Récit de la course : Off - Tour de France - Franchir l'Horizon 2004, par electron

L'auteur : electron

La course : Off - Tour de France - Franchir l'Horizon

Date : 3/3/2004

Lieu : Asnières Sur Seine (Hauts-de-Seine)

Affichage : 2220 vues

Distance : 75km

Objectif : Pas d'objectif

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Le récit

Vous trouverez ici mon CR concernant la première étape de franchir l'Horizon entre Paris et Caen.

D'autres CR, ainsi que les photos et les cartes sont disponibles sur mon site à l'adresse http://www.sportnat.com/electron/mescourses/2004/franchir04/FR04index.htm

Mercredi 03 Mars : 18h00

Ca y est, le sac est prêt. J’espère, comme souvent, ne rien avoir oublié d’important, mais bon ! Si c’est le cas, il faudra faire avec. Il faut dire que, mine de rien, on part quand même pour faire Paris-Caen en courant. Bon, on va se relayer, et on a prévu une halte à Bernay Jeudi soir, mais quand même…

Cette halte de toutes façons est indispensable. Pas questions de passer 2 nuits blanches en courant et de devoir en plus assurer l’assistance et la sécurité en conduisant la voiture pendant qu’on ne court pas.

Quand je dis " on " je parle du Bourrin, de Tonyé et de moi en ce qui concerne la première partie du parcours jusqu’à Bernay (soit environ 160km) ainsi que de la Dofinette et du Castor qui vont nous suivre en vélo.

A partir de Bernay et jusqu’à Caen, nous aurons le renfort d’Annick (désormais surnommée La Cane) dont l’expérience des courses de grand fond et la personnalité seront des atouts importants pour couvrir les 80 derniers kilomètres.

Côté équipement, je n’emporte rien d’extraordinaire si ce n’est un nombre important de tenues de rechange. Après tout, pour une fois que nous ne sommes pas obligé de porter notre matériel dans un sac à dos, je ne vais pas me priver.

La tenue ressemblera à quelque chose du type :

– Chaussures de route
– Chaussettes habituelles DK50
– Collant long
– Carline ou Dry fit
– Maillot UFO
– Coupe vent ou Gore Tex Pas Lite (suivant la météo)
– Béret

Côté ravitaillement, les relais ne seront pas très longs (environ 2h) alors rien de particulier si ce n’est une ou deux barres énergétiques. Pour le reste je vais tourner simplement à l’eau pour le liquide, et pour le solide, ce sera une alimentation de baroudeur… Saucisson sec, comté, chocolat noir, Tuc salés… pas exactement ce qu’on trouve sur des ravitaillements d’Ultra !

Mercredi 03 Mars : 19h30
J’arrive au théâtre d’Asnières. Sur place je retrouve Le Bourrin, Tonyé et celui qui va devenir Le Castor (en raison de ses grandes dents et de sa qu… Oups !) je veux parler de Laurent, un copain de Tonyé, cycliste, triathlète et grand connaisseur en dopage sportif (n’y voyez aucun lien, ni avec les sports qu’il pratique, ni avec notre aventure) capable de vous raconter l’histoire du " pot belge " juste pour faire passer les kilomètres plus vite ;-). Le Castor va assurer notre assistance en VTT mais il compte bien effectuer également quelques relais histoire de nous soulager dans les moments difficiles.

On commence à charger la voiture, puis le Bourrin va chercher le cinquième élément de notre petite troupe à savoir la Dofinette qui va suivre tout ce périple du haut de son VTT.

On en profite aussi pour faire connaissance avec les permanents d’Enfants du Mékong qui s’occupent de la soirée. Petit briefing pour nous en expliquer le déroulement. A notre demande, ils ont accepté que nous lancions la course dès le début de la soirée. A l’origine ils voulaient que nous commencions à courir après la projection de leur film, mais cela nous faisait partir 2 heures plus tard, ce qui restreignait notre marge de manœuvre pour couvrir notre premier tronçon. Nous avons donc négocié (habillement) un départ en début de soirée (entre 21h et 21h30) afin de partir l’esprit libre.

Notre principal objectif est d’atteindre Bernay en fin d’après midi (vers 17 ou 18h) le Jeudi 4 Mars. Pour cela nous allons nous relayer avec le Bourrin et Tonyé. La Dofinette et le Castor alterneront l’assistance en VTT.

Pendant qu’un premier coureurs progresse, un second est au repos dans la voiture et le troisième conduit. Quand le premier coureur s’arrête, il passe au repos dans la voiture, celui qui était au repos prend le volant et celui qui conduisait va courir. C’est simple et efficace !
On a juste oublié un tout petit détail de rien du tout… La lecture de la carte… mais on va y revenir.

Une fois la voiture prête, on enfile les maillots aux couleurs de " Franchir l’Horizon " et on va dans les coulisses du théâtre afin d’attendre notre passage sur scène qui donnera le top départ.

C’est pendant cette attente que Tonyé, sentant l’appel des planches, décide de nous détendre en déclamant quelques tirades de Cyrano… Du grand Tonyé ! Nous sommes également rejoint par le Chacal qui n’a pas hésité à traverser Paris juste pour venir assister au départ…

En parlant de départ, c’est d’ailleurs moi qui vais m’y coller. A moi le tout premier relais de Franchir l’Horizon. En fait, ce premier relais est surtout destiné à nous faire quitter la banlieue Parisienne. Hors, courir en ville ne me gène absolument pas. C’est pour cela que je me suis proposé pour prendre ce premier tronçon.

21h00 : Tout le monde est dans le théâtre. La salle est pleine et les premières présentations commencent. Rapidement on nous fait monter sur la scène pour une présentation du " défi " que nous nous sommes lancé. On nous remet le carnet qui servira de témoin et sur lequel les relayeurs pourront écrire un petit mot.

Encouragement, applaudissements, et c’est parti au son de Matrix !

21h15, nous quittons l’estrade en courant (pas trop vite quand même) et nous continuons jusqu’à la sortie du théâtre. Une fois dehors, petite pause auprès de la voiture du Bourrin le temps de prendre le porte bidon et de reposer le maillot EdM que nous réutiliserons à l’arrivée à Caen. Il ne fait pas très froid. j'ai juste une carline et par dessus j'ai mis le maillot "qui rend fou" version manches longues. En plus il est blanc et se voit bien dans la nuit.

A 21h30, je me lance pour mes premières foulées qui depuis Asnières doivent me conduire à la sortie de Saint Germain en Laye. Ensuite ce sera le début des petite route de campagne… L’idée est de faire des relais d’environ 2h, ce qui permet de courir convenablement mais aussi de bien récupérer entre chaque tronçon… Ca c’est juste l’idée de départ.

Dès le départ je suis accompagné par la Dofinette en VTT, mais très vite je suis rejoint par le Fluet (ZOO) qui est venu faire une petite heure de footing et par Michel C (UFO) dont je fais la connaissance et qui lui est venu m’accompagner en VTT.

Bien sûr les premiers kilomètres se font sans soucis, en plus à part le tout début dans Asnières (où je serai guidé par le Fluet) le reste du parcours fait partie de mes routes d’entraînement quand je rentre du boulot… Alors la carte reste dans la poche, et j’y vais les yeux fermés (enfin pas trop, parce qu’il y a des trottoirs et des poteaux… shblong !)

On passe la place de Belgique, après laquelle le Fluet nous laisse pour rentrer à la maison, la place de la Boule à Nanterre et direction Rueil où c’est au tour de Michel C de nous quitter. En tous cas, un grand merci à eux deux pour ce bout de route.

A partir de maintenant je suis juste avec la Dofinette. On retrouve régulièrement la voiture. Elle part deux km devant s’arrête et ensuite repart après s’être assurée que tout va bien. Traversée du Vésinet, puis j’entame la montée du château de Saint Germain en Laye… Ca réchauffe un peu, mais tous les voyants sont au vert.

Pendant la traversée de Saint Germain, on se sépare de la voiture en raison des sens interdits et on convient d’un point de contact en sortie de la ville sur la RN13. Avec la Dofinette on traverse tranquillement la ville, mais une fois sorti, pas plus de voiture que de beurre en broche ! ! ! Allons bon, ca fait à peine deux heures que nous sommes partis et ils se sont déjà perdus !

Mon téléphone portable est resté dans la voiture, mais la Dofinette a le sien. Un appel désespéré nous parviens de nos trois relayeurs orienteurs " de la mort qui tue " qui me demandent comment ils doivent faire pour me rejoindre… mmppffffffff… on est pas sorti de l’auberge…

Finalement après quelques instants de radioguidage, nous nous retrouvons et en profitons pour faire le premier passage de relais. C’est au tour du Bourrin de s’y jeter…

Le Bourrin part le long de la RN13 pendant quelques temps puis il va devoir attaquer les premières petites routes de campagne au niveau d’Orgeval. Le parcours, je l’ai tracé afin d’éviter au maximum les Nationales et les départementales. J’ai privilégié les toutes petites routes plus sympa. Il y aura bien quelques tronçons de routes à fort trafic, mais j’ai vraiment essayé de les limiter au minimum.

Pour quitter la nationale, le Bourrin commence par une jolie montée bien longue comme il faut, juste de quoi chauffer ses papattes… Pendant ce temps j’en, profite pour me restaurer un peu, me changer et surtout prendre les commande de l’orientation de l’épreuve…

L’orientation… Parlons-en ! J’ai fait trois copies du parcours avec le traçage. Un exemplaire est dans la poche du coureur. En cas de besoin, cela permet de se recaler. Les deux autres exemplaires sont dans la voiture. C’est la voiture qui va montrer le chemin. Soit la route est sans soucis, et l’assistance part devant sur environ 2 km et attend le passage du relayeur, soit il y a une intersection avec changement de direction, et là la voiture se positionne de façon à ce que le relayeur ne rate pas l’embranchement. Et ça fonctionne… Sauf que si vous voulez vous rendre à un point précis, il est fortement recommandé de ne pas confier la carte à Tonyé… Et comme le castor conduit, au lieu de pouvoir dormir un peu pendant ma phase de repos, je dois assurer le parcours pendant que le Bourrin court.

Bref, soit je cours, soit j’oriente, soit je conduis… Et je dors quand moi ???

Après quelques kilomètres on traverse le village d’Orgeval dont les rues sont plus proches du labyrinthe que de la ligne droite. Et hop, ça ne rate pas… le Bourrin se trompe de chemin et commence à faire un peu de rab’… Depuis le temps qu’il attendait de courir…

Le reste du parcours se fait sans gros soucis. Le Bourrin a trouvé son rythme, la Dofinette l’assiste tranquillement, et la circulation est plus que calme… Il faut dire qu’il est 1h du matin sur une petite route de campagne un jeudi… Mais qu’est-ce qu’on fiche ici ??? Ah oui, les enfants…

Un peu avant 2h du mat’, on fait une nouvelle pause. Fin du premier tronçon du Bourrin.
C’est au tour de Tonyé et du Castor de se jeter dans la course. Ils ont décidé d’enchaîner leurs 40km (ben oui, ils sont 2) en alternant course et VTT tous les 10km.

La Dofinette va du coup pouvoir faire une petite pause après ses 40 premiers km de VTT.
L’arrêt se prolonge un petit peu le temps de changer de VTT, et de permettre au Bourrin de commencer à se ravitailler. La voiture commence un petit peu à sentir le " coureur de fond ". Un subtil mélange de sueur, et d’odeurs de ravitaillement en tous genre qui va de la barre et du gâteau énergétique au saucisson, comté, camembert et quiche ;-))) On ne va quand même pas se laisser abattre !!!

C’est parti… Normalement ils en ont pour 4 à 5 heures pour faire leurs 40 km. Donc si tout se passe bien, je pourrais recourir au lever du jour.

La Dofinette s’écroule sur la banquette arrière de la voiture et s’endort pratiquement avant que nous soyons repartis. Le Bourrin monte à côté de moi en tant que copilote (il va pouvoir s’occuper de la carte), mais très rapidement, au son régulier de son ronflement, je me rend compte que je vais être tout seul pour conduire et guider les relayeurs ! ! !… pas dormir l’Electron, pas dormir !

On conserve le même principe de progression. Je pars 2 ou 3 km devant, j’attends les coureurs et je repars. De plus en cas de pépin, on a les téléphones portables…

Point de relais des 10 premiers km, tout va bien. Tonyé court avec une aisance pas croyable… il sait pourtant qu’on est pas sur un semi ! Il prend le VTT et c’est le castor qui se lance sur la route… les kilomètres s’enchaînent et je dois avouer qu’à une ou deux reprises, ayant stoppé la voiture pour attendre les relayeurs je me suis assoupi quelques minutes… comme cette fois où ce sont Tonyé et le Castor qui vont devoir me réveiller (le Bourrin et la Dofinette n’entendront rien !)

Depuis 02h30, les premières gouttes de pluie sont apparues. Au fil des heures elles ne feront que s’intensifier et ne nous quitteront pas jusqu’à notre arrivée à Bernay.

Un second relais, puis un troisième… nous sommes bien dans la course, et les km défilent tranquillement. Le Castor a quelques soucis physiques pendant son second relais. Du coup, Tonyé prend son tour un peu plus tôt que prévu. Vu l’heure (il sera un peu plus de 7h) , on décide qu’à la fin du dernier relais qui doit se situer dans le village d’Epieds on s’arrête au café du village afin de prendre le petit déjeuner avant de repartir pour notre seconde série de relais.

Mais voilà… A Epieds, point de café… ni de boulangerie, ni de quoi que ce soit ! ! ! Grrrrrr ! Tant pis, je me contente de quelques Tuc et d’un peu de saucisson sec.

Toujours est-il que c’est à mon tour de repartir. J’ai réveillé la Dofinette, le Bourrin a repris conscience depuis quelques instants et nous nous préparons pour cette seconde série…

...Que c’est dur de repartir…

Déjà il faut s’extraire de la douceur de la voiture… puis la météo étant moins clémente que pour mon premier relais, il faut s’équiper en conséquence… C’est vrai que j’ai emporté tout mon stock de tenues de rechange, comme ça je serai au sec tout le temps.

Pour ce second relais j’utilise toujours une carline et la maillot " qui rend fou " mais entre les deux j’inclus un coupe vent reebook léger. Comme ça, ni la pluie ni le vent ne me perturberont. Le redémarrage est assez laborieux, cela fait plusieurs heures que je suis assis à conduire sans pouvoir réellement me détendre. Je décide de relancer la machine tout doucement, sans tirer dessus. Je sais que d’ici un ou deux kilomètres les choses iront mieux.

On traverse le village de Serez, Foucrainville, toujours sans le moindre café à l’horizon (mais comment ils font dans ces villages pour vivre sans un troquet ?) … les villages s’enchaînent. Le Bourrin propose à un moment que nous fassions un " petit " détours vers une petite ville situé un peu plus au sud de notre itinéraire… Seulement voilà, le Bourrin a juste oublié que notre carte est au 1/200 000ème, et que 1cm (c’est pas grand) sur la carte ça fait 2km sur la route ! ! ! Il est gentil le Bourrin, gentil… surtout quand il est dans la voiture et que c’est moi qui cours ;-))

Alors on continue notre parcours. On quitte partiellement l’itinéraire prévu pour un autre qui nous paraît un peu mieux. Les kilomètres défilent (trop lentement à mon avis) et de plus, côté paysages, j’ai l’impression de me retrouver dans la Beauce à la fin du Raid28. Des champs tout autour de moi, bien dégagés, peu d’objectifs à viser… pas top moralement. Heureusement, il n’y a pas de vent, et la pluie ne me dérange pas plus que ça. Et puis j’ai la Dofinette qui continue de m’accompagner.

Depuis quelques kilomètres, je sens une tension dans mes genoux. Pas une grosse douleur, mais une tension présente quand même. En fait, pour moi l’ultra doit implique deux choses : Ne pas courir en permanence (alterner marche et course) et avoir des sols le plus souple possible. Depuis hier, je ne fait que courir et sur du bitume, alors forcément, ça se paye. J’essaie donc d’y aller un peu plus doucement (déjà que j’allais pas vite). De plus j’ai aussi les mollets qui me taquinent… Les débuts de crampes se font sentir. Je continue à boire toutes les 15 minutes et avale un cachet de sporténine. Moi qui ne crois pas à tous ces truc (cachets, homéopathie…) il est vrai que le cachet donné par la Langouste sur la fin du Raid Normand m’avait paru efficace. Du coup je décide de re-tester le produit aujourd’hui.

Je progresse encore et encore, quelques virages, de nouveaux des champs à traverser puis un village sans café et un pont pour passer une nationale… Là les genoux commencent à tirailler. En théorie, c’est mon dernier relais aujourd’hui . Si je veux pouvoir courir demain, j’ai attention à me ménager. Je demande à la Dofinette d’aller prévenir la voiture que je vais passer le relais au suivant.

Quelques instants plus tard je vois la voiture venir vers moi (je ne leur en avait pas demandé autant) et le Bourrin qui me dit " A 600m y’a un troquet… ça y est on en a trouvé un !) "
Ok, ok, ok… dans ces conditions j’arrête pas, je vais jusqu’au troquet et on fera le passage de relais là bas.

C’est comme ça que nous nous retrouvons dans un petit bar restaurant, perdu au milieu de nulle part, en train de prendre un bon thé chaud (ils ont même pas de chocolat !) et de manger quelques croissants et pains au chocolat que le Bourrin est allé cherché dans la camionnette du boulanger qui passait juste à ce moment là ;-))) sluurrpppp – miiaammm.

L’arrêt se prolonge un peu, certains se réchauffent dans la salle à manger auprès du feu de bois (hé oui, en plein milieu de matinée…). J’en profite pour me changer dans le bar, récupérer un peu, tout ça en continuant à écouter les histoires des uns et des autres, dont le Tonyé, repris d’une furieuse envie de déclamer quelques vers en anglais… encore des bons moments.

On est bien resté dans ce troquet 30 à 45 mn (je ne sais plus exactement) mais toujours est-il qu’il faut repartir…Il est allègrement plus de 10h lorsque nous nous remettons en route… c’est alors au tour du Bourrin de se lancer sur les jolies petites routes de la verte Normandie ;-)

Le Bourrin reprend doucement la route, le redémarrage devant être également difficile pour lui. Il est toujours accompagné par la Dofinette qui continue son périple.

Les kilomètres passent, le bourrin avance pas trop mal, puis lors d’un ravitaillement il demande de la sporténine… visiblement je ne suis pas le seul que les crampes taquinent…

Il vas tranquillement continuer sa progression pendant pratiquement les 2 heures prévues, puis, son mollet le tirant de plus en plus, il décide de laisser sa place au "couple maudit" à savoir Tonyé et le Castor …

Au tour de Tonyé… il part avec le Castor en assistance mais aussi avec la Dofinette qui ne veut même plus descendre de son vélo ;-) ou bien qui ne veut pas retourner dans la voiture… Cela fait près de 16h que nous vivons à 5 dans la voiture, comme il pleut on aère assez peu, et en plus, jl semble que l’abus de boissons et de barres énergétiques déclenche des rejets gastriques d’ordre gazeux… mmppppppppppp pas respirer, surtout pas respirer…

Si tout va bien à eux deux ils vont couvrir les quelques 35 km restant à faire… Le Bourrin m’abandonne une fois de plus en s’endormant lâchement me laissant une fois de plus conduire et suivre l’itinéraire qui doit nous rapprocher de Bernay…

Tonyé à l’air étrangement bien, il trottine à un bon rythme, ne se plaint pas, (il a même réussi à fumer sa petite cigarette pendant la pause du petit déjeuner), bref, il est royal. Après quelques kilomètres, le Castor décide de ne pas prnedre le relais. Son genou lui fait mal et il préfère s’abstenir. " Pas grave " dis-je, " le Tonyé va finir tranquillement les 35 km " ;-))) " Ca va pas la tête, je fais deux heures et ensuite on change… " répond t-il effrontément !

Ca signifie qu’il nous restera environ 15 km à faire pour moi ou pour le Bourrin… on verra ça sur place.
Tonyé progresse bien, et on arrive même à lui faire faire quelques longueurs supplémentaires quand il fini par dire " Stop ! on change ! "

Ok ! on change… Heu ! qui y va ???
Il nous reste désormais 12km pour atteindre Bernay… on est tous un peu crevé, le Castor à mal à son genou, Tonyé a envie de faire une petite pause après ses 22-23 km, le Bourrin a mal à son mollet et doit encore courir demain et après demain, et moi j’ai toujours une raideur dans le genou.

Pfffffff allez, on ne va pas craquer si près du but… Il reste 12km, le Castor propose d’en faire 4 après moi et le Bourrin annonce qu’il fera les 4 derniers. Alors Hop ! je me prépare pour faire 4 petits km de plus… c’est quoi 4 km ?

Je me change, cette fois avec la fatigue et la pluie je sors la Gore tex… et je pars, accompagné par la le Castor en VTT alors que la Dofinette remonte dans la voiture (il me semble !). Elle s’est fait une bonne centaine de km depuis mercredi soir quand même ! ! ! chapeau.

Je repars très très doucement. Les premières longueurs sont très difficiles, mais ça revient doucement, tranquillement. Je fais mes petits km puis je change avec le Castor. Je prend le VTT et lui commence à courir. Après quelques centaines de mètres non souhaitées (encore un coup de génie de l’orientation bourrinesque) le Castor me dit que son genoux lui fait trop mal pour courir et qu’il préfère arrêter… ok… Je repars donc (génial après le vélo) et ajoute encore quelques kilomètres au compteur. Mais ça commence à devenir dur et pas question de terminer le tronçon… Finalement, le Bourrin ayant encore mal à son mollet, c’est Tonyé qui va repiquer une fois de plus pour couvrir les 4-5 derniers kilomètres nous menant à Bernay…

A 17h26 nous entrons dans la ville, fin de notre première partie de parcours… Environ 160km parcourus (sur les 140 prévus initialement !) 20h d’efforts… si on y ajoute la journée de boulot du Mercredi, cela commence à faire un moment que je n’ai pas dormi…

Une fois en ville on s’arrête. Il reste à trouver l’Hotel, prendre une bonne douche (mmmmmmmmmmmmmmm) se détendre un peu et commencer doucement à récupérer.

La Cane (annick pour ceux qui ne seraient pas encore au courant), doit arriver sur Bernay vers 20h. on décide de l’attendre pour aller dîner, et du coup on se retrouve tous les 5 à 19h au bar de l’hôtel histoire de se jeter quelques petites bières derrière le cornet agrémentées de quelques cahuètes de bonne facture …

Un dîner tranquille à l’hôtel où nous allons découvrir comment notre Cane fait pour courir longtemps sans s’arrêter (vous le découvrirez sur les photos) puis direction la chambre où à peine me suis-je allongé que hop ! plus de son – plus d’image… rrrooonnn bbbzzzzz

Bip – bip – bip – bip - bip. Vendredi 5 Mars - 7h00

Debout là dedans ! On a décidé de se retrouver au petit déj à 7h15, mais j’ai pas eu le courage de mettre le réveil plus tôt que 7h00…
Petite toilette rapide et on retrouve la troupe dans la salle à manger en compagnie d’un copain de la Cane, boulanger à Bernay, Organisateur du Tour de France en courant (avec la Cane pour la Chasse Marée, Tonyé et son GTC et le Bourrin avec Franchir l’Horizon, on est entouré d’organisateurs ! ! !) qui est venu nous dire bonjour, et nous apporter du ravitaillement pour notre étape d’aujourd’hui. Plutôt sympa non ?

On termine de se ravitailler, on range tout notre bazar dans la voiture (elle est vraiment très sale ta voiture mon Bourrin !) et on décide de traverser Bernay… en voiture !
En fait notre Hotel est à l’opposé de la route que nous devons prendre, dans une ZI et sur une route très " passante "… Aussi on préfère ne pas prendre trop de risque et commencer à courir du bon côté de la ville.
On traverse Bernay et on s’arrête juste à la hauteur du panneau de sortie de la ville. On doit faire Bernay Caen aujourd’hui, alors pas question de sortir de la ville en voiture ! on a des principes quand même !

C’est le Bourrin qui décide de se lancer le premier. Ila envie de courir. Vers 8h45 il se lance pour le premier tronçon des 80km qu’il nous reste à couvrir pour rejoindre Caen, terme de notre étape. Le Bourrin part devant alors que nous finissons de préparer le VTT de la Dofinette (elle le rattrapera sans soucis) J’indique la direction à suivre et en plus c’est tout fléché aux carrefours. 5 à 10 minutes plus tard, c’est au tour de la Dofinette de partir… Nous, on remballe un peu notre bazar, on monte dans la voiture et on va à leur recherche…

" C’est drôle, mais elle a quand même drôlement bien avancé la Dofinette ! non ? On aurait du la rattraper depuis longtemps ! " on passe un premier rond point, puis après un bon bout on retrouve le Bourrin… Et pas de Dofinette !
On informe le Bourrin en lui disant de continuer et on fait demi-tour pour partir à sa recherche quand le téléphone sonne… " Allo, c’est moi, vous êtes où ??? " Bon, si elle est perdue au moins elle est encore en vie ! "
Petit radio guidage, et après un tronçon où elle aura du mettre un peu la gomme, elle fini par rejoindre le Bourrin !

Aujourd’hui, il ne pleut plus. Par contre un épais brouillard conserve un fort taux d’humidité dans l’air… mais cela va aussi nous donner quelques belles photos sur les petites routes…

Le Bourrin tourne pas trop mal, son mollet à l’air de tenir, et il va couvrir son créneau de 2 heures sans trop de soucis. C’est le réveil, tout va bien…

Arrivé dans le village au doux nom de Cordebugle, il décide finalement de passer le relais à Tonyé, qui se sent aussi en peine forme (mais qu’est-ce qu’ils ont tous ?) et qui démarre comme si il ne s’était rien passé la veille …

Il est " aérien " notre Tonyé… impressionnant, alors que c’est lui qui a bouffé le plus de kilomètres hier !

On le laisse partir, puis quelques kilomètres plus loin ce sera au tour de la Cane de partir courir. Oh, elle ne va pas prendre le relais de Tonyé, elle va tout simplement faire les 60km qu’il reste d’ici à Caen, accompagné par les autres relayeurs, tout ça comme une bonne séance d’entraînement… 60 km comme ça pour rire… ou presque !

Impressionnante la Cane… Petite foulée régulière, un vrai diesel mais une fois partie, impossible de l’arrêter, elle ne stoppe jamais… montée, plat, descente, ravitaillement, elle tourne toujours avec la même aisance… impressionnant.

On attends Tonyé, puis à son arrivée la Cane part avec lui. Là, on sent la différence d’allure… ils vont avoir du mal à courir ensemble ces deux là… Mais finalement Tonyé va lever le pied et se mettre à courir avec la Cane. Les deux VTT sont de sortie désormais, et ils n’arrêteront pas non plus avant d’être à Caen !

Quelques kilomètres après Lisieux, c’est à mon tour de prendre le relais de Tonyé. J’attends ce moment de pouvoir courir avec la Cane et surtout de pouvoir papoter un peu, juste pour faire passer les kilomètres. Mais dès le départ je sens que ça va être difficile… Déjà en temps normal, elle tourne plus vite que moi, mais là elles est chaude et moi j’ai du mal à me mettre en route. On dirait que toute la mécanique est grippée…

Finalement la Cane lève un peu le pied, je met un peu de dégrippant de mon côté et c’est parti. Mon genou me lance un peu, mais c’est supportable, et, comme prévu, nous nous mettons à discuter tant et si bien que je ne vois pas les kilomètres passer.

Une première côte un peu sévère… je me place juste derrière la Cane (je sais, ça ne se fait pas), je me cale sur sa foulée, et je me concentre sur ses pieds, sur son rythme. Je sais qu’elle va monter au train et sans à-coups. Alors j’en profite un peu…et ça passe. La côte est avalée comme un jeu d’enfant alors que par habitude j’ai plus tendance à marcher dans ce genre de trucs !

Les kilomètres défiles quand on arrive à une jolie descente (12%). Sur le bitume, je tape plutôt fort, la descente est trop raide et je suis obligé de me freiner… Mais se freiner sur du bitume oblige à tirer sur… les genoux. Et là ça se passe mal. Un e douleur assez forte apparaît pendant la descente. Sur la fin je décide de dérouler un peu pour soulager l’articulation et aussi pour remonter sur la Cane, mais le mal est fait… j’ai une barre assez violente sous le genou, et c’est pas bon signe.

Je continue encore un peu. Cela fait un peu plus de 1h15 que je tourne mais je vais devoir stopper. Ca devient risqué de continuer à tirer de la sorte…

Je passe alors le relais au Bourrin qui va attaquer son second relais de la journée. A lui de discuter avec la Cane désormais ;-)) Quelques kilomètres plus loin, premier pépin mécanique sur les VTT. On a eu du bol jusque là, mais une chambre à air du VTT de Tonyé vient de lâcher… en démontant on découvre pourquoi… Ce n’est pas un clou, ni un morceau de verre… mais la bande anti-crevaison qui a véritablement cisaillé la chambre… Pourquoi ? Simplement parce que notre Tonyé a acheté assez de bande anti-crevaison pour toute une équipe cycliste mais que par sécurité il a décidé de tout mettre sur une seule roue… moralité, la bande est instable est en bougeant a entaillé la chambre à air. Je me demande encore comment elle a pu tenir jusque là !

Gros sprint du Castor (je vous rappelle qu’il est cycliste et qu’on lui a confisqué sa pharmacie habituelle ;-) pour rejoindre le Bourrin et la Cane, puis c’est au tour du Bourrin de décider de baisser un peu les pattes. Nous on arrive ce soir, mais lui aura encore 50km à faire demain. Il passe dont de nouveau le relais à Tonyé…

Les kilomètres défilent. Trop vite d’ailleurs, puisque à ce train on va être en avance. Arrivé en périphérie de Caen on s’offre une petite pause dans un café. Il nous reste désormais 6km pour rejoindre le centre de Caen.

Le Bourrin prend contact avec le délégué d’EDM qui doit venir cherche notre voiture. Ainsi, nous allons couvrir les 6 dernier kilomètres tous les 6 ensembles… génial

Une petite bière plus tard (enfin 5 bières et un coca pour le Castor), nous repartons pour les derniers kilomètres. Progression lente, groupée, on profite de ces derniers instants, ensemble. Un arrêt et une photo de groupe devant le Panneau d’entrée de la ville de Caen

Nous repartons en direction du château situé en plein centre ville, derniers hectomètres, montée vers le château (pourquoi les châteaux sont ils toujours en hauteur ?) et nous voilà accueillis par la délégation EDM… L’objectif est atteint… nous avons commencé à franchir l’Horizon !

Epilogue !

Photos, interview de Ouest France, papotage… Bon c’est pas la super grande fête, mais le Bourrin nous avait prévenu que le délégué local d’EDM était, comment dire… un peu spécial… donc pas d’inquiétude, et c’est surtout le Bourrin qui a l’air déçu… Nous on est juste heureux d’être là, content de l’avoir fait… juste bien quoi !

Passage obligé sur la scène de la salle où va être projeté le film d’EdM, mini interview et au moment du final, le directeur général d’EdM demande (au Bourrin) " Mais pourquoi avoir choisi de supporter EdM ainsi ? "
Là, sans que personne ne puisse réagir c’est Tonyé qui se jette en avant, attrape au vol le micro que l’animatrice allait tendre au Bourrin, et se lance dans un petit discours, improvisé et dont il a le secret (merci les cours de Théâtre)… vu les échanges de ces deux jours et le nombre de c#nn&r/&s que nous avons pu sortir (surtout lui d’ailleurs) un léger doute s’installe… Mais non, il nous fait un plaidoyer sur le rôle et l’intérêt des organisation humanitaire à en faire pleure la moitié de la salle… Du grand, du très grand Tonyé…et quelques frissons aussi !

Voilà, c’est fini pour nous. Une douche rapide, une petite bière (encore) en passant au bar du château, et on reprend la route laissant sur place le Bourrin et Biopuce qui vont courir le lendemain vers Rennes mais aussi la Cane qui avait terriblement envie de passer la nuit dans une ferme pas chauffée avant de reprendre son train le lendemain !

Une aventure humaine qui se termine en partie… de grands moments d’amitiés entre nous. Des moments forts.

Le Bourrin… rien à redire, on se connaît assez bien tous les deux… je suis content pour lui que son bébé grandisse aussi vite, il le mérite.

La Dofinette… dire que son club hésite à l’emmener faire une sorite de 60km de VTT. Elle en a fait 180 en nous supportant, nous assistant, avec une météo pas top… une grande Dofinette… d’ailleurs on la reconnaît bien grâce à son téléphone portable greffé sur l’oreille droite… même en VTT. Longtemps elle m’a accompagné. J’ai essayé de lui transmettre quelques sensations, quelques astuces pour gérer mentalement les passages difficile. J’espère qu’elle pourra en faire usage.

La Cane… Elle hérite de ce surnom en raison de sa façon de se détendre. Elle place ses deux mains sur ses hanches et elle " bat des coudes "… En tous cas, elle nous a apporté un regain d’énergie et beaucoup de bonne humeur sur cette deuxième journée. Une fois le diesel en route, il n’y a plus qu’à se laisser porter…Ce fût pour moi un plaisir de partager avec toi ces quelques kilomètres. Et comme en plus elle ne refuse jamais une petite bière ;-))) La Cane dans une équipe en ultra, c’est un sacré atout…

Le Tonyé… Quel personnage. Nous nous étions croisé un peu après le GTC alors que j’étais blessé… Mais là, de passer ces deux jours ensemble fut un vrai plaisir. Pas de temps morts, toujours un truc à faire, une bêtise à dire (comment ça c’est pas le seul !)… mais beaucoup d’émotion sous son côté rebelle-anar… Un sacré coureur aussi.

Le Castor. Je ne rappelle pas comment il a hérité de ce surnom, mais ce que je peux dire c’est que j’ai découvert un garçon d’un calme et d’une régularité, tant dans son comportement que dans sa pratique sportive… A chaque fois qu’il y avait besoin d’un coup de main il était là. Un grand merci . En plus on en connaît un peu plus sur le " pot belge " désormais. Si vous avez des questions sur le dopage, on a trouvé un spécialiste qui répondra à vos questions…

Les Supporters ! Impossible de ne pas les associer à cette épreuve. Je parle de tous ceux qui nous ont soutenus pendant ces deux jours. Ceux que j’ai pu avoir au téléphone, ceux qui nous ont laissé des messages, ceux qui ont envoyé des SMS… Impossible de tous vous citer… Zoo, UFO, Irinautes, ou tout simplement les potes… Merci à tous. A chaque fois ça nous donnait un petit coup de pied aux fesses…

Le retour est difficile. Après ces jours et ces nuits intenses, le retour au calme laisse comme un grand vide… Heureusement, je retrouve ma petite famille, avec qui je vais partager maintenant un peu de mon temps.

" Voilà, la première page se tourne, mais il en reste encore de nombreuse à lire… chacun va pouvoir écrire la sienne avant de voir le livre non pas se refermer, mais partir vers le Mékong, pour que les enfants puissent le lire à leur tour "

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