Récit de la course : Cross d'Ercan 2008, par Rag'

L'auteur : Rag'

La course : Cross d'Ercan

Date : 30/11/2008

Lieu : Erquinghem Lys (Nord)

Affichage : 1839 vues

Distance : 8.2km

Objectif : Pas d'objectif

14 commentaires

Partager :

5 autres récits :

AAAHHHH, Cross alors!

Chose promise, chose due…

J’ai promis de relater les péripéties de mon premier cross et, bien que l’inspiration ne soit pas au rendez-vous, je m’y attelle tant bien que mal.

 

Ce 30 novembre était un 30 novembre comme les autres : un peu après le 29 novembre et juste avant le 1er décembre. « Rien de bien original… » me direz-vous. Soit, j’en conviens. Néanmoins cela tombait pile-poil un dimanche ; et que se passe-t-il tous les dimanches en novembre ? Hein ?......... Et bien, il y a des cross. Bien froids, bien boueux, bien humides. A croire que les organisateurs le font exprès !!!!! Ouais, c’est ça, c’est vachement bien pensé. Leurs esprits retors et malades cogitent des mois et des mois pour organiser une gigantesque foire à la boue, un salon exceptionnel de la ramasse, un super colloque de la figure libre incontrôlée. Pervers !!! Donc je résume : le 30 novembre tombe un dimanche et ce dimanche, il y a un cross à Erquinghem-Lys. Petit ville proche d’Armentières mondialement inconnue et célèbre pour sa retenue et sa modestie. Je ne vous dis que ça.

-   Erquinghem-Lys ? Pourquoi Lys, monsieur????

-   merci pour la question, p’tit con. Je ne te remercie pas de me l’avoir posée. J’ai d’autres chats à fouetter, à égorger, trépaner, étriper, écarteler, empaler que de répondre à tes questions pertinentes mais non moins embarrassantes.

-   Hein, dis. Pourquoi Lys et pas Pétunia ou Rhododendron ? Hein, monsieur ?

-   Parce que ça ferait vraiment trop con. Et que c’est comme ça et pas autrement et…et… ta gueule ! Tu imagines Le Touquet-Paris-Plage s’appeler autrement ? Le Touquet-Moulins-Aire d’Autoroute, ça sonne moins bien et surtout ça fait moins rêver du coup… Mais ne trépigne pas, jeune bambin inculte et boutonneux, le hasard fait encore une fois bien les choses. Par chance, Erquinghem-Lys se situe le long de la rivière Lys, de ce fait les habitants d’Erquinghem-Lys se tapent un petit peu moins la honte. Z’ont eu chaud !

-   Merci, m’sieur.

-   Je t’en prie. Le plaisir est pour moi. P'tit con.

 

            Donc. Où en étais-je avant d’être sauvagement interrompu par ce futur délinquant chevelu acnéique et pollueur nocturne ? …………………………………….. AAAAAAAaaaaaaaaaaahhhhhhhhhhhhhhhhhhh, oui, c’est ça ! Je vous parlais du cross d’Ercan à Erquinghem-Lys alias la cité d’Ercan, d’où le nom du cross. Pas bête, hein !

 

            Le départ est programmé pour 10h30 et je donne rendez-vous à mon collègue Fabrice vers 9h30 pour le retrait des dossards, la préparation mentale (« i’fait frooooiiiiiiid, i’pleuuuuuut, ça gliiiiissssse put….., ch’rais mieux dans mon pieu, etc…) et la préparation physique (je trottine, tu trottines, il, elle, on trottine, nous trottinons, vous trottinez, ils trottinent…….. i’fait froid, …). Entre temps je rencontre Manuwak  qui me semble bien affûté, motivé, déterminé. Je ne vois pas pourquoi cela se passerait mal pour lui étant donné qu’il a explosé toutes ses perfs depuis un an. Chapeau bas, Monsieur Manuwak !

 

Je tiens à préciser que je me suis relativement bien couvert en ce 30 novembre car il pèle « grave » comme disent les jeunes voire « trop grave, lol, ptdr,… ». J’ai pourtant la sale habitude de me pointer sur les lieux de course avec, comme disent les moins jeunes, « ma bite et mon couteau ». Bon, question « bite », étant donné la température, je ne peux prétendre à rien, et question « couteau » (pardonnez ma vulgarité), j’en ai pas, c’est juste pour l’image…Pour la biloute, on en reparle plus tard, j’vous l’promets…. Donc je suis emmitouflé tel Nicolas Vannier : survêt’ tricoté Merinos, polaire triple épaisseur, chaussettes en poils de phoques retournés (ce sont les phoques qui sont retournés sinon c’est moins chaud) et bonnet Kikouroù dans le faible espoir de me faire remarquer par quelques collègues du forum que je ne connaîtrais pas encore… J’erre quelques minutes dans le local où s’entassent les coureurs. Il y fait chaud et humide et ça sent un peu le renard. Tiens ! Ca me fait penser à Régine… Passons.

 

C’est mon premier cross et je n’ai aucune idée de ce qui m’attend. Enfin si. Je pensais devoir faire un mini-trail : un peu d’herbe, quelques bobosses et un chouia de bouillasse. QUELLE ERREUR ! Je me suis fourré le doigt dans l’œil jusqu’à l’omoplate ! La réalité est bien différente.

Je suis chaussé de mes trails ASICS et durant l’échauffement, je me rends vite compte que l’investissement dans des pointes ne sera pas du luxe pour les années à venir. Trotte, trotte, trotte, genoux, genoux, genoux, fesses, fesses, fesses, vite, vite, vite, crotte, crotte, crotte (eh, oui, c’est le matin et toutes ces secousses….). Une fois, mon offrande à Mère Nature déposée, je me hâte vers la ligne de départ où je fais la connaissance de Canadou qui, honteux de son T-shirt Kikouroù, l’a caché sous sa veste (je balance « grave » comme disent…..). Quelques amabilités échangées et le starter donne le départ à 10h30 pile.

La meute s’élance. Ca bouscule, ça pousse, ça dérape. Un goulot d’étranglement oblige tout ce beau monde à ralentir quelque peu. Je manque de tuer une jeune femme avec mon coude, j’ai frôlé l’émasculation en ne voyant pas une barrière sournoisement installée à l’entrée d’un virage en épingle, j’ai risqué la décapitation en négociant mal un appui juste avant un petit obstacle de 40 cm. Quelle entrée en matière !

Le début de la course consiste en une moyenne boucle de 2 kms environ où la boue est omniprésente. Je négocie tant bien que mal les virages car mes appuis sont fuyants. A chaque fois, je serre les dents, les fesses et les poings et me dis intérieurement : « tourne, tourne, tourne, trop large, trop large, trop large, aïe, aïe, aïe ! » Comme cela relève plus de l’équilibrisme, je prie le seigneur qu’aucun photographe n’aura la mauvaise idée de me prendre en photos à ces endroits là. Il y a peu d’endroits qui permettent de souffler, d’adopter un rythme régulier. Il faut sans cesse tourner, relancer, trouver des appuis, grimper, sauter. Je regarde mon cardio et m’étonne que ma FC ne dépasse pas les 174. Sur un 10 kms, j’arrive à tenir 178 sans problème et là, impossible de grimper. Bizarre. Je finis cette première boucle avec la désagréable impression d’être parti trop vite car, à chaque fois que je me retrouve dans un groupe de coureurs, j’ai toutes les peines du monde à les accrocher durablement. La deuxième boucle est identique à la première mais nous faisons une incartade dans le centre équestre où ça glisse énormément. Je patine à de nombreuses reprises (trop à mon goût, toute cette énergie pour que dalle !). Il y a deux ou trois obstacles bien « casse-pattes » et une butte que je qualifierai de « merdique ». Je sais c’est un cross, pas un footing pour grabataires ni un enduro de déambulateurs. Mais le plus drôle est à venir… Le plus drôle, après coup évidemment.

Je finis tranquillement le deuxième tour, me disant que j’ai fait le plus gros, que je vais pouvoir faire hurler les chevaux (qui se révèleront être des poneys. Nains, pour ne rien vous cacher) sur les 3 derniers kilomètres, que la boue va gicler, l’herbe être broyée par ma foulée puissante, rageuse et dévastatrice. Sortez les casques, les lunettes de protection, les genouillères et coudières, le Rag’ est chaud bouillant et ce p… de cross de mes deux va voir de quoi je suis fait……………………………………. de Flamby, de guimauve, de Vache Qui Rit en fait. Alors que je tente de suivre deux ou trois coureurs (mes neurones ne sont plus assez oxygénés, j’aperçois un long tunnel et une lumière blanche. Elvis me salue, C Jérôme m’interpelle, je….. je…. Où suis-je ?.....), ma foulée aussi aérienne que celle d’un tractopelle à qui l’on a crevé les pneus me conduit à négocier un virage d’une manière un peu spéciale… Je m’explique. Voyant qu’à mes trousses, des concurrents mal intentionnés ont une forte envie de me dépasser et de me déposer comme une vieille merde (Vous visualisez ?), je décide d’appliquer la technique célèbre et non brevetée car totalement inefficace du « Valdinguage aérien avec extension abdominale et réception longitudinale suivi d’un écrasement facial sur herbe boueuse agrémenté d’un « PUTAIN DE BORDEL DE MERDEUUUUUUUUUU !!!!! », le tout dans le vain espoir soit de déclencher l’hilarité de mes poursuivants, soit l’admiration béate devant une telle figure acrobatique, soit la peur devant une telle prise de risques, même involontaire. Pour vous donner une idée, j’ai tenté un remake des « slow motion » de Matrix sans les lunettes noires et le pardessus ! C’est spectaculaire ! Je sais, j’y étais. Malheureusement. Pour ne rien vous cacher, ma tactique de diversion ne fonctionne pas vraiment. Ou si. Le seul concurrent ébahi, c’est…. Moi. Je me relève, répond à un coureur qui me demande si ça va. Je réponds que « oui, rien de mal » mais en mon for intérieur résonne un cri de désespoir : « NON, MAIS ! QUEL CON ! QUEL CON ! » La relance est difficile, je n’ai mal nulle part, c’est déjà ça ! Un lent et inexorable enlisement commence alors que je passe une avant-dernière fois sur la future ligne d’arrivée.

Le parcours est de plus en plus boueux, plus moyen de jouer les cabris. Le cabri a trois kilos de terre sous chaque semelle ! Les encouragements font du bien alors que chaque virage, bosse, dévers fait mal. Je m’aide des bras quand je le peux, je prends les virages au plus court, toujours ça de gagner. Je tente de ne plus me faire dépasser, de garder un certain rythme à défaut d’un rythme certain. Nous rentrons une nouvelle fois dans le centre à bourrins (je ne dis plus équestre car je suis alors de mauvais poil) où la boue est mooooolllllleeeee, sournoise, froide. Je n’arrive plus à monter les genoux et j’ai la vague impression que mon style ne fait pas rêver… Ca fait splish, splash, sploush, shlissss, badam badoum. Vive le bitume, le béton, les trottoirs, la pierre ! Je suis content d’en avoir fini avec cette partie car la fin me semble un peu plus « roulante » avec un seul obstacle qu’il faudra négocier avec toute la lucidité qu’il me reste. Virage à droite, à gauche, je croise Manuwak qui va en finir d’ici 45 secondes. J’essaie de me relancer pour finir sur les chapeaux de roues malheureusement je n’arrive pas à trouver les ressources physiques et morales pour cela. Je finis les 500 derniers mètres seul, incapable de rattraper un gars qui est vingt mètres devant, chose que je sais faire sur un 10 kms. Je passe la ligne d’arrivée en 37’35’’. Fatigué mais en n’ayant pas su accélérer comme sur les courses sur route ; il faut travailler tout ça rapidement.

 

Une fois mon dossard rendu, je me précipite pour voir enfin arriver Fabrice qui en a bavé plus que moi. Il n’a plus couru depuis deux mois et c’est également son premier cross boueux. Nous arrivons à la même conclusion : le cross, c’est plus dur que les 10 kms mais c’est sympa. Près du ravitaillement, je croise Manuwak qui, une fois n’est pas coutume, a battu son précédent record de 30 secondes. Re-bravo Manu !

Nous ne traînons pas dehors et rentrons nous couvrir. Fabrice et moi sommes décidés à réitérer cette expérience rapidement avec le cross de Roncq et de Liévin. Pourquoi pas ?

Voilà comment s’est passée ma première expérience du cross. J’en redemande.

 

FIN

 

 

PS : « et ta biloute ? » me demandez-vous. Il est vrai que je devais aborder le sujet, je vous l’ai promis plus haut.

         Après avoir franchi la ligne d’arrivée et m’être couvert d’une polaire et d’un coupe-vent, mon pote Fabrice me décoche un « purée ! c’est quoi ça ? kèstafoutu ? » en pointant mon entrejambe. Je baisse les yeux et que vois-je ?????????? Une ENORME………. tâche de sang ! Me serais-je fait émasculer durant la course ? Me serais-je coincé le « robinet » dans des ronces sans m’en apercevoir ? Souffrirais-je d’une infection urinaire à « pisser des lames de rasoir » ? Que nenni. L’explication me vient rapidement car des signes précurseurs étaient apparus durant mes dernières sorties vêtu de ce short Raidlight…….. J’ai oublié une râpe à gruyère dans le caleçon. Quel étourdi je suis ! Non, je déconne (comme si il était nécessaire de le préciser. Enfin, on ne sait jamais…). Le caleçon à l’intérieur du short est devenu abrasif et Popol finit par être irrité. Bon, j’avais déjà eu quelques brûlures sur le « casque » auparavant mais pas à un tel point. Pour cautériser la plaie, j’ai versé du vinaigre….. Je déconne une nouvelle fois. Tout ça pour vous dire que j’ai inauguré une nouvelle sorte d’irritation : la zizirritation qu’on l’appellera.

         La prochaine fois, soit je le strappe avec de l’Hansaplast soit je débarque avec un tube de vaseline et m’en badigeonne la nouille. Mais il faudra faire ça discrètement, je ne veux pas avoir d’autres problèmes d’irritation…..

 

FIN pour de vrai

14 commentaires

Commentaire de Manuwak59 posté le 03-12-2008 à 23:13:00

Excellent Rag mais n' oublie pas tes pointes et un survêt pour popol pour le prochain cross !!
A trés bientôt........

Commentaire de Epytafe posté le 04-12-2008 à 02:12:00

Belle course, mais la prochaine fois fais-toi filmer, je suis sûr que c'est plus drôle sur youtube ce genre de récit...

Commentaire de L'Castor Junior posté le 04-12-2008 à 06:37:00

Attention : Manu a raison, mais évite le casque à pointes pour Popol :p

L'Castor Junior_merci_pour_ce_CR_d'anthologie_!!!

Commentaire de canard49 posté le 04-12-2008 à 07:35:00

Génial, tout simplement, merci pour ce Cr hilarant. Je te propose de faire un max de cross pour écrire un max de cr du même acabit.
Bichonne bien Popol !!
Alexandre

Commentaire de fanfan59 posté le 04-12-2008 à 07:46:00

Beaucoup de plaisir à lire ton cr. Très joli cross ! Soigne-bien ta zizirritation ! (il n'est pas rare de voir les mecs se masturber avant une course, crois-moi, mais au moins ils n'ont aucun problème. Alors la prochaine fois, n'hésite pas, enduis-toi de pommade). J'espère qu'aucune autre douleur n'est apparue après ta chute. Bonne récup.

Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 04-12-2008 à 07:58:00

La criiiise, un cross sans pointes ! Myocastor est un Kamikaze ! Bravo pour la chute ! Alors la biroute, vous l'appelez biloute dans le Nôôôrd ? Tu la salueras de ma part et tu diras à Madame que je suis désolé pour elle.

Commentaire de Francois dArras posté le 04-12-2008 à 08:32:00

Des pointes ? C'est pour les danseuses... La prochaine fois tu ressors tes crampons de rugby coqués équipés de 8x18mm limés. Et là tu fonces dans le tas en écrasant les malheureux tombés par terre. Un vrai buldozzer...
Ils feront moins les fiers.
Ou alors tu essais les skis et tu t'accroches aux premiers.

François_qui_fait_le_malin_mais_finirais_dans_le_ravin_s'il_essayait

Commentaire de jepipote posté le 04-12-2008 à 17:07:00

un grand moment de lecture... vraiment merci, mais du coup j'suis plus très sur de vouloir refaire un cross un jour-))

Commentaire de grandware posté le 04-12-2008 à 17:55:00

Putain c'est trop long... Et t'étais pas inspiré !!! La prochaine fois, fais une cassette....

Commentaire de ch'ti vincent posté le 04-12-2008 à 19:12:00

Refais-nous vite un nouveau cross,afin que nous ayons a nouveau l'occasion de te lire, c'est toujours un régal.
Bravo pour cette première !
Tu penseras a la vidéo pour ton prochain ?

Commentaire de JLW posté le 04-12-2008 à 22:18:00

1er CROSS et tu as tout compris et tout retranscrit. Chapeau, moi il m'a fallu plusieurs saisons pour savourer tous les bienfaits et tous les bons côtés de ces épreuves pleines, concentrées et qui laissent des traces et des souvenirs !

Et comme les autres, vivement les prochaines récits.

Commentaire de chtigrincheux posté le 05-12-2008 à 05:17:00

Il en reste peu des lys le long des berges de la Lys c’est bien dommage cette fleur est bénéfique en bien des points, enracinement important entre-autre.
Sublime, quel délice du Frédéric Dard épissé à l’Audiard pour le plaisir des neurones, vivement les odeurs diffusé subtilement via le net.
Tu es maso en plus tu en redemande, tu aime heinn c’est ton chemin de croix t’as fais des conneries pour te punir de cette manière.
A une prochaine ……

Commentaire de la panthère posté le 06-12-2008 à 13:07:00

te voilà à la recherche de pointes, ça te permettra d'éviter les grands écarts et les entrechats....dommage qu'on ait pas les photos!!!!

Commentaire de Manuwak59 posté le 15-10-2009 à 21:30:00

Ah la rape à gruyère est devenue la rape à carotte !!!!!! On y retourne cette année hein rag !!

Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.

Votre annonce ici !

Accueil - Haut de page - Aide - Contact - Mentions légales - Version mobile - 0.08 sec
Kikouroù est un site de course à pied, trail, marathon. Vous trouvez des récits, résultats, photos, vidéos de course, un calendrier, un forum... Bonne visite !