Récit de la course : La Moins'Hard - 37 km 2015, par Overnight

L'auteur : Overnight

La course : La Moins'Hard - 37 km

Date : 4/7/2015

Lieu : St Nicolas De Veroce (Haute-Savoie)

Affichage : 3381 vues

Distance : 42km

Matos : voir récit

Objectif : Terminer

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4ème course de l'année

Là-haut sur la montagne, l'était un vieux chalet. 
Murs blancs, toit de bardeaux,  …

Hum je m'égare déjà mais c'est la chansonnette que j'ai en tête en arrivant sur place : y a pas de raison je partage :D


Introduction

En général, je m 'attaque à des difficultés en mode très progressif et après un marathon, 2 trails "de plaine" (rien de péjoratif) de 35kms, une NFL avec un marathon parcouru tranquillement en 4h30... un petit trail de montagne semble assez approprié surtout quand une  logistique se met en place pour aller s'attaquer à la moins'hard :D.


Du coup, je me dis que c'est l'occasion: plusieurs collègues ont décidés d'aller se frotter à ce trail et on bénéficie en plus de l'expérience, de l'hébergement et des conseils de l'un de nous, quasi local, qui lui s'attaque au 100kms avec un certain passif que nous n'avons pas, bien sûr, pour l'accompagner.
Bref, un super week-end en perspective dans un cadre magnifique à la montagne superbement accueilli! Allez hop inscription faite!

 

Bon... c'est bien de s'inscrire, mais il y a quand même un truc pas très progressif pour le coup car il va falloir passé d'une course de 800m de dénivelé à + de 3000 pour une distance marathon (c'est ma montre et la trace GPS de bubulle qui le dit ;) ! ).

 

La préparation

Au début d'année je me mets donc à gonfler le dénivelé... l'année dernière je tournais a 1500m/mois et je passe a 3200/mois. Difficile de faire + car les séances de semaines ne me permettent pas d'escalader grand chose. Je fini sur un "gros" mois de juin avec + de 6000m ce qui en région parisienne est déjà pas mal :).
En complément, je m'achète une paire de bâtons monobrins que j'apprends + ou - à utiliser, à transporter et à attacher sur le sac.

Et comme depuis le début d'année, je vais rester sur les 4 séances hebdo que j'ai réussi à caser un peu comme un rituel et que j'arrive à tenir sans réussir à faire mieux (enfin on va pas se plaindre ça devrait suffire:) ).

 

Le jour J approche. A J-15, je me sens bien sauf que sur la dernière grosse sortie longue je me récupère une gêne au genou dans une descente pris un peu à l'arrache...
Celle-ci est supportable mais un peu désagréable et m'inquiète un peu pour les descentes (du coup je les fais un peu avec le frein à main sur les derniers entraînements). Une petite tendinite qui traîne sous le pied droit va pas me rassurer beaucoup non plus sauf qu'elle semble stable et pas bien gênante (c'est déjà ça !)


Et puis... rapidement la météo annonce mon pire ennemi : la grosse chaleur.
Il suffit de passer les 20° pour que le métro devienne pour moi une séance de sauna... c'est donc avec beaucoup d'appréhension que j'envisage la course vu qu'on nous annonce des températures bien au-delà des 30°. L'idée d'un chrono déjà pas clair(trop d'inconnu sur le dénivelé et la durée d effort) dans ma tête s'envole rapidement pour bien noter les barrières horaires :)... car l'objectif n°1 est quand même d'en prendre plein les yeux avec le ciel dégagé et de rallier l'arrivée dans les temps.

J'espère juste que la semaine de canicule qui précède permettra au corps de se faire un peu à la température et non qu'elle ne m'achève avant même le départ !

 

Ils auraient pu quand même arrêté de mettre sur internet des photos d'il y a 200 ans ! Le réchauffement climatique est passé par là, et en exclusivité, bravant tous les lobbys haut savoyard, voici les vrais images de la course (franchement y a pas de honte c'est vraiment magnifique!)

 

 

Ah non ça c'est une photo du TGV pardon !

Trève de plaisanterie, on en rira moins dans quelques siècles !

Je me fais quand même un roadbook en 8h30 histoire d'avoir un point de repère mais que je vais ranger au fond du sac et duquel j'aurai surtout retenu le temps d'ascension de la 1ère montée et les barrières horaires.

 

Ci-dessous le profil de la course avec un roadbook en – de 8h30 sur lequel je me dis que le temps d'ascension est sûrement sous estimé et les descentes surestimées (un 1er quart sûrement un peu lent, les ravitos 1 ==> 3 sûrement un peu rapide et la fin un peu lente). Je n'ai pas fait cette analyse en course mais post course histoire de voir s'il y a quelque chose à en tirer pour la prochaine fois:)

 

Le matériel

Vu la chaleur : T-shirt blanc, casquette saharienne (maintenant que vous avez découvert le vrai visage du coin vous comprenez je suis sûr), cuissard noir car j'ai que ça, 2l de poche à eau + flask de 500ml, 4 pâtes d'amendes et 3 pâtes de fruits, un petit sachet de noix de cajou et autre truc apéro salé, un sachet de poudre isotonique et des pastilles High Five récupérés dans un échantillon cadeau pour l'après boisson isotonique car j'ai peur qu'elle finisse par ne plus passer. Des bâtons décathlon à 40€ soldés. Riot6 au pied, buff kikou au poignet pour éponger (finalement peu servi) et un petit bracelet pour éloigner les insectes on sait jamais !

Le jour J

ça y est c'est le grand jour... je ne stresse pas tant que ça.

Y a les collègues, ça passe du coup assez vite et je sais que parmi eux certains ont eu un entraînement assez light donc je ne m'affole pas même si j'ai ce soleil de plomb qui risque de me mener la vie dure.

 

On part se placer plutôt en fin de peloton. Aucun du petit groupe dont je fais parti n'ayant d'objectif autre que d'arriver au bout... on laisse plus loin devant les 2 fils de notre hôte qui savent ce qui nous attends mais ne sont pas vraiment très entraînés cette année ce qui ne les empêche pas de partir bien + rapidement.

Dans notre petit groupe, je suis désigné comme le + rapide (surtout le + entraîné en fait ) et suis donc responsable des clés de la voiture (bon du coup va falloir quand même assurer :P).


Allez hop départ !

Départ ==> Ravito 1 : Les Toilles
Quelques mètres en faux plat descendant. Je ne cherche pas à partir trop vite et je regarde le cardio pour voir ce que donne l'effet chaleur (pas encore trop sensible mais quand même)... et je ne suis pas déçu en voyant que je monte immédiatement à 150bpm!

Bien sûr aujourd'hui on verra ça


ou ça


Petit bouchon et c'est parti pour la 1ere ascension. Et là, la plupart ne respecte pas la consigne bâtons (je ne dis rien, en fait je marmonne un peu, mais je n'en pense pas moins). On monte tranquillement sans forcer. Le petit groupe semble suivre même si je ne vois pas tout le monde. Une bonne partie de l'ascension est faite avec un de mes collègues jusqu'à ce que dans un virage je me prenne un coup de bâton dans le tibia.
La personne s'excuse mais ça m agace un peu. Certains utilisent les bâtons mais restent prudents avec des mouvements pas trop marqués mais lui s'en sert déjà clairement en mode je pousse à fond. Du coup, ça me fait accélérer pour dépasser puis je garde un peu ce rythme. Je vois que mon collègue n'est du coup plus immédiatement derrière mais c'est un autre qui me suit maintenant.
Bon, je marmonne un peu sur les bâtons mais en attendant je suis aussi victime de mes monobrins associés à ma taille: je m'accroche une 1ère fois un peu aux arbres, puis à un fil un peu bas de plafond que je manque de renvoyer sur mon collègue ( donc consigne respectée mais vu ma taille et celle des bâtons c'était pas une super option de mettre ça sur le sac ;)).


A un moment y a une mini descente qu'un V2 que je venais de doubler dans la côte avale comme une fusée...
La différence de rythme me surprend d'autant plus que dans la reprise de la côte je le laisse vraiment sur place (autant qu'il l'a fait dans la descente :D).
On arrive gentiment au sommet. Je demande d'ailleurs confirmation aux supporters en haut si on en a bien terminé et regarde ma montre pour voir le temps de passage d'environ 36 minutes. Je m'étais donné une fourchette très large de 31min (départ rapide à éviter vu le temps annoncé mais c'est celui du roadbook) à 41min qui pouvait devenir dangereux pour la barrière horaire. Pile poil au milieu ce qui me va très bien du coup.

Note quand même : 5 min de retard sur le roadbook


A peine la fin de la pente, je reprends la course à pied et jette un oeil derrière pour constater que le dernier collègue a laisser un trou se faire.
Je ne cherche pas a temporiser surtout que je ne me sens pas faire une bonne descente. D'ailleurs rapidement on commence à me remonter: d'abord une féminine que j'avais dépassé dans la côte qui fuse avec ces petits pas, puis mon V2 qui m'enrhume encore + vite alors que je commence déjà à sentir mes cuisses, puis d'autres + ou - rapidement.
Bon je ne m'affole pas, car les écarts n'ont pas l'air de gonfler rapidement et je réussi aussi a dépasser un tout petit peu. Le genou couine un peu mais c'est tout a fait supportable.


On arrive sur un 1er point d'eau qui me permet de compléter mes 2l de poche avec 0,5l dans une flask... Je ne suis pas super efficace et me retourne pensant voir mes collègues arrivés mais je ne les vois pas. On traverse une route et on descend un lacet. En bas du lacet c'est un 3eme collègue qui m'interpelle à qui je fais un signe de main. Je pense voir les autres + près parmi les autres coureurs mais non.... je me dis qu'il va sûrement rentré dans pas longtemps surtout que j'en ai encore 2 de son petit groupe qui me reprennent un peu + bas.

Je fini par doubler 2 personnes en rouge qui ont pas l'air a l'aise en descente + un gars qui semble avoir chuté sans gravité. Un gars me double et retrouve un trailer arrêté qui semblait l'attendre. Je l'entends dire qu'il était dans le top 10 mais qu'il s'est planté de chemin par inattention et propose d'accompagner son ami.
On arrive enfin en bas (pas mécontent car les cuisses ont déjà eu du mal ce qui m'inquiète un peu) et me retourne encore une dernière fois mais pas de collègue à proximité. On arrive sur la route, petit coucou au supporter, et j'en profite pour détacher les bâtons tout en trottinant ce qui me permet de récupérer un paquet de ceux m'ayant dépassé dans la descente et qui n'ont pas l'air pressé d'attaquer la bosse suivante.
Celle-ci démarre assez raide mais c'est du chemin facile où on peut attaquer avec les bâtons. J'y vais donc sans me poser de questions et reprends rapidement quelques coureurs. J'ai l'impression d'être parmi les + rapides excepté les 2 maillots rouges dépassés + tôt qui me reprennent puis me passent mais sans vraiment prendre de terrain.... à tel point que je finirai par les rattraper avant le point d'eau suivant.

Sans surprise, dans cette bosse je reprends mon V2 descendeur à toute vitesse ainsi que le gars accompagné de l'ex top 10. On arrive donc au point d'eau et comme à chaque point je m'arrête a minima pour tremper la casquette. En remettant la casquette en place, je vire mes lunettes que j'avais mises sur la tête sans m'en rendre compte mais une traileuse que je viens de passer a la gentillesse de m'appeler pour me le signaler.
Je me cale ensuite sur un gars pour trottiner sur une partie + plane jusqu'à ce qu'une grande demoiselle "pousse" pour doubler. J'en profite aussi et suis d'abord impressionner de la voir courir dans la côte (et me demande ce qu'elle faisait derrière)... en fait la pente n'est pas si raide et je constate que j'arrive à suivre le rythme en poussant sur les bâtons (comment ça je triche:D). Un ami/copain a elle me double encore + vite et revient a sa hauteur.... sauf erreur je crois que je les reprends en arrivant au sommet mais ce passage n'est plus bien clair: C'est aussi là que je reprends la dernière du 60kms qui me semble mal embarquer pour les barrières horaires malheureusement.
On attaque enfin la descente dans laquelle je retrouve mes 2 grimpeurs rouges qui avaient profité de mon arrêt eau pour s'échapper un peu.
On se fait doubler par un gars ce qui est prétexte à un des rouges pour accélérer. Je double donc le 2eme rouge qui avance moins et suis ce nouveau duo jusqu'au ravito.


Ravito 1: Les Toilles – 2h05m41 –

Position 157ème

Arrêt : environ 7min soit le temps d'avance sur le roadbook ==> je repars à l'heure où je devais arriver


24min d'avance sur la barrière horaire. Ce n'est pas extraordinaire mais ça me rassure car dans ma tête c'était la + dure à passer compte tenu de la chaleur qui nécessitait de partir prudemment.

Le ravito parlons-en...c'est en fait la 1ere fois que je m'arrête vraiment à un ravito. A chaque fois je suis en autonomie et passe a côté sans prendre le temps d'une pause. Je tombe d'ailleurs sur l'un des fils de mon hôte qui me fait un point course sur son frère reparti quand il arrivait et lui même repart quand j'arrive. Je pose mon sac, mes bâtons, sort la poche à eau, galère un peu pour la remplir et surtout pour la refermer et la reglisser dans le sac. J'hésite sur quoi manger... bref je ne me repose pas vraiment et je me sens moyennement efficace. Je regarde si je vois mes collègues mais non personne et donc je repars (en fait ils m'apercevront repartir).

 

Ravito 1 : Toilles ==> Ravito 2 : Bionnassay
En repartant c'est assez plat et j'en profite pour recourir un peu et reprendre 2 coureurs au passage. Un dernier point d'eau avant la côte qui me permet de remouiller la casquette et c'est parti pour la montée au col de la Forclaz. Je reprends les bâtons et ça monte bien mais sur un chemin facile.

Les positions sont un peu moins serrées mais je commence à doubler un peu... il y a encore quelques portions où on peut courir, puis avant d'attaquer le morceau + technique du Prarion ça se raidit pas mal (petit passage humide où je double du monde), ça bifurque à droite et les bâtons vont me servir de moins en moins : d'abord parce que je bois (enfin tout comme les 7/8min) , mange un peu à cet endroit et aussi parce qu'on passe en mode single où ça me semble moins évident de les employer et que les bras veulent aussi une pause).

Ce passage se fait un peu comme dans un rêve... je rattrape et double rapidement pas mal de monde dont mes 2 grimpeurs rouges qui ont dû filer + vite au ravito.
Et puis on commence à en prendre plein les yeux! Une vue magnifique en approchant du sommet quelque soit le sens du chemin et qui me fait légèrement ralentir (aider aussi par le terrain où faut regarder quand même où poser le pied) jusqu'à ce que je rejoigne un gars avec une sorte de bob blanc (Ol_bugs en fait mais je ne le savais pas : voir le CR ici ) qui doit sentir une sorte de pression derrière et me demande si je veux dépasser. Jusque la quand on m a proposé j'ai accepté à chaque fois, mais là, non, je réponds "pas tout de suite".

Je suis vraiment bien là, d'abord je vois que le rythme est bon, on devine que le sommet tarde encore un peu à venir et ça serait dommage de ne pas profiter un peu du panorama alors que les dépassements deviennent en + compliqués.
Je reste sagement derrière, on discute un peu notamment GPS, 2/3 coureurs nous laissent passer (40 ou 60 je ne regarde plus) et on arrive presque au sommet quant un gars fini par revenir de derrière et cherche à doubler.
Ol_bugs redemande si ça veut doubler et cette fois j'en profite pour passer reprenant le rythme jusqu'à atteindre le sommet ou 3/4 trailers sont arrêtés notamment une fille et un gars qui vont me redoubler très rapidement à l amorce de la descente.


Cette montée était juste géniale. Des passages faciles au début et + technique sur la fin, un panorama super, une montée en mode Pac-Man... Mais j'ai quand même 2 sujets d inquiétude:
- Le 1er c'est que sur les gros levés de jambes j'ai senti les crampes qui arrivaient (et pourtant j'ai mangé un peu de salé et bu pas mal de boisson isotonique).
- Le 2nd qui est lié est que mon cuissard noir est carrément en train de scintiller de blanc... je suis en train d'éliminer les minéraux à vitesse V.
J'intègre l info et me promet de forcer un peu sur le salé aux ravitos.


Le gars qui voulait doubler fini par me rejoindre et me dépasser dans le début de descente et me dit que la course ne commencera que dans le Tricot je crois (ce à quoi je lui dis que je serai au moins content de ma grimpette du Prarion :): 0 dépassé ça fait du bien au moral).
Puis Ol_bugs me double à son tour. Je double un peu aussi mais je crois que ce sont des coureurs du 60kms.... on arrive vers des télésièges avec des pentes et parcours + faciles ce qui me permet de reprendre tout le petit monde m'ayant dépassé en descente et qui vois-je devant ?... le fiston de mon hôte. Du coup, je fais l'effort pour le recoller avant que la pente ne redevienne plus raide en descente.
Et voilà qu'on fait la descente ensemble. Finalement il avance un peu comme moi, on se refait doubler par ceux que je venais de reprendre dont Ol_bugs ;) et on fait la descente en papotant jusqu'à atteindre le ravito de Bionnassay. Du coup, je vois bien que la descente est assez longue et parfois un peu dure pour mes cuisses mais ça passe bien à 2 :).

 

Ravito 2 : Bionnassay – 4h18m45 – (2h07 en gros depuis être sorti des Toilles)

Position 111ème (+46)

Note : 3min de retard sur le roadbook : analyse du roadbook confirmé sur les allures... pris du retard malgré le coup de collier

Arrêt : environ 14min (j'en suis le 1er surpris post course, je pensais pas être rester si longtemps : j'ai + papoté que je croyais)


A Bionnassay, on retrouve le grand frère qui décide de s'arrêter là, je retrouve aussi des connaissances du 60kms qui ont pas l'air pressé de repartir et qui finiront d'ailleurs sur le 40kms et puis je vois la femme d'un ami d'enfance qui est lui sur le 60. Elle me prends en photo, elle m'explique que mon pote avec un de ses ami est 50min devant (ce qui veut dire que je n'ai repris que 10min sur lui alors qu'il coure le 60!!) et elle m'aide à fermer la poche à eau(un petit geste qui me parait énorme :)). Je vais voir le fiston avec qui je descendais pour lui dire que je vais repartir mais lui a besoin de couper d avantage surtout sachant la suite (il trouve d'ailleurs que je repars vite mais quand je regarde après course pas tant que ça...). Je repars donc seul tant que je me sens bien et attaque la montée du tricot (juste un regret de ne pas voir grand chose de salé).

 

Ravito 2 : Bionnassay ==> Ravito 3 : Miage
La première partie de l'ascension est techniquement facile, on peut même courir sur quelques portions plates ce qui me permet de grignoter quelques places (un peu comme le Prarion même si le paysage est différent). Je suis à distance une féminine qui avance aussi vite que moi. En la suivant, on double quelques coureurs dont une autre fille qu'on reprend non sans mal. Alors que je la dépasse voilà qu'un 4x4 cherche à doubler. Je fais mine de faire du stop mais ça ne semble pas le faire sourire donc je m'écarte bien pour laisser doubler.
Puis la pente s'accentue assez nettement et la fille qui me précède semble lever un peu le pied ce qui me permet de recoller. Elle me demande si je veux passer. J'accepte en lui disant ne pas être sûr d'être + rapide. On échange un peu ce qui me fait constater qu'elle a un petit accent dont je n'identifie pas la provenance. Puis, au bout de 2/3 virages je vois qu'elle a déjà pas mal perdu de terrain et est même sur le point de se faire reprendre par la fille doublée juste avant (l'aventure continue donc seul).


La suite de la montée se passent bien jusqu'à un replat où il faut bifurquer sur la droite. Au pied d'un panneau une autre féminine fait une pause.... au loin en face je devine des randonneurs et trailers, du coup j'ai un doute, refais quelques pas en arrière pour demander à la personne arrêtée si c'est bien à droite ce qu'elle me confirme ainsi qu'un petit écriteau qui indique bien le sens de la course.
Du coup, c'est reparti, ça descend et cette fois c'est + acrobatique. Étrangement personne ne va me reprendre et c'est même l'inverse. Je reprends rapidement une personne puis un 2nd du 60kms que j'arrive difficilement à dépasser (pas l'air de vouloir s'écarter) avant le point eau qui précède la passerelle.
Sur la passerelle je croise 2 trailers hors courses qui se pressent pour me laisser la place... de mon côté je peux traverser tranquillement n'ayant personne qui attende. Je reste quelques instants au milieu à admirer et écouter la puissance du torrent avant de repartir.
De l'autre côté de la passerelle, ça monte fort aussi et 3 trailers sont en mode pause. 2 du 60kms décident de repartir pile devant (pour ne pas dire sur) moi. Je me dis qu'ils auraient quand même pu me laisser passer: je réussi à m'intercaler mais pas vraiment d'espace pour doubler le 1er.

A mon grand étonnement le gars devant moi part vraiment fort, ce qui fait sauter son copain. Du coup, je reste sagement derrière car ça monte vite. On reprends d'ailleurs encore un peu de monde en arrivant sur le haut du col (du moins sur la partie bien dégagée);dont une féminine avec une sorte de simple brassière en haut et un sac qui a l'air de tenir autant de la ceinture ( modèle que je ne connaissais pas) que du sac. Finalement je double mon poisson pilote et la féminine.

Mais rapidement je sens que je dois levé le pied. Est-ce l'altitude ou la chaleur ou un peu des 2 mais je ne trouve plus la force de bien pousser sur les bâtons ni de tenir le rythme.

En tout cas le coup de chaud n'est pas loin ça c'est sûr... On a pas l'impression d'être à 2000m


ça va pas tenir encore des heures en plein soleil....

 

Du coup le coureur du 60kms me repasse ainsi que son collègue et la fille en brassière. Ce qui me rassure c'est que les autres que j'aperçois derrière ou devant n'ont pas l'air mieux. D'ailleurs je vais être concentré sur Ol_bugs que je finis par apercevoir et qui ne semble pas non plus au top car je reviens sur lui au moment d'atteindre le col.
Arrivé là haut je m'assois au passage du col face à la descente. J'ai vraiment eu du mal a finir l'ascension même si personne ne m'a repris en dehors des 3 (parmi les 6-7) que j'avais rattrapé après la passerelle et voyant le morceau à descendre je préfère faire une pause comme pas mal d autres coureurs.

Je constate que mon short noir est vraiment très marqué par les traces de sel pour ne pas dire qu'il vire au blanc. Je reste là quelques instants (40min les 2 derniers kms avec la pause l'air de rien!!) puis attaque la descente décidé à rallier le ravito en contrebas pour faire le plein de sel... C'est raide, la caillasse est pas super stable et le coureur qui me précède, qui avance pourtant pas bien vite, tombe. Je lui demande si ça va, il répond que oui qu'il va déjà pas vite alors si en + il tombe... c'est vrai qu'on peut facilement déraper sur cette caillasse.
Pour tout dire, c'est la 1ere descente vraiment que je trouve un peu compliqué, pas tant par sa difficulté car la descente sur la passerelle me semblait + compliquée techniquement mais par la longueur et cette impression de ne jamais rejoindre le ravito qui se rapproche très doucement.
Après m'être fait doubler a peu près 6/7 fois pour 2 dépassements je rejoins enfin le ravito de Miage.

 

Ravito 3 : Miage – 6h52m13– (2h19 en gros depuis être sorti de Bionnassay)

Position 93ème (+18)

Note 1: 9min de retard sur le roadbook (en fait 1 seul minute car le bip était à la sortie!)

Note 2 : Chuut... Bubulle m'a juste atomisé mais c'est normal il faisait le 100kms (bah quoi ? Y a quoi qu'est pas logique:) ?)

Arrêt : environ 8min (petit coup de crème solaire en rab) – temps d'arrêt prévu pour la 1ère fois

 

Des coureurs ont pas l'air au mieux.... un coureur allongé sous une table, quelques-uns ont pas l'air motivé à repartir, les bénévoles encouragent des coureurs du 60 à ne pas insister sauf si vraiment ils se sentent bien (un peu l'impression qu'on leur promet l'enfer s'ils prolongent)... de mon côté, j'ai besoin de m'arrêter un peu: je cherche à manger des tucs mais j'ai un mal fou à les manger (pâteux au possible en fait.... bref pour moi les tucs c'est nul:P... voilà c'est dit) et pas d'autres choses salés a priori... n ayant pas envie non plus de trop m'éterniser à manger quelque-chose qui ne me donne pas envie, j'en glisse 2/3 dans ma poche pour les consommer en chemin progressivement.

 

Ravito 3 Miage ==> Arrivée (en enfer ?)


C'est reparti, je demande aux bénévoles s'ils peuvent me biper parce-que là sinon je repars sans qu'on me dise rien, affairé qu'ils sont à parler de je ne sais pas quoi :P.
Ça descend plus trop fort et j'en profite pour reprendre 3 coureurs, qui vont finalement me redépasser rapidement, puis je reprends 3 ou 4 coureurs du 60 mais bon ils n'ont plus trop l'air d'avoir la tête à forcer le pas. Et puis ça descend, descend, il fait chaud! Trop chaud!

Les cuisses râlent et inévitablement 2, 3 personnes me reprennent (je me dis que je m'en tire pas si mal et que je vais me refaire dans la dernière bosse).
Les choses deviennent - claires, y a plus grand monde, un peu de route, de chemin, de champs, encore de la route et hop la dernière bosse que j'attaque un peu seul au monde (personne en visu devant comme derrière).
Dans la bosse je sens rapidement que je progresse - vite. Un relai me dépasse alors que je sens l'explosion arrivée... je lui demande s'il connaît et si c'est encore long... il me décrit la suite ce qui me fait comprendre que c'est pas encore gagné et derrière je coince pas mal.... je serre les dents et perd finalement qu'une autre place (ou 2) jusqu'à arriver à une habitation où une personne pointe.
Derrière j'ai vu qu'il y avait du monde qui arrivait et je sais que je n'ai pas grand espoir. Il y a un banc sur lequel une fille récupère et que je crois récupérait aussi au col du tricot quand j'y étais.
Je demande combien il reste et il me répond 200m... derrière lui je devine une grosse pente qui tourne on sait pas trop où... j'ai un doute et lui demande de préciser s'il parle en distance ou en dénivelé ce a quoi il réponds en dénivelé ! ! ! 

 

Du coup, je vais moi aussi rejoindre le banc regarder les autres derrière revenir et dépasser.
On reste quelques instant... la fille se lève, mon corps dit de rester assis j'ai pas encore assez récupéré mais le cerveau dit lève toi c'est l'occasion de se relancer. Elle part au point d'eau où je la rejoins tremper une fois de plus la casquette et zou on repart dans la côte.
En temps ordinaire, j'aurai échangé un peu mais là juste un ou 2 regards du genre "je suis cuit", "fais trop chaud".

 

Help ! Les carottes sont cuites....

 

On monte côte à côte quelques instants, elle n'a pas de bâtons (souvent des filles que j'aurai vu sans d'ailleurs), mais les miens j'ai beau les planter dans le sol je ne vois plus à quoi ils me servent (plus la force de pousser). Et là c'est l'implosion, les moteurs ont des ratés, je reste sur place voyant d'un coup la fille s'éloignée rapidement.

 

 

Je l'avais évité sur le marathon mais cette fois il est bien là !


J'ai l'impression d'être bloqué en 1ere.... la boite de vitesse ne fonctionne plus. Avant de repasser sous les arbres je croise un couple de randonneurs. Je m'arrête à leur niveau car je n'ai plus de force, plus d'air pour continuer et pourtant je ventile. Ils me disent que je ne vais quand même pas abandonner si poche de l'arrivée (je les rassure c'est pas au programme faut juste que je reprenne un peu). Il me dise qu'il reste 400m en distance pour finir la côte et au 2eme ruisseau ça sera la descente.
Bon les 400m, j'ai comme un doute... en tout cas ils m'ont paru interminable ce qui permet à une personne doublée dans le Prarion (mais dont je me souviens bien car il avançait pas mal et je suis resté un moment à le chasser) de me repasser.... je mesure ainsi ma baisse de rythme (impossible d'emboîter le pas).
Je me demande d'ailleurs si les collègues ne vont pas finir par arriver.
Et puis ça y est... Après un kilomètre en 21min suivi d'un en 18min alors qu'il comprend le début de la descente! le ruisseau 2 est passé !! Et derrière une féminine se rapproche dangereusement. Je regarde la montre et note que pour les 8h30 que j'avais dans un coin de la tête c'est raté.
Je bascule dans la descente et retrouve a peu près mon rythme de descente (pas extraordinaire mais la gravité fait son oeuvre)
Je surveille derrière et ça ne semble plus revenir au contraire. Du coup je gère la fin de parcours.. ça descend jusque Saint-Nicolas: Les maisons, la route et les encouragements des supporters.

 

Arrivé sur la route, je trouve la force de courir à bonne allure (4'10 au km qu'elle dit la montre sur l'accélération finale !:P) et lève les bâtons vers le ciel de joie pendant que j'entends le speaker dire un truc du genre on accueille comme le 1er !
Je passe donc la ligne après 8h46 d'effort la larme a l'œil (c'est que j'ai vraiment galéré sur cette dernière montée).

On me demande si je veux du coca mais là j'aspire qu'à me poser... sur l'un des bancs je croise le regard de ma féminine silencieuse de la dernière bosse. Un petit sourire du genre "c'est bon on en a terminé ! Bravo !" Mais je reste muet et vais m'assoir a une table du ravito.

Les 3 gars attablés me demandent si ça va (je dois pas avoir bonne mine)... l'un d'eux me propose de me ramener à boire un coca et cette fois j'accepte volontiers. Je vais rester plusieurs minutes à récupérer là, par moment la tête dans les mains ce qui me vaudra de nouveaux quelques demandes de mes voisins pour savoir si ça va...(du coup je vais essayer d'éviter un peu pour pas trop les inquiéter). J'aurai de nouveau une petite larme en repensant à tout ça (la fin m'a vraiment achevé je pense :D) et puis je me relève, pars voir les kinés mais me rend compte que je suis pas très propre et qu'il y a pas mal d'attente. Du coup, je vais à la douche même si j'ai rien pour me changer (la voiture est trop loin pour que j'ai le courage d'un aller/retour). Une fois que c'est fait j'entreprends de retourner à la voiture (me sentant déjà bien mieux) pour me changer (tout à l'envers ! On fait ce qu'on peut:) ).
Je reviens ensuite attendre les potes/collègues pour finir avec eux !
Ils finiront aussi finalement tous ensemble !
Quelle course!

 

Arrivée – 8h46m43– (quasi 1h55 en gros depuis être sorti de Miage vu qu'à Miage le bip était après le ravito)

Position 100ème tout rond ! (-7)

Note: 16min45 de retard sur le roadbook (d'un coup l'éclat en plein vol:)!)

Conclusion

De ce week-end je retiendrai l'accueil exceptionnel de mon hôte et de sa famille, du week-end entre potes/collègues super sympa... et d'une course géniale: le cadre, la difficulté et cette canicule n'auront rendu la chose que plus belle à finir.
Une mention aux bénévoles toujours présents où il fallait et aux autres coureurs en particulier ceux du 60 et du 100 où je me suis demandé surtout a Miage comment il trouvait la force de continuer pour ceux qui ne prenaient pas le raccourci sachant qu'ils allaient cuire encore un moment.

Sur le plan de la performance, rien de très exceptionnel, mais au vu des conditions, du parcours, de la durée d'effort, du nombre d'abandons et du taux de montagnard sur la course je suis satisfait de mon affaire :).

Pour les côtes, le travail spécifique a manifestement payé. Excepté la dernière bosse et le sommet du Tricot où l énergie me quittait, le reste sera vraiment très bien passé.
Pour les descentes, on ne peut pas tricher comme en île de France :P. Le mode j'envoie à l'arrache sans vraiment de qualité c'est pas possible pour mes quadris... donc sur les freins... et le manque de travail spécifique dans le domaine se paye aussi !
Pour le plat? Le quoi? Ah oui les micros pauses de plat... j'aurai au moins eu le réflexe de toujours relancer:D

 

Voilà ! Une belle course ! Une très grosse épreuve et une belle aventure qui me permet de rêver encore un peu + loin:D

 

A J+6, les jambes sont OK, mais la fatigue physique est encore présente ! Un peu de repos ne fait pas de mal cette fois:)

 

Et puis si vous êtes arrivés ici vous méritez bien la vérité quand même... Cette course même sous la canicule... c'est... merveilleux (et c'est ça le problème!)!

 

11 commentaires

Commentaire de bubulle posté le 11-07-2015 à 07:13:21

Eh oui, c'est ça le problème ! Et le problème, c'est que tu vas y revenir, à tous coups. Tiens, là, par exemple, sur ta dernière photo; bin si on prend le petit coup de cul ridicule à droite, ce sont les chalets du Truc et après y'a plein de descente et après......y'a une bossounette ridicule jusqu'à Tré-la-Tête, et après y'a une binouze, et après y'a une descente juste un poil technique et après y'a 4 kilomètres de plat qu'on se croirait sur un marathon, et après y'a une montée d'à peine 700D+ et y'a plus qu'à descendre et t'as fait le 60km.

Tu vois ? Trois fois rien...

A l'année prochaine...:-)

Commentaire de Overnight posté le 11-07-2015 à 09:14:31

Merci flying bubulle pour le teasing:).
L'envie de faire la 60 est désormais de toute façon bien présente (le coup classique du quelques jours après avoir bien souffert on a déjà zappé cette partie :D pour retenir l aventure, la sympathie des bénévoles & coureurs et les paysages balayant le reste :) )
On verra quand même car quelques facteurs de taille peuvent ne pas être compatibles avec un retour rapide comme la distance & la famille.
La seule certitude c'est que je pense allonger encore un peu le morceau (ici ou ailleurs :))... reste a placer ça le + harmonieusement possible.
Mais c'est sûr que si l'occasion se profile je ne la louperai pas!! On est bien dans ces montagnes!!

Commentaire de cloclo posté le 11-07-2015 à 22:43:35

Ben dis donc, on dirait que la chaleur et la fatigue t'empêchent de pécho des 06 ;-)
Trèfle de plaisanterie, bravo pour ce joli chrono pour quelqu'un qui n'aime pas la chaleur.

Commentaire de Overnight posté le 12-07-2015 à 08:50:33

J'aurai des ennuis je pense si je tentai d'en chopper ;-)
Merci.. j'aime pas la chaleur mais le départ prudent et la grosse hydratation a dû aider à retarder la casse :).
Bravo a toi... pour un retour aux affaires t'as assuré :O!

Commentaire de Benman posté le 13-07-2015 à 10:06:34

Eh oui, cette dernière bosse est une vraie cochonnerie. Je m'étais dit l'année dernière que pour éviter d'avoir à la refaire, il fallait que je fasse le 60... Tu vois ce qu'il te reste à faire now?

Commentaire de Overnight posté le 13-07-2015 à 18:18:01

C'est une façon de voir les choses :D.
Pour le 60 on verra, faut l'occasion d'y retourner en famille :)... et puis à la machine à café on va commencer à me regarder bizarrement (déjà à moitié le cas :P)

Commentaire de caro.s91 posté le 13-07-2015 à 15:23:04

Je vois que je ne suis pas la seule à ne pas supporter la chaleur ...
Bravo d'avoir trouvé les ressources pour ne pas lâcher prise et à l'année prochaine sur le 60 ! ;)

Commentaire de Ol_bugs posté le 13-07-2015 à 18:25:07

J'ai revécu un peu ma course dans ton CR très détaillé.
Belle performance, en sachant que tu viens d'une région assez plate, je trouve qu'il faut beaucoup de mérite pour aligner 6000 m de D+ en un mois en région parisienne.

Commentaire de Overnight posté le 21-07-2015 à 21:59:22

Edit: je recolle la reponse a la bonne place :D
Merci. Cest dommage pour un peu on aurait pu faire course commune :) .
Y a un petit coin bien pentu vers chez moi qui aide un peu pour les aspects techniques et s'habituer à la pente ;)... la grosse difficulté cest finalement d'enchainer la longueur... maintenant je le sais: faut bétonner les quadris :)

Commentaire de Casidescôtes posté le 21-07-2015 à 21:22:40

Bravo pour avoir terminé cette course de montagne dans ces conditions caniculaire...
A travers ton récit j'avais l'impression de me revoir il y a deux ans. Bon, il faisait quand même moins chaud... Si tu en as le courage, je te conseil d'essayer le 60 km il en vaux son pesant de cacahouète !!

Commentaire de Overnight posté le 21-07-2015 à 22:05:33

Y a un groupe de soutien au 60kms hein? C'est ça dites-le :)!
Je pense faire un peu de Jura si le corps veut bien l'an prochain (ratio moindre mais je viserai + long pour la peine ;)...l'appel des origines :) )
Mais bon... je pense que je reviendrai voir + loin (en tout cas ça sera avec beaucoup de plaisir y a pas de doutes!!!)

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