L'auteur : Mustang
La course : Roscoff to Roscoff
Date : 29/5/2010
Lieu : Roscoff (Finistère)
Affichage : 1535 vues
Distance : 57km
Objectif : Pas d'objectif
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4 autres récits :
Rosko et c’est frais !
Préambule
Toujours à l’affut des nouveautés, j’avais vu en novembre dernier un nouveau concept de trail : Roscoff to Roscoff, un trail marin en trois étapes dont une de nuit durant un week-end. Voilà qui promettait quelque chose de ….ludique ! La Bretagne se sait être généreuse en espace pour offrir des trails mémorables. Je relayais aussitôt l’information auprès des traileurs d’Alençon et réussissais à convaincre Riah50 et surtout le Lutin à venir malgré une nuit à passer en bivouac ! Jusqu’au dernier moment, le site internet de l’épreuve est resté chiche en informations si bien que ce samedi 29 mai, vers 6 h du matin, c’est un vrai départ vers l’aventure. Y sont embarqués Riah50 et sa Béa, Le Lutin et sa Josette, et moi-même en solo. La route est tranquille sous un temps chagrin. Ce samedi, la météo ne sera pas au rendez-vous mais peut-être qu’en bord de mer une bonne brise chassera les nuages.
La marée n'a pas encore vidé le port
Vers 10 h 30, nous arrivons à bon port. Nous trouvons facilement le lieu de l’action grâce à un fléchage à bon escient ! Pas de fébrilité, les coureurs et les accompagnants vaquent tranquillement devant les différents stands. Nous retirons nos dossards puis nous nous dirigeons vers un buffet bien garni offert à l’appétit des coureurs. Un peu tendu, je me contente de café et palets bretons. Mais des sandwichs sont proposés, également des fruits et quelques autres bonnes choses. Je suis un peu impressionné par la jeunesse de la plupart des concurrents présents ! Loin de l’Orne cependant je repère quelques têtes connues : G.G.O et sa Zabou sont descendus de Dammarie-lès -Lys pour venir respirer l’air breton en compagnie d’un ami rencontré au Off de Fontainebleau en janvier dernier, Fabrice, qui finira deuxième !! Et puis, Paul, l’organisateur d’Alençon-Médavy, est là. Il devait courir en duo avec son fils Julien mais ce dernier a préféré courir avec un copain ! Nous retrouvons également Olycos et Karine venus pour une reprise. Un bagad breton donne l’ambiance musicale.
Sur le podium, François le grand manitou de ce week-end sportif, donne de la voix pour présenter l’épreuve et saluer les coureurs, notamment un groupe de belges et une forte délégation d’Endurance 72 ! Etant parti directement en tenue d’Alençon, je ne perds pas de temps à me changer. Je pars m’échauffer seul sur le port. Finalement, je n’ai pas trop d’appréhension et je me sens même en confiance. Je vais donc prendre le départ du prologue de 18 km avec Josette et Béa, Riah50 et Le Lutin ne courant que l’épreuve nocturne et la spéciale du lendemain.
(Photo: Riah50)
1ère étape
A l’invitation de François, nous nous dirigeons vers l’embarcadère de l’Ile de Batz. J’ai revêtu le maillot rouge du grand K. Les coureurs s’engagent sur le ponton. Curieux, j’attends la suite. La caméra de FR3 filme les opérations (Moi itou !! Si, si je me suis vu sur le reportage sur le site internet de FR3 Bretagne mais comme il n’y a pas de Kikou en Bretagne ou si peu !!!!!). Finalement, à mon tour, je suis le mouvement dans les derniers !
(Photo: Riah50)
Mais les derniers seront les premiers car, comme je le prévoyais, le départ se fait vers le port si bien que, au moment où le départ est donné, je me retrouve dans le groupe de tête ! Ça sent le gaz, pas question de traîner, alors on y va, à fond sur la jetée, puis la cale pour descendre dans le port. Finaud, le Lutin s’est posté là pour immortaliser cet instant. Il m’appelle, je mets cependant quelques secondes avant de le localiser au-dessus de moi, si peu habitué à le voir en spectateur. Juste un coup d’œil vers lui et direct dans le port que l’on va consciencieusement arpenter. Certes, il y a un peu d’eau mais la vase est ferme et les appuis sont bons. Je boucle ce premier kilo en 5mn et ce n’est pas fini ! Nous nous dirigeons vers la digue Est, toujours dans la vase ! Les plus véloces me passent ! Normal ! Nous grimpons sur la digue par un escalier. Je prends le temps de faire quelques photos.
Puis à mon tour je m’élance sur la digue mais je vois que nous devons redescendre sur la plage où les appuis sont nettement moins bons dans le sable ! Puis retour sur la terre ferme pour un petit tour. Nous nous dirigeons vers une chapelle que j’ai vue tout à l’heure lors de mon échauffement. Les vaches ! Ils nous font grimper autour et redescendre par des rochers. Nous empruntons ensuite un sentier côtier au-dessus d’une plage puis c’est le retour vers le port. A nouveau, je cours sur la digue, les escaliers et je me retrouve dans le port que, cette fois, je traverse en ligne directe. Des petits fanions plantés dans la vase nous guident.
Le Lutin me tire encore le portrait à cette occasion. Je quitte le port pour un petit tour en ville.
Photo: Paul Vannier
Les encouragements des spectateurs fusent. Au bout d’une place, j’oblique à droite et à partir de là commencent les choses sérieuses. Je descends sur la plage que je ne quitterai pas ou si peu jusqu’à l’arrivée, c’est-à-dire pendant 13 km !
Sur la plage, le sable sec ralentit sérieusement ma progression. Heureusement, cela ne dure pas et je me dirige vers un promontoire rocheux qu’il me faut franchir en mettant les mains. Je progresse ensuite sur l’estran. Les appuis dans le sable mouillé sans être mauvais ne sont pas terribles toutefois. Là, il s’agit de s’enfoncer dans une anse profonde vers Laber. Le temps est frais, ce qui est idéal pour courir. J’ai enfin pris mon rythme. Mes sensations sont bonnes. Le moral est beau fixe. Je tourne entre 11 et 12 au kilo, ce qui n’est pas si mal sur ce terrain changeant. Tant que je suis sur l’estran, cela va sur le sable mouillé. Mais, parfois, nous sommes obligés de remonter sur la plage dans le sable. Un beau sable blanc mais épuisant pour la foulée ! Enfin, je sors de cette anse en contournant la pointe de Perharidy.
J’en suis à 1 h de course et c’est le 11e km, c’est une moyenne honorable vu le terrain. Finalement, à choisir, il aurait mieux fallu rester dans cette anse, car, la pointe passée, nous sommes exposés au vent ! Et quel vent ! Au moins du 60 km/h ! Ce n’est pas la tempête mais ça souffle de face ! Sur la plage du Pouldu, j’aperçois le Lutin et Riah50 postés pour photographier. Bien plaisir de les voir ! Là, c’est le ravito. Je m’y arrête pour boire un verre d’eau. Pour cette étape, j’ai juste une gourde remplie d’Hydra Max et de la Sportéine. Ensuite, il s’agit de passer un cap rocheux. Cela veut dire remonter encore sur la plage dans le sable sec fuyant, passer des rochers et redescendre vers une autre plage. Je consulte de plus en plus mon GPS. J’en suis au 14e km. Je ne suis pas fatigué mais j’ai hâte d’arriver cependant. Je quitte la plage pour passer à nouveau un cap rocheux. Le passage n’est pas évident. Les signaleurs nombreux nous indiquent où passer car bien sûr il n’y a pas de rue-balise. Les rochers couverts de varech sont glissants. Un signaleur m’indique un petit chenal dans l’eau pour contourner le cap. Effectivement, à choisir, mieux vaut patauger dans l’eau que de crapahuter dans le dédale rocheux. Voilà, je sors de l’eau pour aborder une superbe plage. C’est la dernière ligne droite, j’ai le vent -fort- dans le nez. Je vois un attroupement au loin. C’est l’arrivée ?
Photo X
Non ! Il me faut remonter sur la plage, emprunter un chemin sableux et j’arrive derrière la dune, sur une large esplanade où se trouve la zone d’arrivée avec toute l’infrastructure de la course. J’en termine avec ces 18 km en 1h37mn, 95e et 9e VH2, ce qui donne un presque 11 à l’heure. Au stand d’arrivée, je ne trouve que de l’eau à boire. Cela me suffit pour l’instant. Il faut dire que je vais par la suite zapper le goûter breton offert. Je ne savais pas qu’il se situait à ce moment-là !
Premier intermède
Je repère les lieux et vais voir la zone de bivouac. En fait, il s’agit d’un camping qui a été réquisitionné. L’installation est correcte. Peu de monde encore. Je retourne à l’entrée du camping pour attendre le Lutin et Riah50. A vrai dire, je suis un peu étonné de ne pas les voir. J’attends donc !! Mais je commence à avoir un peu froid. Il s’est écoulé bien 30 mn depuis mon arrivée quand je vois Oly arriver. Il me dit que le Lutin est bloqué par un barrage à 400 m de là. Comment ça ? Bon, je pars en petites foulées sur la route, cela me fait une bonne récup. J’arrive au carrefour où se tient le barrage. Les signaleurs m’indiquent qu’ils ne laissent passer personne sauf avec un laissez-passer. Et je vois enfin mon Lutin chargé comme un baudet ! Il me dit qu’il ne peut pas passer avec la voiture. Pour moi, pas question de porter tout le barda de la voiture. Je repars en petites foulées vers le camping distant de 600 m où j’ai aperçu François tout à l’heure. Je le trouve et, après une courte explication, celui-ci me donne sans problème le précieux sésame. Et à nouveau, je file vers le parking. Et c’est tout triomphant que je franchis le barrage en arborant ma plaquette « officiel ». On s’est trouvé un endroit sympa non loin des sanitaires ! Le coffre est vite vidé et je monte rapidement ma tente Vieux Campeur, vieille de 20 ans, indestructible, fabriquée à Vimoutiers, dans l’Orne !!! Le Lutin, Riah et Oly auquel j’ai refilé mon laissez-passer ont monté rapidement leur tente.
Pour le reste, je vois les autres coureurs lancer à tout va leur Quechua qui se déplie de bonne grâce. Le lendemain, il s’agira d’une autre affaire pour la replier ! Je finis mon sandwich à peine entamé du midi. Je bois beaucoup. Ensuite, c’est la queue pour la douche mais cela se fait dans la bonne humeur. J’y retrouve GGO, Zabou et Fabrice. Une douche chaude rapide pour ne pas faire attendre les autres et je file à ma tente pour me faire une séance de récup avec Compex ! Le vent souffle toujours autant. Le moment est à la détente en attendant 19h pour le repas. Alors nous partons faire un tour sur la plage où les chars à voile s’en donnent à cœur joie de même que les skysurf dans l’eau. Une halte de bon aloi dans un estaminet près de la plage permet de se désaltérer avec du houblon fermenté. Les coureurs n’ont pas attendu 19h pour aller manger et la file d’attente est déjà conséquente quand nous nous dirigeons vers la chaumière pour nous sustenter. Le repas est promotionné par la Pravda, étonnant ! Ah, j’ai mal lu, il s’agit de Predva ! Suis toujours autant dyslexique ! L’attente se fait en papotant, les bénévoles au service sont attentifs. Alors, qu’est-ce qu’on mange ? J’avise les différentes gamelles alignées : choux, carottes, navets, une mixture grisâtre qui est en fait une sorte de semoule de blé noir, des tranches de saucisses et enfin une sorte de jarret de porc sans os. Certes, certes, cela paraît bien appétissant mais cela me semble peu adapté à un repas de sportif entre deux courses. Cela dit, c’est très bon mais la portion est congrue. Une tartelette conclue ce repas frugal arrosé de cidre breton. Je me contenterai de l’eau. Des chants bretons animent le repas.
Photo Paul Vannier
Retour au bivouac où chacun se retire pour un court repos avant la deuxième épreuve à 22h30. Le vent souffle, la toile de tente claque cependant j’attends un ronflement provenant de la tente du Lutin. Je dormirais bien car la nuit dernière a été courte avec un lever à 5 h et celle à venir sera encore plus courte ! Je me suis habillé pour l’épreuve de nuit. J’ai pris le maillot du club mais avec un autre t-shirt Odlo en dessous, une ceinture porte-bidons.
L’étape de nuit
Passé 22 h, nous nous rendons sur l’esplanade de départ. L’équipe d’Endurance 72 met l’ambiance. Au vu de ma place, je n’ai pas l’intention de partir comme je fais d’habitude, c’est-à-dire en fond de peloton. Là, je me poste devant. Cette fois Riah50 et le Lutin sont de la partie avec les épouses. Ils devront courir et franchir ensemble la ligne d’arrivée. Les frontales sont allumées. François attend que la nuit soit bien tombée pour donner le départ vers 22h40.
Photo: le Lutin
C’est le départ et ça part très vite direction la plage ! Et c’est quasiment 1 km dans du sable mou. J’ai horreur du sable mou ! On contourne un petit promontoire et le sable se fait plus ferme. Ça file à gauche, ça file à droite ! Mais la troupe se trouve quasiment stoppée par un amas rocheux qui borde un petit cours d’eau que nous allons remonter sur quelques dizaines de mètres. Je le passe cependant assez rapidement puis nous obliquons vers la droite pour franchir le cours d’eau sur un pont sommaire. Nous remontons ensuite un étroit chemin. En face, cela bouchonne maintenant sérieusement au niveau de l’amas rocheux. Je ne suis pas à mon aise, ça va vite, le chemin est du style single track et je ne vois pas où je mets les pieds !!!! Enfin cela s’élargit pour déboucher dans un hameau. Nous reprenons ensuite un sentier en bord de mer. Trop facile ! Et zou, on va sur l’estran pour traverser une anse. En face, j’aperçois les lumières des coureurs qui me devancent. Je reprends pied sur la terre ferme. Le chemin est très tourmenté mais il suffit de suivre celui qui est devant. Des signaleurs de place en place indiquent la direction à suivre. Pas évident de doubler. Je contourne une petite pointe et je reviens par une piste qui domine l’anse que j’ai traversée tout à l’heure. J’ai une jolie vue sur le flux lumineux en contrebas. Le vent souffle avec insistance. Une légère bruine humidifie l’air. Après le 4e km, nous redescendons sur la plage mais il n’y a pas que du sable ! Des rochers doivent requérir tout notre vigilance. Au 5e km, il s’agit de rebrousser chemin par un single track bien tourmenté. Mais à un moment, le coureur qui me précède s’éloigne. Je n’ai pas ralenti, simplement il a accéléré ! Mais je n’ai plus personne pour m’ouvrir la route dans le noir ! Certes, ma myobelt xp éclaire très bien, trop bien peut-être car maintenant c’est moi qui ouvre la route à tout un groupe derrière moi. Il me presse. C’est une grande tension que de courir vite sans trop voir où on met les pieds, dans un mauvais sentier si tourmenté. Si bien qu’à un moment, je demande à ce que quelqu’un prenne le relais. Macache ! Et je ne veux pas ralentir ! Alors je continue, pas sympa les suceurs de roue. Enfin, je déboule dans le hameau de tout à l’heure. La voie est large et tout le groupe qui m’a suivi peinard me passe à ce moment là ! Je repasse la rivière mais nous obliquons à droite par un chemin large qui borde un bois. Ce sont des allées forestières que nous empruntons maintenant. Je me fais remonter par pas mal de concurrents. Mais j’essaie de garder ma cadence. J’entends la voix du speaker à l’arrivée. C’est bon signe. Il reste à gravir une méchante côte où je gratte un concurrent et c’est la descente rapide avers l’esplanade de l’arrivée ! Les 10 km ont été parcourus en un peu plus de 53 mn. J’ai glissé à la 115e place mais je suis toujours 9e VH2 ! Je n’attends pas les autres. J’ai froid. Sur l’estrade, les musiciens vont faire naufrage. Pas de soupe à l’oignon ! Juste un verre d’eau. Encore ! Je file vers ma tente. Une toilette rapide et après avoir préparé mes affaires pour le lendemain, je me glisse dans mon duvet pour une nuit réparatrice. Vite dit avec le vent qui souffle !
Deuxième intermède
Le départ ayant lieu finalement à 10 h, je compte me lever vers 6h30. Le vent a bien rythmé ma nuit. Je m’attendais pourtant à un matin plus calme au vu de la météo consultée le vendredi : larges éclaircies sur la Bretagne. Rien de tout ça ; le ciel est de plomb ! Je file aux sanitaires pour une bonne douche et ensuite je m’habille. Problème, je n’ai pas de tenue adaptée au climat. Il fait froid. Tant pis, je mets un débardeur sous mon nouveau maillot rouge FSGT. J’enfile des manchettes et un coupe-vent noir. J’attends que le reste du groupe soit prêt et nous partons petit-déjeuner. La queue est plus conséquente qu’au moment du dîner mais on a le temps ! Je suis un peu étonné de voir sur le côté des cafetières familiales branchées en batterie. Ouh, ça va être léger pour alimenter les 600 ou 700 personnes présentes ! A l’entrée de l’espace repas, un « vigile » fixe les règles : deux tranches de pain et une petite brioche ! Oh ! Pour certains, ça va être vraiment léger ! Moi, pas trop grave, toujours du mal à manger le matin. On se trouve une table. Voilà ! Qu’est-ce que je fais de mon pain ! J’arrive à récupérer un pot de confiture et un gobelet. Pas de cuillère, tant pis, je racle la confiture avec le pain. Par miracle, une brique de jus d’orange arrive sur la table. J’en bois quelques verres. Des bénévoles font leur possible. Finalement, le blocus doit être brisé car ils distribuent des petits pains au lait et des tartines, de l’eau chaude pour du thé. Mais pas de café !! Sniff !! Mon café !!!! Et bien, il n’y en aura pas !! Si Béatrice réussit pourtant à m’en obtenir une demi-tasse ! Retour piteux à la tente que je démonte. Je range mes affaires. Ensuite, je me réfugie dans la voiture où je me fait une petite séance de décontraction du mollet gauche avec le Compex suite à une crampe au réveil ( c’est le mollet qui a eu une crampe ! Mauvais esprits !).
Photot: Riah50
Le spectacle est dehors : bon moment de rigolade à regarder les coureurs essayant de plier les tentes Quechua ! Y en a même un qui ira la mettre à la benne ! Un autre plus débrouillard ira la récupérer ! Puis je pars pour un échauffement. Je suis frigorifié. J’ai mis mon bonnet et un buff ! Je croise Paul qui me reconnaît pourtant ! Bientôt 10 heures !
Photo: Paul Vannier
Troisième étape
On prend les mêmes et on recommence ! Ah non, les dames Lutin et Riah seront spectatrices ! Soyons fou ! Je me replace près de la ligne de départ. Sachant qu’il y aura deux ravitos et vu le temps, je pars léger : une simple ceinture avec 4 mini-gourdes remplies d’Hydra Max et de Carbo Max et deux pâtes d’amande et la Sportéine. Le départ est donné, ça bouchonne à l’entrée de la plage et nous reprenons le même chemin que pour la nocturne ! La même plage avec le même sable mou, le même petit bouchon à l’amas de pierre pour moi. Mais, une fois franchie la rivière, de l’autre rive, je vois un gros bouchon se former. J’ai bien fait de partir devant. Cela me gêne toutefois de reprendre le même tracé que cette nuit même s’il se refait de jour. Mais en définitive, après avoir contourné le petit promontoire et au lieu de revenir aussitôt, nous allons nous enfoncer sur près de 2 km en remontant une ria. Le parcours est malaisé dans la vase parfois profonde, sur les rochers glissants, dans d’espèces de gros herbus ou des plantes qui accrochent les jambes.
Photo: le Lutin
Il y avait intérêt à bien faire ses lacets. Mais les organisateurs ont bien fait les choses : une traversée de rivière pour rincer les chaussures ! Et c’est reparti sur l’autre rive de la ria mais là, le terrain est moins ingrat. Je suis moins vaillant qu’hier. Riah50 m’a passé ! Et il n’est pas le seul ! C’est dur ! J’arrive à un petit port et on repart dans le sens inverse. Mais nous allons ici rester à longer les terres agricoles qui bordent la ria sans descendre sur la plage, tout au moins pour l’instant. Donc, ce sont les champs d’artichauts qui s’offrent à mon regard.
photo: le Lutin
Maintenant, les coureurs sont assez espacés. Je retrouve la rivière à traverser au fond de l’aber. C’est pittoresque et pas du tout déplaisant. Par contre l’autre rive est toujours aussi rude et usante ! Les kilomètres se succèdent, 12, 14, 15 et toujours pas de ravitos. Puis maintenant, j’ai chaud. Je me débarrasserais bien de mon coupe-vent, mais le donner à qui ? Je débouche sur la grande plage. De l’autre côté du petit cours d’eau qui s’y jette, j’aperçois les filles ; bonne occasion de leur donner mes affaires. Avant, encore une trempette dans l’eau. Grand sourire, encouragement.
Photo: Béatrice Lebosé
Je suis mieux mais j’ai soif ! Je suis obligé de me rationner car j’ai trop peu de liquide avec moi ! Au 16e km, à l’endroit du départ de tout à l’heure, j’avise une bénévole avec des grandes bouteilles sur la plage. Elle n’a pas de gobelets. Tant pis, je lui donne deux mini-gourdes à remplir et je saisis une bouteille pour boire au goulot.
Maintenant c’est exactement le parcours du samedi dans l’autre sens. Mais on a le vent dans le dos ! Mon rythme est moins fringant que celui d’hier mais j’essaie de le conserver. Même si le gris est de mise pour l’eau et le ciel, je profite de ce beau paysage. J’ai baissé mes manchettes car finalement le temps se radoucit. Des passages rocheux succèdent au sable mouillé.
Photo: le Lutin
J’ai de nouveau soif, il me reste une barre d’amande. Enfin, au 21e km, sur une longue plage, j’aperçois le ravitaillement. Frugal ! De l’eau, du jus d’orange (pas terrible du tout en course) et des raisins secs ! Je bois plusieurs verres d’eau et c’est reparti. Je cours au ras de l'eau montante. C'est grisant. A nouveau, je contourne la pointe de Perharidy et la sinistre anse de Laber s’offre à moi. Alors que Roscoff est juste en face de moi, il va falloir contourner toute l’anse profonde avant d’y arriver ! Alors, comme je fais d’habitude, ne pas penser à ça, se contenter d’avancer. Après avoir été tant doublé, je remonte quelques concurrents à la dérive. Roscoff se profile. Un promontoire à passer, des rochers, du sable et je prends enfin pied sur la terre ferme ! Je me sens tout ragaillardi. Je traverse la place d’hier puis m’engage dans une longue rue. De rares spectateurs et des bénévoles m’encouragent. C’est mon dernier kilomètre. Je songe à mon expression que j’avais trouvée lors du trail de Moyaux, le sublime kilomètre. Marguerite Duras n’était pas loin aux Roches Noires. Il y avait bien longtemps que je n’avais savouré ce dernier kilomètre – dernier kilomètre ? Non ! Mais un sublime kilomètre ! Oui, vraiment ! Je jubile, heureux d’être allé au bout de ce nouveau défi. Puis j’oblique à gauche par un passage étroit pour déboucher sur un grand parking qui se prolonge par une autre rue. Là, les spectateurs se font nombreux et pas avares d’acclamations. Un gauche droite puis c’est l’arche d’arrivée. Je file vers elle et tellement heureux que je m’arrête net sur le tapis en y sautant à pieds joints ! Paul saisira ce moment étonnant.
Photo: Paul Vannier
Voilà, les 57 km des trois épreuves sont bouclés en 5 h 25 mn, 113e sur 300 et 11e VH2 sur 43. Je me précipite vers le ravito et n’y trouve que de l’eau et du jus d’orange. Je m’enfile presque une bouteille d’eau ! Je rejoins les copains qui m’attendent. Avant d’aller boire une bonne bière, je file à la voiture me laver un peu et me changer. Puis ce sera frites et bière ! Un bien beau week-end malgré les imperfections ! Un grand merci aux bénévoles qui ont bravé les intempéries : beaucoup de gentillesse et de disponibilité.
Kénavo !
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16 commentaires
Commentaire de domi81 posté le 04-06-2010 à 18:06:00
super CR avec de belles photos !
félicitations pour avoir enchaîner les 3 courses et avec ce régime pain sec et eau, va être beau le Mustang sur la plage !! ;-)
Commentaire de RogerRunner13 posté le 04-06-2010 à 20:07:00
Merci pour ce magnifique CR, étonnante la dernière photo et encore un bien beau weekend sportif.
Commentaire de Dom 61 posté le 04-06-2010 à 21:37:00
Quel week-end, Philippe !
Belle épreuve mais il faut avoir une sacrée santé et na pas avoir peur de se ‘’ mouiller’’.
Bravo et à dimanche !
Commentaire de fulgurex posté le 04-06-2010 à 21:53:00
sacré épreuve! C'est plat, mais ça a l'air costaud quand même. Bravo pour le chrono pour ces sublimes 57 derniers kilomètres...
Commentaire de CROCS-MAN posté le 04-06-2010 à 23:15:00
Trop fort le Mustang. Merci pour la ballade russe.
Commentaire de Jay posté le 05-06-2010 à 00:11:00
un bon récit qui sent l'iode ;-D
merci pour tous ces détails et photos.
Bravo pour cette épopée sur les divers étapes..
c'est bizarre, mais j'ai envie d'huitre et de vin blanc...
Bonne récupération,
Jay
Commentaire de Klem posté le 05-06-2010 à 07:26:00
Merci pour ce récit très bien raconté, on s'y croyait. Bravo
Commentaire de francois 91410 posté le 05-06-2010 à 09:23:00
Merci pour ce beau récit de cette épreuve étonnante, à l'image de ses ravitos!
Commentaire de robin posté le 07-06-2010 à 12:33:00
Ah ah la Bretagne cela te gagne !
C'est vrai qu'il y a de beaux terrains de jeux en Bretagne souvent plus rude qu'on ne le pense !
quelques modifs sur les ravitos ( breizh cola .... )à prévoir si je comprends bien .
belle course une nouvelle fois malgé le regime eau et pain sec !
Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 07-06-2010 à 13:20:00
Rien à dire, le Mustang, t'es un sacré percheron ! Quelle solidité !
La prochaine fois, trouve un trail avec plus de douches...
Commentaire de frankek posté le 07-06-2010 à 16:45:00
bravo pour ton triplé:)
sympa ton réçit et récupère bien.
Commentaire de la panthère posté le 07-06-2010 à 18:59:00
avec un peu de retard, et après vous avoir entendu en parler à Ecouves, j'ai dévoré ton récit avec appétit, et vu vos mines déconfites devant le frugal petit déjeuner!....
ça a l'air beau, mais rustique, cette affaire là, manque surtout la grande bolée de café!
merci pour le récit, t'as encore bien galopé!
Commentaire de caro.s91 posté le 08-06-2010 à 20:44:00
Whaou, ton récit me semble légèrement moins humide que celui du Lutin! ;-) mais toujours aussi frugal !!! ;-) Finalement c'était organisé par weight watchers !!! :-)
En tout cas, récit bien agréable à lire et une belle course!
Caro
Commentaire de titi61 posté le 11-06-2010 à 22:26:00
j'aime bien ton style sur la derniere photo.quel rebondissement le mustang.lol.bravo philippe.
Commentaire de Wallaby posté le 12-06-2010 à 13:49:00
Belle course que voilà et beau récit merci de l'avoir fait partager
Commentaire de Olycos posté le 15-06-2010 à 19:54:00
Content de t'avoir revu..
A bientot
oly
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