Récit de la course : 80 km du Mont-Blanc 2013, par Caro74

L'auteur : Caro74

La course : 80 km du Mont-Blanc

Date : 28/6/2013

Lieu : Chamonix Mont Blanc (Haute-Savoie)

Affichage : 4220 vues

Distance : 85km

Matos : Hoka, Short et Tshirt X bionic, sac salomon

Objectif : Se dépenser

13 commentaires

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Mon premier 78 km... oh, pardon, 85 km!!!

Désolée pour ce récit un peu sec, sans photos (Je n'ai pas pris le temps d'en prendre et vu la tronche que j'ai sur les photos, je préfère m'abstenir d'en rajouter à la honte en les mettant ici...)

Vendredi, 3h55. J’arrive in extrémis dans le sas de départ, juste pour entendre le speaker mettre un peu d’ambiance (merci pour les voisins qui ont dû apprécier le tapage !) et rendre hommage à Bernard Donzel, décédé tragiquement le 16 juin. 4h, le départ est lancé : la première côte goudronnée est un peu rude, à froid et si tôt le matin, mais très vite je me sens bien et décide de ne pas m’économiser et de faire cette côte à un rythme soutenu. Les 1500 m de montée au Brévent passent très vite, sans emcombre, si j’excepte une petite frayeur lors d’un détour sur des dalles gelées. Au Brévent, la vue est magique, car on a la chance de profiter d’une belle éclaircie.

Le début de la descente est assez raide, sur des névés bien durs, puis on emprunte une piste assez agréable jusqu’à Planpraz. Je ne m’arrête pas au ravitaillement, ayant ce qu’il faut sur moi. Le chemin qui traverse jusqu’à la Flégère est très agréable, fait de petites montées et descentes. Je me fais doubler par deux hommes qui avancent beaucoup plus vite que moi et ils me disent s’être perdus assez longuement sous le Brévent.  Après la Flégère s’amorce une bonne montée : je me sens toujours bien mais au moment d’essayer de manger (mon gel), je vois que cela ne passe pas bien. J’essaie une pâte d’amande mais c’est encore pire. Tant pis, je vais bien boire ma boisson énergétique, en espérant que cela suffise. Après cette montée vient une descente hyper technique sur le col des Montets. A ce moment, j’ai encore de bonnes jambes et descend bien. Après le col des montets vient une piste large. En fouillant dans mon sac pour lire le petit résumé de course que je me suis préparé, je ne regarde pas où je vais et m’échoue dans la seule flaque de boue (nauséabonde) de la course. Pas de mal mais je suis extrêmement sale. Autant pour les photos !

Avant Vallorcine, avec un gars qui me rattrape, on se perd. On perd une minute à chercher notre chemin. Je décide, pour compenser, de ne pas m’arrêter au ravitaillement, mais à cause d’une erreur de balisage, je m’embarque sur le chemin de retour de la boucle passant au Col du Passet. Une dame me rattrape à temps mais je fais bien 500-600 m de trop et je suis plutôt furieuse Je lâche alors une bordée de jurons, ce qui, pour moi, n’est pas très habituel, et mon moral en prend un rude coup. En amorçant la montée vers le Col du Passet, il commence à faire plus chaud, c’est bien agréable. Cette montée est très belle, bien raide et technique, et j’y prends beaucoup de plaisir, toute contrariété étant à nouveau oubliée. Après la montée, vient un sentier en balcon, technique et magnifique ; la vue est splendide, je suis ravie. Tellement ravie que, lors de la descente qui suit, je passe à fond et en souriant devant le bénévole qui prend des photos et ne me dit pas que je dois prendre le petit sentier qui passe à ses pieds ; lorsqu’enfin il me hèle, je suis déjà bien descendue et doit remonter. De nouveau, j’enrage : Moi qui ne me suis jamais perdue sur une course, je trouve que 3 fois dans la même course, c’est trop. J’ai déjà perdu 5 bonnes minutes. La descente est belle et pas trop technique. Arrivés à Vallorcine, je n’ai plus une goutte d’eau et attend le ravitaillement avec impatience. Mais pour y arriver, on doit faire toute une boucle (pas intéressante) et mon moral en prend un coup à nouveau.

Au ravito, je remplis ma poche à eau et bois deux verres de coca. Ca fait du bien !! On attaque une grande montée de presque 1000m jusqu’à l’Aiguillette des Posettes. Au bébut, je tire un peu la langue mais plus on monte, mieux je me sens, comme en témoigne le fait que je double ceux qui m’avaient doublée plus bas. Je me surprends alors à courir sur les faux plats montants de la fin. De nouveau, sur les crêtes, la vue est très belle. La descente sur le Tour est infernale : technique, casse-pattes, épuisante. J’y attrape d’ailleurs une méchante contracture au mollet qui va rendre la course très difficile jusqu’à la fin de la course. Moi, qui d’habitude suis plutôt bonne en descente, là cela va être tout l’inverse et les hommes que je vais distancer en montée vont à chaque fois me doubler en descente. Entre Le Tour et Argentière, on est un petit groupe de 3 et on se perd complètement. On traverse un pont, on remonte, on descend voir dans un tunnel : rien, pas la moindre balise. Les autres restent calmes mais moi, je fulmine intérieurement : à force de me perdre, je prends du retard. On finit par retrouver le chemin. Après Argentière, la montée de 650m est un peu frustrante pour moi car elle est assez plate et pourtant je ne peux pas courir : plus de jus et surtout cette affreuse contracture qui me tire le mollet. Je commence à accuser la fatigue et le coca que j’ai embarqué au ravito m’est d’un précieux secours. Au bébut de la descente qui va sur les Bois, je me dis que je n’arriverai jamais à courir : mes genoux me brûlent, ma contracture me tiraille et je n’ai plus de force dans les cuisses. Heureusement, cette descente est facile et roulante et elle se passe finalement bien.

Aux Bois, je ragarde ma montre : 68 km de parcourus. Je réalise alors qu’il est impossible que je parcours ne fasse « que » 78 km. De nouveau, le moral flanche un peu, mais à mesure que la dernière montée vers le Montenvers se déroule, je retrouve du poil de la bête. Sous le Montenvers, le sentier est incroyablement technique et la lassitude se fait sentir, d’autant plus qu’arrivés au Montenvers, ma montre indique déjà 77 km ! Je me dis que la descente sur Cham n’est pas loin… Eh non ! Commence alors un long sentier en balcon, technique et qui surplombe des ravins bien raides. J’ai une pensée pour ceux qui vont passer de nuit, pourvu que personne ne tombe du sentier. Ce sentier n’en finit pas, je n’en peux plus, je n’ai plus aucun plaisir, je me traine comme une limace à cause de ma contracture, c’est frustrant. Quand arrive enfin la descente, ma montre indique déjà 79 km ! Autant pour les 78 promis par l’organisation ! La descente est pour moi un vrai calvaire. Deux concurents et le fils de l’un d’entre eux me doublent, le gamin file comme un petit chamoix tandis que je me sens lourde et pataude. Arrivée enfin en bas, j’ai la surprise de voir mon mari qui m’attend et qui m’encourage dans les rues de Cham’. Beaucoup d’autres gens font de même, moi qui me sens si lasse, si sale et puante que je voulais juste arriver dans l’anonymat et aller prendre une petite douche, c’est raté..

A l’arrivée, un sentiment mitigé : bien sûr, je suis contente d’avoir réussi à terminer cette course longue et difficile, en courant quand même beaucoup et en ne lâchant rien. Je suis contente aussi d’avoir gagné. Mais objectivement, je ne trouve pas que j’ai fait une super course. Je me suis perdue 4 fois et mes genoux et ma contracture m’ont fait perdre beaucoup de temps dans les descentes. Je pense que je manque en fait d’entraînement sur un tel format : c’était la première fois et mes jambes n’ont pas tenu le coup comme je l’aurais souhaité. J’imagine qu’avec d’autres courses et quelques années de trail derrière moi, cela ne sera pas pareil. Je comprends aussi mieux pourquoi les spécialistes disent qu’il faut prendre le temps avant de se lancer dans l’ultra. J’ai peut-être un peu grillé les étapes.. J

Etonnamment, je n’ai pas eu de fringale ou de véritable « coup de mou ». Pourtant, en plus de 13h d’effort, je n’ai mangé que 3 gels. J’ai l’impression que la boisson énergétique et les cocas suffisent largement.

Pour la course elle-même : le parcours est globalement beau, même pour un parcours de repli. J’aimerais bien revenir l’année prochaine pour faire le vrai, par le col du Corbeau et la Pointe de la Terrasse. L’organisation est très bien et les bénévoles absolument charmants. Il y avait beaucoup d’encouragements. Le point noir était le balisage, parfois un peu léger. (Ce qui était étrange c’est qu’il y avait parfois abondance de bénévoles à des endroits inutiles et pas du tout à des endroits importants)

Concernant la remise des prix (pour laquelle j’ai fait quand même plus de 140 km AR le lendemain), j’ai quand même été déçue de ne recevoir que deux trophées et des fleurs. Je ne cours bien sûr pas pour les lots mais, avec tous les commerçants et sponsors présents dans une ville aussi riche que Chamonix on aurait pu s’attendre au moins à quelques gourmandises, ou un lot technique. Quand je vois que des petits courses pas chères comme le trail du Salève  ou l’Ultra Montée du Salève se démènent pour offrir des beaux lots (bons d’achat, chocolats, bouteilles, fromage), il me semble que cela ne devrait pas être trop dur pour une telle organisation que le Marathon du Mont Blanc de trouver des commerçants disposés à donner un petit quelque chose. Mais bon, ce n’est pas grave du tout, les gourmandises, on se les est offertes quand même avec ma fille après la remise des prix.

13 commentaires

Commentaire de fulgurex posté le 30-06-2013 à 21:00:57

tu devrais être très contente au contraire, pour une première ... c'est une première place! pour le reste, c'est en forgeant qu'on devient forgeron. ;)

Commentaire de Ninon posté le 30-06-2013 à 21:23:52

Bravo !!!!! Joli récit, belle performance...
Pour ma part, je me suis "à peine perdue" (un tout petit ratage de balise qui a dû me coûter, allez 100 m de bonus...) mais ma garmin affichait tout de même 85, 800 km sur la ligne d'arrivée !!! Enfin quand on aime, on ne compte pas :) !

Commentaire de Arclusaz posté le 30-06-2013 à 23:43:30

ah, là la, ces championnes, jamais contentes d'elles !!!!!
Bravo pour cette magnifique performance et quelque chose me dit que ce n'est qu'un début...

Ton programme des semaines à venir est quand même très très chargé...

Commentaire de st ar posté le 01-07-2013 à 05:57:32

Un grand bravo! Même si tu n'es pas complètement satisfaite par rapport à plusieurs aspects que tu décrit , tu as su gérer selon les aléas de la course...énorme perf! Félicitations!

Commentaire de Jean-Phi posté le 01-07-2013 à 11:31:44

Heureusement que tu t'es perdue pour un peu ! Qeelle perf !
Je comprends que tu sois déçue par certains aspects de ta course mais c'est une première pour toi ! Il est certain que tu vas en tirer tous les enseignements poru la suite ! Bravo ! Une belle championne est là !

Commentaire de Caro74 posté le 01-07-2013 à 19:46:36

Merci pour vos gentils commentaires.
Vous avez raison, je suis un peu bête de ruminer sur ce qui n'a pas été plutôt que de me réjouir tout simplement d'être venue à bout de mon premier trail aussi long!
@ Ninon, as tu aimé la course?

Commentaire de sapi74 posté le 02-07-2013 à 13:34:53

bravo a toi caro, non seulement tu est venue au bout de ton 1er ultra mais en plus tu le gagne moi je dit championne.

Commentaire de Chris91 posté le 02-07-2013 à 14:43:05

Bravo Caro,
As-tu par hasard le dénivelé, j'ai été beaucoup moins rapide que toi et mon garmin m'a laché avant d'arrivé.
Merci et encore bravo

Commentaire de Caro74 posté le 02-07-2013 à 19:54:06

J'ai entendu 6044 m de D+, d'après l'organisation.

Commentaire de Benman posté le 24-07-2013 à 18:20:58

et combien d'après la police? ;-)
Bravo pour ta victoire. Chapeau.

Commentaire de Chris91 posté le 02-07-2013 à 22:09:36

Merci Caro

Commentaire de ThomasL posté le 07-07-2013 à 01:17:16

wow impressionant! Un autre monde pour moi qui suis arrivé 10h après toi... bravo!

Commentaire de sabzaina posté le 07-07-2013 à 06:49:52

Bravo Caro, et en plus tu enchaînes... Grande championne

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