Récit de la course : Saintélyon 2012, par Tito69

L'auteur : Tito69

La course : Saintélyon

Date : 2/12/2012

Lieu : St étienne (Loire)

Affichage : 3101 vues

Distance : 71km

Matos : Salomon X-crosmax =...YAKTRAX

Objectif : Terminer

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STL 2012 : Une première !!!

Mon premier CR sur Kikourou, ma première STL. L’âge n’y fait rien, on reste comme des gamins, débordés par ses émotions, ses envies, le doute, et la joie.

 

Je suis au départ un coureur de route, de bitume. Avec surtout des semi. Et deux marathons, un l’an dernier et un en « sortie longue » 15j avant. Pour moi la STL c’est comme un nouveau continent qui s’ouvre, un océan à franchir que ces 71km, ces dénivelés, ces sentiers.  Vais-je y arriver d’abord ? Je me souviens encore où l’an dernier, ayant fait le dernier relais (relais de 4) je voyais ces coureurs franchir la ligne, ivres de fatigues, parfois de crampes et de douleurs, mais avec au fond des yeux cette flamme, ce regard, cette force. Des Finishers. A mon tour d’y être.

 Et dans quel état vais-je finir, en combien de temps ? Dur de se fixer un objectif chronométrique avec tant d’inconnues, mais au fond de moi-même j’espère 9h, j’ai même le plan de course avec moi ! Réalisé par Elcap, l’Elcap Road-Book (ERBSourire pour faire simple).

Kikourou aura joué plus que son rôle dans cette nouvelle aventure. Les récits d’abord, pour apprivoiser dans la tête cette course. Mais surtout car cela m’aura permis de découvrir des coureurs, et de faire avec eux deux superbes recos. Merci à elles, merci à eux, à Arclusaz, Elcap, Nini, Lalan, Marat3h…


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 « La course ».


Samedi soir, derniers préparatifs. Les affaires sont étalées, bien sages, sur le canapé, à côté de mon sac. Tout y est, maintenant on ne rigole plus, y a plus qu’à !

5’ de marche, métro, hop un ticket pour le bus et en route. Les conversations sont sourdes, douces. On parle entraînement, météo, running. Une atmosphère paisible finalement, comme si chacun commençait à prendre conscience des km qui s’annoncent.

Puis c’est l’arrivée sur Sainté, le retrait du dossard. Je rejoins le Flore : Alcap, Nini, Jean-Phi, Arclusaz…ils sont là, tranquilles, sereins. Je reste sage pour ma part et m’isole rapidement pour essayer de me reposer un peu : je crains l’effet de la nuit blanche. La semaine a été trépidante et j’ai plutôt quelques heures de sommeil de retard que d’avances.

23h : départ pour déposer le sac aux consignes extérieurs. Le flux de coureur est dense mais ça défile vite, bien organisé finalement. Un vrai métier ça que de savoir, de trouver comment gérer ces masses.

Le froid est présent, un peu pinçant. J’ai peur d’avoir froid et décide du coup de me réfugier dans le parc des expos et de n’en partir qu’au dernier moment. Première erreur : je devrais le savoir pourtant, rejoindre dans les dernières minutes la ligne c’est partir derrière. De fait mon sas (7-9h) déborde. La pression monte, les cris, les mains, les lumières, musique…entrée en scène des artistes, nous partons pour notre nuit, notre piste de chemins et de bitumes.


Saint-Etienne : objectif départ ERB 0h00, 5’ de retardEmbarrassé

Merde, c’est le départ, et  je ne franchis la ligne qu’ après pratiquement 5’, 3000ème. Ça commence bien. Et pour en rajouter, deuxième erreur,  j’ai mal serré ma chaussure.  200m et premier arrêt pour refaire les lacets. Pour quelqu’un qui aime prévoir, organiser, anticiper c’est fort quand même, blaireau va…Maintenant faut que je remonte des places, car si j’ai bien lu et bien  compris il faut éviter d’être trop derrière !

Du coup je mets le turbo, trop sans doute. Mais là, à cet instant, je ne sais pas, ou pas vraiment, ce que c’est de courir une telle course. Ces premiers kms me libèrent et j’avale. Je double à droite, à gauche, partout où je peux. Bordure, trottoir, hop, pif-paf.

La Croix de Sorbier, Elcap Road-Book 41’, tps réel 46. (Pas si mal, je n’ai pas plus que les 5’ du départ). J’ai rattrapé mon arrêt lacet ! Mental : 17/20, Physique 20/20

Puis ce sont les premières montées et très vite la neige et le verglas fait son apparition. La nuit, la neige, le froid, les montées, les descentes…cela fait partie de la course, et même si j’ose du plaisir qu’on y prend. Mais le verglas non, c’est pas mon truc. Trop peur de me blesser, de me faire mal. Je réduis donc considérablement l’allure, restant souvent dans le sillage. J’hésite encore à passer les « crampons » (Yaktrax), j’ai jamais essayé de courir avec…Mais finalement après avoir assisté à plusieurs chutes, et manqué moi-même de m’étaler plusieurs fois je m’arrête et passe mes outils. Qui a dit que la course c’est dans la tête (et qu’elle commence à Soucieu, faudra me le dire quand même !!!) ? Avec le recul je me rends compte maintenant que Yaktrax au pied, je n’ai plus dérapé. Mais dans la tête rien n’y fait, je reste prudent, et surtout en arrière dans les descentes ! Moi qui voulait au contraire profiter des descente, basculer sur l’avant,  me voilà sur le recul, juste ce qu’il ne faut pas faire ! Je sais, je sens que ça va me coûter cher, très cher : pas de vitesse mais surtout ça pèse sur les cuisses.  Mais là, sur le moment, je ne le raisonne pas. Une prochaine fois peut être, l’expérience c’est ça aussi.


Saint-Christo. Elcap Road-Book 1h42, Tps réel  1h53.

Bon 11’ de retard, mais je me trouve des excuses, Arrêt Yaktrax, Verglas, j’y crois encore ! Mental encore au top, 17/20, Physique tjs bon 15/20 (j’ai gagné 550 places, sans doute quasi exclusivement sur les 8 premiers km)

J’avais prévu de sauter un max de ravito. De la quasi autonomie. Je sais, ça charge un peu le sac mais le temps gagné aux ravitos c’est mon matelas de sécurité, ma poire pour la soif, mon trésor. Et puis surtout s’arrêter c’est se refroidir bien trop vite à mon goût. C’est repartie. La montée sur Moreau est extraordinaire. Je conserverai sans doute toute ma vie ces flash, ces images : farandoles de lumières, guirlandes de frontales, c’est Noël avant l’heure et la STL mon cadeau. La neige est là. Les congères stoppent tout ce joyeux monde et quelques secondes je râlent. Mais aussi vite la splendeur des images s’impose. Je souris, perdu au milieu de tous ces coureurs qui attendent à la queu-leu-leu de franchir, de passer. Mental 20/20, je suis heureux d’être là, 2H30 du matin, au milieu de la neige et du froid, mais je ne changerai de place pour rien au monde


Sainte-Catherine. ERB 3h04, tps réel 3h35. 31’ de retard.

 Et re-merde, mais bon, les bouchons dans la neige ont coûté cher.  Je ne le sais pas mais j’ai encore gagné plus de 500 places. Mentalement ça va encore, 14/20, le physique s’effrite mais tout doucement, 14/20, aligné tout ça.

Et puis à partir de là je suis sur des chemins connus, je l’ai fait en off ! On y va. Ça change tout de savoir, de connaître ou reconnaître. J’en profite j’accélère. Je suis bien, en forme. Du coup, alors que finalement je gère plutôt bien jusque-là, je décide de retirer les Yaktrax ! ça tape trop sur le bitume et je veux pouvoir allonger un peu. Pourtant je ne compte plus les chutes plus ou moins graves que je croise, que je vois. Mais je ne me rends pas compte que la stabilité dont je bénéficie, c’est bien ces petites chaînes qui le mes donne. Paf, ça ne manque pas, la descente après la Bullière me fait chuter. Sans réel dommage si ce n’est musculaire, mais crampe et des chocs dans les cuisses. Au 30ème km… quel con. On étire la crampe, je remets les Yaktrax, on recommence tt doucement. Le mental et le physique ont pris un coup. 10/20. Je relance tout doucement la machine


Saint-Genoux, ERB 4h33, 4h56. 23’ de retard. Je gagne 270 places.Sourire

Mais c’est pas si mal ça ! Chute, fatigue, mais je suis pourtant en train de grignoter du temps, de revenir ! C’est bon pour le moral ça. Allez hop, on ne s’arrête que quelques secondes, un morceau de banane et c’est partis. Mental 14/20, physique pas loin, 12-13/20, ça s'use.

Les descentes commencent à peser. Avec ma chute je me suis mis plus encore sur le recul, si je continue un peu je vais m’asseoir…j’avance mais je consomme du jus et de l’énergie et quand je dis j’avance, c’est pas vraiment vite pourtant. Puis c’est la longue descente vers Soucieu. Allez, je m’imagine que si je veux relancer faut que je retire les Yaktrax. Ni une ni deux je le fait, relance 50m et…pan. Par terre. Verglas 2 – Tito69 0. Ça calme….re-con…je commence à sérieusement sentir les jambes, la fatigue monte. Pas l’envie de dormir mais fatigue physique.


Soucieu, ERB 6h04, tps réel 6h32, retard 28’, je gagne encore 145 places. Mental 10/20, physique pareil.

La fatigue est là, plus que là. Je m’arrête à Soucieu, prend mon temps. Plus de Yaktrax, elles partent au fond du sac. Je recharge aussi un peu les niveaux. Je commence à douter, à craindre la suite. La course commence à Soucieu, la course commence à Soucieu, la course…ben oui mais j’ai trop donné, on va le faire au mental maintenant. La descente vers le Garon va bien pourtant. Je ne vais peut être pas encore assez vite à mon goût mais je suis pourtant dans un bon petit rythme, régulier, le métronome du bitume reprends ses vieilles habitudes. Musique, on avance, on est dans la bulle. Allez, en avant…

Le Garon : c’est le trou. La montée est interminable, je me faits doubler à droite, à gauche. Le naufrage du bateau Tito69 a lieu là, au milieu des rochers de la montée du Garon. Je paye ici les descentes mal gérées, les à-coups, les cuisses sont lourdes. La relance en haut de la montée est dure, difficile. Un pas, un autre, j’essaye, je tente. Une vraie expérience que ce moment qui me forgera j’espère pour tant d’autres courses !


Le Bonnant ERB 7h35, Tps réel 8h12, retard 37 min. Mental 8/20, physique 7/20, Je gagne 113 places.

J’ai renoncé à faire 9h. C’est con mais ça m’a fait douter sur cette portion interminable pour rejoindre Beaunant. Je sais pourtant que plus que le temps, ce que je veux c’est finir la course sans blessure.  Mais ce « petit renoncement » entame le moral. Je m’arrête plus longuement à Beaunant, on grignote, on bois un peu. Puis c’est la côte de Beaunant, je sais qu’il faut que je travaille les montées, mais je suis presque content de pouvoir marcher. La montée est longue. Mais le plus dur est à venir : au bout de la montée impossible de relancer, les muscles endoloris se sont refroidis. Et là rien, nada, je ne peux pas courir. J’essaye, mais les muscles refusent, renaclent, crient et désobéissent. Un pas, puis deux. 5m, 10…a force de persévérance, de persuasion, de dialogue (avec qui ? Ben avec moi-même, mes petites jambes, mes muscles à moi. C’est normal pour un coureur après 9h de course non ?), bref j’arrive après bien longtemps à repartir. Oh c’est pas de la course, pas même du footing, mais des petites foulées cramoisies. Tout ce que je peux faire à cette heure.

Lyon Centre 9h22, j’ai perdu 60 places.

La descente sur Lyon a été longue, les quais sont terribles. Rien de grave, mais un épuisement physique profond. Ces quais à cette heure-là c’est un Everest, chaque mètre mon marathon, chaque cailloux une montagne. Je cherche au mental, au fond de moi les ressources pour finir, terminer. Je me traîne…62ème km je marche. Plus rien, plus de jus et plus possible de courir. Un pas, un autre…et puis après un peu plus d’1 km j’essaye, une fois, deux fois, dix fois de relancer la machine, de reprendre ce footing cramoisie. A force de persévérance, de ténacité, j’y arrive. Les derniers kms sont longs, si longs….plus qu’un km, 500m…50m…toute ma petite famille est là, 50m avant l’arrivée. Nous franchissons ensemble la ligne. Je suis ailleurs, vidé comme je ne l’ai jamais été, un état second, mais je l’ai fait. 9h47 (bon 9h42 ayant franchis la ligne à 5)…après quelques minutes c’est un grand moment de plénitude.

Mental 18/20 !!! Physique 2....

 

Conclusion

Après trois semaines je sais que j’ai aimé courir, parcourir sentes et chemins sur cette belle distance. Cette STL me confirme un peu plus ce bonheur du Trail et d’une « certaine distance ». Je ne sais pas encore où ni comment, mais pour 2013 j’ai envie de faire un ou plusieurs Trail « longs ».

Je sais aussi que le verglas a été le point noir. Je ne sais pas si je referais la STL. Cette course est magique : la nuit, le parcours…tout m’inciterai à la refaire. Mais le verglas non, c’est une limite pour moi.

J’ai enfin appris sur moi, sur mon entraînement (pas assez de dénivellés, les montées…ben oui !).

STL 2012, j’y étais.

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9 commentaires

Commentaire de Jean-Phi posté le 13-12-2012 à 11:42:32

L'essentiel pour une 1° est de finir... et tu as fini ! On sent bien que ce fut du passé Soucieu. Pour te consoler c'était dur pour tous (je te renvoie à mon propre CR pour te rendre compte. La fin est faite au mental bien souvent. Bravo à toi !

Commentaire de Arclusaz posté le 13-12-2012 à 12:01:21

Magnifique course et super premier CR.
On voit que ton passé de bitumeux te sert : tu es à l'agonie à la fin mais tu avances quand même beaucoup plus vite qu'une enclume comme moi !
Tu garderas, comme beaucoup, toute ta vie les images du Moreau dans la tête : mais tu vas aussi t'en fabriquer plein de nouvelles. Bienvenue au club.

Commentaire de sebmelalix posté le 13-12-2012 à 16:04:49

Bravo pour les 2 premières, le récit et la course.
Comme tu l'as dis c'est une super expérience et l'année prochaine il y aura moins d'aprehension et d'inconnu.
Moi, je te donne 18/20 ;-)
Au plaisir de se rencontrer

Commentaire de sabzaina posté le 13-12-2012 à 20:50:33

"Mental 18/20 !!! Physique 2...."
MDR, c'est tellement ça; on est minable physiquement mais tellement heureux...
Bravo !

Commentaire de Byzance posté le 13-12-2012 à 20:54:43

Ta course me rappelle bcp la mienne en 2009 avec une remontée "fantastique" et une fin pour le moins difficile. Bravo pour tes 1eres.

Commentaire de franck de Brignais posté le 13-12-2012 à 21:35:53

Bravo Finisher !! Peu importe les plans, l'essentiel est le plaisir que tu as pris, l'expérience acquise et l'envie de retenter du "trail long" ... bienvenu dans un autre monde !!

Commentaire de freddo90 posté le 14-12-2012 à 14:20:57

Bravo pour la course et avoir garder le mental ;-)

Commentaire de freddo90 posté le 14-12-2012 à 17:32:35

Bravo pour la course et avoir garder le mental ;-)

Commentaire de RVLF posté le 15-12-2012 à 08:10:08

Bravo tu as terminé ! Merci pour ce récit.
Comme moi venu du bitume et jamais de long ...
Moi aussi j'ai maudit le verglas et cela m'a refroidi pour revenir.
Du long oui mais mais dans ces conditions !!!

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