L'auteur : Prokofiev
La course : Paris-Versailles
Date : 29/9/2013
Lieu : Paris 15 (Paris)
Affichage : 882 vues
Distance : 16km
Objectif : Pas d'objectif
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Je suis un quasi-quinquagénaire ex-fumeur et converti à la course à pied. Paris-Versailles c’était encore il n’y a pas si longtemps pour moi des souvenirs d’enfance. On habitait pas loin à l’époque. Mon frère, des cousins l’avaient déjà courue et je trouvais ça plutôt cool.
Septembre 2012, après avoir loupé la date limite de réinscription à mon club de badminton, j’achète ma première paire de running et je m’essouffle grave sur mes premiers kilomètres. Progressivement le virus de la course à pied s’immisce en moi et, 12 mois après presque jour pour jour, me voici, mordu de running, au départ de cette course venue des souvenirs de mon enfance. Cette fois c’est moi qui suis au départ. C’est ma deuxième course, après un 10km couru en juin.
Jour j :
Quel monde ! Je savais bien qu’il y aurait du monde mais faut le voir pour s’en faire une vraie idée. Je gagne le stade d’entrainement en trottinant. Il est plein, on se cogne les épaules à se faufiler. Je cherche mon groupe mais le téléphone passe mal. On finit pas se retrouver et j’enfile le T-shirt aux couleurs de ma société. La queue pour déposer mon sac est interminable ! Queue pour le camion F, plein, camion G, plein. On me fait signe : là-bas, vite ! Un nouveau camion s’est ouvert et je peux enfin me débarrasser de mon fichu sac. Vite, au départ. Une longue attente s’installe, photos, papotages. A mesure que nous approchons de la ligne de départ, vague après vague, les bavardages se font plus rares, les regards sont tendus vers l’avant, impatients de libérer les chevaux.
Départ : Vague 40 et des brouettes, c’est parti, enfin ! L’immobilité laisse la place à un joyeux troupeau de 350 gugusses libérés et déboulant sur les quais. Très vite, c’est un ruban de milliers de dos multicolores qui trottinent, tendus vers le même objectif. Et je fais ce constat amusant: la course à pied est un sport que l'on peut pratiquer avec des milliers de personnes dont on ne voit jamais le visage.
Je me sens bien. Je crains de partir trop vite …. ou pas assez vite. Mon oreillette m’annonce un peu plus de 5 minutes environ au kilomètre, ça va, c’est à peu près ce que je voulais. Je resterai sur cette allure jusqu’à la côte des gardes. Pas d’essoufflement.
Il y a déjà des gens qui marchent ! Après moins de 2 kilomètres ?? Je rêve !
Sur la large avenue je découvre les joies du slalom, je ne sais pas s’il faut que je reste sur la gauche ou au milieu, ou à droite, je passe là où il y a de la place. J’essaie de laisser passer les plus rapides.
Je découvre que le trottoir est plus calme. Il est tout droit, reposant, j’adopte vite cette voie étroite là où je le peux.
5ème kilomètre : j’approche de chez moi, nous longeons l’ile Saint-Germain où j’aime faire des tours de temps à autre. La côte des Gardes approche. Je me sens confiant, je la connais bien, en voisin je l’ai encore gravie il y a 15 jours à 6 minutes 30 au kilomètre, on va faire pareil, tranquille.
Mais, non, je sens déjà que ça ne va pas se passer comme prévu. Cette fois je n’arrive pas à trouver le rythme, je me sens lent, fatigué. Je slalome moins. Miss oreillette rend son verdict : plus de 7 minutes au kilomètre. Ah zut ! Toute la montée est pénible, je monte la deuxième partie plus lentement encore, en 7 minutes 20. J’ai envie de marcher, c’est la première fois sur cette côte que mon moral flanche comme ça. Je repense à la journée d’hier, un peu patraque je sortais d’une grosse crève , il faut se rendre à l’évidence : je ne suis pas en possession de mes moyens habituels.
Arrivé au sommet de la côte des gardes je n’ai déjà plus de jus, c’est fini. J’ai le souffle court, le regard flou. Plus de tonus.
Et il reste encore 8 kilomètres à parcourir ! Je n’en suis qu’à la moitié ! Ah put*** , ça va être long….
Le ravitaillement est le bienvenu. Je happe une bouteille et lance un « merci » au passage au bénévole. Peu de gens disent merci, me semble-t-il.
A partir de là je cours en pilotage automatique, à une allure 30 secondes plus lente que prevu. Mais je vais tenir jusqu’au bout, je vais me faire porter par le courant. Je fais une croix sur le temps de 1h25 que j’espérais, j’espère juste ne pas trop déborder au-delà de 1h30. Pas le moral.
Le parcours dans les bois est nouveau pour moi, je ne la connaissais pas. Je profite des descentes pour faire de grandes enjambées et rattraper un peu de temps. C’est étroit, il est parfois impossible de zigzaguer.
Vision étrange, je dépasse un type qui court avec des palmes aux pieds, en maillot de bain vintage et avec un requin gonflable sous le bras. Je lui lance un « excellent ! » au passage.
Ça remonte, maintenant, une petite côte qui longe le bois, se présente. Re-coup de pompe ! Un buisson sur le bord… Là, en une fraction de seconde, je délire : « t’as pas envie de pisser ? » me dis-je, « ah, si, un peu », « ben, on s’arrête, alors ». Petite lâcheté. Cet arrêt-pipi n’est que l’occasion de stopper durant une minute le calvaire. Je me sens penaud comme un gamin pris à tirer au flanc.
Allez, je reprends la course. Il faut de temps à autre laisser passer des véhicules par la droite. D’autres coureurs foncent à des allures impressionnantes, ils sont pourtant loin du format kenyan, tiendront-ils cette allure jusqu’à l’arrivée ?
Nous arrivons à la côte du cimetière, animée par un orchestre. Là c’en est trop, je me mets à marcher dès le début, tant pis, j’arrête de me faire du mal. Je regarde autour de moi et constate que je suis loin d’être le seul : La moitié des coureurs marche !
Un marcheur me dépasse ! Ah non, qu’un coureur me dépasse, ok, mais je ne me laisserai pas dépasser par un marcheur ! J’allonge le pas jusqu’en haut de la côte. Je parcours le 14ème kilomètre en 7 minutes 27. Dur.
Et là, miracle ! Je sens mon corps engourdi se réveiller, l’énergie me revenir, le regard hagard se fixer droit devant. J’ai un second souffle, je me redresse, me remets à courir. Le moral revient.
J’arrive à l’avenue de Paris. Je vais essayer de bien finir. Qu’elle est large cette avenue ! On m’avait dit : elle est interminable, trop large, trop droite, trop monotone. Je bascule sur le côté droit, je préfère voir le bas-côté défiler que d'avoir le sentiment de me traîner en restant au milieu de l’avenue.
J’avais donné rendez-vous à ma petite famille, arrivés par l’A13 ils ne peuvent qu’être sur le côté droit de l’avenue. Sont-ils là ? Je scrute, mais rien de rien. Et cette avenue qui n’en finit pas.
Ce n’est qu’à proximité de l’arrivée que j’aperçois 6 petits bras levés au loin. « Allez papa ! » « Ouaiiiis ! » mes enfants et ma chérie sont là, au rendez-vous, je les aime ! Que c’est bon ! Je lève les bras à mon tour, je suis heureux.
Curieusement, je parcours les cent derniers mètres en sprintant comme jamais. Mes jambes déroulent toutes seules comme dans un dessin animé de Tex Avery. Elles avaient vraiment hâte d’en finir, j’en rirais presque. Je laisse sur place mes voisins épuisés! I did dit !
Les 2 derniers kilomètres auront été parcourus à une allure correcte, l’honneur est sauf. Mon temps global de 1h35 me laisse un petit goût amer dans la bouche mais tant pis, c’était un jour sans.
Je retrouve ma femme et mes enfants, radieux. Je récupère mon sac et nous allons fêter ça en famille dans un petit fast-food près de la place du marché. Je crève de faim !
Un grand bravo à l’organisation, Paris-Versailles est une grosse machine bien huilée, les bénévoles sont incroyablement nombreux, souriants et sympathiques. L’année prochaine je ne peux que faire mieux !
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3 commentaires
Commentaire de Feneb posté le 04-10-2013 à 10:12:03
Sympa ce CR ... le Paris-Versailles fut ma première course il y a quelques années ... Je me retrouve un peu dans ce récit.
Le PV m'a donné envie d'aller plus loin ... semi-marathon, puis marathon etc.
Commentaire de Prokofiev posté le 04-10-2013 à 22:26:11
Merci! Content que mon récit t'ait plu. J'ai également au programme un semi , puis un marathon. Je suis impatient d'y être.
Commentaire de OlivKiKour posté le 21-11-2013 à 22:46:24
Me voici enfin... Beau récit et belle course. Peut être que la foule et "stress" de la course expliquent ta "contre perf" (enfin, ce n'est déjà pas si mal !!!). Nous nous sommes peut être croisé car j'ai également couru ce Paris Versailles à peu près comme toi (vague 40 et des bananes, couru en 1:32).
Je file voir ton récit du semi de BB ;-)
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