L'auteur : Ze Man
La course : Paris-Versailles
Date : 23/9/2018
Lieu : Paris 15 (Paris)
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Distance : 16km
Objectif : Pas d'objectif
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C’est l’histoire d’un coureur dilettante.
Je raconte un peu ma vie mais c'est important pour situer l'action.
J’ai commencé à courir par goût du défi : je visais à l’époque le semi-marathon de Paris.
J’ai découvert le plaisir de courir vite (toutes proportions gardées), le bonheur du finisher, et a contrario, la douleur de l’entraînement régulier.
Deux ans après, le plaisir est toujours là et je m’inscris régulièrement à des courses. Oui, je sais, 2 ans c’est peu, mais si c’est peut-être un détail pour vous, pour moi ça veut dire beaucoup !
Je me suis entraîné pour préparer mes courses mais je ne faisais rien le reste du temps (je pratique la boxe anglaise le dimanche mais c’est tout). Se passent un semi-marathon, puis 2 puis 3 puis le marathon de Paris. Et après ce dernier, je n’ai plus eu plus d’objectif pour le reste de l’année alors que j’avais pourtant l’envie de continuer à courir.
Et là, bim, voilà Paris-Versailles qui pointe le bout de son nez. Pile poil dans les temps pour me préparer car j’avais stoppé l’entraînement de mai à juin + une distance plutôt raisonnable + une particularité de taille : ça grimpe sévère en plein milieu du parcours.
Contre toute attente (je suis partisan du moindre effort), c’est ce dernier point qui attire mon attention, car je suis de plus en plus attiré par les récits - que dis-je : les épopées - des trailers Kikourou dans des conditions dantesques et des paysages époustouflants. Mais pour ça il faut grimper et, en tant que modeste artisan du plat, je ne sais pas faire.
Il s’avère que je commence à entrapercevoir les limites de la galopade sur bitume : pour être toujours plus rapide, il faut travailler régulièrement et sérieusement pour des résultats de moins en moins visibles puisqu’on s’approche de plus en plus de ses propres limites. Ce qui est facilement valorisant au début se teinte ensuite de sang et de sueur, pour une poignée de secondes au final.
Or je ne suis plus tout jeune, et je n’ai ni le temps ni les ressources physiques pour pleinement m’épanouir dans ce cadre. Je vais donc continuer le bitume tant que ça m’amuse et après je tournerai la page sans nostalgie aucune, si ce n’est celle du temps (qui court, bien entendu).
Paris-Versailles représente du coup la 1ère marche à grimper pour me rendre compte ce que c’est de courir avec un poil de dénivelé (400m officiellement, 300m selon strava), histoire de me tester pour d’éventuelles courses en pleine nature dans un futur proche ou moyennement proche. Chaque chose en son temps toutefois, il me reste encore un peu de km à avaler sur goudron. Il faut dire que j’habite à Paris et que les trails les plus accessibles géographiquement parlant ne sont pas ceux dont les panoramas me transportent le plus.
Fin de l’introduction (ouf, me direz-vous).
Je vous passe les détails de ma préparation estivale, dynamitée par la naissance de ma fille en juillet, ce qui n’a pas aidé ma récupération, mon temps de sommeil ou mon assiduité. Mais je fais de mon mieux sur août et septembre pour enquiller du D+ (tours des Buttes Chaumont, escaliers, etc.).
Le jour J, direction le Champs de Mars avec mon voisin qui est une des personnes qui m’ont donné le goût de la course. Béni soit-il.
Nous arrivons vers 8h20 sur place, déposons nos effets à la consigne, et là commence ce que j’appellerais la spécificité de cette course : l’attente. Il est 8h30, le départ est à 10h et nous sommes stockés dans le sas de départ. Pour l’échauffement, ça sera une autre fois, donc. Oui, je sais, on l’a cherché : quelle idée d’arriver si tôt ? Et bien il s’avère qu’il n’y a pas de sas de départ en fonction du temps. C’est donc premier arrivé premier servi. Et quand on sait qu’il y a 25.000 participants qui vont être péniblement étalés sur 16km, il vaut mieux partir devant pour ne pas maudire la Terre entière en slalomant parmi les rangs. Et paf les 1H30 d'attente.
Nous nous asseyons sagement en attendant le départ, position privilégiée pour profiter de la diversité des modèles de chaussures de running. Un rapide calcul du chiffre d’affaires au m² et au global nous laisse songeurs…
Petite précision obligatoire : le départ sous la Tour Effeil, ça claque sa mère, si j’ose m’exprimer ainsi !
Tout arrive un jour et surtout les départs, et à 10h05, 4ème vague : nous voilà partis !
Mon plan de course est simple : courir comme un dératé pendant les 6km de plat du départ, prendre les 2km de côte plein but et improviser ensuite. Je suis sûr que la finesse du raisonnement ne vous aura pas échappée, mais bon, on parle d’un sport où il faut courir vite et longtemps, hein, pas besoin d’avoir fait Polytechnique non plus.
Départ rapide, du coup. Je double gentiment et me fais doubler par des fusées issues des différents clubs d’athlétisme de la région. Pures foulées, cadences de dingues : on ne joue pas dans la même cour, eux et moi. Je suis vite inquiet car il me semble être en surrégime. Je ne suis pas essoufflé mais je suis loin d’être facile : pas de jus sous le coude au cas où, un peu essoufflé mais pas trop, le cœur qui bat un peu vite. Chaque km qui défile me rapproche un peu plus de la fameuse côte des Gardes et j’ai peur que mon cardio explose au plus mauvais moment. Je reste toutefois fidèle à mon plan de course en courant comme un chien fou car je ne me suis pas acheté un neurone supplémentaire dans l'intervalle. Concernant les alentours : autant le départ sous la tour Effeil était impressionnant, autant le paysage des 6 premiers km n’offre aucun intérêt. Bon, en même temps, on n’est pas là pour faire du tourisme.
Puis, comme dans un rêve (j’ai regardé la vidéo du parcours plusieurs fois, ceci expliquant cela), virage à gauche et la montée commence. Effectivement, ça grimpe sec ! Les cuisses me brûlent, j’ai l’impression de faire du surplace mais je m’accroche. J’arrive au faux plat qui marque une pause dans l’ascension en plein doute sur ma capacité à aller au bout sans exploser. Je maintiens envers et contre tous mon rythme et ma foulée et je débute la seconde partie en me disant que ça ne pourra pas être pire que la première, qui m’a semblé bien plus longue que ce à quoi je m’attendais. Et bien c’est l’inverse ensuite : j’enquille plutôt bien (lire : à la même vitesse que le 1er) et le moral revient quand je m’aperçois que ce 2ème raidillon est en fait moins long que ce que je pensais. Comme quoi le visionnage de vidéo sur canapé n'est pas la panacée niveau préparation. Qui l'eût cru ?
Impossible toutefois de reprendre une quelconque aisance dans la foulée et dans le souffle. Je me vide une bouteille d’eau sur la tête (je ne sais pas trop boire en courant) et je profite des descentes pour me refaire une allure, les quelques montées par-ci par-là n’occasionnant pas trop de dégâts. On court désormais en sous-bois et c’est assez cool, sauf que je n’arrive pas à me laisser aller en descente de peur de glisser sur un marron ou des feuilles qui jonchent le bord de la route / du chemin. Rien à faire, les sensations ne sont pas là, ce qui ne m’empêche pas de relancer dès que je peux. En résumé : je cours aussi vite que je peux mais j’en chie.
La côte du cimetière au km 13 (je crois) vient un peu plus plomber un physique défaillant sauf que les bornes kilométriques sur le côté de la route me remontent le moral. Et oui, c’est l’avantage de ce format particulier de 16km : on arrive vite au bout, et il ne reste plus qu’un bout de descente avant le faux plat de 1.5km qui mène au château de Versailles. Et là rien n’y fait : je relance de toutes mes forces, j’y mets tout ce que j’ai mais je n'avance pas plus vite, au contraire : c’est mon km le plus lent (hors côte) de toute la course. Je suis vidé quand je passe l’arche d’arrivée.
Au final : 1h 12min 18 sec tout le temps dans le dur, pour une course qui aurait pu être un total cauchemar si, parti dans le gros du peloton, j’avais été obligé de zigzaguer à tout va. A refaire dans le cadre d’une préparation à un (petit) trail comme l’automne en propose autour de Paris. Personnellement je retourne soigner mes courbatures aux cuisses et méditer sur mon aptitude à grimper. Je suis content du chrono mais pas de la manière et je me suis trouvé bien friable au niveau mental. Dis papa, c’est quand qu’on devient grand ?
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