Récit de la course : Kitatanzawa 12-hour Adventure Race 2008, par Erwan Japon

L'auteur : Erwan Japon

La course : Kitatanzawa 12-hour Adventure Race

Date : 6/7/2008

Lieu : Sagamihara (Japon)

Affichage : 999 vues

Distance : 43.4km

Objectif : Terminer

11 commentaires

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Pas d'autre récit pour cette course.

Le récit

Pour ceux qui ont fait le Marathon du Mont Blanc fin juin, ben le Kitatanzawa 12 hour Adventure Race 2008, ca ressemble...
Avec un peu plus de montee, et beaucoup plus de descentes.
C'est tres raide, et souvent tres technique.

Date: le 06 Juillet 2008
Distance 44.4 km.
Denivelle positif: 3,900m
Denivelle negatif: 3,900m
Particularite: chaud, tres chaud !
3 longues ascension, d'environ 1,000m chacune.
Une ascension plus petite au depart (360m), et des petites bosses par-ci par-la.
4 descentes relativement longues.

Jusqu'au depart
Le depart cette annee avait lieu a 6h30 pour les moins de 39ans (et comme je suis encore classe chez les jeunes, 6h30 pour moi).
Mon sac était prêt la veille, tout comme mon premier petit dejeuner.
Lever donc a 3h30, et premier petit dejeuner: banane, pain/confiture, tisanne de menthe, etc...
Puis depart en voiture avec un autre participant a 4h du mat. Le pire, c'est qu'il commence deja a faire jour ! Ils sont fous les Japonais, a toujours rester a l'heure solaire.

Arrivée un peu avant 5h30, mais plus de place au parking principal, Ben oui, on etait plus de 1,800 inscrits, alors...
Toutefois, l'organisation etait nickel, et on nous dirige vers un parking - en fait la cour de l'ecole primaire du village - a 2km du depart. On commence un peu a stresser (on a toujours pas recuperer nos dossards, et on a 2km d'une pente d'environ 8% pour rejoindre le depart. Pas non plus envie de faire ca en courant...) Pas beaucoup le temps de stresser en fait, un mini bus faisant la navette entre les parkings éloignes et le départ arrive assez vite. Ouf !

Vite, je recupere mon dossard. Il fait deja chaud, tres chaud. Et il n'est que 6h15 du mat. La journée s'annonce difficile. Cette course étant en semi-autonomie, le premier ravito est au km 18, avec une petite butte (360m de D+) a avaler, puis une longue descente, une vilaine grimpee avec prés de 1000m de D+, et une descente tres technique de D- 750m.
Alors bien sur, tout le monde ou presque a un sac a dos hydratation. (Et moi aussi).
J'ai prevu 2 litres, plus deux petits machin de boisson isotonique (250ml chacun).

Je mange mon deuxieme petit dejeuner (3 grosses tartines de pain, et une banane sèche), bois pas mal d'eau, et puis queue pour les toilettes.
Zut, ca avance pas.
Depart dans 15min. Toujours devant les toilettes, en train de discuter...
Bon ca avance, mais pas tres vite.
Le micro nous annonce que la journee va etre tres chaude (tu parles, comme si on avait pas devine, il fait deja 28C a 6h20 du mat...), et qu'on va consommer beaucoup plus d'eau que l'on ne pense, donc "prenez beaucoup de liquides avec vous".
Mouai, avec mes 2.5 litres, ca devrait le faire. Et puis, apres, il faut porter !
Moins de 10minutes avant le depart. Ca y est, les toilettes se libere, et je peux enfin me liberer un peu... Ouf ca fait du bien !
Je rejoins la ligne de depart, fait une photo des coureurs sur la premiere ligne.

 

Les favoris n'etaient d'ailleurs pas encore au depart (ils etaient en train de discuter a 20m de la... Facile a reperer, avec leurs numeros a 1 chiffres.

Impossible de me mettre a l'arriere du peloton de 800 personnes au depart. (Ben oui, c'est étroit le chemin, et on peut pas passer. Donc j'attends comme pas mal de retardataire sur le cote, 20m derrière la ligne (les derniers doivent être 100m derrière).

La première petite butte avec la première grande descente
Ca y est c'est parti. Je m'infiltre dans le peloton, et commence a courir.
Au début, 1.5km de route. Pourcentage 8% ?


Tout le monde autour de moi fonce comme des malades. Certains sont définitivement dans le rouge, et après 500m, je commence à dépasser. En fait, après les 1.5 km de route, il y a le debut du chemin de montagne, et tous les ans, c'est la qu'il y a le plus de bouchons.

Comme moi la route, c'est mon domaine, je me débrouille pour etre dans le 1er quart environ. Et l'entrée sur le chemin de randonne se fait sans trop de problemes.

 

A la queue-leu-leu, mais tout le monde a un bon rythme... de marche. Car ca commence a grimper tres dur des le debut du chemin.

 

Des que la pente faiblit, petit allure de footing.
Je pense que seuls les 20 premiers environ ont du courir sur toute cette portion, vraiment raide. Et je comprends pourquoi ca fait des bouchons pour les coureurs un peu lent au depart. Mais de la a se mettre dans le rouge sur le premier km d'un ultra...

Arrivee au sommet de cette butte, descente tres raide sur une petite portion, puis on rejoint une route.
Et la c'est une descente tres facile, pas tres raide. Un peu longue, avec de longs passage sans ombre. Et il fait chaud. Le thermomètre doit avoir deja dépasse les 30C, avec l'humidité tres forte (plus de 80%, comme souvent au Japon l'ete).

Je trouve la descente tres longue. Enfin, je vois la riviere, avec le camping.


C'est la la fin de la descente.
1h04 a mon chrono, on est au km 8. Et qu'est ce qu'il fait chaud.

La premiere grande ascension
Je bois régulièrement depuis le tube de mon sac hydrau, mais a chaque fois j'ai l'impression de pomper comme un malade pour une minuscule gorgee.

Enfin, on rentre dans le vif du sujet. Kitatanzawa, c'est de la grimpette. De la vrai. Le programme nous annonce 6.7 km de montee. 900m de denivelle Rapide calcul, ca fait du 13%. Mais en fait, on a un passage a un premier sommet apres 4km, pour redescendre un peu sur la crête, et remonter de plus belle. Donc c'est 1,000m de denivelle en environ 6km. Presque du 20% ! Succession de passages tres raides, racines, escaliers...


Tout le monde marche bien sur. Et de plus en plus, certains coureurs s'arrête pour reprendre leur souffle.
Moi ? En fait ca va pas tres fort.
Ca grimpe trop dur la. Il fait chaud. J'ai soif. Chaque fois que je bois avec mon tuyaux, j'ai l'impression de n'avoir qu'une gorgee minuscule, et la soif reste.
La sueur degouline de partout. De la casquette, ca tombe, une goutte toutes le 2 secondes. Le short ? 100% mouille. Le T-Shirt ? N'en parlons pas. Ca degouline de partout. Les chaussures ? Ca fait floc floc comme si j'avais mis les pieds dans la riviere. Tous les 100m, je fais une pause d'une dizaines de secondes pour reprendre mon souffle. Je comprends que j'ai interet a faire une pause, verifier mon sac a eau, et prendre un truc sale si je veux finir cette course. Qui veut aller loin ménage sa monture, et la la monture est en piteux etat, alors que la course vient de commencer.
Je m'arrete donc des que j'ai trouve un endroit pour s'assoir (un tronc d'arbre). J'enleve le sac. En fait le tuyau faisait un plis dans le dos, et l'eau était coince. Le sac est presque plein. Je bois un bon coup. Ca marche cette fois ! Pas d'effort a faire pour boire avec ce tuyaux.


Je mange une umeboshi. C'est des prunes japonaises conservee dans un melange de sel et vinaigre. Et avec toute cette sueur, je sais que j'ai interet a prendre ce genre de machin (et j'aime bien ca, j'en ai pris 4-5 avec moi).
La pause aura bien duree 2 minutes. Je repars et ca va un peu mieux. Mais c'est pas encore ca. C'est clair que j'etais en debut de déshydratation. Donc la faut essayer de recuperer les morceaux. Je bois donc avec mon tuyaux toute les 5 minutes. Tres agreable de pouvoir boire sans faire d'effort. Et je monte a un rythme plutôt pepere. Dans mon dos, j'entends des encouragements. Je me retourne: voila les premiers des plus de 40ans.
Ils sont partis avec 30min de retard sur nous.
Je suis souffle.Ils montent en courant ! Une tres petite foulee, mais ils courent ! Ils sont 3, a la queue-leu-leu.
La pente est de plus de 15% a cet endroit. J'annonce leur arrivee et tout le monde devant moi leur laisse le passage. Pas facile de doubler dans cette montee, et ils ont du avoir un mal fou dans la premiere moitie de la course.
On passe aupres d'une cloche sur un premier sommet (Kanetsuki-san) avec des organisateurs qui surveillent les passages. Petite descente, et la montee reprend de plus belle. Je sais qu'on a fait 2/3 de cette ascension au niveau de la cloche.
Je continue de boire tres regulierement et la forme revient peu a peu. Enfin, la forme ?
Ca avance pas vite quand meme. Fait trop chaud dans ce pays.


En plus n'ayant pas repere les lieux, je ne sais pas du tout ou je suis... Ca grimpe. Oui. Mais encore combien de temps ? 10min ? 30min ?
On se fait encore double par 3 ou 4 veterans. Et de nouveau des encouragement derriere. Je me retourne. La premiere femme !
Jamais j'aurais imagine me faire doubler par la premiere femme dans la premiere grande montee (y'en a 3 grande montee, et elle avait 30min d'handicap au depart!). Elle passe comme un boulet de canon. Pas croyable ! C'etait qui cette fusee ?
En regardant la remise de prix feminins apres la course, j'ai su qui c'etait.
En fait, c'etait normal qu'elle me rattrappe si vite dans la course.
Norimi Sakurai, championne du monde du 100km en titre, avec la 2eme perf. mondiale de tous les temps (7h00mn27sec, mieux que Ann Trason!) et 2eme perf mondiale aussi au 24h (plus de 241km). Elle a aussi gagne le IAU Trail World Challenge (80km, Huntsvile, Texas) l'an dernier avec plus de 40mn d'avance... en finissant 4eme, juste DEVANT Akos Konya (2eme de Badwater en 2007 et 2008, c'est pas vraiment un debutant).
Bon, n'empeche que quand elle m'a double, je savais pas que c'etait une aussi grosse pointure, et ca m'a quand meme foutu un coup au moral. Il est a peine 9h du mat, et le soleil a l'air d'etre au zenit, nous faisant fondre litteralement sur le chemin tres escarpes. De plus en plus de dossards verts (les veterans) nous depassent (pas facile pour eux les pauvres). Et beaucoup de zombies sont arretes sur le bord du chemin, debout en train de reprendre leur souffle, ou assis en train de faire une pause dans un petit coin d'ombre.

La montee, qui avait l'air interminable (c'est ce qui arrive quand on ne repere pas les lieux), est soudainement interrompu par un virage a gauche, indique par des volontaires qui nous encouragent en nous disant que le premier ravitaillement est dans 3km.
Mon chrono indique 2h35, et j'ai enfin fini la 1ere des 3 grandes difficultés de la journée. Depuis le camping, les 900m de denivelle (en fait plus proche de 1000m car on a descendu un bout entre temps) m'auront pris 1h30, soit du 600m/h de moyenne.

La deuxieme grande descente
Oui, mais c'est technique cette descente. En fait 3.4km, mais 720 de D- !
C'est une moyenne de plus de 20% !
Je me fais allegrement depasse par des cascadeurs qui descendent sans freiner. Mais comment font-ils ?
Ils sont completement fous ! Y'a pas que des fous d'ailleurs. Je me fais aussi dépasser par 2 folles, les 2eme et 3eme feminine.
Toutefois, apres quelques epingles a cheveux, je commence a prendre le rhytme et me fais un peu moins depasser sur la fin de cette descente.
De toutes facons, elle ne durera que 22mn (ca fait du 2,000m/h !) cette descente. Je bois quelques gorges lorsque je m'ecarte pour laisser passer quelques brutes.


En bas, on traverse une petite riviere, et on apercoit un refuge. C'est la qu'a lieu le premier ravitaillement et la premiere barriere horaire.
(CP1 pour check point 1) Ca fait bientot 3h que la course est commence. Pour un marathon, je serais proche de la fin... et la je suis au km 18.
L'eau est distribue dans des grands bols de plus de 1/2l.
Je decide de remplir ma poche d'eau a plein (donc 2l, elle etait presque vide), et c'est plutot facile grace aux grands bols. Enfin, ca a l'air facile mais je suis pas trop doue et j'en fous partout. en plus, j'avais bien ferme le camelbak pour etre sur qu'il ne fuit pas. Mais pour le rouvrir, ben, il m'a fallut m'y reprendre a plusieurs fois (en ralant, quelle est la brute qui a ferme ce truc)
Je mange une banane, 2 morceaux de concombres sales. Je bois bien sur quelques gorgees. Et je m'asperge copieusement la tete.
Du coup, y'aura pas de photos de ce CP, car mon apareil photos, protege dans une poche du sac depuis le debut de la descente y reste sagement..
A ma grande surprise, je vois beaucoup de candidats arrive en meme temps que moi ou un peu avant remettre leur dossard au poste "abandon".
On a 1h30 d'avance sur la barriere horaire, 2h meme pour les veterans. Je vois pas trop ce qui peut les pousser a abandonner en si bon chemin.

Je repars apres une pause totale d'environ 8 minutes. J'avais pas l'impression de m'etre arrete aussi longtemps, mais le manque d'experience pour remplir mon camelbak...
On passe sur le tapis pour la puce electronique a la sortie du ravitaillement, et c'est la que ce fait la barriere horaire.
Temps limite 4h30 (je passe en 3h05).

La deuxieme grande ascension


Et apres, bien evidemment, ca remonte. Mais j'ai bien recupere de mon debut de deshydratation une heure plus tot.
La montee n'est pas trop longue et se fait sans encombre en une heure.


Je mange abricots secs, umeboshi, une banane seche. et je bois un de mes deux machin de boisson isotonique. Je suis impressionne par la facilite a laquelle ca passe (Car l'eau, je serais incapable d'en boire autant d'un coup).

 

Bon a savoir pour mes futurs ultras !

Petit passage plat de 400m dans une zone naturelle, ou on a pas le droit de courir  

D+ 580m, monte en 57mn depuis mon depart du CP1, donc environ 600m/h de moyenne, je reste regulier par rapport a ma premiere montee. Je realise tout de suite que j'ai pris trop d'eau au CP1. Mon sac doit contenir plus d'1 litre encore, et on est deja en descente.

La troiseme grande descente
La descente apres est beaucoup plus facile _beaucoup moins technique_ que la precedente.

 

Apres un petit km avec une pente a 20%, on rejoins une petite route de montagne desafectee (avec des eboulis partout). Et apres, descente en pente douce sur 7km pour rejoindre le 2eme (et dernier) ravitaillement/barriere horaire de la journee. Je fais attention a bien m'hydrater dans cette descente, car je sais que c'est important pour la suite de la course. Je cours en rhytme "jogging" sur toute la distance, ce qui me permet de depasser pas mal de concurrents avec un rhytme legerement inferieur, ainsi que d'autre un peu en panne.


Pourtant, c'est probablement le morceau le plus facile de cette epreuve. Pente faible, souvent a l'ombre, surface pas trop difficile.

On traverse un tunnel, et je sais que le CP2 est juste derriere. (J'ai lu ca sur plein de CR des annees precedentes).

 

Surprise, a la sortie du tunnel (pas tres long non plus) on voit un deuxieme tunnel. Me serais-je fait avoir ?
M'enfin, on entend deja les encouragement. Le 2eme tunnel ne fait guere que 80m, et effectivement, on voit le ravitaillement juste derriere.
Mon chrono indique 4h55 a l'entree du CP2.


Il y a une source d'eau a ce niveau, et les volontaires (assez nombreux perdu dans cette montagne) remplissent des bouteilles de 2l les une apres les autres, le surplus tombant dans une grande poubelle dans laquelle on peut puiser avec d'enormes louches. Il y a au moins une 20aine de bouteilles de 2l pleine sur la table.
Une volontaire, armee d'une de ces bouteilles et d'un entonnoir se propose de faire le plein de ma sacoche d'eau. J'accepte volontier (avec les louches au CP1, j'en ai foutu un peu partout, et ca m'a pris pas mal de temps). La la poche est remplie en quelques secondes. Ouah ! Ca c'est efficace.
N'ayant consomme que la moitie de mon eau, j'ai hesite quelques secondes, mais je savais que la derniere partie risquait d'etre longue, et dure.
En plus, comme on est parti a 6h30, et que ca faisait 5h qu'on etait en course, il etait 11h30. Avec un soleil au zenit, le mercure etait super haut (environ 32C d'apres les releve meteo que j'ai consulte ensuite).
J'envoye un mail a ma femme depuis mon telephone portable, et hop, c'est reparti !
A la sortie du CP2, le tapis pour la puce: (5h00mn42sec).
Tiens, je n'ai plus que 1h d'avance sur la barriere horaire, je sens que beaucoup vont se faire pieger la.
Surtout qu'entre le CP1 et le CP2, je n'ai fais aucun arret, et j'ai eu aucun deboire.

Lorsqu'on quitte le CP2, on sait que normalement on va finir cette course. Parce qu'apres, non seulement y'a plus de barriere horaire autre que l'arrivee, mais en plus y a plus d'endroit pour abandonner. Meme si on abandonne, faut revenir a pied soit au CP2, soit a l'arrivee :-)



La troisieme et derniere grande ascension
La derniere montee s'annonce la plus terrible, Je pensais qu'elle etait aussi longue que la premiere.
Elle m'a semblait beaucoup plus longue. Probablement qu'apres plus de 5h de course, j'etais moins frais.
A chaque fois que je pensais arriver au sommet, ca continuait de plus belle. Sur le papier, seulement 820m de denivelle pour 5.8km, En pratique, on passe a 2 sommets en chemin. Et apres chacun, on plonge d'une centaine de metre, pour les remonter apres. Bref, y'a plus de 1000m sur cette 3eme grande difficulte.
Des le debut de la montee, j'essaye de me ravitailler.
D'abord une umeboshi (avec toute cette sueur, le sel, c'est indispensable): ca passe tout seul.
Abricot sec: c'est aussi passe.
Un bout de banane seche: non elle est restee coince dans la gorge, oblige de tout recracher,
Et ma deuxieme boisson isotonique ? La par contre, pas de pb. Ca se boit sans pb ce genre de truc. C'est bon a savoir pour la suite.
J'ai bien cru que le sommet n'allait jamais arriver.


Combien de fois je me suis arrete pour des pauses de 20-30 secondes ? Je ne sais pas.
Alors qu'on commencait a voir un sommet, je demande a un veteran qui montait avec moi si on etait loin du sommet, et j'esperais qu'il me dise; plus que 10-15min. Il m'a repondu environ 40min ! Il m'en faudra en fait pres de 50...
Je pense que sur ce genre de montee interminable, une reconnaissance du parcours aide enormement. La j'avancais en aveugle total.
Sans balisage, sans altimetre. Dur dur.
Pourtant il faut bien qu'il finisse par arriver ce sommet. Ca y est, on voit un sommet avec des gens qui encouragent. En fait, des membres d'un club de marathon qui on fait la ballade avec des litres et des litres d'eau et qui encouragent les coureurs en proposant de l'eau. Sympa! Mon sac d'hydratation etant loin d'etre vide, je n'utilise pas ce precieux ravitaillement imprevu, mais je vois que pas mal de concurrent a la limite de la deshydratation lui feront honneur.
On est bien au sommet ?
Oui, mais pas le bon. Euh, mais vous y etes presque la. Vous descendez sur 500m, et en remontez autant, et apres c'est bon, y a plus que de la descente. Plus qu'un km pour le sommet.
Ah. C'etait pas le bon... Mais effectivement, la descente n'est pas tres longue et on voit le sommet qui nous attend (enfin).
Au sommet (le bon cette fois), des membres de l'organisation, qui notent les passages, et nous indiquent le chemin a suivre en nous encourageant. "Ca y est, vous n'avez plus que de la descente maintenant !"
Cette terrible montee m'aura pris 1h55 ! Euh, pour seulement 820 m de denivelle, ca fait donc plus que 430m/h
En fait, on a bien grimpe 1000m, donc le rhytme est plus proche de 500m/h. M'enfin, ca montre un sacre flechissement par rapport au 2 premieres montees.

Je suis bien content d'etre arrive en haut. Plus que 9km de descente, et je finis mon premier ultra !
Ca fait 6h50 que je suis parti. Je pense pouvoir donc passer sous la barriere de 8h.

La 4eme et derniere grande descente
9km, et 1200m de denivelle, donc c'est quand meme assez raide (13% de moyenne). Moins raide toute fois que la premiere longue descente.
Le debut de la descente je commence doucement. Un peu creve apres toute cette montee, avec toute cette chaleur.
Apres, je prends progressivement le rhytme.
De temps a autre, je me fais depasser par des coureurs, essentiellement des veterans.
Je depasse aussi pas mal de personne arrete, ou en train de marcher.
Je me fais rattraper par une feminine, mais je la rattrape un peu apres sur une partie plate.
Apres 2km de descente, comme on suit la crete, ca se remet a monter. Eh, la ! On nous avez promis 9km de descente, plus de montee ! C'est quoi c'truc ?
En fait, c'etait pas trop long. Et ca redescend juste apres. J'ai enfin trouve le rhytme. La feminine et un jeune se calent dans ma foulee, et on descend a un rhytme correct mais pas non plus ultra-rapide. On depasse de plus en plus de coureurs. On passe le panneau "arrivee 5km". Cela fait un moment que plus personne ne revient de l'arriere. Quand soudain, un "sumimasen". On s'ecarte pour laisser passer... une autre feminine. Celle qui courait avec moi lui emboitte aussitot le pas, il faut dire qu'elles doivent etre dans le haut du classement feminin (et elles sont parties 30 min apres moi).
On les voit filer a un rhytme de fou devant. Et on continu plus qu'a 2 a notre rhytme, soutenu mais pas casse-cou.
Plus que 3km ! Plus de probleme pour les 8h. On depasse de plus en plus de coureurs. 9km de descente, ca casse les pattes.
Les miennes d'ailleurs ne sont pas a envier. Les cuisses, les genoux commencent a trouver ca long. Et y a aussi un orteil ou deux qui doivent etre en mauvais etat. Mais de toutes facons, si je m'arrete de courir pour marcher, ca ne fera que ralonger la duree.
Enfin, on rejoins la route goudronne. On entend le micro a l'arrivee au loin. On traverse un petit tunnel, puis de nouveau un petit chemin.
Et ca y est, on rentre sur le terrain ou il y a l'arrivee, la-bas, au bout. Un petit virage. Je sors mon apareil photo pour prendre cette arrivee.


7h50mn20sec.
Ca y est j'ai fini mon premier ultra.
Je suis vanne.

J'ai fini !
Apres l'arrivee, j'ai rencontre la fille avec qui j'ai descendu le premier tiers de la derniere descente.
Un genou tout en sang. Elle m'a dit qu'elle a finit 9eme, juste derriere la fille qui nous a depasse en cours de route, et avec une chute a 2km de l'arrivee.


Le podium etant jusqu'au 8eme, elle etait un peu decue mais avais pas l'air de s'inquieter de son genou !

Je vais chercher mon diplome:


164eme dans ma categorie sur 871 incrits.

Ensuite, bain bien merite dans la source thermale juste a cote de l'arrivee. Super agreable !
J'en profite pour constater que 2 ongles, un sur chaque pied sont en mauvais etat et vont probablement tomber dans quelques jours.



Le lendemain, j'apprendrais qu'on etait que 779 finisseurs pour 1626 au depart (48%).

Classement:
164/388 (871 inscrits) chez les moins de 40 ans.
258/733 (1710 inscrits) au classement general masculin.

Prochain objectif: la Course de la montee du Mont Fuji, le 25 Juillet.
Et la, va falloir monter plus vite que ca. Car y'a 3,000m de denivelle, et un temps limite de 4h30, donc il faut grimper a plus de 650m/h.
Et au depart, il fera aussi 30C, mais grace a l'altitude (le sommet est a 3770m), l'arrivee sera beaucoup, beaucoup plus fraiche.
Peut-etre pas prudent de faire son premier ultra moins de 3 semaines avant la Montee du Mont Fuji mais bon... trop tard, c'est fait.

 

11 commentaires

Commentaire de L'Castor Junior posté le 22-07-2008 à 13:52:00

Décidément, que ce soit sur route ou sur trail, sur courtes ou longues distances, tu parviens toujours à faire des perfs de folie, et des CRs passionnants.
Merci Erwan de nous faire rêver une fois de plus : amuse-toi bien au Mont Fuji (pfioou : 650 m/h minimum de vitesse ascensionnelle, pas fait pour moi, ça...)

Commentaire de JLW posté le 22-07-2008 à 14:54:00

Très intéressant Erwan et pour un 1er trail tu t'es choisi un beau morceau et une bonne perf à l'arrivée. On a l'impression que tu as déjà bcp d'expérience à te lire et j'attends avec impatience ton prochain récit de la "Montée du Mont Fuji". Bonne course.

Commentaire de Jerome_I posté le 22-07-2008 à 20:22:00

Super Erwan ton récit, et bravo pour ton premier ultra, on attend de lire avec imaptiente le prochain dans trois semaines, reposes toi bien.

Jérome

Commentaire de chorizo13 posté le 22-07-2008 à 22:15:00

bravo Erwan, quelle chance on n'a d'avoir un correspondant au Japon, pour nous faire vivre des aventures aussi passionante a des milliers de KMs
continu comme ça
Yves

Commentaire de le_kéké posté le 23-07-2008 à 16:52:00

Merci Erwan pour ce récit passionnant et dépaysant.
En tout cas bravo d'avoir boucler si brillamment ce premier ultra.
Vivement le prochain récit.
A+

Philippe

Commentaire de brague spirit posté le 24-07-2008 à 08:05:00

Bravo Erwan,belle course que tu as su nous faire vivre grace à "la toile".Maitenant cap,sur le Mont FUJI.Jean Miichel

Commentaire de philkikou posté le 24-07-2008 à 21:08:00

"droit dans la pente" , ca le fait aussi au Japon !!! Bravo , bonne récup...et en attendant le prochain c.r. avec des photos "Fuji"

Commentaire de tabuki posté le 26-07-2008 à 14:30:00

Bravo à toi pour ce 1° ultra tu as fait fort.
J'ai hâte de lire et de voir les supers photos du prochain CR du Mont Fuji en esperant que tu auras pris bcp de plaisir.

Commentaire de Lolarun posté le 28-07-2008 à 21:21:00

Merci infiniment pour le dépaysement ! un grand bravo pour cet Ultra.. et pour le Fuji! je viens de voir que tout s'est bien passé aussi, les photos sont superbes, hâte comme tout le monde de lire le récit, celui ci est extra, bourré d'humour et tout en humilité, on serait presque tenté d'oublier la mesure de ton exploit à toi à lire ton dépit à voir passer ces féminines ! Grand coup de chapeau !
lola

Commentaire de agnès78 posté le 28-07-2008 à 23:19:00

impressionnant! BRAVO pour cette grande première et un très grand merci pour nous avoir fait vivre cela par l'intermédiaire de ce superbe récit! Bonne continuation
bises
agnès

Commentaire de Mustang posté le 29-07-2008 à 19:03:00

Merci pour ce passionnant reportage très complet.

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