L'auteur : Seabiscuit
La course : Marathon d'Annecy
Date : 14/4/2019
Lieu : Annecy (Haute-Savoie)
Affichage : 1443 vues
Distance : 42.195km
Objectif : Battre un record
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Marathon #06 - Objectif atteint !!
Trois mois que je le prépare et ça devient long. J’ai hâte que ça finisse, le courir et passer à autre chose. C’est probablement la raison pour laquelle je l’aborde sans trop de stress.
La préparation, globalement, s’est bien déroulée. Les douleurs en haut du mollet droit m’ont accompagné à chaque sortie mais sans que ça me pénalise, elles ont finalement servi de garde-fou et rappelé qu’il fallait que je me ménage.
Par rapport au dernier marathon, j’ai gardé le même plan d’entrainement mais je l’ai adapté. J’ai conservé les 4 sorties par semaine en développant l’entrainement croisé. J’ai ainsi remplacé une sortie course à pied par du vélo elliptique ou de la natation. Ce fut moins contraignant d’une part car je n’avais pas à sortir le soir par mauvais temps et moins traumatisant d’autre part, je préservais les articulations. Deuxième adaptation : davantage de fractionné long. J’ai abandonné le 30s/30s pour privilégier le fractionné pyramidal : 1.000 m / 2.000 / 3.000 / 2.000 / 1.000. Enfin, j’ai fait deux gros week-end en fin de semaine 9 et 10 (préparation sur 12 semaines) : sortie d’1h30 le samedi matin, sortie vélo de 3h l’après-midi, sortie de 2h40 le dimanche matin. Je pense que j’étais aux limites du surentraînement car en semaine 11 j’ai connu une grande lassitude et un manque évident de motivation pour le sport. Je n’ai pas fait grand-chose, je me suis tout de même obligé à sortir un matin avant d’aller bosser mais mal m’en a pris car j’ai dû écourter la séance au bout de 6 km suite à un tendon d’Achille inflammé (alors qu’aucun signe n’était apparu jusqu’alors). Preuve que le corps était à bout. Donc repos, repos et repos avec massage biquotidien de la zone douloureuse avec un anti-inflammatoire. J’avais programmé de courir le 8 km du Lyon Urban Trail avec ma fille, je l’ai maintenu et je me suis fait plaisir. Repos et récupération la dernière semaine, simplement une sortie cool de 30 mn avec quelques accélérations le samedi, veille de la course.
Le grand jour est arrivé. La météo qui s’annonçait capricieuse en début de semaine offre finalement des conditions satisfaisantes pour un marathon. 3°C au départ, on ne va pas souffrir de la chaleur !
J’entre dans le sas C 3h31 - 3h50 et essaye de me rapprocher du meneur d’allure 3h30. Je me situe à quelques dizaines de mètres de lui quand le speaker annonce que le départ vient d’être donné. Pas de chevauchée des walkyries, de chariots de feu ou encore d’Ameno pour nous dresser les poils sur la peau, les organisateurs ont dû considérer que la température s’en chargerait !
Me voilà parti avec cette inconnue : quel sera mon état dans quelques heures ? L’expérience acquise au cours des précédents marathons tend à réduire cette incertitude. Ne pas partir trop vite et répéter l’erreur de 2017 où je m’étais grillé à vouloir rattraper le meneur rapidement. Le premier kilomètre est couru en 5mn mais avec l’impression de piétiner, faute à la densité des participants et au parcours qui nous fait emprunter des petites rues d’Annecy. Ça va mieux quand je rejoins les berges du lac, il est alors plus facile de tenir une allure constante. Je vise entre 4’55 et 5’ au kilomètre afin de finir en moins de 3h30 les 42km195. C’est l’objectif que je me suis fixé depuis que je me suis mis au marathon. Est-ce que ce sera pour cette fois ?
Km 15, tout se passe bien. Je suis régulier, j’ai pris quelques secondes d’avance sur le tableau de marche, je ne ressens aucune douleur, aucune gêne. J’ai rejoint le meneur d’allure à la faveur des ravitos sautés (j’ai un porte-bidon).
Je cours à son niveau, celui qui se situe entre nous lui demande quel est son temps sur marathon pour être meneur 3h30. Ce dernier lui répond qu’il ne sait pas !! « Comment ça tu ne sais pas ? non je n’en ai jamais fini un ! » Une petite alarme s’allume alors dans ma tête et je me dis « Ludo, il va falloir prendre les choses en main ». Mon GPS sera dès lors mon meneur d’allure et je ne m’occupe plus de l’oriflamme.
Les motos annoncent déjà les premiers, ils sont impressionnants de facilité et leurs foules aériennes sont une belle image qui incarne la beauté du sport !
J’approche de Doussard et du semi. Je passe l’arche en 1h45’07’’. Il y a quelque chose qui cloche ! J’aurais dû être en dessous. Un œil sur le GPS pour m’apercevoir que la ligne devant matérialiser le mi-parcours est en fait située 370 m trop loin. Donc pas d’alerte, je suis top nickel !
La boucle de 3 km dans Doussard achevée, je reviens sur la piste cyclable. Je croise à mon tour les concurrents partis sur des bases plus lentes. J’encourage au passage la dernière concurrente suivie de près par le vélo-balai.
J’appréhende la sortie du tunnel, début de mon calvaire lors du dernier marathon d’Annecy. Cette fois, pas de décharge brutale des batteries, je tiens l’allure.
Près de 2h50 maintenant d’effort, le talon d’Achille se réveille, le quadri gauche tire de plus en plus. Je bascule tout doucement du plaisir à la souffrance. Ça devient dur !!
Km 35, une jeune femme se porte à ma hauteur puis me dépasse. Je m’accroche à sa foulée. Je ne rigole plus du tout, je serre les dents. J’arrive à tenir son rythme sur un kilomètre puis je me vois contraint de la laisser me distancer inexorablement. Avec le recul, je suis toutefois persuadé qu’elle m’aura permis de sauver mon objectif.
Il me reste 6 km, je me force à dire que ce n’est rien. Le talon d’Achille et le quadri se liguent pour me dire le contraire. Je pense très fort à ma sœur, j’ai la chance d’avoir mal aux jambes. Vu sous cet angle, c’est même un privilège.
Il y a plus en plus de monde, les encouragements arrivent à point nommé. Ca rebooste.
Km 40, 3h18’ et une poignée de secondes. Ne pas s’effondrer ! L’arrivée du marathon d’Annecy est abominable. Le parcours pénètre dans les jardins de l’Europe si bien qu’on passe à moins de 150 m de l’arche d’arrivée, on entrevoit les ballons tricolores, on entend le speaker, on se dit c’est bon, je le tiens mais il faut encore contourner le canal du Vassé et c’est interminable ! Je consulte ma montre, je ne suis plus si large. C'est la dernière ligne droite, j’accélère, je donne tout.
Résultat final : 3h29’45’’. NEW PERSONNEL RECORD
Ça ne s’est pas joué à grand-chose mais je suis super content d’avoir atteint mon objectif. Je suis sur mon petit nuage, je savoure. Le 6ème aura été le bon.
Anecdotes ?
J’ai couru avec Jésus et ce ne fut qu’une demi-surprise car j’avais fait connaissance avec l’individu grâce à un article paru dans le hors-série 2018 du magazine « Jogging International ». Gilles Dantzer, la soixantaine, a l’habitude de courir déguisé : couronne d’épine, croix sur le dos, imitations de plaies sur le torse. Avec plus de 220 marathons à son actif, dont la plupart sous cet accoutrement, le bonhomme semble être un sacré personnage et pas frileux !
J’ai croisé plusieurs coureurs munis d’un masque. Je me suis interrogé sur le pourquoi de cet équipement (une autre forme de déguisement ?). Le récit de Marathon-Yann m’apporte l’explication. Ils servent de cobayes à une étude scientifique menée par Véronique Billat (dont The Running Heroes Society lui consacre un article dans le n° d’avril 2019). La recherche permettra t-elle de mieux comprendre les mécanismes du corps humain mis en œuvre lors d’un effort soutenu afin d’adapter l’entrainement pour descendre en dessous de 2h sur marathon ?
J’ai tenté un tir à 3 points mais je l’ai loupé ! En fin de parcours, la compote avalée, j’ai visé une poubelle, j’ai atteint une spectatrice. Je me suis confondu en excuses …
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1 commentaire
Commentaire de marathon-Yann posté le 13-05-2019 à 17:36:23
Bravo pour ta performance et ton récit magnifiquement illustré ! :)
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