Récit de la course : Grand Raid Manikou 2007, par PaL94

L'auteur : PaL94

La course : Grand Raid Manikou

Date : 14/12/2007

Lieu : LE LAMENTIN (Martinique)

Affichage : 3014 vues

Distance : 127km

Matos : batons sur les deux premier tiers. grosse pompe de trail pour le premier tiers.

Objectif : Terminer

3 commentaires

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Le récit

1er RAID MANIKOU MARTINIQUE 

  Comme je ne connaissais pas la Martinique c’était une bonne occasion.  Une première édition est toujours intéressante  à vivre mais un ultra trail reste un ultra trail.  Aussi comme nous sommes arrivés le dimanche j’ai poussé mes petits camarades à faire l’ascension de la Pelée le mardi question de reconnaitre le terrain et surtout s’habituer aux conditions climatiques. Bien nous en a pris car si les débuts sont roulants les derniers deux cents mètres de d+ grimpe pas mal.  Je les ai reconnus seuls mes camarades n’ayant pas voulu se claquer et j’aurais peut être dû faire pareil car en redescendant sur l’arête je ressens une petite douleur dans la cuisse. Néanmoins cet essai va m’être profitable car ces 1300 de d+ d’entrée de jeu sont à négocier calmement et comme mes compagnons de route je me promet d’y aller doucement au départ. 

Vendredi Matin  on se fait amener par un taxi, on a grappillé 2 h de sommeil par rapport aux bus de l’organisation. Contrôle des sacs et petit déjeuner je vais me mettre dans un coin question de finir ma nuit.  Dernière photos devant le sapin de Noel, Jef en grande discussion avec Delebarre sur la technique du strap et puis on s’agglutine pour le départ. 

C’est parti ! Comme toujours ca part vite mais rapidement après les dernières maisons la grimpette va calmer tout le monde. Fidèle à la stratégie que je me suis faite j’y vais cool et du coup je me fais distancer par les copains qui s’étaient promis eux aussi d’y aller doucement. 

 Passage au parking sur la départementale et nous réattaquons le morceau revu mardi. Je me fais doubler par des paquets entiers et je dois me refréner pour ne pas me coller aux basques. Patience 10 bornes pour la Pelée il en restera 117 pour rattraper. Premier ravito que j’aborde avec un compagnon de route qui fait le relais et nous sommes déjà très isolés. Le bénévole au bonnet de Père Noel nous charrie comme quoi on se traine et que ce n’est pas une promenade on lui réplique aussitôt que ‘’Le Père Noel est une ordure !’’  

Apres ce premier ravito les choses sérieuses commencent le dénivelé s’accentue progressivement.  A la sortie des arbres je rattrape un groupe de jeunes qui ne se prennent pas au sérieux et dont un fait l’avion dans la pente. Je grimace en le regardant pas vraiment le truc à faire si on veut en garder sous le pied.

Question de mettre de l’ambiance une énorme averse nous tombe dessus sans crier gare. Le temps de mettre mon coupe vent et je suis déjà trempé mais comme le vent est de plus en plus fort il me tiens au moins chaud : je ne croyais pas que j’aurais froid en Martinique mais la reco du mardi m’avais fait soupçonner ce genre d’épisode.

Ensuite nous abordons l’arête montante de la caldeira et là je commence à rattraper ceux qui sont partis trop vite. Les pierres sont glissantes et il faut être vigilants pour ces derniers 200m de D+.Arrivé dans le vent à décorner les bœufs et bonjour au bénévole qui a du se les geler tous le temps de la course.

Descente maintenant vers l’Aileron mais non sans quelque glissades au depart. Je doublerai un groupe de trois tous morts de rire  le troisième assis dans le chemin suite à une chute dans la gadoue. Apres le plateau des Palmistes descentes dans les gros rochers en escalier et je ne bombe pas trop la dedans c’est glissant et je crains de me casser quelque chose (J’ai encore des séquelles de ma cheville foulée avant l’Utmb et du coup je fais la course avec la chevillière). 

Parking de l’aileron j’aperçois Jojo qui est venue à ma rencontre et je retrouve Lolo et Evelyne. Elle m’annonce les temps de tous le monde et j’ai l’impression de m’être trainé mais bon si Sergio et  Jef  peuvent se le permettre car courant le 55 km la demi-heure d’avance que m’ont mis PAM et Marc m’inquiète car je me dis qu’ils ont été trop vite mais les filles me disent qu’ils ont l’air en forme. Je laisse les filles pour continuer ma descente vers Morne Rouge en trottinant.   

Je les retrouve après quelques kilomètres du côté de la savane Périnelle et si tout va bien pour le monde je suis encore loin derrière mais je ne m’en fais pas car je sais que le morne Jacob va aplanir tout cela. Je ne pensais pas être aussi près de la vérité. 

Passage à Mackintosh  et je sens que le sommet que j’ai vu bien enseveli sous les nuages noirs va être pour notre poire. Gagné !   Et même si la montée commence gentiment c’est petit à  petit une gadoue indescriptible (et pourtant on ne fait pas la crête du Cournan ce qui aurait allongé la partie grasse).  J’ai l’impression de marcher dans du beurre et de m’enfoncer dedans. Dans cette section je vais rattraper pas mal de concurrents qui commencent à être écœurés par la progression lente et périlleuse. Je rattrape également Jef dans la descente de  début de la trace des Jésuites. Il s’est gamellé avant l’Aileron et bien froissé les muscles du bras droit.  Mais comme il râle après la gadoue je sais qu’il ne va pas si mal que ça. 

 

Passage d’un petit gué ou j’arrive à ne pas me mouiller les pieds déjà pas mal humidifiés par la boue. Malheureusement le gué suivant est trop large et profond et malheureusement sans gros caillou. Pas le choix : il faut se jeter à l’eau. Remontée ensuite de l’autre côté. Toujours la gadoue mais maintenant chaussures, chaussette , chevillière  et pieds baignent dans le jus. J’aurais dû traverser pieds nus ca m’aurait fait perdre un de temps mais j’y aurais gagné au  final.   

Photo du Canari dans la bouillasse !

Ravito  D1 où les filles m’accueillent, Sergio est reparti il y a peu après un coup de mou et des envies d’abandonner. Les filles l’ont reboosté et ont refusé de le ramener en voiture : faut dire qu’on est tous dans un état innommable. 

Elles m’informent qu’il y a eu un problème d’approvisionnement en eau, réglé pour Sergio Jef et moi mais PAM et Marc sont partis avec les poches remplies de mélangé coca- flotte pour économiser. 

La remontée vers le Lorrain est raide et tout aussi grasse et il faudra du temps pour aller au sommet mais je grappille des places sur quelques concurrents qui en ont assez de cette boue et accusent le coup.  Ensuite c’est le sommet et je sais qu’on va suivre l’arête. Gadoue toujours et yoyo en suivant la crête du morne Lorrain et ensuite des Olives. Je prends mon mal en patience attendant la petite route forestière ou je me referai la moyenne.

 

La voila enfin ! Je me lâche enfin et trottine gentiment. Je rattrape ainsi une concurrente étonnée que je puisse encore courir, je lui explique que ca n’a rien d’exceptionnel mais elle est rincée et a du mal au genou. Je discute un peu et elle m’explique que c’est son premier trail , elle n’a pas trente ans et qu’elle fait le 127km. Du coup c’est moi qui suis épaté : commencer par là ; il ne faut douter de rien. 

Je continue comme ca tranquillement ralentissant sur le passage gadouilleux avant Rivière Blanche où j’arrive tranquillement avant la nuit.   Premier tiers fait et c’est le plus pentu et le plus dur. Passage devant le toubib c’est bon je ne suis pas reformé : bon pour le service et la suite. Juste devant moi je vois un coureur crotté de la tête au pied et dont Sergio  m’a dit qu’il faisait route juste derrière lui et a passé son temps à tomber dans la descente.  Il ira jusqu’au bout ce qui prouvera son opiniâtreté.   

Je retrouve à Table PAM et Marc  que je croyais repartis mais qui ont perdu du temps âpres la D1 car Marc a eu des crampes terribles pas  aidé en cela par le mélange coca-flotte.  Il s’est refait une santé sur la fin avant le ravito  mais ca se voit qu’il a puisé dans ses réserves. Sergio arrive tout propre  et changé, apres un peu de poulet il repart tranquillement avec PAM retrouver nos Pom-Poms après le passage des gués.   J’attends Marc qui veut absolument repartir avec moi.  Je suis déjà prêt car j’ai décidé que je me changerai qu’après les gués. 

Ca y est on pars et on sort les frontales car la nuit est bien tombée. Démarrage et tout de suite le premier gué. Hyper glissant et première gamelle sur le béton. Je vois 36 chandelles et j’ai une douleur au bras droit comme si je m’étais fêlé le coude. Du coup je ressors mes bâtons pour éviter de répéter l’expérience mais je ne peux pas dire que je sois à la fête, la douleur me tiendra tout le long de la course.  

On retrouve les filles et changement de chaussettes de chaussures : j’ai déjà les pieds blancs et qui chauffent. Pas étonnant avec cette humidité … Nous repartons PAM Marc et moi en laissant Sergio avec nos femmes attendre Jef et prendre ensuite la route pour aller se coucher dans des draps secs. Les veinards…. 

Bon on repart d’un bon pas et on a mal calculé le lieu de notre rdv car nous voila face à un nouveau gué. Pour ne pas aggraver l’état des pieds on se déchausse, enlève les chaussettes et la chevillière pour moi, on traverse et on réenfile tout. Pas de bol 500 mètres plus loin re-gué on recommence et Pam se demande si c’est une bonne idée de tout enlever à chaque fois. D’autant qu’après nous attend encore un autre gué. Ca devient lassant mais on a pris le pli et je n’ai pas envie de me détruire encore plus les dessous pieds dont je sais qu’ils sont un de mes points faibles.    

 On perd du temps car au troisième gué on avait paumé les rubalises et on a jardiné un peu. Ensuite ca recommence on a trop discuté et on a dépassé l’embranchement de 500m.   Encore un coup un peu plus loin on est descendu trop bas et pareil plus de rubalise. Là avec l’entrainement on a fait que 300 m avant de s’inquiéter mais du coup il faut remonter et surtout il faut qu’on soit plus attentif car de nuit on a vite de louper le balisage pourtant généreux et irreprochable.. On y va d’un bon pas et  je mène un  train soutenu preuve que ma stratégie etait payante car je n’ai pas trop puisé dans mes réserves. En revanche si PAM est encore alerte et me suis sans problème nous sentons bien que Marc a un peu de mal et paye certainement le prix de ses terribles crampes sur le Lorrain.  

 Nous continuons comme cela jusqu’au début du morne Pavillon  et là Marc est carrément à la traine ce qui n’est pourtant pas son genre. Il est en train d’en baver. Arrivée au ravito pas tout a fait au sommet et Marc parle de s’arrêter là mais ce n’est pas possible à cet endroit. Du coup il va continuer comme il peut jusqu’à ce qu’il trouve un point pour se faire rapatrier et nous repartons comme cela restant en liaison téléphonique. 

On redescend de l’autre coté et on ne voit plus Marc je l’appelle et il me dit qu’il n’est pas loin mais est distancé.  Peu de temps avant l’habitation Clément au detour des champs de cannes et de bananiers on tombe sur un bénévole qui fait le pied de grue à une intersection  et pointe les dossards. Comme il est voiture on le prévient que Marc arrive et qu’il a décidé d’arrêter il est ok et nous dit qu’il le prendra en charge. J’appelle Marc pour lui donner le lieu et l’informer que le bénévole l’attend. 

 On continue maintenant tous les deux avec PAM rassurés pour Marc et rapidement nous arrivons à l’habitation Clément. Nous croisons deux minibus remplis de traileurs qui semblent bien fatigués.  Arrêt Buffet dans la petite cabane ravito et on se pose sur une chaise. Deux traileurs sont en train de dormir directement par terre et ca me frigorifie rien que de les voir.

Apres pas loin d’une demi-heure on se décide à repartir.  On sait ce qui nous attend encore un gros morceau et on prie le ciel que comme  on nous l’a dit il y aura moins de boue qu’au Jacob. Peu après la route ca commence à monter gentiment pour aborder le morne Valentin dont le roadbook nous disait qu’il fera peu d’adepte. Ce n’est pas faux. 

Ca va encore et j’entraine PAM qui semble donner des signes de fatigues il a peut être trop tiré avec Marc sur le début. Apres Valentin il va un peu mieux et nous marchons d’un bon pas tout en discutant. Nous apercevons au loin la montagne du Vauclin qui semble moins terrible que le Jacob mais je redoute le chemin de croix : je sais que c’est là que commence les festivités et tant qu’on y est pas… PAM voit les lampadaires et pense que c’est ce qu’on va suivre. J’en doute car ca ne me semble pas très pentu.  C’est pourtant lui qui aura raison mais à la fin des lampadaire ce que je redoutait arrive :  une brusque augmentation du dénivelé et j’aperçois la première croix. 

Ce n’est pas de la boue  c’est gadouilleux on ne s’enfonce mais on dirait de l’huile : je préviens Pam mais ca ne sert à rien car au même moment  il expérimente avec  une gamelle et  une première glissade à 4 pattes.  Bon ! je sens que ca va être épique et on prend notre mal en patience et on grimpe comme on peut en essayant de ne pas repartir en arrière. On ne   peut pas dire qu’on galope la dedans, il nous faudra du temps pour rejoindre le sommet ou nous faisons une petite halte.

On repart c’est un peu plat mais ensuite commence la descente du deuxième chemin de croix.  Tout aussi glissant et en devers par-dessus le marché , on essaye toutes les techniques de descente, glissade, dérapage, toboggans sur les fesses ..etc Aucune ne  nous semble vraiment efficace : manque d’entrainement dans ce genre de milieu. La descente va nous prendre plus de temps que la montée. Nous débouchons malgré tout enfin sur le plat avec le petite route et nous nous faisons doubler par un concurrent qui nous annonce qu’il va changer de religion (ref chemin de croix).

 On est bien d’accord mais nous on fait une halte question de se décrotter et de manger un morceau. On repart rapidement car il nous reste encore du chemin avec le  morne Beaujolais mais je sais que cela sera la derniere grosse  bosse. Au fur à mesure on aperçoit au loin l’océan et petit à petit l’éclaircie du ciel due à l’aube qui arrive.

 On va toujours d’un bon pas et nous rattrapons quelques concurrents, y compris un gars d’Albi qu’avait croisé Pam  sur le début et qui râle après l’organisation à cause de la boue du Jacob et du Vauclin. Nous en avons aussi mâre de la boue mais nous lui rappelons en le doublant qu’il s’agit d’un ultra et pas d’une promenade de santé. 

Tout en redescendant maintenant vers l’océan nous faisons des circonvolutions pour approcher de la colline aux éoliennes  pour  finalement passer dessus tout près des engins. On navigue comme cela avec un peu de lassitude mais le jour nous aide  à nous refaire une santé et nous débouchons dans un champ de melons fraichement récoltés si bien que  quelques uns sont tombés sur le chemin. Comme j’ai mon couteau sur moi j’en prépare pour PAM et moi : ca nous changera des patators. 

Enfin la descente dans la propriété avec le portail à passer et 100m plus loin la N6.  Macabou n’est plus très loin et j’explique tout cela à mon pote le long de la piste.   Il commence à faire chaud et j’aperçois en contre haut des gens sous des tivolis. Gagné ! c’est le ravito, faut monter. 

Bon ben arrêt buffet aussi : plus grand-chose à manger mais restent des merguez froides qu’on trouve délicieuses et des chips et quelques petit trucs.  On se trouve des chaises et j’entreprends de me déchausser et d’ôter les chaussettes afin de laisser quelques temps les pieds à l’air espérant qu’ils sèchent et que la peau se re-durcisse un peu. On en profite pour faire un petit déjeuner et continuer notre toilette : avec le jour on voit vraiment que nous ne sommes pas propres et tout crottés. J’enfile mes coussinets de protection car je commence à avoir mal au dessous de pied et je redoute la suite. Pam a lui aussi les pieds un peu blancs.  Je largue pour cette dernière partie ma chevillière imaginant que ca va être moins sportif (faut voir !) . Après  une heure on se décide à repartir on attaque maintenant le dernier tiers : que des plages et tout plat. C’est du moins ce que je crois. 

C’est vraiment des jolis paysages  même si ca et là nous voyons quelques déchets qui se sont concentrés, aidés peut être en cela par Dean.Joli d’accord mais pas facile de marcher dans le sable et puis d’escalader les rochers et petites falaises : je croyais que c’était tout plat !

 Plusieurs plages et puis nous remontons vers le nord comme j’ai posé mon roadbook à Macabou je me crois déjà  dans la baie des anglais et c’est le même type de boucle mais en plus petit. Sur la petite route qui contourne  la baie par le nord est, nous tombons sur Lolo et Sergio qui viennent à notre rencontre. Ca nous fait bien plaisir. Un gros bisous pour ma Lolo, une poignée de main au Sergio, quelques photos et nous allons tous ensemble au ravito 500 m plus loin et qui se trouve à l’ombre .

Je récupère la caquette de Lolo car j’ai perdu la mienne dans les bois. On fait une bonne pose tellement il fait chaud maintenant et on saute sur la Didier pétillante qu’ils nous ont amené.  Pam fidele à sa réputation enclenche la séquence ‘’j’ai un mobile greffé’’ et fait le boudha en plein milieu de la petite route tout en téléphonant à la terre entière.   

Bon on resterait bien à l’ombre mais il faut y aller, on voudrait arriver à Ste Anne avant la nuit c‘est jouable mais nous avons de plus en plus mal au dessous de pied et il faut tenir la distance. Nous  laissons  donc le ravito pour repartir tranquillement . Au fil des plages nous rattrapons l’albigeois parti avant nous de Macabou avec d’autres qui hésitent devant un petit marécage.  Il y a bien les rubalises mais on ne voit  pas trop où aller  dans les arbres et la flottes  comme je ne veut pas me mouiller les pieds je contourne par la plage c’est un peu plus long mais je n’aggraverait pas l’état de mes pieds. Pam me suit également. 

Encore plus loin un autre ravito et on se mouille la tête : il fait vraiment chaud. Du coté de l’anse noire nous retrouvons Lolo et Sergio devant un grand PEGO écrit dans le sable. Re photos et re Didier et nous nous dirigeons vers l’anse Michel près du Paradisio  (que je recommande chaudement) nous retrouvons Jojo, Evelyne, Jef et Marc qui a passer un bout de sa nuit à Ste Anne.

 

Un arrêt on discute avec lui :  il est évidemment déçu mais comme il est arrivé 2 jours avant la course après 3 semaines de déplacement intensif dans plusieurs pays et sans grand entrainement depuis l’Utmb,  il convient qu’il ne pouvait pas être vraiment prêt  pour cet ultra et puis ses crampes l’ont achevé.  

 Du coup comme l’albigeois passe,  on lui présente Marc qui a retrouvé son téléphone portable  dans la trace des jésuites et qui avait mémorisé son dossard.   Nous repartons et nous nous sommes trop refroidis les pieds car pour PAM comme pour moi  le redémarrage est douloureux pour les dessous de pieds. Nous attendent pourtant  encore quelques plages avant d’aborder le contour de la baie des Anglais et le morne Malgré Tout dont le nom m’inquiète.

C’est  long et nous commençons à être fatigués par la chaleur très présente. C’est pire quand nous contournons la mangrove de la baie des Anglais nous sommes à l’abri du vent et c’est étouffant (nous sommes loin de l’averse fraiche de la Pelée). J’aperçois le Morne Manioc et Malgré Tout qui se rapproche (ce devra être la seule grosse grimpette de cette partie).

Enfin le ravito au bord de la petite route des Anglais des Grottes. Pareil coca, flotte on fait le plein des poches à eau et on se remplit la casquette de flotte.  On réenclenche sur le chemin de bois sur pilotis qui se faufile dans la mangrove. Tiens tiens encore un petit changement cela ne semble pas correspondre au tracé du road book que j’ai récupéré de Lolo. Pour une fois une bonne surprise nous contournerons les deux mornes par l’est au lieu de l‘ouest. En fait je ne sais pas si nous y avons gagné mais cela m’a ragaillardi car en fait de séquence plate cette dernière partie révèle quand même des belles grimpettes.sur les falaises (on a bien fait d’en garder un peu sous la chaussette). 

 Bon reravito où on revoit notre albigeois et nous repartons dans la pampa non sans être gouré une fois plus par inattention. Nous contournons jusqu’à la petite chapelle (La Vierge des marins ?) et redescendons plein sud vers l’anse Trabaud. Ensuite les falaises, des anses, des rochers ainsi de suite pour arriver à la désolation de la Savane des Pétrifications. Mais comme nous sommes en hauteur il y a pas mal de vent et ca fait du bien.

Encore des anses et des rochers et puis du sables un ravito on rempli les poches on repart et ce court arret nous est douloureux pour les dessous de pied du coup nous décidons avec PAM de ne plus nous arrêter car le redémarrage est trop dur.  On s’est re-gouré  encore une fois sur 500 m et du coup un paquet de nos poursuivants nous ont passés devant et si nous les  rattrapons nous voyons bien que nous avons perdu du temps. 

Peu avant la pointe des Salines un type en maillot de bain au lmoin qui nous apostrophe  en nous gueulant dessus : c’est Jef qui est venu à notre rencontre. Tout en traçant on lui explique notre nouvelle stratégie et du coup il est obligé de nous suivre. Passage du pont ,  La plage des Salines, Marc, Sergio  Jojo et Lolo sont là et nous suivent car on s’arrête à peine le temps d’un bisous. Jojo nous humidifie avec son pulvérisateur d’eau acheté en pharmacie. Nous leur expliquons qu’il faut tracer si nous voulons arriver avant la nuit,  le soleil décline déjà mais il en reste encore à faire. Apres s’être donné rdv à l’arrivée, nous enclenchons donc la surmultipliée ça qui nous permet de rattraper des concurrents ce n’est rien  mais ca fait un peu compétition et surtout c’est mieux que de se faire doubler car ça nous donne le moral sur notre rythme.

On rattrape une nouvelle fois notre albigeois qui fait route depuis quelques temps avec un vétéran moustachu sympathique et qui lui a gardé ses bâtons. Comme on trace malgré qu’ils aillent d’un bon pas nous les laissons rapidement derrière après qu’il aient tenté de suivre notre rythme.

Le soleil décline de plus en plus et nous faisons la trace rattrapant quelques randonneurs et quelques coureurs. On se fait doubler neanmoins sur la falaise par un coureur qui courre comme une fusée et dont on se demande ce qu’il fait là vu le rythme qu’il tient après 127 km . Passés les petits bois et les dernières anses  , le soleil commence à se coucher nous apercevons pas très loin notre albigeois qui fait le forcing pour nous rattraper ca nous rebooste et on en remet une couche. 

Arrivée sur la petite anse et le passage alambiqué en dessous du restaurant  ensuite la remontée et en sortie du domaine nous abordons enfin Ste Anne. Juste avant la rue à gauche Jojo est là pour nous encourager sur le dernier kilomètre et elle marche devant nous pour écarter les passants tout en leur demandant de nous applaudir et en  leur disant qu’on est formidable. Sainte Jojo ! Elle est vraiment super et adorable.

Elle nous prépare à l’arrivée et un peu à son manque d’ambiance, ce n’est pas grave le soleil vient de se coucher et il fait de plus en plus sombre, ca tombe bien que nous arrivions car on en a plein les bottes. 

L’entrée du stade et pour ne pas faillir à la tradition nous courrons sous quelques maigres applaudissements mais ce n’est pas grave ce que nous voyons c’est l’arrivée nous doublons le gars tout crotté de St Joseph que j’exorte à courrir avec nous (ca m’embete de le doubler 50 m avant l’arrivée) mais il ne peut plus courrir.  

Ca y est c’est fait ! 36 heures et des pelures pas trop mal après tout : on s’était relâché après  l’Utmb et en nous disant que ce dernier trail serait plus une promenade qu’un objectif (tu parles !). 

Photos et puis aussitôt direction vers la douche dont je rêve depuis longtemps. La fusée qui nous a doublé est l'a en train d 'en baver à cause de crampes.  Pas de bol les douches sont froides et la fatigue aidant je chope un coup de froid et je me mets à trembler comme une feuille assis sur ma chaise.

Le binôme de l’albigeois vient s’assoir à coté de moi et me tombe ensuite sur l’épaule. J’oublie aussitôt le froid pour le retenir car il fait un malaise et est dans les pommes. Quelques claques il ne revient pas à lui et j’appelle mais personne ne vient. Pam qui était à poil sous la douche (pas frileux le gars) devine que ce n’est pas terrible et se précipite pour appeler les secours les attributs à l’air.

 Le toubib arrive et appelle des brancards mais ne semble pas inquiet. Ils allongent le coureur sur le brancard avec un drap dessus. Le toubib l’ausculte et diagnostique un petit malaise vagal. Il  me jette également un regard suspicieux. Faut dire que je suis à moitié dévêtu, le début de douche froide, cet épisode près de la porte en plein courant d’air  et la retombée de la pression de la course, je tremble comme une feuille en pleine hypothermie. Je suis habitué et je sais que ce n’est  pas grave mais je fini aussi sur le brancard pendant quelques temps.

Pam a été se restaurer et ensuite nous rentrons au village vacances où une douche délicieusement chaude achève sur une bonne note ce périple.  Aussitôt couché sous des couvertures (j’ai encore froid)  aussitôt endormi. Une bonne nuit de sommeil et je me réveille frais et dispos pour aller aux récompenses car Sergio a fait un podium en v2 : comme quoi il a bien fait de ne pas abandonner. 

Bilan de cette première édition :  Beaucoup de bonnes choses et quelques petites améliorations qui viendront avec les nouvelles éditions.

On ne peut que recommander ce trail et remercier les organisateurs ainsi que les bénévoles. En effet les quelques petits manques s’expliquent par la priorité qu’il a fallu apporter au balisage et rebalisage et surtout à l’énorme travail de débroussaillage (suite à Dean et au tremblement de terre) sans lequel la course n’aurait pas eu lieu.  Souhaitons que ce grand raid ait autant d’avenir que son  cousin de l’hémisphère sud.  

Pour moi : mal sous le dessous des pieds pendant une semaine, deux ampoules mais aucune courbature je n’ai pas trop mal géré. Mais si j’ai cru que mes 15 jours en Martinique seraient que des vacances et que le Manikou qui n’était pas  mon objectif premier se passerait sans encombre, je me trompais,  il ne peut quand meme pas s’aborder à la légère et cela  prouve une fois de plus si besoin était  qu’un ultra reste un ultra. 

Pal94   

PS  j'arrive pas à mettre de photos : il y en aura neanmoins sur le sitedu Manikou que je vous engage à visiter il est tres bien fait.  

3 commentaires

Commentaire de moumie posté le 29-12-2007 à 22:43:00

salut,

Bravo pour ton ultra qui n'avait vraiment pas l'air évident avec toute cette boue.

Dommage que tu n'arrives pas à afficher les photos.

Bravo aussi à Sergio pour son podium, aux concurrents qui ont dû malheureusement abandonnés et à tes supporters.

J'espère que l'albigeois s'est bien remis après.

Bonnes fêtes de fin d'année
Moumie

Commentaire de pacha972 posté le 07-05-2008 à 00:40:00

Salut Pal

en dehors du circuit de la course, pour cause de gestion des problèmes que nous avons rencontré tout au long de ces trois jours (en plus de Dean et du reste), je me suis sincèrement régalé à lire ton récit. Il fallait une première fois pour affiner les réglages et avoir quelques références. Nous avons d'ores et déjà apporté plusieurs modifications : plus de rav en salé, ajout d'un village dortoir à l'habitation Clément, augmentation des parts de repas au 4 villages santé (hé oui c'est que ça mange bien un raider !), et nous avons ajouté un "raid bleu" sur la partie sud pour ceux qui voudraient se lancer sur un 50km, mais avec seulement 1000m de D+. Départ de Clément le samedi 21 à 00h00 et arrivée à Ste Anne. Avantage plus de monde sur la partie sud et à l'arrivée. L'arrivée justement se fera au camping qui a été entièrement réaménagé apres Dean, douches et WC neufs et séparés hommes/femmes. enfin voilà, on y croit et nous allons mettre le paquet pour faire plaisir à tout le monde.

bon courage pour tes autres raids.

cordialement

Patrick Chapelle

Commentaire de L'Castor Junior posté le 06-11-2008 à 10:20:00

Merci PaL pour ce récit vivant, et richement documenté et illustré.
Le Grand Raid Manikou me tente, même pour cette année. Seul (?) problème : je dois être le coureur le moins adroit en terrain boueux. Ton récit fait donc réfléchir, forcément...
Merci en tout cas de nous l'avoir fait partager !

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