L'auteur : The Running Lawyer
La course : Trail des 5 Moulins - 50 km
Date : 4/7/2015
Lieu : Mondeville (Essonne)
Affichage : 1195 vues
Distance : 50km
Objectif : Terminer
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27 autres récits :
Samedi 4 juillet, 13 heures.
Lieu : Mondeville (Essonne)
Température : beaucoup trop chaud pour courir…
Me voilà face à l’obstacle. Depuis le mois de mars, je mange les kilomètres les uns après les autres pour préparer l’épreuve qui se présente à moi… courir les 50 km du Trail des Moulins. Et depuis quelques minutes, j’ai mon dossard à la main et une certaine sensation dans le bas du ventre.
Pourtant ce trail a d’emblée un petit coté vacances qui me plaît bien et me rassure : le « centre ville » de Mondeville ressemble à un village de province, il y a peu de monde dans les rues avoisinantes, pas de parking géant destiné à accueillir les coureurs venants de tous horizons, et… un beau soleil.
Je reçois un dernier appel téléphonique sur mon portable : la petite famille m’appelle et me souhaite une bonne course. J’aime ! Je m’aperçois d’ailleurs que certains de mes proches pensent à moi depuis quelques heures ou minutes : j’ai reçu des SMS d’encouragements. Ca aussi, j’aime !
Puis tout s’enchaîne : j’ai accroché mon dossard et récupéré le sacro-saint Tshirt offert par l’organisation, bu un peu, suis passé aux toilettes, vérifié mes lacets, connecté ma monte GPS, ajusté ma casquette, vérifié le nombre et l’emplacement de mes tubes de gels énergétiques et me suis concentré sur quelques pensées positives et relaxantes.
« Surtout, ne pas partir trop vite ». Vœu pieux s’il en est car l’euphorie gagne tous les coureurs dès le départ donné, au son de « Highway to Hell » d’AC/DC. Un petit clin d’œil d’ailleurs aux organisateurs de cette course qui ne manquent pas d’humour, quand on connait les paroles de cette chanson (No more stop signs, speed limit, nobody's gonna slow me down…)
Il fait déjà très chaud et ce malgré la toute petite ondée qui est tombée sur nous.
Personnellement, je ne suis pas à l’aise : je me sens lourd avec mes 1,5 litres d’eau et d’Hydrixir Bio dans le camelbak. Je me sens d’autant plus lourd que j’ai déjeuné trop tard… mon plat de pâtes avalé en voiture à 11H30 coince déjà. Par ailleurs, je sens que mon foie n’a pas apprécié le litre et demi d’eau bu la veille avec le Malto… Pas top top ce début de course ! Je me concentre donc sur des pensées positives et laisse passer les plus courageux.
Le 12ème kilomètre arrive vite. Je ne vais pas beaucoup mieux et me pose de vraies questions : qu’est ce que je fous là ? Est-ce que je vais aller au bout ? Et si je me contentais du parcours de 25 km ?
Quand je fais part de mon état de fatigue générale à un camarade de course avec lequel je discute un peu depuis quelques kilomètres, ce dernier me pose une seule question : « est ce que tu as mal quelque part ? »
Et comme la réponse est non, je bifurque vers le parcours du 50 km… et ne suis pas déçu par le paysage : plaines couvertes de blé blond jusqu’à l’horizon, ciel bleu, forêts sombres ou clairsemées, voies pavées dignes d’être romaines, chemins défoncés, escaliers de pierre en pleine forêt, dunes de sable à monter ou descendre… il y en a pour tous les goûts.
Je sais que la course va être dure jusqu’au bout. Mon estomac me fait d’ailleurs regretter d’avoir déjeuner trop tard : j’ai un beau point de coté sous les cotes qui va me tenir du 14ème au 25ème kilomètre. Le ravito et le fait de lever le pied n’y pourront rien : il faut attendre que cela passe.
La température demeure lourde et, plus que jamais, j’aime les parties forestières de cette course. Il y fait moins chaud. Au pied d’une descente, je croise un coureur qui tire la patte en se tenant la cuisse. Fin de course pour lui. Je me félicite d’avoir su modérer ma course, contraint et forcé, et de m’hydrater très régulièrement. L’hydratation sera d’ailleurs mon obsession lors de cette course : je ne veux pas manquer d’eau mais je ne veux pas re-remplir mon camelbak qui redeviendrait lourd. Je ne veux pas me déshydrater mais je ne veux pas non plus noyer mon estomac… je veux, je veux, je veux… arriver ! Oui mais voilà : il me reste 20 bornes à courir.
Ces derniers kilomètres me font mal aux pieds à force de descendre à toute vitesse et à heurter des pierres. Ils me font mal au cœur dans les cotes toujours plus pentues. Ils me font mal au moral quand je me perds en forêt parce que je n’ai pas vu la flèche rouge au sol alors que la prochaine rubalise est à 300 mètres… Par trois fois je me plante de chemin, dont deux fois en petit groupe. Je mange des mètres en plus et je m’en passerai bien !
A chaque ravitaillement, je bois comme un chameau. Et à chaque redémarrage, je m’en fais le reproche. Il n’empêche que ma gestion de l’eau est bonne et que j’arriverai avec un camelbak quasi vide, une petite bouteille d’eau bien entamée et la sensation de ne pas avoir plus soif qu’à l’accoutumée.
Le dernier ravitaillement est le meilleur : au sortir d’une cote en forêt, à neuf kilomètres de l’arrivée, je débouche devant une table où les verres d’eau m’attendent. Tandis que Madame m’encourage chaleureusement, Monsieur met en marche son tuyau d’arrosage pour me proposer une petite douche rafraichissante que je ne peux par refuser !
Depuis plusieurs kilomètres, je cours seul. C’est dur et plaisant à la fois. Car cela fait un bon moment que je profite seul de la course et que je réfléchis à ma motivation. Je n’ai remonté aucun coureur et je n’ai pas été rattrapé depuis quelque temps. Celui qui est devant moi m’a tenu compagnie une bonne demi-heure. De mon coté, j’ai passé presque autant de temps en compagnie de celui que j’ai distancé… et celui qui me suit est un vétéran 3 âgé de 62 ans ! Bon pied, bon œil, le runner…
Je repars, je m’accroche. A nouveau les plaines de blé sous le soleil. trois km de soleil sur la tête. Je marche, je cours, je marche, je cours… Le mental est mon seul moteur à ce moment précis : je pense positif, je me mets des coups de pied au cul, je ne lâche rien ! Je décide de réduire un peu plus la cadence. Je gère.
A quatre kilomètres de l’arrivée, je sais que je l’ai presque fait et que rien ne m’empêchera d’aller au bout. Je regarde alors le chrono.
Je n’ai pas fait cette course pour le chronométrage mais pour le kilométrage. Je n’étais jamais allé au-delà des 42,195 km du marathon. Je savais que mon corps était capable de le faire mais j’avais un doute sur la volonté et la capacité à gérer l’épreuve par cette température.
En franchissant la ligne d’arrivée, je prends conscience de l’effort effectué et des difficultés que j’ai rencontrées. Ceux qui ont fini devant moi sont des champions. Ceux qui vont finir derrière moi le sont aussi. Pourquoi pas moi ? ;-)
Je suis un peu cueilli à chaud par l’animateur de la journée qui vient m’interviewer une fois le sas d’arrivée franchi… « Alors Arnaud, cette course, c’était comment ? »
Franchement, bien. Malgré l’absence de fraîcheur physique et ma digestion, la chaleur, la distance et le dénivelé auxquels j’étais mal préparé, le fait de m’être perdu à plusieurs reprises, l’absence de douche à l’arrivée, la voiture que j’avais garée un peu loin et le barbecue auquel je n’ai pas participé (j’ai lâchement préféré rentrer à un barbecue avec des amis non runners), c’était une belle aventure.
J’ai beaucoup appris sur moi lors de cette course. J’ai appris sur mes faiblesses et sur ma volonté. J’ai appris à gérer mon corps pour l’emmener au bout. J’ai appris sur l’influence du groupe, sur l’effet du regard de l’autre sur moi et sur le regard que je me porte.
J’ai surtout appris que courir par plus de 32°C n’est pas un plaisir mais une épreuve, que l’on peut repousser ses limites et apprendre tous les jours un peu plus sur soi, si tant est que l’on soit à l’écoute de soi.
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6 commentaires
Commentaire de mistertop1 posté le 07-07-2015 à 08:24:37
Salut Arnaud, superbe récit qui retranscrit bien les difficultés rencontrées sur le parcours...
Pour ma part c'était également une première sur cette distance et je n'ai pas été déçu par la l'épreuve: chaleur, belle grimpettes, soleil qui tape fort dans les champs, bref il y en avait pour tous les goûts.
Comme tu dis, une belle aventure ! Hâte de revenir fin aout pour le Cul d'Enfer :)
Commentaire de The Running Lawyer posté le 07-07-2015 à 09:22:17
Merci, merci ! Je vois que tu as aussi partagé cette belle journée pleine de soleil. J'ai également vu que tu avais mentionné ton classement dans cette course. Où l'as tu trouvé ? Je dois dire que je n'ai pas cherché à connaître mon positionnement à l'arrivée ni à demander combien nous étions à partir sur le 50 km. Mon obsession c'était plutot de prendre une douche... ce que j'ai fait avec deux bouteilles d'eau, entre les portières de ma voiture ! Pour le cul d'enfer, je ne suis pas sûr d'être rentré de congés... mais je dois dire que cela me tente.
Commentaire de The Running Lawyer posté le 07-07-2015 à 09:29:49
J'ai trouvé le classement...mais pas sur le site de l'aasso du Trail des Moulins. je finis 36ème sur 97 arrivants. Pas si mal pour quelqu'un qui avait l'impression de finir comme une larve ;-)
Commentaire de Danemark posté le 07-07-2015 à 14:07:02
Bravo à nous tous, la chaleur et les dénivelés étaient bien au rendez-vous, et comme vous c'était une première au-delà de la distance marathon mais quel pied ! Je me suis aussi perdu , 5 fois au total dont une fois sérieusement, pas grave je me suis régalé de bout en bout, et quel plaisir d'arriver sous les applaudissements, presque une ambiance familiale, les tables à l'ombre, le barbecue, l'interview pour chaque finisher ;) Pour info, 114 coureurs ont choisi le 50km et 97 ont terminé. Oui 17 abandons ! Le mot finisher prend tout son sens...
Commentaire de mistertop1 posté le 07-07-2015 à 14:18:47
Ah oui 17 abandons quand même, ça fait un gros pourcentage..
Bravo pour vos perfs les gars, moi au final je finis 68/97, mais j'y étais avant tout pour finir cette première aventure :)
@Danemark, une première sur trail 50k et tu finis en 5h18 ? Chapeau, j'ai peur de savoir combien tu fais sur les 42,195 ahah.
Pour la douche, pareil, nous avions un jerrican dans la voiture au frais pour nous rafraichir avant le BBQ.
Le Cul d'Enfer, j'en ai que de bons échos, je l'ai loupé l'année dernière, mais j'ai fait cette année les Carrières et je le louperai pas une seconde fois, le coin est trop parfait pour ça !
Commentaire de mistertop1 posté le 07-07-2015 à 14:46:02
Ah oui 17 abandons quand même, ça fait un gros pourcentage..
Bravo pour vos perfs les gars, moi au final je finis 68/97, mais j'y étais avant tout pour finir cette première aventure :)
@Danemark, une première sur trail 50k et tu finis en 5h18 ? Chapeau, j'ai peur de savoir combien tu fais sur les 42,195 ahah.
Pour la douche, pareil, nous avions un jerrican dans la voiture au frais pour nous rafraichir avant le BBQ.
Le Cul d'Enfer, j'en ai que de bons échos, je l'ai loupé l'année dernière, mais j'ai fait cette année les Carrières et je le louperai pas une seconde fois, le coin est trop parfait pour ça !
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