AAAAAAHHHHHH !!! Elle me plaisait bien à moi Tora, la belle montagnarde italienne: cette jeunesse triomphante, ce visage doucement hâlé par le soleil, ces formes généreuses, ces fessiers souples et fermes à force de crapahuter, ces magnifiques cheveux si longs que (dit la légende) mis bout à bout ils feraient sans problème le tour complet de la vallée…
Je l’avais invitée au restaurant : pâtes aux truffes arrosées de chianti pour elle (le menu à 50 Euros) pendant que moi, négligemment, avec mon costume Hubo Goss et ma barbe de trois jours, je lui racontais quelques-uns de mes souvenirs. Ainsi, j’avais assez bien connu Té (appelée « la Déesse », un peu pompeusement il est vrai), en partie Italienne et elle aussi pleine de caractère…
Nous étions sortis du restaurant et musardions dans les rues de Courmayeur. Je rêvassais, bercé de douces pensées … je prendrais congé en septembre… elle et moi… pendant six jours… ensemble… sans même prendre le temps de dormir… épuisés… mais fous de désir… encore…
Soudain, d’une voix grave, Tora se mit à parler : « Tu sais, je vais partir. Pour un an. Je t’enverrai un email à mon retour. Tu m’appelleras, si tu veux. Tiens, on pourrait même revenir ici, dans ce restaurant… Non, ne dis rien. Ne gâche pas notre belle amitié. »
Avec son petit rire enjôleur, elle m’embrassa rapidement sur la joue, ajouta « Fais attention à toi », en me donnant un petit porte-clé gravé « Ti amo… Aosta » puis disparut en me laissant là, éberlué, sonné, décomposé. Tora ! Tora ! Hurlai-je, mais nulle voix ne me répondit.
Depuis ce moment, je ne vis plus. Un an ! Comment attendre aussi longtemps sans elle ? Je reste sourd aux médisances : « Tora-la-Vergogna qui ne pense qu’à l’argent, Tora-la-satanique et ses 666 amant(e)s ». Mais elle et moi c’est autre chose. Perfection. Pureté. Plénitude. Les gens ne peuvent pas comprendre. Ils sont si ordinaires.
Tora, Tora, pourquoi m’as-tu fait ça ?