Récit de la course : Off - Tour de France - Franchir l'Horizon 2004, par annick

L'auteur : annick

La course : Off - Tour de France - Franchir l'Horizon

Date : 3/3/2004

Lieu : Asnières Sur Seine (Hauts-de-Seine)

Affichage : 2638 vues

Distance : 60km

Objectif : Pas d'objectif

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Le récit

CR franchir l'horizon (Bernay-Caen)

Franchir l'horizon a déjà fait la moitié du parcours, il était temps que je poste mon CR...
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- Dis, qu’est-ce qu’il y a derrière l’horizon ?
- Pour le savoir, il te suffit de le franchir.
- Dis, comment fait-on pour franchir l’horizon?
- Ca n’est pas compliqué, il y a un animal dénommé l’Bourrin qui pourra t’aider.
- Un animal ? un bourrin ? pourquoi ? c’est lui qui va m’emmener sur son dos ?
- Non, pas exactement. C’est lui avec la complicité d’une Biopuce qui a inventé toute cette histoire.
- Une histoire qu’il a inventée ? alors, c’est pas une histoire vraie ? c’est juste une histoire qu’on raconte et qu’on conte ?
- Vrai et faux. C’est une histoire qui se crée en même temps qu’elle s’écrit dans la mémoire des franchisseurs, une histoire unique, aussi folle que généreuse. Tous les franchisseurs vont écrire un bout de l’histoire.
- Dis, c’est loin l’horizon ? si c’est loin, ça fera alors une très longue histoire.
- Oui, une très longue histoire de 33 jours.
- Dis, il commence où l’horizon ?
- Il part d’où tu veux bien et commence pour toi quand tu le décides.
- Dis, qu’est-ce qu’il y a derrière l’horizon ?
- Ecoute, là je ne peux plus rien pour toi. Toutes tes questions et toutes mes réponses n’y feront rien. Si tu veux vraiment le savoir…

Ses paroles sonnèrent dans le vide. Elle était déjà partie. Pour voir ce qu’il y avait derrière l’horizon et écrire un bout de cette histoire, un tout petit bout…que voici.

Des questions, j’en ai encore posées. Pour avoir des réponses. Pas des certitudes, mais des informations plus précises. Ca a commencé au raid normand, là où j’ai pu durant un court laps de temps interroger l’Bourrin sur l’avancement de son projet dans lequel je m’étais déjà inscrite. J’étais contente, j’allais faire partie du premier relais allant de Asnières à Caen. C’est simplement la proximité géographique qui en a décidé ainsi. Pour moi, ça se limiterait à la dernière portion le surlendemain du départ donné le 3 mars, en partant de Bernay pour rejoindre Caen.

Et c’est comme ça que je me suis retrouvée avec quelques animaux, qui je le devinais déjà allaient m’affubler d’un pseudo que leur fantaisie leur dicterait. Je les ai rejoints à Bernay après un voyage en train qui me menait direct du boulot vers la campagne normande. Malgré leur nuit blanche et les 160km déjà parcourus, ils n’avaient pas vraiment l’air fatigué, et leurs yeux brillaient déjà des souvenirs qu’ils avaient commencés à engranger. A moins que ce ne soient les quelques bières dont les verres vides s’accumulaient sur la table du salon de l’hôtel qui leur donnaient ce teint si joyeux. Le plus bavard était Tonyé qui m’a d’emblée entretenu de la course qu’il organise, le GTC, me reprochant presque de ne pas en avoir été…Dofinette, tout sourire, avait l’air de se tenir sur la pointe des fesses, comme si celles-ci étaient déjà meurtries par les kilomètres parcourus sur son VTT. L’Bourrin, et l’Electron qui commençait à jouer avec son appareil numérique, agrémentaient les causeries, et Le Castor se faisait plus discret en se cachant derrière le journal qu’il essayait de lire, laissant de temps à autre apparaître sa face timide à la faveur d’une plaisanterie dont les animaux ont le secret.
L’ambiance laissait déjà présager qu’ils venaient de vivre un morceau d’aventure très conviviale et que je n’aurais pas de difficulté à m’insérer dans le groupe. L’accueil était chaleureux et bon enfant.
Nous avons poursuivi la soirée au resto d’à côté, et j’ai commencé à me distinguer en optant pour une viande blanche à la place du rumsteak qu’ils avaient pris soin de commander à l’avance. L’humeur était toujours à la taquinerie, et j’ai eu l’explication sur les pseudos dont chacun avait déjà hérités, depuis des temps divers. Le Castor était le plus récemment intronisé, et les raisons invoquées pour ce pseudo le laissaient dubitatif.
Tonyé, Dofinette et moi, on s’est ensuite retrouvé autour d’une tisane. Là, j’ai découvert un peu plus les 2 personnages : un Tonyé, individu anarcho-écolo-rebelle, mais d’une grande sensibilité, face à une Dofinette très attentive qui laissait percer un souci de perfection et une grande volonté.
Le lendemain, nous étions dans la salle du petit déjeuner quand est venu nous rejoindre André Sourdon, l’organisateur de la course « La France en Courant » qui se déroule chaque année la 2ème quinzaine de juillet. Devenu ami depuis ma participation en 2000, je l’ai retrouvé à deux reprises pour participer ensemble au téléthon. Comme il est boulanger à Bernay, je lui ai passé une petite commande pour qu’on ait de quoi se rassasier pendant la journée. André s’il avait été disponible nous aurait volontiers accueillis pour le repas de la veille au soir. J’ai le souvenir d’un repas pris en pleine nuit du téléthon, avec l’ensemble des participants dans les cuisines de sa boulangerie et en particulier d’une omelette onctueuse comme jamais je n’en ai dégustée.
Au pain complet que je lui ai commandé, il a ajouté des baguettes avec des pépites de chocolat et quelques viennoiseries. J’ai complété par des tablettes de (bon) chocolat, et de mon côté, j’ai l’intention de me nourrir au pain-chocolat. J’ai deux bouteilles de St-Yorre, et en complétant avec le Caloreen, ça fera très bien l’affaire pour moi.
Tonyé n’est pas malheureux de sentir les odeurs de viennoiserie qui embaument l’intérieur de la voiture pendant que l’Bourrin, accompagné de Dofinette démarre l’étape du jour. Le temps est très brumeux et humide, et au fil des kilomètres, l’air semble de plus en plus opaque. J’envisage de faire une soixantaine de kilomètres d’une seule traite, et comme l’étape en compte environ 80, j’ai proposé de rester au départ dans la voiture, afin de pouvoir arriver à Caen sans avoir besoin d’interrompre ma course. L’idée de rentrer et sortir de la voiture me rappelle justement les étapes de la France en Courant pendant lesquelles chaque coéquipier faisait de courts relais pour garder le meilleur rythme possible. Les périodes répétées de course active, puis de repos sont en réalité assez pénibles, et je voudrais bien éviter d’avoir à les répéter ici. Mais aujourd’hui, il n’y a pas de compétition avec d’autres équipes, nos prévisions horaires semblent adaptées à notre heure d’arrivée prévue à Caen, alors je joue la carte du confort. Tout le monde semble s’accorder sur ma façon de faire, et mon objectif est accepté d’emblée sans aucune discussion.
L’Bourrin avance à allure régulière, il n’a pas l’air de souffrir des efforts de la veille. Dofinette après avoir pris une mauvaise route est parvenue à remonter sur lui, et au gré des sauts de voiture, on les retrouve régulièrement unis dans l’effort et la détermination.
L’Electron conduit, le Castor assure la lecture de la carte et Tonyé parle de plus en plus de la bonne odeur des pains au chocolat. Ca y est, il ne résiste plus, et crac…le partage des petits pains au chocolat est consommé.
Ce petit parcours en atmosphère confiné, malgré une ambiance agréable et quelques discussions commence à me languir, sinon à m’alanguir. Il faut dire aussi que j’ai l’estomac un peu lourd, avec deux bons repas chargés en glucides la veille, et un petit déjeuner pas moins léger. Je me connais suffisamment pour savoir qu’avec un tel poids, il faudra que je me déleste rapidement dès que j’aurai fait quelques foulées. Et puis, j’ai les papattes qui me démangent, mais ce n’est pas encore le moment venu pour moi de jeter mes semelles sur la route. A Tonyé d’abord qui prend le relais du Bourrin. Encore un peu de patience, à moins que je ne révise mes objectifs du jour à la hausse. Non, 60 bornes, c’est suffisant, il faut que je puisse assurer la suite de mon plan d’entraînement sans problème. Que c’est long d’attendre…
Ca y est, j’ai la permission de l’Electron qui surveille le compteur…
J’ai à peine le temps d’être plantée sur mes deux jambes que…je ne sais pas pourquoi, j’entends à ma grande surprise des drôles de réflexions autour de moi, du style « on va regarder comment elle court ». Eh ben, je ne sais pas à quelle révélation ils s’attendent, mais je me sens alors devenir tout à coup une bête curieuse, et j’avoue que je n’aime pas trop cet instant. Y a comme un malaise qui plane quelques secondes, juste le temps des premières foulées sous les regards un peu trop insistants à mon goût.
Nous sommes un peu en avant de Lisieux et l’Electron m’a prévenu que j’allais me coltiner la partie la moins agréable du parcours avec un morceau de 7km de nationale à la sortie de la ville. Tonyé reste à courir lui aussi. Il me devance rapidement. En le voyant précédemment courir j’avais déjà constaté qu’il menait un train que je déciderai de ne pas soutenir, et de plus je limite d’emblée ma vitesse, contrainte et forcée par les lourdeurs d’intestins, à l’affût d’un petit coin idéal pour…une pause de délestage. Tonyé restera pratiquement toujours à quelques foulées d’écart devant moi. Il est léger et aérien, et sans doute mène une allure plus fantaisiste que la mienne, car de temps à autre, en conservant le même rythme, je me rapproche de sa grande silhouette qui s’éloigne à nouveau. Pas facile de converser avec cet énergumène dans de telles conditions.
La sortie de Lisieux nous réserve deux longues et belles côtes successives. Une première montée et l’horizon au bout. Est-ce que c’est là qu’on le franchit vraiment ? Est-ce que la révélation est au bout de cette ascension ? Est-ce là que tout doit s’éclaircir pour comprendre le chemin qui m’a amené à participer à cette aventure ?
Comme à mon habitude, je commence par embrasser la côte du regard, je la mesure et la soupèse et je mets en route la foulée qui me semble la plus adaptée pour la déguster tranquillement. Ca tombe vraiment bien, j’aime ce genre d’effort et dans le cadre de ma préparation pour les 100km du Périgord noir, à chaque sortie allure 100km, j’inclus systématiquement une belle côte de 3km après l’échauffement, puis une autre encore selon la durée de la séance. Aujourd’hui, je peux me permettre de me lancer à l’assaut plus doucement. Le souvenir de longues montées lors de la Transe Gaule 2002 me revient en mémoire, et je me mets même à rêver qu’en août-septembre 2004, je pourrai toutes les aborder de cette manière et à ce rythme identique. La première côte franchie, l’horizon se dégage pour me laisser entrevoir une deuxième côte. Malgré la circulation, la route est large et je ne me sens pas en danger. La situation change quelque peu quand nous accédons à une départementale où les voies de circulation plus étroites obligent les automobilistes à nous frôler au passage. Vivement les petites routes de campagne. C’est le moment que choisit l’Electron pour prendre le relais de Tonyé.
Nous nous arrangeons pour courir côte à côte, au départ l’un sur la chaussée, et l’autre sur le bas-côté où une sorte de petit chemin est tracé. Je profite de ce moment pour continuer avec mes questions, cette fois sur les techniques informatiques pour la création d’un site perso. Jeu de questions-réponses qui nous permet d’avancer sans vraiment s’en rendre compte, jusqu’à une jolie petite montée. Un nouvel horizon à aller chercher, qui cache une descente que je dévale en ouvrant les bras, imitant un avion. Là, le genou de l’Electron n’apprécie pas beaucoup, ce qui occasionne un changement d’équipier, au gré d’un ravitaillement. La voiture est arrêtée juste devant un champ où l’Bourrin reconnaît deux membres de sa famille animalière : les équidés en Normandie ne sont pas choses rares, et clic clac…photo de famille pour l’Bourrin. Lui, il a de la chance, il court en liberté !
Là, on s’éternise un peu, et je commence à me refroidir. Alors je joue de mes deux bras pour réchauffer l’attente. Et c’est à ce moment précis que je deviens…la cane ! Autant dire que la ménagerie est drôlement contente et fière de sa trouvaille. Depuis la veille au soir, c’était un de ses principaux soucis : avoir l’étincelle au moment opportun pour m’affubler d’un doux nom d’animal. J’avoue que ça aurait pu être pire, sa créativité en ce domaine étant des plus débridée…
L’Bourrin repart donc avec moi. Le soleil cherche à percer les nuages, et je promets à mon compagnon quelques rayons de soleil avant notre arrivée à Caen, ce dont il semble douter fortement. Il conserve la même foulée que celle du matin, et je ne le sens pas trop usé par les nombreux kilomètres parcourus. Les panneaux nous informent que nous approchons de la ville-étape : 14km, 10km, 7km. Tonyé a remplacé l’Bourrin, et quand il ne fait pas le pitre, il court…ou bien il fait les deux à la fois. Il ne manque pas de faire rire toute la ménagerie présente. Et je ne suis pas la dernière à apprécier ses gesticulations et ses délires verbaux. C’est le boute-en-train du groupe, qui n’a pas l’air de souffrir d’avoir aligné lui aussi pas mal de kilomètres. Nos deux suiveurs à vélo assurent toujours de leur présence discrète notre avancée. De temps à autre, j’entends la Dofinette qui parle à son VTT. La première fois, cela m’a inquiétée, et en me retournant, je me suis aperçue qu’elle parlait à son téléphone portable. Elle et son portable, ça a l’air d’être une histoire permanente, qui n’entame ni son allure ni sa tranquille assurance. Le Castor reste le moins extraverti, tout en demeurant un compagnon attentif et bienveillant.
L’entrée de Caen se profile. Une entrée de ville très standard, pauvre de toute recherche esthétique, qui ne laissera aucun souvenir particulier : ça pourrait être une autre ville avec les mêmes enseignes, la même désolation architecturale. Tristesse. Je commence à sentir poindre un début de fatigue, et une lassitude au niveau du dos. Quelques étirements seraient les bienvenus. Je vais pouvoir les réaliser, car nous avons de l’avance sur notre horaire d’arrivée, et nous convenons d’une pause pour se recaler sur les bons horaires. Nous nous arrêtons au premier bar venu, en attendant la rencontre avec le délégué d’EdM qui doit venir récupérer le véhicule afin que nous terminions tous les six ensemble. J’ai beau avoir bu régulièrement depuis plus de cinq heures que je cours, je descends ma bière avec beaucoup plus de rapidité que mes compagnons. Nul doute : j’ai un début de déshydratation ! D’ailleurs, une deuxième…ben non tant pis… Un petit mot dans le livre d’or qui assure le témoin-relais entre tous les franchisseurs, et le délégué d’EdM arrive…bigre, il a l’air pressé, il donne l’impression que d’avoir à s’occuper de quelques animaux fêlés ne le réjouit guère. L’Bourrin nous fait part de ses doutes quant à la qualité de l’accueil à Caen, de peur que nous ne soyons déçus des conditions d’arrivée. Nous repartons plus déterminés que jamais, pour les six derniers kilomètres que nous allons parcourir en groupe jusqu’à l’arrivée au château.
Des questions, j’en ai encore reposées. Depuis mon inscription à « Franchir l’horizon », je suis allée plusieurs fois sur le site du Bourin et sur celui d’EdM pour faire connaissance avec l’association et comprendre son action. Il me manquait des morceaux : qui se cache derrière l’association, qui la soutient , pourquoi les enfants du Mékong en particulier… Et Tonyé, en guise de réponses, de partir dans de grands délires, rejoint par l’Electron et l’Bourrin qui se ravise quand même pour m’affirmer que non, y a rien à redire…
Mon opinion personnelle sera plus facile à faire quand nous aurons été accueillis et que j’aurai vu le film, certes un peu long mais très instructif. Je sais où j’ai mis les pieds et à quoi mes foulées vont servir.

Ah, non, ce n’est pas fini ! L’Bourrin a faim, mais alors très faim. A 22h, il peste en silence sauf pour dire au délégué qu’il est hors de question qu’il aille dormir sans se mettre quelque chose dans le ventre, parce que le lendemain, il compte encore remettre le…couvert pour quelques 50km. Rien n’a été prévu tant pour les coureurs que pour les permanents d’EdM, et on se retrouve à trois véhicules remplis d’une quinzaine d’affamés à arpenter les tristes allées d’une zone d’activité guettant l’enseigne qui voudrait bien nous accueillir. Merci Léon, l’Bourrin te rend grâce de lui avoir rempli le ventre.
Un petit tour par un poste à essence avant de prendre la direction de la ferme du délégué d’EdM pour une nuit déjà écourtée de sommeil, si toutefois nous arrivons à entrer dans la dite ferme, dont le délégué semble avoir oublié les clés. Ca n’est pas encore gagné pour le dodo réparateur du Bourrin ! Sortie de Caen, direction Arromanches…mais où va t-on débarquer ? On roule 5mn, 10mn, un quart d’heure. L’Bourrin a décidé de fermer l’œil pour éviter de râler. J’avoue au contraire que ma curiosité est piquée, et je trouve la situation pour le moins cocasse. La voiture quitte la route principale et s’engouffre sur une petite route avec au bout…J’écarquille grand les yeux…L’Bourrin a beau être sorti de son petit somme, je le pince une fois, deux fois, trois fois…Le fou rire n’est pas loin… J’échange quelques regards amusés avec la Biopuce. Une immense bâtisse en forme de U, une longue façade encadrée de 2 ailes, avec son haut et large perron central nous fait face. Ben non, ce n’est pas notre dortoir…on continue pour emprunter toujours en voiture une allée qui longe puis s’éloigne du château, et après avoir passé la barrière de deux grands portails cadenassés… la ferme, enfin ce qu’il convient d’appeler plus sûrement…un manoir, gardé par le maître des lieux Mozart, un chien danois qui veille sur l’installation de ses hôtes.
Le délégué d’EdM après avoir réparti ses hôtes dans les différentes chambres-salons disparaît. Il est1 h du matin et L’bourrin continue à grogner en pensant que la nuit va être très courte, prévoyant un lever vers 6h. Car lui n’a pas fini de franchir l’horizon.

- Alors, tu as vu l’horizon ?
- Oui…un peu…
- Comment ça « un peu » ? Tu l’as vu ou pas ?
- Ca s’est passé tellement vite…j’ai à peine entrouvert la porte de l’horizon.
- La porte ? Et qu’as-tu vu derrière ?
- Du fugace mais du durable, de l’éphémère mais du solide.
- ???
- Ah, j’oubliais, du futile mais utile, du dérisoire tellement important.
- Bon, tu m’expliques là ?
- C’est tellement égoïste habituellement la course à pied, alors comment imaginer que des foulées mises bout à bout puissent servir à quelque chose, et à d’autres ? Et pourtant là, grâce à un élan et une volonté de Bourrin, ces foulées unies à celles des franchisseurs du jour sont devenues tout à coup solidaires, dans une œuvre utile, joyeuse, complice et généreuse…des milliers de foulées enchaînées en toute liberté qui ont déjà passé le relais à d’autres semelles pour semer des petites graines de joie, de bonheur et d’espoir. Juste pour que s’ouvre, pour des milliers d’enfants une petite fenêtre vers des jours meilleurs…et que l’horizon se dégage à l’autre bout de la terre.

Annick

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