L'auteur : the dude
La course : Grand Duc de Chartreuse
Date : 27/6/2010
Lieu : Le Sappey En Chartreuse (Isère)
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Distance : 79km
Objectif : Terminer
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Prologue
10 ans, c’était il y a 10 ans, je débarquais à Grenoble…
A l’époque, encore fumeur, je trottinais 1 à 2 fois par semaine avec des collègues de boulot ; un jour ils m’apprennent qu’ils préparent une course en Chartreuse, le Grand Duc, un truc du genre 80km pour 5000mD+ !!!Eux ils le feront en relais à 5, mais ils me précisent que certains le font en solo !
A cette époque pour moi, comme pour beaucoup de coureurs, le marathon représentait déjà une distance mythique réservée à une élite, alors vous pensez bien que le double, en montagne en +, j’avais du mal à y croire.
J’imaginais ces coureurs-la comme des surhommes, des extra-terrestres sur–entraînés qui devaient se compter sur les doigts de quelques mains.
Et puis les années ont passé, j’ai arrêté de fumer, j’ai couru plus souvent, plus longtemps j’ai découvert kikourou, le trail, des courses au nom barbare : UTMB, GRP, GRR… Petit à petit l'idée a germé en moi qu'un jour il faudrait bien que je l'affronte ce Grand Duc, mais il m'impressionnait tellement que je repoussais sans cesse l'année fatidique.Je crois qu'un premier déclic a eu lieu l'an passé quand j'ai repris après un an d'arrêt pour une tendinite tenace et douloureuse, c'était ma deuxième blessure de ce genre et l'éventualité de ne plus jamais courir m'a effleuré.
J'ai alors commencé à envisager de le faire en duo en 2010 et si tout allait bien en solo en 2011; précisons qu'à l'époque ma plus grande course était le trail du Pic Saint Michel : 22km / 1200mD+.
J'en ai donc touché 1 mot en début d'année à Davidou le Minou, qui me semblait être un coéquipier de luxe pour se lancer en duo mais il a préféré décliner pour devenir une star mondiale du raid.
Que faire? Chercher un autre coéquipier, ou bien...à l'époque j'ose à peine le formuler tant cela m'effraie.
Autres arguments qui font pencher la balance: cette année le tracé tourne autour du Sappey, le coin de Chartreuse le + proche de chez moi et puis surtout mes potes avec qui je coure toutes les semaines le font en relais à 5, l'un d'eux habite même au Sappey.
Comme cela me trotte de + en + dans la tête j'en parle à mon épouse et ne voila-t-il pas que le 14 février, jour de la St-Valentin, au lieu d'une cravate elle me fait un cadeau bien plus original:
-"Vas-y fais-le ce Grand Duc, pendant les 4 mois qui viennent, t'aménages l'emploi du temps familial comme tu veux pour te préparer, je m'adapte et je gère"
-"glups, merci chérie".
Et voila comment après 7 ans de courses au saucisson (premier dossard en 2003 sur la Montée des 3 communes), on se retrouve en train de préparer un trail euh comment dire...costaud?
Les 4 mois de préparation sont passés bien vite, j'ai fait une course "longue": Trail du Brézème dans la Drôme, quelques sorties en rando course, dont la reco de la fin du tracé (après le col de la Charmette), suivi un plan de prépa (merci B.Cochard) et me suis reposé, un peu forcé car depuis début juin une angine et une douleur sous la voûte plantaire m'ont freiné dans mes ardeurs. J'ai cogité aussi, beaucoup, j'ai fait et refait 100 fois la course, imaginé tous les scenarii, les bons, les moins bons, enfin surtout les moins bons; établi un plan de course.
Ah ben oui le plan de course, il parait que c'est important.Il y a trois barrières horaires sur la course:
- Col de la Charmette: 15H30
- Mont Saint Martin: 18H00
- Quaix: 19H30
La première est assez aisée, mais les 2 autres sont beaucoup plus serrées, il faudra prendre de l'avance.
J'estime mon temps de course entre 14 et 16H et un petit tour sur softrun me permet d'établir un plan de marche, sachant que l'estimation de 16H ne laisse qu'1/2 H de marge sur la barrière de Quaix.
Ça commence ici
Le Sappey – Saint Hugues : 15km / 1100mD+ / 1220 m D-
Et voila j'y suis, le Sappey en Chartreuse, 05H00 du matin, j'arrive même pas à réaliser que je suis là, prêt à me lancer sur cette course mythique pour moi, j’ai l’estomac noué, la gorge nouée, les lacets noués…ah ben oui ça c’est normal.
Heureusement j'ai retrouvé Christophe un collègue de boulot, on discute, ça permet de pas trop cogiter. C'est sa deuxième participation, il vise moins de 13H00. Après une minute de silence à la mémoire d’Olivier Cordeuil, le départ est donné et à ma grande surprise ça part très vite, je me fais doubler non stop; mais sagement je reste à mon rythme, j’ai lu tellement de récits de coureurs qui ont payé cher un départ trop rapide. Rapidement le kéké arrive à ma hauteur, sachant qu’on vise à peu prêt le même temps, je prend sa foulée et nous ferons la montée ensemble.
Lorsque l’on sort des bois le paysage qui s’offre à nous est magnifique, on fait la queue un court instant pour une petite grimpette bien sécurisée, le temps de prendre quelques photos.
Nous on y va au sommet et arrivés là-haut on profite d’un panorama à 360° carrément grandiose.
Début de la descente, le kéké me conseille de ne pas m’enflammer pour ne pas me cramer les cuisses…avant de partir tête baissée. Le partie dans le pierrier est vraiment usante, la pente est forte et les appuis fuyants, puis ça devient de plus en plus roulant.Premier ravito, toujours dans la descente, un coca, une pâte de fruit et je repars. Une longue partie en sous bois, un peu glissante nous amène sur un chemin plus large, je discute avec un trailer très sympa, heureux possesseur des fameuses HOKA.
Après avoir longé une grande prairie , toute fleurie nous arrivons à Saint Hugues, en 02H38 pour 03H07 prévues dans le meilleur des cas, tout va bien, y a de la marge, j’espère juste ne pas être parti trop vite.
Saint Hugues - Le Sappey : 16km / 950mD+ / 830 m D-
Après m’être bien alimenté au ravito, en sucré et salé, je reprends la route tranquillement, en direction de l’Emendras, soit une montée d’environ 600m D+. On monte tranquillement sur un petit chemin puis on alterne avec un peu de bitume et à nouveau chemin dans les bois, je discute avec un coureur qui est là en prépa UTMB, la pente devient plus raide, je rejoins un petit groupe dans lequel se trouve le kéké. On fait un bout de chemin ensemble, sur les pistes de ski de fond qu’il connaît bien, je le lâche un peu lorsque la montée se durcit mais il revient dans la descente et nous arrivons ensemble au deuxième ravito.
Après avoir fait le plein je m’isole un peu pour un arrêt technique, le kéké est reparti, le reverrai-je ? Après un petit coup de cul, nous arrivons sur la crête qui mène au Saint Eynard, et ce passage me semble trèèèès long, le chemin est casse gueule avec pierres et racines piégeuses, les branches sont basses et je n’arrive pas à trouver quelqu’un avec qui faire route.Ajoutez à cela que le sentier n’arrête pas de monter et descendre et vous obtenez un passage très usant bien que rien ne le laissât (wahou il est bon celui-là) supposer sur le papier.
C’est donc avec un grand soulagement que je reconnais les abords du fort du Saint Eynard.Un petit pointage et banzaï , qui signifie comme chacun sait « et hop » en japonais, dré dans l’pentu direction le Sappey. La descente est longue, pentue et cassante ; enregistrez bien ces 3 adjectifs, ils vont revenir souvent, puisque sur le Grand Duc TOUTES les descentes sont longues, pentues et cassantes.
Enfin je rejoins un hameau tout près du Sappey, le GPS annonce 31 km, je dégaine donc mon téléphone et appelle les potes qui sont en train de bronzer au Sappey : « bon les gars je fais une séance de dédicaces dans 10 minutes sur la place du village, magnez-vous, y en aura pas pour tout le monde ». A peine ai-je rangé mon appareil à frire les neurones qu’une gentille et souriante bénévole au lieu de me laisser continuer mon chemin paisiblement se met en tête de m’obliger à affronter un nouveau mûr qui permet de passer au-dessus, sur les pistes de skis alpins.J’ai beau lui dire que je ne pratique que le ski de fond, elle insiste. J’obtempère tout en la maudissant intérieurement, et mon moral en prend un coup.
Enfin, ça y est, après ce petit détour touristique, me revoilà au Sappey !Il est 11H00, je suis dans la fourchette de mes prévisions, mais l’avance prise avant Saint Hugues a sérieusement fondu, cela m’inquiète un peu.03H22 pour cette portion-là, j’ai vraiment patiné dans la semoule. Heureusement je retrouve des visages connus et souriants, les potes sont là pour me soutenir et filent un coup de main pour la logistique, ça fait du bien. Arrêt au stand, on change de T-shirt, de chaussettes : tiens c’est joli cette couleur bleutée qu’ont pris les ongles de mes gros orteils, dire qu’il y a une heure je frimais devant le kéké sur le thème « moi, môssieur, j’ai jamais de soucis d’ampoules ou d’ongles explosés »…Je refais le plein du camel, bien sûr en rechargeant la poudre je réussi à en mettre partout sauf dans la poche à eau, comme juste avant je me suis enduis de crème solaire la dite p***** de sa mère de poudre vient se coller un peu partout sur mes mains et mes avant bras, quelle agréable sensation.
Le Sappey – Col de la Charmette : 12 km / 910 m D + / 650 D-
Il commence à faire sérieusement chaud et j’appréhende déjà la partie suivante qui se déroulera dans les alpages après le col de la Charmette, en plein soleil. Mais d’abord il faut passer par la Pinéa, une partie pas forcément effrayante sur le papier, en + c’est presque toujours à l’ombre, je suis confiant, j’ai tort. D’abord c’est un peu dur de quitter le Sappey, on était bien là, avec les copains, le soleil, posés dans l’herbe, alors il faut se faire un peu violence pour y retourner. Ensuite je repars avec un gars que j’ai croisé sur les crêtes du Saint Eynard et qui avance à peu près comme moi, mais au bout d’à peine 500m, il commence à souffrir du genou et s’arrête pour strapper. Je continue seul jusqu'au début de la montée où je rattrape un couple, on chemine ensemble jusqu’au col de Palaquit, puis ils me lâchent dans la descente qui mène à Sarcenas.
Après Sarcenas, un nouveau ravito avant d’attaquer la vraie montée vers la Pinéa.
C’est à partir de là que ça se gâte pour moi, je me sens vraiment fatigué, les jambes sont lourdes et je sens une ampoule se former sous mon pied gauche inexorablement. En + la montée, heureusement à l’ombre, est vraiment dure, la pente est très forte, et bien sûr je suis seul, si ce n’est un duo ou un relais qui me passe en coup de vent de temps en temps, me faisant prendre encore + conscience de mon train de sénateur. Bref, en un mot comme en cent, j’en chie grave. Maigre consolation, je vais quand même passer successivement 2 solos qui scotchent encore + que moi, je les invite à prendre ma foulée, mais sans succès.
Enfin lorsque je sors des bois, j’aperçois le sommet avec quelques coureurs, je prends un coup au moral tant il me paraît lointain.
Et puis finalement nous y voila. Je me pose 30 secondes pour resserrer un peu les lacets et me jette dans la descente.
Et quelle descente, en plus d’être longue, pentue et cassante, celle-ci est très humide, donc glissante, je vous laisse imaginer ma joie. Quand enfin on arrive en bas, je pense que le col de la Charmette est tout près, que nenni mon brave, il nous faut encore parcourir 4 longs km dans les bois pour y parvenir. Heureusement je fais route avec un duo, barbu et bavard, ce qui fait paraître un peu moins longs les 3 siècles que nous mettons avant d’arriver au dit ravito. Et puis enfin on rejoint le parking et on y est !!!
Environ 03H00 pour arriver ici, soit 09H00 de course au total, je suis dans le haut de la fourchette et si softrun ne déconne pas trop ça devient tendu pour la barrière horaire de Quaix.Mais d’abord il faut se soumettre au contrôle médical, prise de tension, tout est OK, par ici monsieur, le plat de résistance vous attend au chaud.
Col de la Charmette – Quaix en Chartreuse : 21 km / 1150 m D + / 1880 D-
Je profite de l’arrêt pour changer de montre GPS, hélas ce maudit garmin a besoin de 3 plombes pour repérer les satellites nécessaires et moi j’ai un trail à finir, pas envie de me poser trop longtemps ici, je me dis qu’une fois en terrain dégagé sur les alpages ce sera plus facile. Je repars donc en « aveugle », heureusement j’ai fait la reconnaissance du parcours à partir d’ici jusqu’à l’arrivée.500m de D+ environ jusqu’au col de la petite Vache, dans la foret, je suis seul et progresse lentement un peu stressé par la crainte des barrières horaires.
Vers la fin de la montée je rattrape Michel Riondet, ce type fait partie de la légende du Grand Duc, il a gagné la première édition il y a 21 ans et a participé 17 fois, toujours finisher, respect.Là il a l’air bien cramé, je lui souhaite de terminer encore celle-là.Je double encore une féminine qui n’en peut plus et finit par arriver au col, ouf.
Maintenant on va attaquer un long passage en alpage assez roulant jusqu’au refuge d’Hurtière.Michel m’a rejoint au col, nous basculons ensemble dans l’alpage et partons en trottinant. Le soleil tape mais il y a un peu de vent et de nombreux abreuvoirs à vaches dans lesquels je ne manque pas de me tremper; seule ombre, si je puis dire, au tableau, j’ai de + en + mal sous le pied, je m’arrête plusieurs fois pour enlever ma chaussette et vérifier qu’il n’y a pas de pli, mais rien n’y fait ; et ce maudit GPS qui localise toujours que dalle.
Un peu plus loin, quelques randonneurs et membres de l’organisation nous encouragent, enfin encouragent Michel surtout, mais ç a fait du bien quand même.
Le paysage est vraiment magnifique dans ce coin-là, j’avais déjà été scotché lors de la reco.
Nous arrivons enfin au refuge en slalomant au milieu des vaches, qui se demandent ce qui se passe aujourd’hui, pas moyen de ruminer tranquille, meuuh (= m**** en vache)!
Une bonne pause au ravito et on repart à 5 direction col d’Hurtière, la montée est courte, 1km peut-être, mais devient rapidement très raide, les autres décrochent et je me retrouve seul pour la dernière partie droit face à la pente ; j’en bave vraiment, m’arrête tous les 20m mais ça passe.
Une portion très roulante se présente à moi maintenant, environ un km de faux plat descendant sur un chemin en terre, je me lance dessus en roue libre, j’espère gagner un peu de temps par rapport aux barrières et puis surtout ça fait du bien de COURIR, je n’en aurai pas eu tellement l’occasion finalement sur ce Grand Duc.
Les Bannettes, je rattrape le Pachy qui n’a pas l’air au mieux, le kéké l’a passé au col de la Charmette. Je ne m’attarde pas trop car la petite partie en courant m’a fait un bien fou, je veux profiter de cette euphorie pour avancer le plus possible. Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, quelques centaines de mètres plus loin je me fais rattraper par mon pote Christophe G, qui est en relais à 5, excellent. Il m’encourage, on discute pas mal, se remémore la reco qu’on a faite ensemble, plusieurs fois je lui enjoins de partir à son rythme mais il préfère rester un peu avec moi pour l’instant, super !
On aborde enfin la descente vers Mont Saint Martin, 900m de D- d’un coup et sur un chemin pas roulant du tout.Je sais qu’elle est interminable, grâce à la reco, donc je prend mon mal en patience c’est le cas de le dire car mes pieds sont de + en + douloureux. Christophe fera la première moitié avec moi puis il partira à son rythme, une fois seul il faut puiser dans les ressources mentales mais au fond de moi, bien que je n’ose pas me l’avouer, l’idée que ça va être jouable commence à germer. Ce coureur qui descend en boitillant (le genou a tourné) me refroidit quelque peu, je me fais violence pour rester super concentré. La pente devient moins forte et l’on rejoint la route, dans ma mémoire cette portion de bitume était très courte, aujourd’hui elle n’en finit pas, ils ont déplacé le village où quoi ?!?
Au ravito je retrouve Christophe qui s’apprête à repartir, Michel arrive peu après moi, il a dû sacrément envoyer dans la descente! Il est 17H00, je suis toujours dans les prévisions hautes, mais 02H30 pour aller à Quaix, soit 8km et 530 m D+, ça me paraît vraiment jouable.
Cette fois une petite voix arrive à se faire entendre au fond de moi : « ça sent bon mon pote, tu vas le faire ».
Je ne m’enflamme pas car je connais la difficulté du parcours qui reste, mais j’ai retrouvé la gniac, je pense à ceux qui m’attendent au Sappey : ma femme, mes enfants, mes potes et je me dis qu’il faudra vraiment que la Chartreuse sorte le grand jeu pour m’empêcher d’arriver.
Lors de la reco on avait eu du mal à trouver le chemin qui monte au pas du Sappey permettant de franchir la barre rocheuse, alors on avait fini par prendre droit dans la pente à travers bois comme des sangliers, et bien les gars qui ont tracé la course ont fait à peu près pareil. Evidemment après 70km et 4200m D+, ça picote légèrement au niveau des cuisses, certains sont assis au bord du chemin et maudissent les organisateurs, Michel avec qui j’étais reparti n’arrive plus à suivre, je rejoins finalement le kéké qui souffre, je passe aussi Val la coéquipière de Julien. Personnellement ça va plutôt bien, même si bien sûr je progresse à pas de fourmi.
Enfin à la barre rocheuse, une petite séance de grimpette avec les cordes pour finir d’arriver en haut. Là je retrouve un visage connu en la personne d’Alain, nous allons faire ensemble toute la descente jusqu’à Proveysieux en discutant comme 2 commères, à tel point qu’on se demandera si on n’a pas raté une intersection car on n’a plus vu de rubalise depuis un bon moment, mais finalement on sera rassuré par une coureuse plus attentive que nous.
A Proveysieux, surprise ! je retrouve mon collègue Christophe (celui en solo) qui s’arrose dans une fontaine, il n’est pas bien du tout, il a le moral à zéro, en + il voulait faire un bon chrono et là il se demande s’il va finir.J’essaie de le remotiver et on repart ensemble, Alain est un peu derrière.
Ce passage est assez bizarre car Christophe est vraiment abattu et moi au contraire je suis super heureux, parce maintenant je sais que c’est largement bon pour la barrière de Quaix et qu’après, j’irai au bout dussé-je le faire à genoux ! On redescend jusqu’à un joli ruisseau avec le petit pont de bois réglementaire et commence une courte remontée vers Quaix (130m D+). Après avoir croisé 15 personnes qui nous ont toutes annoncé « allez, plus qu’1 km avant Quaix » on arrive effectivement à Quaix par la route, mais on a fait plus d’un km, c’est sûr.
Il est autour de 18H45, largement sous la barrière, j’ai mis 04H45 pour cette portion. Cette arrivée à Quaix est un moment génial, il y du public, des encouragements, ma femme que j’ai appelé de Proveysieux vient à notre rencontre, Manu, Julien, Chritophe G sont là et nous applaudissent, une sorte de répétition avant la vraie arrivée. Encore un énième ravito, nouveauté un monsieur nous arrose au jet d’eau, RHAAHAA c’est bon.
Quaix en Chartreuse- Le Sappey: 8 km / 660 m D + / 190 D-
On repart à 4, Alain, Christophe et moi, ainsi que ma femme qui nous accompagne jusqu’à la sortie du village. Juste après on croise un coureur qui remonte vers Quaix, il a retiré son dossard, Alain essaie de le convaincre de se reposer puis repartir mais non il n’en veut plus…
La suite du parcours je la connais par cœur je l’ai faite 2 fois, il reste 600m à monter, puis une petite descente d’un km jusqu’au Sappey. D’abord on retraverse un petit ruisseau, la Vence, sur le pont un papy assis fume sa pipe et tient un jet d’eau dans la main, merci. La montée est une nouvelle fois très raide, je suis en pilotage automatique, j’ai mal, je suis fatigué mais je n’ai qu’une idée en tête : avancer; Christophe me suit péniblement il a de + en + de mal en côte.
Au ravito de Montquaix, nous avons fait la moitié de la montée ; la femme de Christophe nous attend, elle finira la course avec nous, Alain décroche et nous dit de finir à notre rythme, OK à tout à l’heure. On reprend notre périple, cette fois Christophe est devant, je fixe ses chaussures et m’efforce de les suivre.Enfin je reconnais les abords du Fa, je sais qu’après il y a un petit replat et un ultime mûr vers le col de Bens qui s’annonce comme une tuerie, j’ai prévenu Christophe. Je me souviens la première fois que je suis passé là, mi mai, le sol était un bourbier et devant cette pente de fou je m’étais dit : « quand t’arriveras ici tu vas pleurer ». Mais non je ne pleure pas, bien au contraire je me délecte, je profite, je savoure ces ultimes souffrances avant la délivrance, le grand bonheur qui m’attend là-bas, juste derrière cette grosse bosse.
Passé le col de Bens, la femme de Christophe nous encourage à finir en courant, et nous on obtempère, pressés d’arriver, un rien bravaches, l’air de dire « le Grand Duc ? même pas mal, regarde t’as vu comme je déroule en souplesse là ».
Sauf que de souplesse y en a plus tellement, les ressorts sont fatigués, j’arrive plus à suivre mais c’est pas grave,je vais finir seul je m’en fous, je vais FINIR.
Au détour d’un sentier je croise un des organisateurs, plus que 300m me dit-il, et il ne ment pas.
10 ans, il aura fallu attendre 10 ans pour vivre ces quelques secondes de bonheur pur, absolu, je les aperçois, ils me guettent, puis ils me voient à leur tour et courent vers moi, mes enfants se jettent sur moi, ma femme arrive ensuite, puis les copains…
Christophe, m’a attendu au bord du chemin pour passer la ligne avec moi, super sympa.
Je prends tout mon temps, je profite, j’apprécie, je suis fier, heureux, ému, fatigué, tout ça en même temps et plein d’autres trucs aussi.
Il est 20H41, je viens de boucler mon premier Grand Duc, une journée exceptionnelle qui restera gravée dans ma mémoire.
Quelques chiffres
Je termine donc 75ième en 15H41 ; sur 232 inscrits solos, seuls 114 ont franchi la ligne.Tous les résultats : http://www.grandduc.fr/classements.php
La minute Oscars
Bien sûr y a des gens à remercier à la pelle : les organisateurs, pour ce tracé magnifique, d’une difficulté que les habitués de la discipline jugent extrême mais qui fait la légende de cette course fabuleuse, pour l’accueil, les ravito esprit à la bonne franquette sans prise de tête, les signaleurs, les contrôleurs, un grand bravo ; les coureurs avec qui j’ai partagé quelques mètres ou km, toujours dans un bon esprit et un soutien mutuel ; le public : merci pour les encouragements, les jets d’eau, les copains et les kikous (c’est pas incompatible), là aussi pour les encouragements, les photos, le support, la bière à la fin et puis bien sûr mon épouse : un grand merci pour ce beau cadeau, pour sa patience (il en a fallu beaucoup), son aide, son soutien, sans elle je ne l’aurai pas fait.
Et puis merci à vous qui avez le courage de me lire jusqu'au bout
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11 commentaires
Commentaire de BOUK honte-du-sport posté le 01-07-2010 à 00:01:00
Quel récit...
Je le stocke celui-là... Si jamais un jour...
B R A V O.
(Et merci pour la private joke)
Commentaire de raspoutine 05 posté le 01-07-2010 à 00:04:00
Mais c'était un plaisir que de lire ton récit jusqu'au bout sans compter les photos que tu as ramenées ! D'ailleurs le récit est comparable à ton objectif; celui d'un perfectionniste !
Alors félicitations pour cette course que tu envisages depuis longtemps, c'était vraiment un gros morceau à digérer !
A présent, il ne te restes plus qu'à trouver un nouvel objectif à laisser murir... murir...
79 000 bravos, il n'y a plus rien à ajouter.
Commentaire de domi81 posté le 01-07-2010 à 04:44:00
ne jamais lâcher le morceau et tes rêves deviennent réalités !
c'est bon, c'est beau !
bravo et félicitations pour la course et le CR.
Commentaire de l ignoble posté le 01-07-2010 à 07:58:00
respect monsieur dude,et bravo
Commentaire de @lex_38 posté le 01-07-2010 à 08:44:00
J'avais du temps à perdre, alors je l'ai lu ce récit, et quel récit!
Plus qu'une course, tu nous as raconté tout une histoire!
Un immense bravo pour cette course, non seulement tu la termines, mais tu la termines bien! Bravo à toi!
Commentaire de Khanardô posté le 01-07-2010 à 09:41:00
Bruno, merci pour ce récit, il permet de bien revivre le truc et de remonter les souvenirs. Ce fût un vrai plaisir que de courir avec toi sur la fin, on recommencera !
Bonne réc', et à une prochaine.
Alain
Commentaire de Jean-Phi posté le 01-07-2010 à 15:29:00
Ah le jet d'eau de Quaix, la pipe du Monsieur avec le jet, tout était anachronique, atypique, génial dans cette course. Tu arrives 75°, nous n'étions pas loin l'un de l'autre, nous nous sommes même croisés à plusieurs reprises, j'en suis certain ! Qualle course fantastique. Comme toi, j'ai reculé longtemps devant et que je suis heureux de l'avoir terminée ! Félicitations, tu as fait quelque chose de grand !
Commentaire de LtBlueb posté le 01-07-2010 à 22:44:00
chapeau l'autiste :))) (je déconne)
rares sont les coureurs de "notre" niveau à terminer le grand duc à la 1ère tentative (j'en sais quelque chose) !!! alors un grand coup de chapeau pour un joli cadeau, un peu dur à assumer certes sur le moment, mais le bonheur était au bout du chemin !!!! félicitations et merci pour ce récit instructif
Commentaire de le_kéké posté le 02-07-2010 à 11:15:00
Bravo Bruno,
premier grand duc et déjà finisseur, tu as géré le truc de façon magistrale, avec un départ très prudent et une fin de course en trombe.
Quand je t'es pas vu revenir sur moi à la fin de la première boucle, je me suis dit que tu avais des problèmes de bide.
J'étais vraiment content de te voir en haut des cordes où le grand duc était gagné pour tout ceux qui passaient cet enfer, restait plus qu'à finir, même en rampant si besoin.
En tout cas vraiment sympa d'avoir partagé cette première partie de course, à refaire !!!
Philippe
Commentaire de béné38 posté le 02-07-2010 à 22:36:00
Bravo et merci pour ces belles photos, et ravie de t'avoir rencontré.
Bonne récup !
Commentaire de shunga posté le 14-05-2011 à 23:27:00
Bon tu sais moi les gars du 38 en général je m'attarde pas. Bon c'est pas du niveau des gars du 74 mais quand même on est limite limite. D'ailleurs ça explique surement pourquoi j'ai presque un an de retard ^^
Je la connaissais pas cette course. Ca a l'air sympa comme tout :p
BRavo !
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