L'auteur : defi13
La course : 90 km du Mont-Blanc
Date : 29/6/2018
Lieu : Chamonix Mont Blanc (Haute-Savoie)
Affichage : 3859 vues
Distance : 90km
Objectif : Terminer
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Cette course j’en rêvais depuis des années. Après quelques blessures en 2017, et un retour en forme à partir du mois de septembre, je sentais que le moment était venu pour me frotter à ce trail très exigeant. Première grosse satisfaction : le tirage au sort. J’ai mesuré la chance que j’avais et je me promettais de faire une très belle course.
Je n’ai rien laissé au hasard en pensant à tout préparer (sur papier) 6 mois avant. J’avais pensé à lister le matériel, rechercher un plan d’entraînement, prendre des notes sur la préparation mentale et tout mettre en musique dès le 15 mars. Je pensais aussi avoir derrière moi une expérience correcte (2 Marathons du Mont Blanc, et une 10aine de trails et/ou entraînements de 30 à 50k au cours des 3 dernières années).
Entre novembre et mars j’avais décidé de reprendre de la vitesse et de me concentrer sur des séances pour développer / consolider la VO2 / la VMA. Avec du recul je me dis que l’approche était très bonne et que cela me permettait de ne pas trop focaliser sur l’événement. J’ai ainsi pu faire 2 trails de 20k (pas techniques, en Ile-de-France) mais où j’ai pu courir vite. Puis j’ai validé l’ultra trail de la Brie (66k). Bien sûr il n’était pas technique (1500d+) mais il m’a permis de casser beaucoup de fibre et de travailler mentalement (presque 8h de course, dont 90% faites en courant). Après 2 semaines de récupération et 1 de remise en jambes, je me suis attelé à mon plan. Les 4 premières semaines ont été suivies à la lettre. Puis j’ai fait quelques entorses mais globalement je lui ai été très fidèle. J’ai pu trouver un coin à bosses et j’ai travaillé des volumes de d+ corrects (pour l’Ile-de-France) : 500d+ pour environ 14-18k. Puis en approchant de la date j’ai ralenti en misant sur la fraîcheur. J’ai aussi trouvé un bon binôme.
Les conseils glanés ici étaient très précieux, mais au lieu de focaliser sur l’essentiel, j’ai essayé d’emmagasiner trop d’informations. Je n’ai pas assez assuré mon dernier repas de la veille. Je n’ai que trop peu petit-déjeuné en me disant qu’il fallait que je parte léger. C’était très bête de ma part car les 2 premiers km de la course se font à allure souple et les 2 heures qui suivent en marchant.
En arrivant à 3h30 je me suis dirigé avec mon ami vers la première ligne pour pouvoir nous positionner dans les 200-300 premiers (c’était le plan). Nous avons été refoulés par l’orga et du coup on s’est replacés parmi les 300 derniers. On s’est dit tant pis et que ça ne devrait pas trop nous pénaliser. En fait, avant même le coup de feu du départ et sans le savoir, nos chances de finir la course ont dû fondre d’1/3…
Après un départ prudent (dans les 6’00’’ à 6’30’’ au kilo) dans les premiers kilomètres en ville (100 places de perdues) nous avons atteint les sentiers menant à l’ascension du Brévent. J’ai sorti mes bâtons. Les bouchons sont arrivés mais quand tu l’as lu sur Kikourou cela ne t’inquiète pas plus que ça. On s’est dit que cela faisait partie du jeu. La longue montée se passe dans le calme et à mesure que l’on s’approche du Brévent le soleil a nappé le Mont Blanc d’une lueur rose de toute beauté. Nous avons ensuite foulé les premiers névés. Notre allure était correcte, nous courrions à l’économie et sans effort violent. A ma montre je voyais le temps de course approcher les 2h15. Cela ne m’inquiétait pas, jusqu’à ce que je me rendre compte au détour du sentier que le long ruban s’étendait encore sur des centaines de mètres et qu’il restait dans les 300d+ à avaler. Arrivés là-haut en 2h48, j’étais sous le choc. Moi qui espérais un passage en 2h20 grand max, j’étais abasourdi.
La reprise sur la neige entre le Brévent et Planpraz nous a aussi fait perdre de précieuses minutes. On a aidé un coureur à se relever. Le pauvre était tombé sur les fesses et son téléphone rangé dans sa poche arrière lui a heurté le coccyx. Il semblé blessé et on a promis de prévenir les secours. Après quelques centaines de mètres on a vu qu’il avait rechuté.
A l’arrivée à Planpraz nous nous sommes restaurés mais assez rapidement (2-3 minutes d’arrêt pas plus). Et là premier coup de semonce quand une des organisatrices nous a annoncé qu’il nous restait moins d’une heure pour atteindre la Flégère.
Nous avons accéléré et atteint la Flégère sans difficulté mais là encore la pression était de mise. A cause du manque de repos et de l’alimentation insuffisante j’ai peiné pendant l’immense descente vers le Buet. Je l’ai trouvée extrêmement difficile (peut-être en raison de mon coup de mou) mais aussi parce qu’elle a duré une éternité. Les passages sont en revanche très beaux avec des roches couvertes d’un lichen verdâtre de toute beauté. Mon ami s’est éloigné de moi inexorablement et je suis arrivé au Buet avec seulement 18 minutes d’avance sur la BH. J’ai mangé 2 sandwiches qui m’ont fait beaucoup de bien. Après seulement 15 minutes de montée vers Loriaz j’ai senti toute l’énergie revenir et j’ai pu reprendre 49 places. La descente sur le Mollard était relativement aisée. J’ai pu rattraper mon ami qui m’avait pris 6-7 minutes. A ce moment je me savais en retard mais j’étais radieux et sûr de moi.
Moins de 10 minutes d’avance sur la BH, c’est peu quand tu sais que tu dois manger et valider la BH à la sortie du ravito… avant d’attaquer une montée dantesque. Du coup, pas d’arrêt repos au Mollard, juste de quoi avaler quelque chose et remplir les gourdes.
Quand tu es dans le dur, rappelle-toi d'Emosson !
Evidemment la montée vers le barrage a été très difficile. Quoique le premier 1/3 en sentier peu technique est relativement aisé. Mais « la vraie montée » commence dans les pierres. Mon ami a décroché lentement mais sûrement. Mon impression à ce moment : je me suis dit qu’un type avait jeté des bâtons de dynamite dans cet amas de pierres tant il était difficile de progresser. 10 fois, 20 fois, 30 fois je me suis posé une dizaine de secondes penché sur mes bâtons pour reprendre mes esprits. Après la course j’ai vu que j’avais parcouru un kilomètre en 36 minutes !!!! La fin était très pénible d’autant plus que nous nous écartions sur la gauche du barrage et qu’il s’éloignait de nous alors que je savais qu’il fallait faire le tour avant de pouvoir valider la BH. Une fois au sommet, j’ai repris ma course car j’étais très fier de valider cette BH emblématique. Je me promets de me souvenir d’être venu à bout de cette épreuve en cas de coups durs à l’avenir. Arrivé presque à l’extrémité, j’ai constaté que nous ne montions plus sur l’escalier métallique mais que nous devions faire le tour par derrière sur un bout de route poussiéreuse. « Encore 2 minutes de perdues » je me suis dit. J’ai pu valider la BH à 14h52. Là encore, je savais (grâce aux récités des années précédentes) qu’il me restait une toute petite heure pour valider Châtelard, à condition de faire une descente épique. Dont je n’ai pas eu le temps de traîner plus de 2 minutes, et j’ai emporté un sandwich qui a fait effet 20 minutes plus tard. Un début de descente honorable puis un dernier tiers à fond (« à fond » ça reste relatif après 45km de course ). J’ai même réussi à rebrancher ma Fénix3 à la batterie externe en trottinant (2% de batterie, là aussi on frisait la BH ). Puis j’ai accéléré très fort car je voyais les chalets approcher mais que j’approchais dangereusement de 16h00. J’ai dépassé beaucoup de coureurs qui n’y croyaient plus et marchaient. Je les encourageais, leur criais qu’on allait le faire et qu’il fallait y croire mais ils semblaient abattus et seul l’un d’entre eux m’a filé le train. J’ai sprinté à 14-15km/h pour valider un 14h58 à la BH.
Mon ami s’était fait éliminé, j’en étais sûr maintenant. Seuls 3 coureurs ont validé la BH derrière moi. Pourtant autour de l’abreuvoir les 6-10 coureurs ne semblaient pas pressés de repartir. Peut-être encore sous le coup de l’euphorie de ma descente et de la fierté de valider la BH, je me suis relancé au bout de 2 minutes. Je savais que la BH suivante était largement plus jouable mais que je devais aussi affronter une très longue montée et qu’un finish à Chamonix ne pourrait se faire avant 04h00 du matin le samedi… soit encore 10h00 de course supplémentaires. L’énergie m’a fait défaut et après 30 minutes j’ai commencé à faiblir. Les serre-files sont apparus et j’ai compris que j’étais parmi les 5 derniers de la course à ce moment-là. Moi qui ne les avais jamais vus sur une course, quel choc !
A nouveau je me suis penché de longues secondes sur mes bâtons toutes les 2 minutes pour reprendre du souffle alors que ce qu’il me manquait c’était du carburant…J’ai décidé de m’arrêter au ravito suivant, c’était aux Esserts. J’ai bien remarqué que l’ascension jusqu’au col était encore longue, trop longue pour moi. Si on m’avait dit que l’arrivée était à Catogne alors j’aurais mangé à nouveau et je serai reparti mais non, il restait encore 40 kilomètres !
Ma victoire : Emosson / Châtelard
Au final j’ai pu faire 53k et 3800d+ à ma montre. Le décor est bien-sûr époustouflant. Je me souviendrai longtemps des passages techniques, du Barrage et de mes ups and downs (comme les cols finalement ). J’ai été très fier en haut du barrage avec un sourire immense d’avoir triomphé de ce monstre de difficulté. Le checkpoint de Châtelard et la descente qui l’a précédé m’ont aussi rempli de fierté.
Je ne pense pas avoir pris la course à la légère, bien au contraire mais je suis très frustré de ne pas m’être concentré sur 1 essentiel : les repas solides et réguliers ne doivent pas être négligés. Un détail technique a aussi eu une forte incidence sur ma course : le placement au départ. Jamais je n’aurais pensé que ça handicaperait autant ma course. En ce moment, j’ai vraiment envie de me venger en reprenant l’entrainement mais surtout en ciblant des trails de 30 à 60km.
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2 commentaires
Commentaire de Shoto posté le 05-07-2018 à 22:57:05
tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort .... belle expérience qui te servira pour la suite. ;-)
Commentaire de Rem posté le 07-07-2018 à 20:57:12
Bravo pour ta course et le cr. Dommage d’avoir renoncé avant d’y être contraint . Il y avait de la place. Mais les serres files c’est difficile d’y résister qd on y est pas préparé (j’en sais qques chose ils m’ont serrés sur l’utmb. Le Brevent n’etait pas rédhibitoire. J’y suis passé en 2h55. Mais j’avais 30min de marge au chatelard.terminé en 22h11. On a un niveau similaire ( j’avais fait le 66k de brie en prépa aussi en 8h40.
Un truc m’a bien aidé c’est d’arriver le lundi à cham et faire qques reco en mode rando(cham - vallo, et montenvert. Bonne chance pour la suite.
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