Je vais une fois encore venir me faire l'avocat du diable et apporter une voix dissonante.
En préambule je tiens à préciser que je ne cherche ni à choquer, ni à froisser qui que se soit, juste à apporter une autre façon de voir les choses parce que sinon, je me mets à déprimer et que j'aime trop la vie (ma vie) pour la passer à broyer du noir.
Ce qui est arrivé à Paul Varry, à mon avis, n'est pas à ranger dans ce forum là mais dans un autre plus politique, plus sociétal. On ne parle pas d'incivilité ou de conduite à risque. Soyons clairs, on parle d'un meurtre. Ce mec est un fou furieux qui a disjoncté et qui a tué un homme volontairement par agacement, par colère, par incapacité à gérer son stress ou sa frustration. ça n'est pas le reflet de la cohabitation entre automobilistes et cyclistes. La disproportion est trop importante, c'est à mon sens à voir comme un homme qui a eu la pulsation à un instant T de tuer un autre homme et qui a pu le faire parce qu'il en avait l'opportunité et une arme sur lui, en l’occurrence sa voiture. Ce n'est pas une conduite dangereuse, ça insinuerait que la mort de Paul est un accident. Or il semble à peu près établi que c'est un meurtre.
Lorsque le chauffeur de bus touristique à écrasé volontairement un piéton il y a quelques années, ça n'était pas le signe que les chauffeurs de bus étaient devenus tous fous et qu'ils allaient se mettre à écraser des piétons à tous les croisement et d'ailleurs, ce meurtre n'a pas été le premier d'une série et il n'a rien donné comme indications sur la cohabitation entre les bus et les piétons.
Je ne connais pas Toulouse, enfin pas en vélo donc je me garderais bien d'avoir un avis sur ce qui a été dit avant à propos de cette ville mais j'ai roulé dans quelques grandes ville dont Paris et pour moi il y a quelques évidences. Plus nous sommes nombreux, plus les automobilistes s'habituent à nous et plus ils savent ce qui est "normal" et ce qui ne l'est pas. Plus il y a de cyclistes, plus ils sont en sécurité. J'ai pu à quelques semaines d’intervalles rouler à Marseille puis à Grenoble. Marseille est la ville la moins vélo friendly que je connaisse, Grenoble, la ville la plus plate de France, est totalement envahie par les vélos. La différence est saisissante. Et les comportement des automobilistes tout à fait différents de façon évidente. à Paris, la situation évolue de mieux en mieux, quoi que vous en pensiez. Et quoi que ce fait divers atroce puisse laisser penser. Je vélotaffe depuis bien avant l'invention des vélos électriques et depuis une époque où il n'y avait pas de pistes cyclables ou presque. Aujourd'hui, le confort est la sécurité que je ressens sont sans comparaison. Chaque année qui passe, le nombre de problèmes que je rencontre en allant taffer diminue de façon évidente et pour être tout à fait honnête, la plupart du temps, quand je me retrouve en porte à faux avec un automobiliste c'est de ma faute.
Des gros cons, des mecs bourrés, des automobilistes sous coke ou sous médocs, y'en a toujours eu. Nous sommes à leur merci mais leur capacité de nuisance est en partie limitée par les aménagements qui nous permettent d'être beaucoup moins qu'avant en contact avec eux. Quant aux autres immensément plus nombreux, et donc potentiellement immensément plus susceptibles de représenter un danger, leur norme a évolué avec la bonne connaissance de nos façons de rouler. Eux, les normaux pas bourrés, un peu pressés mais assez attentifs, qui étaient des dangers permanents, ne le sont presque plus ou en tout cas beaucoup moins.
Dans ma pratique du vélo à Paris, 99% des automobilistes que je croise sont courtois, habitués à nous, se poussent spontanément dans les rues où je suis légalement à sens contraire et même lorsqu'il m'arrive de m'aventurer par erreur dans les rares rues de Paris qui ne le sont pas. Je me fais très rarement klaxonner et lorsque je fais de la merde, car ça m'arrive comme tout le monde, je fais un petit signe de la main pour m'excuser et je m'en sors dans 99,9% avec un sourire.
Toute mon enfance j'ai entendu ma mère pester après les "les dépanneurs Darty" et mon père après les "78". Et c'était au siècle dernier. Les ambulanciers, les taxis, les camionnettes blanches à la campagne, les jeunes en solex, les jeunes en mobylette, les jeunes en scooter, les jeunes en mini moto, les jeunes en roues arrière (choisissez votre époque), il y a toujours une catégorie qui est censée faire les pires horreurs et qui son responsable du bordel actuel.
Car tout le monde le sait, c'était mieux avant. Et c'est de pire en pire
Je ne sais pas si vous avez lu "le monde selon Garp" je crois que je l'ai déjà cité ici (je radote, c'est l'âge). Le personnage principal fait de la course à pied comme nous et pendant ses footings, il rattrape les chauffards dans sa rue et les engueule ou leur fait la morale parce qu'ils ont une conduite dangereuse. Et [attention spoiler] au final c'est lui qui provoque un accident atroce en faisant le con avec sa voiture, avec des conséquence tellement épouvantables que j'en ai pas dormi de la nuit quand j'ai lu ce chapitre (et pire encore le suivant).
Et je crois pas qu'on parlait de SUV ou de Fatbike à l'époque...