L'auteur : goonif37
La course : Euskal Raid
Date : 9/5/2008
Lieu : St étienne De Baigorry (Pyrénées-Atlantiques)
Affichage : 3585 vues
Distance : 130km
Objectif : Se défoncer
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Depuis le temps que l’on m’en parle de cet Euskal…
Le plus dur reste à trouver un binôme ayant un rythme assez similaire au mien. Ce fut chose faite peu après le Mont-Blanc en la personne de Philippe Guillome, architecte de Laniscat et copain du frangin. Philippe n’y va pas par le dos de la cuillère en cette année 2008 avec comme programme L’Euskal, le Grand Raid du Morbihan, le Grand Raid des Pyrénées et le Grand Raid de la Réunion, si, si c’est vrai…
Jeudi
Débarquant fraîchement du Médoc où j’ai fait une halte Dujardinesque, merci à eux… je me retrouve à Baïgorri en début d’après-midi. Village basque aux maisons blanches qui s’étend le long de la rivière dans la vallée (belle place ombragée par de vieux platanes près du fronton). Contrairement à d’autres courses, pas d’effervescence, pas de banderoles et autres rubalises, et surtout pas de coureurs…Ne pouvant rester dans cet état de doutes et de stress je passe un coup de fil à Philippe. Je fais connaissance avec sa femme Linda et ses 3 enfants : Jacob, Jeanne et Léonard… Un petit café au troquet du coin et retrait des dossards. Pour nous ce sera le dossard 22, ce qui nous vaudra un « v’là les flics » à chaque pointage. Malgré cela, et comme nous venons tous les 2 des Côtes d’Armor, on se dit que c’est un bon présage. Puis direction le gîte qui se trouve sur la route de St Jean Pied de Port, très campagne… entouré de Pottocks et de moutons.Enfin la ‘Pasta party’ où j’y retrouve comme prévu Pascal et Valérie qui le font une nouvelle fois en couple. Valérie semble bien remise de son entorse. Pascal nous parle de ce pays basque, de la course et de ses montées abruptes, il nous fait également un cours de prononciation basque et, en tant qu’ancien Pilotari, nous explique les différentes spécialités de la pelote. Quelques verres d’Iroulequy plus tard et il est temps d’aller se coucher car demain c’est levée à 3h45.
Vendredi
Après une bonne nuit de sommeil et toujours aussi détendus, nous préparons notre sac de course ainsi que le sac bivouac que l’on récupérera du côté d’Urepel à la fin de cette première étape.5h, le départ est donné, ça part assez lentement et l’on se retrouve dès le début dans le peloton de tête. Ca commence à envoyer pas mal dans les premières montées et je me sens plutôt bien, non loin des « Darmaillacq » et autre « Escots ». On pointe alors en quatrième position, Philippe est dans le rouge… On est parti bien trop vite et la véritable première côte m’en fait prendre conscience. Philippe lui reprend du poil de la bête et c’est à mon tour de flancher.Nous atteignons alors le sommet de la Munhoa (979m – 12 km), passage au col d’Urdanzia, le soleil se lève alors dévoilant les vastes pâturages avant la descente directe sur le village de Banca (321m – 19 km), lieu de ravitaillement. Je commence alors mon régime Coca-Banane-Coca. De là, on chemine en direction de la route de la forêt d’Hayra, avant de remonter jusqu’au col d’Ehuntzaroy (949m - 27km). 3 ou 4 équipes nous dépassent alors que nous ne baissons pas vraiment de régime.Après le col, légère montée à flanc d’Adarza pour rejoindre Arneguy (265m - 36km) par Madariako lépoa. Il commence à faire chaud, nous avons fait plus de la moitié du parcours et ma besace est encore à moitié pleine, je commence à sentir que je vais payer ca$h cette erreur. On continue notre petit bonhomme de chemin avec passage par le pont international, puis direction Ondarolle et remontée sur Valcarlos avec un nouveau ravitaillement. Certains bénévoles nous annoncent 3ème alors que d’autres 8ème, étonnant ?...En sortant du village, montée assez rude, par une route goudronnée puis une piste, nous alternons marche et course à pieds ce qui nous permet de reprendre un bon nombre d’équipes du trail des villages (1168m - 44km). Direction ensuite le col de Mehatze, je commence à avoir de grosses cuisses toujours à la limite des crampes. Descente aérienne par la crête d’Olapide jusqu’au passage de Champagna (490m - 47km), c’est à ce moment que je prononce l’avis de décès de mes chaussures, mon pied ne cesse de sortir de son enveloppe synthétique et ceci de manière systématique.Montée raide puis plus douce et progressive dans le bois de Lehaltzate jusqu’au col de Meharrosteguy (736m - 51km), passage au sommet d’Errola (879m - 52km), suivi de 6km de descente avec une belle arrivée sur Les Aldudes. Ravitaillement gourmand pour ceux qui le souhaitent à la maison Oteiza... Puis une dernière boucle par Esnazu (525m - 61km) avant de rejoindre le trinquet d’Urepel. Fin de cette première journée, riche en enseignement…Pour demain surtout ne pas partir trop vite, boire énormément d’eau pour éviter les crampes et ce soir Iroulequy qui fera office d’antioxydant. Petite douche, massage des cuisses et mollets. On apprend que l’on finit 6ème à seulement 15’ du 3ème, avec une bonne récup’ ce soir on se dit que tout est possible. Les parents arrivent enfin, embrassades et petites bières de bienvenue. Ensuite direction le gîte avec sieste et bain glacé pour les jambes… et pour finir cette journée un bon repas dans la salle polyvalente d’Urepel avec de la charcuterie régionale et des pâtes où nous retrouvons Pascal et Valérie qui en terminent en un peu plus de 12 heures. Valérie souffre de son genou ce qui remet en cause la journée du lendemain. Direction l’école, puis gros dodo pour un maximum de récup’.
Samedi
Nous y voilà… il pleut averse. Petit déjeuner tartines – confitures de Coings, certainement meilleur que brioche – Nutella de la veille. Il est 5 heures, le départ est donné, surtout ne pas partir trop vite…Départ du village d’Urepel (420m), à la lueur de la frontale. Les jambes sont lourdes et font mal sur ces premiers kilomètres. En fait, « la course à pieds c’est comme les films français, il n’y a que les 20 premières minutes qui sont chiantes… ». Nous pointons alors en 6ème position, tout va bien.Descente toute douce vers le village des Aldudes sur 2,5km puis montée progressive par une piste vers le col d’Ehyartze (779m - 6km)… 600m de montée vers Arguibel pour rejoindre le GR 11 puis descente progressive par piste et sentiers jusqu’au village espagnol d’Elizondo (263m -16km) pour le ravitaillement. Nous reprenons l’équipe Darmaillacq/Gerard, on sent que Nico est dans le rouge et qu’il ne s’est pas vraiment remis des efforts de la veille malgré ses séances d’électrostimulation du soir. Il nous avouera être à court d’entraînement malgré sa seconde place au trail de Signes la semaine d’avant. Le départ tranquille nous permet de pointer alors à la seconde place derrière Escots/Pechberty intouchable. Traversée par la route principale jusqu’au village d’Elbete, puis montée par un sentier technique et une piste jusqu’au col de Berdaritz (685m - 25km). Du col de Berdaritz, descente par une piste pour retrouver le village des Aldudes (377m - 28km). Ravitaillement avant de repartir vers le sommet d’Otsamuno (901m - 32km), on y retrouve les parents, Linda et les enfants, omniprésents tout au long de cette journée. C’est la première grosse côte de la journée, ça fait mal, le souffle est court, Philippe se détache, je m’accroche tant bien que mal, surtout ne pas flancher… et descente vers Banca (280km - 37km). C’est alors que l’équipe Dieval/Marcel (UTMB 2007 en 27h30) nous double, normal, ils attaquent plus dans les montées. Puis c’est la montée vers Lezetako Lepoa (1100m - 43km), un véritable calvaire, j’ai du mal à suivre le rythme imposé par Philippe, je deviens fébrile, au sommet d’Autza (1154m - 44km) je sens que la fringale me guette. Je m’allonge sur cette herbe verte et grasse. J’ouvre mon sac et je me jette sur les Grany et les TUC... Au loin on entend les troupeaux de Manech à tête noire, leur lait entre dans la fabrication du fromage Ossau-Iraty. Je peine à me lever et c’est reparti. Le goût des TUC me manque déjà et je me permets d’agresser verbalement Philippe qui peine à les trouver… vraiment désolé ! S’en suit une descente technique par Harrigorri, tout va mieux. Du col d’Elhorrieta (821m - 45km), le cheminement se poursuit jusqu’au col d’Ispegui (694m - 48km) par un très beau sentier dans le bois de Nekaitz où il est impossible de courir, la terre est très noire et le sentier jonché d’énormes pierres. Du col d’Ispegui par une montée raide et caillouteuse, on gagne le col de Buztanzelay (821m – 50 km), le col d’Harrieta et de Gapelu (928m - 54km) avant de plonger sur le quartier Urdos (247m - 61km). On retrouve les parents et Linda, ça sent bon l’écurie, on termine notre périple avec le premier couple mixte du trail des villages. On rejoint enfin le village de Saint Etienne de Baigorry, je vois Valérie sur le bord de la route, son genou n’a pas tenu. J’espère vraiment qu’elle sera remise pour le GRP. De l’autre côté de la route, Nicolas Darmaillacq nous applaudit. Il dira par la suite : « La montagne et le tracé de cet Endurance Trail m’ont rappelé à l’ordre ! Pas de miracles sans entraînement sérieux et un corps à 100% de ses moyens », « l’Ultra ça ne s’improvise pas ». C’est toujours très agréable cette humilité dans le sport. Puis c’est l’arrivée, Philippe récupère Jacob sur ces épaules, et nous passons la ligne exténués mais ravis. L’équipe Bassons/Lochou termine 32’ derrière, on tient notre podium… les traditionnelles bières de récupération, douche.Puis repas de clôture où l’Iroulequy coula à flot, les chanteurs basques furent bâillonnés et attachés au chêne du village. Les bénévoles se lâchent et improvisent un Paquito à en faire pâlir la Mama…
Avec Philippe nous avons fait équipe pour le meilleur et pour le pire ! Vraiment pas facile de courir à 2. Et pour rajouter un peu de piment, la météo fut exécrable.
Très épicé l'Euskal 2008 mais combien savoureux... merci Philippe
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5 commentaires
Commentaire de Mustang posté le 15-05-2008 à 18:18:00
Impressionnant de précisions ton compte-rendu!! une bien belle perf!! Bravo à vous!!
Commentaire de maï74 posté le 15-05-2008 à 20:21:00
Superbe course et non moins superbe récit... Je confirme pour l'Irouleguy, c'est très bon en pré et post-course... Encore bravo pour le podium Bonne récup
Commentaire de BENIBENI posté le 16-05-2008 à 09:04:00
Bravo ! Ca pas eu l'air facile du tout cette histoire, à bientôt !
Commentaire de sonicronan posté le 16-05-2008 à 13:17:00
Bravo à toi et bravo à Philippe et vive les costarmorcains.
T'as abandonné le Ricard et le Sidi Brahim en boisson d'attente ?
Ca va donner sur le GRP !
Gnarf gnarf !!
Commentaire de Choupinet 05 posté le 21-05-2008 à 23:34:00
Félicitations Goonif,
Super Récit et superbe Perf !
A Bientôt J'espère.
Choupinet 05
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