Récit de la course : Les Templiers 2006, par olivier30
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CR templiers 2006
Bonjour à tous,
Lorsqu'il y a qqs semaines, j'ai décidé, un peu comme un défi, de m'inscrire aux
templiers, les récits que j'ai trouvé sur Kikourou m'ont bien aidé dans la
prépration. Je me suis donc dis : si tu finis, tu feras aussi ton CR, on sait
jamais, cela fera toujours qqs impressions de plus qui serviront peut être à un
futur kikoureur.
Alors voila. Au niveau préparation : Je suis un coureur moyen. Je fais très peu
de courses organisées, et encore moins de courses sur route, donc c'est
difficile pour moi de dire "je vaut tant sur 10 Km, ou tant au semi...". Pour
donner une idée, la derniere course que j'ai faite faisait environ 12,5KM,
moitié route moitié chemins, avec 3 belles cotes et descentes correspondantes.
j'ai couru à environ 14 KM/h. Je n'ai jamais fait de marathon, et j'ai fait qqs
courses ou trails moyens (jusqu'à 30 Km). Je suis en revanche un coureur
régulier, et me retrouve bien dans ce que l'on apelle "l'esprit trail" : je
cours toujours dans la nature, le moins possible sur route ou en ville, je fais
jamais 2 fois le même trajet, et je sais jamais trop le temps que ça va me
prendre... j'adore découvrir de nouveaux endroits, ce qui me conduit souvent à
me paumer un peu (hors ma région évidemment), et à "faire le sanglier", ce qui
ne me déplait pas tant que ça. Voilà pour le décor.
Lorsque je me suis inscrit, j'étais juste dans les délais, soit mi sept. Si on
compte 2 dernières semaines de repos, comme préconisé sur le site web de la
course, cela laissait 4 semaines d'entrainement. Un peu léger sans doute, mais
bon, je partais pas de zéro, cet été j'avais fait pas mal le sanglier, dans les
guarrigues de Sardaigne :-)
L'entraînement : comme préconisé sur le site, 3 séances par semaine :
- Une sortie PPG (bcp de montées-descentes, lever de genou, talon-fesses,...) environ
1H à 1h20
- Une sortie au seuil : 40 min footing échauffement , 30 min au seuil
(en gros vitesse d'une course de 10 km)
- Une sortie fractionné : 40 min footing échauffement, puis 15 fois 30/30, 5 min retour au calme
et évidement la sortie longue le we. de 2h30 à 4h00, en se rapprochant des
conditions de course(chemins + bons dénivelés) Dans tous les cas : camel bag
avec min 2L sur le dos, ça habitue ! C'est un rythme fatiguant, surtout que mes
sorties longues étaient assez costaudes, ce qui fait qu'au bout de 3 semaines,
tu accuses le coup. D'où l'intérêt de s'y prendre avant, pour pouvoir se ménager
une petite coupure de récup au milieu. Sous cette réserve (s'y prendre plus
tôt), c'est effectivement "largement suffisant", comme ils disent, pour terminer
dans des conditions correctes.
détail important pour la suite : l'an dernier, au puma trail (tiens tiens...) je
me suis fait une grosse entorse à la cheville et
- j'ai fini le course en courant (une fois la 1ere douleur passée, quand c'est chaud, on sent rien)
- je l'ai mal soignée ensuite.
Je sais, les 2 points sont stupides, mais bon...
résultat : cet entrainement important m'a révélé des douleurs à la
hanche (mécanisme de compensation). 10j avant les templiers, je vais donc voir
un ostéo qui me remet ma cheville d'aplomb. Tout va bien.
Les Templiers : - Tout a été dit sur le départ : temps agréable, musique,
ambiance, frontales, stars de la course,... c'est vrai que c'est magique ! Ca
monte pendant un bon moment, un peu sur route puis sur grands chemins roulants
(a part un joli mur vertical tres large ouvert pour l'occasion). Donc pas de
bouchons malgré le monde (au moins jusqu'à sauclière). J'avais entendu parler de
gros bouchons au départ, et j'hésitais entre partir "un peu vite" pour les
éviter, et partir très prudement comme préconisé par tous ceux qui l'ont déjà
fait. Je pars prudement et je confirme. d'autant que c'est facile : y a qu'a se
laisser porter par la foule sans chercher à doubler à tout prix. Le sensations
sont bonnes : bien en jambes, il fait tellement bon que je tombe le coupe-vent
alors qu'il fait pas encore bien jour, une excellent journée s'annonce. Arrivée
à Sauclière à 7h06, en pleine forme (je sens un tout petit peu la hanche, mais
en général, ça va pas plus loin) , et j'ai eu la bone idée de pas ranger la
frontale avant : les tunnels, c'est rigolo. Déjà plein d'applaudissements, quel
plaisir ! Je me suis forcé à bien boire. je m'arête qqs minutes pour boire,
refaire le plein d'eau, et je repars. Première montée sur chemin monotrace, et
premier bouchon. On prend son mal en patience et on avance en marchant, ce qui
est peut être pas plus mal. Je me réjouis de constater qu'avec tout le monde
présent, y a pas un trou du cul pour essayer de passer devant tout le monde
coute que coute, jusqu'à ce qu'une fille s'y mette (déception : je croyais que
les filles étaient préservées de ce genre d'attitude ).
Une fois passé ce cap, on peut re-courir. Et c'est là que les ennuis ont
commencé. D'un coup, un douleur super vive derriere le genou. Je crois au début
à une crampe sur le haut du mollet. Je me dis : "mon coco, déjà une crampe, et
si forte, t'es mal barré" Puis je me rends compte que la douleur ne se produit
pas quand je force, mais quand je détends la jambe.. bizarre. Qqs minutes et
investigations plus tard, je me rends à l'évidence : tendinite. Je le
connaissais même pas, ce tendon, qu'est ce qui lui prend ? et là je me dis :
"mon coco, t'es encore plus mal barré que tu croyais" Dans la montée du saint
guiral, comme dans tout le reste de la course, le tableau est le même : les
plats et descentes, où l'on court, seront des calvaires, et les montées
rudes, où l'on marche, mes moments de répits... rapidement, avant le sommet
du st guiral, je pense à abandonner. je suis pas à bout du tout, mais je me
demande à quoi bon continuer avec une tendinite, qui m'empêche même de profiter
du paysage, et que je risque de payer très cher dans les mois qui viennent.
Toutefois, comme ça monte en majorité, je garde un rythme correct, et, la
douleur aidant, je passe le sommet sans m'en rendre compte... Je commence la
descente en me disant que ca va remonter. Au bout d'un moment, je me rends
compte que malgré la douleur, je suis pas si en retard que ça. Jusqu'à
Dourbie, le calvaire continue (forcément, que de la descente), mais
j'y arrive à 10h30, sous les applaudissements nourris qui font décidemment
chaud au coeur. Je me dis "pas si mal que ca finalement, tu as le temps. Va
jusqu'à Trèves, tranquille, et puis tu verras bien". Je mange bien, bois
bien, prends de la seule dope que je m'autorise en course : le coca,
constate que je suis au 1er ravito, et que j'ai de quoi tenir un siège dans
mon sac..., et je repars. La montée, La fameuse montée de la crète du suquet,
le cauchemar de tous les CR... c'est mon petit bonheur à moi. En marchant en
cote raide, pieds à plat, pas besoin de détendre complètement la jambe : les
douleurs s'estompent. Comme je suis pas cuit, je prends un bon rythme. je
double plein de monde. le seul qui me double s'arête à l'agonie 30m plus
haut. Je suis fier comme artaban, et surtout content de prendre un peu de
plaisir. Ca va pas durer : après le sommet : plats puis descentes. Et je me
remets à courir comme une vieille ! j'en avais doublé 50, c'est 500 qui vont
me re-doubler ! Je me fous complètement du classement, mais commence à me
poser des questions sur les barrières horaires.... J'arrive à Trèves je
crois vers 12h30. J'ai passé tout la descente à attendre que ça se
termine... A trèves re-applaudissement. c'est dingue : y a plein de monde.
Petite parenthse sur les spectateurs et bénévoles : Ils sont là depuis des
heures, et, certainement parce qu'ils voient que ton visage est marqué par la
douleur, ils t'encouragent avec une intensité et une sincérité rare. j'en ai eu
plusieurs fois les larmes aux yeux, et j'ai du dire 1000 fois "merci" sur le
parcours. Je n'ai vu que des sourires, je n'ai entendu que des encouragements,
pas la moindre once d'énervement chez les bénévoles qui se décarcassent depuis
des heures. Chez les gens du coin, beaucoup sont heureux que les visiteurs
découvrent la beauté de leur région, et ça se sent. Chapeau à tous. Revenons à
nos moutons : regonflé par tout ça, le ravitaillment, et surtout par
l'idée communément admise que "une fois ici, tu peux plus abandonner", je
repars... Re-montée, re_moment de répis pour mon tendon. Puis le plateau, le
fameux endroit "où il faut fournir son effort", comme ils disent. Ca fait
maintenant un sacré moment que la douleur ne m'a pas laché, mais ce qu'il il y a
de bien, dans ce type de courses, c'ets que comme tout le monde se met à
courrir, tu fais pareil, tant bien que mal. Je me marre intérieurement
(jaune...) de voir ma foulée très aérienne.... Je suis pas bien certain d'aller
plus vite qu'en marchant, mais bon, on trotinne... On finit par arriver dans la
descente de St Sulpice. Quand tu vois la tente du ravito en bas, que tu regardes
le relief autour de toi, et que t'as déjà fait un peu de randonnée, tu comprends
très vite quel type de descente ça va être... Pour moi, c'est pas plus mal, car
les minis-bouchons et ralentissements que le dénivelé exigent me donnent moins
de scrupules à aller si doucement... Maigre consolation : comme j'avais entendu
parler des cordes, et qu'en temps normal je suis un descendeur assez rapide qui
s'accroche aux arbres, j'ai mis des mitaines de vtt : bonne idée ! Arrivée à St
Sulpice. je discute le coup avec un coureur, lui parle de ma tendinite. il me
conseille d'aller voir les pompeirs pour un coup de bombe de froid. Pas bête.
J'hésite, et quand j'arrive devant la tente, constatant qu'ils on entre les
mains un cas visiblement plus grave que moi, je renonce à les embéter pour un
"bobo" Je laisse un message à mon épouse : je suis là dans environ 2h, je vais
finir. je sais pas dans que état, mais je vais finir. Et me voilà reparti,
doucement, en marchant... Je marche à coté d'un gars en bleu que son épouse suit
dans sa voiture, sur la route en contrebas. Elle le charie "Cours, feignasse
!!!" On rigole, ça fait passer le temps. On discute un peu, il est de Rodez, il
a déjà fait les templiers et me renseigne sur ce qui nous attend. Il me
réconforte. Merci à toi, le gars en bleu de Rodez ! Un peu plus loin, on se
remet à courir, il me lache. encore un peu plus loin, il s'est arété pour
discuter le coup avec des bénévoles. je le salue, mais ne m'arête pas, je sais
ce que me coûte chaque redémarrage... Un type me double. Le peu de lucidité qui
me reste fait son effet : "mais je te reconnais, toi, tu serais pas le type qui
a fait un CR sur Kikourou ? Et si, c'est Gadou42 ! je le remercie pour son CR,
qui m'a aidé à préparer cette course, et lui que si je finis, j'en ferai un ! On
papotte un peu, il m'encourage, puis continue son chemin. Merci à toi, Gadou42 !
Encore un peu plus loin, toujours à la ramasse completement, je sens une main
qui me pousse dans, le dos, sur 1m ou 2. C'est le gars en bleu de Rodez. Un
sourire compatissant, et il double. Merci, le gars en bleu de rodez ! Viennent
la montée et descente du roc nantais. Je sais que je vais finir, mais c'est pas
la joie, la seule envie que j'ai, c'est que tout se termine très vite.
Curieusement, dans la montée, j'ai le même rythme que les gens qui m'entourent.
Dans la descente, le calvaire à nouveau. je m'arête fréquement pour laisser
doubler, mais j'ai dû en ralentir pas mal... désolé ! Je connais l'arrivée
depuis le puma trail l'an dernier. ne pas s'enflamer. Par respect pour tous les
gens à l'arrivée, pour ceux amassés sur le parcours, je sais que finirai en
courant, quel qu'en soit le prix. Mais dans mon état, faut pas que je m'y mette
trop tôt... Dès que t'attaque la route, c'est bien simple, les encouragements
sont tels que t'es obligé de te remettre à courrir. ce que je fais. La derniere
montée est minuscule (40m) mais très raide. pas grave. je sais qu'au détour du
virage y a tous les spectateurs, alors je cours. Je trotinne plus, je cours. je
pensais même pâs y arriver. c'est magique. arrivée sur la place, je cherche du
regard la famille. Mes enfants, que j'avais prévenu et qui ont vu faire plein de
bambins avant eux faire pareil me prennent la main de chaque coté et on finit
le tour de la place sous les acclamations. Photo, chrono : 11h40. j'ai mis 2h40
pour faire les 10 derniers Km...
15 jours se sont écoulés. la récup a été longue. musculairement, ca va : 3j de
courbatures la tendinite : douleurs disparues au bout de 3j aussi en revanche,
fatigue générale, une bonne crève qui a duréede +3j à +15J maintenant pleine
forme : je recommence un footing demain. Si la tendinite ne ré-apparait pas,
tout est nickel ! Le comble c'est qu'un pote kiné m'a expliqué la tendinite.
Après que l'ostéo m'aie remis en place, j'ai reforcé normalement avec le muscle
principal du mollet (ils sont trois). le pb, c'est que lui, ça faisait un an
qu'il était pas entrainé... Moralité : régler les problèmes avant l'entraînemnt
!
2j après la course, j'ai enfin trouvé une bonne raison d'avoir fini :
Maintenant, je l'ai fait. Donc, si je reprends le départ, je n'aurais aucune
pression de finir, je ne ferai donc ça que pour le pur plaisir !
15 j après, je commence déjà a penser au prochain.....
En conclusion :
- A faire à tout prix, pour l'ambiance, l'organisation
irreprochable
- A faire à tout prix, pour les paysages. Même pour moi qui habite
un département voisin et connais bien la région, c'est toujours époustouflant !
- A faire à tout prix, pour s'émerveiller de constater qu'il encore possible
aujourd'hui d'envoyer 2500 coureurs dans la nature et de ne pas trouver un seul
papier par terre. N'y aurait il que des gens biens chez les trailers ? à te
réconciler avec l'humanité :-)
Un petit (tout petit) bémol : j'ai l'impression que la limite est atteinte en
nombre d'inscriptions pour ce type d'évenement. En effet, même moi qui ai été à
la rue les 3/4 du parcours, j'étais à la queue-le-le au bout de 60Km lors de la
dernière montée...
Dernier conseil pour les "intégristes de l'anti dopage" (comme moi), ou les
fauchés : c'est tout à fait jouable de le faire "au naturel" :
- camel bag avec eau + miel +sucre + une pincée de sel (tu prends une pom-pote vide, tu remplis
avec du miel + sucre + sel, et ça te fait 2 recharges de camel bag (de 2l) que
tu completes avec de l'eau. boire un peu tous les 1/4 d'heure.
- toutes les heures, nourriture au choix : fruits secs (abicots, figues, bananes, pruneaux),
pain d'épice, crème de marron (toujours en tubes style "pom-pote", très
pratique), pate de fruits. Moi, j'avais fait 10 petits paquets. c'est trop. le
premier ravitaillement est finalement atteint assez vite, et on peut y consommer
des produits naturels. Aucun coup de barre. Seul inconvenient : y en a un dans
le lot qui fait sacrément flatuler, mais je sais pas lequel ! (je soupçonne le
prunneau :-) )
Merci à tous les anciens, Encouragements à tous les futurs !
Olivier
5 commentaires
Commentaire de tot posté le 10-11-2006 à 22:22:00
tu es allé au bout... ce fut dur mais tu y es arrivé..
j'ai cru un moment que c'était toi qui nous avais retardé dans la dernière descente mais que neni...tu es arrivé 7' avant nous...
pas facile comme course mais très heureux également de l'avoir terminé....
Tot
Commentaire de NoNo l'esc@rgot posté le 10-11-2006 à 23:33:00
Bravo pour cette course, si dure ! Chapeau !
Et merci pour ce joli récit, ça donne envie !
Mais, c'est pô pour les escargots comme moi...
Commentaire de BENIBENI posté le 11-11-2006 à 00:03:00
Bravo à toi, dommage que tu souffert à cause de ton tendon mais l'essentiel est de finir ! On a dû se voir car j'ai fini dans les mêmes temps .
Commentaire de PIERROT34400 posté le 11-11-2006 à 06:59:00
Génial ton commentaire c'est tout à fait cette course !
A l'année prochaine pour notre second !
pierrot34400
Commentaire de Gadou 42 posté le 12-11-2006 à 18:11:00
Bravo d'etre arrivé au bout
on ressent toute ta dificulté mais aussi ta determination !
bravo ! ! !
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