Communauté des sports d'endurance

Vendredi 17/11 au matin : je pars pour prendre mon train Gare de Lyon. J'avais prévu de partir à 10h de la maison, mais déjà stressée, je crains que ce ne soit trop juste et je pars à 9h, deux grosses valises à roulettes au bout des bras Très bon pour la musculation car dans le métro entre la gare de l'Est et la gare de Lyon je dois sans cesse les porter pour descendre ou monter d'innombrables marches. .
L'arrivée à Monaco est prévue vers 17h30 et j'espère n'être pas seule à l'arrivée tant la crainte de ne pas trouver le port m'inquiète. J'ai toute la journée pour gamberger. Vais-je réussir mon pari ? Ma cheville va t'elle tenir le coup Les avis pessimistes de certains suite à l'entorse que je me suis faite lors de la Carrière by Night et que je n'ai pas voulu écouter, m'inquiètent quand même, même si j'essaye de ne pas le montrer. J'ai très peu couru depuis St Doulchard si ce n'est les 21km du 11 novembre et pas du tout la dernière semaine pour préserver ma cheville blessée.
Arrivée à Monaco vers 17h30. Petit repérage des lieux, recherche des personnes aussi chargées que moi et ... gagné, nous sommes trois fous à l'arrivée pour faire le trajet jusqu'au port grâce à l'aide du plan de Tonio.
Nous finissons par arriver à bon port et nous nous installons dans un algéco pour la 1ère nuit. Difficile de dormir : énervement, ronfleur + arrivée nocturne de deux personnes supplémentaires dont un très grand qui fera couiner son lit à chaque fois qu'il se retournera.

Samedi 14h : départ de la course après un petit breefing de Philippe Verdier. Je pars très prudemment en méthode cyrano pifométrique (environ 200m en courant et 20mètres en marchant) et je marche sur toutes les zones à risque (pavés et côtes). Le circuit est de 900 mètres pendant tout le week-end et passera ensuite à 1680 mètres pour retomber à 1000 mètres pendant le 24 heures puis 900 mètres pour les dernières heures. Jusqu'à l'heure du repas, je parcoure 40km et je suis bien sûr dans les dernières des 41 fous partis pour l'intégralité de la course. C'est la folie sur le circuit, les monégastes sont très nombreux et il faut slalomer pour doubler car beaucoup marchent. Certains sont partis comme des fous. Pour moi, j'ai décidé de m'arrêter 1/4 d'heure toutes les 90mn pour reposer les jambes et vérifier l'état des pieds. J'espère ainsi en agissant de manière préventive, éviter les blessures.
Dimanche 14h : une journée d'écoulée et 90 km parcouru. Encore une 2ème nuit blanche aussi j'ai un peu couru dans la nuit. J'avais pourtant laché l'algeco et transporté mes pénates à l'extérieur. Pour l'instant tout va bien. Les premiers sont depuis plus de 30 heures sur la piste et ont déjà pour certains dépasser les 200km. Mais comment tiennent-ils ? Je poursuis mon petit bonhomme de chemin sans m'être encore réellement fixé d'objectif journalier. J'attends de voir. Un petit mal de dos en fin de journée ; petite visite au kiné qui résoudra le problème.
Un premier constat : les après-midi sont pour moi beaucoup plus difficiles (peu de km effectués). C'est vrai que je m'arrête (choix délibéré) de 14h à 15h30 pour manger et me reposer mais surtout, n'arrivant pas à dormir la nuit, je parcoure près de 50km dans la matinée et donc plus très motivée l'après-midi d'autant qu'à partir de 17h20 il fait déjà nuit. Distance parcourue 153km.
Lundi 14h : 2ème journée écoulée. J'ai de nouveau mal au dos mais pas au même endroit. Nouvel visite au kiné le soir - Rythme toujours identique avec arrêts fréquents pour me reposer. Je suis sur un rythme de 70 km par jour que je vais tenter de conserver jusqu'au bout. J'ai dû dormir deux heures maxi la nuit dernière (lit inconfortable, lumière, bruit...), moi qui fait mes 10h d'habitude.
La cheville ne semble pas empirer - Le kiné a demandé à un osthéo d'y jeter un oeil et ils veulent que je vienne faire contrôler chaque soir. Il semble néanmoins assez optimistes et pense que l'oedeme devrait se résorber tout seul dans la semaine. Consigne : ne pas forcer et marcher si besoin. Ca tombe bien c'est bien mon intention.
Mardi : ce sera la journée la plus dure ; j'ai très mal sous les pieds et je ne peux courir ; j'ai marché toute la journée. Heureusement les osthéos sont là (très sympas) le soir et le miracle journalier opère, le lendemain je peux à nouveau courir. Le mardi après-midi ne n'ai fait qu'une dizaine de km.

Il y a déjà de nombreux blessés et c'est chaud le soir chez les osthéos. A chaque fois que j'y vais je tombe sur un nouveau qui fait une fixation sur mon entorse alors que je m'evertue à lui dire que j'ai pas mal à ma cheville mais sous les pieds. C'est vrai que mon pied est encore tout bleu mais quand même. J'ai quand même réussi à faire mes 70km mais avec un nombre d'heures conséquents sur la piste. Point positif : pas eu mal au dos aujourd'hui.
Mercredi : tout va bien. Ce matin, j'ai pu recourir sans avoir trop mal aux pieds, mon dos fait tjours relache et je ne pense plus à ma cheville tant que l'osthéo le soir ne vient pas y tripoter.
Je suis surprise de ma forme. J'avais peur de ne pas tenir plus de 3 jours or, je n'ai même pas mal aux cuisses le matin, juste des douleurs sous les pieds le soir mais à priori c'est le lot commun.
Le rythme des 71 km journalier tient toujours. Ces quatre premiers jours sont passés comme un rêve. Je commence à courir plus libérée.
Jeudi et vendredi se passeront de manière identique. Au niveau physique tout va bien si ce n'est les douleurs sous les pieds. Je décide alors de tenir le dernier 24 heures sans me coucher (de toute façon vu ce que je dors je vais pas perdre grand chose) pour essayer de rattraper la concurrente qui est devant moi. Mais j'ai beau accélérer elle finit toujours par me lacher (à un moment il n'y aura plus que 3km entre nous deux) mais je ne tiendrai malheureusement pas la cadence. Elle devait sentir mes intentions à chaque fois
Vendredi après-midi, la pluie arrive avec de grosses averses. Dans la nuit de vendredi à samedi, je fais une sortie d'1h pendant laquelle je me prend une grosse saucée sur la tête. Résultat : chaussures trempées et comble de tout je m'aperçois le samedi matin que j'ai mélangé dans le noir deux paires de la même marque mais pas de la même pointure. Je n'ai plus que deux paires de chaussures utilisables dont une dépareillée.
Samedi matin, je pars donc avec les Spira (un peu avant le 24h) sous de grosses averses et me retrouve obligé de courir jusqu'à 15h avec n'ayant plus qu'une paire de sèches. Craignant de chopper des ampoules je change de chaussettes régulièrement mais les chaussettes sèches dans les chaussures trempées ne le restent pas longtemps.
Samedi après-midi le temps s'améliore. J'abandonne les Spira détrempées pour mettre la dernière paire sèche que je conserverai jusqu'au bout. J'ai augmenté depuis le matin ma vitesse de croisière. Le tapis qui comptait les tours a eu quelques pbs et l'officiel du 24h est obligé de compter les tours manuellement (mais il ne le fait que pour le 24h ) - Plein de tours n'ont pas été comptabilisés pendant la nuit. Des prix commencent à circuler comme quoi la course risque de s'arrêter le matin si le pb du tapis perdure.
Espérant tjours rattraper ma concurrente immédiate je cours toute la nuit, à vitesse relativement rapide, mais elle ne craquera pas et reprendra son avance rapidement.
Finalement la course se poursuit jusqu'à 14h et je ne peux plus tenir ce rythme que je maintiens depuis le matin. Je ralentis donc, et après un repos d'une demi-heure, je repars sur le circuit où les monégasques sont de retour en masse et où règne de plus en plus une ambiance de folie. Nouveau pb de comptage de tours dans la matinée
Constat final : une course de folie où je me suis amusée comme une folle
- côté physique : aucun gros souci et en plus l'hématome de mon pied est presque complètement résorbé
- côté contact : cette course m'a permis de faire la connaissance de nombreux UFO (Tonio, Pat 71, les 2 Momo...) que j'ai été ravie de cottoyer pendant ces 8 jours.
- côté confort : j'ai "dormi" pendant 8 jours à la belle étoile fin novembre sur un lit de camp pas très "confortable" avec un duvet pas au top et j'ai presque pas eu froid. Total heures de sommeil pendant les 8 jours identiques à ce que je dors en une nuit d'habitude.
- côté poids : je me suis pesée ce matin et j'ai rien perdu - je suis tjours à 55 kg - c'est bien la peine de se décarcasser
- côté organisation : super, rien à redire, des kinés et des osthéos hyper sympas et très compétents, des repas du soir très copieux et très bons.
- résultat : 568,635 km (soit 71km/jour) -
- stratégie de course : alternance course et marche tous les jours sauf le 3ème où je n'ai fait que marché

Je suis rentrée lundi matin, ravie de cette semaine merveilleuse qui restera longtemps dans mes souvenirs