L'auteur : ogo
La course : Lyon Urban Trail - 38 km
Date : 3/4/2011
Lieu : Lyon 01 (Rhône)
Affichage : 3333 vues
Distance : 38km
Objectif : Pas d'objectif
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C’est comme une plongée en apnée. La foule m’emporte. Le temps s’efface. Il fait sombre. Autour de moi, un immense banc de poissons multicolores. Je ne respire plus. Avancer plus vite. Remonter sans pallier. Au loin, une lumière blafarde, la sortie des abysses… le bout du tunnel de la rue Terme. Je reviens à moi sous l’action des rayons du soleil. Un coup d’œil à la montre : 16 km/h. Calmer le jeu, trouver mes marques, ne pas se laisser emporter par le flot des coureurs qui dévale les pentes de la Croix-Rousse.
Lyon s’étire à nos pieds dans la douce chaleur du matin. En face, Fourvière est déjà débout et la tour métallique nous toise en pleine lumière, en signe de défi. Virage à droite, rue Pouteau. Mon immeuble. Au quatrième étage, les volets sont fermés. Les voisins dorment encore. Premiers escaliers. Je me laisse glisser. Je connais chaque marche par son nom. La Glissante, l’Ebréchée. Six mois que j’habite le quartier. Ce matin, je me sens pour la première fois chez moi et je souris.
Nous étions près de 800 sur la place des Terreaux à nous élancer à l’assaut des 38 kilomètres du Lyon Urban Trail. Je suis parti en queue de peloton aux côtés de Fulgurex et Jean-Michel Touron. Nous avons fait connaissance au pied de la fontaine Bartholdi. D’autres Kikous sont également venus échanger quelques mots : Tonton Trailer, Tidgi, Blanche… (désolé pour ceux que j’oublie). A quelques secondes du départ, j’ai également eu le plaisir de retrouver Viktor et Fredrik, deux coureurs venus de Stockholm. A l’initiative de Tophenbave, nous avons passé la journée de la veille ensemble, à visiter la capitale des Gaules à Velo’v. Un avant goût, sur deux roues, de la course de ce matin. Dans les premiers hectomètres, derrière les barrières de sécurité, j’ai aperçu Marat, un « offeur lyonnais ». Porté par ses encouragements, j’ai bien dû gagner 500 places dans la première montée !
Il fait chaud désormais. J’enlève les manchons blancs offerts par l’orga, au sommet de la Grande Côte et je relance. Descente sur la Saône, une voix m’interpelle. Dans les escaliers, je fais la connaissance de Ben64, un Kikou venu du Pays Basque. J’aurai le plaisir de discuter plus longuement avec lui à l’arrivée. Sur l’autre rive, les choses sérieuses commencent. Nous entreprenons l’ascension de « la colline qui prie » par la montée de la Sarra. Plusieurs techniques s’affrontent. Certains grimpent en trottinant marche par marche. D’autres, dont je suis, les avalent deux par deux en réduisant le rythme. J’ai la sensation de progresser efficacement sans trop souffrir. On ne s’attarde pas en haut. L’ancienne piste de ski de la Sarra, nous sert de toboggan pour redescendre en direction de la ville. Manifestement, tout le monde n’est pas aussi à l’aise dans l’herbe fraîche que sur le goudron. J’en profite pour gagner quelques places.
Nous empruntons les pavés du chemin Montauban qui serpente à mi-hauteur sur la colline. Je connais la suite. La montée Nicolas De Lange, 500 marches jusqu’à la tour métallique de Fourvière, un classique pour les coureurs du coin. Je franchis les premières marches, basses et longues, en trottinant. Mais très vite les escaliers se redressent et je suis contraint de marcher. L’obstacle est moins pénible que je le craignais. Je me surprends à relancer sans trop de difficulté au sommet. Certes, il reste encore 18 montées mais mentalement j’engrange des points.
Je déroule dans la descente du Rosaire. Moment d’euphorie. Je reviens sur une concurrente que je double dans les escaliers qui mènent à Saint-Jean. Elle me rattrape sur le quai au ravito quelques hectomètres plus loin. On l’annonce quatrième féminine. Un verre d’eau, une tranche de pain d’épice que je n’arrive pas à avaler et je repars juste derrière elle. Sur le plat, elle emmène à 13-14 km/h. Je suis à une dizaine de mètres.
Sur Sainte-Foy, je perds mes repères. Je ne suis plus dans mon « jardin ». Mais peu importe, la machine tourne à merveille. Je remercie les signaleurs. Chaque encouragement me nourrit, je profite de chaque foulée. J’entretiens ce cercle vertueux naturellement, en souriant. Même seul, je garde la banane mais au fond de mois une petite voix me murmure que ça ne durera pas. Il n’y ait pas de bonheur qui ne se paye pas.
Un peu avant le deuxième ravito, je fais la connaissance de Sanggi dans une montée sans escalier. On s’encourage mutuellement. Je me force à manger un morceau de banane et des fruits secs. Je n’ai rien avalé depuis le début et mon corps soudain me semble vaporeux. Je connais cette sensation. Chez moi, elle marque un début d’hypoglycémie. Ne suis-je pas parti trop vite ? Sanggi m’apprend que nous pointons dans les 50 premiers avant de quitter le ravito. Je prolonge un peu la pause et après avoir récupéré mes esprits, je repars, à nouveau déterminé. Nous traversons le site antique de Fourvière et rejoignons la basilique en montant, cette fois-ci, le chemin du Rosaire. Nous avons dépassé la mi-parcours et je me satisfais d’avoir encore de bonnes jambes. J’envoie dans chaque descente et trouve mes appuis naturellement. Je dépasse en permanence un flot de concurrents du 23 kilomètres qui évolue sur le même tronçon que nous. Impossible de me situer au classement au milieu de cette foule et à vrai dire peu importe. La perspective de finir dans les 50 premiers me plait mais pour l’heure, je refuse de me mettre la pression. Profitons de la course telle qu’elle est.
De retour sur les bords de Saône, un signaleur me hèle alors que machinalement je suis le peloton. Les concurrents du 38 km, on droit a une boucle supplémentaire sur les quais. Un tronçon à vrai dire sans grand intérêt qui coïncide pour ma part avec l’arrivée d’un léger point de côté. Je marche deux minutes et tente de me relaxer. La sensation d’oppression disparaît. J’adapte un rythme un peu moins soutenu entre 11 et 12 km/h. Aux pavés, je privilégie la margelle en pierre qui borde la rivière, moins traumatisante. Je reste concentré pour éviter un faux pas qui me conduirait à coup sûr à la baille.
En route pour la montée Hoche au milieu, à nouveau, des coureurs du 23. Leur présence contribue à modérer mes ardeurs et m’évitera peut-être d’exploser en route. Nous voilà sur Caluire. Le 3e ravito au kilomètre 30 approche. Je croise Blob avec qui j’échange quelques mots. La fatigue commence à se faire ressentir mais le mental est là. Sur la table, du chocolat et du pain d’épice. Rien que je puisse avaler. Je me contente de coca et je prends mon premier gel. Je manquais probablement de sucre. Il me redonne la patate. La montée qui suit est abrupte. Celle qui finira 4e féminine, me demande des infos sur la fin du parcours. Je sais qu’il reste trois ou quatre côtes au moins mais je ne peux lui en dire plus. Je monte à bonne allure. Je dépasse plusieurs coureurs qui se hissent péniblement vers le sommet. Les jambes sont toujours là. Même sur le plat, je reprends des concurrents fatigués.
La voie verte de Caluire, derrière nous, nous descendons vers les berges du Rhône, synonyme d’arrivée dans ma tête. Pourtant il reste encore des difficultés au programme et notamment la montée Josephin Soulary, l’épouvantail de la Croix-Rousse.
Je discute un instant avec un jeune coureur au bord du fleuve. Il me laisse passer au premier escalier. J’ai encore la force d’envoyer dans les marches. Après un court replat, je m’engage dans la très redoutée ruelle Soulary. Je grimpe en marche rapide dans le caniveau. En haut, les jambes commencent à accuser le coup. Mais je trouve la ressource pour relancer. Je crois en avoir fini avec les montées. En réalité, il reste encore un obstacle et pas des moindres. Nous allons finir en apothéose par l’ascension de la montée Coquillat, en intégralité, jusqu’à l’esplanade du Gros Caillou.
Un coureur me dépasse. Les jambes font mal mais je parviens à le suivre jusqu’au sommet. Il me lâchera par la suite et pourtant j’accélère à mesure que l’arrivée se rapproche. Cette fois, il n’y a plus que de la descente et je suis chez moi. La place Colbert, la rue Saint-Sébastien et enfin l’opéra et la place Louis-Pradel. Une dernière volée de marches pour pénétrer dans la cour de l’hôtel de ville et derrière, l’arche d’arrivée et la foule rassemblée sur la place des Terreaux qui applaudit. Je sprinte pour les derniers mètres. 3h41’49. C’est fini. J’apprendrai en rentrant chez moi que je suis 39e au scratch et 19e senior. Une belle récompense. J’ai fait ma course à la sensation sans trop me soucier du chrono.
Je fonce sur les tentes où l’on distribue des bouteilles d’eau gazeuse. Ma poche à eau est vide depuis 5 bornes. Je me réhydraterai régulièrement durant tout l’après-midi. Les premières chaleurs de l’année, sans être violentes, ont pesé sur mon organisme. On sert également du Beaujolais mais je m’abstiens de peur de tomber à la renverse. En revanche, je me venge sur la charcut’. Plus tard, je retrouve Fulgurex et Jean-Michel par l’intermédiaire de qui je rencontre Maud Gobert, 2e féminine. Je discute à nouveau avec Ben64 et avec un jeune coureur qui aura la surprise de monter sur le podium en tant que 2e Espoir.
Le classement sur le 38
1. Manu Meyssat 2h54'44
2. Christophe Malardé 2h58'16
3. Laurent Beuzeboc 3h02'01
1. Céline Lafaye 3h19'07 (13e au scratch)
2. Maud Gobert 3h30'14
3. Sandra Gouault 3h40'50
Un grand bravo à tous, coureurs, bénévoles, orga !
Au final, j’ai 39,4 km et 1500 d+ au GPS.
Revue de presse :
Le Progrès « Emmanuel Meyssat remet ça »
http://www.leprogres.fr/sports/2011/04/04/emmanuel-meyssat-remet-ca
Le Progrès « diaporama »
http://www.leprogres.fr/sports/2011/04/04/urban-trail-de-lyon-une-course-en-ville
La Tribune de Lyon « J’ai testé le Lyon Urban Trail »
http://www.tribunedelyon.fr/index.php?actus/sports/26260-j-ai-teste-le-lyon-urban-trail
Endurance Mag « Meyssat et Lafaye à leurs mains... »
http://www.endurance-mag.com/endurance/Actus-trail.php?id=1654
Ultra Fondus « Que de marches »
RunInLive « Dossier spécial »
http://www.runinlive.com/evenements/lyon-urban-trail-2011.html
Salomon « Galerie photos et vidéo »
http://www.salomonendurance.com/lyon-urban-trail.php
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12 commentaires
Commentaire de tidgi posté le 05-04-2011 à 22:32:00
De bien jolies photos pour un bien joli chrono.
Que du plaisir sur ta course bien maitrisée...
Ça sent bon pour les Coursières çà !
Ravi de t'avoir croisé au départ.
A bientôt
Commentaire de Arclusaz posté le 05-04-2011 à 22:35:00
Je te renouvelle mes félicitations et bien sur, en ajoute de nouvelles pour ce super CR.
Te voilà, un vrai lyonnais, va falloir changer ton pseudo (et ta ville sur les bulletins d'inscription !).
Impressionnant le nombre de Kikoureurs que tu as rencontré (surement l'effet buff).
Courageuse, Maud de venir à Lyon avec un survet vert !
Surprise par contre : la phrase "Il n’y a pas de bonheur qui ne se paye pas" me semble bien grave et pessimiste pour un gai compagnon de OFF comme toi !
Une autre facette du personnage a découvrir ?
Commentaire de Tonton Traileur posté le 05-04-2011 à 23:00:00
MAGNIFIQUE ! ogo.
quel beau terrain de jeu tu as là !
à la prochaine.
Commentaire de DROP posté le 06-04-2011 à 08:39:00
L'un des récits les + sympas que j'ai pu lire... Bravo pour celui-çi et pour ta course.
Commentaire de Jean-Phi posté le 06-04-2011 à 09:54:00
Content pour toi et un peu fier de t'avoir fait découvrir en avant première quelques pentes "Fourvièroises" lors de notre off urbain !
Belle course en tout cas que tu as réalisé à nouveau. Tu peux être satisfait de toi !
A bientôt pour un autre off (à condition que, puisque tu te sens chez toi désormais) que tu deviennes Ogo69 et non ogo78 ! lol
Commentaire de marat 3h00 ? posté le 06-04-2011 à 11:59:00
beau cr, belles photos, super places, tout bien quoi !
Pour l'anecdote, j'ai reconnu fredrik avec qui j'ai partager 4 jours en prépa utmb l'année dernière. sympa
encore félicitations à OGO78 !
Commentaire de Elcap posté le 06-04-2011 à 12:07:00
Un très grand barvo à toi !!!!
Une fois de plus, le CR est un véritable plaisir !
Commentaire de blanche posté le 06-04-2011 à 13:10:00
bravo pour ton chrono!! t as pas trainé!!! ravi de t'avoir croisé meme furtivement, a la prochaine sur une autre coursette de cote!!!
blanche
Commentaire de Ben64 posté le 06-04-2011 à 21:18:00
Oh le joli récit!! J'ai pris autant de satisfaction à te lire que gambader dans les escaliers de Fourvière et Croix-Rousse. Ta performance littéraire tutoie ta performance sportive! Et puis, ce fut un plaisir de discuter avec toi après la course. A une prochaine fois sur les sentiers
Commentaire de tophenbave posté le 08-04-2011 à 22:15:00
non seulement tu cours vite et bien mais tu ecris aussi vite et bien!un vrai plaisir ce cr!a bientot .... pour cesar!!!
Commentaire de TomTrailRunner posté le 09-04-2011 à 08:02:00
Superbe et plein de sensations ce CR : donne bien envir de faire ce LUT un jour et revenir dans la ville de mon adolescence :-)
Commentaire de ogo posté le 11-04-2011 à 15:07:00
Merci à tous pour ces très sympathiques commentaires.
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