L'auteur : Cabri_89
La course : La Montagn'Hard - 60 km
Date : 7/7/2018
Lieu : St Nicolas De Veroce (Haute-Savoie)
Affichage : 2516 vues
Distance : 66km
Matos : Nike Terra Kiger 4
Sac Instinct 7L
Pas de bâtons !
Objectif : Terminer
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J-15 Une inscription un peu téméraire
Footeux depuis toujours, mes débuts officiels dans la course à pied remontent à fin avril il y a à peine deux mois.
Novice mais passionné depuis quelques années par le monde du trail, l’envie de participer dés cet été à un premier trail de montagne et très forte. Très appréciée du forum, la Montagn’hard me fait de l’oeil. Parcours exigeant certes, mais joli vues, supers ravito, organisation aux petits oignons, et barrière horaires très larges, difficile de résister. Je décide de m’inscrire sur le format 65km et non 40, qui aurait été plus sage pour un premier trail montagnard.
Ce sera mon 6ème dossard. Mes 5 dossards précédents, composés de trois semi nature, d'un 11km et d'un 36km (couru/marché blessé) entre fin avril et fin juin en région parisienne, ne me préparent en rien à une telle épreuve.
Au delà de l’inconnue totale pour moi de ce que représente ce genre de distance et durée d’effort, mon manque d'entrainement pour un tel dénivelé est criant (environs 4000mD+ depuis le début de l’année, alors que la course en comprend environs 5000 !). La saison de foot vient à peine de se terminer, ma « préparation » se résumant à quelques tours par ci par là aux 25 bosses.
Je décide de me rendre à St Nicolas de Veroce principalement avec ma condition physique « naturelle », convaincu que j'ai les capacités malgré l’absence d’entrainement pour terminer.
Vendredi - J-1
Parti en voiture le matin depuis la région parisienne, j’arrive à destination à 15h30, juste à temps pour regarder le quart de finale de l’équipe de France contre l’Uruguay.
Je suis logé à 1,5km du village, avec deux autres kikoureurs : Marmadoc, qui participe à l’Ultra de 145km, et dca qui participe au 65km comme moi. Après le match, nous partons ensemble récupérer nos dossards.
La météo qui était assez mauvaise toute la journée commence à s’éclaircir, du beau temps est annoncé pour le week end, super !
Après un bon repas et l’élimination surprise du Brésil contre les belges, je termine la préparation de mon sac et me couche vers 23h30, pendant que Maramdoc se rend sur la ligne de départ du 145 !
Avec l’excitation, j’ai du mal à trouver le sommeil et je vais me réveiller plusieurs fois dans la nuit. Avec la petite nuit déjà effectuée la veille et toute une journée au volant, je ne vais pas partir très frais.
Samedi 7 Juillet : Jour J
Départ à 6h. Le réveil sonne à 4h30. Mais petit problème, une application de mon téléphone est restée allumée toute la nuit et m’a bouffée quasiment toute ma batterie. Je remet le téléphone à charger mais le temps manque et je ne partirais qu’avec à peine plus de 50% de la charge.
Petit déj express et direction le départ. Daniel, qui nous héberge, nous conduit directement au départ en quelques minutes, pendant que les autres doivent souvent marcher à pied car la route est barrée 1km avant le village. Merci à lui pour ce luxe.
Il est bientôt 6h, il fait beau et légèrement frais, et vu le temps annoncé, je pars avec un haut à manche courtes. Bubulle, qui a du abandonner au bout de 4h sur la version Ultra, est notamment présent pour nous encourager au départ.
Après nous avoir rappelé que le dénivelé était « absolument monstrueux » et qu’il y a 3 ans « les équipes de secours ont procédé à 35 perfusions de réhydratation », le speaker donne le décompte, et c’est parti !
KM - 0 Départ (1178m)
Après 500m de plat pour sortir du village et étirer un peu le peloton de 190 coureurs, on attaque directement par une montée bien raide ! Malgré l’interdiction au début, de nombreux bâtons sont déjà de sortie, pas cool.
Je sais que n’étant pas habitué à une durée aussi longue de course, je dois éviter de partir trop vite. Sauf que c’est bien plus facile à dire qu’à faire. Habitué aux distances plus courtes, j’ai évidemment des fourmis dans les jambes.
KM 3 - Déchapieu (1178m) : 33’ (6h33)
Lorsque l’on sors des bois, on a déjà des panoramas assez magnifiques en ce début de matinée.
J’atteinds le sommet de Déchapieu (3km et 390d+) en 33 minutes. La descente (5km et 630d-) se fait sur des chemins roulants et très larges. Je suis frais (pour l'instant), donc j’avance bien. Il me faut à peu près 25 minutes pour descendre, et il est à peu près 7h (soit 1h de course), lorsque j’attaque la seconde difficulté. Nous sommes alors au 8ème km.
Première descente, roulante.
KM 8 - (937m) : 1h00’ (7h00)
Avec la montée vers Plancerts (5km, 813m d+), on rentre un peu plus dans le vif du sujet. La montée est régulière et raide quasiment jusqu’au sommet. On y croise notamment la ligne de chemin de fer du tramway du Mont Blanc. La montée est assez usante, mais nous sommes du côté à l’ombre de la vallée, ce qui est plutôt bien même s’il est encore tôt et que la température n’est pas encore énorme. A peine arrivée au sommet (1750m), ça redescend directement. On le sait, avec la Montagn’hard, quasiment pas de répit, ce sont des montagnes russes de bout en bout. La descente est assez similaire à la première, sur de grandes pistes larges et certains avions me dépassent à une allure folle. J’essaye d’en faire de même, mais je dois vite me raviser car j’ai les pieds rapidement en feu dans mes chaussures. Je découvre la difficultés de gérer les pentes roulantes et peu techniques, où il ne faut pas se laisser trop entrainer par la pente, mais où on se flingue les genoux en étant trop sur la retenue. Mon manque de technique et d’expérience est criant, je ne sais pas comment m’y prendre pour ne pas me flinguer.
KM 16 - CP1 - Les Toiles (1133m) : 2h19’ (8h19) - 45ème
Je viens de franchir deux descentes de 600m d- en courant, mes genoux qui ne sont pas habitués sont déjà en train de me faire souffrir, et les deux tendons situés derrière le genoux droit commencent à être douloureux.
Mon départ est certainement un peu trop rapide, car je me retrouve au PC1 des Toiles en 45ème position. Je m’arrête une bonne dizaine de minutes pour bien recharger et me prendre une soupe. Pendant ce temps, le gros du peloton commence à arriver.
KM 16 - Sortie CP1 - 2h30’ (8h30)
La montée du Prarion est assez difficile (6km pour 808m d+). Le soleil est en train de monter à son Zenith. Si la première partie de la montée est en sous bois, le chemin est de plus en plus escarpé et la vue se dégage au fur et à mesure que l’on grimpe.
KM 22 - Sommet du Prarion (1941m) - 3h55’ (9h55)
Le point de vue panoramique offert au sommet est juste sublime, certainement le plus beau de ce 65km, on y resterait clairement toute la journée à se prélasser et à profiter de la vue.
Après quelques photos, je repars, mais la longue descente de 45min me fait encore très mal aux genoux et à mon arrivée à Bionnassay, je suis déjà bien entamé.
KM 28 - CP2 - Bionnassay (1323m) - 4h45’ (10h45) - 88ème
A mon arrivée, beaucoup de monde en train de se servir au ravito, et vu que j’ai mal aux genoux je m’installe sur une chaise libre.
CP2 - Bionnassay
J’envoi quelques sms, discute avec quelques familles/suiveurs, et le temps passe assez vite sans que je m’en rende compte. Déjà 20-25min que je suis arrêté ! Après une petite soupe, je décide de repartir pour attaquer le col du tricot. Ça va cogner !
KM 28 - Sortie CP2 - 5h10’ (11h10)
Après cette bonne pause, je recule logiquement au classement et pars en direction du col du Tricot. Une ascension assez longue, durant laquelle je croise notamment Albacor.
En route pour le Tricot (photo de dos prise par Albacor)
Vers la moitié de l’ascension, on traverse la fameuse passerelle de Bionnassay, un pont himalayen qui surplombe le torrent déchainé du glacier de Bionnassay, magnifique !
Torrent de Bionnassay
KM 32 - Passerelle de Bionassay (1709m) - 6h10’ (12h10)
La seconde partie de la montée se fait à découvert. On y croise pas mal de randonneurs ainsi que des coureurs de la version Ultra en nombre. La fin de l’ascension comprend quelques névés, plutôts rafraîchissants vu la température.
Fin du col du Tricot
45min après la passerelle et 1h45 après mon départ de Bionassay, me voilà au sommet du col du Tricot, point culminant de cette version 65km de la Montagn’hard.
KM 34 - Col du Tricot (2102m) - 6h55’ (12h55)
Au sommet, on est à peu près à mi-parcours. Je m'arrête une nouvelle fois un bon quart d'heure, pour profiter un peu de l’instant, me reposer, et me badigeonner de crème solaire pour ne pas me transformer en homard grillé. A 2Km au bas de la descente de 530m d-, on aperçoit le CP de Miage.
Miage, c'est en bas !
La descente vers Miage, technique et tout en lacets, serait un vrai plaisir en temps normal, mais avec des genoux déjà presque aux abois, je dois serrer les dents pendant une grosse demi-heure pour boucler ces 2Km.
KM 36 - CP3 - Miage (1572m) - 7h40’ (13h40)
A Miage, la mi-course est dépassée, et sur le papier, le plus gros du dénivelé aussi.
Miage, c’est le moment où les 3 courses du jour se rejoignent, il y a donc beaucoup de monde étalé un peu partout. Je m’installe en plein milieu et fais une longue pause pour reposer mes genoux, m’alimenter et aussi changer de chaussettes et de Tee-shirt.
CP de Miage - Je suis tout en bas à droite.
Je discute même un peu avec Bubulle (grâce à qui j'ai un super profil calé dans mon short) et qui m’explique un peu ces déboires au genou gauche.
Consultation du profil du BubulleBook (depuis j'ai appris à les miniaturiser :))
Puis c’est dca qui arrive à son tour à Miage. On discute brièvement avant que j’aille remplir mes flasques. Je le cherche quelques instants à mon retour vers mes affaires mais je ne le vois plus, donc j’en déduit qu’il est reparti.
Je sais que je ne suis qu'à la moitié et que je vais en baver, mais je me suis inscrit pour faire le 60 donc pas question de bifurquer. Après environs 50’ de pause, je repars en direction de la montée du Truc et de Tré la tête. Avec un arrêt au sommet du Tricot et ce long arrêt à Miage, j’ai encore bien reculé au classement, mais je n’y pense même plus. L’objectif est simplement de franchir l'arrivée.
KM 36 - Sortie CP3 - 8h30 (14h30) - 172ème
Après une petite partie de replat où je peux admirer le paysage, j’attaque la petite montée vers le Truc (1729m).
Un quart d’heure environs pour monter les 160m de dénivelé et arriver au chalet du Truc. Je fais ensuite une bonne descente sur la piste 4x4 jusqu’à la Frasse, où je double même dca qui m’interpelle car je ne l’avais pas reconnu ! Malgré la douleur au genoux, j'arrive à dérouler en serrant les dents lorsque la pente descendante n'est pas trop forte. Je discute quelque minutes vers Frasse avec un traileur de l’Ultra qui se trempe les pieds dans une fontaine, et je repars.
Photo sur la passerelle avant d'attaquer la longue montée vers le reguge de Tré la Tête
La montée vers Tré la Tête par la combe d'Armancette, en plein soleil, est interminable. Même si j'ai l'impression de monter comme un zombie, je pense que je monte assez bien malgré quelques micro pauses. Micro pauses, car les longues montées sans bâtons à la force des cuisses et des quadris sont très usantes. Il fait beau est assez chaud, mais c’est largement supportable avec une casquette et une hydratation régulière. En plus, la montée en lacet croise régulièrement un ruisseau, ce qui permet de se rafraîchir régulièrement si besoin. Lors d’un passage de torrent, je perd une de mes flasques en me baissant pour mouiller ma casquette. Je ne m’en rends compte que quelques minutes plus tard ce qui m’oblige à redescendre. Je peste un peu de devoir revenir sur mes pas et je suis inquiet car si je ne l’a retrouve pas, cela va être compliqué de finir, même si j’en ai une petite de secours, je ne serais plus dans les clous du règlement en cas d’éventuel contrôle. Je reviens à hauteur du traileur situé 2min derrière moi, il a effectivement trouvé ma flasque dans le ruisseau, heureusement elle était bloquée entre les rochers.
Arrivé sur les crêtes, j'arrive à relancer, courir et doubler du monde, jusqu'à l'ultime montée vers le refuge (un dernier coup de cul de 200m d+) où j'ai un petit coup de moins bien, sans doute une légère fringale.
KM 48 - CP4 - Tré la Tête (1963m) - 11h15’ (17h15) - 157ème
Arrivé au sommet de Tré la Tête, j'ai donc bien besoin de me requinquer. J'ai une envie terrible de glace à l'italienne. A la place, j'aurais des Tucs et du chocolat, qui au final me feront beaucoup de bien. Le temps est parfait, je m’allonge pour me reposer quelques minutes...jusqu'à ce que dca arrive au ravito. Je l'avais dépassé dans la descente du Truc, mais lui gère parfaitement son effort depuis le début alors que je passe énormément de temps à me reposer aux ravitos. Il arrive 42min après moi, déjà plus de 40min que je suis arrêté donc, le temps passe à une vitesse folle !
En même temps, cela fait un moment que le bagnard nous dit de déguerpir car le ravito du Pontet est plus sympa 6 ou 7 km en bas ! La bière ne me fait pas envie sur le moment, mais ce sera pour une prochaine fois !
KM 48 - Sortie CP4 - 12h00’ (18h00)
Je décide de repartir avec dca, et nous faisons quasiment toute la descente ensemble. La descente est technique, j’ai l’impression de me retrouver un peu aux 25 bosses. Si mes genoux étaient en bon état j’y prendrais beaucoup de plaisir, mais ce n’est hélas pas le cas. Je prends néanmoins du plaisir à discuter avec dca et à profiter de cette journée magnifique en montagne.
Photo prise dans le début de la descente de Tré la Tête
La fin de la descente est très ennuyante, en faux plat descendant bitumé. Je prends quelques minutes d'avance sur dca car trottiner me fait alors moins mal aux genoux que de descendre sur la retenue. Je sais qu’on se retrouvera au Pontet.
KM 54 - CP 5 - Le Pontet (1180m) - 12h55’ (18h55) - 162ème
On arrive vers19h au Pontet soit après 13h de course. La barrière horaire est à 20h, soit dans une heure. Mes genoux qui souffrent depuis 9h du matin sont au supplice, et si j'écoutais mon corps il y a un moment que j'aurais du mettre le clignotant. Mais je n’ai aucun doute, je suis dans les temps donc j’irais jusqu’à l’arche d’arrivée.
Pause de presque 1h au Pontet, où c'est l'hécatombe sur l'Ultra !
Au Pontet, je mange des pâtes, une bonne soupe, et discute un peu avec FW Nat (félicitations pour ta performance !) et d'autres coureurs et kikous de l'Ultra de l'hécatombe en cours et de leur prochaine barrière horaire située à la bifurcation. Ils pensent alors avoir un peu plus de 3H devant eux (23h) pour y parvenir. Nat ne traine pas longtemps et tandis que dca repart pour la dernière portion vers 19h30, j'ai du mal à quitter le ravito. Je sais qu'il me reste au minimum 3h pour finir, alors que la nuit tombe et que mes genoux sont en vrac. Je décide de profiter au maximum du temps dont je dispose pour me reposer, et repart donc juste 5’ avant la barrière horaire, après une pause d’environs 1h. Au total, j'aurais passé entre 3h30 et 4h aux différents ravitos, en comptant ma pause en haut du Tricot !
KM 54 - Sortie CP 5 - 13h55’ (19h55)
En repartant, je croise un traileur qui arrive en courant au ravito. Il va devoir faire vite pour repartir, il a moins de 5min !
La machine s'est refroidit durant cet arrêt d'une heure, et je n'arrive pas à remettre en route sur le long plat qui mène au pied de la montée au Mont Joly. N'ayant plus de contrainte de barrière horaire, je marche la plupart du temps, tranquillement. Ce sera une fin en mode rando.
Je croise quelques promeneurs ou familles en ballade le long du torrent, mais je suis littéralement seul sur le parcours jusqu’au pied du Joly. Lorsque j'arrive au pied du Joly vers 20h30, ça monte raide d'entrée ce qui me file un petit coup au moral.
On ne dirait pas, mais ça monte raide !
Vu le profil, je sais que dans mon état il va me falloir près d'1h30 pour arriver à la bifurquation. Je rencontre quelques concurrents du 140 qui soient me lâchent, soit sont arrêtés pour faire une pause, et un traileur du 65 me double. A ce moment là, je suis persuadé d'être dernier vu que je suis parti juste avant la barrière horaire. En fait, d’après les résultats, il y avait encore 6 traileurs du 60 derrière moi qui ont du partir à la limite de la barrière horaire au Pontet.
Je suis seul et j'avance comme un zombie dans les bois, à une allure d'escargot, multipliant les arrêts au bout de quelques mètres de montées. Je reçoit des messages d’encouragement qui me font chaud au coeur. J’ai finalement l'idée lumineuse bien que tardive de ramasser un morceau de bois pour en faire un bâton de randonnée, et l’effet positif est immédiat !
Le bâton me soulage énormément, j’arrive à monter à un bon rythme étant donné mon état, et surtout, je n'ai plus besoin de m'arrêter. Je réalise l'importance des bâtons sur de tels dénivelés pour se préserver (surtout sans entrainement).
KM 59 - Montée du Joly vers la bifurcation (1600m) - 15h40’ (21h40)
La lumière du jour commence à bien faiblir. Je m’arrête au panneau indiquant 1600m d’altitude pour consulter la fin du profil. Je constate qu’il y aura une légère descente à 1725m, avant de remonter jusqu’à la bifurcation située à presque 1900m.
Un traileur de l’Ultra me rattrape. On échange quelques secondes, et je m’aperçoit qu’il pense qu’il redescend à la bifurcation, et que nous, coureur du 65, montons au sommet du Mont Joly ! (car c’était comme ça l’an dernier visiblement).
Je lui certifie qu’il fait erreur, que c’est lui doit monter au sommet du Mont Joly avant de redescendre. Lorsqu’il me quitte, il n’a pas l’air d’être convaincu, et il va avoir une sacrée surprise en tout cas dans quelques minutes !
Je poursuit ma montée et croise un petit groupe de 5-6 personnes qui redescendent vers leur chalet qui était situé près du panneau 1600m. Je leur explique un peu les différents formats et leur explique que je pense être le dernier du 65km. Ils m’encouragent, tandis qu’ils se dirigent vers leur chalet pour manger une fondue, miam !
Quelques minutes plus tard, alors que je me suis arrêté pour prendre quelques photos de la nuit tombante, deux coureurs de l’Ultra me dépassent encore. Puis peu après, un autre traileur de l’Ultra, qui me demande si j’ai vu deux personnes passer peu avant, ce que je lui confirme.
Il m’indique que la barrière horaire à la bifurcation a été resserrée à 22h15, ce qui a provoqué un départ un peu en catastrophe de plusieurs coureurs au Pontet !
Il m’indique que la barrière horaire concerne aussi les coureurs du 65km. Je suis pourtant persuadé que non, mais il réussit à me mettre le doute. Impossible de me faire recaler si près du but, je hausse donc le rythme. Alors que je m’apprête à traverser une petite partie en sous bois, je suis obligé de m’arrêter pour mettre la frontale, car il y fait désormais totalement noir. Malheureusement, je pose mon bâton de randonnée à ce moment là, et oublie de le reprendre en partant. J’aurais du faire demi tour, car la suite est totalement à découvert et il sera impossible d’en retrouver un.
Il est près de 22h, et j’arrive au chalet de la « dame au sirop ». Elle me rassure sur le fait que la barrière horaire ne me concerne pas, mais n’a pas l’air certaine à 100%. Le traileur qui m’indiquait le contraire me rejoint, c’est alors que la dame nous montre 150m pen amont le panneau de la bifurcation. La vache, il reste un quart d’heure et il ne va pas falloir trainer. On repart ensemble, mais lui a clairement la pression de l’élimination tout proche, et donne le maximum pour arriver dans le délai en haut.
De mon côté, n’étant pas sûr à 100%, je me donne bien dans cette montée, et j’aperçoit un 4x4 en train de monter le chemin, certainement le serre file. Il me rattrape 200m avant la bifurcation, et il y a quelques traileurs dedans. J’arrive finalement à la bifurcation à 22h17, et on me confirme que pour le 65 la dernière barrière était bien au Pontet.
KM 62,5 - Bifurcation (1876m) - 16h17’ (22h17)
La nuit tombe, le dernier « sommet » est franchit, c’est une première libération. Je sais que cette fois c’est dans la poche et que je vais aller au bout de mon défi ! J’avertis mes proches et leur envoi la photo prise au sommet !
22h20 : Photo prise à la bifurcation. La nuit tombe entre les Aravis et les Fiz
Ayant envoyé pas mal de messages et pris des photos au cours de la journée, je n’ai cette fois presque plus de batterie. J’éteins donc mon téléphone et préviens Daniel que j’entame la descente pour qu’il puisse venir me récupérer, mais je sais de toute façon qu’il nous suit moi et dca sur le live de la course.
Alors que l’on distingue des frontales au loin en train de gravir le Mont Joly, je discute avec quelques traileurs de l’Ultra, qui vont vite devoir repartir et s’enfoncer dans une seconde nuit. Etant exténué, je n’aimerais pas être à leur place, mais je les envie aussi de pouvoir vivre des émotion encore plus intenses, avec des paysages encore plus spectaculaires et une nuit en montagne qui doit parfois être aussi assez difficile que magique. Bref, l’Ultra, j’y viendrais plus tard, c’est une certitude.
J’entame la descente seul dans la nuit. Au bout 5min, je décide d’enfiler mon collant car cela s’est bien rafraîchit et avec la fatigue ce serait bête de prendre froid à ce moment là. Mes genoux sont clairement au supplice, j’avance au ralentit à travers ses pistes de ski totalement sans interêts. Avec ma frontale je distingue les balises fluorescentes au loin. Tout est parfaitement indiqué depuis le début, impossible de se perdre sur la Montagn’hard.
Cette descente finale tout seul me parait interminable, chaque pas est une souffrance atroce pour mes genoux, à la limite du supportable. Plein d'émotions et de choses me traversent l'esprit. C'est dans la souffrance que l'on vit le plus intensément les choses.
En fin de descente, je m’arrête quelques secondes sur le sentier pour éteindre ma frontale et profiter du ciel étoilé, que je ne vois jamais à Paris. Malgré les douleurs, je continue de profiter un peu du moment présent. Je suis bien là, seul dans la montagne, (et persuadé d’être dernier).
Finalement, après plus de 45min à déambuler seul, j’aperçoit deux frontales au loin. Ils avancent encore moins vite et je fini par les rattraper. Ce sont eux aussi des franciliens, et l’un d’eux, le plus jeune, est en train de vomir ! Nous terminons le dernier km ensemble.
KM 67 - Arrivée (1184m) - 17h28’50’’ - 171ème/177 finishers (191 partants)
Il est presque 23h30, et l’arche d’arrivée est enfin en vue. Ce moment, je l’imagine régulièrement depuis des heures, et de plus en plus fort à mesure que la douleur grandissait. Je marche, exténué, vers cette superbe médaille de finisher tant espérée.
Au fur et à mesure que je m’approche de la ligne, je sens les nerfs se lâcher. Au moment du franchissement et de la remise de la médaille je craque quelques secondes, mais c’est bon aussi de craquer !
C’était dur, j’ai morflé physiquement, mentalement, mais je me suis accroché, je n’ai jamais douté, et je suis allé au bout. J'ai vécu une journée formidable en montagne, et parce que c'est dans la difficulté qu'on apprends le plus et qu'on vit le plus intensément les choses, je n'oublierais jamais cette journée, qui ne fait que confirmer mon attrait pour ce sport.
Daniel est là, dca aussi, il a terminé 45min plus tôt. Marmadoc est lui toujours en course sur l’Ultra, et aux alentours de la 30/40ème place.
On prends une petite bière de finisher mais je presse un peu pour rentrer car la fatigue tombe brutalement je suis en train de me refroidir.
Dans l’état où je suis, prendre sa douche est une véritable épreuve et mériterait une presque une autre médaille :)
Après un bon petit repas partagé avec dca, il est temps d’aller prendre un repos bien mérité. Contrairement à la nuit précédente, je m’endors immédiatement, et vais dormir comme un bébé jusqu’au lendemain matin !
Dimanche 8 juillet - Le jour d’après
J’ai bien dormi, mais à l’heure du check up de mon corps, toutes les douleurs sont plus que jamais présentes. Sortir du lit est un défi, et marcher en est un autre ! C’est une nouvelle expérience.
Après un bon petit déj, le covoitureur de dca vient le récupérer pour rentrer sur Paris. De mon côté, je pars faire un tour au village voir s’il est possible de me faire masser. Je marche totalement de travers et à une allure d’escargot. On m’indique finalement que je dois revenir l’après midi.
Finalement, vers 14h, le live indique que Marmadoc est arrivé (33ème), je décide donc d’aller le voir avant de me rendre au massage. Etant donné le taux de finishers sur l’épreuve (47/179), sa performance est remarquable !
Au massage, je croise le coureur de l’Ultra qui trempait ses pieds à Frasse. J’ai une très mauvaise mémoire des visages mais lui me reconnait ! Il fait malheureusement parti des nombreux abandons.
A la sortie du massage, je profite de la fin d'après midi avant de reprendre la route pour boucler mes affaires et me reposer un peu sur un transat pour profiter de ce paysage magnifique. A l’heure de repartir, je n’ai qu’une idée en tête, revenir.
Photo prise par le photographe de la course.
Bilan
L'objectif principal, être finisher, est remplit. J'ai passé une super journée, et j'ai énormément appris pour le futur.
J'ai appris qu'il va évidemment falloir encaisser du dénivelé tant positif que négatif avant de venir se confronter à ce genre de profil. J'ai appris ce que représentait ce type de distance et de dénivelé. J'ai appris qu'il va falloir apprendre à descendre et à ne pas s'exploser dès le début. Et aussi qu'il va falloir passer un peu moins de temps aux ravitos sauf à viser les barrières horaires :)
Très vite, je décide de me trouver un trail similaire, afin de mettre à profit tous ces apprentissages. Ce sera le 57km du "Parcours des Crêtes" sur l'Echappée Belle, fin août, et qui se passera magnifiquement bien.
Je ne le sais pas encore, mais dans un an, je serais au départ de cette même Montagn'hard, mais pour la version Ultra !
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1 commentaire
Commentaire de DavidSMFC posté le 17-07-2019 à 18:55:11
Ah ! J'ai enfin l'occasion de lire ce récit que j'attendais ! :-)
Bravo pour avoir été au bout dans ces conditions, avec finalement si peu d'expérience de la course. Sans aucun doute une course qui te servira beaucoup à l'avenir et qui t'a déjà beaucoup servi.
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