L'auteur : André 78
La course : Le Tour des Glaciers de la Vanoise
Date : 30/6/2013
Lieu : Pralognan La Vanoise (Savoie)
Affichage : 2391 vues
Distance : 72km
Objectif : Se dépenser
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4h05, le réveil de mon téléphone me réveille avec un doux bruit de harpe.
La nuit a été courte mais bonne.
Me voici à quelques minutes du départ de mon second TGV.
Cette année, malheureusement, ce sera le parcours de repli mais je sais que ce sera beau, avec des superbes points de vue et des petites grimpettes sympathiques comme celle du mont Bochor qui nous attend vers le 49ème km…
Début avril, je recherchais le trail que j’allais faire cette année, j’avais fait mon entrainement spécifique PPG, il ne restait plus qu’à faire les longues semaines de spécifique et du long.
Le 22 avril, je m’aperçois qu’il ne reste plus que 6 places pour le TGV, plus de doute, il faut que je m’inscrive, ma femme me soutient, les enfants aussi, je suis heureux, il n’y a plus qu’à maintenant.
Une chose qui me tient à cœur cette année sera de courir au profit d’une association comme j’avais pu le faire pour l’Unicef il y 2 ans.
Cette année ce sera Bulle d’Air basé à Croissy sur Seine (78) – http://www.centrebulledair.com/
Bulle d’Air est un centre de loisirs créé à force de persévérance par une amie Priscilla Werba , pour accueillir les enfants handicapés qui sont partiellement déscolarisés.
Je sollicite ma famille, mes amis, mes collègues, mes partenaires et cela porte bien ses fruits : pas loin de 2000 €. Je suis heureux de porter les 60 enfants de Bulle d’Air avec moi : Priscilla m’a dit : « 1 KM par enfant » – ce sera aussi ça qui me permettra de terminer.
Arrivés avec Vincent un ami, le vendredi soir de Paris nous profitons peu de Pralognan le samedi du fait de la pluie qui tombe sans discontinuer toute la journée. En fin d’après midi une soit disant éclaircie nous fait sortir pour une petite ballade tranquille jusqu’au Fontanettes sous un ciel restant menaçant et quelques gouttes.
Dimanche matin donc, le petit déjeuner traditionnel est avalé : grand bol de café et tartine de baguette beurre miel et confiture.
Je me sens bien, moyennement confiant cependant, l’entrainement ayant était un peu court cette année mais ça devrait le faire. Je me suis arrêté 2 X 1 semaine pour cause de bonne crève et suite à une bonne douleur plantaire après le 50km du trails des Cerfs.
Dans le sas je retrouve des kikous croisés la veille au (trop long) briefing.
On discute, l’heure du départ approche.
Ca y est c’est parti, on s’élance dans la grande rue de Pralognan avant de vite monter vers Villeneuve, ça bouchonne !
Le rythme est vraiment lent avec des gros arrêts, ça grimpe, ça grimpe sur une mono trace qui traverse les bois, monte en zizag, le terrain est gras, les chaussures collent. On sort du bois pour traverser l’alpage, les CRS sont là et nous encouragent. La brume qui enveloppait les montagnes commence à s’estomper pour laisser apparaitre le soleil sur les sommets.
Puis dans la monotrace boueuse et collante , les premiers redescendent à fond, ils courent dans l’herbe, ils ont la foi ! Pas peur de se tordre une cheville voire pire…
L’arrivée à la pointe de Villeuneve se fait finalement assez vite, le soleil pointe sur les sommets et perce les nuages, c’est magique.
Redescente sans emcombre en passant par le très joli hameau de « la montagne », un berger nous encourage seul avec une grosse cloche.
Dans la descente, je discute avec un concurrent qui fait son premier trail après un premier marathon l’année passée, discussion sur l’entrainement, les temps, les ravitos, nous terminons cette première boucle ensemble jusqu’à Pralo.
Ravito rapide et c’est reparti pour Peclet.
Je connais bien le parcours pour l’avoir fait plusieurs fois en famille pendant nos vacances d’été à Pralognan, je sais que la petite montée après les Prioux sera sympa et que le point de vue là-haut sera magnifique.
Tout se passe bien je monte doucement mais surement avec un petit groupe on s’encourage mutuellement. Petite pause arrivé en haut au pied du cirque des Nants.
Je me souviens de cette montée pour aller au refuge de la Valette il y a quelques années avec Céline et les garçons…bons souvenirs.
Redescente vers le Roc de la Pêche, en passant par la marre aux têtards…encore un souvenir de vacances ou nous avions utilisé un sceau à fromage blanc du refuge de la Valette (redescente des poubelles du refuge) pour transporter des têtards jusqu’à Pralo !!!
Pas de soucis jusque là mais mon estomac commence à se tortiller sérieusement.
Montaimont, le Roc de la Pêche, c’est magnifique, le temps est splendide.
Sur la route de Peclet, on croise les concurrents qui redescendent à toute allure sur le chemin très roulant.
Longue route vers Peclet en passant le Ritord.
J’entends un hélico de la gendarmerie qui passe au dessus du col de Chavière fait demi tour derrière moi et vient déposer un médecin à quelque mètres de moi sur le coté du chemin dans un gros nuage de poussière !
Une jeune femme est allongée avec un gros bandage sur la cheville… S’en est fini pour elle.
Mon estomac commence à me torturer de plus en plus, je dois me ravitailler mais je n’ai pas très envie.
Je mange tout de même mon petit paquet de chips qui passe bien.
La montée s’accentue, les prairies, où l’on aperçoit les marmottes qui sifflent, laissent place à un domaine plus minéral, le soleil tape, les névés arrivent.
La montée se fait doucement mais surement, les concurrents qui redescendent nous encouragent, allez plus qu’1/4h !!! allez vous y êtes !!!
J’arrive enfin pour me ravitailler, saucisson, fromage, tuc….je demande quelque chose de chaud, du thé ou de la soupe qui me ferait du bien mais que du froid contrairement au TGV d’il y a 2 ans. Dommage mon estomac réclame ce genre de chose.
Je remplis mon camel.
Ils annoncent 17 km avec 200 m de montée.
La redescente se passe bien.
J’encourage à mon tour les concurrents qui arrivent enfin au refuge.
Tout a coup, je sens que le bas de mon sac à dos est trempé – arrêt - j’ai mal refermé ma poche à eau qui s’est quasiment toute vidée , je râle forcément mais ça devrait tenir jusqu’à Pralo.
Au roc de la pêche le parcours dévie et remonte vers le petit mont blanc, petit rythme, je souffre déjà beaucoup, je grimpe doucement , pas trop le moral – pourquoi nous font-ils remonter au dessus des Prioux – je peste. Un trailer me suit et me dit qu’il prendra le relai plus haut.
Plus haut, je me laisse passer, il se détache, je ne peux pas le suivre, l’estomac toujours en vrac.
Avant de redescendre, je prends le temps d’admirer le paysage magnifique, en face la Valette, à droite le fond de la vallée de Chavière, à gauche Pralo, au dessus le petit mont blanc.
La redescente vers Pralo se passe, mais les jambes commencent à souffrir au niveau des quadris, la PPG est loin…En arrivant aux Prioux, 2 bénévoles anciens guides nous indiquent le chemin, je leur demande de l’eau, il me propose du thé !!! J’en profite. « Attention c’est du thé des guides ! » m’annoncent-ils fièrement. Ca me fait un bien fou. Mais pourquoi n’y a-t-il rien de chaud cette année aux ravitos ???? C’est tellement bon une petite soupe chaude avec quelques vermicelles ou un bon thé chaud sucré.
Petit coup de fil à ma femme sur le chemin qui mène à Pralo pour lui dire que tout va à peu près bien… « Oui » me dit elle, « 3 km pour Pralo, montée au Mont Bochor, puis le col de la Vanoise et redescente, c’est bon, tu as fini, tu seras arrivé à 17 h » - Disons plutôt 19h….
Je termine la route jusqu’au ravito avec un autre concurrent que je recroiserai plusieurs fois jusqu’à la redescente du col de la Vanoise, c’est ce que j’aime aussi dans ces épreuves de trail, ces moments de discussion avec les autres traileurs.
Arrivée à Pralognan, bonne ambiance, j’ai aussi laissé un message à Vincent qui m’a accompagné pour le WE et qui fait le TAV. Si tout va bien il doit être arrivé et être dans les parages.
Je me ravitaille, redemande s’il y a du thé ou de la soupe, je me pose des questions, est-ce que je continue, j’arrête ? Non, pas question : je ne veux pas quitter Pralo sans être monté au lac des Vaches, je pense à tous ceux qui m’ont soutenu, aux 60 enfants de Bulle d’Air.
Vincent est là avec un grand sourire, il a fait 4h50 sur le TAV, chapeau compte tenu de son niveau d’entrainement et des dernières semaines de boulot qu’il a eu : jeune chef d’entreprise en pleine croissance ce n’est pas toujours reposant, mais ce WE est son bol d’air m’a-t-il dit.
La montée du Mont Bochor est horrible, d’abord la grosse montée toute droite sur la piste noire des Pariettes dans les cailloux en plein soleil… 1 km = 1 enfant, je vais y arriver même si ça prend du temps.
Je réfléchis, 1 h pour le Mont Bochor, 20’ pour les Barmettes, 30’ pour le lac des vaches, 45 ‘ pour le refuge. J’y vais étape par étape, pas par pas, je suis maintenant à l’abri du soleil, dans les arbres sur un sentier qui grimpe bien et que je connais, mais ça reste bien raide, ce sera le pire moment de la course pour moi, c’est le mental qui me fait marcher. C’est d’autant plus dur que le TGV que j’avais fait il y a 2 ans s’était très bien passé.
Un CRS assis au bord du chemin m’annonce « plus que 200m de montée », allez le plus dur est fait, je fais une petite pause et grignote une barre qui passe mal, je m’hydrate, je repars, le plat arrive enfin.
Avant de reprendre le sentier balcon, j’aperçois un mini ravito avec un CRS et une secouriste qui s’occupe d’un coureur allongé en PLS - pas simple cette course.
Je prends le temps de boire un peu et je repars. Le plus dur est fait, en contrebas j’aperçois les coureurs qui descendent la piste rouge tout droit en courant. Pourrais-je redescendre facilement du col de la Vanoise si j’y arrive…
Les Barmettes, le fameux chemin bordé de pierres sèches qui nous emmène au lac. Je grimpe.
La connaissance des lieux m’aide finalement beaucoup.
Le lac des vaches est splendide, encore en partie couvert de neige, petite pause, photos, je sais que cette fois c’est bon même si la dernière partie ne sera pas très facile, surtout avec la neige.
Un groupe d’handicapés arrive avec des éducateurs spécialisés. je les recroiserais à la descente. Je les encourage. J’admire à la fois les handicapés qui montent dans les conditions difficiles mais aussi les éducateurs qui doivent gérer l’humeur parfois difficile de ces handicapés. Bien sûr j’ai une pensée pour Priscilla et son équipe et les enfants handicapés de Bulle d’Air, leurs parents.
Arrivé en haut après une grosse partie dans la neige, je me ravitaille bien avec beaucoup de salé et du saucisson pour « faire du bien » à mon estomac.
Un concurrent est allongé sous une couverture, je prends de ses nouvelles, on m’indique qu’il est en hypoglycémie totale et sous perfusion ! Sans doute sera-t-il redescendu avec l’hélico que j’apercevrai plus tard en arrivant à Pralo.
La descente jusqu’aux Barmettes se passe plutôt bien, je profite des grandes étendues de neige pour y descendre et soulager mes jambes.
Plus tard, les bâtons me permettent de me retenir en descente et de moins faire souffrir mes quadris qui sont en feu.
Je discute encore avec quelques concurrents dont un qui me dit qu’il s’est arrêté 1h au Mont Bochor, à la limite de l’abandon avant de repartir – bon conseil de la secouriste apparemment !
La descente sur la piste rouge à descendre tout droit jusqu’à l’Arcelin est un calvaire, je ne peux absolument plus courir, ça me fait trop souffrir.
Je descends l’Arcelin en marchant / trottinant avec un plus jeune concurrent, ancien pro de vélo, et qui court son premier trail, on discute un bon petit moment.
Les Fontanettes, ça sent bon ! Le sentier reste bien casse pattes, j’entends la sono, je pense à cette belle course que je termine, aux enfants de Bulle d’Air, à ceux qui m’ont soutenu et que je ne décevrait pas.
Petit coup de fil à Vincent pour qu’il m’attende à l’arrivée.
Je finis en courant, la grande rue, les gens aux terrasses des café et aux balcons des appartements m’encouragent et m’applaudissent pour les derniers mètres ça fait du bien, la ligne d’arrivé, la tapis rouge c’est fini, 13H42.
Accolade avec Vincent quelques commentaires au micro.
Vivement la tartiflette du soir !
2 semaines après l’épreuve, je garde un super bon souvenir de cette course dans ce lieu que j’apprécie plus que jamais – même si j’ai souffert comme jamais - c’était vraiment magnifique, les conditions étaient top et l’organisation toujours bien réglée même s’il m’a manqué de boissons chaudes aux ravitos.
Ma collecte va permettre à Bulle d’Air d’acheter tout le matériel pour l'unité qui accueille 20 enfants autistes entre 2 et 5 ans chaque semaine !
L’entrainement devra être plus régulier pour mon prochain gros trail, il faudra aussi que je comprenne pourquoi mon estomac m’a fait souffrir ainsi.
Il ne me reste plus qu’à réfléchir à mon trail de l’année prochaine…Bulle d’Air accueillera 80 enfants…
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7 commentaires
Commentaire de yeye11 posté le 14-07-2013 à 22:30:44
bravo!!pour ta course et ton recit.
vraiment de belles photos!!
en plus pour une bonne cause.
respect a toi!
ça donne envie ,bonne continuation !
Commentaire de Aurely42r posté le 14-07-2013 à 22:41:14
c’était vraiment chouette, j'y retournerai bien... Sympa d'avoir couru pour une assoc'
Commentaire de Aurely42r posté le 14-07-2013 à 22:42:07
Et bravo pour ta course... ;-)
Commentaire de RayaRun posté le 15-07-2013 à 01:51:23
Bravo André, bravo de courir pour une association, nous avons fait le départ ensemble avec Aurélie et Monique ! A la prochaine et bravo encore !
Commentaire de caral posté le 15-07-2013 à 09:25:28
bravo pour ta course et ton courage!
Commentaire de Gibus posté le 21-07-2013 à 21:00:15
Bravo super
Commentaire de la panthère posté le 22-07-2013 à 20:30:04
haaaa, c'est toi qui a fini le saucisson au ravito, y'en avait plus quand je suis arrivée!
j'ai vu les mêmes handicapés presque arrivés au refuge de la Vanoise, y'en avait un qui ne pouvait plus avancer, couché dans la neige, épuisé.....
juste la même chose, un chouia plus tard, au fait merci pour ton com sur mon récit, et..... on remet ça en 2014?
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