Communauté des sports d'endurance

Après plusieurs participations au Tavignanu Trail, au Restonica Trail, et à d'autres épreuves d'une centaine de bornes, j'ai décidé de tenter l'UTC en 2022.
J'ai alors abandonné à mi-course, au Col de Vergio, totalement carbonisé par le deuxième quart du parcours, et me sentant physiquement incapable d'aborder une deuxième nuit et vingt heures de course supplémentaires, connaissant la suite de l'itinéraire.

Je me suis finalement réinscrit en 2023, peu confiant dans mes chances de réussir, mais néanmoins décidé à me donner une deuxième chance en mettant à profit l'expérience acquise.

L'UTC se décompose globalement en quatre quarts de course, délimités par les trois points de passage que sont Callacuccia, Vergio et Grotelle, les seuls où le sentier croise la route, les seuls où l'abandon peut réellement s'envisager.

Le premier quart compte deux ascensions, pour un dénivelé positif de 2200m, mais ne comporte pas de difficulté technique majeure. La descente de Bonniace est un peu délicate de nuit mais se gère sans trop de difficulté.  Il est préférable de garder des forces et de ne pas arriver trop entâmé à Calacuccia au petit matin, au vu de ce qui arrive ensuite.
J'ai réussi cette année à parvenir assez frais cette année à Calacuccia, en modérant davantage mon rythme sur la première montée.

Le deuxième quart comporte lui aussi deux ascensions, mais pour un dénivelé positif de 2500m et sur des terrains particulièrement exigeants. La montée vers Bocca Crucetta, le point culminant du parcours (2500m d'altitude), commence gentiment. Elle se révèle absolument interminable et s'achève dans des amas de rochers et des éboulis instables. Il est difficile de ne pas arriver exténué, mais les affaires ne s'arrangent pas de l'autre côté. La descente (ou plus précisément la désescalade) vers les bergeries de Ballone est particulièrement pénible et dangereuse, et le soleil commence alors à bien taper. La remontée vers Ciotullu di Mori est moins longue mais tout aussi technique que la précédente. Le retour vers Vergio, sur un sentier très rocailleux n'est pas de tout repos non plus, et le final dans la forêt prend des allures de sentier de la perdition. 
Je savais cette portion très difficile, la considérant comme le passage stratégique de l'UTC et l'ai mieux géré physiquement, mais surtout psychologiquement que la dernière fois. J'ai même pris le temps de m'arrêter me baigner pour me réveiller et faire descendre ma température corporelle. Je suis arrivé à Vergio à la même heure que la dernière fois, vers 18h, mais cette fois prêt et décidé à aborder la suite du parcours.

Le troisième quart de course comporte deux ascensions représentant 1300m de dénivelé. C'est nettement moins que sur les deux quarts précédents, mais la fatigue commence à peser et la deuxième difficulté, Bocca Alle Porte s'aborde à la montée comme à la descente sur un terrain redoutable, notamment de nuit.
Reparti après une heure de pause, j'ai commencé à sentir des irritations très douloureuses à l'entre-jambe et des débuts d'ampoules aux pied. Nous avons ensuite été surpris par l'orage et la pluie dans l'ascension et la descente du Bocca Alle Porte. Le moral s'en est bien ressenti, mais j'ai bénéficié de la présence d'autres coureurs à mes côtés et nous nous sommes serrés les coudes pour avancer et parvenir à Grotelle.

Le dernier quart et ses 1000m dénivelé positif (mais 2000 de négatif), pour une seule ascension, est le plus abordable, mais n'est pas non plus une promenade de santé. La descente du Tavignanu vers Corte peut paraître vraiment longue, surtout lorsqu'il fait chaud et que les coureurs du 33 arrivent par derrière à pleine vitesse. 
J'ai hésité à abandonner à Grotelle, vraiment gêné par mes irritations et mes ampoules, mais me suis dit que c'était dommage d'arrêter si prêt du but. J'ai perdu mes camarades sur la fin et le moral n'était vraiment pas terrible, mais je suis quand même arrivé à Corte, en mettant un pas devant l'autre et en prenant mon mal en patience. J'ai parcouru les derniers mètres avec mes enfants, venus m'accueillir sur la ligne d'arrivée. J'ai terminé dans les tréfonds du classement, à la 189e place (sur 228 classés et 340 participants), après 37h30 de course (rien que ça) mais ma principale préoccupation était bien de le terminer.

Au bilan, je suis bien content d'en être venu à bout, surtout pour ne plus avoir à m'y coller à nouveau. Je suis très reconnaissant aux trailers qui m'ont accompagné sur le troisième quart, et grâce auxquels j'ai pu surmonter mes pépins physiques. Je dois notamment une fière chandelle à Amaury, compagnon de route dévoué et sympathique, qui nous a ouvert la voie dans les passages les plus délicats et m'a passé une crème pour mes irritations.
Terminer l'UTC permet de récupérer 4 "running stones" offrant 4 chances au tirage au sort pour l'UTMB. Ce n'était pas forcément mon intention de m'y inscrire, trouvant la distance effrayante (tout de même 60 de plus) et craignant qu'il y ait encore une marche importante à franchir. C'est peut être toutefois l'occasion le tenter et de prendre ma revanche sur mes 4 tirages au sort perdus pour la CCC...

En terme de recommandations pour l'UTC, la clé de réussite est vraiment le deuxième quart, qu'il faut parvenir à aborder avec suffisamment de patience et de circonspection pour d'atteindre et dépasser Vergio, et ne plus avoir ensuite d'autre choix que de finir. Il est techniquement difficile d'abandonner entre Vergio et Grotelle (pas de route), et abandonner à Grotelle ne fait guère de sens quand l'arrivée n'est plus si loin. CQFD