L'auteur : Joe One
La course : L'Endurance Ultra Trail des Templier
Date : 23/10/2009
Lieu : Nant (Aveyron)
Affichage : 4613 vues
Distance : 116km
Objectif : Pas d'objectif
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Jeudi matin....8 heures.... la « check-list » est bouclée.... la voiture également.... Nous voilà partis avec Dove et Chris pour l'Aveyron (12).... Le temps est déjà couvert sur NICE, il pleut.... résultat: on commence par 12 km de bouchon jusqu'au péage d'Antibes.... Plus de 420 km nous séparent de notre destination, le petit village de Nant, qui va être le théatre, durant 4 jours, du Festival de l'endurance des templiers....
14h30, après plusieurs haltes pour besoin physiologique......s'hydrater c'est bien, en abuser çà craint.... , nous passons au salon des exposants où nous attend la propriétaire du logement que nous louons en plein coeur du village pour 4 jours....
Nous en profitons pour récupérer nos dossards... Pour ma part ce sera le n° 303, personnalisé avec le nom et le prénom.... plutôt sympa pour les encouragements.... L'organisation me remet également le traditionnel « buff » de l'épreuve ainsi qu'un joli maillot technique rouge ADIDAS au logo de l'Endurance Trail. Christelle récupère son dossard ainsi que son « buff ». Les exposants n'ont pas encore terminé de s'installer, nous décidons donc d'aller nous installer dans notre logement pour y avaler nos pâtes....
Notre premier repas avalé.... il est temps de faire un petit footing de décrassage..... j'ai 30' à faire..... je ne m'écoute pas et je m'équipe avec Christelle malgré la pluie qui règne à l'extérieur....... Je ne regretterai pas cette oxygénation qui m'a fait le plus grand bien.... Une bonne douche.... puis tentative de siestas.... infructueuse pour ma part.... car j'ai le cerveau en ébullition..... ma course a déjà commencé..... mais le fait d'être allongé dans le noir me fait le plus grand bien et contribue à me détendre.... trop souvent l'on piétine lors des salons d'avant course et on fatigue ainsi nos jambes inutilement.... Quelques minutes avant la fermeture du salon, nous y repassons pour esayer d'y voir quelques kikous.... Nous sommes reconnus au passage par le commercial « BV SPORT » que nous avions rencontré lors du Salon du 1er Marathon des Alpes Maritimes... Très commercialement, il nous offre à chacun une paire de chaussettes techniques Trail « BV SPORT », valeur totale 36 €..... encore un grand merci.....
La nuit tombe très vite, obscurité accrue par un ciel très couvert et pluvieux.... nous rejoingons notre habitat..... pour les fameuses pâtes du soir..... et les derniers préparatifs...
Equipements prévus de bas en haut:
Lafuma skyrace rouges
Chaussettes « x socks » Performance trail
Manchons de compression « BV SPORT »
Corsaire Adidas compressif....
Sous-vêtement techniqe NIKE manches longues (seconde peau)
Maillot manches longues MIZUNO « breathable »
Buff des Templiers 2006
Lampe frontale PETZL Tikka +
Sac à dos Salomon « red Devil 25 » avec poche à eau DECATHLON + compartiment ventral Salomon...
Bâtons télescopiques 3 brins LEKI
Je prépare ma boisson énergétique à l'avance... ce sera çà de moins à faire demain matin...... ISOXAN P.R.O
Petit massage des pieds avec de la crème NOK de chez Akiléine Sports.
Je me mets au lit à 22h... la nuit va être courte avec un départ à 4 heures du matin....
2h30, le réveille me tire de ma torpeur.... et il ne faut pas se poser de question au risque de se rendormir...
Je m'habille rapidement en enduisant au préalable mes pieds généreusement de crème NOK (sans faire pénétrer)
Un bon bol de café noir pour y tremper mon « gatosport maison ».
Christelle se lève pour m'accompagner au départ...
L'accès au « sas » se fait par un pointage de la puce intégrée au dossard puis au contrôle minutieux du matériel obligatoire... veste technique, polaire, gants, bonnets....
Comme à l'habitude, je décide de me placer au plus près de la ligne de départ pour être gêné le moins possible au départ... dépenser ainsi le moins d'énergie dans des dépassements ou des bouchons.....
4 heures le coup de fusil nous libère pour une chevauchée annoncée de 116 km et plus de 4000 m de D+. La musique, les fumigènes rouges sont toujours autant d'émotions qui nous submergent.... l'aboutissement de semaines de préparation....
Le peloton s'étale traditionnellement par une route bitumée qui nous emmène à la sortie du village puis en serpentant toujours par la route jusqu'au premier sentier.... le premier lacet nous permet d'admirer ces centaines de lampes frontales formant une véritable voie lactée.....les petites lucioles comme certains disent....
Je me suis raisonné à partir prudemment.... je contrôle mes pulsations.... J'avais oublié combien les premiers 40 km étaient roulant....
Km 15: et seulement 1h30 de course... la moyenne est élevée.... point d'eau à SAUCLIERES où le public nous encourage copieusement.... Je ne fais pas l'économie du complément d'eau car je sais qu'il faudra attendre 24 km avant le prochain ravito....de la DOURBIE.... A partir de ce kilométrage les bâtons sont autorisés et je les prépare en vue de l'ascension du Mont St Guiral.... Le ciel est couvert.......il pluvine.....Malgré l'absence de soif, je m'astreins à une consommation régulière de boisson énergétique et prend ma SPORTENINE à raison d'un comprimé par heure....
Je suis relativement bien préparé aux montées depuis que je réside dans les Alpes maritimes et ne rencontre pas de réelles difficultés dans l'ascension du ST GUIRAL.
Puis c'est la fameuse descente vers la DOURBIE..... véritable champ de patates.....à fort pourcentage.... je reconnais très bien ce passage où je me suis tordu la cheville droite en 2006..... Après cette belle et longue descente.... qui se termine par de belles pierres entrecoupées de parties boueuses..... nous atteignons le pont en bas du village de la DOURBIE.... je sais à ce moment que nous sommes à moins d'1 km du ravito de la DOURBIE.... pas les plus faciles..... car ce chemin étroit.....se termine par des pierres pavées...... et quelques marches....
Il y a nettement moins de monde que sur la grande course des Templiers mais les quelques rares spectateurs sont chaleureux....
Je suis en avance sur mon plan de route.... et Christelle n'est pas encore arrivée..... Je me ravitaille, complète ma poche à eau et la prévient par téléphone que je ne puis l'attendre de peur de me refroidir.... Je sais qu'une belle et longue montée m'attend jusqu'au sommet du Mont Aigoual..... J'ai commencé à attrappé de grosses courbatures au niveau du fessier et des ischios jambiers depuis le km 30 environ ..... je mets çà sur le dos de mon cuissard compressif ADIDAS mais l'absence de Chris ne me permets pas de changer de cuissard... Je vais devoir attendre Prat Peyrot au km 57.... et ces 17 km vont m'être un véritable calvaire.... je n'ai pas de jambes.... courbatures sur toute la chaîne postérieure.... je ne parviens pas à relancer sur ces interminables et monotones pistes forestières en faux plat permanent..... Je gère comme je peux.....m'aide au maximum de mes bâtons..... A ce stade de l'épreuve, je n'ai guère d'illusion de boucler la distance.... je suis dégouté par toutes ces heures d'entraînement qui ne semblent pas m'avoir évité toute cette souffrance....
Km 57: Prat Peyrot. Quelle délivrance lorsque j'aperçois Christelle courir vers moi, le sac à dos à la main.... je sais que je vais enfin pouvoir me changer et voir si ces douleurs sont le fait demon corsaire. Je m'abrite pour me changer le bas et je mets un cuissard court « x socks » basique..... Dès que j'ote le corsaire... c'est comme si on m'otait un véritable « garot »... je comprends à cet instant ce que peuvent ressentir les personnes qui ne supportent pas les manchons de compression.
Je mange du salé... complète ma poche à eau et part à l'ascension du mont Aigoual.... De cet endroit, le sommet n'est qu'à moins de 3 km......et moins de 300 m de D+....
Malheureusement, la tempête règne au sommet avec des rafales proches des 120 km/h... sur la route qui nous fait redescendre... le fort vent latéral me fait courir en « crabe ».... Je ne suis pas mécontent de retrouver quelques arbres qui ont le mérite de nous protéger de ces rafales lors de la descente....
Nous repassons à quelques mètres du ravito de PRAT PEYROT et c'est ensuite la longue descente vers CAMPRIEU au km 70. Le changement de cuissard commence à porter ses fruits.... Les douleurs s'estompent... je parviens semble-t-il à draîner ses toxines accumulées par une pression trop importante de mon ancien corsaire.... Ma montre (garmin 405) à ce moment me fait défaut... car j'oublie d'y brancher la pile lithium..... et je perds donc toute indication, le temps de son rechargement.
Km 70: CAMPRIEU. Comme à chaque fois, chris est là pour m'encourager et me soutenir avec Dove.... Le vent est frais... mais je suis plutôt bien à mon arrivée.... « t'as une bonne tête!!! » me dit-elle. A l'intérieur de la salle, j'ai la chair de poule et décide de changer le haut... J'enfile un sous vêtement à manches courtes ainsi qu'un gilet manches longues de la marque FALKE. Je ne m'éternise pas et part à l'assaut de TREVES qui m'attend au Km 87.
Je me sens de mieux en mieux... les sensations sont bonnes. Je gère très bien cette partie du parcours.... et je monte plutôt bien par rapport aux autres concurrents avec qui je fais « yoyo » depuis quelques temps.... On m'annonce au détour d'un lacet que je suis à cet instant 156ème. Je me fixe à cet instant l'objectif de ne plus perdre de place et de rester dans les 150....
Le profil de l'épreuve fournit par l'organisation est plutôt trompeur car les pentes sont plutôt raides avant d'entammer la célèbre descente sur TREVES.... je continue à m'alimenter et boire régulièrement... la forme est bonne....
Je me trouve plutôt frais sur le pont à l'arrivée de TREVES comme en atteste ces photos prises par chris....
Km 87: TREVES. A cet instant, je sais que ce n'est que du bonus car je n'ai jamais parcouru autant de km. Je me ravitaille et la fraicheur aidant, j'enfile ma veste technique NORTH FACE. Je sais qu'à la sortie de ce ravito... une belle ascension m'attend.... La météo se joue de moi car le soleil repointe son nez et j'ai très vite chaud.... je remise ma veste dans le sac à dos au bout de quelques hectomètres..... Je monte toujours aussi bien, régulier, rythmé.... j'y mets de la cadence et du coeur.... Je dépasse sur ce tronçon qui m'amène à REVENS de nombreux participants et je lâche à chacun d'eux un mot amical.... je me sens tellement bien... j'en ai presque honte.... C'est vraiment motivant de sentir qu'on a encore du jus et de doubler autant de concurents sur la deuxième moitié d'une épreuve.... je suis à ce moment récompensé de toutes ces heures d'entraînement et de sacrifices.....
Km 100: REVENS. Je parviens à ce ravito avecune pêche d'enfer... 100 km de trail.... du jamais vu pour moi..... je parviens toujours à courir dans les montées.....alors que je ne donnais pas cher de ma peau sur les pistes me conduisant à PRAT PEYROT quelques heures plus tôt.... Il fait encore jour et je cherche Chris et Dove partout mais ne les voit pas.... mon portable ne passe pas mais le public toujours aussi courtois me propose un téléphone.... j'apprends alors que Chris n'a pas osé s'engager sur les routes sinueuses menant à REVENS et m'attend à CANTOBRE. Je m'alimente.... prends des barres et gels MAXIM. Je remplis ma poche à eau complètement car je sais qu'il n'y a plus rien avant la ligne d'arrivée.... CANTOBRE n'étant qu'une barrière horaire contrairement à la Grande Course des templiers qui elle propose un ravito complet à cet endroit....
Je repars et j'ai toujours autant de bonnes sensations.... le profil fourni est là aussi plus que trompeur.... car la montée avant de redescendre sur CANTOBRE n'est pas piquée des vers... Les concurents me laissent passer car j'ai vraiment du jus en montée, aidé par mes bâtons... que j'utilise copieusement.....
Sur le plateau, la nuit tombe rapidement et je sors très vite ma frontale alors que d'autres coureurs semblent préférer courir le plus longtemps dans la pénombre.... çà m'offre l'avantage... de courir sereinement dans ces orniérages qui nous amènent à la célèbre descente sur CANTOBRE. Cette descente très technique est périlleuse et même dangereuse mais on a pas le choix.... il faut y aller... à cet instant je me dis que j'aurais préféré avoir cette partie de jour et les pistes forestières de nuit....
Ces gros blocs avalés... et les quelques ralentissements de coureurs dépassés... je parviens près d'une sorte de moulin où quelques bénévoles nous encouragent dans l'obscurité.... je ne vois pas ma femme ni mon fils... je me dis que la nuit a dû les dissuader de rester à cet endroit....
Je me lance à l'assaut du Roc Nantais par un célèbre passage qui nous fait escalader de gros blocs de pierre bien verts de mousse glissante avec le non moins célèbre passage sous le pont.... avec ces énormes marches de pierre à gravir... au sortir de ce pont.... je perds légèrement lé'équilibe entraîné par le dévers de la pente... tel un homme ivre.... çà a le mérite de faire les rares spectateurs présents à cet endroit.... J'apprendrais que plus tard que Chris y était avec Dove mais ne m'a pas reconnu dans l'obscurité car elle s'attendait à me voir vêtu d'une veste orange....
Je sais qu'il me reste 8 km jusqu'à l'arrivée.... La montée ne fait pas peur..... je monte toujours au rythme de mes bâtons.... me payant le luxe de relancer à chaque fois que la pente me le permet.... Les courants d'air commencent à se faire sentir, je sens que le sommet n'est pas loin.... c'est pas plus mal tout compte fait de monter dans le noir car au moins on ne voit pas ce qu'il reste à gravir... je continue à dépasser quelques concurrents isolés..... Au sommet, on aperçoit enfin le village de NANT illuminé.... et l'on devine la voix du speaker placé sur la ligne d'arrivée....çà sent l'écurie... je rejoins à cet instant un groupe de 4 coureurs.... voyant qu'ils ont un peu moins de jus , je leur demande si je peux passer ce qu'ils acceptent sans aucun souci... mais il m'a fallu demander....
J'entame alors ma descente au paradis.... mes jambes sont de plus en plus légères... les pierres quasi imperceptibles tellement ma joie est grande... le chemin se rétrécit.... je longe ce fameux mur que j'avais tant maudit en 2006 avec toutes ces pierres.... Il y a quelques spectateurs avancés à cet endroit.... l'un d'eux me lance « bravo...t'es dans les 100 mon gars... »... Je n'en reviens pas. J'étais bien ... je me sens encore mieux.... me me retourne et devine une frontale qui me talonne.... j'envoie le « nitro » comme dirait mon fils..... et ne m'arrêterait plus avant la ligne d'arrivée.... A mon entrée dans le cordon menant à la « finish line » je cherche Chris et Dove sans savoir qu'ils sont encore dans le froid à CANTOBRE..... attristé de ne pas les trouver je franchis la ligne à la 100ème place en 17h25' d'épreuve....saluant au passage le public juché de part et d'autre....
Je suis félicité à mon arrivée par AUVERMARC et d'autres kikous.....
Je préviens Chris de mon arrivée et elle me rejoint rapidement à la tente du ravito d'arrivée....
Je remercie particulièrement ma femme et mon fils Dove qui m'ont soutenu, bravant le froid et les intempéries... pendant de longues heures..... Cette réussite, je la leur dois... ils ont été ma motivation dans les moments diificiles de la première partie de course. Triste de n'avoir pu franchir la ligne avec eux.... je suis donc obligé d'y retourner dans 5 ans...
VERSION avec photos http://joseszlo.over-blog.com/article-templiers-endurance-trail-2009-le-recit-38291198.html
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10 commentaires
Commentaire de laurent05 posté le 28-10-2009 à 09:06:00
bravo josé pour ta course
ça a du bon le corsaire Adidas pour te freiner en
début de course et garder des forces pour la suite.
bonne récup
à bientôt
laurent
Commentaire de mic31 posté le 28-10-2009 à 14:43:00
Très belle course et quel plaisir de finir frais en reprenant plein de monde.
Sur qu avoir quelqu un qui t encourage tout le long booste bien.
Désolé pour le gag des frites sur les Templiers ;-)
A une prochaine fois,
Michel
Commentaire de eric41 posté le 28-10-2009 à 14:57:00
Belle gestion José,bravo.
Finir un ultra comme cela doit être jouissif.
Félicitations à ta famille.Cà c'est super un soutien comme cela.
Eric
Commentaire de Françoise 84 posté le 28-10-2009 à 16:36:00
Super, bravo José! Je suis vraiment heureuse que ça se soit si bien passé pour toi (à part quelques "ratés" dans les RV avec ton fan club...!!!). Dommage de ne pas t'avoir croisé samedi (je papotais avec Joy et DéB juste en face quand tu t'es arrêté au café ...). Bonne récup, bises à vous deux!
Commentaire de Joe One posté le 28-10-2009 à 17:12:00
MERCI LES KIKOUS POUR VOS ENCOURAGEMENTS
Commentaire de Fredy posté le 28-10-2009 à 17:38:00
Bravo, finir un ultra comme çà moi je signe tout de suite ;-)
Félicitations, car tu as surement du en avaler du D+ pour être dans un état de forme comme çà.
Au plaisir.
Commentaire de dave76 posté le 29-10-2009 à 18:52:00
superbe recit
et bravo pour ta course
j'ai eu le plaisir de te rencontrer ainsi que chris
au salon et partager le repas du dimanche soir a vos cotes
au plaisir de vous revoir sur une autre aventure
a de comme ont che nous dans le nordddddd
a+dave76
Commentaire de Mustang posté le 29-10-2009 à 21:48:00
récit passionnant! quelle belle victoire sur toi-même!!bravo
Commentaire de CROCS-MAN posté le 01-11-2009 à 13:28:00
BRAVO JOSE, une super course. Content que tu ais terminé super bien cet ultra.J'espère que l'on se verra à Nice.
Commentaire de Arno_SMAG posté le 01-11-2009 à 17:56:00
Bravo pour ta course. Dommage que tu ais souffert jusqu'à Pra Peyrot.
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