Récit de la course : 100 km du Périgord Noir 2000, par alain

L'auteur : alain

La course : 100 km du Périgord Noir

Date : 30/4/2000

Lieu : Belves (Dordogne)

Affichage : 3526 vues

Distance : 100km

Objectif : Pas d'objectif

2 commentaires

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Mon premier 100 km

1986... j'avais 16 ans, je découvre la course à pied... déjà mon objectif courir longtemps et loin...
Belvès, une course gigantesque ! dans ma tête d'ados...une course de fous pour certains. j'en parle un petit peu à des "coureurs d'expériences" ils me disent de toutes façons t'es trop jeune et puis ne commence pas des courses comme cela avant 30 ans !
TRENTE ANS !!! à l'époque 30 ans çà me semblais une éternité...14 ans d'attente...
Et voilà 14ans plus tard un 30 Avril 2000, j'ai trente ans et je suis au départ des 100 km de Belvès, support cette année là de la coupe d'Europe. Derrière la barrière séparant le groupe des délégations internationales, j'attendais l'heure de départ 8h00. Mes jambes étaient impatientes de partir, les accompagnateurs sont déjà partis, mon accompagnateur, c'est mon père qui m'attendra du côté de Siorac vers le km 7.Sur le lieu de départ, une minute de silence a été observée en la mémoire de Dominique Viale (entraîneur national de fond Français) décédé quelques jours plus tôt.
C'est 8h00, BANG ! et voilà le départ, je décide de partir en suivant les conseils des spécialistes, le plus doucement possible soit a environ 10 km/h pour ma part. La plupart dévalent la descente de Belvès comme des flêches. On a vite fait de retrouver le premier ravitaillement au km 3.5, on se bouscule et beaucoup n'en prennent pas, je prends quand même le ravito, on m'a dit surtout prends les tous ! même si tu sents que tu n'en a pas besoin. On s'éloigne de Fongaulffier et on se rapproche de Siorac : là les accompagnateurs nous attendent. J'ai déjà envie de changer l'eau de mon aquarium ! j'ai trop bu il faut que je m'arrête, quoi que je suis pas tout seul ! çà va je suis bien hydraté, le pipi est très clair. Ah ! çà y est les accompagnateurs sont là sur le bas côté, il y a du monde comme cyclistes ! On croirait une course de vélos. Coucou papa j'suis là ! Pour l'instant on ne peut pas dire qu'il y a du dénivelé, ce sera le plat pays jusqu'au km 30. On peut dire que je me promène ! J'ai l'impression de perdre mon temps, fait pas le con reste sur tes 10 km/h Alain ! C'est dur de retenir son pas quand le corps demande de prendre le cran du dessus.
Les kilomètres défilent vite, le 10ème km se passe en 57’36 soit 10,4 km/h.
Le ravito n°3 est déjà là au km 11,5 à Mouzens, on mange, on marche, on prend le temps, on évite de stresser et on repart.
Ravito n°4 au km 16,5 à St Cyprien, passage au km 20 en 1h57, je vais un peu plus vite que mon objectif de départ, mais si on rajoute les pauses aux ravitos çà fait du 10 km/h.
Ravito n°5 à Bezenac au km 20,5, pour l’instant « tout roule sur des roulettes », km 26 c’est déjà le ravito à Beynac, bravo les organisateurs, il y a même des WC sur le parcours, génial !
J’ai l’impression de faire un véritable festin avec toutes ses sucreries. Je croise un bavard, et par hasard c’est la même pipelette que j’ai rencontré au marathon de Chambord 4 semaines plus tôt ; il m’encourage, il doit être autour des 10 km/h, et il n’arête pas de me venter à ces potes en disant : « Il compte mettre 10h ! », je répond que l’on verra çà à l’arrivée, une course n’est jamais acquise, surtout sur un 100 bornes il y a toujours une surprise et je continue sur mes 10 km/h.
Ravito 7 à la Roque Gageac au km 30, que je passe en 2h57’, pour l’instant tout est encore OK, la machine ne pêne toujours pas. Le circuit commence à faire la bosse, on attaque un petit dénivelé + de 25m sur 1 km environ, bagatelle pour quelqu’un qui aime les côtes, mais il vaut mieux monter cool et se faire les petites grimpettes en marchant, il faut s’économiser : c’est la règle d’or du 100 bornes.
Ravito 8 à Vitrac au km 35, là où les marathoniens craignent le fameux mur du marathon, il faut se sentir clean, juste chaud.
Ravito 9 à Montfort, c’est vrai que la vallée est belle, on peu faire du tourisme en courrant, quelle aubaine ! Quelle belle vue sur le château ! J’en ai presque oublié que je courrais, Hep là toi ! Ton ravitaillement tu la pris ! Cà aussi j’ai faillis l’oublier.
C’est bien les ravitos, mais l’envie de pisser me reprend, il faut que j’aille arroser un noyer.
Km 40 en 3h58’, au moment où je regarde mon chrono, j’entends derrière moi une voix : « c’est bon Alain t’es dans les temps » je me retourne, tiens c’est Yvon mon collègue qui vient me suivre en vélo ! Je ne mi attendais pas ! Me voilà avec 2 accompagnateurs !
Il commence à faire chaud ! J’enlève mon petit sweet que j’ai mis sous mon maillot.
Ravito 10 à Carsac au km 41 et début d’une belle piste cyclable. Je sais pas si je m’emballe, pourtant il me semble pas, mais qu’est ce que j’en dépasse des coureurs ! C’est vrai que l’on approche du km 50 et les coureurs qui font que les 50 km sont apparemment nombreux autour de moi. Les coureurs de 50 km, soient ils ne leurs tarde pas d’arriver pour avoir le temps d’admirer le paysages ou alors ils sont cuits. Bon assez plaisanter ! Je crois que la piste cyclable est tellement sympas et que je me sens tellement bien que je ne me suis pas rendu compte que j’étais sur 12 km / h, Je ralentis.
Km 45 on arrive à Sarlat et c’est la fin de la piste, un autre ravito que je prends comme d’habitude, un bon verre d’eau, un pruneau,, à tiens un pain d’épices et des bouts de banane. On relâche, on marche 100m et on repart. Il reste jusqu’au km 50 du faux plat descendant, un peu trompeur.
Arrivé au km 50, j’ai l’impression que tout le monde s’arrête là ! Personne continue ? Ils sont où les 100 être ? Je passe en 5h00. Pour l’instant ma machine est bien programmée. Ah Sarlat ! et ses petites rues, ses petits magasins, çà doit - être sympas de flâner par ici, mais bon pas aujourd’hui ! J’ai encore de la route, j’en suis qu’à la moitié.
Ravito 13 au km 55 juste à la sortie de Sarlat au pied du château Griffoul, il faut que je me mette de la vaseline sur mes mamelons qui commencent à chauffer dû au frottement de mon maillot. Il fait chaud, je prends ma casquette sahara. C’est fou comme il fait chaud pour un 30 Avril ! C’est vrai qu’il est déjà 13h30 !
Ravito 14 au km 59, juste après une côte, on reboit, on s’éponge, on continue à grailler, on marche un peu, on se détend et on repart. Je passe le km 60 en 6h04’, à tiens je suis en dessous de mes 10km/h. Je dois trop manger ! J’ai encore envie de plaisanter donc j’ai encore le gnac, c’est pas perdu encore Alain pour tes 10 h ! allez !
Dans la descente, je reconnais un maillot blanc rayé de vert, les couleurs de mon ancien Club : le Stade Villeneuvois que j’ai quitté pour raison professionnelle. Eh c’est Jean-Marie ! Qu’es-ce que tu fais là ! « Salut Alain, je suis venu là en promenade. Tu t’es mis aux 100 bornes ?
Moi, je fais les 100 km sans bornes. Bon je te laisse : à tout à l’heure ». Sacré Jean-Marie et dire qu’il tourne normalement autour des 9 h.
Ravito 15, km 64 à la Rogne Gageac – comme d’hab – on bouffe et on boit.
Ravito 16, km 67 à Castelnaud on rebouffe et on reboit.
Ravito 17, au km 70 à la Treille que je passe en 7h07’32’’. C’est vrai que les jambes s’alourdissent, là ! la promenade est fini, il va falloir serrer les dents et s’engueuler : la course commence ici.
1 rigolo, en vélo nous dépasse et me dit, courage, il y a un massage pas loin ! Oh ça me remonte un peu le moral, mais j’ai très vite pesté contre ce bonhomme en voyant les km défilés et pas de masseurs à l’horizon ! Bon s’est où les masseurs !
Je finis par les trouver, ma jambe gauche a du mal à suivre ma jambe droite. J’essaye de ne pas trop la faire travailler, ce qui me déséquilibre un peu. Le massage m’a requinqué du moins pour l’instant ! C’est fou comme les coureurs sont dispersés, ils sont seuls dans leurs têtes, sur le parcours, pourtant on était nombreux au départ. Même avec des accompagnateurs, on est seul fasse à notre douleur à combattre.
Km 80, je passe en 8h19’52’’, bien qu’il y avait quelques bosses, je peu dire que ce n’est pas à cause d’elles que je suis à la ramasse. Je rejoins un coureur qui avait une drôle de façon de courir ? Il avait la tête baissée à regarder ses pieds. Comment fait-il pour savoir où il va ?
Il me dit : « C’est marrant la course à pieds, ion regarde ses pieds qui n’arrêtent pas de se dépasser et on oublie que l’on a mal », Fais comme moi, tu verras c’est plus facile !
J’essais quelque dizaines de mètres, mais j’ai vite repris ma façon de courir, j’ai l’impression que je vais embrasser le bitume ! La fatigue peut-être ! Le drôle de coureur me laisse tomber en s’agrippant sur le garde-corps d’un petit pont en faisant une sale grimace, on l’encourage à repartir, mais rien y fait. Ma jambe gauche était raide comme le bonhomme : il faut s’engueuler. Les km semblent être plu long qu’au début, je me pose la question : les km sont vraiment justes ?
Ravito 21, au km 85 à St Cyprien, rien que de regarder ses sucreries sur les tables, j’en ai envie de vomir. Je me force, je bois, je m’étire et on repart. Km 90 entre Mouzens et Suras, une idée d’abandon me traverse la tête, je m’engueule, on ne s’arrête pas là : ce serait trop con ! Le km 90 se passe en 9h38’03’’.
C’est quand même génial la sensation, on est très mal, mais à la fois on se sent agréablement bien dans sa peau. Ah ! 1 coureur me dépasse, çà faisait longtemps que je n’avais pas vu un coureur. Je ne peux pas le prendre : il va trop vite où du moins je suis trop cuit.
Km 97, dernier ravito avant l’arrivée : les sucreries : je ne peux même plus les regarder en peinture : allez une rillette çà passe mieux, c’est pas parce que c’est nécessaire pour finir les 3 derniers km, mais çà soulage le moral.
A la voilà celle-là que j’attendais depuis longtemps ! La descente du départ qui se retrouve en montée à l’arrivée – et d’un coup – je me sens bien – pourtant çà monte dur ! Le moral est là, j’ai plus mal, par contre, il y en a en qui est mal, je le croise, il marche, il a une sale gueule.
J’ai su plus tard qu’il n’à pas pu arriver et qu’il a fallu l’emporter dans une civière : je ne sais pas si ma gueule est pareille : je n’ai de miroir.
Ah çà y est je vois la ligne ! Ma compagne est là et une ambiance du tonnerre à l’arrivée, je monte dans le chapiteau et je suis arrivé ! Ouais ! Hourra !
Une musique se met en route, on me fait signe de rester là ! On me remet une belle médaille à l’arrivée. J’ai envie de pleurer, je suis très ému. Je finis en 11h02’59’’ pour une place de 327ème /948 : mais surtout un rêve d’ados accomplis.

2 commentaires

Commentaire de shunga posté le 11-11-2010 à 14:13:00

bravo ! pour le rêve.

Commentaire de shunga posté le 11-11-2010 à 14:13:00

bravo ! pour le rêve.

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