Communauté des sports d'endurance

J'arrive vendredi en fin de journée à La Bastide, village de départ de ce 1er Tour du Canigou (80 km et 5500 D+), après 6h de route : ça fait du bien de dégourdir les guiboles ! La route menant jusque là est vraiment très chouette, sinueuse mais superbe, traversant des villages magnifiques.

                      

  LE MASSIF DU CANIGOU : A NOUS 2 !...

 

  

J'installe, ou plutôt je jette, ma tente 2" sur un carré d'herbe du camping de La Bastide, où quelques coureurs sont déjà arrivés.

Un apéro est servi dans la salle des fêtes juste à côté et me permet de faire connaissance avec l'équipe de l'organisation : Gérard, Martine, Luc...

Une petite bière et quelques cacahuètes plus tard, nous voici assis à une grande tablée où nous savourons un délicieux tajine (à ce stade-là, j'adore déjà ce trail) tout en faisant connaissance entre coureurs : les prépas UTMB/CCC et GRR sont récurrentes dans les conversations !

Mais il se fait tard et je regagne ma 2" pour une bonne nuit... Samedi matin, rebelote au petit déj, où j'ai le bonheur de trouver mon Nutella chéri !!! Ce trail est tip-top...

Je prépare mon sac tranquillou, surtout ne pas oublier ni la casquette ni la crème solaire 50 !

D'autres coureurs arrivent au fil des heures, jusqu'au regroupement sur le lieu de départ. Nous sommes environ 80 dont 17 courageuses ! Le soleil cogne bien, il va falloir gérer l'effort, comme nous le rapelle Gérard.

14h : c'est parti ! Je n'ai pas d'objectif sur ce trail, si ce n'est de faire du volume et passer une nuit complète en course.

 

Dès la 1ère montée je dégaine l'appareil photo, j'ai pas fait tous ces km en bagnole pour ne pas ramener de souvenirs !!!

Je démarre tranquille, je crains le coup de chaud et puis 80 bornes, c'est long... Je discute avec une traileuse dans la montée à la Tour de Batère. Nous débouchons sur un superbe point de vue, avant de dérouler sur un sentier agréable plus ou moins en courbe de niveau.

 

La 1ère descente arrive : je vais tester la fiabilité de mes appuis puisque je n'ai pas mis mes chevillères habituelles. J'ai décidé qu'il était temps de s'en passer, du moins sur les ultras où je n'ai pas à "envoyer" en descente.

                                        

VUE SUR PERPIGNAN ET LA MEDITERRANEE !

Le parcours remonte en sous-bois, je me sens super bien. Nous rattrapons une large piste sur laquelle je marche puis trottine et qui nous mène au 1er ravito, où je remplis le camel, et pose pour la petite photo kivabien avec Gérard !  

Je repars, quelques centaines de mètres plus loin je reviens sur un groupe de 3 coureurs, sur une monotrace en sous-bois. Le 1er gars me laisse passer, "merci", le second ne m'a peut-être pas entendue arriver, je lui dis "pardon", pas de réponse, "pardon ?"... toujours rien... "allo ?" et là je m'entends répondre "t'as qu'à passer sur le côté" sur un ton super agressif.

Ah, me dis-je, un Syndrome de la queue de cheval !!!  Késako ? C'est typiquement le mec qui a les boules de se faire doubler par une fille ! Je double donc comme je peux, en vrac dans le fossé, et reprends la trace devant lui, pensant l'épisode clos...

A peine le temps de réempoigner mes bâtons que j'entends : "Si c'est pour faire ça, t'as qu'à rester derrière" d'une voix hargneuse...j'y crois pas !!! "hé, mais ça va pas non ? calme-toi !", et il me ressort que je le ralentis et que j'avais pas à le doubler (alors qu'en fait il est dans le rouge complet) : "si je t'ai rattrapé c'est qu'a priori je vais plus vite que toi..." !!!

Je rajoute : "Si ça te fait chier de te faire doubler par une fille, t'as qu'à rester chez toi" et là, trop énervée, je lui pose un sac, et 20m plus loin je lui crie "alors ça suit derrière ???"... pas de réponse... ben forcément, il est carbonisé ! Pauv' mec, va...

Cet épisode va m'énerver pendant une bonne demi-heure, me poussant à accélerer l'allure sans m'en rendre compte en gagnant les 1ères estives....

 

Je rattrape du monde, un petit groupe sympa se forme, le paysage est superbe, ça me change les idées.

Tout se passe bien, je prends confiance dans la descente qui suit. Nous revenons sur un coureur... en tongs ! Et encore, on a du mal à le reprendre !!! Hallucinant... Je lui demande l'autorisation de le prendre en photo... Jusque là je n'avais vu ça qu'à la Réunion, mais jamais en métropole...

Puis nous redémarrons une ascension d'abord sur une large piste, puis un sentier dans la forêt, souple, super agréable.

                                          

 Quelques minutes plus tard nous traversons nos 1ers pierriers (les 1ers d'une longue série !), ça devient technique... et parfois hasardeux, avec des hésitations sur le balisage.

C'est là que je fais connaissance avec Jean Pierre (c'est lui en maillot bleu !) alias JPV sur kikourou. Le courant passe bien tout de suite et nous arrivons ensemble aux Estables, 2e ravito (33e km).

Nous repartons ensemble à l'assaut du Pla Guillem, coup de fil de mon homme qui se prépare à courir le marathon du MB le lendemain, je suis super, super bien, j'ai des ailes, et je mène tout un groupe jusque là-haut. Le Pla Guillem, au soleil couchant, c'est somptueux, avec ces énormes kairns, les Pyrénées qui se découpent à l'ouest, le sommet du Canigou au nord, j'adore...

J'écoute les nombreux messages sur mon répondeur, et les sms, ça fait chaud au coeur d'être aussi soutenue par sa famille et ses amis ! Encore quelques hésitations sur l'itinéraire puis on plonge vers la longue descente sur Mariailles, km 42, le ravito avec la bonne soupe !

 

Je troque la casquette contre la frontale et en avant pour le col de Ségales avec Jean Pierre.

La nuit tombe rapidement, l'ascension passe très bien, au fil des nombreux sujets de conversation. Je change les piles de ma frontale pour la descente, encore un test pour mes chevilles... les sentiers sont de plus en plus techniques, où bien est-ce les 1ers signes de fatigue qui me donnent cette impression ? Mais rien d'inquiétant après quelques 10h de course. Les chevilles tiennent le coup, même dans les nombreux pierriers, j'ai même l'impression qu'elles se renforcent au fil des heures.

Nous arrivons au pied de la dernière grosse montée, et là gros coup de barre ! Jean Pierre et un 2e coureur sont devant, je les suis péniblement, j'ai un peu mal au coeur, je commence à avoir du mal à m'alimenter. Je tente quelques noix de cajou, bof... heureusement j'ai une petite bouteille de Coca, c'est la seule chose qui passe bien.

L'ascension est longue, notre 3e compagnon est pris de troubles gastriques et renvoie tout ce qu'il a absorbé. Ce col n'arrive jamais, c'est pas possible ! Enfin le voilà, une petite descente et nous serons au chalet des Cortalets où avec JP nous décidons de faire une bonne pause pour nous requinquer.

L'accueil est chaleureux dans la cabane, humainement mais aussi grâce au feu qui flambe ! La soupe fait du bien, les étirements aussi... nous repartons tous les 2 pour les 20 derniers km qu'on nous annonce techniques.

Nous franchirons de multiples thalwegs et torrents, avant d'entamer une nouvelle descente. Ca commence à être dur pour moi, je m'accroche à JP, c'est bien d'être 2 pour ne pas se laisser aller. Je n'ai pas mal aux jambes, mais une terrible envie de dormir, et certainement un manque de carburant, vu que je n'arrive toujours pas à manger. Le Coca me sauve la mise !

Les prémices de l'aube... on tient le bon bout mais je suis dans le gaz, je subis, j'avance machinalement en évitant de trop réfléchir... enfin la vue sur la baie de Perpignan, et nous retrouvons la portion commune du départ.

Après 16h07 de course nous atteignons La Bastide en 15e et 16e positions !

Les coureurs se succèderont à l'arrivée jusqu'à 13h où nous partagerons le repas de clôture, au top comme le reste, dans une grande convivialité. J'ai cherché M. Macho pour savoir à quelle heure il avait fini (largement derrière moi en tout cas), mais il avait disparu, c'est aussi bien...

Le retour à la maison se fera en 2 temps : un arrêt à Perpignan pour passer voir Moumie, pas très longtemps mais c'était super sympa, elle me fait ensuite un bon café pour la suite de la route car je n'ai dormi que 3h depuis mon arrivée de la course.

Je rentre avec de superbes souvenirs en tête : accueil, paysage, ambiance, convivialité, j'espère revenir un jour en terre catalane pour revivre ce Tour du Canigou magique !

Un grand merci à mon fan-club (Nico, mes parents, mes soeurs, mon frère et mes supers copines) pour leurs chaleureux encouragements, à Coca-Cola, à Jean Pierre pour ces moments de partage et de solidarité...

Et bien sûr à l'organisation, Gérard et toute son équipe et LONGUE VIE AU TOUR DU CANIGOU !!!