L'auteur : Marmadoc
La course : L'Echappée Belle - Intégrale - 149 km
Date : 20/8/2021
Lieu : Vizille (Isère)
Affichage : 1769 vues
Distance : 149km
Objectif : Pas d'objectif
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Il peut être interessant de lire de CR en parallèle de celui de Boubou27
http://www.kikourou.net/recits/recit-21683-l_echappee_belle_-_integrale_-_149_km-2021-par-boubou27.html
Le contexte
J’avais couru l’Echappée Belle une première fois en 2019, pour finir en 46h30 à 4h30 du mat’.
En m’inscrivant cette année, les objectifs étaient :
1) obj minimal : finir (en ultra et surtout à l’EB, il peut se passer n’importe quoi)
2) obj réaliste : faire mieux
3) obj plus ambitieux : ne pas trop entamer la 2ème nuit.
En 2019 j’avais mis énormément de temps à récupérer. La différence entre 1 nuit dehors et 2 nuit dehors est énorme à ce niveau.
Préparation
Je me suis arrangé avec Bseb du forum qui courrait aussi l’Intégrale. Il laisse sa voiture à Aiguebelle, je l’amene à Vizille où il dort sous tente au stade, et moi dans ma voiture, et il me ramènera à Vizille après la course pour chercher ma voiture.
Je pars 2ème vague à 5h30, 30 min après la première et 30 min avant la troisième.
En entrant dans l’aire de départ, je mets mon buff kikourou autour de la tête. Grand bien m’en a pris, je me fais tout de suite repérer (avec mon mètre 87 ça aide) par un petit groupe. Il y a là Benoît/Boubou27, Thomas/Tomtrailrunner, Simon71…
On discute et très rapidement c’est le départ, nous partons ensemble pour cette partie plutôt ennuyeuse jusqu’au plateau de l’Arselle. On monte tranquillement, ça papote sévère dans la montée au Mont Sec. J’apprends que je connais le cousin de Simon71.
Benoit a un objectif en 42h30 (arrivée avant minuit), ce qui me conviendrait tout à fait étant donné ce qui est expliqué ci-dessus. Il a aussi le roadbook détaillé avec le temps de toutes les sections et sous-sections. Je sais qu'il sort d'une très bonne Montagn'Hard et je me dis que ça pourrait être un cheval sur lequel miser (spoil : je me dis bien).
Quant à moi je me suis également fait un roadbook plus succinct.
Vizille - Arselle
On se retrouve à 3 avec Tom et Benoît. Passage au Mont Sec à la minute près, passage à la réserve de Luitel avec 2 min d’avance et arrivée au 1er ravito avec quelques minutes d’avance. 2h39 contre 2h37 il y a 2 ans : impeccable.
Benoît nous dit qu’il a prévu un arrêt de 15min (il restera 10 min) avec Mumu sa femme et super suiveuse. Avec Tom, nous restons 5 min : Une soupe, un morceau de banane et feu !
Arselle - La Pra
Début de feu d’artifice visuel. Festival des lacs (David, Robert, et tout le toutim) On commence à en prendre plein les yeux.
J’ai l’impression de courir beaucoup plus qu’il y a 2 ans sur cette section et je double pas mal, en restant tranquille. Plutôt bon signe pour la suite. Benoit nous rattrape juste avant le refuge de la Pra, on y arrive et repart ensemble après un arrêt assez court au ravito.
La Pra – Croix de Belledonne
Après les lacs Doménon, première montée sérieuse jusqu’au point culminant du parcours à 2929m. Je monte pas mal, peut-être un peu trop rapide avec le recul, ça devient un chouilla dur mais pas trop, on n’est qu’au début après tout après 6h de course. En haut On retrouve Petit Franck et Teddy, qui nous prend en photo. On touche la croix (of course), la vue sur la vallée et la Chartreuse est superbe évidemment et c’est le début de la descente (aïe !)
Croix de Belledonne – Jean Collet
La descente, ce n’est pas ma spécialité (gros euphémisme) encore moins les descentes techniques. On pourrait se demander ce que je fais sur l’Echappée Belle…
Je commence prudemment, je sais que si je ne fais pas trop attention je peux avoir une cheville qui part, comme 3 semaines avant la course où je m’étais fait une belle frayeur… On reste grosso modo ensemble jusqu’au col de Freydane.
Ici Benoit a des fourmis dans les jambes et part seul devant. Je rejoins tout le monde au ravitaillement du refuge Jean Collet. Grosse pause, peut-être un peu trop longue, j’ai pas trop bien géré, je vais toquer 3 fois pour avoir à manger. On repart ensemble.
Jean Collet – Habert d’Aiguebelle
Direction col de la mine de fer puis début du chantier ! Je pars un peu devant au gré des pauses techniques, je me cale dans la roue de 2 coureurs qui discutent tranquillement, mais je ne tiendrai pas. Entre le col et la Brèche fendu c’est qu’il faut sacrément regarder où on met les pieds !
Dans la descente avant le Pas de la Coche, Benoit me rattrape et me lâche encore une fois. J’arriverai 5 minutes après lui au ravitaillement du Habert d’Aiguebelle après 10h50 de course. Thomas arrive 15 minutes après moi alors qu’on a quasiment fini de se ravitailler. On décide de l’attendre, et là je me dit que ça commence à chauffer un peu au niveau de la voute plantaire. En 2019 les échauffements m’avait beaucoup gênés. Sans trop y croire je demande s’il y a un podologue, et il se trouve que oui ! Je les laisse donc partir devant alors que je me masser la plante des pieds avec de la Nok. Je ne sais pas si c’est efficace mais ça fait un bien fou, c’est jouissif !
Habert d’Aiguebelle – Le Pleynet (base vie)
Je repars donc après Benoît et Thomas. Je les ai en visuel loin devant dans la montée au col de l’Aigleton, je les rattrape petit à petit. Je finis par rattraper Tom qui s’arrêtera prendre de l’eau dans le ruisseau au pied du col de la Vache. Je ne m’arrête pas , je ne le reverrai plus. Montée au col de la Vache en essayant de suivre les fanions dans le pierrier. Juste sous le sommet, j'aperçois Benoît, mais il ne m’a pas vu, il repart 30s avant que je n‘arrive.
Finalement je le rattrape dans la descente avant d’arriver aux 7 Laux au gré d'une pause technique. Je me cale dans sa roue, il prend un peu d’avance mais j’arrive à suivre et à courir sur la partie « plate » qui longe les lacs jusqu’au col de la Vieille, avec un petit ravitaillement improvisé bien sympathique.
A partir de là, c’est le drame. J’ai beau me forcer, mais le Cul de Vieille, c’est comme il y a 2 ans, ça ne passe pas, je me fais pas mal doubler dans cette descente. Puis c’est la partie interminable pour contourner la vallée pour arriver à la base vie du Pleynet. Je me dit que je peux y arriver sans remettre la frontale. J’insiste jusqu’au dernier moment, mais je craque à 2 min de la base vie de peur de rater une balise.
Base vie du Pleynet
Je regarde rapidement si je vois Benoît, je ne le vois pas. J’avais trouvé qu’en 2019 j’étais resté trop longtemps (1 grosse heure). J’essaye de ne pas trop traîner. Raté ! J’y resterai 1h06. Le temps de manger se changer, de digérer le très gros morceau de Belledonne que l’on vient d s’envoyer… J’avais pensé de ne pas prendre le repas chaud pour gagné pas mal de temps, mais mon estomac vide en a décidé autrement. Je ne le sais pas mais je repars après Benoit.
Le Pleynet - Gleysin
Je repars dans la descente vers Fond de France, et là, de très bonne sensation, là où j’étais poussif il y a 2 ans. Je continue à courir vite (autant que possible avec 6000d+ dans les pattes) toute la partie « plate « vers la cascade du Pissou puis la liaison vers le pied de la montée à la grande Valloire. Je sors les bâtons et ça continue ! Je n’arrête pas de doubler, je monte avec une facilité déconcertante. Aux deux tiers de la montée je mets un vent à Benoit. Je lui dit qu’il me rattrapera dans la descente sur la bergerie de Gleysin, ce qui ne manque pas d’arriver, sauf que là, j’arrive à trouver mon rythme je finis sur la chapeaux de roues, j’arriverai même 2 min avant lui au ravitaillement. Je viens de faire une super section ! Je me dis que cette forme indécente ne va pas durer (spoil : oui ça ne va pas durer !) et que je vais le payer (oui je vais le payer).
Gleysin - Périoule
Je repars avant Benoit qui se fait masser pas Mumu, la montée jusqu’au refuge de l’Oule se passe sans encombre. Il y a 2 ans j’y avais dormi 20 min. Là pas question, direction le Morétan ! Arrivé dans la partie raide au essu du refuge c’est le coup de bambou. Souffle court, obligé de s’arrêter toutes les 30s. Analyse rapide de la situation : oui c’est ça, je suis dans le dur. Un groupe de 4 ou 5 mené par une femme (dont j’apprendrai plus tard qu’il s’agit de madame Pimpin, (AnnnedeBrignais) me rattrape, j’essaye de prendre la roue, mais je ne tiens pas plus de 5 min.
L’arrivée au col s’entend avant de se voir (de toute façon il fait nuit). Les bénévoles sont au taquet :
« si tu aimes les cailloux lèvent les genoux, si tu aimes le Morétan tape dans tes bâtons » Je tape mes bâtons.
La descente est tout aussi laborieuse. Ca je m’y attendais, entre le névé, la moraine hyper hyper raide et le chaos de blocs vers les lacs, je ne suis pas à mon aise, je me fais pas mal doubler. Je suis étonné que Benoit ne m’ait pas rattrapé,tant je me traine Il arrivera à Périoule 9 min après moi (en fait lui aussi traine, mais au ravito ). Le jour se lève.
Périoule -Super Collet
Je viens de passer une grosse partie bien lente, et c’est compliqué de se remettre à courir (enfin trottiner). On se motive avec un coureur, on passe progressivement de 2km/h à... au moins 7 je dirais et on fait la descente ensemble et on réussit à ne pas marcher. Au pied de la « putain de montée » (copyright bubulle) au refuge de la Pierre du Carre, je rattrape un groupe avec madame , impin tout le monde se fait des politesses pour savoir qui va passer devant et donner le rythme pour cette montée raide. Je passe devant et je m’y colle pendant presque toute la montée. Un peu avant Super Collet madame Pimpin prend les choses en mainsen accélère. Benoit est également revenu dans la montée. Il me dit qu’à Super Collet Christian (bubulle) sera là ayant finalement renoncé à courir la Traversée Nord.
Super Collet
Nous arrivons à 9h21. Bubulle se propose de faire mon assistance, ce que j’accepte volontiers. Il me demande ce que je voudrais. Quelques pensées saugrenues me traversent l’esprit, mais j’opte finalement pour une St-Yorre au jus de citron. Il est impressionné par tout ce que j’ai pu faire renter dans mon sac d’allègement (dont 90% des choses ne serviront pas évidemment). Après un changement de chaussures, je repars accompagné de bubulle sue le début alors que Benoit tente une sieste dans une chaise longue.
La montée au sommet du télésiège par la piste est une saloperie sans nom, en plus il commence à faire chaud. Juste avant le sommet je me retourne, je vois un coureur qui court pleine bourre. Le temps de comprendre que c’est absolument impossible, je me re-retourne. Mais comment est-ce possible ?! Puis je percute, c’est le premier du parcours des crêtes le 58km. Puis le 2ème, le 3ème me doublent. Une fois arrivé dans la descente vers la passerelle du Benz, où je ne suis pas très rapide, c’est le défilé. Ca devient vite pénible de devoir se ranger sur le côté toutes les 30s vu qu’on ne peut pas doubler.
J’attaque la montée aux Férices avec appréhension, ça avait été un chemin de croix il y a 2 ans. Cette année c’est juste très dur. Montée lente vers le col d’Arpingon, et descente non moins lente vers Val Pelouse où pourtant c’est courable. Je marcherai énormément. Et je suis toujours étonné que Benoit ne m’ait pas rattrapé (c’est qu’il prend beaucoup de temps aux ravitos ; Il arrivera finalement quelques minutes après moi à Val Pelouse. Nous allons tous les deux nous faire soigner les pieds sous la tente podologue. Je me fais poser de l’elasto sur la plante des pieds, ça sera très efficace sur les échauffements.
Val Pelouse – Le Pontet
Je pars avant Benoît qui me rattrape rapidement, on descend ensemble aux sources du Gargoton, puis on fait la montée au col de la Perche qui en théorie est un poste de pointage. Pour nous ça sera ravitaillement, c’est JuCb et d’autres kikous qui y sont bénévoles :
« Vous voulez quoi les gars ? De la Tomme ? De l’abondance ?
- Euh… de l’abondance ça sera parfait merci
- Bon, on est désolé, la bière n’est pas vraiment fraîche…
- Non mais c’est parfait ! Tiens voilà mon gobelet !
On repart bien requinqués, le Col de la Perche marque la fin du chantier. A partir de là, plus beaucoup de d+, même si y’en a encore pour 6h.
Passage au Grand Chat. Au début de la descente, je commence à peiner Benoit me lâche. Au col sous le sommet je le retrouve en train de se faire soigner un orteil. Je prends de l’avance et l’attends lors d’une pause bonbons à la Cabane à Michel tenues par une équipe kikou également. Mais je me refais lâcher dans la descente vers le Pontet. Je commence à avoir peur que la fin soit trèèèès longue comme il y a 2 ans. Finalement j’arrive 4 min après lui.
Le Pontet - Aiguebelle
Je ne reste pas longtemps au ravito et je vais voir Benoît pour qu’on reparte ensemble.
Ses lèvres bougent, je crois qu’il me parle. Oui c’est ça, il me parle ! Et voici ce qu’il m’a dit (du moins ce que j’en ai retenu) :
« L’objectif arrivée avant minuit est réalisable, Je veux faire la montée au fort de Montgilbert comme un gros taré !
- Pas de problème, je suis l’homme de la situation, suis moi ! »
On repart donc à bloc du ravito, sur la route on tourne à droite direction le fort. 300m plus loin : « ah mince c’était pas là » ça commence bien ! Demi-tour, cette fois-ci on tourne à droite en suivant le balisage, ce qui est toujours plus safe, et c’est le début du festival.
Marche très rapide sur la première partie peu pentue, puis petit à petit la pente s’accentue.
Surtout ne pas lever la tête, ne pas regarder l’interminable ligne droite. Je me cale derrière 2 coureurs du parcours des crêtes. La rythme respiratoire s’intensifie. Tiens j’ai la stéréo : c’est Benoit derrière qui souffle aussi. Un dialogue interne s’installe chez moi :
Les quadris « Allo le cerveau, non mais ça va pas ? Qu’est-ce qu’il vous prend là-haut ? »
Le cerveau « VOS GUEULES !!! »
On serre un peu les dents et une fois arrivés en haut, on explose les prévisions du roadbook de Benoit.
Reste une partie plate, sur route ou grand chemin, plus longue que je ne croyais avant d’attaquer la descente. Je commence à courir en me disant que ça va pas bien durer longtemps, comme en 2019 ou j’avais alterné marche et course tout le plat et toute la descente. Et là miracle !! ça tient ! Sans m’en rendre compte, je me retrouve tout seul alors qu’on était quelques-uns au fort. Je me demande où est Benoit. Je suis incapable de dire s’il est devant ou derrière avec le manque de lucidité.
Finalement, il était derrière, il me rattrape dans le début de la descente, que nous effectuons ensemble quasi non-stop en courant à part 1 ou 2 micro pauses de 20s.
On arrive finalement à 23h09 après 41h36 : à l’aise pour l’objectif avant minuit :
C’est beau !
On sonne la cloche.
Allez un jour il faudra bien tenter les moins de 40h ! (remarque débile du traileur qui vient d'arriver et qui en a un peu chié quand même )
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6 commentaires
Commentaire de Gilles45 posté le 14-08-2022 à 11:59:14
Super CR juste avant la BH :-)
Quelle gestion de course, c'est impressionnant. L'EB je n'ai fait qu'une fois en 2017, c'était mon premier Ultra et j'en avait vraiment bavé pendant...48h, un jour il faudra que je revienne pour améliorer la perf et ne faire qu'une nuit car en effet ça change tout. J'avais vraiment trop lambiné aux ravitos. Quelle belle équipe avec benoit en tout cas
Bon UTMB cette année, vue la forme que tu avais au Vulcain, je te vois bien faire 30h ou guère plus !
Commentaire de Marmadoc posté le 14-08-2022 à 23:12:06
Merci ! En ce qui concerne l'utmb je vais prendre ton temps de 2019 comme base, j'ajusterai en fonction...
Commentaire de bubulle posté le 14-08-2022 à 13:47:27
Ah, on l'aura attendu ce récit en contrepoint de celui de Bruno/Boubou/Benoît!
ça paraît facile, comme ça, cette course, finalement. Et pourtant je peux certifier que, non, et qu'on peut mettre 10 heures de plus...:-)
Commentaire de BouBou27 posté le 15-08-2022 à 16:00:56
On a suivi ton roadbook à la lettre ! (Mieux que ceux de Bubulle)
Ca a été une super aventure de se croiser comme cela et surtout finir ensemble
Commentaire de TomTrailRunner posté le 16-08-2022 à 14:24:53
Bravo aux 2-notBE-3 :)
Commentaire de BouBou27 posté le 18-08-2022 à 15:06:53
Ne t'exclue pas comme cela !
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