Récit de la course : FestaTrail - Ultra Draille 2012, par Natou

L'auteur : Natou

La course : FestaTrail - Ultra Draille

Date : 19/5/2012

Lieu : St Mathieu De Treviers (Hérault)

Affichage : 2341 vues

Distance : 120km

Objectif : Pas d'objectif

9 commentaires

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Ultradraille - 120 km et 6000D+

Envie encore cette année de faire un ultra de plus de 100 bornes. Aprés l'Ultra des Coursières l'année dernière, mon choix se porte sur l'Ultradraille qui se déroule dans la garrigue de mon enfance.

Il s'agit d'une course en ligne qui part du Causse-de-la-Selle pour finir à Saint-Mathieu-de-Tréviers.

La météo ds jours qui précèdent la course me stresse... orages ? pluie ?  soleil ???? La météo passe son temps à jouer au yoyo.

En ce matin du 19 mai, le ciel semble clair. Quelques étoiles se dessinent dans la nuit, mais il fait bon. Me voilà prête pour cette nouvelle journée. Je suis bien. Pas stressée. Les coureurs présents écoutent le joueur de flûte australien .


L'heure du départ, 5 heures, approche. Le décompte est annoncé... C'est parti !!!!!!!!!!!!

Aprés quelques centaines de mètres sur la petite route qui nous fait quitter le village, nous prenons vite un sentier à droite qui va nous mener sur le Roc des Aucelous, puis le Monthaut. Je me sens bien, presque légère :-).

Le jour se pointe doucement et fait place à une jolie vue sur le Pic Saint-Loup à qui nous tournons le dos. Nous passons quelques passages techniques... et dire que ce n'est que le début de la course.

Et voilà qu'en contre-bas se dessine Saint-Guilhem-le-Désert, lieu du 1er ravito. Je fais attention, car le sol est jonché de cailloux. Et la moindre erreur d'inattention peut être catastrophique.... et voilà : juste 300 m avant d'arriver au village, dans un tournant, je glisse et je m'éclate violemment contre un rocher. Je sens une vive douleur au bras et le bruit de mon Garmin contre la pierre... Pas trés bon : l'écran du Garmin est félé et mon bras se transforme illico presto en un immense hématome. 

Pas grave, me dis-je... Ca va passer.


Je reste peu de temps au ravito.



Et c'est parti pour la prochaine étape : Pégairolles-de-Buège en passant par l'ascension du Mont Saint Baudille.

Mais auparavant, il faut monter dans le Cirque de l'Infernet puis les Fénestrelles.


Le soleil est bien présent, mais je savoure la bise fraîche. J'imagine quel enfer cela peut devenir quand il fait bien chaud. On ressort sur la route qui permet de dérouler les jambes. C'est plus roulant. Ouf !


Et c'est parti ensuite pour la montée du Mont-Saint Baudille dont on voit l'antenne plus haut.



La montée, à nouveau en caillassse, se fait de manière constante... c'est la première difficulté. On arrive en haut à un ravito. Puis, c'est reparti pour une longue traversée qui va nous mener à une belle descente juste au dessus de Pégairolles-de-Buèges. Le début se fait par une large piste puis on bifurque sur un monotrace au milieu de la végétation. Le buis se fait un malin plaisir à "fouetter" mes jambes à chaque passage. Le vent commence à faire son apparition... signe que la météo rique de changer.

Et voilà, c'est parti pour une belle descente, mais je reste vigilante avec tous ces cailloux qui dépassent comme s'ils poussaient de la terre.

Arrivée ensuite sur Pégairolles. 6h50 que je cours. Presque 49 km et 2400D+ effectués.

 

Je fais le plein au ravito. J'ai mal au pieds à force de "taper" sur les cailloux. La prochaine étape sera la base de vie où je pourrais changer de chaussures.

Le ciel s'est voilé et la vent se renforce. Et c'est partie pour une 2ème difficulté et pas des moindre : la montée de Peyre-Martine.



La sortie de Pégairolles se fait par des escaliers puis par une espèce de draille.
Arrivée au Méjanel, on attaque de suite un méchant monotrace en montée... La montée est régulière mais me semble très longue... Mais la motivation est toujours là, malgré la douleur au bras qui devient par moment lancinante. Je n'arrive plus à pousser efficacement sur mes bâtons avec le bras.

Une fois arrivée au sommet, c'est parti pour une passage à travers les buis et sur des rochers. Me voilà transformée en pantin déambulant.

La descente sur Saint Jean de Buèges ressemble à la montée. cailloux, cailloux, cailloux............

Enfin la base de vie ! 58 km et 3000D+.

Je goutte à la soupe de pâtes que je savoure tranquillement. Puis je profite des kinés pour me faire masser le dos. A force de me contracter dans les descentes, et bien une méchante contracture s'est formée le long de la colonne. Des mains expertes et efficaces redonnent vie à cette partie du corps que je ne  renforce jamais assez.

Je reste une bonne demie heure. Puis me voilà à l'assaut du Roc Blanc !

Le sentier démarre au travers de quelques vignes par une montée bien raide  ;-)... puis vers d'interminables lacets dans les pierriers. Je garde mon rythme et me tanne le derrière pour ne pas stopper sur ma lancée. On s'attend à arriver au Roc Blanc une fois le haut de cette montée atteint. Mais que nenni !!! Le Roc Blanc apparaît au loin. Et c'est en jouant à saute-moutons sur les rochers  ou dalles calcaires que j'arriverai à l'atteindre !

Quand on nous dit qu'il faut rester lucide tout le temps, c'est une nécessité !

En haut on aperçoit un camion de pompiers qui nous klaxonnent... Histoire de nous rappeler que le mauvais temps arrive et qu'il ne faut pas traîner. Les rafales de vent se renforcent. Déjà que je suis un poids plume ;-)

Cela fait quelques kilomètres que je partage cette course avec d'autres coureurs. C'est toujours super de faire des rencontres sur ces épreuves.

Et voilà le ravito. Une bénévole a sorti son pain dont elle me donnera le quignon !! Si vous saviez quel bonheur cela a été. Car à chque ravito, ce n'était que saucisson, chips, raisins secs, gruyère, bananes et pommes. Et je commençais à saturer des bananes, le reste ne se liant pas beaucoup avec mon estomac lors d'une course aussi longue.

La descente sur Brissac se fait au départ par une longue route forestière permettant de soulager les jambes. Puis nous prenons un monotrace à travers les pierres (encore !) et les chênes. Il m'arrive de trébucher, mais je retombe vite sur mes pieds.

J'entends alors ma moitié m'appeler à travers les bois. Ah !!! le ravito. Il est 19h30. 74 km et 4000D+ dans les jambes. Ca va toujours et je suis confiante.


Je repars avec mes compagnons de route afin d'atteindre le pont d'Issensac avant la nuit.  Nous repartons alors pour une nouvelle montée vers Notre-Dame-du-Suc. Tiens encore des cailloux... ils commencent juste à me sortir par les yeux... juste un peu !

On arrive assez vite à ce nouveau point de ravitaillement. La bruine s'incruste à la fête et la nuit est sur le point de tomber. J'en profite pour mettre un coupe vent et la frontale.


Et hop !!! C'est reparti. Toujours bien en jambes, nous prenons la montée pour le Roc Rouge. La pluie prend le relais sur la mouillasse. Le terrain déjà bien accidenté va devenir plus glissant.

Le balisage se fond dans la nature et nous perdons par 2 fois notre chemin avant d'arriver à la carrière de la Suque. Je me concentre sur mes appuis et essaie de ne pas glisser... mais je ne pourrais éviter de me heurter encore une fois sur un arbre avec le mauvais bras. Grosse douleur à nouveau qui traverse l'épaule...

En arrivant au ravito de la Carrière, beaucoup sont là arrêtés et ne voulant plus repartir. Il est vrai que les conditions deviennent difficiles.

J'enfile vite ma GoreTex et reprends vite "la route". Des 3 que nous étions, nous ne sommes plus que 2. Je m'accroche au rythme de ce compagnon de fortune. Une seule idée en tête arriver à Saint-Martin de Londres, base de vie.

Les 9 kms qui nous en séparent paraissent interminables. Presque 2 heures pour y parvenir. Mickaël, inquiet de ne pas me voir arriver vient à ma rencontre et m'encourage dans la poursuite  de ma course.

Enfin nous y voilà !!! mais le moral a laché depuis quelques kilomètres. Le bras est à supporter. Je ne mange plus rien de solide depuis 2 heures et l'eau fait glou-glou dans mon estomac. La pluie a redoublé d'efforts et j'imagine alors trés mal les derniers kilomètres qu'il reste à faire jusqu'à l'arrivée. Il  va me falloir encore des heures pour faire les 18 km et 600D+  restants dans ces conditions...

Il est 2h30 du matin. 103 km et environ 5400D+. Je decide alors d'arrêter ma course... C'est dur moralement de prendre cette décision alors que le but semble si proche.

Un médecin regarde mon bras qui est dans un sale état et m'envoie aux urgences afin de vérifier qu'il n'y a pas de fracture.

Je me sens triste... mission inachevée... Pourtant les jambes sont là. Je n'en ai pas souffert. Pas toujours facile de prendre la décision de l'abandon.

J'apprendrai le lendemain que la longue descente finale était devenue une patinoire et que la course a été arrêtée... Peut-être ai-je évité ainsi de me retrouver les quatre fers en l'air et avec un autre bras en moins !

Deux jours aprés, mon bras est beaucoup moins enflé mais d'une couleur difficile à décrire.

Pas de courbatures. Tout est nickel. !!

Lors du briefing, on nous a dit que cet ultra était très exigeant, technique et  donc loin d'être facile. Je confirme :-)

Je tiens à remercier tous les bénévoles qui ont été d'une extrême gentillesse.

Et je fais plein de grosses bises avec tous mes compagnons de route avec qui j'ai partagé cette course et qui étaient tous supers !!

En espérat vous revoir au plus vite.

Maintenant place à la récup et en avant pour la prochaine course !!

J'embrasse trés fort l'amour de ma vie qui est toujours prés de moi pour me soutenir et m'encourager...

 

 

PS : je rajoute ls photos dès que possible

9 commentaires

Commentaire de laurent05 posté le 23-05-2012 à 10:54:22

bravo pour ta course meme si tu n'as pas fini c'etait plus prudent
merci pour ton récit
prends soin de toi
bisous

Commentaire de pascalpenot posté le 23-05-2012 à 11:22:50

beau récit Natou qui m'a donné envie de découvrir cette course (j'aime les cailloux).
La sagesse de l'abandon est toujours la meilleure solution. après tout, une course n'est rien d'autre qu'une course quelque soit le degré d'investissement qu'on y a apporté...
bon rétablissement pour ta blessure.
Bon le prochain plus de 100 bornes, c'est quoi? la Réunion?

Commentaire de Franck30 posté le 23-05-2012 à 11:48:41

Bravo Natou, heureux d'avoir fait un bout de route avec toi jusqu'à St Martin. J'ai stoppé aussi au km 101 , en étant en bon état, connaissant la fin du parcours ,et sous des conditions de pluies cela devenait dangereux , et honnetement cela ne valait pas le coup de prendre des risques inutile... donc pas de regrets. Je posterai mon petit récit bientot ainsi que des vidéos faites pendant la course. A bientot sur les chemins :))

Commentaire de Ironmickey posté le 24-05-2012 à 08:59:20

Je dis tout simplement BRAVO. Tu es impressionnante moralement et physiquement. Aujourd'hui même en ayant abandonné, c'est ta plus longue distance parcouru, avec beaucoup de dénivelé, sur un terrain très technique et avec également des conditions météo très difficiles. C'est une très belle expérience. Maintenant il faut bien récupérer pour mieux repartir pour la prochaine épreuve au mois d'août ou je serai à tes côté en espérant pouvoir te suivre. Je t'aime fort. Bisous.

Commentaire de the dude posté le 24-05-2012 à 15:46:10

Merci pour ton récit et bravo à toi pour être allée aussi loin dans des conditions particulièrement difficiles (météo, blessure) et sur un ultra qui semble super exigeant.
Je vais découvrir la région qui semble vraiment magnifique le week-end prochain sur la 6666 en espérant éviter les embuches sur ce type de terrain très difficile.

Commentaire de Natou posté le 24-05-2012 à 09:00:48

Merci pour vos comm !! C'est super sympa !
Tiens moi au courant Pascal quand tu voudras faire cet ultra ;-). Pour la Réunion, c'est vrai que c'est tentant, surtout qu'un coureur de l' ultradraille n'a pas arrêté de me parler de cette course ;-))
Bonne récup à toi Franck. Cela a été un vrai plaisir de courir avec toi !!
Au plaisir de vous croiser ou recroiser sur d'autres courses ou chemins

Commentaire de raspoutine 05 posté le 24-05-2012 à 23:38:24

Que sont Les qqs kilomètres manquants face au chemin parcouru ? L'essentiel est de finir en forme pour enchaîner le suivant et maintenir le plaisir entier.
Et que dire quand le simple fait de s'engager sur pareille course est déjà une grande victoire ?!
Alors, mission accomplie et avec grand talent, la sagesse te fera aller bien plus loin et bien plus haut ! Bravo à toi ! et merci pour le récit, ça donne envie d'aller voir.

Commentaire de matos posté le 25-05-2012 à 22:41:48

Bravo, Natou pour ton exploit d'avoir affronter cet ultra "pas piqué des hannetons". Bravo également pour ton récit qui nous met vraiment en condition dans la course. Tu as eu raison d'arrêter afin de ne pas te mettre en péril et préserver ton capital physique et santé pour tes prochains défis...

Commentaire de laulau posté le 26-05-2012 à 08:53:56

Bravo Natou
Ce qui tu as fait sur cet ultradraille est déjà énorme. Il ne faut pas avoir de regret. Il faut savoir aussi s'arrêter à temps pour rester en bonne santé et garder l'envie pour d'autres aventures.

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