L'auteur : palfighter
La course : Marathon d'Annecy
Date : 21/4/2013
Lieu : Annecy (Haute-Savoie)
Affichage : 1848 vues
Distance : 42.195km
Objectif : Objectif majeur
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WEEK END MARATHON D’ANNECY 2013
Par Paul Maës
« Le surnaturel n’étant pas d’un usage pratique ni régulier, il est sage et décent de n’en pas tenir compte » Marcel Aymé in La Vouivre.
…Vendredi 19 Avril, 00h30, aire de repos dela Vouivre.(Nevy-les-Dole) La situation dans laquelle je me trouve est en effet pour le moins surnaturelle.
Allongé au fond de ma voiture dans la nuit noire, banquette arrière abaissée, les pieds reposant sur le dossier du siège passager rabattu, je m’apprête à fermer l’oeil, fatigué après plus de six heures de route depuis Calais.
Cette aire de repos est un endroit tout à fait paisible, à proximité d’un étang, où je ne risque pas d’être dérangé dans mon sommeil, si ce n’est par les ours !!! (quoi que peu communs dans la région) Ma première nuit en dehors de mes bases, et le début de mon aventure dont le point d’or espéré se tiendra aux alentours de 11h10 en ce Dimanche 21 Avril 2013 lorsque je franchirais la ligne d’arrivée du Marathon du lac d’Annecy.
Après une (courte) nuit, je reprends la route, cap au Sud Est : Dole, Sellières, Lons le Saunier, Orgelet, Arinthod, Oyonnax, Echallon, les localités traversées se succèdent quand je décide de stopper ma progression à Châtillon en Michaille, modeste bourgade du domaine dela Valserinequi sera le théâtre de ma petite sortie de course faisant office de rappel en vue de la course de demain. Je sillonne la commune, empruntant des petites rues escarpées et profitant du spectacle. En effet la vue depuis le haut de la colline surplombant le bourg entre alpages sur ma gauche et grande vallée à l’horizon ne laisse pas indifférent.
47 kmme séparent d’Annecy…Un peu + qu’un marathon…Mais j’opte tout de même pour la réalisation de ce parcours en voiture ! Me voilà arrivé en milieu d’après-midi à Annecy, et mon premier réflexe est de me diriger vers le « marathon-expo » pour y retirer mon dossard et me plonger dans l’ambiance de la course.
C’est avec le sourire que je parcours les différents stands, et constate l’intérêt de cette région pour le sport et l’environnement.
Pour cette épreuve je suis affublé du dossard n°20, et lorsque j’entends certains coureurs associer avec légèreté leur numéro à leur classement à l’arrivée je ne peux m’empêcher de penser à mieux que ça...
Mais bien autrement qu’une place, c’est un chrono que je suis venu chercher à Annecy : un record personnel sur marathon.
Mon plan d’entraînement s’est déroulé sans accroc, j’ai franchi les étapes les unes après les autres avec une progression continue et des temps de référence quasiment aussi précis qu’une horlogerie suisse. (obligé d’en parler avec la proximité du pays et aussi en rapport avec l’accent inimitable de la caissière du supermarché où je suis allé chercher un sandwich à Chatillon !)
Mon objectif initial de 2h38 a été revu à la hausse grâce à mes progrès accomplis pendant l préparation et c’est sur des bases de 2h35 que je valide mon allure de course…
18h, je me rends à St Jorioz à 10km d’Annecy où j’ai réservé une chambre pour passer la nuit en cette veille de course. Le cadre est splendide, entre lac et montagnes, on se sent vraiment minuscule face à la majesté qu’offre ce paysage.
La soirée est agréable, et me permet de sympathiser avec des coureurs et notamment le sympathique Alain, qui lui s’élancera sur le semi-marathon (petit joueur !!) demain.
Nous rejoint à table au cours du repas Rémi qui aura pour objectif moins de 3h15 demain pour son premier marathon et qui d’ailleurs en 3h11 parviendra à ses fins.
Je gagne ma chambre 130 (non non on vous a dit que ça n’avait rien à voir avec le classement à l’arrivée les gars ! ^^) et suit la finale de Coupe dela Ligue, un match qui ne me l’ASSE pas. (les plus tordus comprendront)
Le lendemain matin, lever aux aurores ! 5h10 le réveil sonne. 5h17 le réveil re-sonne…Bon je décide de me lever, après tout je ne suis pas venu jusqu’ici pour enfiler des perles !
Les formalités matinales effectuées, (ne pas oublierla Noksur les points sensibles, eh oui c’est un marathon Paul !) je libère ma chambre et prends la route pour Annecy vers 7h40.
En prévision de l’affluence, je décide de me garer à distance respectable du lieu de départ, parking des Marquisats. Ce que je ne sais pas encore c’est que ma voiture restera là et bien là durant quasiment 24h !
L’échauffement se passe bien, je me mêle à la foule et laisse monter l’adrénaline au fur et à mesure que les minutes me séparant du coup de pistolet s’égrènent.
Je prends place sur la ligne de départ avec les Elites (Hoho !) entre deux sympathiques coureurs à la peau bronzée…8h30 pétantes…FEU !
Le starter m’a surpris mais surtout le coureur à côté de moi qui me met un coup involontaire sur la cuisse au passage…Petit incident heureusement sans conséquences. La configuration est celle que j’attendais, les africains prennent les devants suivis par le français Yannick Kerloch qui semble affamé pour aller chercher une grosse perf. Avec l’effervescence commune d’un premier kilomètre je n’ai pas vraiment idée de l’allure à laquelle je suis parti. Je regarde ma montre au passage du dixième hectomètre (1km quoi) … 3 minutes et 27 secondes. Ca y est, mon marathon est gagné. Cela parait peut-être difficile à admettre, mais dans ce 1er kilomètre se jouent tellement de choses : la sensation de légèreté éprouvée à Lille Samedi dernier est bien présente, je suis à l’aise sur cette allure…Bref les sensations sont là et c’est un signal extrêmement positif pour la suite de la course !
La première petite boucle dans Annecy est l’occasion de former une première hiérarchie et je constate que je suis vraiment bien placé dans les 15 premiers. 2e kilo, 7’04. 3e, 10’45. Je suis parti EXACTEMENT sur les bases prévues et décide donc de continuer ainsi surtout que j’ai la chance de figurer dans un groupe avec quatre autres coureurs à la poursuite de la première féminine qui avait mis un brutal coup d’accélérateur après 1500m de course et qui semble marquer le pas. 5e Km, 17’54, toujours dans l’allure, les kilomètres vont s’enchaîner sur cette allure de 3’34 au Km pendant une bonne partie du trajet aller qui nous emmène jusque Doussard. 10e Km, 35’48. Une douzaine de secondes plus rapide que les prévisions.
Au km 13 je passe même devant l’hôtel à St Jorioz et apprécie les encouragements des participants du semi venus assister à notre passage. (le départ du semi étant donné à 14h30).
15e Km, passage en 53’45 : je dois me pincer pour le croire, mon record sur 15km étant à peine 2 minutes plus rapide. La première féminine a été rattrapée et n’a pas tenu longtemps derrière ma foulée. Je commets d’ailleurs peut-être une petite erreur à ce moment de la course où je préfère rester dans le groupe revenu sur elle. (groupe composé de Nicolas Luxembourg et Sébastien Fanguin qui finiront 7e et 8e en 2h31 – et Laurent Chambron V1 et régional de l’étape qui finira 9e en 2h33. Très solide le vétéran !)
A vrai dire je me sens tellement bien que je n’estime pas utile de lever le pied…
Cependant la physionomie de la course va prendre une autre forme, à l’initiative du V1 d’ailleurs, qui porte une accélération au 18e kilomètre, s’estimant peut-être en retard par rapport à ses prévisions au semi. Cette fois je décide de ne pas suivre les trois hommes qui prennent très rapidement plusieurs mètres d’avance. Une telle accélération sur marathon, ce n’est pas si courant !
A partir de ce 18e Kilomètre où je peux dire bye bye à mes compagnons de route, c’est une épreuve redoutable qui m’est imposée puisque ce n’est tout bonnement rien d’autre qu’un contre-la-montre individuel de près de24 kilomètres jusque l’arrivée ! Heureusement que l’on ne pense pas à cela pendant la course…Je passe au semi-marathon en 1h16’11, et donc malgré le fait de m’être fait distancer j’ai accru mon avance sur mes temps de passages prévus à une trentaine de secondes.
Arrivée à Doussard intervient le demi-tour précisément après22,5 kmde course : je ne vois plus grand monde devant et ne me retourne pas mais apparemment il n’y a personne derrière. (je me fie aux sons des encouragements des spectateurs)
Un trouble-fête vient s’inviter à la course et contrarier mes plans : le vent de face ! En effet, nullement ressenti dans la première partie de course (béh oui boubourse vu qu’il était d’dos !)
Il m’accompagnera pour le retour sur Annecy. Heureusement il ne souffle pas fort. (10, 15kmh tout au plus il n’y a donc pas de quoi paniquer) Le demi-tour est également synonyme de croisement avec le gros du peloton de coureurs. Et là, je dois dire que j’ai vraiment pris du plaisir à lire les visages respectueux des autres forçats du bitume ainsi qu’à entendre leurs encouragements. Du Km 23 au 29, entre Doussard et Doingt, je croise ainsi un cortège de coureurs, toujours plus présent en masse autour le meneur d’allure comme les abeilles autour du pot de miel. Après par contre, plus personne, je suis seul face à moi-même. Ma moyenne entre le 20e et le 30e kilomètre a chuté mais avec un temps de 37’17 je cours toujours à une vitesse supérieure à16 km/h. Le moment le plus difficile de la course survient après 2h d’effort lorsque je vois que mon allure décroît kilomètre après kilomètre. Je suis tout simplement en train de subir la course ! Un spectateur m’indique que ça suit à 150m derrière et il me semble que je lui réponds fatalement que j’accepte de me faire rejoindre…Je continue bon gré mal gré ma progression en solitaire…Quoi ? C’est comme ça que ça va se finir ? Je vais me laisser bouffer sans résister ? Serai-je en train de rendre les armes en plein milieu du combat ? Ah non ! Allez on se réveille ! Une barre de céréales et on se retrousse les manches (même si j’en ai pas… !) il reste encore une grosse demi-heure à courir et je jure que je ne me laisserai pas rejoindre !
Mon rythme qui tendait vers 3’50 au Kilo remonte à 3’42 à partir du 34e, je décide de me livrer totalement pour conserver ma position. Malgré les jambes qui font de plus en plus mal, je compte les kilomètres un à un, ils me paraissent vraiment longs comparés au début de la course, mais le second souffle que j’ai réussi à trouver ne me lâchera plus jusqu’à l’arrivée…Ma vitesse moyenne remonte suite à ce coup de collier et je parviens à tenir les16 km/h jusqu’au bout au prix de quelques grimaces, mes jambes me paraissent des bouts de bois mais je tiens bon. Le final de la course, où je retrouve une foule de plus en plus fervente à mesure que je me rapproche du but, est un pur moment de bonheur et les larmes montent rapidement comme lors du premier marathon de Dunkerque en 2009. Je sais à ce moment que ma course a été belle, que j’ai eu ce sursaut d’orgueil qui me permet de fouler le tapis rouge avec le sentiment d’avoir performé ! Le chrono dépasse les 2h35…08…09.10..11..je franchis la ligne exténué mais profondément heureux. Je récupère ma médaille de finisher qui va venir s’ajouter à ma collection de médailles de marathons (C’est déjàla Cinquième !)
Et voilà c’est ça le marathon ! La joie de finir l’emportant sur le chrono…J’apprends rapidement que je suis en 10e position et que je vais avoir droit au podium en compagnie de l’élite !
Après un petit massage bien mérité je me dirige vers le car-podium. Je m’avance dès l’évocation de mon nom et ne manque pas de faire un clin d’œil au speaker à ma région d’origine et mon club de l’AS Marck. Je suis même invité en coulisse pour boire le champagne en compagnie des Ethiopiens et autres Kenyans. Un moment inoubliable pour sûr !!!
La suite de la journée sera marquée par la rencontre avec les coureurs dela Patriotede Guines que je croise au dédale d’une rue et que j’accompagne pour faire un petit tour dans la vieille ville ainsi que pour boire une tasse de chocolat. Un moment de partage bienvenu pour moi qui ai passé plus de 50% de la course en solitaire !
Très marqué par cette course, je décide de rentrer plus tôt que prévu en terre nordiste et passe à nouveau une courte nuit dans la voiture sur le parking pour reprendre la route dès le lendemain matin, direction Amiens rendre visite à mon frère puis Calais le surlendemain pour un retour au bercail !
Je termine ce compte rendu par des remerciements pour tous ceux qui ont contribué de près ou de loin à la réussite de ce grand objectif que je m’étais fixé.
Maman, Juliette et Pierre pour me supporter au quotidien. Roger et Corinne alias les G.P.S. (Grands Premiers Supporters) toujours près de moi malgré la distance. Mes amis Ludo, Yohann, Charly et Chap’lin les carquefoliens, Benoit, Antonin pour leur soutien.
Et tous ceux à qui j’ai pu apporter du bonheur à la lecture de ces lignes ou donner l’envie de courir cette magnifique distance du marathon car le dire est une chose, le faire en est une autre ! OSEZ !
A bientôt pour d’autres aventures !
Paulo – ANNECY 2013 :
42,195km en 2h35’12 – Moyenne 16,31 km/h– 3’41 / Km – 10e scratch – 5e français.
Temps de passage :
10km : 35’48
Semi : 1h16’11
30km : 1h49’24
Liens vers les vidéos d’arrivée :
http://media.registration4all.com/Videos/Video_Sport_ParticipantDetails.aspx?EventID=63445&VideoForResultActivityGroupID=26&BibNumber=20&ParticipantName=MAES
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4 commentaires
Commentaire de map-o-spread posté le 27-04-2013 à 17:19:19
Waouh!! Bravo, sincèrement:-)
Commentaire de dajosport posté le 27-04-2013 à 20:45:06
Impressionnant... Félicitations ! :-)
Commentaire de Badajoz posté le 28-04-2013 à 13:45:47
je me souviens t'avoir croisé, tu étais le seul homme de tête à répondre à nos applaudissements par un "bon courage". J'avais trouvé ça très sympa. Félicitations pour cette très belle perf!
Commentaire de palfighter posté le 28-04-2013 à 17:01:47
Merci beaucoup pour vos commentaires, @Badajoz excellente anecdote ! Oui j'avoue avoir été surpris par les encouragements des coureurs, le marathon a cela de si particulier que la solidarité est belle entre les coureurs. Je me devais de répondre à ma manière à tous ces encouragements qui ont une place de choix dans mon souvenir de ce weekend. Félicitations à toi pour ton record ... et ... Peut etre se reverra-t-on sur une autre course qui sait ! ciao
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