Récit de la course : La Course pédestre de la Citadelle 2008, par Rag'

L'auteur : Rag'

La course : La Course pédestre de la Citadelle

Date : 26/10/2008

Lieu : Wormhout (Nord)

Affichage : 1408 vues

Distance : 10km

Objectif : Se défoncer

6 commentaires

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Pas d'autre récit pour cette course.

Il ne faut jamais dire « jamais ».

 

 

 

Il ne faut jamais dire « jamais ».

 

Drôle de maxime (Leforestier), ne trouvez-vous pas ? Sacré mise en abîme, non ? Si l’on se plie à cette injonction, j’ en conclue qu’il ne faut jamais dire « Il ne faut jamais dire « jamais » ». Ah merde ! J’l’ai encore dit. P… de maxime à la c... !

 

Enfin, là n’est pas mon propos. Il y a quelque temps que je déclare à qui veut l’entendre que « Le dix kilomètres, c’est pas pour moi. », « C’est trop violent ! », « A bobo les papattes et ouille ouille le souffle », que les longues distances sont plus gratifiantes. En un mot comme en cent, que « plus c’est long, plus c’est bon » donc que « plous ch’est court, plous ch’est dour » (avec l’accent portugais, parce qu’autrement ça rime pas). Cela faisait deux ans que je ne fréquentais plus ces petites courses. « Petites » par leur distance et par l’intérêt que leur portais… J’me la pétais « grave » du style :

 

« ouais, je cours régulièrement et je fais des courses de temps à autre. 

-          tu fais des 5, des 10 ?

-          non, pas vraiment (sur le ton de la fausse modestie et du faux détachement).

-          Des semis, des marathons ?

-          Non, (arrive la jubilation) des trails, des courses « nature » (le mot qui tue ! Sortez vos aquarelles, votre Nicolas Hulot de poche, vos fringues BOBO en lin BIO pas beau mais avec un gros logo qui dit que vous en êtes….), des épreuves de 50 bornes et pluuuuuuuus. (re-détachement)

-          Ouahh, ça existe ce genre de truc ? T’es dingue ! (grosse jubilation de pré-ado) »

Le tout, quand on se la raconte, c’est de ne pas délivrer toutes les informations d’un seul coup. Jouer à l’aventurier, au baroudeur, au rebelle demande une dose certaine de mise en scène. Le coup de grâce réside dans l’art d’argumenter ce choix. D’un côté, les « courses » avec les obligations de performance, de résultats, de l’autre les « épreuves » avec les idées de « défi », « découverte de soi», « introspection », plein de grands mots qui en mettent plein la vue.

 

Eh bien, j’ai changé d’avis car, c’est bien connu : « il n’y a que les imbéciles qui ne changent jamais d’avis ». Soit dit en passant, cette expression populaire est bien utile lorsqu’on souffre de crise d’imbécilité chronique ou de mauvaise foi (masculine en ce qui me concerne et jusqu’à nouvel ordre).

En effet, après une année que je qualifierai de calamiteuse, voire de miteuse tout court, où les blessures, les insatisfactions et les déceptions se sont succédé (« é » et pas « ées ». Non je n’accorderai pas !) comme se succèdent les plans de sauvetage de Sarkozy, j’ai décidé de reprendre le B-A BA de la course à pied. De repartir sur des bases saines, sûr de mon potentiel, avec des références sur les distance du 5 km (ouh la honte !) jusqu’au marathon (mouais, bof). Et cela passe par de la PPG, PPS, des tests VMA relativement fiables, des plans de préparation et d’entraînement sérieux. Pour moi qui était plutôt du genre « ouane eugaineu pipole you », c’est une révolution !

 

Bon, c’est pas tout çà mais faut que j’me mette à raconter cette course pédestre de la Citadelle. Je situe : cette course se déroule à deux bornes de mon chez-moi, à Wormhout tandis que j’habite à Ledringhem. Quoi !? Vous n’en avez rien à foutre, rien à branler. Je te fais chier ? Tout d’abord, je ne te permets pas de me tutoyer, surtout qu’on n’a pas encore couché ensemble… Donc, cela fait trois ans que je me dis que ça serait sympa de participer à la course la plus proche de mon logis et trois ans que je me dégonfle, utilisant les arguments cités ci-dessus.

Depuis la course des Terrils qui m’a permis de me réconcilier avec mes baskets et de rencontrer des membres éminents (à défaut d’être proéminents) de Kikouroù, je ne m’étais que peu entraîné. Trois petites semaines avec des sorties de 30 minutes, 45 minutes maxi, quelques séries de 100 m et 200 m et un test VMA bâclé deux jours avant la course. Autant vous dire que j’étais dans le flou le plus total quant à mes possibilités sur cette distance. Mon unique référence officielle sur cette distance était un pitoyable 41’40’’. Je m’étais donc dit (oui, je me parle à moi-même de temps à autre) que faire aussi bien (sic) serait satisfaisant.

Samedi : je m’inscris donc la veille en franchissant la rue. Comble de l’ironie, l’organisateur de la course habite à 150 mètres ! Pas de pression, pas de panique.

Dimanche : je profite du passage à l’heure d’hiver pour traînasser et prendre un petit déjeuner copieux (1 litre de lait, une baguette, la moitié d’une plaquette de beurre, un pot de confiture, 1 litre de jus d’orange, du léger, quoi !).

Le pire, c’est que je suis à la bourre. Non mais, quel con je suis ! De plus, je trouve à me garer à trois kilomètres du point de départ (j’exagère à peine !), c’est quand même pas le MDP ! Je trottine jusqu'à la salle polyvalente où je retire mon dossard, je salue deux ou trois personnes, échange trois ou quatre banalités et me voilà simulant un échauffement. C’est vraiment pas mon truc l’échauffement ! Lever les genoux, sautiller, plier les jambes,… Purée, que c’est dur ! J’en profite pour papoter avec un collègue V1 qui vise 41’-42’, il me dit qu’il faut suivre la première féminine pour être dans le rythme et non pas « être dans la première féminine pour suivre le rythme » ! Quoique…

Une fois de plus, je suis à la bourre pour le départ. Un coup de feu retentit (UN CHASSEUR !!!!!!!). Non, c’est juste le starter…. Ouf ! Je suis donc la meute en espérant pouvoir tenir un petit 4’ au kilo. A 50 m devant moi, j’aperçois mon collègue ainsi que la charmante demoiselle sus citée. Les sensations sont bonnes, je passe le premier kilo en 3’50, dix secondes de rab’, c’est toujours bon à prendre. Le parcours est varié : petit chemin bitumé, sentier pédestre, sentier herbeux, grande route, cela met du rythme et le temps passe plus vite ainsi. Le deuxième kilo est franchi en 4’02, cette baisse de rythme s’explique par le fait que le vent souffle beaucoup ce matin et que le parcours demande quelques relances lorsqu’il faut tourner dans un virage en épingle. Je me sens bien, c’est l’essentiel. J’essaie également de gérer le problème « vent » en abritant mon quasi double-mètre derrière des coureurs. Un coup à droite, un coup à gauche, deux coups à droite, en avant, en arrière, un petit saut pour éviter un gros caillou, j’ai l’impression d’être Hugo dans Hugo Délire avec Karen Cheryl qui commente ma course : « oups ! Attention ! Vite ! Vite ! Vite ! Bravoooooo ! » (Ne me dites pas que vous ne vous souvenez pas de cette émission d’anthologie, le monde entier nous l’enviait, mécréant !).

Le 3e kilo est passé en 3’57, le pied. Le quatrième kilomètre (4’05’’) sera plus dur car le terrain répond moins bien et il y beaucoup de virages. Peu avant la fin du 4e kilo, j’aperçois ma moitié qui est venue m’encourager, je suis comme un gamin et sa présence me booste pour la suite. La première boucle se termine en ville, un faux plat descendant et l’absence de vent me permettent de clore le cinquième kilomètre en 3’52. Bilan des 5 premiers kilomètres : 19’48’’. Je suis aux anges car je n’ai jamais bouclé cinq kilomètres à ce rythme ! La suite de la course ne sera que du bonus. J’ai encore douze secondes d’avance sur mon objectif absolu de 40’. Alors pourquoi pas ?

Le sixième kilo est facile (4’), je n’ai pas mal aux jambes, le souffle est facile et je me rapproche de la fifille. Elle sent mon souffle chaud dans sa nuque et je la …….. dépasse, je la poutre, je la dépose. Non, décidément, je n’ai pas la tête à çà, ni autre chose d’ailleurs. J’ai un chrono à faire péter, moi ! Durant les deux kilomètres suivants, je commence à sentir la fatigue, je suis moins lucide. A tel point que j’en oublie de prendre un temps intermédiaire. Ce n’est pas grave car les deux derniers kilomètres me sont favorables donc il sera encore temps de tout lâcher, de faire hurler la chiotte, de pousser les gaz (mais pas trop !). 7e et 8e kilos : 8’08’’, plus que 3’’ d’avance sur mon improbable perf’.

9ème kilo, je tente de ne pas baisser de rythme, de gérer au maximum. Je sais que le record est dans la poche mais passer sous les 40’ serait mon exploit à moi ; Il faut que je garde du jus pour les derniers 1000 mètres, c’est là que je peux regagner 15 à 20 secondes ! 4’06’’ pour le 9e, 3’’ de retard.

Le 10ème kilo sera couru avec la « gnak », j’accélère un peu sur les 600 premiers mètres jusqu’à rattraper un coureur que je tente d’emmener avec moi. Peut-être m’a-t’il mal compris lorsque , suant, je lui ai dit d’une voix haletante et gutturale : « Vas-y ! Derrière moi, à fond ! » PERVERS ! A ce moment-là, j’aperçois la ligne d’arrivée et me lance dans un sprint mémorable. Je lève un poing rageur vers le ciel, j’arrête mon chrono : 39’47’’, 3’44 pour le dernier kilo. Moi qui n’aurait pas parié pour 41’ ! Je suis aux anges. J’embrasse ma petite femme, je suis fier et étonné à la fois.

Bilan de cette course : un parcours sympathique pour un dix kilomètres, une bonne ambiance. C’est la première fois que je cours une distance pareille avec autant de détachement et de plaisir.

Voilà mon CR. C’était juste pour me la péter et dire que j’avais battu mon record. Prochain objectif : un cross.

 

Rag’

 

 

6 commentaires

Commentaire de philkikou posté le 30-10-2008 à 13:55:00

Beau retour au source....qui rime avec course

Y'a pas de mal à s'faire du bien .... à aller chercher un chrono

Bravo à toi (toujours plaisant les c.r.s. (compte-rendus... au pluriel)

Commentaire de robin posté le 30-10-2008 à 14:13:00

Ah oui hugo délire ! je m'en souviens !

J'ai bien aimé le ton du C.R.

Bravo pour le record !

dans l'attente de lire les aventures de Ragondin Sénior chez les cross men's

Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 30-10-2008 à 15:33:00

YEEEESSS !!! Bravo le Myocastor et merci pour la rigolade ! Garde le couplet sur le trail au chaud, y'en a qui s'la pètent et qui mériteraient bien qu'on développe ton propos.

Commentaire de Françoise 84 posté le 30-10-2008 à 16:38:00

Super ton récit avec le traileur qui se la pète mais qui finit par arracher son record sur une course "pour nains de jardins"...!!!!! Comme le dit le Lutin, certains devraient en prendre de la graine... En tout cas, bravo à toi pour la gnack et la perf!!

Commentaire de brague spirit posté le 30-10-2008 à 17:48:00

Belle marque,pour une reprise sur la distance.C'était un petit déj,pour un marathon.Super récit,vivement la prochaine course,cross.

Commentaire de Francois dArras posté le 06-11-2008 à 20:46:00

A ce rythme là tu vas vite avoir bouclé les objectifs tu t'es fixé ! Ca ne m'étonne pas de toi.
Je prévois donc ton retour sur les trails pour la fin du printemps...
Bravo en tous cas, je reste admiratif !

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