Récit de la course : Ultra Trail de Madère 2008, par golum

L'auteur : golum

La course : Ultra Trail de Madère

Date : 20/9/2008

Lieu : fuchal (Portugal)

Affichage : 3127 vues

Distance : 65km

Objectif : Pas d'objectif

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Ultra Trail de Madère 2008

 

Tout à commencé au mois de novembre 2007 avec un nouveau post sur Kikourou et Ufo  d’un certain José Mouthino (nouveau kikou Portugais :o) ) qui présentait  un trail avec des photos magnifiques :

 http://www.kikourou.net/forum/viewtopic.php?t=5342&postdays=0&postorder=asc&start=0

Quelques mois plus tard après avoir échangé 2/3 mail avec l’organisation et organisé un peu mon boulot pour être tranquille une petite semaine je me retrouve un jeudi soir à Madère sur la plage de Machico sous un soleil magnifique et me demandant bien pourquoi certains ont choisi d’aller faire une rando – ballade autour du Mont Blanc au lieu de m’accompagner ici. :O) (surtout pour l’Italien qui se reconnaitra)

 

 

Mais, j’ai tout de même réussi à venir avec une bonne crève qui me suit depuis une semaine et dont je n’arrive pas à me séparer. Je me dis qu’après 100km sur cette ile magnifique ça ira nettement mieux et qu’au moins je serais guéri à l’arrivée. En attendant je file au supermercado local m’acheter 3 boites de mouchoir (Hé, oui, je ne suis pas encore en course et ça fait pas trop sérieux de se moucher avec les doigts au restau …)

 Après un AABTS (Appel A Bouffer Tout Seul), dans un petit restau sympa devant la mer, je peux admirer les autochtones locaux terriblement affutés à l'entrainement.

 

Je retourne à l’hôtel qui se trouve à 300m en me disant que ça commence plutôt pas mal. Hormis ma crève, je suis assez bien entraine (pour une fois) et content d’être la pour pouvoir profiter des paysages magnifiques qui m’attendent.

 

Vendredi matin, je file au retrait des dossards à 500m  à l’hôtel Whitewaters qui sert de QG à l’organisation. L’accueil est vraiment sympa, je commence à discuter avec quelques Portugais et Espagnols, en semi Anglais-Français :o)...  Pas de certificat médical à présenter, mais une décharge de responsabilité auprès de l’organisation en anglais que je lis rapidement (risk of death … Tiens koik’est-ce ??) Après avoir signé le fameux papier, je récupère mon super gobelet genre UTMB, mais avec une anse qui ira directement au fond de ma valise pour être remplacé par la « tasse pliante Raidlight ».  Je laisse un dépôt de 30€ pour récupérer ma puce de pointage et après avoir papoté un peu, je rentre à l’hôtel pour la grosse journée prépa.

P’tite assiette de pates en terrasse, grosse sieste et ballade au bout de l’ile pour envoyer 2/3 photos aux kikous qui bossent

 

 

Après un dernier petit repas d’avant course, je termine de boucler mon camel, j’agrafe la photo de Lolo à l’arrière en me disant que je prendrais une belle photo au sommet de l’ile pour lui rendre un petit hommage. (Désolé Lolo, mais c’était vraiment impossible). Je prépare enfin le sac intermédiaire qui sera disponible au 65eme kilométré avec un équipement de rechange complet, quelques barres et un tube de NOK, je règle le téléphone de l’hôtel et le mien sur 3H00. Hé oui rendez vous à 4h00 prés de l’hôtel pour traverser l’ile en bus et être prêt à 6h30 pour le départ.

 

3h00 réveil qui sonne (Pff quelle idée de se lever à cette heure). Ça va, plutôt en forme, je termine le sac (jamais fini ces sacs de course), je grignote 4/5 tranches de pains d’épice, 2/3 napolitains que j’ai honteusement piqué à mes filles, je rempli la poche à eau de boisson énergétique et je file au départ du bus. Tiens il pleut un peu, mais la température est agréable dans les 20° C.

 

La traversée de l’Ile est assez longue et dure 2h00, j’en profite pour grignoter encore quelques tranches de pains d’épice et vider 2 paquets de mouchoirs (vivement la course).

 

6h15 l’arche se met en place et la pluie aussi, tout le mode part s’abriter contre les murs du sémaphore de Ponta do Pargo, l’ambiance est spéciale avec la grosse lentille du phare toute proche qui éclaire par intermittence le groupe de coureurs d’une lumière orangée.

J’initialise ma puce dans le lecteur à l’entrée du sas, la pluie s’est un peu calmée, super !! La pression monte un peu, mais bon, je suis venu pour me faire plaisir et profiter des paysages.

 6h30 précise, yes, c’est parti, on attaque par 3km de route, mais ça monte tout de suite, au bout de 20 minutes on atteint le brouillard, un brouillard épais et humide, pas très agréable. Je suis les frontales et les bandes réfléchissantes des concurrents devant moi.  On atteint les petits chemins, le brouillard se lève un peu (pour 10 minutes)

 

puis s’intensifie de plus en plus, la colonne des coureurs s’étire, ça monte fort, je vois les coureurs qui s’éloignent devant moi, puis je me retrouve rapidement seul.

 

 

J’entends des voix en Portugais ou Espagnol dans le brouillard, mais je n’arrive pas savoir de quel coté elles proviennent, enfin le chemin est tout droit dans la cote et il n’y a pas de possibilité d’erreur…. Je suis bien, j’avance en marchant rapidement jusqu’a un croisement : 2 chemins à droite qui descendent, 1 à gauche qui monte et rien pas un soupçon de rubalise…

 J’avance sur 20 m dans les 2 chemins de droite, rien, je monte à gauche, rien… Je commence à me dire que c’est pas trop sérieux après 1H00 de course. En redescendant du chemin, je vois un point blanc dans les buissons, Yes… un bout de rubalise (en fait juste le nœud, comme si on avait arraché la rubalise en tirant dessus), j’attrape le bout de rubalise, le plastique est sec et casse dans mes doigts comme une vieille feuille…

Je me dis que si certains arrachent les rubalises et qu’en plus la qualité du plastique et lamentable on est mal barré, quoi qu’il en soit, je pars dans le chemin qui monte, ce qui me parrait normal vu le profil du début de course.

Ça monte et ça monte…  la piste s’élargie, et la nuit se lève doucement (mais pas le brouillard), je ne vois toujours pas plus de rubalise, mais comme il n’y a que ce chemin je ne m’inquiète pas. A un moment j’entends des voix à l’arrière, ce qui me conforte sur le choix de la piste.

Après une bonne vingtaine de minutes sans rubalises, je commence à comprendre qu’il y a vraiment un souci. 7h30 du mat paumé dans les chemins de Madère dans le brouillard, je le vois mal barré pour la fin de course….. J’avance encore un peu jusqu'à un carrefour, ou je trouve enfin de la compagnie

 

Mais, point de rubalise, ni de coureurs. Bon au moins c’est clair maintenant, demi-tour en espérant retrouver le chemin d’origine. Au bout d’un km, je vois une dizaine de coureurs qui montent vers moi. Arghhh, j’étais sur la bonne route ?? Non, je suis rassuré, ils sont perdu aussi mais me disent qu’on est perdu depuis bien longtemps et que c’est trop long de faire demi tour. Je me joins donc à leur groupe et retour vers les vaches.

Au carrefour un espagnol qui semble maitriser l’orientation décide de descendre sur la droite, nous suivons. 300m plus bas on rencontre 3 coureurs qui montent et qui sont certains que le chemin n’est pas bon. Hop demi-tour, bonjour les vaches…

D’un coup, j’entends quelqu’un qui m’appelle ?? Christophe ?? Je me retourne, tiens un dossard Français. Je rencontre donc Emmanuel E.T sur Kikourou dans un groupe de coureurs perdus dans le brouillard « au lieu dit de la vache tranquille » :O…

Au moins si on ne termine pas cette fichue course on pourra discuter…. Pendant ce temps ça parlemente dur dans le groupe des perdus, on est rejoint pas 4 Portugais qui redescendent d’un chemin et qui on pu joindre l’organisation par téléphone, mais ne sont sur de rien. En attendant les décisions, quelques coureurs me parlent, mais dés que je dis Français on voit qu’on est un peu mal parti pour échanger.

 

Ca y est ça bouge, le groupe des perdus repart sur le premier chemin d’où on est venu

 

puis au bout d’un km, après 2 minutes de discussion, on plonge sur une petite piste qui descend dans le brouillard ; et la ça avance, le rythme est assez rapide, on doit être entre 11 et 12km/h … Ho doucement les gars ; il reste 90 bornes. Mais c’est vrai qu’il y a la première barrière horaire à ne pas rater, du moins si on arrive à retrouver le tracé.

 

               Après un beau morceau de descente, on remonte une piste large et soudain plein de rubalises…. Merci les gars, super boulot… C’est bête un coureur, on est heureux rien qu’en voyant un bout de rubalise dans le brouillard. Je me rends compte que finalement le trajet est assez bien balisé et qu’on a du se perdre vraiment tôt après avoir attaqué les chemins (ça m’apprendra à suivre bêtement).

Ce n’est pas tout mais maintenant faut rejoindre le CP1 prévu à 13km et 825D+,  avec ces petits détours j'ai déjà plus de 1200D+ au polar, mais bon, la piste en sous bois et large et assez plate.

J’en profite un peu pour discuter avec Emmanuel, qui n’était pas sur de venir en raison de soucis au pied, mais qui s’est finalement décidé, Super 2 Français sur la coursette. 18km on arrive enfin au CP1, après 5km et 400mD+ de rab (bien faut bien profiter, quoi ..) le brouillard se lève (attention, un peu seulement, on arrive à voir à 100m) je sors ma tasse, je bois 2 verres de boisson énergétique, j’enlève le coupe vent,  la frontale et hop, c’est repartit. Ca fait du bien de se retrouver sur la course comme tout le monde et plus en train de jardiner parmi les vaches.

 La portion entre le CP1 et CP2 est assez agréable sur une large piste encombrée de … VACHES, bien sur et bordée de … BROUILLARD. :o) . On aperçoit quand même sur les bas coté la végétation luxuriante et les eucalyptus immenses avec leur écorce qui se détache.

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CP2 même topo que CP1, je repars rapidement, la pluie recommence à tomber fortement mais j’ai la flemme de ressortir le coupe vent, allez de toute façon en 80 bornes ça aura bien te temps de sécher. La piste large se transforme en joli petit mono trace bordé de buissons « a sorcières » tout biscornus et sans feuilles.

 

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 Je fais attention car les chemins sont encombrés de fougères couchées dans lesquelles il est facile de s’accrocher les pieds. Par 2 fois, je risque de chuter en mettant le pied gauche sous les tiges de fougères et le droit au dessus, je tire fortement sur mes jambes pour me dégager. Quelques mètres plus tard, mon polar sonne… Je regarde « check Sensor », je suis pris d’un doute et jette un œil sur ma chaussure … Yes Bravo j’ai accrochée mon accéléromètre dans les fougères et shooté dedans… demi tour, je croise 2 Portugais et leur demande très clairement en Espagnol « Have’ you see a Polar » en montrant ma montre et mon pied. Il réussissent à comprendre mais n’ont rien vu du tout.. Je parcours 100m et je me rends à l’évidence, va falloir courir plus léger avec 80g d’accéléromètre en moins.

Je repars, un doute me prends, la crève, l’erreur sur le parcours, le Polar…. Si, ça c’est pas un signe de Maraboutage, en plus ce week end, il y avait bien une réunion de gens peu fréquentables en France autour du grand maitre à Crest, et le Castor m’a bien dit qu’ils ont bien pensé à moi.

 Après ces grandes réflexions, je continue, en essayant de calculer le temps entre les ravitos, vu que maintenant pour connaitre  la distance c’est un peu mal parti.  Le parcours est quand même sympa, j’essai de prendre 2/3 photos entre les nappes de brouillard. La pluie tombe toujours, je double quelques coureurs mais je commence à être bien trempé. Aprés une nouvelle partie en sous bois, on commence à longer les fameux canaux d’irrigation « Levada ».

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Arrive enfin le CP3 (28km) sous une pluie battante, le poste de ravitaillement est sous un petit abri, j’y retrouve Emmanuel, je suis pointé à la 70éme place, bon on a au moins rattrapé notre retard du aux erreurs de parcours. Les ravitos principaux sont bien fournis avec du sucré du salé, je mange un peu. Dés que je m’arrête je commence à sentir le froid, je ne m’éternise pas au ravito. Je renfile mon coupe vent trempé sur mon tee shirt trempé et je pars rapidement sur une belle piste en sous bois, le brouillard est toujours présent et on ne profite pas tellement de l’environnement.

Je me sens néanmoins toujours en bonne forme, j’arrive à accélérer et rattrape et double quelques coureurs plus lents ou qui sont en train de marcher. La pluie tombe toujours et s’intensifie, pour rejoindre le CP4 éloigné de 8km nous empruntons un petit monotrace rocailleux  et bien pentu qui serpente à flan de colline. Rapidement ce sentier se transforme en petit ruisseau, qui grossi de plus en plus avec la pluie qui redouble, le vent se lève et je me mets à rigoler tout seul.

L’eau boueuse recouvre totalement mes chaussures, la pluie est tellement forte que les petites pierres du chemin sont emportées par l’eau qui ruisselle et passent sur mes pieds. Je lève la tête et me dit : C’est bon tu as le temps d’être trempé… je vois au sommet de la colline perdu dans le brouillard une partie du chemin que j’arpente depuis un moment et qui me semble encore bien loin.

Arrivé en haut je m’abrite de la pluie derrière un muret, je vidange mes manches en tirant chaque élastique au poignet,  j’avais bien de quoi remplir mon Eco-tasse dans chaque manche. J’en profite pour appeler Michèle, je coupe au bout de 10 secondes, le vent souffle tellement fort en rafales qu’il est impossible de s’entendre. Désolé pour les photos sur cette portion, mais il était totalement impossible de sortir l’appareil qui même enroulé dans son étui et dans un sac plastique était déjà bien trempé.

Je ne m’éternise pas et repars le long d’un petit canal d’irrigation dans un chemin recouvert d’eau boueuse Le CP4 (36km) n’est plus très loin. La pluie diminue un peu le brouillard se lève. 

Après un arrêt rapide au CP4, je pointe 55éme, content, j’attaque une belle partie du parcours toujours le long d’un « LEVADA »

Le canal quitte la plaine et commence à serpenter à flan de colline, puis à flan de montagne. Je suis un peu surpris au début par la faible largeur du muret et la présence du vide à coté, mais rapidement je recommence à courir en restant quand même vigilant. Les premiers ont du passer à plus 15km/h sur ces portions. Là pluie cesse, les nuages se lèvent, je découvre le paysage petit à petit et rien que pour ces moments je suis content d’être venu sur ce trail.

 
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J’arrive à l’entrée d’un premier tunnel d’irrigation qui doit mesurer 2,5km de long. J’attrape ma frontale prend 2/3 photos de l’entrée et des bestioles bizarres du genre araignées crabes qui pendouillent au plafond (Je rigole tout seul en me disant que ça ferait un bon ravitaillement de Castor, plein de protéines). La piste n’est pas très large, et le canal d’irrigation occupe une bonne moitié de la largeur du tunnel. La hauteur étant limitée aussi, je décide de rester prudent et de marcher rapidement au lieu de courir. J’aperçois à l’extrémité du canal la lumière du jour comme une tête d’épingle.

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Arrivé de l’autre coté le canal plonge dans la vallée à flan de montagne, la vue est impressionnante.

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Je suis en forme et repart en courant sur cette partie. Après un deuxième passage de tunnel (toujours avec des protéines  spéciales Castor mais végétales cette fois ci) ? Je baisse un peu la tête et traverse le tunnel rapidement.

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La deuxiéme sortie de tunnel est encore plus vertiginuese que la premiére.
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Quelque km de Levada plus tard j’arrive au CP5 (47 km), je lis les sms des amis (merci à tous). Après avoir fait le plein de la poche, mangé une petite soupe de pates au poulet et quelques fruits séchés, je m’apprête à repartir quand j’ai un appel de Manu, on discute 2 minutes, à ce moment là, je me sens vraiment bien et j’ai la fin de la course dans les jambes et dans la tête.

Je repars pour le gros morceau 1500 m de D+ principalement sous forme d’escaliers.

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La pluie reprends dés ma sortie du ravito, j’attaque donc mes escaliers qui montent, qui montent et qui descendent, mais pour mieux remonter, j’ai un rythme assez rapide, pendant 1h30, je ne vois aucun coureur, mais malheureusement aucun paysage, vue que le brouillard et redevenu bien dense.

Je m’arrête un peu pour manger quelques barres et boire tranquillement, mais j’ai du mal à repartir, mon polar me donne déjà plus de 1400m de D+ depuis le dernier ravito alors que d’après l’organisation il y avait juste 1175m de D+ entre les ravitos. Je repars nettement moins vite, je suis rattrapé et dépassé par une dizaine de coureurs. Je commence à avoir vraiment froid et le brouillard devient épais. Cette partie me parait très longue, je ne vois rien, hormis les 10 marches d’escaliers devant mes pieds.

J’arrive enfin au CP6 (59km) je suis frigorifié, je tremble des pieds à la tête, j’enlève mon coupe vent trempé, je prends un thé chaud et je m’assoie dans un coin de la salle. Rien à faire, je ne parviens pas à me réchauffer, je me brule les mains avec mon thé tellement je tremble. Je vois d’autres coureurs qui enlèvent leur tee shirt trempé, pour enfiler du sec et du chaud. Hé oui, mais moi, j’ai rien dans le sac… Je commence à avoir quelques doutes sur la fin de l’histoire. Je reprends un thé chaud, je me sens un peu mieux, j’ai toujours froid, mais comme de toute façon, je ne peux pas arrêter ici, je repars rapidement.

 Le temps est affreux, brouillard, pluie et vent… Je pars rapidement, la piste descend et rapidement les conditions climatiques changent, la pluie diminue, le vent cesse, au bout de trente minute j’ai presque chaud.

 

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La confiance revient, je recommence à courir, musculairement je me sens toujours pas mal. 6 km séparent le CP6 (Pico Ruivo 1780m) et le CP7 (Pico do Areeiro) je me dis qu’en une grosse heure ça devrait être bouclé. Eh oui, je me dis n’importe quoi, j’ai oublié qu’il y à 465mD- et 490mD+ autant dire 6km d’escalier.

 

Dés que la piste commence à reprendre de la hauteur, je retrouve les conditions du Pico Ruivo (CP6), mais avec en plus la nuit qui tombe. J’ai l’impression d’être à la pointe du raz par jour de tempête, je dois parfois me rattraper au garde corps le long du chemin car les bourrasques de  vent me font faire des écarts important sur un chemin qui n’est pas bien large. Le brouillard et la nuit font que j’ai une visibilité de maxi de 5 à 10m. J’essaie de rigoler un peu en me disant que venir à Madère pour avoir un temps aussi pourri c’est vraiment dommage, j’aurais mieux fait d’aller faire une montée du grand Mole chez Manu ou d’organiser un 2éme Off du Pilat.

A un moment J’entends un fort craquement et je vois quelques pierres qui se sont détachées de la paroi rouler devant moi. Allez, il ne manquait plus qu’un éboulement, j’accélère et je commence sérieusement à ne plus me faire plaisir du tout et je suis de nouveau frigorifié et trempé.

Je me dis à 2/3 reprise qu’au niveau sécurité on est quand même limite, limite. Je retournerais d’ailleurs au Pico do Aireeiro le lundi avant mon retour en France pour prendre quelques photos du parcours dans des meilleurs conditions

Les photos ci dessous ont été prises le surlendemain de la course

 

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Je peux enfin lire le panneau d'avertissement au sommet du Pic :

Randonnées sous la responsabilité des pratiquants

Ne jamais partir seul

En cas de pluie ou d’orage rejoindre un abri ou faire demi -tour.

Ne jamais s’aventurer sur les chemins de nuit.

Vaut mieux en sourire après…

Je sais aussi qu’il reste une partie de 3km après le CP 10 qui est indiquée comme très dangereuse par l’organisation, je me demande bien que peut-on avoir de pire vu ces conditions ?

La réponse ci dessous en photo par beau temps ....

 

Et voila à peu prés ce que j'ai pu apprécier en course sur cette portion

Après 2 heures j’arrive à un croisement sur une crête, avec la pluie, la nuit et le brouillard, je ne vois rien, pas de balises. J’essaie ‘éclairer un peu plus loin avec ma frontale, mais ça ne donne pas grand-chose. J’entends taper dans des mains et crier en portugais, j’avance vers le bruit. En fait j’étais arrivé devant le CP, mais je ne voyais rien et les bénévoles voyant les frontales sortaient guider les coureurs.  J’avance vers le bénévole qui rentre en courant avec ses gants, sa doudoune et son bonnet se réchauffer dans le grand refuge qui sert de ravitaillement.

 

Je ne réfléchi pas, je file prendre mon sac de rechange. Je tremble de froid de tout mon corps. Mes pieds qui ont trempé dans l’eau depuis 12h00 ressemblent à ceux d’un V6 ou V7 qui à passé 3 jours dans sa baignoire… Comme j’ai oublié ma serviette, je m’essuie rapidement avec mon tee shirt trempé, je change caleçon, cuissard, j’enfile un tee shirt manche courte + un manche longue. Une couche de NOK sur les pieds du papy, une paire de chaussettes sèches qui le resteront 20 secondes tellement mes chaussures sont gorgées d’eau.

J’ai toujours aussi froid, le refuge est vaste, mais pas chauffé, il doit y faire dans les 10°C. Je vais récupérer un bol de soupe pour me réchauffer, je bois un thé avec lequel je me brule à nouveau les mains à cause des tremblements que je n’arrive pas à arrêter. Je renfile mon coupe vent qui est bien égoutté.

Et après, ben…. faut réfléchir maintenant, j’ai mes filles, Michèle et Manu au téléphone, je dis à tout le monde que je vais voir ce que je fais, voir si je me réchauffe….

Je me pose les questions qui vont bien :

Pourquoi t’es venu ici ?  -> Pour me faire plaisir

 Tu te fais plaisir -> Non, plus maintenant

 T’as froid ? -> Oui

 Un peu froid ? -> Non beaucoup, je suis frigorifié

 Il reste que 35 bornes de descente faignasse -> M’en fout, j’ai froid et il pleut et il y à 2000m D- et une encore partie du parcours limite, limite vu les conditions

T’es encore à plus d’une heure et demi de la barrière horaire -> Ben, on va attendre….

Dis le que tu veux arrêter ? -> Ben, heu…..

Qu’est ce qu’ils vont dire les amis ? -> M’en fout ils arrêtent tout le temps aussi :o)…. Merci à tous… 

 

Après ces grandes réflexions en tremblotant sur ma chaise, je me lève, et je me dirige vers l’entrée. Le bénévole en doudoune se pousse pour me laisser sortir et je fais 3 pas dehors. Merci, c’est tout bon, j’ai l’impression qu’il fait -10 et qu’un ouragan se prépare… Je rentre j’appelle Michèle et je lui dis que c’est fini pour moi. Je rends le dossard à l’organisation, je passe un p’tit sms aux amis qui me suivaient.

 

Je me rassois dans un coin avec un nouveau thé, mais je n’arrive vraiment pas à me réchauffer, je serais raccompagné à minuit à Machico, par les bénévoles, avec un petit pincement au cœur en dépassant des concurrents sur des portions de route…

 

Donc un bilan, plutôt mitigé, pour moi pour cette première édition. Organisation sympa et efficace, balisage correct sauf pour les idiots qui suivent les autres. Le parcours est vraiment sympa, mais il faut être sur d’avoir des conditions climatiques clémentes pour vraiment en profiter.

 

19 commentaires

Commentaire de Estive 73 posté le 01-10-2008 à 21:02:00

Génial Christophe !
Trail tropical ou quelque chose comme ça ?!
ça valait le coup de faire un CR !
Merci
Dominique

Commentaire de Khanardô posté le 01-10-2008 à 21:27:00

Pu...ain de récit...
Quelle course, quelle ambiance !
Dis-voir, les photos sont magnifiques, les paysages sont... bref, quel beau trail.
Ca donne envie, et en même temps... ça impressionne. Les sentiers du Mont Blanc me paraissent sommes toutes plus accessibles !
Merci Christophe !

Commentaire de akunamatata posté le 01-10-2008 à 22:45:00

urk! les photos sans brouillard parlent d'elles memes, et dire qu'on pensait a toi dans des conditions terrible a beauchastel ;))
je comprends tout a fait ton choix dans le refuge! merci pour toutes les photos Miam Miam ;))

Commentaire de BENIBENI posté le 01-10-2008 à 23:54:00

L'endroit est magnifique ! Par contre fallait se casser la gueule ! Bon tu me raconteras ça à la Sainté !

Commentaire de NoNo l'esc@rgot posté le 02-10-2008 à 00:42:00

Ooops... Je comprends mieux maintenant ton SMS...
Les conditions étaient effectivement terribles !
Bravo d'avoir tenu le coup si longtemps, et surtout
merci pour les magnifiques photos... sous le soleil !
RV à l'AAB de la Sainté ! ;-))

bises - l'esc@rgot

Commentaire de Gazel posté le 02-10-2008 à 00:45:00

excellent! Merci d'avoir pris la plume et ramené plein de photos au péril de ta santé. En fait, ça c'est des vraies cretes qui impréssionnent déjà en photo, alors quand on est dessus, cela doit calmer les ardeurs de courir à fond et la nuit :)

Je comprends mieux que les pommes à St Martin t'ont paru plus reposantes; à bientôt

Commentaire de L'Castor Junior posté le 02-10-2008 à 01:04:00

Et dire que j'ai failli un moment partir là-bas avec un loser frigorifié... :p
Merci Christophe pour ce CR hallucinant d'une course qui ne l'est pas moins.
Je veux bien t'y accompagner l'an prochain, à la condition que tu passes devant dans les tunnels : j'ai trop peur des araignées ;-))

L'Castor Junior_c'est_vrai_qu'on_a_bien_pensé_à_toi...

Commentaire de agnès78 posté le 02-10-2008 à 08:29:00

quelle course christophe. Perso, je me demande comment tu as fait pour tenir jusqu'au refuge! Merci pour l'humour de ton récit Le : "J’avance encore un peu jusqu'à un carrefour, ou je trouve enfin de la compagnie..." et la photo qui suit m'ont bien fait rire! Même si je l'avoue la situation sur le coup devait plutôt être angoissante... Merci pour les photos magnifiques. Merci de nous avoir fait partager cette aventure. Ne sois pas trop déçu, c'était vraiment super difficile.
Bises

Commentaire de rapace74 posté le 02-10-2008 à 09:49:00

super CR christophe !!! les photos sont exactement comme tu me l'avais dit au téléphone!!!
dommage pour le temps de merde mais qui sait on aura p-e grand beau l'année prochaine ....;-)))))))
manu

Commentaire de Jerome_I posté le 02-10-2008 à 17:32:00

Et bien quelle course, je pense que tu as pris la bonne décision, sans envie, sans plaisir, cela ne sert pas à grand chose de pousser... Enfin quelques commentaires:
"emandant bien pourquoi certains ont choisi d’aller faire une rando – ballade autour du Mont Blanc au lieu de m’accompagner ici. :O) (surtout pour l’Italien qui se reconnaitra)" -> Tu parles de qui en particulier? ;-)

"Je repars, un doute me prends, la crève, l’erreur sur le parcours, le Polar…. Si, ça c’est pas un signe de Maraboutage, en plus ce week end, il y avait bien une réunion de gens peu fréquentables en France autour du grand maitre à Crest, et le Castor m’a bien dit qu’ils ont bien pensé à moi." -> si tu as besoin de la poupée pour un coup de maraboutage, je peux te la preter, ca fonctionne bien alors!

"Qu’est ce qu’ils vont dire les amis ? -> M’en fout ils arrêtent tout le temps aussi :o)…. Merci à tous… " -> Bienvenu dans mon équipe ;-))

Allé à Vendredi pour la course de l'année

Jérome

Commentaire de béné38 posté le 02-10-2008 à 23:23:00

Superbe récit Christophe qui relate bien les conditions difficiles. C'est vrai que quand on se prend un orage on sait que ça va passer, mais quand c'est en continu,pfff... Nous aussi on a bien pensé à toi en Ardèche ;-)

Commentaire de eric41 posté le 08-10-2008 à 15:45:00

Dommage ce temps de m.. Christophe.
Cà a l'air somptueux.
Merci pour ce CR.
Eric

Commentaire de tooom posté le 08-10-2008 à 17:16:00

bravo d'avoir tenu aussi longtemps dans de telles conditions. Les photos sont superbes, tres aeriens le parcours... moi qui pensait le tenter l'an prochain avec mon vertige ca risque de pas le faire du tout :-(

Commentaire de the dude posté le 18-10-2008 à 13:49:00

P****n carrement impressionant!!!

J'avais salivé en voyant le post qui faisait de la "pub" pour ce trail, mais dans les conditions ou tu l'as fait c'est vraiment hallucinant voir meme flippant.

En tout cas les paysages sont touours somptueux et par beau temps ca doit etre extraordinaire, mais de nuit et avec la pluie + les passages super vertigineux, chapeau d'etre allé aussi loin.

Commentaire de Tercan posté le 18-12-2008 à 07:35:00

Je l'avais loupé ce récit !!! Qu'il est beau, qu'il donne envi malgrés les péripéties :)
Je note ce trail dans ma tête pour les prochaines années !!!
Félicitations d'avoir tenu tout se temps avec ses conditions difficiles.

Commentaire de RogerRunner13 posté le 18-12-2008 à 09:56:00

J'avais raté ce récit et merci de nous avoir fait vivre avec temps d'émotions ce magnifique trail. Je connais un peu Madère et ses levada vertigineuses, mais quand j'y suis allé il faisait beau, mais par mauvais temps ça doit être très engoissant.

Commentaire de robin posté le 18-12-2008 à 16:27:00

Heureusement que jai ouvert le post du forum, je serai passé à côté d'un super CR !

Je trouve déjà tes photos prises sous le soleil bien impressionantes. Je n'ose imaginer être sur ces sentiers sous les condtions météo que tu as vécu.

Chapeau bas !

Commentaire de fulgurex posté le 18-12-2008 à 22:39:00

bravo pour l'exploit et merci pour ce super CR trés plaisant à lire.
Si on instaurait le "prix Kikour" de littérature, je voterais pour toi!

ça donne envie de le tenter...

Commentaire de jpoggio posté le 06-01-2013 à 20:57:25

Ah, ben oui, il m'a fallu plus de quatre ans pour lire ce récit, mais voilà : je rentre juste de Madère, où j'ai traîné quelques jours pour bien commencer l'année, et j'ai constaté que c'était une mine à trails de oufs.
(Je songe à compter certaines visites de Funchal comme sorties de D+, je recommande celle du Jardin Botanique à pied à partir de la vieille ville : 300mD+ en 2km, pleine pente...)
Ce super récit en est une belle confirmation !

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