Récit de la course : 100 km de Steenwerck (Open) 2010, par Vivien (100bornard1022)

L'auteur : Vivien (100bornard1022)

La course : 100 km de Steenwerck (Open)

Date : 12/5/2010

Lieu : Steenwerck (Nord)

Affichage : 1883 vues

Distance : 100km

Objectif : Faire un temps

10 commentaires

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Récit de 2 jours "ultra"

Mercredi 12 mai 2010. 8h 15. Il est déjà l'heure de se lever. Se préparer (le sac a lui été préparé la veille), puis direction la Salle des Sports. Mise en place de l'épreuve. Ca y est, c'est le jour J ! Mais que de préparatifs, notamment pour les bénévoles, déjà à pied d'oeuvre depuis plusieurs jours. C'est qu'il y a beaucoup de choses à penser et à mettre en place, bref, tout le monde s'affaire. Pas de temps à perdre. Préparation de la Salle, balisage de sécurité sur le parcours,... tout doit être prêt pour ce soir. Les toilettes de locations doivent être mis en place à plusieurs endroits du circuit, et le président m'a demandé de guider le livreur qui lui, ne connait pas le circuit (on lui a même fait croire que celui ci était constitué d'une seule boucle de 100 km, et qu'il devait disposer un WC tous les 10 bornes...). C'est une occasion pour moi de commencer à rentrer mentalement dans l'épreuve. Bref, ceci fait, retour à la Salle, où l'on s'affaire toujours. Le temps de s'enfiler un sandwich le midi (la diététique du coureur: sandwich jambon,mais je ne peut résister à l'appel du sandwich pâté à la viande du boucher-charcutier local, en revanche, j'évite soigneusement alcool, fromage et café) dans la bonne humeur ambiante. Il est ensuite temps de continuer : nouveau tour de circuit en camionette, cette fois pour acheminer la logistique destinée aux ravitailleurs et signaleurs. L'heure passe, et les premiers participants commencent à arriver. Le stress commence peu à peu à s'installer. Puis arrive mon accompagnatrice. En effet, alors que j'étais à la recherche d'une personne qui puisse m'accompagner (me supporter diront certaines mauvaises langues), Valérie (alias Valgor sur UFO) s'est gentillement proposée de faire équipe avec moi (certains ont bien essayé de l'en dissuader mais en vain). Super sympa de sa part. En plus, elle a déjà l'expérience de ce genre de choses puisqu'elle a déjà été suiveuse de son mari Christian, qui a terminé Belvès en moins de 10h. Que demander de plus ? Nous faisons donc connaissance et passons à l'étape "préparation". Plusieurs kikous passent nous voir (dont Fifi, Fanfan, la ch'tivincent family et Pégase). Certains autres ont déjà été croisés au détour de la remise des dossards (dont ArnaudP59, Epitaphe, Fidji, GrandWare, L'Rag et Shunga). Enfin bref, quelques temps plus tard, direction le kilomètre 0. Petite photo kikou-UFO et vient l'heure du départ. Valérie est venue assister à celui-ci avant de m'attendre à la fin de la "boucle du bourg". Départ sous le soleil et en compagnie d'UltraMick, un autre UFO. Ne pas partir trop vite, même si on est tenté d'accélérer dans le village, avec tout ce monde venu pour nous encourager... On savoure, tant qu'on peut ne pas voir passer les kilomètres ... In short, je rejoins bientôt ma coéquipière et nous voilà bel et bien tous les deux lancés dans cette aventure...Les kilomètres défilent peu à peu, premier pointage (où un bouchon s'est formé) atteint en un peu plus de 57 minutes ... je n'ai pas l'impression d'être en avance sur mon temps de l'an dernier, ce qui n'est pas pour me rassurer. Mais bon, continuons. Je commence à parler de tout et de rien avec Valérie, histoire de moins sentir passer les kilomètres ... Il commence à faire quelque peu frisquet, et très vite, ma suiveuse me passe les gants que j'enfile (ils ne me quitteront plus jusqu'à l'arrivée). Les ravitos défilent, l'allure est bonne, et l'on croise beaucoup de monde (bénévoles familiers, kikous, ...). Pour l'instant, tout va bien. On avance à bon rythme et la bonne humeur est là. Premier passage dans la Salle des Sports, annoncé au micro par le président, j'en profite pour entonner un "Steenwerck en tête". Fin du premier tour en un peu plus de 2 heures 45 minutes. J'emmène la lampe frontale que Valérie est allée chercher pour moi, je discute rapidement avec Seb en demandant des nouvelles des autres kikous engagés, puis c'est parti pour le 2ème tour. La nuit commence à tomber sur la campagne steenwerckoise et ça commence à cailler sévère ...Il ne va pas falloir faire de trop longs arrêts. Je bavarde toujours, les kilomètres passent plus vite de cette manière (peut être pas pour Valérie cependant...). On parle de tout et de rien: de la cuisine (dont la fameuse tourte aux épinards façon Grand Maître Ch'tigrincheux), des 100 km, des histoires belges et des histoires pas belges, pas le temps de s'ennuyer. En plus, certains kikous ont fait le déplacement juste pour nous encourager. Ca, ça fait vraiment zizir ! A chaque passage dans la ligne droite du Crusobeau, j'aperçois Fifi (qui a installé un campement) qui me balance une remarque du style "Encore en train de parler !!!!" Bof, in' allo quin mêm' pas braire, hein ! Je peux même lui parler en ch'ti, elle comprend, si c'est pas beau ça ! Je demande de temps à autre à Valérie si l'allure de course est bonne, ni trop rapide, ni trop lente, et si tout se passe bien de son côté. Elle me confirme et me rassure: tout va bien. Jamais elle ne se plaindra. Et pourtant, elle doit en baver, à rouler à 8-9 km/h sur son vélo et en pleine nuit ... Je maintiens l'alternance marche/course avec une bonne régularité. Et vient maintenant la fin de la 2ème boucle. Nouveau passage remarqué dans la Salle des Sports et nouvel hymne à l'entrée de celle-ci. Petite pause d'entre deux tour, mais Valérie veille à ce que je ne m'éternise pas, car sinon le redémarrage sera difficile. Après un peu plus de 5 heures et demie d'efforts, place donc à la 3ème boucle. L'allure est sans doute un peu plus lente, mais le mental ainsi que le physique, eux, ne sont pas encore atteints. Pourvu qu'ça dure ... On croise moins de monde sur le parcours, mais les bénévoles sont là, eux aussi aux petits soins et ont toujours la bonne parole qui permet de se sentir moins seul. Ils m'entraînent au bout de la nuit...Oui, oui, comme dans la chanson. Tout celà fait qu'on supporte mieux les moments moins faciles, et je ne suis pas encore entré "dans le dur". Le 50ème kilomètre est passé, plus que 50 à couvrir. Tant que mental va bien et que les monosyllabiques, grognements et bruits en tout genres ne remplacent pas discussions et pensées plus élaborées, profitons-en. Think positive. Courir et marcher tout en discutant, en voilà une bonne idée. En plus, dans la nuit, on se rend moins compte des kilomètres parcourus, même s'il fait vachement froid et qu'un peu de pluie se met à tomber. Heureusement, celle-ci ne dure pas. Et la fin du troisième tour est proche. Le plus dur est fait. Derechef, passage dans la SdS, accompagné du chant qui va avec. Guenhaël, membre de l'équipe "Steenwerck en tête", me prend un tour. Il semble frais et parti pour faire une (très) belle performance. Le premier (déjà double vainqueur de l'épreuve et une fois deuxième) m'a quand à lui doublé dès la fin de mon deuxième tour. Changement complet de tenue après près de 8 heures 30 minutes passées à arpenter les chemins. C'est donc parti pour le tour suivant, le 4ème. Le plus difficile et le plus redoutable. La course va se jouer maintenant. C'est ce tour là qui va nous dire ce que l'on peut espérer. Le rythme est plus lent, mais je parviens toujours à maintenir l'alternance marche/course. Valérie est là pour me booster. Le 65ème kilomètre passe, et je me sens toujours pas trop mal, je dois juste lutter contre une petite tendance à l'endormissement. Tendance qui touche également Valérie qui, par deux fois, parvient à se rattraper à temps pour éviter la chute. Il nous faudra désormais tourner au café, histoire de ne pas finir dans un fossé... Arrive le 70ème kilomètre, et là, je rentre vraiment "dans le dur". Je parle moins depuis un certains temps déjà, le mental a pris un coup, et ça commence à être dur physiquement: les muscles tirent. En même temps, comme je le dis souvent, Nobody said it was easy(sinon ça se saurait). On est aussi là pour en baver. Ce n'est qu'un moment de moins bien, et il va passer. Il suffit juste d'attendre, et d'arriver au 80ème kilomètre. Là, ce sera gagné (ou presque). En plus, j'avais fait part à Valérie de mon envie de faire en sorte d'arriver à temps pour voir les coureurs du matin (parmi lesquels figure Manu). Même si je n'arrive pas à les voir prendre le départ , les croiser dans le village me ferait extrêmement plaisir. Et je vais y parvenir. Alors qu'il me reste moins de 500 mètres à parcourir avant de terminer ce tour, je les aperçois en train  de courir dans le sens inverse (ils sont dans leur boucle du bourg). Génial ! Je passe donc, heureux, dans la salle, toujours en chantant. Là, l'arrêt est assez court: il n'y a pas grand chose à changer et l'envie est maintenant forte de repartir. Plus rien ne sert de traîner, il faut finir. Il est à peu près 6 heures et demie à l'entame de ce 5ème et dernier tour. Là, il faut savourer car ça se termine ! Voilà déjà le 85ème kilomètre, atteint après un peu plus de 12 heures d'efforts. Il ne reste désormais plus que 15 kilomètres ! Je me rends peu à peu compte que je tiens une forme somme toute pas trop mauvaise, et parviens sans grosse difficulté à alterner marche et course, ce qui est une bonne chose. Ce n'est plus le moment de craquer. On en profite pour remercier les bénévoles et prendre rendez-vous pour l'année prochaine. Arrive une nouvelle fois la ligne droite du Crusobeau, longue d'un peu plus d'un kilomètre et demi. Telle la ligne droite des Hunaudières, le Crusobeau peut s'avérer redoutable. Cette ligne droite a par ailleurs la particularité de faire office de "frontière": si vous courez sur la partie droite, vous êtes à Steenwerck, si vous optez pour le côté gauche, vous êtes à Le Doulieu. La section post-ligne droite (rue du Bitram) est elle aussi difficile au niveau mental car on a l'impression de ne jamais arriver au pointage (le deuxième, Le Crampon). Mais bon, là, c'est le dernier tour. Donc ça ne semble pas long (d'autant plus que j'aperçois ch'tigrincheux et ça me booste encore un peu plus). Juste avant d'arriver au Crampon, petit coup de fil à la maison histoire d'annoncer l'arrivée imminente (il reste moins de 7 kilomètres à parcourir). Et alors que je croyais que j'allais devoir galérer pour faire moins de 15 heures 30 minutes, Valérie m'annonce que je peux viser moins de 14 heures 30. Je réalise alors que je m'étais trompé dans mes calculs. Mais elle me pousse à ne pas me relâcher. Les derniers kilomètres sont émouvants: le dernier pont de TGV (le plus raide), la Niepelyndestraete (le genre de nom qu'on a plaisir à prononcer après plus de 95 kilomètres), la rue du bon temps, le dernier ravitaillement, alors qu'il ne reste plus que 4 kilomètres (les deux premiers de la course du jour nous doublent), la rue Merveille (la bien nommée), le jour qui s'est levé peu à peu, la fin est proche. Plus que 3 kilomètres, et arrive bientôt le 98ème km. Puis, de retour dans le village, on aborde une dernière ligne droite d'environ 700-800 mètres, qui nous fait passer le km 99 tant attendu. On savoure chaque mètre,  car là vraiment, ce n'est plus que du bonheur. Voilà maintenant les 500 derniers mètres, puis on repasse par la Grand'Rue, d'où l'on a pris le départ, on tourne derrière l'église, il ne reste plus que 200 mètres. Augmenter une dernière fois le rythme, lancer le sprint final à 100 mètres de l'arrivée. Puis vient l'entrée finale dans la Salle des Sports. Je lâche un gros cri de joie, que dis-je, de bonheur, d'extase. Tant d'émotions me donnent presque envie de pleurer. Les mots me manquent pour décrire ce que j'ai vécu. En tout cas un grand merci à toutes celles et ceux qui nous ont encouragé et qui nous ont motivé de par leur présence et leurs paroles.Et puis un énorme merci à Valérie et un grand bravo à elle pour avoir enduré tout celà sans jamais se plaindre, en me facilitant énormément la tâche. Elle a vraiment été la coéquipière parfaite tout au long de cette superbe aventure, et a vraiment tout fait pour que je réalise mon rêve. Ce n'est pas pour rien que l'on parle d'une relation spéciale entre le coureur et le suiveur, car là, j'ai vraiment vécu quelque chose de très fort. Sans elle, je ne pense pas que j'aurais réussi à boucler ces 100 kilomètres en un temps pareil.

Cette performance, ce 14h 21min 36sec, c'est aussi sa performance, elle le mérite autant que moi. Ce jour là, le binôme que nous avons formé était vraiment très fort... J'ai vraiment vécu 2 jours "ultra" à tout points de vue...

Le récit de Valérie: 

http://www.valerie.ufoot.org/2010/steenwerck 

Les photos: http://picasaweb.google.fr/100bornard1022/100KmAPiedSteenwerck2010?feat=directlink

 

10 commentaires

Commentaire de chtigrincheux posté le 28-05-2010 à 08:25:00

...et on t'a tellement entendu parlé sans discontinuer que ton accompagnatrice doit toujours être sous antidépresseur.Une légende à pris naissance parais qu'un chien s'est suicidé ,n'est pas barde qui veut .....
Allez mon Vivien l'année prochaine tu me met une mine clap clap clap
écrire en rose c'est un signe?

Commentaire de fanfan59 posté le 28-05-2010 à 09:00:00

Tu m'as bluffée Vivien ! Lorsque je suis entrée dans la salle et t'ai vu assis sur l'estrade, je ne pensais vraiment pas que tu avais déjà terminé, d'autant plus que tu avais la banane jusqu'aux oreilles. Magnifique accompagnatrice, je pense effectivement que Valérie t'a permis de grapiller pas mal de temps. Ta gentillesse et ta fraîcheur t'ont même permis d'accompagner Gabriel (Epi) dans ses derniers moments de course. Ca c'est vraiment du beau, du GRAND VIVIEN. MERCI

Commentaire de CROCS-MAN posté le 28-05-2010 à 14:03:00

BRAVO et merci pour ton récit.Bonne récup

Commentaire de ufoot posté le 29-05-2010 à 07:57:00

Nope, Valérie n'est pas sous antidépresseurs, tout va bien ;) Merci Vivien pour ce CR et encore bravo. Comme quoi s'accrocher, ça paye!

Commentaire de grandware posté le 29-05-2010 à 10:04:00

Bravo Vivien !! et merci pour les photos...

Commentaire de Hay-David posté le 29-05-2010 à 12:20:00

Félicitations Vivien pour cette course au cours de laquelle tu auras améliorer ton record de façon considérable! Tu le dois sans doute en partie grâce à ton accompagnatrice UFOiste mais sans doute aussi grâce à ta volonté.

Commentaire de shunga posté le 29-05-2010 à 12:49:00

bravo vivien un joli score, à l'année prochaine !

Commentaire de Francois dArras posté le 30-05-2010 à 03:55:00

Je n'aurai qu'un seul mot : respect.
Tes progrès réguliers sont tout à ton honneur, je te souhaite beaucoup de plaisir à Millau.

Commentaire de Epytafe posté le 30-05-2010 à 11:12:00

Yep, Bravo ! Et j'avoue que tu m'as totalement bluffé lors de mon arrivée, réussir à courir encore...! Bravo !

Commentaire de l'ourson posté le 12-06-2010 à 16:58:00

Bravo Vivien,
encore un effort et tu feras moins de 13h32 ;-)
L'Ourson_takin

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