L'auteur : catcityrunner
La course : 42 km du Mont-Blanc
Date : 25/6/2023
Lieu : Chamonix Mont Blanc (Haute-Savoie)
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Distance : 42km
Objectif : Pas d'objectif
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Le 9 novembre 2022, j'ai été tiré au sort sur le Marathon du Mont Blanc. Un gros coup de chance compte-tenu de la faible probabilité !
Troisième participation après 2016, mon baptême de trail montagnard, et 2021, mon premier trail post-Covid. Jamais deux sans trois comme on dit. Mais tout ne s'est passé comme prévu le 25 Juin.
La course
Le départ s'effectue en 4 vagues sur la place devant l'église de Chamonix, l'affectation des vagues est automatique, basée sur la côte ITRA il me semble. Je suis dans la première vague et la température est idéale en ce début de matinée à 7h30. Ma stratégie est de ne pas partir trop vite, je sais que j'ai vite fait de me laisser entraîner dans un rythme de marathonien sur la première section de la course: 13 km très roulants dans des conditions de fraîcheur parfaite où on peut entamer son potentiel.
Au ravitaillement du Tour, je suis légèrement en avance sur mon tableau de marche, 1h33. Première erreur de ravitaillement, je recharge mon camelbak avec la boisson Electrolyte disponible. J'ai peu bu jusque là et le mélange avec la boisson Hydrixir est un assez écoeurant.
On attaque ensuite l'Aiguillette des Posettes avec l'avantage de monter quand il fait encore frais. Je monte tranquillement sans forcer pour arriver au sommet en 2h40. Je n'ai pas vraiment soif mais j'essaye de boire un peu tout de même, je sais qu'il va faire bientôt faire chaud.
La descente vers Vallorcine se fait bien et je me lâche un peu sans prendre trop de risques. Un gars me dépasse et lance "maintenant on a fait le plus dur". Bon d'accord c'est vrai arithmétiquement on a fait 23,5 km et 1400 D+, mais la deuxième partie sous la chaleur et avec la fatigue, je sens que ça ne va pas être si simple. Il est 11h quand je repars de Vallorcine, après avoir avalé du coca et un bout de banane. J'ai complété mon Camelbak avec de l'eau. Deuxième erreur de ravitaillement, je trouve rapidement le breuvage encore écoeurant et sucré. Le problème du Camelbak c'est qu'on ne voit pas le volume que l'on boit; j'aurais du partir avec au moins une flasque d'eau pure ou gazeuse.
Après Vallorcine, je connais le chemin, bien roulant et largement courable jusqu'à Tré-le-Champ. Sauf qu'on nous envoie à gauche sur un single qui grimpe vers la falaise d'escalade avant de revenir sur le chemin des diligences.
A Tré-le-Champ, on bifurque pour remonter vers le Béchar. On approche de midi, 4h15 de course, la chaleur commence à se faire sentir, mais j'ai de plus en plus de mal à ingurgiter ma boisson. Je commence à être sérieusement à la peine, mais j'avance à mon rythme. Une pause de quelques minutes et je me dis que l'arrivée vers 14h00 est compromise et qu'il va falloir prendre son temps.
Ensuite cette foutue descente où un reste de lucidité m'incite à y aller mollo; je laisse passer les avions de chasse et je me force à boire quelques gorgées.
Plus qu'à remonter ensuite vers La Flégère, sauf que la machine est franchement déréglée. Dès les premiers lacets, je me retrouve affalé en restituant à la nature un mélange peu ragoutant de glucose, fructose, électrolytes et H2O. Il y a un poste de contrôle 100 mètres plus haut, et une bonne âme vient m'asperger d'eau fraîche et m'indiquer qu'on peut se rafraîchir et boire dans le torrent un peu plus haut.
Je repars après 10mn de pause. L'objectif est de rallier le point d'eau, qui n'est pas très loin effectivement. Le son de la cascade se rapproche et là c'est la ruée vers l'eau. J'hésite à boire plus qu'un fond de gobelet; je sais que plus d'une fois j'ai bu trop rapidement et vomi dans la foulée (si j'ose dire).
Bon, il suffit de monter à son rythme et de se requinquer à La Flègère et ça va le faire. C'est reparti à un rythme d'escargot. Comme j'ai la bouche très sèche, j'aspire un peu de liquide du Camelbak avant de recracher. Je finis par essayer d'avaler une gorgée, mais ce n'est pas une bonne idée. Me voilà de nouveau vautré sur le bord du sentier, l'estomac encore plus vidangé qu'avant. J'ai une envie irrépressible d'eau gazeuse.
Un compère trailer me voyant en piteux état me propose un peu à boire, mais c'est de la boisson énergétique, donc je décline.
Maintenant il faut remonter la piste de ski, sous le cagnard, il est environ 14h00. La délivrance est au bout de la montée. Quasiment 1h30 pour remonter les 4,5 km !
Juste à l'entrée du ravitaillement de La Flégère, on a droit au seau d'eau sur la tronche, qui remet un peu le cerveau en route en plus de refroidir la machine. Je n'ai qu'une idée en tête: boire de l'eau, vider mon Camelak et refaire le plein d'eau pure. Sauf que le gobelet d'eau gazeuse me reste sur l'estomac et je finis de nouveau à plat ventre dans l'herbe. Direction le poste médical, mesure des constantes, palabre avec l'équipe. Rien de très alarmant, mais l'envie n'y est plus et l'idée de passer encore 2 ou 3h sur les sentiers sans pouvoir ni m'alimenter ni boire ne me fait pas rêver... Le responsable du poste médical me convainc finalement de lâcher l'affaire et me voilà déposé dans la télécabine. Fin de partie.
The last one ?
Alors on peut chercher des explications et se dire qu'il y aura d'autres trails, qu'on a mal géré et qu'il y aura une prochaine fois, une revanche. Mais cette fois, je suis sûr de ne pas refaire ce marathon du Mont Blanc et peut-être était-ce mon dernier trail montagnard.
Il y a l'explication de la mauvaise préparation: avec un Ecotrail 80 km en Mars et le trail des Cerfs le 14 Mai, qui se sont globalement bien passés, j'aborde la préparation finale plutôt confiant. Mais c'était sans compter sur mes tendons d'Achille qui n'ont pas apprécié le trail des Cerfs et m'ont obligé à réduire au minimum la course à pied et à remplacer par du vélotaf. Les séances à la colline d'Elancourt, fermée pour les JO, ont manqué.
Il y a l'explication de la chaleur: je n'aime pas la chaleur. Dans ma vie précédente de coureur sur route, je garde de mauvais souvenirs de 10 km au mois de Juin où je finissais complètement cuit avec des derniers kilomètres bien pénibles. Et le 25 Juin, c'est le jour le plus chaud du mois avec 30° dans la vallée. Je savais qu'il ferait chaud et que la montée sur La Flégère serait difficile, mais j'ai sous-estimé cette difficulté et mal géré mes ravitaillements liquides.
Il y a l'explication du terrain montagnard : courir 8h ou 9h sur des chemins en Ile de France, comme sur l'Ecotrail, ce n'est pas la même chose que faire un trail de même durée. Je le sais pour avoir échoué plusieurs fois lors de mes ultras montagnards. Visiblement, mon organisme a du mal à gérer les changements de température, de rythmes, les montées/descentes.
La vérité c'est que l'envie pour ce type de course s'est érodée et que je vais probablement reprendre des courses plus courtes et plus plates, qui me procurent plus de plaisir au final.
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5 commentaires
Commentaire de bubulle posté le 12-07-2023 à 07:53:20
Vraiment déçu pour toi que ça ne veuille pas le faire comme ça, sur ces courses, Gilles! Je me suis souvent un peu gentiment moqué (en étant admiratif, en réalité) de tes capacités "routières" et de distance plus limitées ou moins extrêmes en dénivelé. Peut-être, effectivement, chacun a-t-il son propre terrain de prédilection. Mais c'est vrai aussi que les difficultés de nutrition et hydratation ne pardonnent pas sur les longues durées (et la faible vitesse) des courses de montagne.
Un point plus particulier m'attire l'attention : tes galères avec les boissons énergétiques. Sans aller jusqu'à dire que tout est à cause de ça, il est vrai que, pour ma part, j'ai abandonné depuis un bon moment ces trucs-là. Après tout, à nos niveaux, ce qu'on fait sur un trail de montagne, c'est de la randonnée, un peu rapide, certes, mais de la randonnée. Et, en rando, on boit juste de l'eau, finalement. J'en viens de plus en plus à me dire que, dans ce domaine, revenir à des solutions simples ne peut être que bénéfique. Tous ces glucides qu'on nous met en grandes quantités dans le corps sont sûrement très adaptés aux efforts très consommateurs d'énergie (un marathon, un trail roulant...) mais nous autres randonneurs, c'est surtout la durée qu'on a à gérer....et maintenir l'hydratation (et forcément dès qu'on ingère des trucs qui nous font vomir, l'hydratation est vite compromise).
Je ne suis pas un spécialiste, j'ai ma seule expérience personnelle comme repère, mais il y a peut-être une piste, ici.
Commentaire de catcityrunner posté le 12-07-2023 à 08:39:30
Christian,j'ai clairement foiré au niveau boisson énergétique sur cette course. Mais j'ai testé aussi avec eau , coca + solide sans plus de succès. Le seul truc que je n'ai pas fait c'est le mode randonnée limite BH.
Commentaire de Matt38 posté le 12-07-2023 à 09:13:20
Bonjour, Je fais la même analyse que Bubulle. En galère sur les trails de plus de 30km car j'ai des nausées et vomissements qui me gâchent tout le plaisir de la balade en montage lors des courses. Et chose étonnante, pendant les entrainements je n'ai pas du tout les mêmes sensations. je crois que je vais tester l'arrêt des boissons sucrés ou énergétiques. J'étais en galère sur le maratrail des Passerelles du Monteynard ce dimanche. Je me suis forcé a boire de l'eau avec des ions (sur les préconisations du médecin au départ, en raison de la canicule) et dont le gout m'a vite dégouté et s'en est suivi une longue période de nausées ou l'envie et la motivation n'étaient plus là. Je crois que je vais testé l'eau plate et un bon sandwich en oubliant le dictat du boire toutes les 15 minutes et manger régulièrement pendant la course. Ma vitesse étant finalement celle d'un bon randonneur, il n'y a pas de raison que cela ne fonctionne pas sur les trails alors qu'en randonné en montagne, je n'ai jamais connu ces désagréments. je précise que je ne cherche plus les performances mais fais du trail pour participer à des beaux événements et passer de belles journées en montagne.
Commentaire de centori posté le 13-07-2023 à 16:34:03
un partie du pb est peut-être lié à Hydrixir. j'ai eu le même souci, cette boisson est de mon point de vue une catastrophe quand il fait chaud. et là tu as eu trés trés chaud. y a peut-être un truc à creuser.
Commentaire de catcityrunner posté le 13-07-2023 à 16:53:56
C'est vrai que je n'avais jamais utilisé Hydrixir par une forte chaleur. J'ai adopté cette boisson car jusque là elle passait assez bien. Le problème c'est qu'à l'entraînement, je ne teste pas l'alimentation sur une durée de 6H ou plus, donc difficile de prédire la tolérance à telle ou telle boisson.
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