Récit de la course : AravisTrail - 42 km 2012, par Jean-Phi

L'auteur : Jean-Phi

La course : AravisTrail - 42 km

Date : 16/6/2012

Lieu : Thones (Haute-Savoie)

Affichage : 3316 vues

Distance : 50km

Matos : Une tête (vide),
2 jambes (dures),
des bras armés de bâtons

Objectif : Terminer

9 commentaires

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Voyage, voyage...

 

 

Encore pas tout compris ce qu’il s’est passé… Il paraitrait, selon des sources autorisées, que j’ai réalisé une course le week-end dernier ! Bon… Pour moi une course c’est au moins au dessus de 12 km/h sur la route et éventuellement en dessous de 10 en trail. On est compét ou on ne l’est pas… Je voudrais bien dés lors, que l’on me justifie cette merveilleuse moyenne de 3,7 km/h sur 50 kms !!! Oui, oui.. J’ai bouclé !!! Ca c’est le côté un peu miraculeux de la chose. Je suis un survivor des Aravis, j’en suis revenu transformé comme après un KO (LANTA ?) qui me planta sur un ring pédestre et alpestre bardé de cailloux et de racines tous plus gros les uns que les autres. Montagne 1, jean-phi 0.

 

Le plus gros caillou étant celui de la Tournette mais (mal)heureusement, nous ne sommes pas montés tout en haut  pour cause de présence intrusive de neige plus tout à fait blanche mais encore assez glissante pour faire débarouler un trailer en mini short et baskets qui se la pète alors que tout le monde le sait, un montagnard, ça porte un béret, des croquenots énormes et un opinel à la ceinture encore plus énorme… Comment ça je fais dans le caricatural ?

 Il faut que je vous narre mes exploits tout de même, parce qu’il y en a eu ! 7 au total, un peu comme les 7 plaies d’Egypte mais le sable et les pyramides en moins. Serais-je donc la plaie ?

 

 Le 1er exploit est de s’être présenté au départ de cette rando de fous qui nous a tous rendu fous ! Oui fous : Fous furieux pour les ravitos etla distance exagérément exagérée et sous estimée pour certains, fous de douleur pour ceux qui crampaient en haut des bosses (et parfois même en bas !), fous de bonheur pour les rares rando-trailers qui allaient passer la ligne d’arrivée, fous d’amour enfin, pour cette nature que nous avons côtoyé toute une journée. Ah oui ! Balayons tout de suite devant notre porte ! J’ai tellement aimé cette nature que j’y serai resté 11h23 sous un soleil de plomb, pas une terrasse en vue et bien évidemment pas de demi sur cette terrasse. Il y avait bien quelques balcons rocheux mais on n’avait pas le droit d’y aller alors je les ai traversés, sans m’y arrêter plus…

Le 2° exploit aura été de ne pas mourir de soif. Par 28° plein cagnard, sans ombre, un pétanquiste marseillais aurait au choix, soit descendu une bouteille de pernod et sifflé tous les glaçons avec en terrasse, soit sifflé toutes les filles à la terrasse et descendu le garçon qui ne lui servait pas son pernod assez vite ! Ou les 2 ? Bref…

Non, au lieu de cela, j’ai préféré boire 6 poches à eau chaude (le plastique c’est fantastique, le caoutchaud, ça tient chaud !) de 1,5l et faire une déshydratation complète quand même au ravito de Manigod (kil 43 selon Garmin, 42 selon Polar). L’eau c’est bien, le bain c’est mieux. Surtout si il est froid et dans une fontaine. Ca tombe bien, hop un grand plouf pour un grand ouf du p’tit pif ! Côté bocal interne, je me rattraperai le soir en vidant 2 bières bien fraîches et surtout bien bonnes sans sourciller !

 Le 3° exploit, c’est de se lever à 6h00 du matin pour déjeuner et d’apprendre stoïquement que le départ est retardé à 10h00 !! Faut être fou je vous dis !! Tiens, c’est pas dur, la course n’était pas commencée, que la plupart des coureurs ne savaient pas où était la ligne de départ. Et après on s’étonnera que beaucoup n’aient pas trouvé la ligne d’arrivée… J‘vous jure, c’était facile… Tout droit ! C’est après que ça s’est gâté : C’était tout droit… dans la pente !

 Mon 4° exploit aura été de mener la course devant mon ami Fabien Flacher. Habituellement, c’est lui qui va plus vite. Mais là, non. C’est moi qui suis devant et je vais le rester pendant 24 kms jusqu’au ravitaillement. Bon, je n’ai pas de mérite, il est parti 40 kms plus loin que moi et ne m’a rattrapé que bien plus tard et encore ! Il a été aidé en cela par une traître poche à eau qui refusait de garder l’eau. Elle devait être crevée elle aussi ou alors elle avait trop chaud et s’évanouissait, avait ses vapeurs. N’empêche, j’aurai la chance de faire 4 ou 5 kms avec mon ami. C’est drôle, pendant ces 4 kms, j’ai eu l’impression que, Fabien et moi, faisions une de nos sorties habituelles. C’était chouette. Et pourtant, on bavardait et on en bavait tous les deux à ce moment précis. Curieusement (ou pas !), moi peut être plus que lui. Ce sera l’occasion pour nous d’échanger quelques mots sur cette course, de nous remotiver l’un l’autre et surtout de nous donner RDV sur la ligne d’arrivée !

Lui, l’ultra trailer fou, le « champion-toute-catégorie-du-non-entraînement-qu’il-arrive-devant-tout-le monde-quand-même » finira 7° de ce 80 kms qui n’en était pas un mais plutôt un 91. Bravo champion. J’ai cette chance de te connaître et de pouvoir faire un bout de route au propre comme au figuré avec toi. Merci !

Mes 5° et 6° exploits auront été de prendre du plaisir dans ce voyage et de passer cette ligne d’arrivée. En effet, quels paysages fantastiques ! Quelle chance de pouvoir traverser ces prairies, ces vallons, quel bonheur de gravir ces sommets et se dire, tout en regardant plus bas « je l’ai fait », quels pieds échauffés que de gambader dans ces pierriers, ces sentes escarpées. Même les noms vous transportent déjà dans un autre monde : Praz Dzeures, col des vorets, col du marais, Sulens, petit Novard, etc… Des noms exotiques mais aussi redoutables, âpres, qui ne se laissent pas gravir sans y laisser un peu de soi et beaucoup de transpiration. Et je ne parle pas de la magie des lieux, de la volupté tranquille de ces montagnes à l’air bonnasse et qui se redressent dans toute leur fierté pour ne pas se laisser vaincre facilement… Alors oui, passer cette ligne d’arrivée et se dire que l’on y est parvenu, que cette ligne, n’est pas la ligne rouge de la déraison et du déplaisir mais celle de la satisfaction d’être allé au bout de soi et surtout d’être venu à bout de ce voyage quand tant d’autres seront restés sur place, c’est un exploit.

 Et puis, je dois dire ici que j’ai apprécié côtoyer mon espèce, le "trailleurus bâtonnistis salomonicus". En voie de disparition dans cette montagne, je ne l’aurai que peu croisé mais ça aura toujours été un plaisir de deviser dans un même langage d’amour pour notre sport : « C’est dur, c’est loin l’arrivée ? Combien de kils tu as ? Il reste encore beaucoup de D+ ? etc… » Plus sérieusement, content d’avoir connu Sapi, croisé l’ami Chris en soutien de Martine (quel chrono !) et son team et tou(te)s mes ami(e)s  coureurs. C’est chouette parfois de partager tant de souffrance avec autant de plaisir. C’est le 7° exploit.

 Le 8° exploit… oui il y a du rab, c’est ainsi…  aura été de relater tout ceci dans un CR qui se veut plus une invitation au voyage et à la paix intérieure que cette course m’aura laissé. Je peux enfin passer à autre chose… Enfin… Quel pied, on peut mourir tranquillement… enfin le plus tard possible (aurait dit Thierry Roland).

Merci de m’avoir lu…

 

PS : Les photos sont là ! ;)

 

9 commentaires

Commentaire de Nini posté le 20-06-2012 à 13:42:03

Sympa et original ton CR !
J'en profite pour te féliciter ici puisque je n'ai pas pris le temps de le faire précédemment. Visiblement encore une belle course où tu aseu un gros mental !
Bises et à une prochaine !

Commentaire de sapi74 posté le 20-06-2012 à 13:45:15

très beau récit qui appelle d'autres exploit futur.
je me posait une question: faisait il encore assez jour dans le derniere descente ??

au plaisir de te revoir sur une prochaine course.

Commentaire de lalan posté le 20-06-2012 à 14:49:00

ENORME ce que tu as fais!!!!!!! Le plaisirs n'est pas toujours dans le chrono.Merci de partager ces moments de course inoubliable pour toi ,je pense.BRAVO.

Commentaire de totoro posté le 20-06-2012 à 15:48:36

Superbe ton récit ! Je n'ai pas pu attendre la venue des photos, j'ai compulsé avant ... Tu peux être fier de toi car rien ne t'arrête : ni la chaleur, ni le d+, ni la distance : bravo !

Commentaire de Japhy posté le 20-06-2012 à 18:03:38

Mais non tu n'as pas une tête vide! :)
Ha il est vraiment bien ce CR, pliée de rire. A épingler au mur du panthéon de Kikourou.
Je note aussi que cette course n'est sans doute pas pour moi! Ou alors s'ils la déplacent en avril peut-être? Y a de la neige, ha zut.
ça demande un peu de repos ça maintenant, non?

Commentaire de Arclusaz posté le 20-06-2012 à 21:02:48

J'aimais bien le JeanPhi compétiteur.
Mais j'apprécie encore plus le JeanPhi photographe-narrateur-contemplatif et quand même finisher d'un truc de ouf !
t'as fait une sacrée course dans les Aravis (si, si, je t'assure ça s'appelle comme ça) et tu nous as fait un sacré CR plein d'humour, de douleur et de plaisir. Merci.

Commentaire de franck de Brignais posté le 20-06-2012 à 21:31:49

Merci pour cette belle histoire... tu nous as emmené avec toi... et bravo pour ce beau finish !! Tu as bien fait de parler d'exploit, ça en a été un !! Bonne récup' !

Commentaire de tidgi posté le 20-06-2012 à 22:49:07

De belles photos pour un beau CR, illustrant une belle perf...
Tu vas la garder dans un coin de ta tête cette course. Bravo !

Commentaire de sebmelalix posté le 05-07-2012 à 20:46:22

Merci pour l'originalité et la subtilité de ton récit, j'ai adoré.
En ce qui concerne ta course, BRAVO également, avec cette hécatombe à l'arrivée, toi tu as avalé tous les kilomètres et le dénivelé sans indigestion et malgré le rabe.....pas avare les organisateurs ;-)

A très bientôt, Seb

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