par Rag' » 19 Mars 2012, 20:58
Salut à toutes et tous,
Cela fait un bail que l'envie d'écrire un long billet sur ce fil me taraude. Non pas pour raconter mes pépins physiques, mes états d'âme, ma convalescence ou ma rémission, mais plutôt pour faire un signe à celles et ceux qui, ne voyant pas le bout du tunnel, se sont éloignés petit à petit du forum voire qui ont quitté définitivement le milieu de la course à pied. Il est évident que peu de personnes qui sont "sur le carreau" depuis plus d'un an ont encore envie de participer à la vie d'un site dédié aux sports d'endurance. C'est compréhensible, c'est humain, le masochisme a ses limites...
J'ai quelques noms (pseudos) en tête, de blessés annonçant leur multiples retours faisant suite à de multiples blessures diverses et récalcitrantes. Finalement, comme l'on dit chez les jeunes, ils ont "lâché l'affaire".
J'espère qu'ils ont su prendre le recul nécessaire pour affronter le vide que peut laisser le non-assouvissement d'une passion. La passion est destructrice quoiqu'on en dise, souffrance de soi, souffrance de ceux qui nous entourent.
L'avantage d'une passion, c'est qu'elle est omniprésente, occulte tout, occupe nos moindres pensées. C'est l'idéal pour s'échapper des vicissitudes de la vie. Rustine idéal de notre condition humaine.
Sauf que...
Le jour où cela coince dans la belle machine, où la mécanique ne veut plus, ne peut plus, la belle passion non assouvie croupit au fond de notre esprit, le vide apparaît. Et l'on se trouve confronté à toutes les questions auxquelles l'on n'a jamais voulu vraiment prendre le temps de répondre: "Pourquoi courir? Pourquoi souffrir de ne pas courir? Comment remplir autrement ce gouffre qui est apparu devant moi? Qu'ai-je voulu combler?" Tant de questions que chacun devrait se poser à priori. Trop peu le feront.
Ayant parlé de l'avantage d'une passion, j'aimerais aborder les inconvénients. Comme elle est omniprésente et dévorante, la passion anéantit le champ des possibles. Aucune place digne de ce nom pour d'autres activités qui sont, dans le meilleur des cas, des succédanées.
Deux ans que je ne cours plus. Et j'ai fini par lâcher l'affaire, tenté de répondre à toutes ces questions et ce que j'en retire ne me flatte guère. J'ai souffert, plus dans ma tête que dans mon corps. Beaucoup plus. Mais j'ai mûri et le regard que je porte sur la pratique de la càp est d'autant plus acerbe que j'ai sacrifié beaucoup sur l'autel de la passion.
Finalement, après 24 mois, je peux dire que cette blessure fut une chance, une épreuve bien plus enrichissante qu'une quelconque ligne d'arrivée franchie. Je vis.
Rag'
PS: Je n'ai pas tiré un trait sur la càp, néanmoins j'ai fait un énorme tri sur mes envies, mes motivations. Un jour peut-être... ou pas. En tout cas, j'ai furieusement envie de découvrir d'autres choses.
PS2: Je suis conscient que peu ou prou se reconnaîtront dans ce portrait d'un passionné. Malheureusement, j'ai bien peur d'avoir raison pour une énorme majorité...