par Bicshow » 24 Août 2023, 07:47
Après vous avoir donné les grandeurs de l’UTMB (20h de montée, 10h de descente, 10h de plat), après vous avoir rappelé que 34 des 50 première km de la TDS c’est de la route voici quelques conseils personnels pour preparer votre assistance de l´UTMB.
pour qui pratique des sports comme le ski alpinisme qui vit Gwendal Peyzerat vice président de la région rhone alpes, médaillé olympique en patinage, prendre plusieurs minutes de pénalité lors de la Pierra Menta 2013, alors qu'il pointait aux fins fonds du classement, pour s'être débarrassé au pied d'un bénévole d'un gel énergétique ramassé dans la neige, le débat sur l'assistance en trail paraît sur-réaliste. Je ne parle même pas du triathlon où l'epagnol Zamora s'est carrément fait mettre hors course sur l'Embrunman 2012 pour avoir jeté un coupe vent, alors qu'il était en tête.
Dans le délicieux monde du trail, où une partie des pratiquants internautes dépositaires d'un esprit trail aux contours flous mais servi à toutes les sauces à longueur de forum, ce débat sur l'assistance fait rage. Notamment quand arrive le mythique UTMB. Malgré la limitation de l'assistance par le règlement à certains ravitaillement (mais tous autorisés en fin de course), à certaines zones, au volume et au professionnalisme de celui-ci il existe en masse sur l'UTMB. C'est tant mieux !
Si le débat est légitime pour mettre en évidence la différence de dureté de course entre un solo et un utmbiste assisté, je le tranche volontiers pour dire que l'assistance ne sera jamais remise en cause par l'organisation. Pourtant l'UTMB vous place dans une telle situation de confort (16 ravito complet et protégés, sac de change) qu'il ne fournit pas un avantage déterminant. Dans ces conditions pourquoi en avoir un ?
Tout d'abord l'organisation y tient car « de l'assistance » cela signifie des nuits d'hôtel, des restaurants, des coups à boire des achats complémentaires de vêtements chauds (et oui les nuits sont fraiches) et surtout une masse de spectateurs au bord des chemins et de visiteurs dans les salon de trail. C'est un bienfait pour l'économie de la région d'accueil.
Le coureur y tient, l'UTMB pour la très grande majorité d'entre nous c'est un grand plongeon vers l'inconnu, c'est des années à mettre cet objectif dans le viseur car entre les points de qualif et le tirage au sort il faut environ 3 ans de préparation. Il veut donc mettre toutes les chances de son coté et comme l'assistance est autorisée, il veut une assistance.
L'entourage du coureur y tient. En effet, ça fait trois ans que vous lui rebattez les oreilles avec cette foutue course et surtout surtout, vous avez copieusement pourri l'été de votre petite famille en refusant les vacances à l'Ile de Ré pour vous entassez à 4 dans un studio de Puy Saint Vincent où il n'y a que deux bistrots et quatre magasins, deux de sports un pour les clopes que vous avez soigneusement évité et l'épicerie hors de prix. Bref votre ado a découvert le VTT DH mais votre petite dernière vous déteste, votre compagne (compagnon) vous maudit. Ce n'est pas tout, tout un été sans rosé, sans charcuterie, sans fromage et sans mojito au bord de la plage vous a fait passé au mieux pour le dingue de service au pire pour un despote familial. Après ces vacances de rêve vous pensez bien que votre petite famille n'a qu'un souhait : que vous finissiez cette p....n de course pour ne plus en entendre parler et surtout pour retrouver les barbecue rosé au camping des flots bleus. Votre petite famille va donc vous aider à réussir votre pari fou quitte à vous porter sur son dos depuis Champex-Lac.
Enfin cette course n'est pas une course, pour la petite centaine qui cavale devant c'est certainemet une course mais cet article ne s'adressant pas à eux, je peux vous le dire, non l'UTMB n'est pas une course, certes il y a des barrières horaires pour ne pas que vous y passiez une semaine, certes vous avez un dossard, une ligne de départ, une ligne d'arrivée mais ce n'est pas une course. C'est le pari de votre vie, une jolie balade, une immense kermesse, le rassemblement trail de l'année, une foire, un pélerinage, l'UTMB c'est spécial, unique, décrié car commercial, adulé, espéré, fantasmé, bref c'est autre chose. Dans cet autre chose pour la première fois vous allez disposer d'une assistance, comme un pro, comme Alain Prost qui rentre au stand.
Comment préparer votre assistance
L'assistance est à intégrer dans votre gestion de course, c'est pourquoi dans mes conseils vous retrouverez les deux bien emmêlés car indissociables.
La qualité de l'assistance repose en priorité sur le coureur. C'est à vous de préparer votre assistance l'ensemble du matériel, l'ensemble des consignes, l'ensemble des documents utiles fournis par la course ou préparés par vos soins.
Le pire est de confier un sac de matos de faire un bisous et d'espérer que tout se passe bien. J'ai essayé ça ne marche pas. Je vais lister ce qui a marché pour moi, ce qui n'a pas marché et ce que j'imagine marcherai mieux si j'avais à le refaire.
Le parcours. Le parcours de la course c'est super mais en voiture c'est compliqué, votre assistance devra emprunter une autre route, et oui! confiez à votre assistance les cartes routières, vérifiez que le GPS de la voiture ne soit pas limité à la France (et le téléphone!), pour cela même depuis la France essayez Courmayeur et Champex-Lac comme destination, vous verrez tout de suite s'il connait ou pas. Étalez les cartes du secteurs et gentiment montrez les lieux accessibles en voitures (attention des restrictions existent pendant la course même si elles sont assouplies passé la moitié du peloton) montrez votre parcours et le leur.
Ce n'est pas au coureur de gérer le stress de l'assistant, ce qui se voit très souvent mais bien à l'assistant de répondre sereinement aux attentes et angoisses du coureur. Pour cela votre assistant doit savoir exactement ce qu'il a à faire avant votre arrivée.
Passé un certains temps de course, variable pour chacun, le coureur n'est plus lucide, il peut raconter n'importe quoi, C'est donc à vous coureur de préparer votre assistance à opérer avec votre cerveau défaillant, par exemple à Champex-Lac vous devez passer en équipement de nuit, si vous n'y pensez pas vous devez demander à votre assistance de vous convaincre de le faire. C'est votre assistant qui se rendra compte que votre lucidité décline, pas vous, mais il ne sert à rien qu'il vous le dise car vous le nierez. Il devra faire avec, un peu comme avec un enfant ou un vieillard. Calmement.
Le choix du véhicule. En 2013 j'ai voulu que mon assistance soit au mieux, j'ai donc loué un van aménagé, à moins de 2m de haut il n'est pas soumis aux règles des campings cars et offre un maximum de confort avec un vrai lit, un frigo, une cuisine, des bonnes grosses chaises longues et une douche solaire aléatoire. Au pire si vous ne voulez pas investir trouvez un monospace ou un break, virez les sièges arrières mettez y un bon matelas une grosse couette et roule! Et surtout des grosses doudounes et des collants à mettre sous les pantalons, la nuit il fait très froid.
Les assistants. Faire l'assistance solo c'est pire que de courir l'UTMB, il y aura donc l'assistant et l'assistant de l'assistant. Plus de personnes encore c'est sympa mais adieu confort et l'assistant va devoir assister les autres assistants qui eux n'auront au final personne à assister, ça va sous suivez ?
Le choix des zones d'assistance. Il y a celles autorisées, celles interdites et les Chapieux au km50, disons le clairement, envoyer votre assistance aux Chapieux c'est sadique, 150km depuis les Contamines sur des routes ou tenir 50km/h de moyenne est un exploit, entre le retour à la voiture garée aux Contamines et le trajet vous n'êtes même pas sur qu'ils arrivent avant vous. En plus au beau milieu de la première nuit vous n'en n'avez pas besoin. Oubliez. Envoyez directement votre assistance aux Contamines car c'est là que vous passez en mode nuit puis à Courmayeur. Ils pourront passer une bonne nuit à Courmayeur, A partir du 100ème ils passent après 5h du matin, donc pour le gros du peloton c'est pleine matinée. Vous pouvez même les envoyer à Champex Lac car à Courmayeur vous avez un sac d'assistance mais s'ils sont là ils pourront récupérer votre sac et recycler sont contenu et surtout vous voir.
Les Contamines. La zone d'assistance est confortable profitez en pour vous changer intégralement pour passer en mode nuit, vous allez franchir deux cols à plus de 2400m en pleine nuit avec des températures au mieux au dessous de 10 degrés mais surement proches de zéro. Vous serez donc partis (17h30) en tenue super light mode été micro short T shirt blanc super léger. Bref couvrez vous passez en long et change intégral on remet la nok (après un petit coup de lingette) on change slip chaussettes. Pour les lampes optez quand le timing le permet pour la grosse lampe la nuit et la micro lampe de secours (en plus de celle de secours justement) le jour, c'est toujours des centaines de grammes de gagné.
Aux Chapieux il y a un stand Petzl qui change les piles des lampes, quoin qu'il arrive faites les changer, ce qui est fait n'est plus à faire. Gagnez du temps ouvrez la lampe virez les vieilles piles.
A Courmayeur vous avez votre sac apporté par l'organisation, faites un change intégral passez en mode journée, en Italie, quand le beau temps est là ça cogne franchement et j'ai vu des belles défaillances de personnes en noir et en long haut et bas, donc au départ de Courmayeur c'est ultra court et blanc. Vous referez la bascule nuit à Champex au pire et à Trient au mieux (si vous êtes dans les 400 premiers). A Courmayeur sortez avec votre assiette de pâtes mangez la en marchant vers le centre ville, le dessert dans la poche, une fois tout cela avalé, hop poubelle, vous êtes en centre ville, jetez vous en terrasse de café avec votre assistance ce qui permet de faire un point et surtout un bon expresso. Quand vous repartez ceux qui ont mangé assis sont 1km derrière vous et ont pris leur repas dans les odeurs de sueur au lieu d'une superbe terrasse au soleil avec des gens habillés normalement.
En 2013 j'avais préparé des caisses par lieu d'assistance, c'est idiot car entre la météo variable, les besoins variables et le tableau de marche variable il y a beaucoup trop de variables. Prévoyez donc des caisses ou des sacs (moins pratiques) par catégories :
- vêtements chaud et pluie (j'entends grosse grosse pluie voir neige le petit coupe vent réglementaire peut s'avérer trop juste en cas de météo très dure)
– technique : piles, lampes, pièces pour les bâtons, dragonnes, piles, altimètre ou montre, lunettes, pharmacie, lingettes, écouteurs, lecteur mp3.
- change courant: T-shirt, chaussettes, slips, casquettes
– ravitaillement et boissons, bidons ou poche de rechange (en 2008 j'ai fait 30km avec la poche qui se déversait goute à goute dans la raie des fesses c'est affreux)
Tableau de marche: ne fournissez pas un seul tableau de marche mais un tableau à plusieurs colonnes inspiré de celui fourni par l'organisation : le temps du premier, le votre si tout va bien, le votre si c'est miraculeux, les barrières horaires et une colonne vide dans laquelle votre assistant notera le temps réellement effectué comme ça il pourra tranquillement anticiper votre prochain passage au ravito.
Il ne faut pas surprendre votre assistance, elle doit savoir ce dont vous avez besoin. Soit vous téléphonez soit et c'est le mieux un assistant monte à votre rencontre (attention aux zones autorisées) et vous demande ce que vous voulez faire au ravito. Vous allez échanger et déterminer votre assistance, votre assistant appelle votre autre assistant au ravito, lui passe les consignes, il prépare un sac avec ce que vous avez demandé. Faisant cela vous gagnez un temps fou. De la même façon au départ du ravito vous pouvez anticiper les besoins pour le prochain ravito.
Il ne faut pas espérer le ravito comme un havre de bonheur au risque d'y perdre un temps fou, à l'inverse il faut le craindre pour le réduire au maximum, quelques minutes avant d'entrer dans le ravitaillement vous répéterez mentalement tous les gestes à y faire, plusieurs fois pour être sur de ne rien oublier, assistance ou pas. Si vous ne faites pas cela vous entrez dans la tente vous vous jetez sur une chaise vous soufflez longuement « ouuuuuf ça fait du bien » et vous commencez à perdre du temps. Quelques mètres avant je range les bâtons (c'est souvent déjà fait vu que les ravitos sont sur les points bas) j'ouvre les bidons, dès que j'entre je remplis, ensuite je sors mon petit sac de congélation zippée je refais le plein de bouffe, avant j'avais une poche sucré une poche salé, c'est trop compliqué maintenant je mélange joyeusement les tucs le fromage et les fruits secs c'est très bon, enfin je remplis le gobelet de soupe après avoir fait un verre de coca, la soupe aux pâtes c'est certainement le meilleur rapport digestabilité/énergie/réconfort que l'on trouve sur cette course, j'en prends partout où il y en a, même en pleine chaleur, le plein fait je sors et mange ma soupe en marchant. Bilan cinq minutes max, 16 ravito, 5 minutes au lieu de dix comme beaucoup c'est 80 minutes de gagné sans avancer plus vite, de quoi largement voir venir les barrières horaires.
N'engueulez pas vos assistants, mis à part à Champex où j'avais le sentiment que rien n'allait et du coup j'étais un peu boudeur, je me suis efforcé de sourire et de remercier tout le temps c'est indispensable.
Oublie que t'as aucune chance, fonce !
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