Récit de la course : Raid Sahara Passion 2005, par kerploug
2 autres récits :
- Les récits de 2007 (1)
- Les récits de 2005 (1)
Raid Sahara : La passion du sable
• Samedi 29-01-2005 - Brest - Paris
« Un long chemin commence toujours par un premier pas »
Et ce premier pas sera un premier vol. Après 13 semaines de préparation physique, je me présente au comptoir d’embarquement du vol Brest-Paris. C’est la première étape d’un périple qui me conduira demain à Atar en Mauritanie pour participer au 1er Raid Sahara, course de 5 étapes dans le désert avec un total de 200 km
Pour l’instant, je suis attendu à Orly par Michel Deschamps, vieux compère du 17ème MDS et du Grand Raid de la Réunion (G.R.). Nous déjeunons de pâtes au foie Gras de Madagascar, histoire de peaufiner le régime gastronomique «draconien» auquel je m’astreints depuis des années : pâtes, cidre et galettes saucisses.
Pour terminer une après midi passée à fignoler son matériel, Michel me propose d’aller manger avec Jean Claude Esparon, frère de Richeville Esparon, dernier vainqueur du G.R. Soirée très sympa à évoquer les sentiers (prononcer sênnntier, avec l’accent réunionnais) du G.R., que j’ai eu la chance de parcourir deux fois.
Pendant ce temps, Françoise, la femme de Michel qui s’est faite embaucher comme kiné sur le raid , prépare sa table de massage et toute l’intendance pour soigner les bobos des coureurs, sujets très douillet par nature.
Il est temps de se coucher car nous avons rendez vous à Orly vers 4h30 demain matin.
Dimanche 30-01-2005 - Paris - Atar
Lever 3h00 – Un petit déjeuner rapide et le taxi nous attend à 3h45 pour nous amener à Orly. Nous arrivons au comptoir de Point Afrique vers 4h15 ou nous rencontrons les premiers raideurs dont Iztok le slovène. Les 3 stars (parmi les favoris de l’épreuve) sont bien là : Arnaud Constans, Michel Deschamps …euh…pardon !!! Philippe Raymond, Albert Vallée et Karim Mosta. A peine le temps de prendre un café et nous voilà dans l’avion. Nous décollons presqu’à l’heure pour atterrir à Marseille une heure plus tard où nous récupérons les derniers concurrents: une partie du staff médical, Marie-elle, les pyrénéens …Nous repartons avec une heure de retard direction Atar mais nous ferons escale à Agadir pour «faire le plein». Après un p’tit dej. «pantagruélique» nous arrivons à Atar vers 13h30 locale soit 14h30 à Paris. La température extérieure est d’environ 25°C et un léger vent fait que nous ne sommes pas écroulés par la chaleur. Nous passons, Françoise, Michel et moi, parmi les premiers aux différents contrôles de police et nous voilà dans la salle des bagages. Là, un minuscule tapis roulant fait consciencieusement tourner des bagages dont les propriétaires sont dans la «queue douanière». Evidemment le tapis se remplit très vite et c’est bientôt le foutoir. Bienvenue en Afrique, savant mélange d’une bonne volonté sans faille et d’un manque d’organisation qui frise la perfection. Ce n’est certainement pas çà qui va entamer notre bonne humeur, c’est même plutôt marrant.
Tout le monde a enfin retrouvé ses bagages et nous chargeons maintenant les 4*4 (pick up Toyota) qui vont nous amener au premier bivouac. 4-5 heures de voyage à travers les pistes du désert sous le commandement de Mohammed, le chef des mauritaniens qui vont nous accompagner pendant une semaine. Je monte dans un 4*4 avec les pyrénéens et Jean Pierre (dit jppmds). Il connaît bien la Mauritanie pour y avoir couru la 333 et organiser la Mauritanienne Race 200. Nous quittons le goudron pour une succession de pistes ensablées, de plaines caillouteuses et de petites dunettes. Les chauffeurs conduisent à fond et devant, je n’en mène pas trop large. Il flotte un relent de «Paris-Dakar» quand Jean Pierre lance un laconique «Il conduit comme ma femme» qui fait marrer tout le monde. Cyril ordonne une première pause et un sandwich mauritanien ainsi qu’une bouteille d’eau nous sont offerts. Nous repartons à vive allure. Les 4*4 déboulent de partout, à droite, à gauche. Le nouvel arrêt à côté d’une maison en ruine où habite un marabout sert de support à nos premières photos. La nuit arrive à je m’assoupis dans le 4*4. Une crevaison et un changement de roue express nous font arriver au bivouac vers 8h00. Un grand feu nous réchauffe car le vent et la nuit font franchement baisser la température.
Fabien, Jean Pierre, Michel et moi prennons une tente de 4. Le premier repas est servi : soupe, couscous et ananas. L'ambiance est très sympa sous la tente mess. Cyril, l’organisateur, et Bruno, le directeur de course font leur premier briefing : Demain lever 6h30 et départ 8h30. Nous partons vite nous coucher car demain les choses sérieuses commencent.
• Lundi 31-01-2005 - Etape 1 : Aderg - El beyed
o 30 km - 2h41
Réveil 6h30 –Le ciel est parfaitement dégagé et constellé d’étoiles. Il fait froid. Heureusement mon duvet est bien chaud. Avec des boules Quies, un Still Nox et un masque sur les yeux, j’ai très bien dormi. Le p’tit dej est servi dehors, autour d’une table. Pain, confiture, céréales, lait en poudre, eau chaude, thé, café …c’est copieux. Je me sers et je mange près du feu qui est réalimenté en bois. Le soleil se lève derrière une très grande dune de sable que je vais grimper avant le départ de l’étape. Je me prépare dans la tente. La préparation des pieds est, pour moi, importante : chaque orteil, la voûte plantaire et le talon sont protégés par de l’élasto. Mon équipement est prêt, mes gourdes sont remplies (une d’eau pure et une d’hydra), j’ai pris quelques barres et mon appareil photo. Je décide de monter la dune pour aller voir derrière et là, stupeur !!! Mes guêtres fonctionnent très bien mais l’avant de mes chaussures que je pensais étanche, ne l’est pas. Mes chaussures sont pleines de sable. J’espère qu’on n’aura pas trop de sable pendant le raid. Enfin, je suis en haut et le paysage est grandiose : des dunes à perte de vue. Coincé entre la grande dune et la montagne, le bivouac est en train d’être démonté par l’équipe de Mohammed pour être remonté près de l’arrivée de l’étape. Le départ est proche. Je ne suis pas tendu car je pense m’être correctement préparé. Pourtant, mon échec à la Désert Cup malienne est encore en mémoire. Je partirais tranquillement, quitte à marcher si je suis mal. Mon moral est en acier trempé. J’irais au bout, en rampant s’il le faut.
Après le léger briefing d’avant course, qui nous apprend que ce n’est pas balisé jusqu’au CP1 car c’est un «entonnoir» et qu’un léger balisage a été mis jusqu’au CP2, la photo traditionnelle du départ est prise. Catherine me demande une dernière fois avec angoisse comment on fait un cap, ce que je lui explique volontiers car je pressens qu’il va falloir surveiller sa boussole.
Le départ est enfin donné. Les chevaux sont lâchés. Il ne fait pas trop chaud et la mise en action n’est pas facile. Une fois la dune dépassée, cap au 89° pour le CP1 qui se trouve au K14. Albert vallée part vite, suivi de Philippe Raymond, Didier Le Mauff, Karim Mosta, Morgan et … moi !!!
Eh oui, je suis devant, vite rattrapé par Pippo, l’italien. Les premiers prennent vite le large. Le sol est assez stable, l’allure certainement trop rapide mais enfin, bon …Le démon de la compétition me reprend. Le CP1 est déjà en vue. Je regarde mon GPS : 6 km !!! alors qu’il était annoncé au K14. Bizarre. Françoise est au CP1 et me dit : « déjà là ?? ». Eh oui, je suis déjà là, mais elle a raison : je suis trop devant. Je repars avec Karim vers le CP2 en espérant qu’ils auront équilibré le parcours, sinon le CP2 est dans 18 km !!!
Patrick me reprend tranquillement. Les premiers sont partis beaucoup plus à gauche. Patrick et moi allons plus vers la droite, ce qui d’après la boussole semble la bonne option. Au km 11, nous rencontrons Cyril qui nous dit que le CP2 est dans 7 km. Cela le placerait au K18. Plus rien ne correspond avec le road book et là, le jeu de piste commence. Karim est légèrement derrière. Le sol change de consistance : du fech fech. Sable croûteux en surface qui devient mou une foulée sur deux. Très difficile de courir et je sens que je me fatigue vite. Karim me reprend et Patrick s’éloigne. Le CP2 est encore loin. Au K18, rien. Pas de balisage, pas de trace de 4*4 et pour couronner le tout j’ai perdu ma boussole. Heureusement, j’ai mon GPS qui fonctionne super bien. Fabien nous rejoint et nous cherchons tous le CP2. Soudain, nous voyons des tentes au loin sur la droite. Nous partons tous dessus pour nous apercevoir que ce n’est qu’une tente de nomade. Karim nous sort un magistral « je vous avais bien dit que ce n’était pas çà ». Ah bon ? Il nous avait dit quelque chose ??? Enfin, nous croisons un 4*4 qui nous remet dans le droit chemin vers le CP2 : Un puits perdu au milieu de la végétation qui se situe bien au K24 comme indiqué dans le road book. Je fais le plein d’eau et nous repartons à plusieurs vers la ligne d’arrivée. Le chemin est assez simple. Nous contournons une colline par un chemin caillouteux qui nous amène directement sur un oued très sablonneux. Fabien se vrille la cheville dans les cailloux, heureusement sans gravité. La preuve, il nous plante Karim et moi, dans la dernière partie sablonneuse. Karim, toujours très facile, égraine ses conseils : ne pas aller trop vite la première étape, jamais dans le rouge. Pour moi c’est presque trop tard : Je souffre déjà des mollets. Le sable mou sera mon ennemi toute la semaine. Nous apercevons au loin Morgan qui marche et qui se remet à courir en nous voyant. L’arrivée est proche, encore 800 m mais nous pédalons dans la semoule. Enfin c’est la délivrance. Je suis 7ème de l’étape avec Karim. Ravitaillement et coca à l’arrivée (500 ouguiya = 1.5€). Je filme quelques arrivées et je me dirige vers le campement où nous attend une salade de crudité. C’est frais et très bon, même si certains hésitent (les crudités cela peut être signe de tourista).
Nous récupérons notre tente avec Fabien, Michel et Jppmds qui ne tarde pas à arriver. Le temps est superbe. Pas un nuage mais pas trop chaud en raison d’un léger vent. L’après midi est consacrée à la récupération, aux étirements, à la visite du musée préhistorique d’El Beyed (bifaces, silex et objets usuels de Mauritanie) et à la découverte des gravures rupestres, mises à jour par Théodore Monod.
Le Briefing à lieu vers 19h00, à la tombée du jour, autour du feu car le froid est déjà présent. Cyril et Bruno reviennent sur l’erreur de positionnement du CP1 (dut à une panne de GPS) et sur le balisage, trop léger au goût de plusieurs personnes. Les remarques sont prises en compte. De toutes façons, « l’étape de demain est simple car sur le plateau on ne peut pas couper donc il faut suivre la piste. Ensuite les CP seront visibles de loin ».
Le repas est servit : soupe aux vermicelles, spécialité mauritanienne à base de pain, de légume et de viandes, salade de fruits. Miam, c’est très bon.
Pour finir cette première journée bien chargée, Jean Luc, le photographe, nous montre les photos du jour. Il faudra en profiter car le groupe électrogène ne fera pas la semaine. Les photos sont superbes. Allez, vite au lit. Vive le Still Nox et les duvets chauds.
• Mardi 01-02-2005 - Etape 2: El beyed - Guelb el Richat
o 43 km- 4h10
Lever 5h30 – Après le p’tit dej , la préparation du sac et des pieds, j’attends l’heure du départ autour du feu avec les militaires qui surveillent notre camp. Ils sont très cool même si la photographie est interdite. Le départ est donné à 7h30 et il fait froid. Au programme de la journée un sol dur voire très dur. L’arrivée est dans le cratère de Guelb el Richat, après une montée de 200 D+, une traversée de plateau rocheux et une descente de 200 D- . Au départ je suis dans les dix mais j’ai décidé d’être très prudent car la route est encore longue. Je marche dans la montée pour m’économiser. Fabien part devant avec le slovène qui nous fait un numéro. Le photographe est en haut de la bosse. Sur le plateau, le décor est lunaire. Personne ne suit le chemin et tout le monde coupe par le terrain soit disant impraticable. C’est vrai que ce n’est pas facile et il faut faire très attention aux chevilles. Le CP1 n’est pas trop loin et il est rapidement en vu. Il ne fait toujours pas très chaud et le vent est très légèrement favorable. En sortie du CP2, tous les premiers coupent tout droit à travers les cailloux. Seulement pour moi, le groupe de tête est parti trop à gauche. Morgan est avec moi. Je continue à mon idée en allant plus à droite. La piste a disparu et j’ai un moment de doute. Pourtant d’après la dernière fois où nous l’avons coupée et d’après le road book, elle est sur la droite. Enfin, loin sur la droite et en contre bas, je vois un 4*4 : la piste est par là. Je continue donc avec Morgan et juste derrière une colline, le CP2 est en vue. Nous fonçons dessus et nous voilà quatrième à passer le CP2. Nous faisons le plein sous l’œil du caméraman et nous repartons face au vent pendant 15 minutes. La piste est très caillouteuse. Morgan est dans mon sillage et à l’air de souffrir un peu : je ne l’entends plus. En effet, il craque légèrement avant la descente. Je me sens bien et je descends assez vite dans une descente très technique avec beaucoup de cailloux ronds et instables. Je me retourne : personne derrière. Ceux qui sont partis à gauche ne m’ont pas rattrapé. Le CP3 est en vue et deux kilomètres de chemin sablonneux m’y amène.
Fabien est déjà là et repart en me montrant ses fesses !!! Comment est ce possible ? Il faisait partie du groupe qui est parti à gauche. Cyril me confirme que 7 coureurs n’ont pas le CP2 et qu’ils seront pénalisés. D’après le GPS nous sommes au kilomètre 35. D’après le road book, il ne devrait rester que 5 km mais Françoise qui ce trouve là m’annonce qu’il ne reste plus que 6 km. On n’est pas à un kilomètre près. Fabien est déjà hors de vue quand je repars. Le terrain sablonneux est plus dur à gérer et je peine un peu. Le 4*4 de Bruno me double et m’encourage. Je marche deux fois 30 secondes. La fin me parait interminable. Au kilomètre 40 je ne vois toujours pas l’arrivée. Je grimpe une petite colline en pensant que l’arrivée est juste derrière et en effet je la vois. Pourtant, il me reste encore deux kilomètres avant de franchir cette satanée ligne. Ma foulée est très courte et j’ai mal aux jambes. Je franchis la ligne en 11ème position. Sandrine, première féminine hier, a abandonné sur un problème physique. Dommage car elle parait très forte. Salvo, le chirurgien, a lui aussi abandonné sur blessure au pied. Il en a profité pour baliser un chemin pour aller de l’arrivée au bivouac. 500 mètres à travers les dunes pour arriver dans un endroit superbe. Arrivé à la tente mess, je mange une excellente salade de pâte et je profite des talents de Françoise pour bénéficier de mon seul massage de la semaine. Cela fait du bien aux mollets. A coté de moi, pippo se fait recoudre l’arcade par salvo car il s’est raté dans la descente. Rien de grave mais c’est assez impressionant.
La récupération se fait tranquillement dans la tente avec Fabien, Michel et Jean Pierre. Marielle vient nous rejoindre et nous soliloquons sur des sujets divers comme le métier d’organisateur, l’argent dans les trails et le dopage, tout en grignotant quelques « Bâtons de Berger » venus de Bretagne. Très sympa et très cool. Ensuite, je vais prendre un café mauritanien avec Albert, Karim et Philippe. Philippe découvre les courses à étapes dans le désert, pourtant il a l’air très à l’aise et semble bien se plaire. Physiquement, il est au dessus du lot mais l’expérience d’Albert ou de Karim va lui servi. Vu sa gentillesse et sa volonté d’apprendre, il sera un sacré client l’année prochaine sur le MDS. Nous voyons passer la chèvre qui nous servira de repas ce soir. Elle n’a pas l’air contente et les hommes de Mohammed lui règle son compte derrière un 4*4.
Vers 18h00, le pain est pétri et cuit devant nous. La pâte est directement mise dans un mélange de sable et de braise pendant 30 minutes. C’est le pain du matin et il est délicieux. L’ambiance dans le camp est très sympa et les discutions vont bon train. La nuit et la chaleur tombent. Nous mangeons notre chèvre avec des légumes : c’est toujours délicieux. Le briefing à lieu autour du feu qui nous réchauffe. Les 7 qui ont raté le CP2 auront 20 minutes de pénalité car les CP sont aussi là pour la sécurité et il ne faut pas les sauter. Demain, une étape de 40 km avant la journée de repos. Un balisage est prévu car du CP1 au CP3 le chemin n’est pas évident. Cela promet quelques bons moments. Allez, vite au lit. Demain est un autre jour.
• Mercredi 02-02-2005 - Etape 3: Guelb el Richat - Ouadane
o 40 km - 4h36
Lever 5h30 – Le départ est prévu auprès de l’arbre de Théodore Monod, au centre du cratère. En attendant de prendre les 4*4 qui vont nous amener près de l’arbre, les italiens poussent la chansonnette autour du feu. Le transfert en 4*4 est épique, dans les bennes des pick-up, sous les matelas pour nous protéger du froid. Nous arrivons près du fameux arbre où une tente a été montée. Tout le monde attend l’heure du départ à l’abri du vent qui nous sera favorable pour l’étape. Demain c’est la journée de repos à Ouadane mais il faut d’abord gérer cette étape.
Le départ est donné et j’ai tout de suite mal aux jambes. Plutôt, mon mal aux jambes latent ne s’améliore pas vraiment. Mollets et cuisses me font souffrir. Je pars donc lentement vers la première passe. Il faudra en franchir trois pour sortir du cratère. Le froid du matin rend le sable assez ferme mais cela ne dure pas mais cela permet quand même d’avoir des appuis corrects pendant la phase d’échauffement. Je suis en gros dans les 15 premiers. Je ne m’occupe plus du classement mais seulement de gérer mon mal aux jambes. La musique va m’y aider car je sors mon lecteur MP3 et je m’envoie un extrait du concert AC/DC dans les oreilles. Avec le décor que j’ai sous les yeux, c’est grandiose. Je franchis la première passe en passant par les cailloux de la droite car la piste principale est trop sableuse. Une fois passé, je me dirige vers le CP1 en suivant les traces des 4*4. Une légère descente très sablonneuse m’amène directement au CP1 au K12. Je me ravitaille. Morgan est juste derrière moi et me semble bien plus frais. Nous repartons vers la seconde passe ensemble mais très vite il se détache. Je suis rejoint par Giggi l’italien. Nous discutons un peu mais il voit que j’ai de la musique dans les oreilles et il n’insiste pas trop. J’ai besoin de ma concentration pour gérer mon effort. Les jambes ne me font pas trop mal mais je n’ai pas beaucoup d’efficacité dans le sable mou. Nous franchissons la deuxième passe ensemble et nous nous dirigeons au cap vers le CP2. La visibilité n’est pas excellente mais nous trouvons le CP2 sans trop de problème car un léger balisage a été posé et le CP est sur une butte en hauteur. Le médecin est au CP2. Je refais le plein de mes gourdes avec de l’hydra et je mange une barre. Le CP2 est au K24. Nous repartons du CP2 en descendant de la dune et je mets plein de sable dans mes chaussures : il faudra certainement que je les vide d’ici peu. Nous sommes rejoints par Sandrine, Denis et Michel et nous nous dirigeons ensemble vers le CP3. Le balisage est présent mais pas très visible. Le ru balise blanc ressemble beaucoup à une branche d’acacia et le vent soulève du sable donc la visibilité n’est pas excellente. Nous perdons le balisage et nous sommes un peu perdus. J’en profite pour vider mes chaussures. Michel ne s’arrête pas car sinon il ne repart pas. Il a l’air de souffrir. Nous ratissons en largeur pour enfin tomber sur des traces de 4*4 mais comme le vent soulève du sable, nous ne sommes pas sur de la fraîcheur des traces. Giggi et Morgan sont loin devant. Je regarde le road book. Nous n’avons pas regardé le cap et nous sommes certainement trop à droite. Patrick Alleaume (Le porteur du drapeau UFO) nous rejoint mais il n’est pas plus sur que nous du chemin. Soudain nous retrouvons des traces qui nous amène dans l’oued SLILL. D’après le road book et les traces, il faut suivre cet oued qui nous conduira directement au CP3. Mais Denis part à droite dans la végétation et moi, comme un imbécile, je le suis. Pendant 45 minutes cela ne sera qu’une succession de petite bosse avec de la végétation à visibilité réduite. Giggi est carrément parti sur la droite, le long de la falaise. Michel est juste derrière et Patrick à coté de moi. On ne voit plus de balisage, plus de traces de 4*4. Soudain, j’en ai assez de ce chemin ou je pédale dans la semoule. Aucun appui, aucune trace, aucun CP en vue. Je prends mon road book et je réfléchis. Nous sommes trop à droite et l’oued doit être sur la gauche. Je décide de prendre à 90 ° jusqu’à l’oued. Patrick me suit et Michel marche au loin dans notre direction. Mon GPS indique K33. Avec les deux kilomètres de décalage des deux premiers CP, le CP3 devrait être là dans 3 kilomètres. Nous retrouvons l’oued, les traces de 4*4 et … le sable mou. Allez courage, encore 2-3 kilomètres et nous tombons enfin sur le CP3. Françoise est là, toujours réconfortante et toujours encourageante. Elle nous remonte le moral en nous faisant passer pour ce que nous ne sommes pas : des héros. Michel arrive avec une tête fatiguée mais il ne nous reste plus grand-chose avant l’arrivée. Boire, manger et repartir non sans avoir fait une photo souvenir avec Michel, Patrick et Giggi. Nous repartons pour la dernière partie de l’étape. A nous la journée de repos !!!
Une fois l’oued retraversé, nous contournons une falaise et nous suivons un balisage qui, pour une fois, est très clair. La peinture rose fluo nous indique les derniers kilomètres à effectuer. Le chemin est plus stable et les appuis meilleurs. Je retrouve mes jambes et je lâche peu à peu Michel, Patrick et Giggi. Le chemin est tout tracé et le traversée de Ouadane est géniale. Je déroule enfin ma foulée. Quelques personnes nous encouragent et soudain, au détour d’un virage, l’arrivée. Le GPS indique 40Km. Génial, je suis super content. Sandrine, Denis et Morgan sont déjà là depuis 5 minutes. Le décor est extraordinaire. Je prends le temps de boire et de savourer quelques dattes. Je ne suis pas pressé et j’attends l’arrivée de mes compères d’étape. Le temps est comme suspendu. Je reste là 10 minutes, je fais des photos puis je pars vers le campement qui est en train d’être monté à 500m de là. Je trouve la tente mess et je m’écroule devant un bol de salade de riz/crudités.
En attendant que les tentes soient montées, je fais une grosse séance d’étirement au soleil, à coté des italiens qui se dorent comme des lézards. Les tentes sont enfin montées et après avoir déposé mes sacs je me dirige vers les douches : un seau d’eau froide derrière un paravent. Cela suffit largement à se laver et c’est super bon. Enfin, pour terminer les soins, direction l’infirmerie pour soigner quelques ampoules au bout des orteils. Rien de grave mais la journée de repos devrait faire du bien. Les marchants ambulants se sont installés à l’entrée du campement et l’ambiance est aux emplettes mais je prendrais le temps de faire çà demain. Je déambule dans le campement quand je suis pris d’un gros coup de pompe. Je fais une sieste réparatrice et je me réveille vers 17h00, alors que nos amis suisses arrivent, fermant ainsi la troisième étape. Pourtant quelque chose de bizarre ce passe sur le campement. Cyril déboule avec la tête des mauvais jours. Il semblerait qu’ils manquent deux personnes. En effet, Geneviève et Clara manquent à l’appel. Branle bas de combat. Tous les 4*4 sont mobilisés. Un briefing d’urgence est organisé par Julien qui tente de rassurer tout le monde. L’équipe de Mohammed est constituée de personnes qui connaissent très bien la région et qui, de nuit, sont très efficaces. Clara et Geneviève ont quitté le CP2 avec le plein d’eau. Elles sont parties ensembles et se sont séparées rapidement. Il essaie de remonter le moral au campement mais l’ambiance est un peu plombée. Soudain, on apprend que quelqu’un arrive vers l’arrivée. Il semble que c’est Geneviève. Effectivement, elle franchit la ligne d’arrivée en marchant. Elle semble souffrir d’ampoules aux pieds. Elle arrive en 4*4 au campement sous les applaudissements. Geneviève culpabilise (à tort) d’avoir laissé Clara au CP2. Elle est prise en charge par l’équipe médicale. Cyril nous demande de ne surtout pas se lancer dans les recherches de notre côté. Il ne faut surtout pas perdre quelqu’un d’autre dans le désert. En attendant, Julien tente de relancer l’ambiance en invitant tout le monde à manger. Une petite polémique monte sur le fait que le balisage est trop léger, la sécurité pas assez poussée … Personnellement, je pense qu’avec le Road book (qu’il faut lire et avoir avec soi), une boussole (qu’il faut savoir utiliser), le balisage qu’il y avait et la configuration du terrain (pas mal de couloirs ou de goulets), on devait pas se perdre. Clara n’avait mal interprété un cap que lui avait donné bruno. Elle pensait que ce cap l'emmenait au CP3. Il aurait peut être fallu faire un mini cours d’orientation. En tous cas, tout le monde est soulagé quand on apprend que Clara a été retrouvé. Elle était partit à 90° du bon cap après avoir franchit la grande dune (qui servait de limite au couloir qui nous conduisait au CP3), elle partait tout droit au mali, sans compter les 1000 km de désert qu’il fallait franchir pour y arriver. Elle ne paniquait pas, mais comme elle ne voulait pas avoir froid, elle continuait à marcher. Heureusement, elle avait mis sa frontale. Les yeux exercés des mauritaniens ont aperçu cette petite lumière. Clara arrive au camp sous les applaudissements au grand soulagement de tout le monde. Cyril retrouve le sourire et la fête peut commencer.
Cyril fait au pied lever un briefing sur la sécurité et insiste sur le fait que si on est perdu, il faut s’arrêter, prendre la couverture de survie contre le froid et se signaler par tous les moyens (frontale, feu …). Ce briefing sécurité, de l’avis de tous, aurait du être fait depuis longtemps. Je pense que Cyril n’avait pas bien intégré qu’il y avait des débutants du désert parmi les coureurs. Il précise qu’il y aura des contrôles sur le matériel obligatoire, et que le Road book fait maintenant partie de ce matériel. Normal.
Le repas est constitué de galettes, sur lesquelles on met de la viande, des légumes et du jus de viande. Super bon. La musique traditionnelle démarre. C’est assez assourdissant, surtout avec un ampli qui sature à mort mais l’ambiance est sympa. Les mauritaniens dansent et font la fête. Seulement, je suis fatigué et je ne suis pas le seul. A 10 heures, Michel, Fabien et moi allons nous coucher, non sans se faire traiter de « papy » par Jean Pierre : Le monde à l’envers !!
• Jeudi 03-02-2005 - Jour de repos - Ouadane
Lever 7h30 – C’est la journée de repos. L’appel du muezzin est pour nous un appel au petit déjeuner. Le soleil se lève derrière la vieille ville et la lumière du matin transcende ce décor.
Nous prenons tous notre temps. Un briefing est organisé pour organiser la journée. Je pars visiter Ouadane avec Michel, Fabien et Jean Pierre. Nous passons un chouette moment dans cette cité en ruine puis nous redescendons pour aller manger chez Zaïda, auberge locale réputée. Nous nous retrouvons une quinzaine à manger du poulet/frites avant de retourner au campement en passant par des champs de carottes qui seront vendues sur tous les marchés mauritaniens. Les appareils photos ne chôment pas. Sur le camp les marchands font des affaires et j’en profite pour acheter quelques souvenirs : chech, théière, babioles …
« L’affaire Clara » a fait ressortir des sacs les GPS et je passe un peu de temps avec Claude, Salvo et Geneviève pour entrer les points GPS de l’étape de demain. Les satellites nous confirment que la distance de l’étape est bien de 60 km. Ensuite nous partons donner des fournitures scolaires aux classes de Ouadane. Superbe découverte que cette école ou environ 300 élèves apprennent à lire, écrire, compter en français en arabe. Des classes de 45 où les élèves ont l’air assez heureux. Parfois je me dis que nos enfants feraient bien de voir çà au lieu de se plaindre pour un oui ou pour un non. Enfin, nous redescendons sur le camp à pied pour faire une photo de groupe avant le coucher du soleil.
Cyril fait le briefing pour l’étape du lendemain. La longue. Il insiste sur la sécurité, le matériel obligatoire et sur le balisage qui sera fait avec du chech rouge. Il nous précise qu’il faudra suivre les traces des 4*4 car pendant des kilomètres, il n’y a pas de point de repère.
Le repas est servi et après la soupe aux vermicelles «traditionnelle», nous avons le droit aux couscous mauritanien avec de la viande de chameau : Toujours très bon. Je me couche tôt car demain l’étape sera longue. Même si la journée de repos a fait du bien aux jambes, cette étape s’annonce comme difficile. Allez, dodo.
• Vendredi 04-02-2005 - Etape 4: Ouadane - Tachoualit
o 59 km - 6h58
Lever 5h30 – Aujourd’hui l’étape est très longue. Je prends un petit déjeuner copieux. Pour enfoncer le clou sur la sécurité, Cyril a demandé aux militaires d’intervenir pendant le briefing. Le départ à lieu derrière l’hôtel de Ouadane et un court transfert en 4*4 est organisé. Je remets les paramètres de mon GPS à zéro. Il fait froid. L’arrivée est à 57 km à vol d’oiseau donc le tracé sera assez droit. Le paysage est simple. Rien que du sable à perte de vue. Les jambes sont encore un peu raides mais cela devrait aller. Le départ est donné. Je suis les traces des 4*4. Du balisage rouge est accroché à des piquets. La visibilité est bonne. Le terrain n’est pas plat, c’est une succession de petites bosses de sables qui cassent les jambes. Je sors très vite mon lecteur MP3. Il contient 4h30 de musique et va me tenir compagnie pendant une bonne partie de cette longue étape. Je me retrouve rapidement avec Sandrine et Denis qui ont l’air d’avoir trouvé leur allure. J’ai du mal à les suivre et à me mettre en jambes. Les douleurs aux mollets et aux cuisses reviennent rapidement. Le sable est assez mou et il le deviendra de plus en plus, au fur et à mesure que la chaleur va monter. Heureusement le vent est encore favorable. Le CP1 est bientôt en vue. Nous nous arrêtons à peine pour ne pas perdre le rythme. Je retrouve bizarrement des jambes et je me sens de mieux en mieux. C’est parfois le signe d’une hypoglycémie, donc je mange une barre. Je double Sandrine et Denis au train. J’ai même l’énergie de les prendre en photos. Pourtant cela ne dure pas et je vois Sandrine et Denis s’éloigner tout doucement. Il ne me reste qu’à suivre leurs traces. J’ai mon appareil photo dans les mains car je trouve le paysage fantastique. Les couleurs sont encore vives, la musique que j’écoute est superbe. J’en ai des frissons. Une bouffée d’émotion me monte à la gorge. J’ai presque les larmes aux yeux tellement ce moment est fort. Je souffre, j’ai mal aux jambes, le terrain est difficile, je m’accroche mais je suis dans un endroit fabuleux et cela me permet de transcender ma douleur. Ma femme me dit parfois : « Tu ne dois pas avoir de cœur, je me demande bien ce qui peut te faire pleurer ». Eh bien çà, tout simplement, l’effort sportif, le dépassement de soi, mais certainement pas les petits tracas de la vie quotidienne. J’arrive au CP2 (K21) et je prends le temps de manger (des carottes, une barre, des gâteaux) de boire mais surtout de mettre de la crème solaire sur les jambes. Le vent ne me fait pas sentir l’ardeur du soleil mais il est bien là et il faut se méfier. Depuis le début de l’étape, je ne vais pas bien vite.
Michel n’est pas très loin derrière moi, Morgan et Giggi sont loin devant. Cela n’est pas grave. Le principal est de bien passer cette étape, sans s’affoler, en gérant ses propres ressources. Je repars au train (petit train) dans les traces des 4*4. Ceux-ci n’arrêtent pas de nous doubler pour aller monter le futur bivouac. Le paysage change un peu et j’ai en visu la passe qui nous sert de guide pour aller vers le CP3, avant l’oasis de Tanouchert. J’essaie désespérément de trouver du sable un peu moins mou. Le mieux est d’être entre les traces de roues des 4*4 ou carrément dans les traces. Mais d’autres ont eu l’idée avant moi et ce n’est pas facile. C’est dur. Je pense à ma femme et à mes filles. Mon moral est plutôt bon malgré la fatigue. Je ne marche pas et la douleur aux jambes n’augmente pas. Le CP3 est en vue, en haut d’une dunette particulièrement molle. Françoise est là pour m’encourager. Je lui dis que Michel ne doit pas être très loin. Je refais le plein d’eau, d’hydra. Pas facile de mettre la poudre dans les gourdes avec ce vent. Je repars en direction de l’oasis de Tanouchert. En me retournant, je vois Michel qui ne va pas tarder à arriver au CP3. Le photographe est là, caché derrière une dunette pour immortaliser ces moments intenses.
La traversée de l’oasis est remarquable. Enfin un peu de verdure. Quelques cahutes, quelques chèvres, quelques palmiers autour d’un puits, quelques cultures et des enfants qui courent à côtés de nous. Le pays est pauvre mais les enfants ont un grand sourire. Les conditions de vie doivent être terrible pendant les grosses chaleurs. Et nous, nous ne faisons que passer, en courant, avec un but si futile que parfois j’ai presque honte. Que doivent penser ces villageois qui n’ont pour but que de survivre, en voyant passer des extra-terrestres, parfois à l’agonie, qui gaspille leur énergie pour leur seul plaisir égoïste ?
Je quitte l’oasis en pensant à tout çà et je vise la passe. Le sol est dur pendant deux kilomètres puis devient très mou pour le franchissement de la passe. Le terrain redevient très sablonneux. Je croise quelques troupeaux de dromadaires avec leurs petits qui broutent le peu de végétation qu’ils trouvent. Je zigzague en vain pour trouver du « plus dur ». En levant la tête je vois de la végétation devant. Il faut la traversée pour arriver au CP4. Je me retourne. Personne derrière. Personne devant. Je suis seul dans le désert et j’aime çà. J’arrive tant bien que mal au CP4 (K45). Le médecin est là. Pas de problème majeur. J’ai mal aux jambes, aux mollets, aux tendons d’Achille, j’ai un début d’ampoule au talon droit, je suis fatigué, il fait chaud, j’ai soif, j’ai faim mais çà va. Je me ravitaille et je repars donc vers l’arrivée.
Au bout de quelques kilomètres, je rencontre Salvo qui me dit : « encore 10 km ». Oui, seulement ces dix kilomètres vont me paraître très long voire interminable. Le temps passe très lentement, et les kilomètres s’égrainent très doucement. Un 4*4 vient à ma rencontre. C’est Bruno, qui me dit que le campement est au bout du cordon de dune que je vois sur ma droite. Seulement ce cordon est sans fin. Mais où est donc ce *%#!? bivouac. Enfin, au détour d’une dunette, je devine l’arrivée entre deux 4*4 en haut d’une petite dune. Mais n’est ce pas un mirage ?? Non, c’est bien l’arrivée que je rallie péniblement. Jean Pierre est là pour m’accueillir. Je suis treizième en 6h58 mais surtout JE SUIS CONTENT D’ETRE ARRIVE !!!
Je reste assis quelques minutes pour récupérer mais aussi pour savourer ce moment. Il est 14h30 et j’ai l’après midi pour récupérer. Vu le mal aux jambes que j’ai, cela ne sera pas de trop. Je me dirige vers le campement clopin-clopant et j’avale une très bonne salade de riz. Je vais ensuite voir les médecins pour mon ampoule au talon, je fais des étirements pour limiter la casse pour demain et je vais faire une sieste. Je me réveille une heure plus tard. Michel et Jean Pierre sont arrivés. Le massage ne désemplit pas. Les coureurs arrivent les uns après les autres. On annonce l’arrivée de Geneviève, à la tombée de la nuit. Ses ampoules lui faisant trop mal, elle a fait 50 km en chaussette. Bravo, quel courage et quelle ténacité !!
La soirée s’organise. Le feu est lancé. Il réchauffe tout le monde. Le pain est cuit à coté de nous et le briefing pour la dernière étape est organisé autour du feu. Les cuistots ont fait une surprise aux italiens pour le repas : spaghettis bolognaise. Les pâtes sont très bien cuites et tout le monde apprécie. La fatigue se fait sentir et je n’attendrais même pas l’arrivée des suisses pour aller me coucher. Demain c’est la dernière mais elle fait encore 40 KM.
• Samedi 05-02-2005 - Etape 5: Tachoualit - Chinguetti
o 27 km - 3h12
Lever 6h30 – Voila la dernière étape. Le plus long est derrière nous mais il ne faut surtout pas sous estimer ces derniers 40 km. Je suis 12ème au général mais talonné par Denis et Giggi. Vu la volée que j’ai prise avec Giggi hier, je pense que je vais rétrograder, on verra bien. J’essaierai de défendre mes chances. Je prépare mes pieds avec du compeed et de l’élasto pour gérer mes ampoules au talon droit. J’espère que cela va tenir. Le départ à lieu vers 8h30. Bruno nous prévient qu’il y a beaucoup de sable de prévu et que l’arrivée dans l’oued de Chinguetti va être costaud. Ce matin le vent est absent et comme nous partons plus tard, il fait déjà chaud. Je pars très lentement, à l’arrière du peloton car j’ai les jambes très raides et l’ampoule de mon talon droit me fait très mal. Je sais que dans 15 minutes cela sera un peu mieux donc je serre les dents. Je décide de rester avec Michel, le temps de chauffer la machine. Au bout de cinq minutes, le compeed passe sous le talon et ne protège plus mais ampoules qui me font super mal. Les deux tendons d’Achille souffrent et la succession de dunette de sable mou n’arrange rien. Je dois avoir une allure de grabataire. Je reste derrière Claude pendant deux ou trois kilomètres. Enfin la douleur est supportable et mon allure augmente doucement mais sûrement. Je double Claude puis Patrick Alleaume. Michel n’est pas loin derrière. Le terrain n’est pas plat et je ne vois pas Giggi devant. Denis et Sandrine ne sont pas loin devant et j’essaie de ne pas trop perdre de temps. Le CP1 est au K9.5 au lieu du CP8. Tant mieux, plus on avance, plus on est prêt de l’arrivée. Le mal de jambes revient. Je serre les dents, objectif CP2. Je ne regarde pas trop le décor pour ne rester enfermé dans ma bulle. Je remonte au train Sandrine et Denis. Ne pas penser trop au classement car cela me fait parfois faire des accélérations que je paie à chaque fois. 12 km au GPS, le temps et les distances sont suspendus. La musique ne me fait plus le même effet car la souffrance est trop forte. Je double Sandrine et Denis. Sandrine à l’air de souffrir. Elle a une douleur à la hanche qui lui fait très mal, cause de son abandon lord de la deuxième étape. Elle s’accroche et Denis l’encourage.
Soudain, j’ai Giggi en ligne de mire. Si je reste comme cela, mon classement est assuré. Enfin un peu de baume au cœur. Il fait très chaud, le sable est très mou et je pédale dans la semoule. Le décor est terrible, même si je ne l’apprécie pas autant que d’habitude. Le CP2 est encore loin et je me suis déjà senti mieux. Je fixe les talons de Giggi et je le suis jusqu’au CP2. Giggi ne l’a pas vu et quand je lui montre, il file comme un lapin. Impossible de le suivre.
CP2 (K22). Le médecin est là et il nous annonce tout de suite que l’étape est raccourcie car l’arrivée dans l’oued de Chinguetti est trop dure. Comme les organismes de tout le monde souffrent, Cyril préfère s’arrêter au K27. Plus que 5 kilomètres. Sandrine arrive en pleurant : elle souffre de la hanche. Je l’encourage et je repars 100 m derrière Giggi. C’est bizarre, je me suis préparé mentalement à faire les 13 derniers kilomètres et maintenant que je sais qu’il n’y en a plus que cinq, j’ai l’impression que je suis arrivé. Ce n’est qu’une impression car ils vont être interminables. Enfin, en haut d’une dune, l’arrivée, la délivrance, la fin d’une aventure.
Cyril nous accueille et nous félicite d’avoir terminé le premier Raid Sahara.
Des 4*4 nous font passer l’oued de Chinguetti qui effectivement semble très mou. Arrivé à l’auberge, je prends une douche froide mais bonne, nous nous installons pour passer une nuit tranquille. Nous partons un petit groupe pour aller manger dans une petite auberge à Chinguetti. Bien sur l’après midi est consacrée à la visite de la ville, des bibliothèques anciennes. En soirée, je vais me faire soigner mes ampoules au talon droit. J’ai des ganglions à l’aine et je pense qu’il faut bien soigner cela.
Pour finir en beauté cette semaine, la remise des prix, qui consacre Philippe Raymond, Albert Vallée et Didier Le Mauff (qui a beaucoup donné, au point de se trouver mal quelques heures après l’arrivée) chez les garçons et Marie-elle Couder, Isabelle de abreu et Cath Worth chez les filles, sera ponctué par l’attribution de 4 prix Spéciaux. Le prix du sourire à Isabelle la marcheuse suisse, le prix du Fair Play à Claude Lahoussine, le prix du courage à Geneviève et ses chaussettes et un prix coup de cœur à Dominique qui est venue courir avec nous malgré un drame personnel.
Le repas du soir est une surprise. 12 méchouis succulents et une soirée folklorique nous attendent. Tout chinguetti vient faire la fête pendant les quelques heures d’électricité que le groupe électrogène de la ville veut bien nous fournir. Le soleil me gagne assez rapidement et je vais me coucher assez rapidement. Demain, il faut rentrer sur Paris.
• Dimanche 06-02-2005 - Atar - Paris
Lever vers 6h30 pour un départ rapide car il y a une heure de 4*4 pour aller a ATAR, et nous voudrions voir la passe d’amojar et Fort Sagane. Nous faisons donc un petit détour pour voir ces joyaux de l’Adrar mauritanien. Enfin nous arrivons à l’aéroport assez tôt. Les formalités sont assez vite expédiées et il ne nous reste plus qu’à attendre notre avion qui, comme le veut la tradition, décollera avec quelques heures de retard. J’en profite pour donner quelques nouvelles à ma famille et nous voilà en route pour Paris. Le retour risque d’être un peu dur.
Arrivé à Paris, je passe la nuit chez Michel ou avec Françoise, nous faisons sauter une bouteille de champagne pour fêter notre semaine et notre réussite à tous.
Merci à Cyril et à son organisation. Merci au staff médical. Merci à la population mauritanienne de nous avoir accueilli. Merci à Marie-elle, Morgan, Fabien, Jean Pierre, Michel, Françoise, Geneviève, Salvo, Pippo, Giggi, Claude, Philippe, Albert, Patrick, Didier, Karim, Patrice, Isabelle, Denis, Sandrine …., pour leur présence et leur amitié. Et certainement à une prochaine fois.
1 commentaire
Commentaire de gdraid posté le 12-12-2006 à 18:04:00
Bravo kerploug, belle course de 200km en janvier 2005, par étapes.
Beau récit sur cette course en Mauritanie.
Avec une telle préparation, tu peux te risquer sur une course de 200km non stop, très sélective, telle La Mauritanienne Race200 de Jean-Pierre DELHOTAL, qui a lieu chaque année en mars.
Il reste des places pour mars 2007, en téléphonant au 01 64 98 33 37 avant la fin décembre.
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