "abandonné" lol. a une prochaine et bonne récup ! Ludo
Commentaire de sapi74 posté le 05-09-2013 à 08:06:52
je n'ai qu'un mots : respect. récupère bien maintenant.
Commentaire de Jerome_I posté le 08-09-2013 à 18:03:16
Bravo pour ta course et ton récit. Le plus dur était de supporter manu sur la route ;-) @+
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