Récit de la course : Le Tour des Glaciers de la Vanoise 2005, par LtBlueb
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Tour Des Glaciers de la Vanoise
Préambule
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Restant sur 2 échecs au Grand Duc en 2003 et 2004 lors du classique
ultra trail de début d'été, j'avais choisi le Tour des Glaciers de la
Vanoise [70km, 4000mD+], 2ème édition du nom, histoire d'enrayer la
spirale de "la ligne d'arrivée non franchie". Certes distance et
dénivelé sont relativement comparables, mais la différence (10km et
600/800m de dénivelé) est importante lorsqu'on sait que les temps
limites entre ces 2 épreuves sont similaires... Un début d'année assez
actif (Raid28, St Nazaire, Franchir, Marathon de Paris) me force au
repos quasi forcé de mi Avril à mi Mai (Fascia Lata). Reprise
progressive, début Juin est rapidement là. Côté foncier, je n'ai pas
trop d'inquiétude ; par contre, côté D+, c'est pas le top...même si la
lourdeur a laissé la place a une foulée plus aérienne (on ne rigole pas
dans le fond de la classe ;-) ) et de meilleures sensations. Bref je
vais consacrer 3 semaines a améliorer cette foulée ;-) prenant même le
risque de faire une avant derniere semaine assez chargée...
Samedi 2 Juillet, j'arrive à la bourre a Pralognan (le briefing est
terminé), tombe sur Nitram au retrait des dossarts : sympa le tee shirt
de l'organisation; puis on retrouve une tablée d'UFO à la pasta party
pour un moment bien sympathique.
La fraicheur du soir tombe, alors direction le camping, pour une courte
nuit de sommeil, une de plus dans cette semaine ou les nuits furent
fortement perturbées par la varicelle du fiston.
Jour J
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3h45, "ehhhh Blueb, t'es réveillé ?" Nitram, qui a passé la nuit dans sa
voiture à quelques mètres, me sort de ma torpeur. Bonne nouvelle, il
fait 10°C au lieu des 4-5°C annoncés. Je m'habille rapidement. Côté
équipement : short, tee shirt, chaussures trail addidas response, coupe
vent pour le départ et le passage eventuel du dernier col en fin de
journée (2900m), casquette saharienne, poche a eau 2L, 4 sacs de
recharge de poudre énergetique dosé a 60gr/l (malto+hydrixir) , un tube
de sporténine, 1 gel Maxim, appareil photo numérique, téléphone
portable, couverture de survie, le tout dans un sac DK5L, gonflé à bloc.
Mes soucis gastriques du Grand Duc 2004 m'ont amené a redéfinir une
stratégie alimentaire ultra que je pensais rodée :
- j'ai remplacé maxim neutre par un mélange de malto et d'hydrixir
(dextrose+ sels minéraux)
- soupconnant le recours (abusif ?) aux produits sucrés comme étant la
cause essentielle de mes problèmes de saturations gastriques, j'ai
décidé de n'ingurgiter aucun produit sucré pendant l'epreuve (sauf coup
de barre soudain ou je m'autoriserai un gel)
- bref 2 différences (apport continu de sels minéraux et aucun produit
sucré) que j'espère payantes par les conditions de fortes chaleurs prévues
5h, le peloton d'environ 250 coureurs s'élance derrière Philippe
Delachenal, l'organisateur ; plus du double d'inscrits par rapport à
2004, malgré une forte "concurrence" en ce 1er week end de Juillet ;
c'est la preuve que le bouche à oreilles a véhiculé les bonnes
impressions de la 1ère édition. La première partie est constituée d'un
longue montée nord-est vers le Col de la Vanoise, soit 1100m de
dénivelé, histoire de se mettre en jambe. Fidéle à mes habitudes, je
pars très tranquillement et profite du lever du jour pour prendre des
photos (a priori j'ai dégainé un peu tôt). Nous rentrons dans le parc
national. Quelques dizaines de mètres devant moi, Gilbert vient
d'adopter son rythme de croisière, je ne le reverrai qu'à l'arrivée.
Parvenu au Lac des vaches, nous traversons celui ci via un gué original
aménagé en son milieu. Puis nous passons au pied de la Grande Casse,
admirons ses glaciers suspendus avant de rallier le refuge du Col de la
Vanoise, situé a 2500m, théatre du 1er ravitaillement [8 Km, 2h,
1200mD+]. Ayant peu consommé en ce début de course, je prends soin de
bien boire avant de repartir sans remplir ma poche a eau, dans laquelle
il me reste 3/4 de litre, de quoi tenir jusqu'au prochain ravitaillement.
Le 1/4 d'heure de cheminement qui suit est fantastique : un plateau
truffé de lacs, innondé de soleil et qui s'ouvre vers tous les sommets
orientaux de la Vanoise.
J'en profite pour tomber le coupe-vent. Puis un gigantesque pierrier
accompagne le début de notre rotation vers le Sud et une succession de
petites montées et descentes, qui nous laisse entre 2300 et 2500m
d'altitude jusqu'au refuge de l'Arpont [21km, 4h, 1600mD+] ou je fais le
plein de ma poche à eau, mange 2 ou 3 gateaux salés et tente de soulager
un début d'ampoule au talon. Dawa est passé au même endroit il y a 1h30.
A peine reparti, le Toutou et sa bande de joyeux lurons ont la bonne
idée de me passer un petit coup de fil : ca chambre mais c'est de bonne
guerre ;-)) Le sentier en balcons est toujours aussi sympathique passant
au pied de la Dent Parrachée. Physiquement, je me sens toujours bien.
Depuis le début , j'alterne des périodes de progression en solo et
d'autres moments en duo, avec des coureurs que j'ai rattrappe ; ainsi je
passe un bon moment avec un voisin Grenoblois, le genou strappé, qui
sort de 4 années de galère à cause d'une aponévrose ; coureur de bon
niveau, il est la aujourd'hui simplement pour finir , je ne sais pas à
ce jour s'il est parvenu au bout... plus loin, je passe un moment avec
un savoyard, qui connait le coin par coeur, ayant fait le tour en rando
à 2 reprises ; ignorant le temps que je peux mettre pour boucler le
tour, il me prédit 14h... Au loin, plein Sud, la Barre des Ecrins émerge
dans les nuages.
Un large chemin nous amène au sommet d'une prairie assez pentue, dont
la descente s'effectue via une série de large lacets ; je prends le
risque de couper certains lacets en suivant des morceaux de chemins non
officiels ; certes je fais du coup moins de distance (j'ai bien du
gagner 100m sur les 4 ou 5 lacets) , mais au détriment de mes quadriceps
et de mes chevilles ; en haut de la pente, un coureur se met à m'interpeler
bruyamment en me voyant "couper" ; persuadé de mon bon "droit" je
laisse tomber et continue ma route mais j'avoue que ce tohubohu
m'interpelle sur ce type de course : franchement je n'ai pas
l'impression de tricher, tout au plus de choisir mon terrain a travers
la pente en suivant une trace déjà existante ; absent du briefing la
veille, je me demande un instant si j'aurais manqué une consigne...
L'arrivée au point de ravitaillement suivant est pénible sous un cagnard
terrible et via un chemin de 4*4 très pentu sous les remontées
mécaniques.Le refuge de Plan Sec lui est plutot sympathique [37km, 7h10,
2400mD+].
Ne sachant pas faire de pauses courtes, je repars au bout de 10'...
L'itinéraire contourne par le nord les 2 retenues du "Plan d'Aval" et du
"Plan d'Amont", situées 500m plus bas, descend autour de la côte 2200m
avant de remonter sur l'autre versant. La descente dans les cailloux sur
un sentier très étroit favorise un regroupement d'une dizaine de
coureurs et nous franchissons ensemble en groupe le Col Barbier. Ayant
rejoint Bébert, UFO alsacien rencontré à St Nazaire, nous passons un
bon moment ensemble découvrant notamment trois chamois dans une petite
barre rocheuse au dessus du sentier. Habituellement mes petits soucis
gastriques se déclenchent autour des 8-10 heures de course ; aujourd'hui
rien à signaler ;-) Certes les jambes commencent à tirailler, la
progression en côte se fait plus lente, mais aucun signe de coup de
bambou...J'abandonne Bébert dans le raidillon situé à la sortie du bois
du Bourget et j'arrive au Plan d'Orgères, poche à eau vide. J'utilise ma
derniere recharge d'Overstim, ingurgite deux verres de coca et prends 2
ou 3 photos [49km, 9h40, 2900mD+]
10' de pause et c'est reparti pour le gros morceau de la journée,
l'ascension du Col de Chavières, une longue ascension de 6km pour 1000m
de D+. Le départ est difficile (fortes pentes) et s'effectue sous une
bonne chaleur. Puis la pente s'atténue et s'enfonce dans un large vallon
qui débouchera plus loin sur le col, pour l'instant invisible. Je
rattrappe un coureur ; celui ci victime d'une entorse 20km auparavant
avance à faible allure et souhaite aller jusqu'au bout : est ce bien
raisonnable ? Je lui souhaite bon courage, songeant qu'il aurait peut
être du stopper au plan d'Orgères. D'un autre côté, l'abandon est
fortement dissuasif sur cette épreuve...Parvenu sur un replat, je
constate qu'il reste un bon bout de chemin jusqu'au col, enfin visible,
magnifique entre 2 pointes rocheuses. Le coin est tellement beau que je
me laisse aller à faire un petit sitting dans l'herbe. J'avale mon 1er
gel de la journée en estimant qu'il reste 1h d'effort pour terminer
l'ascension et que je risque d'en avoir besoin. La longue approche vers
le col se termine et la pente s'accentue. Je rejoins un coureur qui
souffre, au moment de prendre pied sur la langue de neige sommitale.
J'échange quelques mots avec les 2 gendarmes qui controlent les passages
et qui bronzent depuis 9h du matin [Km55, 11h50, 4000mD+] avant de
basculer dans la pente.
Le parcours n'étant pas balisé puisqu'il emprunte les GR5 et 55,
l'orientation se fait souvent au feeling, d'un cairn vers un autre, ou
parfois d'un coureur vers un autre ;-). Au niveau du refuge de Péclet
Polset, le sentier rejoint un chemin plus large, sur lequel est il plus
aisé de courir. Ayant effectué 2 ou 3 kilomètres, je constate que ma
poche à eau est maintenant quasiment vide et je commence à
m'inquiéter de ne pas trouver le refuge prévu dans la descente.
Effectivement le roadbook précisait qu'il fallait remonter sur le refuge
pour trouver un point d'eau : too late ((-: Ignorant la distance à
parcourir jusqu'a Pralognan, j'angoisse un peu..., de meme qu'un
coureur que je rejoins et qui est dans le meme cas que moi : un couple
de touristes croisés à ce moment nous annonce 4km (10km en réalité).
Heureusement, 2 kms plus loin, un ravitaillement tout ce qu'il y a de
plus officiel, tenu par des gens charmants, nous permet de faire le
plein. Il reste 8km que je vais parcourir en trottinant continuellement.
Longue la descente ;-) Je cherche des yeux à tout moment les 1ers
chalets de Pralognan, constate qu'ils nous ont meme rajouté quelques
raidillons mortels dans les derniers kms. Je reviens sur plusieurs
coureurs qui terminent en marchant ; désolé je continue, pas le courage
de marcher ;-) Puis c'est un camping, quelques rubalises, le podium et
la ligne d'arrivée,que je franchis en trottinant, mais j'en ai plein les
pattes ;-)) [Km70, 13h50, 4000mD+]. Passage sous la douche, repas
d'arrivée en compagnie de Gilbert, démontage de la tente et je file sur
Grenoble, essayant d'obtenir des infos de nos probables finishers Grand Duc.
Conclusion
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* Paysage grandiose et sauvages,organisation top et connaisseuse,
ravitaillements très bien fournis et tenus par des bénévoles souriants
et sympathiques, cet ultra trail est le top du top . J'y reviendrai.
* Physiquement, je suis content d'avoir terminé sans connaitre de
véritable coup de barre ; je reconduirai l'expérience malto/hydrixir ;
cette experience réussie, je me sens apte à passer à une éventuelle
étape supérieure, surtout en considérant que je n'ai fait aucun trail de
préparation (juste un peu de rando)
* Premier trail avec des batons, que j'utilise habituellement plutot en
randonnée ; j'ai vérifié le soulagement significatif en montée, ainsi
qu'une stabilité et une assurance accrue en descente : test positif.
* Sympa de retrouver quelques têtes connues et d'avoir pu mettre un
visage sur certains pseudos d'UFOS
* Les photos sont accessibles à l'URL suivante
http://coureurs.ultrafondus.com/coureurs/ltblueberry/TGV/Photos/index.htm
Voilou, bravo si vous avez lu jusqu'ici !
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