L'auteur : marathon-Yann
La course : Marathon de La Rochelle
Date : 24/11/2013
Lieu : La Rochelle (Charente-Maritime)
Affichage : 1064 vues
Distance : 42.195km
Objectif : Pas d'objectif
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Ma première année de courses m’avait permis de courir dans des villes où j’avais vécu (Paris, Metz), le thème de ma seconde année pourrait être « les villes au bord de mer » (ou « des villes », restons modeste !). Après Saint-Malo au printemps, nous allons à La Rochelle pour le dernier weekend de novembre. Je suis impatient, d’autant plus que les entrainements se sont bien passés. Nous prenons le train le vendredi soir avec mon épouse, histoire d’avoir le samedi pour découvrir la ville. Las, un « incident voyageur » retarde le TGV, qui arrive finalement à 2h du matin. Grasse matinée obligatoire le samedi, suivie du retrait des dossards, d’un bon repas dans un resto en face de l’aquarium, et il nous reste une belle après-midi pour visiter la ville. C’est une vraie surprise : dans les rues, des affiches préviennent « ici, passage du marathon », les restaurants proposent des « menu marathon », les hôtels vantent leur « formule marathon », les buralistes exhibent la une du Sud-Ouest qui présente le marathon, partout, des coureurs avec le sac de bienvenue donné avec le dossard : jamais je n’ai autant eu le sentiment que toute la ville attendait sa course.
J’essaie de me lever sans trop de bruit le dimanche, et après un petit-déjeuner durant lequel je mange assez peu (trac oblige), je rejoins la ligne de départ accompagné de mon épouse. Je me place tranquillement dans le sas de départ, quai Maubec. C’est une particularité de La Rochelle, un double départ, quai Maubec pour les séniors et les vétérans 1 (dont je fais parti), et quai Prunier pour les féminines et les plus de 50 ans. Résultat : pas trop d’encombrement au départ. Le compte à rebours est lancé : « 5, 4, 3, 2, 1, partez ! » A mon étonnement, la marche des Walkyries retenti, donnant une note de tragédie grecque à notre course. C’est vrai que, comme chaque fois sur marathon, nous ne savons pas trop ce qui nous attend.
Je pars assez vite pour éviter d’être bouchonné, craignant la jonction entre les deux pelotons. Celle-ci arrive rapidement : « enfin les filles », entend-t-on, juste avant la petite montée du boulevard Churchill. Nous tournons alors le dos à la mer, longeant quelques terrains de sport. Au km 10, non seulement un chronomètre nous donne notre temps, mais un petit écriteau nous indique le temps que nous devrions mettre si nous poursuivons au même rythme. 3h20, c’est trop rapide ! Je me dis qu’il faut ralentir, mais j’ai de bonnes jambes aujourd’hui, et je reste sur mon allure. Après un passage dans les quartiers moins glamours de la ville, nous revenons vers le centre-ville par une place noire de monde. L’espace d’un instant, je me sens comme un coureur du Tour de France dans une étape de montagne. Je réalise que les conditions de course sont parfaites : météo idéale, parcours rapide, animations et ambiance, tout est réuni pour faire une belle course. Alors, je fais ma course !
Nous arrivons déjà au quai Maubec. Je vois un écriteau « Allez papa, 3h20 : championnats de France »Je suis encore assez lucide pour me dire que cela ne me concerne pas, moi le jeune V1, mais peut-être les V2, V3 ou V4 (je ne m’étais jamais posé la question), j’y trouve cependant un objectif raisonnable, au cas où… Le ravitaillement de mi-course a lieu juste devant notre hôtel, Les gens de la Mer, j’y retrouve mon épouse tout sourire (au ravitaillement, pas à l’hôtel !) : « ca va bien, mais je vais trop vite, je vais ralentir »
Mais au fond de moi, je me dis que plus tard je ralentirai, mieux ce sera, tant que je peux rester au même rythme, je continue. J’ai rattrapé le meneur d’allure 3h15 lorsque nous abordons la deuxième boucle. C’était l’une de mes interrogations : est-ce que ce ne sera pas décourageant de parcourir deux fois le même circuit ? En fait, je n’y vois que des avantages : avoir ses repères permets de mieux appréhender la distance qu’il reste à courir, et surtout le public, massé sur 21 km plutôt que sur 42, parait plus nombreux. Cette deuxième boucle passe donc presque aussi rapidement que la première, et ce n’est qu’après les entrepôts qu’inexorablement, le meneur d’allure 3h15 prend quelques dizaines de mètres d’avances. Alors que je me retrouve seul, un bénévole m’encourage : « allez, les 3h15 sont encore possibles ». Cette simple phrase me donne une motivation énorme. Oui, étant parti quelques instants après le meneur d’allure, je peux « en temps réel » faire 3h15. Oui, 3h15 ou 3h15mn59, c’est pareil ! J’ai une petite marge. Et oui, surtout, nous ne sommes pas loin de l’arrivée. Nous retrouvons d’ailleurs du public, et près du port la foule est tout bonnement incroyable ! Je vole de nouveau, et sur le tapis bleu de l’arrivée lève les bras au ciel pour franchir la ligne d’arrivée en 3h15h30 sec.
Aujourd’hui encore, je me demande comment j’ai pu réaliser un tel temps, améliorant de presque un quart d’heure ma marque pour mon 4ème marathon. Dans un moment d’orgueil, je poste sur Facebook : « 3h15, c’était impossible mais je ne le savais pas, alors je l’ai fait ». Dans un moment de gratitude, j’offre ma bourriche d’huitres à une bénévole. Et je serai surpris, quelques mois plus tard, d’entendre une de mes étudiantes venir me féliciter à une soutenance de thèse : « vous étiez à La Rochelle ? Nous y étions aussi pour le relais. On vous a vu passer à l’arrivée, vous aviez l’air très bien ».
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