L'auteur : DidierC
La course : Annecime
Date : 3/5/2008
Lieu : Annecy (Haute-Savoie)
Affichage : 4564 vues
Distance : 80km
Objectif : Pas d'objectif
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Lorsque j’arrive à Annecy, à 2h45 du matin ce samedi 3 mai, on ne peut pas dire que ce soit l’euphorie. Tout d’abord parce que – fait inhabituel pour moi avant une course- j’ai mal dormi les deux dernières nuits. 2h cette dernière nuit, et 5 heures celle d’avant. Bref, je suis légèrement dans le coltar… ensuite parce que je ne me sens guère en jambes, limite nauséeux alors qu’on est même pas parti… moral moyen donc.
Cela dit, ça va déjà nettement mieux lorsque je rencontre une floppée de kikoureurs au départ, dont rapace74,rapacette qui va le suivre tout au long de la course, Sarajevo dont je fais la connaissance, et quelques autres dont j’ai hélas oublié le nom…
Ambiance bizarre à ce départ: on croise des jeunes fêtards qui reviennent de boîte de nuit, soit un peu interloqués par notre accoutrement, soit totalement indifférents. 2 mondes qui s’ignorent un peu…
départ à 3h30. petit tour sur le Pâquier, puis on attaque la pente. La première montée est très longue, 20kms environ et 1300m de D+. Je pars prudemment, je laisse filer Manu(rapace74), je monte par contre à peu près au même rythme que Pierre (sarajevo). La pente est douce, pas de gros souci sur les deux premières heures. peu avant l’aube, j’ai la surprise de voir apparaître des névés, assez bas en altitude (1200m à peine). Du coup, je sors mes bâtons. Et là première mauvaise surprise: sur un de mes premiers appuis francs, j’en tord un à 45°. Je comprendrai vite que ces bâtons ultra lights de chez R……..T ne sont pas faits pour un bûcheron comme moi. Beaucoup trop flexibles, heureusement que je me sers de mes bâtons qu’en montée, j’ose même pas imaginer ce qui me serait arrivé sur un appui bien poussé en descente… Bref je maugrée un bon coup, heureusement le jour qui se lève me redonne le moral, d’autant plus qu’il nous gratifie d’un superbe lever de soleil sur le Mont-Blanc.
A 7h, j’arrive au crêt de Chatillon. Je suis bien et je profite du premier ravito, car je sais qu’ils sont rares sur cette course. Je m’avale quelques morceaux de tomme des bauges, délicieux!
seul souci, j’ai un échauffement à l’entrejambe qui commence à dégénérer, et quand je dis à l’entrejambe c’est pour ne pas dire au niveau des c…lles… enfin vous voyez ce que je veux dire. Or, j’ai oublié l’indispensable crème Nok !!! comme corps gras, je n’ai que… de la crème solaire !!! pas grave, j’en enduis la région en surchauffe, qui s’en portera bien mieux dès lors!! peu ragôutant comme passage j’en conviens, mais si un jour ça vous arrive vous saurez que ça peut dépanner.
J’attaque la descente vers le col de Leschaux. même si je décide d’en garder sous le pied, je ne peux pas m’empêcher d’attaquer un peu, il faut dire que j’adore les descentes et qu’autant je suis un boulet en montée, autant je vais pas trop mal lorsqu’il s’agit de dévaler…
Au col de Leschaux, on attaque une section de route d’environ 2kms. Je fais un peu de Cyrano, car je commence à me sentir un peu mou… comme d’habitude je commence à avoir du mal à m’alimenter, problème récurrent chez moi. je sais néanmoins que les gels passent mieux que le solide, j’en ai donc pris une bonne réserve.
2ème montée, dont je ne me rappelle plus le nom, assez raide, je monte lentement, je sens que je suis dans le dur. A ce moment le moral n’est pas terrible, on n’est qu’au km 27 environ et je me dis que la suite va être dure…
On redescend assez vite sur un petit village au coeur des bauges, qui s’appelle je crois Mont derrière, ça me fait rigoler, certes il m’en faut pas beaucoup mais bon on se remonte le moral comme on peut. Ce qui me fait moins rire, c’est qu’il y a des abrutis qui coupent les virages et passent en plein champ, bizarre de tenter de gagner quelques dizaines de mètres sur une course de 80 bornes…pas grave? peut-être mais c’est de la triche, et pas respectueux envers la nature… je ne sais pas si tous les coureurs sont conscients de la fragilité de l’écosystème montagnard…
La remontée sur le col de la frasse n’est pas dure en soi, mais je suis très moyen… je perds encore quelques places, ce qui est signe que je n’avance pas bien vite.
En haut du col en question, on passe une zone hyper boueuse. C’est très désagréable, on tient à peine debout. Je me lance quand même dans la descente à une allure correcte. Je double un coureur en train de vomir sur le bord du sentier, qui parle d’abandonner à Lathuile.
La descente sur lathuile, qui marque la fin de la première moitié de la course, est assez roulante. Je cours en continu, même si je me sens toujours assez faible. A un moment, j’entends du bruit derrière moi. Je me retourne car je me fais assez rarement doubler en descente. C’est en fait Sébastien Chaigneau et Thomas Véricel, partis 2h30 après le gros du peloton, qui m’ont rattrapé. Très sympas, ils m’encouragent. Je me rends compte que je pourrais les suivre, tout du moins en descente, mais il faudrait que je sois à fond, alors qu’ils ont l’air très faciles, et nettement en dedans. Impressionnant…à ce moment, je suis persuadé qu’ils sont les deux premiers de la course. Je serai surpris de lire plus tard qu’ils étaient en fait en chasse derrière un autre coureur, premier depuis le crêt de Chatillon. Pourtant je suis sûr de ne pas avoir été doublé par ce coureur… étrange
Arrivée à Lathuile, mi-course et ravitaillement. Je tombe sur Pierre(Sarajevo), qui m’annonce qu’il a mal au genou, et qu’il va peut-être abandonner. Il décide quand même de repartir, quelques minutes avant moi, et non sans avoir partagé avec moi une délicieuse salade de pâtes qui me requinque. J’y penserai pour l’UTMB, merci Pierre…
Suit une section de route assez désagréable entre Lathuile et Verthier. Mais bon pas moyen de l’éviter, il faut bien traverser la vallée… il commence à faire chaud , mais c’est supportable.
Après Verthier, on attaque le gros morceau: le col de la Forclaz et la suite vers un sommet dont je ne me rappelle plus le nom: 1200m de D+ d’une traite, pas ultra raide mais bien soutenu quand-même. Les premiers 500m se passent à peu près bien, quoiqu’à petit rythme. Mais à partir de là; grosse panne, la pire de la course. Je me trâine, peine à m’alimenter et à m’hydrater, m’arrête régulièrement: je sens que mon avance sur mon plan de marche fond comme neige au soleil… d’ailleurs, à propos de soleil, il tape de + en +. Au col de la Forclaz, je croise une dernière fois Pierre qui abandonne à cause de son genou, et qui encore une fois m’aide bien en me donnant ses gels: ça tombe bien car je commençais à plus avoir grand-chose.
Au-dessus du col, je suis à l’agonie. hypoglycémie… et en plus, je sens un bon début de tendinite derrière le genou gauche: je serre les dents et continue: je crois que l’idée de l’abandon ne m’a pas effleuré, je commence à progresser sur le plan mental.
Arrivé au sommet, je suis à la limite de la défaillance: ça tombe mal, car on passe une traversée un poil technique, ou la chute serait très dangereuse. On passe juste en face de la Tournette: c’est magnifique et ça me distrait de mes douleurs. Juste après la traversée en question, je m’asseois sur un rocher et fait le point avec mes orteils (pour ceux qui ont vu piège de cristal). ça ne va pas fort, mais je ne laisse pas le doute s’immiscer. 2 anti-infla pour la tendinite (je sais c’est pas raisonnable mais tant pis), 3 gels coup sur coup pour la recharge calorique (+ça va, moins je trouve ça dégueulasse, je vais finir par y prendre goût!).
Très vite, je sens que ça va mieux. Je sais qu’il reste 2 montées et 2 descentes, dont l’une est annoncée terrible. J’attaque la montée sur les dents de Lanfon: ça va de mieux en mieux. Certes, ma vitesse ascensionnele reste très modeste ,mais au moins je ne m’arrête plus et regagne même quelques places. Au sommet, on passe un gigantesque champ de neige en faux plat descendant. J’alterne course et marche, ça va pas trop mal. Au pied des Dents de Lanfon, on attaque la fameuse descente “avec 250m de cordes fixes” dixit l’organisation.
Très vite, je sens que je vais bien l’aimer, celle là. Je cours, assez vite, ne touche pas aux cordes, et je double régulièrement des concurrents, une trentaine en tout dans la descente. En regardant ma montre, je me rends compte que, alors que j’étais parti sur l’objectif de 18h, les 17h sont jouables, voire mieux.
Arrivé à Bluffy, dernier ravito, je m’arrête à peine, grave erreur: dès que ça remonte sur le Mont Veyrier, j’ai de nouveau les jambes en coton et les nausées réapparraissent… je m’accroche cependant, et arrive à peu près à suivre le rythme. je connais cette partie car on l’a faite (sous la neige) en off avec toute une bande de kikoureurs un mois avant, cela me sert dans les moments de doute.
Au sommet, la vue est magnifique mais il faut regarder ses pieds, car le terrain est très piégeux et cassant. Après une traversée de crête interminable, j’attaque la descente à fond.
Arrivé sur le petit port, je sais qu’il ne me reste que 2km de plat. Ils sont durs, mais je fait l’effort de tout faire en courant. Je croise le fantastique Werner Schweizer en vélo (!!!) qui a fini depuis une bonne heure, et qui m’encourage gentiment.
Je passe la ligne en 16h14, soit 2 heures de moins que ce que j’escomptais. Je suis très content, c’est le premier ultra trail que je finis aussi frais et en ayant régulièrement accéléré dans les 20 derniers kms. Je me souviens m’être fait la réflexion que l’Annecime correspondait exactement à la moitié de l’UTMB, l’objectif majeur de l’année.
A l’arrivée, je croise Manu qui m’a gentiment attendu. J’ai même droit à une photo de rapacette… Manu à fait 14h 25 environ, il est très content de sa course également.
Bilan très positif: superbe course, bien organisée tout en restant assez “roots”, parcours superbe et varié, exigeant aussi. pour ma part, je continue mon apprentissage de l’ultra, et je sens après cette course que je suis sur la bonne voie.
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6 commentaires
Commentaire de corto posté le 09-06-2008 à 18:53:00
Hummm va me falloir m'entrainer dur pour te passer devant à l'UTMB!!
Commentaire de rapace74 posté le 09-06-2008 à 19:03:00
bravo didier pour ta course !!!!
bon fin d'entrainement pour l'UTMB!!! je dis cela pour avaler 5 gels en un seul coup ;-)))))))
a bientôt
manu
Commentaire de akunamatata posté le 09-06-2008 à 22:26:00
olala !
c'est de bonne augure Didier, si je pouvais en dire autant de mon cote. De toute maniere avec l'esprit le mental ca va le faire ;)
A bientot
Commentaire de franciss posté le 11-06-2008 à 10:14:00
Pfiou... ben ça fait rêver tout ça !!!
Bravo à toi et bonne récup...
Commentaire de riri51 posté le 16-06-2008 à 20:34:00
Félicitations didier pour ta perf et merci pour ce récit. Bonne fin de prépa UTMB!
Commentaire de ravachu posté le 22-01-2009 à 11:42:00
bonjour, c'est étrange mais moi je me serais fait doublé par le giguet dans la dernière descenet ou sur le plat avant le paquier car j'arrive 3 minutes derrière lui.... jamais vu..........
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