L'auteur : riri51
La course : Grand Raid Dentelles du Ventoux
Date : 17/5/2008
Lieu : Gigondas (Vaucluse)
Affichage : 2360 vues
Distance : 100km
Objectif : Pas d'objectif
Partager : Tweet
17 autres récits :
Ceci n’est pas vraiment un Compte rendu, plutôt un recueil de tout ce que j’ai fait avant et pendant cette épreuve. Dans l’espoir que cela puisse aider des kikous qui, comme moi à l’approche de leur premier ultra, se posent un maximum de questions !
C’est également un texte qui cherche à montrer combien, pour moi, cette course a été une aventure individuelle « fabuleuse » grâce à un collectif (ma famille, les kikous et le MTC) qui m’ont soutenu à un tel point…que les mots me manquent !
Ma préparation :
Après 15 jours d’hésitation (une vingtaine de connections sur le site du Grand Raid Dentelles Ventoux ; 4 inscriptions non confirmées !!!). Finalement « J’ai validé mon inscription ». Autant dire que, pour m’inscrire un jour à l’UTMB (inscription close en 8’ cette année !), je n’ai aucune chance, vu ma vitesse de prise de décision !!!
Mais qu’est-ce qui m’a pris ? 100km 5100m de D+ (finalement ce sera 103 km et 4500m de D+ car le parcours sera modifié à cause d’une météo peu clémente !), moi qui n’ai jamais dépassé 45 km en course et 2200m de D+…, c’est la faute de KIKOUROU et du MTC!
Troll, Forest 1473, Joy, Papatrail, Devey, Akuna, Widinthewoolds … que je bade et envie lorsqu’ils me racontent leurs courses au long cours… et de tous les autres, avec leurs CRs qui me donnent tant de plaisir par procuration…
Déjà l’année dernière j’étais à deux doigts de m’inscrire à l’ultra trail du Verdon, mais lors de ma dernière sortie test : le trail de Mimet, j’avais explosé en plein vol (7h30 pour faire 42 km et finir sous la tente des secouristes, Bilan : surentraînement = un mois d’arrêt).
Donc, cette année je décide d’être prudent :
- 4 entraînements par semaine (une VMA en côte de 8 à 12 cotes de 32’’ ; une séance au seuil de 3 X 6’ à 45’ en continu ; un footing assimilation de 45’ / 1 heure ; une sortie longue de 1h30 à 2h30’ maxi).
- Un rythme de 3 semaines d’entraînement (de 40 à 55 km) et une semaine de récup (25 km).
- Une course par mois : Janvier (la boucle Gardannaise 11 km), Février (trail de la Galinette 25 km 1225 D+), Mars (le trail du Ventoux 39 km et 2090 D+), Avril (le trail de Lambesc 16 km et 600 D+ ; Mai (Trail de Mimet 22 km 1300D+).
Mais plus la course approche, et plus je doute ; je regrette mon manque de course, de sortie longue…10 jours avant l’épreuve, j’appelle Joël (Forest 1473) et lui propose une sortie sur la Sainte-Victoire en compagnie de ma chérie. Cette sortie, avec du recul, m’a énormément apporté. Ce jour là, Joël a su trouver les mots pour me rassurer, et surtout me donner les bons conseils, les précisions dont j’avais besoin (sur les différents états par lesquels j’allais passer lors de l’épreuve, et sur l’attitude que je devrais avoir…). Je termine donc ma préparation par 3 heures de rando course avec 1000m de D+, 10 jours avant le jour J. Ensuite plus rien, juste ATTENDRE !!!
La veille de la course :
Vendredi 16 mai 2008, dès la fin des cours à 16h, je file retrouver Joël. Figurez-vous que la météo annonce un déluge pour demain, et je n’ai pour l’instant qu’un misérable petit coupe vent, sans capuche et pas imperméable !!! Heureusement, Joël me propose toute une gamme de kway, je choisis le Millet de l’euskal raid. J’écoute une dernière fois avec attention les conseils de Joël qui se rend bien compte que je me « cague » !!!
Puis, je récupère mes minots à la sortie de l’école, charge la voiture et pars en direction de Pernes les Fontaines (chez mes parents) où je vais établir mon camp de base. Vers 18h15, je dépose ma petite famille et repars aussitôt sur Gigondas pour récupérer mon dossard, et faire valider mon sac.
19h, j’arrive à Gigondas, c’est la fin du briefing. Je retrouve les collègues du Marseille Trail Club (Pierre, Cyril, David) qui m’informent qu’en raison des conditions météo, nous ne passerons certainement pas au sommet du Ventoux. ZUT !!! Déjà, en mars, le sommet nous avait été interdit à cause de la neige…
Je récupère mon dossard, fais vérifier mon sac, et rentre sur Pernes où j’arrive sur les coups de 8 heures. Repas (Pâtes !!!) et préparation du sac, notamment de ma boisson (poche de 2l St Yorre dégazé + 4 cuillères de caloreen) et de mes habits (Buff kikourou ; tee-shirt technique manches longues « la ronde des vignes » ; tee-shirt manches courtes Marseille Trail Club ; Manchettes b’twin ; slip kalenji ; corsaire kalenji ; manchons booster ; chaussettes quechua ; Chaussures asics trabucco).
9h30, je me couche, mais autant dire que la nuit va se résumer à une longue attente en position horizontale, impossible de fermer l’œil. Finalement à 2h 45’ du matin, je décide de devancer le réveil (programmé à 3h).
Le jour de la course :
Petit déjeuner : Une banane + une tranche de pain complet avec du beurre et 4 carrés de chocolat. Soin des pieds (je me badigeonne les pieds de crème « nok » sans trop l’étaler, je fais cela matin et soir depuis 15 jours). Je mets des morceaux d’élasto sur la poitrine afin d’éviter les irritations, et je m’habille.
Dernière vérification du matos : Sac à dos Diozaz raid 10 (poche à eau 2L ; lampe frontale led lenser ; couverture de survie ; pompe aspi venin ; antiseptique cutané ; un sifflet ; un kway ; crème nok), et ma nourriture pour tenir jusqu’à Brantes (mon épouse me ravitaillera là - bas) : 3 gels maxim de 3 doses ; 4 pâtes d’amande ; une boite de Sporténine ; 4 comprimés Acerola 500 (vitamine C bio) ; un paquet de kleenex ; 2 petits sandwichs rillette ; des amandes et raisins secs ; 4 tranches de jambon cru.
Mon sac de course est Ok, à présent un rapide coup d’œil dans le sac que Gaëlle emmène à Brantes : 3 gels maxim de 3 doses ; une boite de sporténine ; 2 petits sandwichs rillette ; un buff ; une paire de chaussettes.
Maintenant, il ne me reste plus qu’à prendre la voiture, et rejoindre Gigondas (environ 30’ de route).
L’avant course à Gigondas
Il est 3h45 lorsque j’arrive dans la salle de Gigondas, je m’installe à une table vide, rapidement un coureur s’invite, il s’agit d’un parisien très sympathique, la discussion s’engage. Xav 04 et sa chérie ne tardent pas à nous rejoindre, puis Akuna (venu nous encourager sur la première partie du parcours), Raymond (du MTC) etc…
Pendant cette période, les organisateurs nous confirment que le parcours ne passera pas par le sommet du Ventoux, mais par le mont Serein. Bilan des opérations, le parcours fera donc 103 km et 4500m de D+. L’heure du départ est retardée d’un quart d’heure.
C’est donc à 4h 45 du matin, que je me retrouve dans les dernières places du peloton en compagnie de deux kikoureurs Xav 04 et Boby 13 (qui vient de nous rejoindre), pour prendre le départ de mon premier ultra !
La course :
Ma stratégie alimentaire pour toute la course sera : 3 gorgées de gel toutes les 45’ ; 2 à 3 gorgées d’eau toutes les 10’; 1 comprimé de Sporténine presque en permanence sous la langue ; 1 comprimé d’acérola toutes les 4 heures ; des pâtes d’amande, amandes et raisins secs à chaque sensation de faim et/ou du jambon cru.
Etape 1 : Gigondas / lac du Paty 18 km 843m D+ 785m D-
Le départ de la course se fait depuis la place du portail, à Gigondas, à 4h45’ du matin pour les 100km et à 5h00 pour les 54 km. Dès le départ, je distance Xav 04, laissant parler ma puissance d’ancien sprinter, je lui prends au moins… 3 mètres ! Mais rapidement les choses rentrent dans l’ordre, et nous cheminons tous les deux en fin de peloton pendant une bonne demi – heure. Nous alternons marche / course dès les premières montées. Xavier est un peu bruyant car il a oublié les embouts plastiques de ses bâtons !
Un kikoureur nous rejoint, échange quelques mots avec nous, puis s’envole…Je suis super content de ma lampe, un véritable halogène (en tout cas comparée à celle de Xav04 !). Nous venons à peine de passer le Col du Cayron (3 km environ après le départ). J’ai déjà faim ! Je décide donc de prendre une pâte d’amande. A partir de cet instant, je vais avoir envie de vomir pendant une bonne demi heure…
Je me renferme un peu sur moi-même, Xavier n’est pas loin (j’entends ses bâtons !!!). Cette envie de vomir est plutôt désagréable, et j’ai tendance à faire une petite fixation. Un coureur alsacien me rattrape et lance la discussion ; cela a le mérite de me changer les idées.
Petit à petit, tous les voyants reviennent au vert (je pense que la pâte d’amande m’a apporté trop de sucre d’un coup. Je décide donc de ne plus en manger de la journée !). Mon collègue alsacien s’appelle Jean Pierre, nous traversons le village de La Fare, longeons la Roque Alric, puis Le Barroux ensemble (Raymond du MTC se joindra à nous pendant un petit moment). A l’approche du lac du Paty, après avoir traversé une route et attaqué un sentier montant assez raide, Jean Pierre et Raymond me laissent filer. Je me sens super bien ! Mais je m’interroge sur la suite : Ne serait – il pas plus raisonnable de lever le pied, la route est encore longue…
A présent, j’attaque une descente sur single ramenant vers le Lac. Je commence à entendre au loin les encouragements des bénévoles ; alors, pour calmer l’allure, on verra plus tard !!!
Il est 7h00 lorsque je rejoins le Lac du Paty, soit environ avec 1h 15 d’avance sur mes prévisions (basées sur un chrono final de 18h46’). Je suis accueilli par une salve d’applaudissements (ce sera le cas à l’arrivée sur chaque ravito, quel bonheur !!!). J’entends même un « Allez riri !!! » il s’agit d'Emilie (la chérie de Xav04) ; Vite un petit coucou pour la photo. Puis j’aperçois Akuna, il est en train de ravitailler un UFO. Je m’approche d’eux. Pendant qu’il m’aide à remplir ma poche à eau, je réalise que l’UFO, c’est Papatrail.
Etape 2 Lac du Paty / Curnier (pied du Ventoux)
12 km 629m D+ 455m D-
Une fois ma poche remplie, je constate que Papatrail n’est pas reparti… il m’attend (le rêve !!!) un coureur de son expérience et de son niveau, qui décide de me chaperonner pendant un bout de chemin (c’est que du bonheur !!! Je n’aurais jamais osé lui demander !). Je me cale donc dans sa foulée et quitte le ravito par un sentier grimpant au col de la Madeleine. Le tempo donné par Papatrail est un peu en dessous de celui que j’avais en arrivant au Paty (cela confirme que « j’étais en train de m’enflammer !!! »). Cette partie, jusqu’à Curnier va me permettre de récupérer.
C’est seul que j’arrive au ravitaillement « Curnier » (Papatrail ayant fait un arrêt pipi!). L’accueil est encore plus chaleureux qu’au Paty. Les applaudissements ont tendance à me créer des petits picotements dans les yeux ! (« Que d’émotion !!!). C’est le premier ravito solide du parcours, je mange quelques morceaux de fromage et des abricots secs, refais le plein d’eau et repars.
Mais là, surprise! Un sas de sortie à été mis en place, nous ne pouvons attaquer les pentes du Ventoux qu’après avoir fait vérifié notre équipement obligatoire (très bonne initiative ! même si elle m’oblige à enlever de nouveau mon sac et à tout sortir…). A la sortie du sas, Akuna est là, il m’informe de la position des coureurs du MTC (Cyril est dans les 10 premiers, Pierre dans les 25ème et David 10 minutes devant moi. Quant à Raymond ?).
Etape 3 : Curnier / Mont Serein 13 km 869m D+ 158m D-
J’attaque en marchant cette longue ascension (temps prévu 3 heures), avec, comme secret espoir, de revenir sur David. Mais après seulement un petit kilomètre, je rate le départ du sentier sur la droite, et jardine pendant quelques minutes. De retour sur le bon tracé, devinez qui je retrouve …? Papatrail. Je l’interpelle :
- « Alors toujours la forme ! »
- Il se retourne « Mais qu’est-ce que tu fais là ! »
- Et moi la bouille enfarinée « Je visite le coin, je teste des raccourcis qui rallongent ! ».
Mais au fond de moi je suis heureux, il n’y a pas de hasard ! Si mon chemin croise à nouveau celui d’Antranik, cela à une signification. Donc sagement, je reprends la foulée de Papatrail. Au bout d’un moment, Antranik me conseille de prendre mon envol. Alors je m’exécute.
La suite de la montée va se faire sur un sentier très pentu jusqu’au premier ravitaillement en eau, puis sur chemin plus roulant où je vais alterner marche/course. Au milieu de la montée, je m’arrête mettre mon tee-shirt manches longues, car, avec l’altitude et les nuages, il commence à faire frais ! Après une portion de route très monotone et quelques doutes sur le balisage (nous évoluons à contre-sens d’une autre épreuve !). Je rejoins le ravito solide situé après la station du Mont Serein. L’accueil est toujours aussi chaleureux, et une nouvelle fois je suis à deux doigts de verser une petite larme…
Les bénévoles sont au petit soin, je remplis ma poche, bois un verre de soupe chaude, mange un bout de banane et échange quelques mots avec Emilie. Elle me donne des infos sur les copains du MTC, « David vient juste de partir accompagné par Cyril » et sur Xav 04.
Etape 4 : Mont Serein / Brantes 14 km 257m D+ 1300m D-
J’attaque la descente sur un sentier assez technique, à un bon rythme, mais rapidement le doute s’installe…Cela fait un petit moment que je ne vois plus de rubalise. Je décide donc de remonter. Une coureuse arrive face à moi, je lui fais part de mes doutes ! Puis un coureur nous rejoint. La discussion s’engage et rapidement nous concluons qu’il n’y avait pas d’autre trace possible ! Donc nous reprenons la descente, et finalement au bout d’un petit kilomètre, nous retrouvons la rubalise, OUF !!!
Je reprends mon rythme et ne tarde pas à me retrouver seul. Cette portion de descente sur sentier est très agréable. Malheureusement, la deuxième partie sur chemin sera moins sympathique, voir ennuyeuse ! Enfin j’aperçois Brantes (un petit coup de téléphone pour prévenir ma chérie !). Puis j’attaque le sentier montant (véritable mur !) permettant de rejoindre les ruelles de ce superbe village niché sur les pentes du Ventoux.
Il est environ 12h30 lorsque mon père immortalise mon arrivée à Brantes sur son APN. A peine assis sur un muret, je me retrouve comme projeté dans un stand de Formule 1. Ma chérie s’affaire autour de moi pour réapprovisionner mon sac en gels et sandwich, sortir mon rechange de chaussettes etc… Pendant ce temps, je passe de la crème nok sur mes pieds. Cyril est également là, j’aimerais bien qu’il reparte avec moi, mais il connaît un jour « sans » et abandonne! Je suis déçu pour lui, mais admiratif devant la façon dont il me « chouchoute », laissant sa contre performance de côté (quelle humilité, quelle gentillesse ! MERCI Cyril). A présent, je suis prêt à repartir pour l’étape que je redoute le plus…5’ seulement après mon arrivée à Brantes !
Je viens de réaliser un super chrono dans les stands ! Malheureusement j’ai oublié l’essentiel….refaire le plein de ma poche à eau ! Je ne m’en apercevrai que dans quelques kilomètres…
Etape 5 : Brantes / Mallaucène (Groseau) 26 km 1130mD+ 1267m D-
J’ai profité du ravito de Brantes pour mettre mon ipod, car je redoute la solitude sur cette longue portion (surtout maintenant qu’il ne reste plus que les coureurs du 100km et les relayeurs !). Je quitte donc Brantes en marchant, un sandwich rillette à la main et la musique sur les oreilles, environ 2’ après David (info Cyril !).
Les premières gouttes commencent à tomber, mais pour l’instant le kway n’est pas nécessaire. J’alterne toujours les portions de course sur le plat et en descente, et la marche dès la moindre montée. Rapidement j’arrive dans la zone du « moto-cross », je suis très vigilant sur le balisage, car l’année dernière de nombreux coureurs ont perdu un temps fou…
Mais le balisage est parfait et c’est sans encombre que je poursuis mon chemin. Le temps se gâte, il se met à pleuvoir des cordes. J’enfile mon Kway (enfin celui de Joël !). N’ayant plus qu’un litre d’eau pour environ 2 heures d’effort avant le prochain ravitaillement, je ne prends plus qu’une gorgée d’eau toutes les 15’ au lieu des 3 gorgées depuis le départ !
Je me trouve à présent dans une portion assez monotone sur goudron, et je crois apercevoir au loin David. J’hurle son prénom !!! Mais en vain… c’est donc seul que je poursuis sous une pluie diluvienne.
J’évolue sur un sentier agréable, très vallonné. Mais cela fait bientôt 2 heures que je suis seul, et la solitude commence à me peser…et là « comme par hasard ! », pendant environ 1 heure, je vais être victime « d’harcèlement téléphonique ! » : Ma chérie, mes enfants, et de nombreux kikous (Troll, Joy, Forest 1473, Bob Morane, DJ Gombert) vont m’appeler, et je peux vous dire que cela m’a bien aidé !!!
Le temps est passé beaucoup plus vite, seul problème, toujours pas de ravito en vue ! Je commence sérieusement à languir…
Lorsque j’aperçois enfin un village, je pense être « sauvé ». Mais quand je réalise que nous passons sous celui-ci et qu’il n’y a pas de ravito, je m’affole un peu. Je suis sur une route et dès que je croise une voiture, je gesticule dans l’espoir que le véhicule s’arrête, pour demander de l’eau, mais sans succès !
La route s’élève un peu, je marche. Cette histoire d’eau me préoccupe et m’inquiète, j’envisage déjà le scénario catastrophe « l’abandon sur déshydratation »…puis j’aperçois une voiture garée sur le bord de la route, je m’avance pour lui demander un peu d’eau. Le conducteur baisse sa vitre et m’annonce : « le ravito de Vaux à 200m ! »
Je ne vous raconte pas ma joie, lorsque les bénévoles m’accueillent sous leur tente (km 68) surtout lorsque je reconnais un visage connu : Emilie (encore merci pour tes encouragements !!!). Je remplis ma poche à eau, m’informe sur la suite du parcours (5 km de montée sur sentier!) et repars non sans avoir été averti de la présence de David toujours 2’ devant moi !
Cette portion jusqu’au Rissas, va être difficile pour moi, non seulement la pluie recommence à tomber, mais nous nous trouvons à présent juste sous l’orage. Un éclair illumine le ciel. Vite, je compte 1…, pas le temps de dire 2…une énorme détonation retentit. Autant dire que c’est le seul moment de toute la course où j’ai regretté d’avoir pris le départ (le souvenir de ce copain d’enfance mort foudroyé en plein match de foot … plein de mauvais scénarios se bousculent dans ma tête !). Heureusement l’orage s’éloigne déjà, seule reste cette pluie diluvienne. Mais la peur m’a coupé les jambes, je vais me traîner ainsi jusqu'à Mallaucène (Groseau, km 80).
Même le superbe accueil au ravito des Rissas (musique, fougasse, bénévoles au petit soin) ne parviendra pas à me requinquer ! La fin de cette étape va être un vrai chemin de croix, la pluie a rendu les sentiers impraticables. Je vais passer 5’ pour franchir un toboggan de glaise (un pas en avant, deux pas en arrière, non ce n’est pas la politique du gouvernement ! mais ma progression sur ce sentier interminable), et je ne devrai mon salut qu’à un relayeur qui me calera le pied pour que je puisse enfin franchir l’obstacle !!!
Autant dire que, lorsque j’arrive sous les applaudissements du public au ravito du Groseau et sous un soleil de nouveau radieux…, je suis le plus heureux des hommes !
Je vais passer 15’ sur ce ravito, refaire le plein d’eau, manger, subir un nouveau contrôle du sac et… me faire masser (pendant 10’). C’est frais comme un gardon que j’entame la dernière étape.
Etape 6 : Mallaucème (Groseau) / Gigondas 20 km 772m D+ 945mD-
A partir de cet instant (mon départ du Groseau), je ne vais prendre que du plaisir. Tout s’enchaîne sans fatigue, les douleurs musculaires ont disparu, le soleil est de retour et je n’arrête pas de reprendre des coureurs (11 jusqu’à l’arrivée !). Seule une petite hésitation sur le chemin à suivre (me coûtant un aller-retour d’environ 500m et un peu de dénivelé supplémentaire !) et une chute sur un sentier très technique à l’approche du dernier ravitaillement de St Amand, viendront mettre un peu de piment dans ma quête du graal !
A présent, je suis dans les derniers kilomètres, je viens de passer le ravitaillement de st Amand (où une nouvelle fois l’accueil a été exceptionnel !). Je suis heureux, je sais que je vais aller au bout. Je téléphone à ma chérie : « Allo, je suis à 3 km de l’arrivée ! » Réponse de Gaëlle « Lève le pied, on est encore dans Carpentras ! ». Quel bonheur ! Ma femme, mes enfants et mes parents me rejoignent pour l’arrivée.
Ensuite, Joël me téléphone, c’est certainement la dixième fois depuis le départ, j’ai l’impression d’avoir passé la journée en sa compagnie, il me félicite, l’émotion est tellement forte, une larme « se fait la malle » et glisse sur ma joue…MERCI Joël, Véro, Steve…
Deux kilomètres, je dépasse encore un coureur, je ne cours plus, je vole. C’est le moment où Lolo vient me rejoindre dans mes pensées…Que d’émotion, quelle drôle de sensation…les mots me manquent, mais quelque chose s’est passée entre Lolo là-haut et moi qui en termine...
Dernier kilomètre, un coucou à Françoise qui attend son homme (Papatrail) sur le bord du parcours et m’évite de filer tout droit. Je suis dans un état second, sur un nuage ! A tel point que j’allais rentrer sur Pernes en courant !!! (quand on aime ,on ne compte pas !!!).
Dernier virage sur la droite, et là j’aperçois mon fils (5 ans) et ma fille (6 ans) qui courent vers moi…me prennent les mains. C’est ensemble que nous faisons ces derniers mètres sous les applaudissements des bénévoles, de mes parents et de ma chérie. Une fois la ligne franchie, une bénévole remet à mes minots le tee-shirt rescapé, la médaille et le diplôme 100 km. C’EST QUE DU BONHEUR !!! 15h34’ (60ème /220 partants).
Remerciements :
En 2005, je débutais la course à pied et ne connaissais pas grand monde. Depuis, grâce au soutien de ma famille, à kikourou (à la lecture de vos CR, au forum, aux sorties off…) et au MTC, j’ai beaucoup appris. Pendant 15h34 de course je n’ai jamais été seul. Au cours de ma préparation vous étiez là (Ma famille, Troll, Samos, Forest1473, Ldingo, Joy, boby 13…), pendant la course (Akuna, Papatrail, Forest1473, Joy, Bob Morane, DJ Gombert…Lolo), au ravito (ma chérie, mon papa, Cyril, Emilie, Akuna) et, bien sûr, à l’arrivée (Ma famille, Pierre, Cyril…). Si j’ai réussi à atteindre mon objectif, c’est grâce à vous tous « Famille / kikoureurs / MTC », à cette amitié qui nous réunit autour du trail, mais qui va également bien au-delà. Alors MERCI, et au plaisir de se retrouver (peu importe le prétexte !!!).
Merci aux organisateurs et à tous les bénévoles qui ont toujours eu un mot gentil, un sourire, un encouragement à notre égard.
Accueil - Haut de page - Aide
- Contact
- Mentions légales
- Version mobile
- 0.07 sec
Kikouroù est un site de course à pied, trail, marathon. Vous trouvez des récits, résultats, photos, vidéos de course, un calendrier, un forum... Bonne visite !
16 commentaires
Commentaire de nicolux posté le 25-05-2008 à 17:32:00
bravo riri ! on peut dire que tu l'as vécu à 100% ce premier ultra !
Bon, pour le second, t'éviteras la pâte d'amande au bout de 2km, quand même... pourquoi pas un makrout tant que t'y es !!!
a+
nicolux
Commentaire de forest 1473 posté le 25-05-2008 à 17:33:00
tu m'emm...de ça fais deux fois que tu me fais verser une l'arme de crocodile .
encore bravo champion.
joel
Commentaire de devey posté le 25-05-2008 à 17:47:00
que du bonheur ;content pour toi
jm
et encore plein d'ultra ultra trail
Commentaire de WildInTheWoods posté le 25-05-2008 à 17:57:00
Bravo Richard! La prochaine fois cries plus fort! :-P
Félicitations!
A bientôt!
Commentaire de RogerRunner13 posté le 25-05-2008 à 17:58:00
Bravo! quel récit poignant, qu'elle leçon de volonté et de courage. Tout est là, la crainte d'être mal préparé, le doute, la peur et enfin la joie d'arriver au bout d'une belle aventure tant humaine que sportive, chapeau bas.
Commentaire de samos posté le 25-05-2008 à 18:09:00
bravo mec, tu as été vraiment au top sur cette saison!
++
Commentaire de Françoise 84 posté le 25-05-2008 à 19:04:00
Bravo à toi pour cette belle réussite et merci de nous la faire partager avec ce récit!! Bisous!
Commentaire de akunamatata posté le 25-05-2008 à 19:59:00
Bravo Richard,
Quelle final ! Et tu fais bien de rappeler tous les préparatifs qui ont mené à ce beau résultat.
Commentaire de BOB MORANE posté le 25-05-2008 à 22:28:00
Bravo Richard !
Tu l'as fait ton 100 kilométres (le premier d'une longue série...) Un futur grand champion d'ultra s'est peut-être révélé sur cette course...
J'espére pouvoir un jour me nourrir des fruits de ton expérience, cela voudra dire que j'ai décidé de m'y mettre a mon tour (c'est vraiment trop tentant de pouvoir vivre une telle aventure)
mais chaque chose en son temps, en attendant je te félicite une nouvelle fois: un grand BRAVO RICHARD.
Jean-Marc.
Commentaire de xav04 posté le 26-05-2008 à 09:56:00
Après nous avoir fait une super course, tu nous fait un récit plein d'émotions...t'es vraiment un grand!!
Je regrette juste que tu n'es pas précisé les superbes musiques que tu avais sur ton ipod...
Encore un grand bravo d'Emilie et moi et à la prochaine!!
Commentaire de joy posté le 26-05-2008 à 11:15:00
B R A V O C O A C H !!!Tip top moumoute le récit...
A bientot pour de nelles aventures.
Commentaire de CROCS-MAN posté le 26-05-2008 à 11:27:00
Bravo Richard, ton CR est magnifique et si vivant....j'en prendrai presque un cachet de sportenine. Quel soutien de ta famille et de ta moitié, tu en as de la chance.
J'ai encore plus hate de vous rencontrer la semaine prochaine.
Encore bravo.
Commentaire de chorizo13 posté le 26-05-2008 à 15:35:00
Hola "el senor RIRI51"
que d'émotion dans ton récit, et que de volonté dans ta course, tu vas surement donner envie à beaucoup d'entre nous de tenter ce genre d'expérience.
à bientôt dans les calanques
yves
Commentaire de DJ Gombert posté le 26-05-2008 à 16:53:00
Très joli récit, plein d'émotions, une grande aventure pour toi, pleine de courage, du vrai, de celui qui fait que l'on surmonte cette boule au fond de nous, quand le doute s'installe, et dieu sait que tu as flotté le long de ta course, failli coulé, ou plutot gerbé au départ, pour mieux finir : le début d'une légende ?
Commentaire de troll posté le 30-05-2008 à 20:03:00
Que du bonheur d'avoir été avec toi (en pensée et au bout du fil) sur cet ultra, que du bonheur de lire ton récit et que du bonheur de connaître un mec comme toi !!! pleins de bisous
Commentaire de Aiaccinu posté le 02-06-2008 à 18:23:00
Bravo....et surtout merci d'avoir écrit en GROS
Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.