Communauté des sports d'endurance

              Depuis que je fais de la course à pied j’ai toujours voulu repousser un peu mes limites et découvrir d’autres sensations ,ca a été  le cas avec les semi marathons ,puis les marathons ,les trails plus ou moins longs et enfin les 100 km .Depuis 2 ou 3 ans j’avais dans la tète de tenter un 24 h ,je me disais si tu as finis un 100  km ,un 24 h doit être réalisable ,j’en parle à mes collègues de course qui me prennent pour un fou ,un seul semble intéressé Jean Marie ,je laisse murir un peu l’idée et quelques temps après c’est lui qui me relance  « alors tu nous a trouvé un 24 h  » ,tout d’abord plusieurs conditions ,plutôt en fin d’année ,pas trop loin de chez nous, avec un nombre d’engagés correct, un parcours qui n’est pas une piste d’athlé .Lors de mon dernier 100 km j’avais parlé avec une coureuse qui préparais Aulnat ,un coup d’œil sur une carte de France pour situer la ville, cette année la course tombe le 11 et 12 novembre ce qui nous laisse un jour de plus de récupération ,le nombre d’engagés était de 160 en 2010 ,c’est bien parce que je n’ai pas envie de courir qu’avec une poignée de coureurs ,et le parcours est plat mais un peu tournicotant .C’est décidé ce sera Aulnat ,deux coureurs de Lons s’inscrivent aussi Michel et Georges  l’entraineur du L.A.C dont l’expérience et les conseils nous avaient été précieux à Millau

           Je pars avec beaucoup plus d’appréhension que pour toute autre course, la météo, la distance, l’aptitude à répéter les tours, la nuit, les blessures et bobos éventuels tout ca m’inquiète un peu

          Coté météo le week end sera extra pour un mois de novembre, pour la distance je me dis d’après Millau que je peux espérer 140 km, j’ai fais quelques entrainement au parc à Lons ou la distance au tour est voisine d’Aulnat et je me doute bien que ca vas être difficile d’enchainer les tours tel le poisson dans son bocal .Je m’entraine aussi un peu la nuit après mon travail en  trouvant très agréable de courir la nuit, j’ai un entrainement tout à fait semblable à celui de Millau en 2010 ,est ce que ce sera suffisant ?

           Pour ma dernière course aux cross des commères à Sirod mon temps est le même que l’année derniére c’est dire que le moral est au beau fixe seul mon genou me tracasse un peu mais depuis quelques années c’est devenu une habitude, quelques jour avant je chope un début de crève mais je me dis que la course va soigner tout ça

         C’est le jour J  11 / 11/ 2011  c’est un signe (bon ou mauvais)

         On a réservé deux nuits d’hôtel pour ne pas avoir à rentrer dans la jura tout de suite après la course, mon fils va monter de Toulouse pour m’encourager, Françoise m’accompagne et c’est Sophie la femme de Jean Marie qui pilote, pas de soucis pour les coureurs

        Le voyage se passe bien à part un flash de radar dans le brouillard de Saône et Loire

Arrivés à Aulnat on file aux dossards, dans la salle des fêtes ou les derniers préparatifs se déroulent, nous retrouvons les autres coureurs jurassiens et la troupe de supporteurs qui les accompagne puis nous allons manger en écoutant les conseils de Georges le seul qui a un peu d’expérience sur 24 h  ,je lui demande si c’est différent d’un 100 km il me répond que c’est 3 fois plus rude .Puis c’est l’heure des derniers préparatifs ,ne rien oublier ,ne rien négliger .Je vois dans la salle quelques Kikoureurs que je ne connaissais pas Land ,Mara,Delphine, et le Solitaire avec Madame ,je vais les saluer

           C’est parti pour 24 h, j’ai préfère ne pas reconnaitre le parcours pour que le premier tour soit une découverte, je vois que Jean Marie et Michel sont dans le groupe de tète, je passe

en 7’ 30 au tour 69 éme au classement masculin, c’est trop rapide d’autant que j’entends par le speaker sur la ligne d’arrivée que certains coureurs qui ont déjà atteint les 200 km se trouvent derrière moi .A chaque passage sur la ligne d’arrivée le panneau d’affichage donne, le nombre de km parcouru, le temps mis pour boucler le dernier tour et la place de chaque coureur, ça aide grandement à la gestion de la course

          Après une heure de course j’ai dépassé les 10 km, 66 éme au classement masculin ça confirme mon départ trop rapide je me suis fais aspirer par le rythme de la course ,je vais commencer à lever le pied, les premiers coureurs nous prennent régulièrement des tours ,la deuxième heure je fais des bouts de route en marchant plus pour ralentir le rythme que par fatigue, la troisième heure la nuit commence à tomber ,les projecteurs des deux stades que l’on longe sont allumés et on a pas encore trop l’impression qu’il fait nuit je décide de marcher pendant un tour complet je vérifie le temps sur le panneau ,13 minute , ce qui fait une allure de presque 5 km/h Michel et Jean Marie me prennent un tour par heure .

Notre groupe de supporters jurassiens n’arrête pas de nous encourager et la je comprends l’importance du soutien sur une telle épreuve, les premiers ont une grosse équipe autour d’eux  qui les bichonne avec ravitaillement personnel, temps de passage, massage, conseils.

Cinquième heure, mon groupe de supporters va manger et je commence à trouver les tours longs, les jambes ne tournent plus avec autant de facilité, Jean Marie qui me double décide de faire un tour en marchant avec moi, on se remotive un peu

Au bout de 6 heures je  me change une première fois, je vois que je prends du retard sur mes prévisions, je n’en suis pas encore au marathon alors que j’avais espérer atteindre 50 km en 7 heures

La septième est heure est difficile ,j’ai les jambes lourdes je m’arrête une fois pour me masser les mollets ,le redémarrage est très dur ,arrêt au ravitaillement pour boire un bol de soupe et manger un peu de salé ,jusqu'à maintenant je n’ai pris que du sucré et j’ai quelques problèmes d’estomac je fais deux tours péniblement  et je vais m’allonger quelques minutes j’ai des frissons et je me sens pas très bien  ,je fais encore un tour sans conviction puis je vais m’allonger je ne sais pas ce qu’il se passe (est ce que c’est ma crève),je suis proche de l’abandon je décide de dormir un peu on verra bien plus tard.

Pas facile de dormir le tapis est dur, j’ai mal à tous les muscles et surtout au genou et je n’arrive pas à trouver une position idéale pour dormir, je somnole par intermittence et vers 2 h je me lève, vais faire un tour aux toilettes et je sors de la salle mais avec la fraicheur de la nuit je n’ai pas le courage ni l’envie de repartir et je retourne me coucher, Jean Marie s’est arrêté pour  dormir un peu.

Je m’endors vers le matin en doutant vraiment de reprendre et lorsque je me réveille le jour se lève et miraculeusement plus de douleurs musculaires, je me change et je  vais sur la ligne de départ, prends un bon café pour me réveiller et quelques gâteaux et c’est reparti il reste huit heures de course

  Le premier tour est fait en petites foulées (temps au tour  ,8h 30, record battu !!!!!)Je suis 113 éme au classement masculin, le soleil se lève le moral revient avec, je retrouve mes supporters, la journée s’annonce très belle, je constate que la nuit a laissé des traces chez les autres coureurs, beaucoup tournent maintenant en marchant, les leaders ont changé pendant la nuit ceux qui sont partis raisonnablement ont toujours raison sur ce genre de courses

Après deux tours je rejoins Jean Marie qui marche d’une bonne allure, il a dormi deux heures mais marche depuis le matin, je fais quelques tours avec lui ,il ne pensait pas me revoir sur le parcours ,c’est la que je me rend compte de l’importance du mental sur un 24 h un rien peut anéantir les chances de finir, le moindre bobos prend des proportions incroyables ,Jean Marie ,Michel et Georges vont tout les trois passer par des moments difficiles dans ce dernier tiers de course ,Jean Marie a les chevilles qui enflent il finira en marchant ,Michel s’arrête sur un banc et en se relevant un peu vite se fait une déchirure musculaire qui va l’arrêter une heure mais il finira assez fort Georges va finir en courant mais avec quelques arrêts prolongés

Pour moi ces 8 heures vont finalement passer assez rapidement, je suis tellement content que ca aille mieux, tant pis pour la performance, le plaisir avant tout, j’apprécie les encouragements de toute notre équipe qui ne vont pas arrêter de nous soutenir, un groupe de jeunes ados dont les parents couraient va aussi nous encourager pendant toute la durée de la course en criant nos prénoms à chaque tour merci à eux

            Je m’arrête une dernière fois pour me changer car il fait maintenant assez chaud

Je tourne en moyenne à 6 km /H ce qui peut paraître peu mais je me rends compte que je double plus que je me fais doubler, je fais quelques mètres à chaque tours en marchant soit au ravitaillement, soit quand je croise mes accompagnateurs, soit quand je double les marcheurs

Une des particularité des 24 heures est la bonne ambiance qui règne entre tous les coureurs, que tu sois cador ou anonyme il y a un respect mutuel entre tous ,une autre particularité c’est que par rapport à un semi ou un marathon ou les premiers finissent dans un état de fraicheur remarquable ,ici les premiers vont au bout d’eux même ,et comme tout le monde a couru pendant le même temps  les premier finissent dans le même état que les derniers ,parce qu’ils ont simplement parcourus le double de distance

Il reste maintenant 14 minute de course quand je passe la ligne j’ai le temps de refaire un tour je vois Jean Marie au ravitaillement et je l’oblige presque à refaire le dernier tour, il a les chevilles toutes enflées, on se dit que c’est la dernière fois que l’on fait ce genre de course c’est vraiment trop dur .On passe la ligne alors qu’il reste 2 minutes de course mais on s’arrête la et on bois une bière au ravito en attendant le coup de pistolet final

             C’est finis Jean Marie est à 143 km, Michel 184 et Georges 182, et moi 93 km (alors qu’a Millau j’avais mis 14 h 20 pour 100 km  sur un parcours très vallonné, cherchez l’erreur) on est tous en dessous de la performance escomptée (surtout moi) mais content d’avoir terminé

On retourne à l’hôtel pour prendre une bonne douche méritée avant de revenir à la salle des fêtes pour la remise des prix et un bon repas de clôture servis par les bénévoles qui sont vraiment aux petits soins pour tous les coureurs et les accompagnateurs,

Un grand merci aux organisateurs et à tous les bénévoles qui ont assurés pendant ces 24 heures et plus, merci à toute notre équipe de supporters particulièrement à nos photographes

 

Les plus

Une ambiance extraordinaire

Des bénévoles sympas et dévoues pour les coureurs

Un temps idéal pour une perf

Un dernier tiers de course qui s’est bien passé

Un plateau relevé (19 coureurs à plus de 200 km)

 

Les moins

Départ trop rapide

Difficultés à gérer la nuit

Un départ à 16 h peut être pas idéal

Une préparation pas assez spécifique

 

Quelques petits conseils

Départ lent (c’est difficile)

Etre le plus régulier possible

Gérer la course sur la durée, pas sur la distance (penser 24 h et non km)

Etre mentalement prêt à souffrir

Ne pas hésiter à marcher  même dans la première partie de course

 

Le lendemain en rentrant on recommence à faire des projets de 24 h avec Jean Marie en se disant peut être pas l’année prochaine mais on reviendra c’est sur …..Des vrais givrés

 

Pour voir les photos de la course

https://picasaweb.google.com/bluesboy39/RecemmentMisAJour?authkey=Gv1sRgCLSt2M6iqurXLw&feat=email#