L'auteur : Spir
La course : Trail Verbier St Bernard - X-Alpine - 111 km
Date : 6/7/2019
Lieu : Verbier (Suisse)
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Distance : 111km
Matos : TrailTalon 275, bâtons 4 brins (jusqu'à BSP) et leki monobrins ensuite
Objectif : Terminer
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Introspection
Le véritable échec, c’est de ne rien tirer de ses expériences.
Cette phrase me tournait dans la tête depuis mon abandon en rase campagne lors de l’UTMB 2018. Je pouvais considérer comme un échec de ne pas être allé jusqu’au bout alors que, physiquement, rien ne m’empêchait de continuer. Mais le véritable échec aurait été de ne tirer aucune leçon de cet arrêt.
Est-ce que, au fond, j’aimais vraiment partir sur de longues distances? Qu’est-ce qui me poussait à courir? Pourquoi est-ce que je n’étais jamais vraiment « entré » dans la course à l’UTMB ?
J’ai progressivement compris, même si c’est une évidence pour beaucoup, que pour un ultra la préparation psychologique est aussi importante que la préparation physique.
J’ai donc passé un long moment à me poser des questions sur ma motivation, ce qui avait pêché pendant la course, ce qui aurait pu être anticipé avant le départ.
En gros, et je risque de faire bondir un certain nombre de coureurs, l’UTMB ne me faisait pas rêver. Je m’étais inscrit le dernier jour parce que j’avais le bon nombre de points et j’avais été tiré au sort. Le temps épouvantable annoncé n’a pas aidé à se motiver. Je n’avais pas anticipé la première nuit qui arrive si rapidement, avec un départ à 18h. Je n’étais pas préparé au monde et aux bouchons sur les 10 premiers kilomètres. Bref, à aucun moment avant le départ je ne m’étais projeté dans la course et les difficultés qui pouvaient survenir.
Je passe sur bien d’autres aspects introspectifs, mais j’étais arrivé à trois conclusions principales :
Aussi, lorsqu’en ce début d’octobre FranckDeBrignais m’a proposé de s’inscrire à l’X-Alpine, je n’ai pas hésité longtemps. Les photos étaient magnifiques, le terrain semblait technique à souhait et la course limitée à 450 coureurs.
Il me restait quelques mois pour me préparer physiquement et mentalement. En roulant vers la Suisse, j’ai dans mon bagage 1050km et 30000mD+ parcourus depuis le premier janvier, et la conviction absolue que j’irai au bout de la course.
Retrait des dossards
Voilà comment, 9 mois plus tard, Franck, sa femme Caro (Patrovite69), ma femme Ingrid et moi nous sommes retrouvés au retrait des dossards à Châbles. Entre temps, Biscotte s’était joint à nous. C’est la triplette de l’Echappée Belle 2017 qui est reformée pour crapahuter dans les montagnes valaisannes ! Ch’ti Gone est également présent, avec un objectif chrono bien supérieur au mien (ceci dit, je n’en ai pas).
Nous écoutons religieusement le briefing. La météo est belle jusqu’en milieu d’après-midi, ensuite c’est incertitude totale. Ce n’est plus la Suisse mais la Normandie (p’têt qui pleuvra, ou pas, ou avec des orages, ou pas…). Ça va pas être simple pour s’habiller.
On aurait bien pris la traditionnelle glace avec chantilly de veille de départ, mais entre la durée du briefing et la route trop étroite pour croiser qui congestionne la sortie du parking, nous devons y renoncer. Il est déjà plus de 19h et le départ est à 3h…
Ingrid a eu la bonne idée de louer un van. Nous n’avons donc qu’à trouver un emplacement au calme à Verbier pour la nuit et un endroit où manger. Ce sera « Chez Martin », restaurant-pizzeria qui fait une formule à 25 francs (oh, des francs) avec buffet d’entrée+pâtes ou pizza. Dîner tranquille en terrasse avec vue sur ces montagnes qu’il faudra parcourir demain…
Une fois le dessert avalé, retour au Van, préparation des sacs (sac de course, sac d’allègement, sacs pour ma super suiveuse, c’est plus un Van, c’est un car en sac) et dodo. Enfin presque, parce que le bar du dessus fait la fête. Donc pas dodo, mais déplacement du camion pour trouver un endroit (vraiment) calme. Ce sera chose faite à la sortie du village. Le bémol, c’est qu’Ingrid va devoir se lever pour me rapprocher de la ligne de départ le lendemain. On est prêt, je fais au dodo l’assaut mûr.
Enfin dodo… plutôt repos somnolant, bercé par les quelques bruits de la nuit. Heureusement, le réveil vient mettre fin à mon boulot d’intermittent du sommeil, pile au moment où j’arriverais à m’endormir pour de bon. Il est 2h, la verticalité m’appelle.
Un café, une Praluline(c)(tm), une clope, ah non, pas la clope, et nous voilà clopin-clopant à redescendre dans le centre-ville pour retrouver Franck, Biscotte et Ch’ti gône.
Un peu moins de 300 personnes ont choisi le premier départ. La X-Alpine a ceci d’original qu’on peut partir à 3h ou 5h. Les barrières horaires étant inchangées (sauf pour les deux premières), le départ de 5h est réservé aux coureurs les plus rapides. Comme nous visons par défaut autour de 32h, histoire d’avoir un peu de marge sur les BH, la question ne s’est pas posée.
300 gaillard(e)s sur la ligne de départ
La musique du départ retenti : « It’s a beautiful World » d’Armstrong. Autant Vangélis te donne envie de fuir Chamonix pour ne plus l’entendre (sauf que c’est impossible, la foule des coureurs s’étant déjà arrêtée pour franchir une délicate plaque d’égout), autant Armstrong te donne surtout envie de retourner t’endormir comme un bébé, la tête posée sur un oreiller douillet.
Le speaker demande aux garçons de s’agenouiller pour honorer la présence des quelques féminines parmi nous. Magnifique initiative ! Et puis c’est le compte à rebours, et le départ.
Verbier-Sembrancher
Dans ma tête, les choses sont claires : je ne vais pas faire la course complète (111km et 8400mD+), mais enchaîner 11 courses indépendantes entre chaque ravitaillement.
Cette étape est piégeuse car il faut enchaîner une courte montée d’environ 300mD+ et presque 1100mD- de descente. Facile de se cramer les quadris alors que la course n’a pas encore commencé !
D’ailleurs, elle commence où cette course ? J’en discute avec mes compères. Pour la SaintéLyon, c’est facile. La course commence à Soucieu. On se met d’accord pour dire que la X-Alpine commence quelque part entre la Fouly et le Grand Saint Bernard.
On monte à petit rythme. Franck ferme la marche ce qui n’est pas son habitude. J’attaque la descente tranquillement. Le chemin n’est pas mauvais, mais il y a beaucoup de racine. Ce serait bête de s’en coller une maintenant donc prudence. Malgré tout, je prends assez vite un ou deux lacets d’avance sur Franck et Biscotte. Une pause technique nous regroupe et tels 3 cavaliers de l’apocalypse, nous attaquons la plaine à l’approche de Sembrancher au petit trot jusqu’au ravito.
Le ravito n’ouvre qu’à 4h40 pour éviter que les coureurs rapides ne prennent le départ de 3h. Nous y arrivons à 4h54. J’ai terminé ma première course, « same player, new balls ».
Respectant scrupuleusement l’adage selon lequel on ne teste jamais rien en course, j’expérimente le Rivella, boisson gazeuse typiquement Suisse à base de petit lait. J’adore !! Malgré un regard désespéré, la bouteille de Coca sait qu’elle ne me reverra pas de sitôt.
Le ciel s’éclaircit, nous partons à l’assaut du premier gros morceau de cette course ; Catogne.
Sembrancher-Champex le Lac
Nous reprenons notre rythme de sénateur au milieu du train des coureurs. Il y a du monde, mais pas de quoi être gêné. La pente s’élève rapidement sur un bon chemin facile. Petit à petit, les contours du monde se dessinent et la forêt laisse place aux alpages.
L'ami Biscotte et FranckDeBrignais se croient à l'Echappée Belle avec leurs T-shirts
J’ai beau monter tranquillement, je prends progressivement un peu de terrain sur Biscotte et Franck. Je les vois un ou deux lacets plus bas, accompagnés d’un coureur en violet (Mazbert, comme je l’apprendrai plus tard). Chacun s’installe dans son rythme, j’ai vraiment de super sensations, mais la course est encore longue et il y a tous les ans plus de 50 % d’abandons. Donc prudence.
1900m de D+, ça se prend un pas après l'autre, en n'oubliant pas de regarder le paysage
L’arrivée sur le petit ravitaillement d’Alp Catogne se fait presque par surprise. Un bénévole nous pointe, puis on contourne une sorte de ferme pour arriver à la table sur laquelle nous attendent diverses boissons (dont l’incontournable Rivella).
Franck et Biscotte arrivent deux minutes plus tard. Franck est blanc comme un linge. Déjà qu’à la base, il ne tient pas de l’ibérique… Ça ne va pas, il est brassé depuis le départ. On se remet en marche, mais Franck préfère s’arrêter 5 minutes pour essayer de se remettre.
Nous repartons donc avec Biscotte à l’assaut de la deuxième moitié de l’ascension du Catogne. D’après les vidéos, le sommet est très « échappéebelledonnien », et je me demande à quel moment nous allons commencer à crapahuter dans les cailloux.
La vague des coureurs rapides commence à nous rattraper. C’est l’occasion de voir l’élite dans ses œuvre. Le premier nous dépose rapidement (en disant merci), suivi quelques minutes plus tard du deuxième et troisième masculin. Quelques applaudissements et encouragements auxquels les élites répondent gentiment. Il y a déjà pas mal d’écart. Dans l’absolu, leur rythme n’est pas hallucinant, et n’importe quel coureur aurait été capable de les suivre… une heure. Ce qui est fou, c’est de tenir toute la course comme ça. Le format original de départ doit également leur prendre pas mal de jus, avec toute la première vague à dépasser.
Catogne c'est beau, mais ça grimpe...
Le sommet se profile à l’horizon. Petite déception, la partie caillouteuse ne constitue que la phase finale de l’ascension. Un bonjour aux bénévoles qui n’ont pas attendu l’heure de l’apéro pour démarrer l’hydratation et c’est parti pour la descente sur Champex.
Bon sang cette descente ! C’est un vrai chantier. Droit dans la pente, des virages serrés, des racines, des marches… Ça y est, je sais ce qu’on appelle une trace Suisse ! Pour être efficace, c’est efficace, mais ce chemin est un véritable quadricide. J’entends partout les fibres qui craquent et qui grincent. Il n’y a pas de bonne solution, ni la marche ni le trot ne sont vraiment confortables. Reste juste à prendre son mal en patience pour rallier Champex et son lac en contrebas. C’est l’occasion d’échanger quelques mots et de faire connaissance avec Mazbert. J’ai vu après coup sur le bouzin que Fusalp était dans les mêmes eaux que nous, mais si nous avons discuté ensemble, je ne l’ai malheureusement pas identifié en tant que « kikou »...
On croise Caro/Patrovite69 qui monte à la rencontre de Franck. Quelques mots pour lui dire qu’il n’était pas au mieux et nous poursuivons notre route vers le ravito.
Ingrid est là pour m’aider à remplir les flasques, refaire le plein de compotes et glisser quelques encouragements. Ne sachant pas trop où en est Franck, ni dans quel état (à priori pas au top), et un peu inquiet pour la barrière horaire de la Fouly, nous décidons à regret de nous remettre en marche sans l’attendre. Enfin, seulement après que Biscotte aura retourné le ravito pour retrouver l’embout de sa poche à eau. Après quelques minutes de recherches vaines, c’est reparti pour l’étape suivante :
Champex-Cabane d’Orny
Nous quittons Champex en suivant un joli sentier ombragé bordé par un petit canal qui permet de mouiller régulièrement la casquette. L’eau est glacée mais comme la température commence à monter, ça fait du bien. Je fais la connaissance de Manu29 qui a le sourire mais semble avoir des petits problèmes aux pieds.
Echanges de textos
Ingrid « Franck au ravito à 9h40, n’est toujours pas bien »
Moi « Il va se refaire ! On se méfie juste de la BH de la Fouly. C’est embêtant quand même qu’il soit mal »
Le calcul bête et méchant du ratio D+/km montre que la course a un profil qui se situe dans la catégorie « velue » avec ses 76mD+/km. Mais ça, c’est sans compter les longues portions de faux plat montant et descendant. Donc quand on arrive dans une « vraie » bosse, que ce soit à la montée ou à la descente, ce n’est plus une côte, c’est un mur.
La portion Arpette-Col Breya est un bon exemple du genre. Une fois laissé le « joli sentier bucolique avec le ruisseau qui chantouille sur le bord », on attaque les choses sérieuses. La pente est si douce ici que ta tête est au niveau des pieds des coureurs qui sont 10m devant toi. D’après Manu29, cette section est la plus pentue de tout le parcours.
A mi-chemin, je retrouve Ingrid qui a pris le télésiège et un sentier en balcon. Un petit coucou et nous continuons notre ascension.
La forêt se fait moins dense, puis fini par disparaître. Nous prenons pied dans la « vraie » montagne, minérale.
En Breya, passe la première...
Passé le Col Breya, la pente s’adoucit franchement. Le chemin s’élève plus ou moins en balcon. Nous croisons des groupes de grimpeurs qui redescendent, touristes et élèves guides suisses. Le temps est encore beau même si quelques nuages se forment sur les reliefs.
Et on prétend que la Suisse est un endroit ordonné
Textos : Ingrid « Franck passe 25’ après vous. Il en bave encore »
L’accès au refuge se fait par un sentier que l’on emprunte en aller-retour. Entre le temps de montée/descente et l’arrêt au ravito, il y a plus ou moins 45min-1h d’écart entre les coureurs de l’aller et du retour. Nous sommes surpris de croiser Ch’ti gône que l’on pensait bien plus en avance sur nous. Visiblement, il n’a pas les jambes des grands jours mais ça va.
De mon côté, j’accuse un petit coup de mou pour la phase finale de l’ascension. Du coup, je passe en mode « petites étapes » en visant la marque suivante, la petite fleur, le cairn. Autant de petites étapes faciles à accomplir et qui évitent à l’esprit de trop se projeter sur le trajet restant et de gamberger.
Bon an, mal an, on fini par prendre pied sur la plateforme. Bon sang, ça vaut le coup de monter jusqu’ici, c’est magnifique…
Orny et ses fameux gâteaux secs extraits directement de la roche
Le ravito, comme les précédents, est plutôt spartiate. C’est le seul reproche que l’on peut faire à cette course : les bénévoles sont au top, le parcours magnifique, mais les ravitos sont un peu pauvres. Je goûte les gâteaux secs (très, très secs) pour me replier sur les bananes et le chocolat. Bien sûr, je ne connaissais pas à ce moment le pouvoir magique de ces gâteaux, nous y reviendrons.
Un coureur veut abandonner. Les bénévoles lui expliquent que c’est impossible ici, il faut redescendre à la Fouly.
La pause fait du bien, mais il ne faut pas s’endormir. C’est qu’il reste encore quelques étapes avant de pouvoir enlever les chaussures ! On refait les pleins et c’est parti pour la descente.
On veille sur la partie commune si Franck est en train d’arriver. Ingrid m’avait dit qu’il n’était toujours pas en grande forme. Arrivé au pied de la partie commune, pas de Franck à l’horizon. Il y a donc quasi une heure entre nous alors qu’il n’est passé que 25’ derrière à mi-chemin de la montée. On a beau tourner le problème dans tous les sens, ça va être très compliqué pour lui de passer la BH de la Fouly…
Nous quittons la partie commune pour s’engager dans la descente. Le chemin est de nouveau bon et c’est un vrai plaisir d’engager un petit trot.
Il y a pas mal de promeneurs sur ce sentier, y compris des gens avec porte-bébé. Après une bonne section qui fait du bien aux jambes, revoilà les marches et les cailloux. On croise un suisse avec qui Biscotte avait déjà discuté qui se pose des questions sur l’intérêt de continuer. Son genou lui fait mal à la descente. Je discute un peu avec lui pendant que Biscotte poursuit la descente. « ça va bien, mais j’ai pas envie de me flinguer le genou pour les 6 mois qui viennent en insistant trop ». Ça me semble raisonnable comme position, mais vu comme il avance, ça vaut peut-être le coup d’attendre la Fouly pour prendre sa décision.
Le chemin est redevenu le chantier habituel de cailloux et de passages trottinables. Heureusement que les jambes sont bonnes. Par contre, je commence à comprendre pourquoi la Fouly est un mouroir de la X-Alpine. Si tu imagines que toute la suite est comme les deux bosses qu’on vient de se taper, ça doit miner le moral. Heureusement, avec la lecture des récits kikourou et les discussions avec mes compères je sais que le terrain est bien meilleur (en moyenne) à partir de la Fouly.
Un peu plus bas, nous croisons Caro. Franck est à Orny mais ça ne va pas. Crampes et en vrac. Elle monte le retrouver pour redescendre avec lui. Ça nous met un coup au moral. On peut retourner le problème dans tous les sens, il va lui falloir au moins deux heures pour arriver à la Cabane, et même en redescendant ensuite correctement, ça ne va pas le faire pour la BH…
Une fois atteint le val Ferret, il ne reste plus qu’un long faux plat à trottiner pour atteindre le ravito. Tient, justement, notre Suisse est encore là. Au moment où on se remet à trottiner, il nous suit pour nous déposer proprement. Soit il a décidé d’abandonner à la Fouly et il est pressé d’y arriver, soit son genou va vachement mieux…
Biscotte m’a prévenu qu’il voulait faire un bon arrêt à ce ravito. Ça me va bien car l’étape suivante est très longue. Il en profite pour retrouver l’embout de sa poche à eau qui ne s’était pas fait la malle à Champex, mais glissé dans la doublure de la bretelle du sac.
Le temps de discuter un peu avec Ingrid, de manger, de boire, de se détendre les jambes et c’est 45 minutes qui ont filé. Les compteurs sont remis à zéro, nous repartons avec Biscotte requinqués pour l’étape suivante.
La Fouly – Col du Grand Saint Bernard
Après les deux grosses bosses du début et leurs difficultés techniques, on a l’impression de commencer une autre course depuis que l’on a mis le pied au fond du Val Ferret. Après avoir échangé deux-trois mots avec les bénévoles au départ du sentier, nous repartons dans la carte postale suisse par excellence : des champs impeccables, des vaches numérotées en blanc sur fond de robe noire, de jolis chalets plantés ça et là. Le temps est plutôt clément compte tenu des prévisions météo initiales. Tout juste quelques nuages, un ciel un peu bouché.
Un fil pour que franchisse, là, l'âne ?
On forme un petit groupetto avec quelques coureurs, à s’aider pour soulever les fils limitant les zones de pâturage (électrifiés, les fils). Le peloton est très distendu maintenant, et on sent que les abandons ont libéré pas mal d’espace…
C'est beau de l'air dans les Haut Ferret
Ce n’est pas la section la plus glamour du circuit, mais c’est agréable de pouvoir poser un pied devant l’autre sans se poser de question. Est-ce que c’est le faux-rythme imprimé par le chemin, ou la torpeur de fin d’après-midi, toujours est-il qu’arrivé sur le plateau où se dévoilent enfin les lacs Fenêtre, je n’avance plus. Dès que mon attention se relâche, Biscotte me prend 50 ou 100 m l’air de rien. Et pourtant, on ne peut pas dire qu’il met le turbo mais, vraiment, je me traîne.
Je repasse en mode « micro-étapes » : la marque (oui, il y a un marquage permanent X-Alpine qui ressemble aux GR français, mais avec une bande blanche supplémentaire), la balise, la fleur, le cairn… C’est plus un train de sénateur que je mène, c’est carrément Gérard Larcher qui monte vers le col Fenêtre...
Dans la montée de la Fenêtre, je me Larchérise littéralement...
Au bout d’un moment de ce petit jeu, je fais mon coming-out :
« Biscotte, faut vraiment que je m’arrête 5 minutes ».
Ce garçon est une crème. Au lieu de me dire « ben non, on s’arrêtera au ravito, feignasse », il propose une pause. On s’allonge dans l’herbe, un peu en surplomb des lacs dont l’un est encore partiellement gelé. 5 minutes plus tard, ouverture des yeux. Tiens, « notre » Suisse arrive ! Il a finalement décidé de continuer.
Un des Lacs Fenêtre et le col éponyme qui se profile
Tout ce petit monde reprend la route vers le col Fenêtre, juste là bas au dessus du névé.
Pour ma part, deux choses : d’une part le sommeil est toujours là, et d’autre part, je sens arriver mon traditionnel moment « raz le bol de la flotte », qui consiste à ne plus arriver à boire, chaque gorgée me restant sur l’estomac un bon quart d’heure. En même temps, il est quasi 19h, ça fait donc 16h qu’on avance et j’ai dû avaler pas loin de 8 ou 10 litres de flotte plus ou moins additivée de Rivella et autre poudre isotonique. Alors je comprends qu’il y ait comme un sentiment de rébellion stomacale.
Col Fenêtre, ne pas montrer au photographe que je suis Larchérisé
Du col Fenêtre, l’objectif est simple et sous nos pieds : le Grand Saint Bernard. Y’a qu’à se laisser descendre. Arrivé au bord de la route, 30 minutes après le passage du col, je retrouve Ingrid. Je lui explique que ça va, mais que j’ai sommeil et que je commence à être un peu brassé. Après quelques encouragements, elle me remet gentiment un peu d’eau dans les flasques (« toujours ça de moins à faire au ravito ») et retourne au Van. On se retrouvera au ravito, à 1 km d’ici.
Et là, bim, l’erreur. Je bois trop d’un coup et, dans une reprise de volée fulgurante, mon estomac renvoie toute l’eau aussi sec à la nappe phréatique.
Je renonce à prendre ma revanche et décide de finir à sec jusqu’au ravito. Dire que je me traîne sur ce chemin pavé en contrebas de la route du col serait un euphémisme, même si à ce stade je n’en suis plus à manipuler des mots de quatre syllabes. Un mur (une vague rampe dans la vraie vie) permet de regagner la route et d’atteindre enfin le ravito. En 1 km, Biscotte, qui s’est contenté de suivre un petit rythme pendant que je discutais avec Ingrid, m’a mis 8 minutes…
Petit bilan maintenant que l’on a atteint le bout de la boucle :
- j’ai sommeil. Rien d’anormal
- je suis un tantinet brassé. Bon, je suis rodé à ça aussi, et ça va plutôt bien. J’arrive à manger au ravito et à boire le bouillon 10 fois trop salé qu’on nous sert
- je n’ai absolument aucun doute sur le fait que je vais rallier Verbier. J’ai de la marge sur les BH
- je suis un boulet pour Biscotte. Ça c’est moins chouette, parce que je suis en train de le mettre dans un faux-rythme qu’il risque de payer plus tard. C’est pas évident de se gérer seul sur un ultra, alors à deux…
« Biscotte, faut que tu repartes seul. Là, tu me traînes et je te ralenti à mort » (ce ne sont pas les mots exacts, mais c’est l’esprit).
Je sens bien qu’il est tenté et c’est normal. A son rythme, il peut gagner au moins entre une et trois heures sur la durée totale de course et ça peut faire une sacrée différence sur la manière dont on vit la course… Mais cet homme est un Saint. Et de sa Noble Bouche tomba la sentence :
« Écoute, on continue ensemble jusqu’à Bourg Saint Pierre, et on avisera là bas. »
La sentense Biscottienne tombe du côté beurré
Dont acte.
Col du Grand Saint-Bernard – Bourg Saint Pierre
Elle est bien planquée sur le profil et ne paye pas de mine par rapport aux deux grosses bosses restantes, mais elle est bien là, la montée vers le col des Chevaux. Pas difficile, progressive, mais comme toutes les côtes, elle monte…
On retrouve enfin le terrain que j’adore. Petite sente en montagne, des cailloux. J’essaie de ne pas trop ralentir Biscotte, mais, irrésistiblement, il reprend du champ. Le bon côté des choses, c’est que je n’aurais jamais été aussi « vite » seul à moment là. Quelque part, je me dis que je suis juste en train de mettre en place une tactique diabolique pour que Franck puisse nous rattraper, on a les satisfactions qu’on peut.
Du coup, c’est loupé pour le couché du soleil au col. Pas de beaucoup, mais l’astronomie est tatillonne sur les horaires, et en Suisse, c’est encore pire.
Col des Cheveaux, tu parles d'une arnaque, les seules cannes à son sont nos quadris qui grincent...
La descente est un joli chantier de pierres. Il reste encore assez de lumière pour s’extraire de la partie la plus chaotique sans l’aide des frontales. Biscotte, qui est un habitué de la course, me prévient : « Cette descente, elle est interminable ».
Toujours dans l’aspiration du sillage Biscottien, mes yeux se comportent comme ceux des poupées en porcelaine. A chaque pas, mes paupières se ferment. Ça donne un petit côté stromboscopique sans doute top en boîte de nuit, mais pas franchement agréable. Il fait nuit et nous continuons de descendre sur un sentier tracé au milieu des alpages. C’est monotone et lent. En plus, il bruine.
Je suis sorti de ma torpeur par une voix que je connais bien : « Biscotte ? Sylvain ? »
Ingrid est assise sur une chaise pliante, au milieu de la pampa, en pleine nuit. Et non, ce n’est pas une hallucination. Elle s’est garée sur la route toute proche et ça fait presque une heure qu’elle regarde passer les (rares) coureurs.
Je dors littéralement debout. La perspective de pouvoir m’allonger 10 minutes à l’abri de la pluie est trop forte. Biscotte fini de me convaincre d’aller me poser un peu (je sais que c’est en infraction totale avec le règlement) et que je le rattraperai à la base vie.
C’est un peu un cas de conscience, mais si jamais je n’étais pas tombé sur Ingrid, je me serais de toute façon posé dans un coin pour dormir. Ça devenait franchement désagréable de lutter contre des paupières « lourdes comme des bouteilles de butane » comme dit le poète des cabanes au fond du jardin. Par contre, voilà notre trio de départ éclaté aux quatre vents.
25 minutes plus tard, me voilà de retour (quelle idée de génie ce Van...), cette fois seul, sur le sentier. 10 minutes d’un sommeil de plomb m’ont permis de ranger les paupières en position ouverte. Pas une lueur de frontale ni devant, ni derrière.
Je pense au Bouzin, ces messages qui pointent les kikous en course. Franck a dû passer pendant que je m’étais « écarté » de l’itinéraire et j’imagine les commentaires éventuels sur l’inversion de nos ordres d’arrivée à Bourg Saint Pierre.
Bon sang qu’il est long ce chemin ! Autant de jour, le balisage est impeccable, autant de nuit , c’est un peu plus light. Le marquage permanent n’est pas visible, et les balises réfléchissantes ont souvent été couchées par le vent. Heureusement que j’ai récupéré un peu la forme, sinon je me serais écroulé dans un buisson.
Pas de lune pour éclairer le paysage. A gauche, comme à droite, des buissons. Au loin, quelques lumières de voitures et d’un train qui passe. Grace à la réflexion diffuse de quelques lampadaires, je devine qu’il y a un lac en contrebas (évidemment, je savais d’après la carte qu’il y avait un grand lac). Mais que c’est long…
Enfin, je tombe sur l’entrée du village et un bénévole qui m’annonce le ravito à 150m.
Aaahhh, les fameux « kilomètres bénévoles ». En fait de 150m, c’est presque un kilomètre qui me sépare du ravito.
Je franchis la porte d’entrée sous les encouragements et les sourires des bénévoles, vraiment une constante sur cette course. A l’intérieur, des grandes tablées, une estrade sur laquelle sont disposés tous les sacs de délestage, ainsi qu’une Biscotte en pleine partie de jambes en l’air.
A peine remis de voir mon compère encore présent dans ce ravito, qui plus est allongé sur le dos et les jambes contre le mur, je tombe sur un Franck attablé devant une assiette de pâtes, entouré de Caro et de Thomas, son fils.
C’est miraculeux qu’avec les aléas de course, on se retrouve réunis. Finalement, c’est un peu le « scénario de Périoule » à l’Echappée Belle qui est en train de se rejouer.
« Aller, on fini à trois maintenant ! ». Je ne sais plus bien d’où a émané ce constat, mais il s’imposait comme une évidence. J’ingurgite rapidement quelques pâtes pendant qu’Ingrid me remplit les flasques et m’apporte une autre paire de bâtons et nous repartons accompagnés de 3 autres coureurs avec qui Franck avait fait connaissance et qui étaient sur le point d’abandonner. On leur explique que notre groupetto va jusqu’à Verbier, alors autant y aller ensemble.
Et si tout voyage commence par un pas, celui-ci débute par Mille.
Bourg Saint-Pierre – Cabane de Mille
Tout le monde est en forme. On sait que la montée à la Cabane de Mille est longue. Mes camarades par expérience, et moi par la lecture des récits de course et pour avoir aperçu l’itinéraire depuis la descente de la Cabane d’Orny. Il paraît qu’on la voit des kilomètres avant d’y arriver. Je me prépare à une épreuve type Pleynet à l’Echappée Belle, ou Joly à la TDS.
Franck nous raconte sa renaissance à Orny grâce à l’ingestion de gâteaux secs (ceux là même qui me semblaient destinés à achever les coureurs par lyophilisation instantanée tellement ils m’avaient desséchés la bouche). Les quelques discussions aident à faire passer la première partie de la montée plutôt raide.
De jour, la vue doit être splendide, avec le glacier du Trient, l’aiguille du Tour en face et la vallée au fond. Sauf que là, on y voit rien. Le sentier est tracé de sorte qu’on ne distingue rien à plus de 40 ou 50 m devant et on a vraiment l’impression de ne pas avancer. Autre étrangeté qui n’est pas flagrante sur le profil, on ne fait pas que monter. On va même monter un peu plus haut que la Cabane avant de redescendre.
Dans la deuxième partie de montée, Biscotte se laisse glisser un peu en arrière du groupe. Lors d’une pause technique, il me semble le voir avec des bâtons. Bah, vu qu’il avait un peu mal au genou depuis un moment, il s’est peut-être juste décidé à les sortir du sac. Nous repartons.
Au bout d’un moment, alors que nous discutions d’une chose ou d’une autre avec Franck, un coureur nous dépasse dans un pic-pic régulier. C’est mon « Biscotte » de tout à l’heure ! Mais, si Biscotte n’est pas ce gars qui tartine, où s’est cassé Biscotte ?
On s’arrête pour voir si on réussit à apercevoir quelques miettes en arrière. Il y a bien une frontale ou deux, mais rien de bien toasté. Franck regarde son portable et y trouve un message annonçant « je dors debout, je m’arrête 5 minutes ».
Aïe, on avait loupé ça. Bon, on continue tranquillement, il nous retrouvera à Mille.
Je m’attendais à la voir des heures durant cette cabane. En fait, il se passe quand même pas mal de temps depuis Bourg Saint Pierre avant de voir la Cabane. Et une fois qu’on la voit, il se passe également pas mal de temps avant d’y arriver. Surtout, on ne comprend pas bien pourquoi certaines frontales semblent descendre et d’autres monter. Comme l’X-Alpine, ce n’est pas l’UTMB, il est un peu difficile de relier les frontales entre elles pour se faire une idée de l’itinéraire.
Suivant le dicton « Tranquille, et Mille », on fini par y arriver. A un moment de la montée, le consensus était : ce ravito est venté, on se contente de faire le plein et on file.
45 minutes pour faire le plein et filer, tu parles d’un arrêt express… Et ce n’est pas d’avoir attendu Biscotte, il est arrivé 3 minutes après nous. Mais bon, la tente était chauffée, un bénévole faisait le tour des coureurs pour servir du bouillon, et à 4h du matin, c’est surtout un moment où on préférerait dormir.
D’ailleurs je m’y essaye tant bien que mal, assis le dos posé contre la toile de la tente, mon verre de bouillon à la main. J’ai les yeux fermés, je sens le sommeil arriver, et la main qui tient mon verre lentement descendre… Mais heureusement (ou malheureusement), je ne m’endors pas, ce qui me permet de boire mon bouillon plutôt que d’arroser les chaussures. Bon, c’est pas tout ça, mais on a une course à gagner nous.
Cabane de Mille – Lourtier
C’est l’avant dernière descente ! Celle qu’on redoute tous un peu, car si les montées se passent bien, les quadris commencent à être à la peine. Ça grince autant que l’Hermione. Et là, on a 1400 m de dénivelé négatif à se cogner. C’est chacun sa technique. Franck et Biscotte préfèrent trottiner de temps en temps, moi je reste en marche en allongeant le pas lorsqu’ils trottinent.
Encore un peu ensuqué à la sortie de la Cabane, l’arrivée progressive du jour me fait du bien. La descente est plutôt monotone mais bien régulière. On fini par atteindre le haut de la station de ski d’où nous apercevons la vallée, tout en bas, qu’il va falloir rejoindre.
Sur une section plate, on s’essaie à courir. Foutue montre GPS qui nous gratifie d’un 6,5 km/h… On pousse les chevaux : 7,5 km/h ! Bon, on va peut-être pas se lancer tout de suite sur un 10 km…
Enfin dans la vallée, nous retrouvons Ingrid, Caro et Thomas qui nous accompagnent jusqu’au ravito de Lourtier. Même si l’issue de la course ne faisait aucun doute, c’est maintenant une certitude : on va finir cette X-Alpine.
Cela donne une ambiance un peu particulière à ce ravito, un sentiment de début de fin de course. On se chambre un peu avec les bénévoles, on refait les pleins, je rends à Biscotte son gobelet que je lui avais fauché par erreur à Mille et c’est parti. Rendez-vous avec nos suiveu.r.se.s à Verbier !
Lourtier-La Chaux
A partir de là, la barrière horaire est très large, et il ne reste qu’une bosse à monter. Décrite par l’organisation comme « Le Mur », ou « The Wall », sans qu’on sache très bien si c’est en hommage aux Pink Floyd ou bien pour faire « style », la montée se décompose en deux parties : un kilomètre vertical bien raide sur un sentier forestier en lacets serrés, puis 200 m de montée sur le haut de la station de ski pour rejoindre le bâtiment dans lequel se situe un ravito léger.
La montée commence quasi dès la sortie du ravito. Comme le chemin est bien propre, on peut prendre un rythme régulier. Le temps est plutôt clément et les jambes répondent bien. Franck prend la tête du groupe, Biscotte et moi suivons.
L’idée, c’était de faire la montée complète sans pause. Mais c’était sans compter sur l’arrivée du vent et de quelques gouttes. Vu ce qu’il a l’air de pleuvoir dans la vallée, mieux vaut sans doute mettre les vestes avant de se prendre la rincée.
Sauf que les pluies sont très localisées. Après quelques gouttes, le soleil revient. Nouvelle pause veste que Biscotte utilise pour nous fumer et prendre la première position.
Fin du kilomètre vertical, « avalé » à 750 m/h ce qui n’est pas si mal après 100 km de course.
La forêt est maintenant derrière nous. Il ne reste plus qu’à parcourir la station pour rallier le ravito.
Enfin, il faut déjà franchir à gué un petit torrent. Franck teste l’adhérence de ses chaussures sur un gros caillou. Le test est concluant (ça n’accroche pas), et voilà notre DeBrignais trempé jusqu’à la ceinture et assis sur le caillou susnommé dans une imitation très convaincante du Louis XIV sur son cheval de la place Bellecour. Le froid anesthésiant les parties, il ne ressent aucune douleur de son passage express en position cavalière.
« Bip », dernier ravito de la X-Alpine validé. Plus qu’à descendre maintenant.
La Chaux – Verbier
Sous les encouragements des bénévoles (et une fausse menace de vérifier le matériel obligatoire histoire de s’occuper), nous quittons le foyer de ski sous le soleil.
Le vent soufle. Gros questionnement : on continue comme ça ou on remet les vestes ? Au bout de 5 min, il semble plus raisonnable de se protéger. Ce serait trop bête de chopper la crève maintenant. Pause veste.
100 m plus loin, plus un souffle de vent. On cuit. On va quand même pas s’arrêter ? Vu la chaleur, il semble plus raisonnable de tout virer. Ce serait trop bête de chopper la crève maintenant. Pause veste.
Un peu plus bas, le vent, de nouveau. STOP ! On décide de continuer comme ça, de toute façon, on va bientôt rentrer dans la forêt qui va nous protéger du vent.
A l’approche du village, nous retrouvons Caro et Thomas venus à notre rencontre. Un peu plus loin, Ingrid se joint à nous et c’est tout le groupe de coureurs et suiveu.r.ses qui trottine vers la ligne d’arrivée.
Biscotte, Franck et moi nous tenons la main pour passer la ligne d’arrivée. Partis ensemble, nous avons réussi à arriver ensemble malgré les aléas de course. Ça y est :
We are X-Alpine
(hommage à Queen ou pour faire « style » ?)
Épilogue
J’ai pris le départ de cette course en cherchant à savoir si j’étais capable de gérer un format long. Cette fois ci, la réponse a été positive. Malgré le sommeil qui m’est tombé dessus entre le col Fenêtre et Bourg Saint Pierre, je ne me suis jamais senti « mal ». Les jambes ont toujours répondues et l’estomac, si on excepte un petit moment au Col du Grand Saint Bernard, a toléré ravitaillement et hydratation. La tête, aussi immodeste que puisse paraître cette affirmation, n’a jamais douté de l’issue.
Le chrono n’avait aucune importance à mes yeux, je n’ai pas assez d’expérience pour aborder ces formats en mode « compétiteur », et je suis heureux d’avoir pu profiter, avec un peu de chance et de bonne volonté, de la présence de mes camarades de course sur la plus grande partie du parcours (finalement, on aura fait toutes les combinaisons : ensemble, séparemment, Biscotte et moi, Franck et moi), de la gentillesse constante des bénévoles, et du soutient constant et formidable d’Ingrid non seulement aux ravitallements, mais également dans des endroits parfois improbables.
Le seul bémol formulable sur l’organisation pourrait porter sur la variété des ravitos (s’il vous plaît, changez de fournisseur de vermicelle!), mais bon, il y avait tout ce qu’il fallait pour trouver de quoi se sustenter et aller jusqu’à l’étape suivante.
Quel régal des yeux, et quel plaisir de franchir la ligne d’arrivée main dans la main ! Vraiment, cette course me laissera des souvenirs pour longtemps.
Pour les stats : X-Alpine 2019 – 495 partants / 232 arrivants – Arrivé du trio aux 211-212èmes places (presque derniers arrivés, mais dans la première moitié des partants!)
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28 commentaires
Commentaire de elnumaa[X] posté le 22-07-2019 à 06:39:55
Jamais étant 1 notion toute relative en ultra ;-)
Ahah !!!
Une superbe revanche sur toi-même et ça cest dla balle
On ze road Again pr paraphraser Pulvoerde ;-)
Commentaire de Spir posté le 22-07-2019 à 08:48:46
Merci Manu ! Bravo pour ta super perf à l'UTB, j'espère qu'on se recroisera au détour d'un chemin !
Commentaire de bubulle posté le 22-07-2019 à 07:29:28
Vous êtes quand même bizarrement câblés, "les lyonnais", avec cette espèce de façon qui ne loupe jamas, de vous retrouver au final alors que chacun passe successivement par tous les états. Vous ramassez même ponctuellement des cadavres ambulants, je ne le sais que trop...cadavres qui vous remercient en tentant de vous semer pour uen improbable teutonne.
Et au final, ça ne loupe pas, vous vous refaites le coup de "on part ensemble et on arrive ensemble", ça en devient lassant.
Je ne reviendrai pas sur ces abominables jeux de mots pourris : on avait été tranquilles pendant le suivi live, justement....mais on n'y échappe pas dans le récit, pffff.
Mais, diantre, putain de météo de mierda qui permet de finir en Suisse pendant qu'on se la coulait douce en Val Montjoie, contraints et forcés. On est jaloux !
Et je suis d'accord sur la Rivella!Je n'ai testé qu'une fois, mais le Coca à côté c'est de la pisse d'âne (qui ne franchit pas le fil).
Commentaire de Spir posté le 22-07-2019 à 08:54:56
C'est vrai, faut vraiment qu'on arrête de ramasser n'importe qui sur les bords des chemins :) Mais cette fois personne n'avait de gants de Mickey, on ne s'est pas méfié !
Commentaire de patrovite69 posté le 22-07-2019 à 15:15:34
Bravo pour cette course. Encore une fois très sympa de vous suivre tous les trois. Quelle sera la prochaine????
Commentaire de Spir posté le 23-07-2019 à 09:12:06
Oui c'était chouette ! Pour la prochaine, c'est à voir. En tout cas je vous donne rendez vous au Col d'Arpingon fin août (et de jour, j'espère...) en vous souhaitant d'avoir meilleur temps que l'an dernier !
Commentaire de franck de Brignais posté le 22-07-2019 à 21:24:15
On commence ensemble, on fini ensemble... bon, ça c'est bien.... mais faudra qu'on teste "tout faire ensemble" un des ces 4 !
Il a fallut sacrément cravacher pour vous rattraper... z'avez avancé les garçons !!
Merci pour ce joli récit... les quelques jeux de mots... et le bon moment passé ensemble !!
Va falloir qu'on remette le couvert... j'ai un truc en tête pour l'année prochaine... faut qu'on en cause...
Commentaire de bubulle posté le 23-07-2019 à 07:34:58
"tout faire ensemble", y'a une petite trotte qui se fait bien à trois...
Sinon, à deux, y'a une ballade en Andorre, qui est pas mal pour les randonneurs.....(par contre, mega sportive pour les suiveuses)
Commentaire de Spir posté le 23-07-2019 à 09:18:46
Vraiment très heureux que tu te sois si bien remis. Quel caractère de continuer à avancer, brassé comme tu étais au départ !
J'attends les suggestions pour la prochaine, et d'ici là, on se revoit en Belledonne !
Commentaire de Jean-Phi posté le 23-07-2019 à 10:30:32
chouette CR. Je n'ai pas eu le plaisir de vous suivre via le live mais j'ai regardé un peu le suivi sur le net et vous avanciez plutôt bien. La preuve avec votre belle perf à tous les trois et surtout votre bambée collective. Belle revanche sur ton UTMB ! Tu es prêt pour de nouvelles ultra aventures !
Commentaire de Spir posté le 24-07-2019 à 08:13:05
Merci Jean-Phi. C'est quand même un sacré avantage quand tu fais la balade avec des gens d'expérience. On lit souvent le dicton "seul, on va plus vite, ensemble on va plus loin", et ben c'est vrai ! A très bientôt j'espère !
Commentaire de TomTrailRunner posté le 22-08-2019 à 18:50:20
Et et, le LUR power a encore frappé.
Respect les garçons
Commentaire de Grego On The Run posté le 23-07-2019 à 14:54:53
Bravo à vous. C'est un superbe accomplissement. Vous l'avez fait du premier coup. Il y a 4 ans je n'avais pas eu la maturité nécessaire et avait abandonné à La Fouly.
Quant à Lourtier/La Chaux ce n'est ni "The Wall" ni "le Mur"...mais "The Mur" !
Commentaire de Spir posté le 24-07-2019 à 08:14:46
Merci Grego. Je me souviens de ton premier récit. Heureusement, tu as pu prendre ta revanche ensuite !
Commentaire de Dahus69 posté le 23-07-2019 à 22:57:25
Superbe récit, qui me fait revivre la course, comme Franck les gateaux secs d'Orny m'ont fait du bien ! Nous avons du nous croiser vers le col du Grand Saint Bernard et à Bourg Saint Pierre. Au plaisir de te croiser ou de vous croiser les 3 sur un autre ultra où sur le même en 2020 ! Et content pour toi après ton UTMB.
Commentaire de Spir posté le 24-07-2019 à 08:26:03
Merci Dahus ! Dommage qu'on se soit raté, c'est toujours un plaisir de mettre un visage sur un pseudo. Bravo à toi pour ta course. D'après le suivi ça a été un peu dur dans la montée d'Orny, mais bien mieux ensuite (faudra chopper le nom de ces gâteaux secs...). Au plaisir de te croiser !
Commentaire de Cheville de Miel posté le 24-07-2019 à 10:27:34
ça m'a l'air d'être un chouette coin pour se balader!!! Bravo pour ta course, ça fait du bien de voir vos têtes!!!
Commentaire de Spir posté le 09-08-2019 à 13:14:41
Ca te plairait j'en suis sûr. C'est vraiment grandiose. Moins sauvage que l'EB, mais avec un "vrai" côté montagne. J'espère qu'on aura l'occasion de se recroiser en course ! Mais bon, tu es dans un autre monde maintenant :D
Commentaire de zeze posté le 24-07-2019 à 13:09:02
Alors là Bravo; l'aventure c'est l'aventure; une superbe épopée (je n'emploie pas le nom de course), un super récit et quel résultat, ne vous sous estimez pas votre temps est top (avec le nouveau format je n'ai pour ma part plus aucune chance de passer les BH)
Commentaire de Spir posté le 09-08-2019 à 13:16:36
Merci Zeze. Bien sûr que tu as les capacités à passer les BH. Il y a de vraies grosses bosses, mais aussi pas mal de sections roulante où ton expérience de "routard" te permet de gagner beaucoup de temps !
Commentaire de Mazouth posté le 24-07-2019 à 16:06:45
Bravo pour cette fantastiX-victoire !! (enfin ex aequo avec le 1er SEM et le 1er V4M si j'en crois la dernière photo) ^^
Commentaire de Spir posté le 09-08-2019 à 13:20:02
Ouais, pas possible de les décrocher ces deux là, y compris dans le sprint final :D Bien content qu'on soit arrivés ensemble ! Faut que tu ailles y faire un tour, ça te changera de la MH !
Commentaire de tidgi posté le 26-07-2019 à 15:57:22
Chouette récit et belle course d'équipe !
Et un grand bravo pour avoir dompté ce superbe parcours :)
Commentaire de Spir posté le 09-08-2019 à 13:21:55
Merci Thierry. Grace aux récits des années précédentes, comme dit dans l'émission "Sur les épaules de Darwin", on se hisse sur les épaules des géants afin de voir plus loin. C'est une aide précieuse pour se préparer !
Commentaire de Benman posté le 08-08-2019 à 23:43:15
Tu as passé le Larcher d'arrivée. Le sénat acclame ton exploit. Pouce en l'air.
Commentaire de Spir posté le 09-08-2019 à 13:24:17
Oui, faut marcher et rien Larcher. Et une fois arrivé, j'en ai Rugy de plaisir ;)
Commentaire de Fox-Trot posté le 12-08-2019 à 22:53:31
Bravo j’ai apprécié vous suivre en plus vous êtes toujours sympas même quand ça ne va pas super bien ! le van c’est vraiment top je confirme. Au plaisir de vous revoir Ingrid
Commentaire de Arclusaz posté le 25-04-2021 à 22:53:47
c'est dingue, j'avais loupé ce récit à l'époque. ET il est top. Si un jour, on fait un bouquin il mériterait d'être dedans. Faudra juste changer le "beautiful" d'Armstrong par "wonderful". Les jeux de mots pourris, faut absolument les laisser.
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